3 mai 2020
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C'est l'Histoire de René LE PORC, petit fils de mes ancêtres François LE PORC et Marthe de LA PORTE de VEZINS, aux origines bretonnes de Pordic, près de Saint Brieuc...
C'est aussi le fils de Jacques LE PORC de LA PORTE DE VEZINS et de Claude de LA NOE ou LA NOUE et c'est le frère de François de LA PORTE marié à Françoise GICQUEL (marié à Trémuson 22).
Je vais essayer de vous livrer 3 versions de cette histoire concernant l'odieux personnage qu'est Jacques de LA PORTE...
Un conte bien connu d'intrigues dans la Bretagne de la Renaissance, dans l'une de ses premières versions et presque contemporaine, de The Monthly Illustrated Journal (Guernsey Magazine), février 1873. Le rédacteur décrit ceci comme «une traduction gratuite d'un compte rendu intéressant de un cas d'identification contesté, survenu dans la dernière partie du XVIe siècle, et dans lequel Guernesey figure; il est tiré d'un ouvrage intitulé La Vie de François, seigneur de la Nouë , gracieusement prêté à cet effet par M. Thomas Lenfestey, des Fontaines . L'illustration ci-dessous est un détail d' Arcadia de Sydney, publié par Ponsonby en 1589, dans la collection Library; le portrait ci-dessus est de François de la Nouë, dit Bras-de-fer , de la Bibliothèque Nationale de France.
François de la Nouë (1531-1591) était un héros huguenot. C'était un noble qui portait le surnom de Bras-de-Fer , Iron-arm, parce qu'il avait remplacé son bras droit, perdu au combat, par un fer mécanique. En tant que commandant en second de Gaspard de Coligny et favorisé par Henri IV, sa biographie aurait été recommandée dans les foyers résolument protestants de Guernesey francophone, ce qui est probablement la raison pour laquelle Thomas Lenfestey est venu par sa copie.
La sœur de La Nouë, Marguerite-Claudine-Anne, a épousé un noble noble d'Anjou, avec des terres et des biens en Bretagne à Pordic et ailleurs. Il était Jacques Le Porc 1 de la Porte de Vezins, fils de Jean Le Porc de Nantes. L'arrière-grand-mère de Jacques était une La Nouë, et sa famille avait des intérêts à Nantes. Malheureusement Jacques détestait sa femme. Ils ont eu trois enfants, un fils René, né en 1560, et deux filles, Isabeau et Judith, mais Marguerite de la Nouë était si malheureuse qu'elle a quitté son mari. Cinq ans après sa mort en 1573, Jacques a épousé un autre parent, une veuve du nom de Louise de Maillé de Lathan, avec laquelle il aurait eu une liaison de longue date. Ils ont produit deux enfants, un fils et une fille. Il n'y avait aucun amour perdu entre Bras-de-Fer et son beau-frère.
Les différentes versions de l'histoire diffèrent quant à ce qui s'est passé à ce stade, mais celle d'Amirault est la plus ancienne, et il définit une partie de l'action à Guernesey:
«Comme le veut la coutume des belles-mères, la nouvelle dame de Vezins a voulu se débarrasser des enfants de l'ancien mariage. Ne se contentant pas des plans si communément adoptés par les belles-mères de ce jour-là qui n'avaient souvent d'autre raison de le faire que le désir d'acquérir un pouvoir absolu sur un gouvernement, dont elles craignent que l'autorité en question ne soit contestée par les enfants en question , soit ils les ont mariés à un âge précoce, les ont éloignés de chez eux pour voyager dans des contrées lointaines, soit les ont éliminés par d'autres moyens - elle a poursuivi ses idées en souhaitant encore plus à ses propres enfants, en cas de problème mariage, pour être les seuls héritiers de cette maison riche, florissante et illustre. Elle adopte des mesures extrêmes et fait transporter ces trois petits enfants à Pordic, en basse Bretagne, où ils sont temporairement hébergés dans une maison, située sur le rivage, qui appartient à leur père le seigneur de Vezins.
Une opportunité se présentant, ils ont été placés entre les mains d'un pilote anglais, qui avait accepté de les détruire, à son instigation. Touché de compassion, il ne leur a pas coûté la vie, mais les croyant trop jeunes pour se souvenir de leur ancienne vie et de leur origine, les a débarqués sur la côte anglaise, révélant qu'ils étaient illégitimes et ne donnant aucune information sur leur filiation.
Pour réduire les chances de leur identification, ils ont été emmenés sur l'île de Guernesey, où, vêtus en moyenne, ils étaient représentés comme des enfants sans compte, et en tant que tels ont été confiés à une famille pauvre qui, pour une petite somme d'argent, a pris en charge.
De temps en temps, la belle-mère distribuait le premier, puis un autre de ces enfants morts au domicile du père à Pordic, où, pour approfondir l'impression, des simulations funéraires avaient lieu. Les filles, cependant, n'ont pas complètement perdu le souvenir de leur origine, mais elles ayant vieilli et entendu le seigneur de La Nouë parler, cela leur a rappelé qu'il était leur oncle et qu'elles l'avaient ainsi entendu appeler dans leur maison. Ils lui ont écrit et se sont fait connaître, sur lesquels lui, croyant en leur identité, a fait tout ce qui était en son pouvoir pour obtenir leur retour en France, allant même jusqu'à obtenir l'influence de ses amis à la Cour de France, qui ont pu obtenir des preuves mettant leur identité hors de tout doute. Le père, supposé avoir comploté sur le complot mené par la belle-mère et son complice, a d'abord refusé de reconnaître ces enfants comme les siens, mais finalement, cédant à sa meilleure nature, il les a reconnus et s'est exprimé voulant qu'ils soient élevés par leur tante, la dame de La Nouë, qui était une femme excellente et vertueuse. Elle a cependant été empêchée de le faire, pour diverses raisons inattendues, et avant qu'il ne soit possible de procéder à leur éloignement, les filles étaient décédées.
