En rentrant de mon périple dans le pays bigouden et après Quimper, j'ai tenu à faire un détour avant de rentrer et je me suis dirigé vers le Morbihan afin de redécouvrir l'église Notre Dame de Kernescléden que j'avais visitée il y a au moins 40 ans et j'avais été frappé par cette dentelle de pierre dans un petit bourg et ne parlons pas des superbes fresques sur la voûte, sans oublier ce qui reste de la fresque murale.
L'église (ou chapelle) Notre-Dame de Kernascléden, haut lieu de pèlerinage, fût bâtie entre 1420 et 1464, période de prospérité économique, grâce aux dons des de Rohan et du duc de Bretagne. Trêve de la paroisse de Saint-Caradec Trégomel, elle deviendra église paroissiale en 1908.
Construite en pierre de taille, elle est l'une des grandes réussites du gothique flamboyant breton avec son plan en croix latine équilibrant la nef et le chœur, ses décors sculptés dans le granite. A la suite, trente chapelles seront élevées entre 1450 et 1500 dans les environs.
Elle possède aussi d'exceptionnelles peintures murales polychromes (troisième quart du XVème siècle), réalisées par quatre groupes d'artistes différents, bretons pour la danse macabre et le spectacle de l'enfer, de l'école française pour les anges musiciens et la vie du Christ. Ces dernières, situées dans le chœur, soulignent la maîtrise du peintre, probablement issu de la cour royale. Le pardon a lieu le 15 août de chaque année.
Commencée vers 1420, à l'initiative des Comtes de Rohan, elle a été consacrée le 2 septembre 1453 par Monseigneur Yves de PONTSAL, évêque de Vannes, mais la voûte ne fut terminée qu'en 1464. A ce sujet, voir la précieuse inscription en lettres gothiques sur le mur Nord du chœur.
L'église s'est élevée au XVème siècle, sans doute à l'emplacement d'un édifice plus ancien, dans un lieu éloigné de tout centre important, à la lisière de la forêt de Pont Kallek.
L'histoire de ce chef-d'œuvre de l'art breton est lié à une partie importante de l'Histoire Bretonne.
Le terrain fut donné par les Rohan qui possédaient de grands domaines dans le Vannetais. Le pape Martin V, le 13 mai 1430, autorisait le Vicomte Alain IX de Rohan à y établir des chapelains perpétuels.
On peut penser que la construction fut commencée légèrement avant cette date, du temps d'Alain VIII et Béatrice de Clisson.
La nef fut construite alors ainsi que le transept dont la voûte de la croisée dut être terminée en 1433. A la clef de cette voûte, on remarque les armes de Jean V, Duc de Bretagne, et de sa femme Jeanne de France, fille de Charles VI.
La chapelle de Kernascléden reçut donc les bienfaits des Vicomtes de Rohan et également du Duc et de la Duchesse de Bretagne.
L'architecture du chœur paraît plus récente. A la voûte de la première travée du chœur figurent les armes des Rohan-Navarre qui sont celles de Louis II de Rohan-Guémené qui succédera à son père, Louis Ier, en 1457.
La construction dut être commencée en 1420, le transept terminé en 1433, le chœur commencé en 1448 et achevé en 1464.
L'église de Kernascléden possède toutes les richesses de l'architecture gothique flamboyante. S'y ajoutent, à l'intérieur, les fresques murales qui constituent un des exemples de l'art français du XVème siècle :
- sous les voûtes du croisillon nord : les Anges Musiciens et l'Ascension ;
- sur le chœur, des scènes de la vie de Marie et de Jésus ;
- sous le croisillon sud, la Danse Macabre et la Représentation de l'Enfer.
Le porche méridional est à deux travées. Son portail se compose d'un arc plein cintre soutenant un linteau garni de feuillages au-dessus duquel est un tympan ajouré encadré par quatre voussures. Sous ce porche, couvert de deux voûtes d'ogives, se trouvent des niches encadrées par des colonnettes et des feuilles frisées. On y remarque aussi un bénitier en granit du XVème siècle.
Un autre porche voûté d'ogives se trouve à l'angle du croisillon sud et du chœur.
Au fond, un portail en tiers point s'ouvre entre dix colonnettes. Ce porche, d'une seule travée, a dû être construit après l'achèvement de la construction.
A l'extérieur, si le flanc nord-est est sobrement orné, la façade occidentale, le côté méridional et le chevet sont abondamment pourvus de toutes les variétés de la décoration flamboyante.
