28 juillet 2018
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C'est moi qui entraine aujourd'hui Jean Christophe à Thuir et surtout pour voir de près cette Maison qui jouait tant sur la publicité dans les revues comme l'illustration ou plaisir de France. Collectionneur d'étiquettes de vins et alcools, je me suis aussi intéressé aux publicités parues (pas aux affiches, trop encombrant !) jusqu'aux années 1960. J'ai dans un coin toutes les publicités en sépia de Léonnec (si les souris ne sont pas venus les grignoter !) parues dans ces journaux.
Les frères Pallade et Simon Violet, drapiers ambulants, décident de profiter de la fièvre vinicole que connaît la région pour élaborer un médicament à base de vins, de quinquina et composé de différentes épices telles que le café, le cacao, la fleur de sureau, la camomille, etc. L'ordre des pharmaciens de Montpellier ne voit pas du tout l'arrivée d'alcool sur leurs étals d'un bon œil et intente un procès aux deux frères, qui ne disposent pas de nom pour leur produit. Celui-ci doit donc être retiré de la vente, car il fait de l'ombre aux autres élixirs à base de quinquina. Ils modifient alors leur recette, réduisant la dose de quinquina, et le vendent comme apéritif.
Le nom de ce produit prend sa source dans l'anecdote suivante : les frères Pallade et Simon Violet étaient spécialisés dans la vente de tissus. En cherchant comment baptiser ce nouveau breuvage, ils auraient été attirés par l'un de leurs coupons d'étoffes, présentés sous la forme d'un nuancier ; chaque étoffe était traditionnellement référencée par une lettre. La suite « B.Y.R.R.H. » sauta aux yeux des marchands et fut immédiatement adoptée pour donner un nom à leur apéritif.
En 1891, Lambert Violet, le fils de Simon, continue l'exploitation de la marque. Ensuite la marque devient Maison J. & S. Violet frères, successeurs.
Bénéficiant de cette réputation de « boisson hygiénique », le Byrrh connaît un vif succès commercial au début du XXe siècle et atteint dans les années 1930 une notoriété mondiale en dépit de son nom qui, au début, complique les exportations vers les pays anglo-saxons et germanophones : « Byrrh » y évoque inévitablement la bière ! Exporté sur tous les continents, il devient la marque d'apéritif la plus consommée au monde.
Dès 1903, la marque organise une série de campagnes publicitaires très dynamiques, tant dans les villes que dans les campagnes. Affiches, cartes postales, murs peints, bus, métro, objets publicitaires, favorisent la reconnaissance de la marque. Certains de ces outils promotionnels, réalisés avec des artistes renommés, sont aujourd'hui très recherchés.
En 1914, après le déclenchement des hostilités de la Première Guerre mondiale, le bruit court et enfle que les plaques publicitaires de Byrrh comportent des signes donnant à l'envahisseur allemand des informations secrètes sur les villes et les routes1.
Avec la Seconde Guerre mondiale s'amorce un sensible déclin de la marque. Les vins doux naturels (Banyuls, muscats de Frontignan ou de Rivesaltes, etc.), dopés par les avantages fiscaux, supplantent le Byrrh, qui passe de mode.
En 1977 l'entreprise familiale, divisée par les dissensions, est rachetée par la société Cusenier, elle appartient depuis lors au groupe Pernod-Ricard.
Depuis 1950, les caves de Byrrh possèdent le plus grand foudre de chêne du monde, d'une capacité réelle de 10 002 hectolitres. Cette cuve pèse 110 tonnes à vide, pour une hauteur de 10 mètres et un diamètre de 12,46 mètres.
La marque « Byrrh » est indissociable de la ville de Thuir.
Byrrh dans la culture populaire
Affiche, imagerie
La marque, depuis la Belle Époque et jusque dans les années 1960, a employé des centaines d'illustrateurs pour ses publicités ; elle organisait des concours d'affiches et éditait de nombreux catalogues et cartes postales. Parmi les artistes, citons :
Raphael Kirchner ;
Georges Léonnec (qui signait « LG ») ;
Juan Cardona ;
Eugène Trutat (reportage) ;
Leonetto Cappiello (1926) ;
Maurice Toussaint
François Kollar (reportage, 1943) ;
Raoul Auger (carte postale, années 1950).
D'autres formats furent déclinés :
Brosse à épousseter ;
Calendrier-dépliant de matchs de football (à partir des années 1920) ;
Papeterie comptable ;
Marqueur de bridge avec le slogan « Rien que lui ».