Le fils, qui avait été éloigné de Guernesey et emmené à Londres, alors qu'il était encore très jeune, et qui n'avait eu aucune communication avec ses sœurs, avait presque perdu le souvenir de sa naissance et de sa filiation. Il était apprenti chez un cordonnier. En vieillissant, il ne pouvait se déposséder de l'idée qu'il était originaire de France et était le rejeton d'une maison noble. Ayant entendu parler du soin apporté aux deux filles par La Nouë, il s'imagina qu'il pourrait être leur frère. Découvrant que La Nouë était alors en Flandre, il a traversé pour se présenter à lui
La Nouë n'est toujours pas convaincu de la validité de la réclamation de René, mais ne peut pas faire grand-chose pour enquêter, car il est alors détenu politique pendant sept ans. René, obligé de traiter seul avec sa belle-mère, a trouvé son chemin jusqu'au centre protestant de Genève, où, par coïncidence, son oncle, qui après sa libération s'est rendu dans la même ville, a décidé qu'il avait besoin de nouvelles bottes et a visité la boutique de son neveu pour les commander.
La Nouë ne s'aperçut pas qu'il avait devant lui son neveu profès, car sept ans avaient fait une différence considérable dans l'apparence et la stature du jeune homme qui, maintenant de manière délibérée, se mit à chausser les bottes, faisant bouger La Nouë et se conduisit tout à fait avec une assurance et une portance incompatibles avec les associations de son métier
Cela amena La Nouë à le regarder attentivement, lorsqu'il sembla percevoir en lui certaines particularités de mœurs, qu'il avait souvent remarquées chez les Bretons, et plus particulièrement chez son beau-frère, le seigneur de Vezins. Cette impression était si forte qu'il lui a demandé qui il était et d'où il venait. Le jeune homme a répondu d'une manière modeste, qu'il ne savait pas très clairement, mais que c'était lui qui avait l'honneur de le voir, en Flandre, et là lui a dit qu'il était son neveu, le fils du seigneur de Vezins. La conviction qu'il était ce qu'il s'imaginait être soudainement revenu à La Nouë.
Bien qu'il y ait très peu de ressemblances externes, il y avait des faits tels que le déménagement de Guernesey à Londres, son éducation là-bas, la connaissance qu'il avait de la partie de l'Angleterre, où les enfants ont été emmenés pour la première fois, que le jeune homme explique maintenant à fond, et ce qu'il n'avait pas fait lors du premier entretien, satisfaisait parfaitement La Nouë qu'il s'agissait bien de l'héritier de l'illustre maison de Vezins. Il sentait qu'il ne pouvait pas le laisser là sans lui faire une injustice.
La Nouë avait récupéré la fortune de sa sœur Marguerite auprès de son veuf et en était maintenant en possession, mais malgré le fait qu'il devait la céder à René, héros protestant haut placé qu'il était, il a fait tout ce qu'il pouvait pour l'aider. retrouver son droit d'aînesse. Le père de René a bien sûr refusé de le reconnaître. À la mort de Jacques en 1587, son fils Jean, par son deuxième mariage, a hérité des titres et des richesses de son père.
La Nouë a intenté une action en justice pour établir la véritable identité de René, mais est décédée avant qu'il ne puisse la mettre fin; son fils Odet l'a repris en son nom. Le demi-frère de René, Jean, a tenté de persuader Odet de la Nouë d'abandonner l'affaire
allant même jusqu'à tenter sa femme, qui était à Paris à l'époque, lui promettant jusqu'à 20 000 couronnes, avec un terrain d'une valeur de 6 000 #. Sa dame a été fortement tentée par cette offre et l'a prié d'examiner attentivement la question, pour supposer que ce jeune homme était un imposteur, ils commettraient une grande injustice en se privant de tant de biens légitimement acquis, à ces arguments qu'il répondit sarcastiquement: Et vous, mon amour, doutiez-vous qu'il est ce qu'il prétendait être? Ne voyez-vous pas qu'il ressemble à son père et qu'il a la même particularité?
Rien n'a découragé ce jeune seigneur de la Nouë, qui a finalement réussi à rendre son cousin à ses biens légitimes dont jouissent encore aujourd'hui ses descendants.