Il faut insister sur la richesse du décor extérieur de la chapelle. Les pignons de la façade occidentale, du porche principal, du transept et du chevet sont garnis de crochets. Une élégante balustrade domine les bas-côtés du chœur.
De nombreux contreforts flanquent les mêmes parties de l'édifice : ils se terminent par des pinacles élancés à fleurons.
Le chevet est épaulé par deux contreforts d'angle oblique, deux autres s'élèvent de chaque côté de la baie centrale : tous sont couronnés de pinacles.
La façade occidentale, épaulés par quatre contreforts d'angle couronnés de pinacles, est percée d'un portail en tiers point, dont les moulures toriques retombent sur quatorze colonnettes, surmonté d'une rose à huit rayons, en cadrant des soufflets et des arcs trilobés, dans une baie plein cintre au-dessus de laquelle un arc de décharge fait saillie sur le mur.
Le clocher, largement restauré en 1878, s'élève sur une balustrade flamboyante à laquelle on accède par une tourelle d'escalier octogonale à l'angle nord-ouest.
Le clocher est ajouté sur chaque face par deux baies flanquées de quatre colonnettes surmontées de gâbles pleins décorés d'arcs tréflés et de mouchettes aveugles.
Le clocher très fin, les pinacles à fleurons, les roses au délicat réseau contribuent à décorer l'édifice sans surcharge inutile. C'est une merveille aux cent clochetons, une véritable dentelle de granit.
Cette dentelle de pierre, on peut l'admirer de plus près dans les porches. Remarquez en particulier, dans le porche des apôtres, les feuillages ajourés. Jamais on n'avait déployé autant de virtuosité pour fouiller un granit pourtant si rebelle au ciseau !
Cet ensemble compte huit scènes peintes directement sur la pierre de taille des tympans (parties des murailles qui surmontent les arcades).
Le Christ occupe toujours le centre de la composition, entouré de personnages aux costumes très variés du XVème siècle, comme cet homme qui, dans la scène de la Crucifixion, nous montre Jésus du doigt, comme pour nous prendre à témoin. Les scènes de l'Ascension et de la Résurrection semblent différentes, peut-être ne sont-elles pas du même auteur ? La huitième scène, l'Ascension, se trouve sur le tympan du bras Nord du transept.
La vie de Marie sur les fresques de la voûte du chœur.
Les 24 scènes peintes sur apprêt présentent un très grand intérêt artistique. Les six premiers panneaux mettent en scène Sainte-Anne et Saint-Joachim puis la vie de la vierge depuis l'annonciation jusqu'à son couronnement. L'artiste devait compter avec le cadre exigu dans lequel il devait placer chaque épisode. On retrouve dans le visage des personnages, surtout des femmes, la raideur raffinée et précieuse des peintres Français et Flamands de l'époque. Les couleurs deviennent plus claires dans les panneaux les plus proches du chœur. Les couleurs qui dominent sont le vert bouteille, le noir, l'orange et le rouge, le jaune et l'ocre.
Scènes de la vie publique de Jésus-Christ :
A. La Cène ; B. L'arrestation du Christ ; C. Le Christ aux outrages ; D. Le portement de croix ; E. La crucifixion ; F. La mise au tombeau ; G. La Résurrection ; H. L'Ascension.
Scènes de la vie de la Vierge :
1. Saint Joachim chassé du temple ; 2. Apparition de l'ange à Joachim ; 3. Apparition de l'ange à Anne ; 4. Rencontre à la Porte dorée ; 5. Présentation de la Vierge au temple ; 6. Mariage de la Vierge et de saint Joseph ; 7. Annonciation ; 8. Visitation ; 9. Nativité ; 10. Circoncision ; 11. Annonce aux bergers ; 12. Adoration des Mages ; 13. Hérode donne l'ordre de tuer tous les enfants de Bethléem ; 14. Massacre des Innocents ; 15. Episode du massacre des Innocents ; 16. Fuite en Egypte ; 17. Le retour d'Egypte ; 18. Jésus au milieu des docteurs ; 19. Annonce à Marie de sa mort prochaine ; 20. Dormition de la Vierge ; 21. Funérailles de la Vierge ; 22. Assomption ; 23. Ceinture de la Vierge ; 24. Couronnement de la Vierge.
LES SCENES DE LA PASSION : dans le chœur, sur les tympans qui dominent les arcades. Ici la couleur s'applique directement sur la pierre pour représenter les principaux épisodes de la Passion du Sauveur et sa Résurrection. Le dessin est très sûr, les scènes de la Crucifixion, le Centurion, dans un magnifique vêtement de cour, le doigt pointé vers le Christ pour affirmer sa divinité.