René de la Porte de Vezins est finalement devenu propriétaire de son droit d'aînesse le 5 août 1600, après quinze années de procédure judiciaire très coûteuse. L'année précédente, il avait épousé Anne de Maillé de la Tour-Landry; son propre siège de Vezins est depuis trente ans réquisitionné comme refuge huguenot, ils s'installent donc au château de La Tour-Landry. René était maintenant baron de Vezins et Pordic, seigneur d'Archapt, Villeneuve, Le Plessis et Casson, et Noue-Briord, dont le titre devint plus tard élevé au Marquis. Il mourut en 1616, lorsque sa veuve reçut le titre de comtesse; elle et leur fils aîné François ont racheté et restauré le château de Vezins. Les sœurs de René, Judith et Isabeau, ne sont pas restées à Guernesey, si elles ont jamais été ici, car elles se sont finalement mariées en France. Le fils de François de la Nouë, Odet, était lui-même un célèbre capitaine huguenot. Dix ans plus jeune que son cousin René de Vezins, il mourut peu de temps après, en 1618. Odet était également poète et une de ses œuvres est à la Bibliothèque: «Le profit de l'emprisonnement. Un paradoxe, écrit en français par Odet de la Noue, seigneur de Teligni, étant prisonnier au château de Tourney, 'dans Du Bartas, ses Divines semaines et œuvres , traduit et écrit par Josiah Sylvester , imprimé en 1641. Pour en savoir plus à ce sujet famille, y compris le célèbre frère de Jacques Le Porc de la Porte de Vezins, Claude, voir Baudry, J., `` Saint-Mars-la-Jaille at ses anciens seigneurs '', dans Revue de Bretagne , 25 (1909), p. 313 ff., dont une copie se trouve à la bibliothèque.
En fait, le vrai nom est de LA NOE...
Autre version ...
Son histoire nous a été conservée par les
Commentaires de Pocquet de Livonnière sur les Coutumes d'Anjou11 : Pour des raisons demeurées inconnues, le seigneur de Larchapt détestait cet unique garçon nommé René que lui avait donné sa femme. Dès l'âge de trois ans, il l'envoya loin de lui, en 1563, dans une terre de sa femme près de Châteaudun. Bientôt après il chargea deux domestiques affidés d'y aller prendre l'enfant, et sous prétexte de le conduire au manoir du Plessix-Casson qu'il possédait près de Nantes, de le perdre, de l'égarer, de le faire disparaître d'une manière quelconque. « Reculant devant l'horreur d'une pareille commission, les deux domestiques ramenèrent l'enfant eri Anjou, s'arrêtèrent dans la petite ville des Rosiers, sur les bords de la Loire, imaginèrent que, frappé par une maladie subite, il y était mort le 19 octobre 1563. Une buche simula le corps de l'enfant dans la bière, un enterrement fut célébré, et le curé des Roziers leur délivra un certificat de la mort et de l'inhumation du "jeune René, certificat qu'ils apportèrent au baron de Vezins, avec les vêtements de son fils » Profitant du séjour ordinaire de Jacques Le Porc dans ses terres d'Anjou, ses domestiques mirent l'enfant entre les mains d'un homme de confiance qui le conduisit à Larchapt et le confia au fermier de cette terre en lui cachant soigneusement son nom; le fermier de Larchapt éleva le fils de son maitre sans le connaitre, comme un pauvre enfant trouvé recueilli par charité. « En 1573, René Le Porc avait treize ans lorsqu'il fut mystérieusement enlevé de chez le fermier qui l'avait élevé ; on le livra aux mains d'un marchand qui le conduisit à Genève, où il le plaça en qualité d'apprenti chez un cordonnier de la ville. » Il y fut découvert par un singulier hasard. Un jour que La Noue Bras-de-Fer se trouvait à Genève, où il avait commandé une paire de chaussures, il fut frappé de la ressemblance extraordinaire qui existait entre le jeune cordonnier qui les lui apportait et son beau-frère Le Porc de Vezins. Il n'avait jamais été très convaincu de la mort de son neveu aux Roziers, et il soupçonnait que l'enfant pouvait bien exister quelque part, inconnu de tous et de lui-même. Il interroge le jeune homme, qui avait de vagues ressouvenir de son enfance agitée, et bientôt il ne doute plus qu'il est en présence de l'enfant de sa soeur. Il lui fait quitter ses habits et son métier de cordonnier, l'attache à sa personne, le fait instruire dans les lettres et dans les armes et le garde auprès de lui, après l'avoir lait reconnaître par son oncle paternel le seigneur du Plessix de Gesté, époux de Marthe Le Porc. » Pendant que s'écoulait ainsi la jeunesse de René Le Porc, sa mère, Claude de la Noue, mourait en 1573 et son père se remariait en 1578 avec Louise de Maillé. De cette seconde union naissaient deux enfants, Jean et Marquise. Le 28 décembre 1585 Jacques Le Porc, baron de Vezins et seigneur de Larchapt, décéda à son tour et sa veuve Louise de Maillé, s'empressant de s'emparer de tous ses biens comme tutrice de ses enfants, fit hommage au roi pour la seigneurie de Larchapt. C'est alors que René Le Porc, aidé de ses oncles, entreprit de se. faire reconnaître et réclama ses droits d'aîné de la famille. Grâce à l'argent de La Noue, il put entreprendre un procès contre sa belle-mère; commencé en 1589, ce procès donna lieu à bien des enquêtes, et Louise de Maillé, remariée au vicomte de la Fautrière, mourut sur les entrefaites en 1592. Ses deux enfants, Jean et Marquise, prirent la suite de ce procès qui dura onze ans et coûta cent mille livres : un arrêt du Parlement en date du 5 août 1600 reconnut enfin les droits de René et lui rendit la fortune de son père. Depuis longtemps l'opinion publique s'était si bien prononcée en faveur de René Le Porc que dès 1589 il avait pu épouser Anne de la Tour-Landry, fille du comte de Châteauroux. Néanmoins les difficultés de la vie lui troublèrent probablement le cerveau, car en 1611 il se trouvait interdit et cc fut sa femme qui fît hommage au roi en son nom et comme sa curatrice pour la seigneurie de Larchapt; il mourut du reste peu de temps après et Anne de la Tour-Landry se remaria à Claude Gouffier, duc de Roannois.
Ascendance de François et René Le Porc (frères) jusqu'à 43 générations...
La famille le Porc de Casson compte parmi les huguenots de l'église de Nantes en 1560 protestantsbretons.fr
Dans la Revue de Bretagne de Vendée & d'Anjou, Volumes 39 à 40 il est narré l'histoire de la malheureuse première épouse de Jacques du Porc de la Porte et des ses enfants.
Jacques du Porc detestait sa première épouse Delle Marguerite de la Noue ainsi que les enfants issus de cette union, aussi, il fit tout son possible pour s'en débarrasser puis pour les exterminer afin de pouvoir se remarier.
Il fit saisir ses deux filles et les fit remettre à une famille de paysan pour qu'elles servent à la ferme.
Concernant son fils, il ordonna à deux serviteurs de le perdre dans un bois loin de son domaine mais ceux ci se ravisèrent et le remirent à un couple de fermiers, il fut l'objet d'un rapt en 1575, remis à un marchand et emmené à Genève où il apprit le métier de cordonnier auprès de l'homme auquel il fut confié.
Enfin il trouva le moyen de faire mourir sa femme Marguerite de la Noue sans être le moins du monde inquiété et se remaria.
C'est au capitaine de la Noue Bras de Fer, frère de la malheureuse que les enfants doivent leur libération. Par un extraordinaire hasard alors qu'il se trouvait à Genève il entra dans la boutique du cordonnier où il fut frappé par l'extraordinaire ressemblance du jeune René Le Porc et de son père Jacques.
S'étant enquis auprès de l'enfant de ses origines il reconnu son neveu.
Afin de recouvrer son héritage, l'enfant dû tout de même recourir à la justice qui lui donna gain de cause le 05/08/1600, 15 après.
Il aurait eu une maîtresse prénommée Charlotte qui lui aurait laissé deux enfants bâtards: un garçon et une fille, selon Robinet
Voici la version d'infobretagne...
Jacques le Porc de la Porte, baron de Vézins, détestait sa femme et haïssait ses enfants !. Cette aimable disposition lui inspira un jour le désir de se défaire tout au moins de ceux-ci. Il fit donc conduire ses deux filles, Isabeau et Judith, chez un de ses fermiers de Bretagne, à qui il ordonna de les élever en simples paysannes en les habituant aux travaux des champs. Elles vécurent ainsi, sous le chaume, jusqu'en 1573, époque de la mort de leur mère. Nous verrons ce qui leur advint par la suite.
Quant à leur frère René, son père l'envoya, dès l'âge de trois ans, à la Roche-Bernard (près de Châteaudun) dans une des terres de sa femme. Après l'y avoir fait garder à vue pendant quelque temps, il chargea un jour deux serviteurs dévoués à ses ordres d'aller prendre l'enfant, sous prétexte de le conduire au Plessis-Casson, dans l'évêché de Nantes puis de le perdre en chemin, de l'égarer, de le faire disparaître, en un mot, d'une manière quelconque... ou autrement.
Mais, malgré l'éloquence sonnante et trébuchante des arguments pleins de rondeur que le seigneur de la Porte avait su mettre en oeuvre pour les décider à agir, les deux domestiques reculèrent devant l'horreur d'une pareille mission et ramenèrent secrètement le jeune enfant en Anjou, après avoir imaginé un ingénieux stratagème pour faire croire au baron de Vézins qu'ils avaient accompli ses ordres cruels. S'étant donc arrêtés dans la petite ville des Rosiers sur les bords de la Loire, ils firent dire à Jacques le Porc que René, saisi par une maladie subite, était décédé en cette ville, le 19 octobre 1563. Ils mirent ensuite une bûche dans la bière pour simuler le corps de l'enfant et le curé des Rosiers, ignorant ou complice, célébra dignement les obsèques du jeune gentilhomme, puis délivra aux deux serviteurs le certificat bien et dûment signé de son décès et de son inhumation. Cette pièce fut remise au baron de Vézins avec les vêtements de son fils. Les domestiques, sauvés, par cette supercherie, des représailles de leur terrible maître, remirent l'enfant entre les mains d'un homme de confiance, en lui recommandant de cacher soigneusement à tous son nom et sa naissance. Ce brave campagnard était fermier de la terre de l'Archapt, près de Fougères. Il prit grand soin de René qu'il fit passer aux yeux de tout le monde pour un pauvre orphelin recueilli par charité.
Il va sans dire que Claude de la Noue n'avait point supporté avec patience l'enlèvement de ses trois enfants, dont elle ignorait absolument le sort. Ce rapt lui servit de motif pour rompre ouvertement avec son époux. Elle le quitta donc et se retira près de sa mère qui habitait alors le domaine de la Gascherie, non loin de Nantes. Au bout de quelques années cependant Claude revint à Vezins, où elle mourut, en 1573, après une réconciliation plus ou moins sincère avec le baron son mari.
Jacques le Porc de la Porte, étant débarrassé de sa compagne, résolut d'en finir aussi une bonne foi avec ses enfants.
Il fit donc enlever ses filles au fermier qui les avait élevées, les conduisit à Cancale et s'apprêtait à les faire passer en Angleterre (ou à les noyer au cours de la traversée) lorsqu'elles réussirent enfin à faire connaître au procureur général du parlement de Bretagne l'odieuse conduite de ce père dénaturé. Poursuivi en conséquence., le baron de Vézins fut condamné, par arrêt, à payer la pension de ses filles au couvent de Saint-Georges à Rennes, où elles résidèrent jusqu'à leur mariage. Isabeau épousa Gilles de Romillé, seigneur de Pontglou, et Judith, Huger, seigneur de la Mancelière.
Le baron de Vézins, cependant, ayant conçu un vague soupçon de l'existence de son fils René, le faisait rechercher de tous côtés. René avait treize ans et vivait paisiblement chez le brave fermier qu'il l'avait recueilli, quand un jour, en 1573, il fut mystérieusement enlevé à son tour par des inconnus et remis à un marchand qui le conduisit à Genève et le plaça en qualité d'apprenti chez un cordonnier de cette ville.
Après cette noble conduite le baron crut avoir enfin fait maison nette et table rase de sa première union et de ses conséquences et songea à se créer un nouveau foyer. Il épousa, le 6 avril 1578, Louise de Maillé qui lui donna deux enfants, Jean et Marquise. L'histoire ne dit pas si cette union fut plus heureuse que la précédente.
Quelques années se passèrent encore, pendant lesquelles le jeune René fut considéré comme mort, ou, tout au moins, comme bien définitivement perdu. Mais la Providence veillait sur lui. L'enfant devait bientôt reparaître, grâce à un de ces hasards étranges, plus fréquents dans le roman que dans la vie réelle, et qui, cette fois, se produisit à propos de ... bottes.
Le vaillant et hardi capitaine La Noue Bras-de-Fer, au cours d'une de ses pérégrinations à travers l'Europe, s'arrêta un jour à Genève et, entrant chez un cordonnier, se commanda une paire de chaussures.
A quoi tient parfois une destinée ? ce cordonnier était précisément le patron du jeune René et ce fut ce dernier qui, quelques jours après, alla porter les bottes à son nouveau client. Or, La Noue n'avait jamais été bien persuadé de la soi-disant mort de son neveu : il pensait qu'il devait exister encore quelque part, mais où ?.. Frappé de la ressemblance extraordinaire qui existait, et pour cause, entre le jeune cordonnier et le fameux Jacques le Porc, La Noue interroge l'enfant sur son pays, sa famille et ses origines, René, sans se faire prier, raconte alors tout ce que le temps n'a pu effacer de sa mémoire, touchant les événements douloureux de son enfance agitée, et La Noue acquiert ainsi la certitude qu'il se trouve bien en présence du fils de sa malheureuse soeur.
Faisant immédiatement quitter à René ses habits misérables et son métier de cordonnier, il l'attache à sa personne, le fait instruire dans les lettres et les armes, et le garde près de lui, se promettant bien, à la prochaine occasion, de le faire rentrer dans ses droits.
A cet effet, il commence par présenter le jeune homme à du Plessis-Gesté, qui, sans hésitation, le reconnaît à son tour comme étant le neveu de sa femme, née Marthe le Porc de la Porte, soeur du terrible Jacques.
René se trouvait donc avoir pour protecteurs deux de ses oncles, lorsque le 28 décembre 1585, son père, le baron de Vézins, rendit sa vilaine âme à Dieu.... ou au Diable qui sans doute, la guettait au passage.
C'est alors que René, fort de l'appui de ses oncles, se présenta devant la veuve de son père, Louise de Maillé, pour revendiquer les privilèges attachés à sa qualité d'aîné de la famille D'abord traité d'imposteur, il ne fut même pas reconnu par ses propres soeurs qui sacrifièrent la vérité à leurs intérêts, mais n'en profitèrent pas longtemps car elles moururent toutes deux l'année suivante, dans la même semaine, et furent inhumées à Nantes en l'église des Carmes.
Cependant, malgré toutes les difficultés qui surgissaient sur ses pas, René réussit à faire prévaloir ses droits, grâce au crédit et aux finances de son oncle de La Noue, qui l'aida à supporter les frais d'un long procès. Commencé en 1589, il se termina seulement le 5 août 1600 par un arrêt du Parlement rétablissant le jeune de la Porte dans tous les biens de son père. Ce procès gagné avait coûté 100.000 livres.
Mais l'opinion publique, plus prompte à se prononcer que les arrêts de la justice, s'était tout de suite montrée favorable à René qui, dès l'année 1589, avait pu épouser noble damoiselle Anne de la Tour-Landry, fille du comte de Chateauroux et de Diane de Rohan.
Après tant de traverses, les deux époux vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, terminant ainsi, à la façon des contes de fées, cette histoire qui y ressemble bien un peu, n'est-il pas vrai ?.
Le nouveau baron de Vézins n'oublia jamais les mauvais jours de sa jeunesse, ni l'humble métier auquel il dut jadis sa subsistance. Il avait fait exécuter en argent tous les instruments de travail d'un cordonnier, les montrait à ses amis et s'en servait même quelquefois par récréation.
De son mariage avec Anne de la Tour-Landry naquirent cinq filles et deux fils, dont l'un perpétua la descendance des barons de Vézins.
L'autre, André le Porc de la Porte, devint évêque de Saint-Brieuc. Nommé en 1620, à l'âge de vingt-sept ans, il publia des statuts en 1624, fonda le couvent des Ursulines et introduisit définitivement le rite romain dans son diocèse, puis mourut en 1632 par suite, dit-on, de l'ignorance de ses médecins qui le laissèrent périr de faim.
Voyant venir sa dernière heure, André fit un testament par lequel il léguait tous ses biens aux pauvres. Son corps fut inhumé dans l'église des Ursulines, qu'il avait fondée, puis, quand cette chapelle eut été détruite, en 1833, on transféra les ossements du prélat à la cathédrale de Saint-Brieuc.
Le cruel Jacques le Porc, baron de Vézins, avait un frère puîné, Claude, que sa qualité de cadet, destinait, selon l'usage du temps, aux fonctions ecclésiastiques, Mais sa mère, Marthe de la Porte, dernière héritière de la branche aînée de sa maison, fit à ce fils de considérables donations, à charge de prendre le nom et les armes de la Porte. Claude y consentit volontiers, se maria et eut un fils, Claude, connu sous le nom de chevalier, puis comte de la Porte et qui, au dire de Pocquet de Livonnière (Coutumes d'Anjou commentées par Pocquet de Livonnière, tome II), devint bientôt « aussi célèbre par ses mariages extraordinaires que par sa naissance et son rare mérite ».
Ce chevalier débuta par avoir « de grandes privautés avec la Damoiselle Anne Legras, fille du sieur de Langardière » et « ces privautés furent suivies de la naissance d'un enfant ». Le sieur de Langardière poursuivit aussitôt le chevalier pour crime de rapt et de séduction. Le jeune Claude eut bien volontiers coupé court à toute difficulté en épousant la demoiselle, qui était fort belle, mais la comtesse de Vézins sa mère s'y opposa formellement et l'en détourna. Elle prétendit même retourner l'accusation en disant que son fils, qui était aussi mineur, avait été séduit par les parents de !a fille pour procurer à celle-ci une union avantageuse.
L'affaire fut réglée par un procès qui, comme tous les procès de ce temps-là, dura longtemps et coûta fort cher. Commencé en 1656, il se termina en 1660, par un arrêt condamnant le chevalier à une amende de 800 livres destinées « à aumôner le pain aux prisonniers » et, de plus, au paiement de 12.000 livres à la damoiselle de Langardière et de 8.000 livres à son enfant. Chargé en outre de tous les dépens, et contraint par la détention de sa personne au paiement intégral de ces sommes, le pauvre chevalier qui ne les possédait pas se préparait tristement à entrer à la Conciergerie, lorsqu'« un M. de Lorme, qu'il ne connaissait que de réputation » lui fit remettre les 20.800 livres, par un de ses commis, avec ordre de n'en point prendre de reçu.
Pendant que la Providence venait de la sorte en aide au chevalier, elle intervenait, sous une autre forme, en faveur de la demoiselle de Langardière, qui, ayant arrondi sa dot au dépens de son honneur, ne tarda pas à en trouver le placement.
« Elle épousa le sieur de Grand-Camp, gentilhomme de Normandie », raconte Pocquet de Livonnière qui ajoute : « et parce que la demoiselle Chabot, après l'arrêt rendu contre le sieur Chevrier, que nous avons rapporté ci-devant, a aussi épousé le sieur Duval de Rely, gentilhomme de Normandie, les filles de l'Anjou ont cru quelque temps qu'elles pouvaient pécher impunément et qu'elles trouveraient en Normandie des réparateurs de leur honneur ».
« En l'année 1660, dit encore le jurisconsulte angevin, le chevalier de la Porte, âgé alors de trente ans, robuste et bien fait, donna dans la vue de dame Catherine Fouquet de la Varenne, veuve du comte de Vertu, dont les Mémoires du temps ne parlent pas comme d'une dame d'une austère vertu. Elle était alors âgée de soixante-douze ans. Pour plaire au chevalier de la Porte et réparer l'inégalité des âges, elle fit deux choses : la première de passer un contrat de mariage par lequel elle reconnut que le chevalier lui avait apporté et mis en dépôt une somme de 30.000 livres, et lui donnait tout ce que les Coutumes et l'Ordonnance lui permettaient de donner ; la seconde, qui ne se trouve que dans les mémoires du temps, de lui faire voir une cassette où il y avait 150.000 livres en or, avec offre de lui donner dix louis d'or pour chacune de ses caresses. Il y eut ensuite un prétendu mariage célébré entre eux, dans la chapelle de la comtesse de Vertu, par un prêtre inconnu dont on rapportait un certificat ».
Mais la comtesse avait plusieurs enfants qui se nommaient : les comtes d'Avaugour et de Goëslo, les demoiselles de Vertu, de Clisson, de Chantocé et de Goeslo, et voyaient d'un fort mauvais oeil les clauses de ce contrat de mariage, pensant non sans quelque raison, que le chevalier aurait vite épuisé la fameuse cassette et que sa tendre épouse lui ferait ensuite des donations qui consommeraient leur ruine.
Ils attaquèrent donc, devant le Parlement de Paris, le prétendu mariage de leur mère et parvinrent à en faire prononcer la nullité par défaut de forme « sauf aux parties à réitérer si bon leur semble, leur mariage devant le curé de leur paroisse et à faire un nouveau contrat ». Mais le chevalier et son antique épouse renoncèrent à « réitérer » et les enfants de Catherine Fouquet payèrent cette rupture au chevalier assez généreusement. Celui-ci se plaisait ensuite à dire que cet hymen l'avait amplement dédommagé des frais occasionnés par son éphémère union avec la damoiselle de Langardière.
Le chevalier se remaria deux fois encore. Il épousa en 1682 demoiselle Catherine Boilesve, fille de Henri Boilesve, seigneur de la Moricière, qui refusa pendant neuf années son consentement au mariage de sa fille.
Devenu veuf, Claude se maria une quatrième fois et eut un fils, Simon de la Porte-Vezins, qui épousa Madeleine Laurent de Crilloire.
Nous trouvons enfin, d'autre part (Agrippa d'Aubigné, Histoire Universelle), le noble trait suivant, tout à l'honneur d'un des membres de la maison de la Porte-Vezins :
Un chevalier de Vezins, lieutenant du roi dans le Quercy, avait déployé beaucoup de cruauté contre les protestants, à la tête desquels se trouvait un gentilhomme du pays nommé Régnier. Ces deux seigneurs, devenus ennemis, auraient voulu se rencontrer face à face et satisfaire leur haine dans un combat singulier. Tous deux se trouvaient à Paris pendant la nuit fatale du 24 août 1572.
La cloche de Saint-Germain-l'Auxerrois avait sonné le signal du massacre de la Saint-Barthélémy, et l'on égorgeait les calvinistes dans leurs maisons et dans toutes les rues de Paris.
Au matin, Régnier voit entrer chez lui son ennemi, suivi de quinze soldats bien armés. Il croit que sa dernière heure est venue. De Vézins lui ordonne de le suivre, le fait, presque de force, monter sur un cheval qui l'attend à la porte. Ils sortent de Paris, Régnier, résigné à la mort, est persuadé que son ennemi veut le faire égorger dans quelque lieu désert. Sans échanger une parole, ils traversent à petites journées une partie de la France. De Vézins le conduit jusqu'à la porte de son château, non loin de Montauban, lui fait mettre pied à terre et lui dit :
— Ne pensez pas que la courtoisie que je vous ai faite soit pour réclamer votre amitié. Je veux avoir votre vie, mais dans un combat loyal et à armes égales.
— Ma vie, répond Régnier, elle est à vous, et ne peut plus être employée qu'à vous servir.
Ils se serrèrent la main et les deux adversaire devinrent deux amis aussi dévoués qu'ils avaient été ennemis.
Huit ans plus tard le chevalier de Vézins, devenu gouverneur de Cahors, défendit courageusement, pendant cinq jours et cinq nuits, cette ville assiégée par Henri IV en 1580, et y fut grièvement blessé.
La terre de Saint-Mars-de-la-Jaille appartenait pendant la Ligue aux barons de la Porte-Vézins et, probablement, à la branche aînée de cette maison, alors représentée par René dont nous avons raconté l'aventureuse histoire. Mais les seigneurs n'habitaient pas le château, place très forte qui avait alors pour gouverneur le capitaine la Saullaye et tenait pour le duc de Mercoeur. Le 15 décembre 1595, le jeune Malaguet, un des plus rusés capitaines de son temps, résolut de s'emparer de cette place par surprise pour la soumettre au roi Henri IV. Trouvant le moment favorable, il profita, un dimanche, de l'heure où presque toute la garnison assistait à la grand'messe, pour mettre à exécution son hardi projet.
Tandis que son frère aîné se tenait en embuscade avec sa troupe, le jeune Malaguet, déguisé en fille et accompagné de deux soldats, vêtus en paysans, se présenta tout en pleurs à l'entrée principale du château, demandant à parler à la Saullaye pour implorer sa pitié et son appui contre des soldats qui maltraitaient son vieux père. Le capitaine, informé de cette requête, déclara qu'il n'avait « jamais fermé son coeur, ni sa porte, aux larmes d'une femme » et donna l'ordre d'introduire celle-ci. La sentinelle obéit et abaissa le pont-levis mais paya cher cette imprudence. Le jeune Malaguet lui cassa la tête d'un coup de pistolet et jeta son corps dans le fossé, tandis que l'aîné, pénétrant dans la forteresse avec sa troupe, se rendit maître de la place en faisant prisonniers le gouverneur et les quelques hommes qui y étaient avec lui [Note : Voyez Moreau, Histoire de la Ligue en Bretagne].
La Saullaye protesta que cette action n'était pas de bonne guerre, vu que l'on observait en ce moment la trêve conclue et publiée entre le roi et le duc de Mercceur, il n'en fut pas moins déclaré de bonne prise par un conseil de guerre tenu à Rennes et retenu prisonnier pendant trois ans.
Malaguet soumit le château de Saint-Mars au roi qui en fit démolir les fortifications en 1598. On n'en voit plus de traces de nos jours.
La seigneurie de Saint-Mars-la-Jaille, jadis haute justice, avait de plus, sur ses vassaux, les droits de quintaine, de ban et de guet.
Outre les seigneurs de la Porte-Vezins, nous trouvons, parmi les anciens possesseurs de la terre de Saint-Mars, le nom de plusieurs autres maisons. Louis de la Trémouille et son épouse, Marguerite d'Amboise, la reçurent, en 1474, de Jean de Rougé, baron de Derval et de Malestroit, en échange de la seigneurie de Fougeray [Note : Ogée, Dictionnaire de Bretagne, art. Fougeray (notes)].
François de La Nouë, dit Bras de fer, seigneur de La Noue-Briord, de La Roche-Bernard et de Montreuil-Bonnin, né en 1531 au château de la Gascherie, à La Chapelle-sur-Erdre et mort le 4 août 1591 à Moncontour de Bretagne (22), est un capitaine huguenot durant les guerres de Religion.
Descendant d'une famille illustre et dévouée aux ducs de Bretagne, il est appelé à la cour par François Ier en qualité de page du futur Henri II. Après avoir fait ses premières armes en Picardie, il est envoyé en Piémont et participe aux dernières guerres d'Italie, où il se distingue par son habilité et son courage. Sa conversion à la Réforme remonte sans doute à 1558, lorsque François de Coligny d'Andelot, au cours d'une tournée en Bretagne, fait prêcher le pasteur qu'il a emmené avec lui. Bien qu'entré dans la clientèle des Châtillon, il reste un protégé des Guise. En 1560, ceux-ci le chargent, avec d'autres gentilshommes, d'accompagner leur nièce Marie Stuart en Écosse.
Un gentilhomme protestant
Sa foi l'engage dans les guerres civiles, au cours desquelles il se forge une réputation de grand capitaine. Il prend part aux batailles de Dreux en 1562 et de Saint-Denis en 1567. La même année, il s'illustre en prenant Orléans et Saumur à la tête de seulement cinquante cavaliers.
Un chef de guerre valeureux
Au cours de la troisième guerre, il est nommé par Louis Ier, prince de Condé gouverneur de La Rochelle et des provinces de Poitou, Aunis et Saintonge. On lui confie le commandement de l'arrière-garde huguenote lors de la bataille de Jarnac, mais abandonné par ses hommes, il est fait prisonnier. À la mort de François de Coligny d'Andelot, il est nommé colonel-général de l'infanterie, avant d'être de nouveau fait prisonnier à la bataille de Moncontour. Estimé par le duc d'Anjou, il est échangé contre le condottiere florentin Philippe Strozzi, lui-même capturé par le régiment de La Nouë lors de la bataille de La Roche-l'Abeille. Pour inquiéter les catholiques qui assiègent La Rochelle, il surprend plusieurs villes voisines, s'empare des Sables d'Olonne et de Luçon, et écrase l'armée de Puygaillard. En 1570, il est grièvement blessé au siège de Fontenay-le-Comte et doit être amputé du bras gauche. Un mécanicien de La Rochelle lui confectionne alors une prothèse métallique, ce qui lui vaut le surnom de Bras-de-fer. Grâce à cette opération, il peut remporter de nouveaux succès : il s'empare de Niort, de Marennes, de Soubise, de Brouage et de Saintes.
Au service du roi de France
Après la paix de Saint-Germain, signée en août 1570, La Nouë se rapproche du roi, qui cherche à se l'attacher plus étroitement en le faisant chevalier de l'ordre de Saint-Michel, puis gentilhomme de sa chambre. Il est choisi par Jeanne d'Albret pour discuter avec les délégués royaux des conditions du mariage entre Henri de Navarre et Marguerite de Valois. Il place de fermes espoirs dans la politique de tolérance civile alors suivie, qui s'appuie sur une grande politique internationale de rapprochement avec les puissances protestantes, d'éloignement à l'égard de l'Espagne et d'aide plus ou moins couverte aux révoltés des Pays-Bas.
Ainsi le , le roi Charles IX l'envoie soutenir le comté de Hainaut révolté contre son souverain, l’ultra-catholique roi d'Espagne Philippe II. Avec Louis de Nassau, frère du prince d'Orange, et François III de Soyécourt, il prit part au siège de Mons, en 1572 ; la ville resta cependant aux Espagnols, le 21 septembre 1572. Il échappa ainsi au massacre de la Saint-Barthélemy, le .
Pendant la quatrième guerre civile, Charles IX lui confie une délicate mission de conciliation entre les habitants de La Rochelle et le pouvoir royal. Mais les Rochelais, assiégés par les forces royales, le pressent de devenir leur gouverneur, ce que La Nouë accepte avec l'accord de Charles IX. N'oubliant pas ses convictions huguenotes et sentant que la guerre est proche, François de la Nouë démissionne de ses engagements royaux et organise la défense de la ville. Les historiens sont divisés quant à l'interprétation à donner à cette conduite : certains y voient un certain idéalisme, d'autres au contraire une preuve de réalisme politique. Le , le duc d'Anjou, frère du roi et futur Henri III, l'incite à se rendre dans des conditions favorables, tout en exigeant une reddition sous trois jours. Faisant face au refus de ses coreligionnaires extrémistes, qui pour certains l'accusent de traîtrise, François de La Nouë quitte la ville et assiste à l'issue du siège de La Rochelle dans le camp royal, sans prendre part aux combats. Il signe finalement la paix le .
Au service des Malcontents
Le massacre de la Saint-Barthélemy et l'expérience de La Rochelle provoquent un changement d'attitude de La Nouë à l'égard du roi, qu'il accuse de manquer à sa parole, bien que celui-ci l'ai protégé du massacre1. Il se rapproche de François d'Alençon et de ceux qui voient en lui l'espoir d'une nouvelle politique. En janvier 1574, il revient à La Rochelle et exhorte cette fois les Rochelais à la résistance, et justifie son action dans un manifeste. Pendant la cinquième guerre, il se range du côté des Malcontents et organise en Poitou la prise d'armes du mardi gras. Il se trouve à la pointe du combat des publicains (c'est-à-dire les défenseurs du bien public), qui recrutent parmi les modérés des deux bords. De nouveau gouverneur de La Rochelle en janvier 1577 pour le prince de Condé, il signe en septembre au nom de ce dernier et du roi de Navarre la paix de Bergerac.
Au service des protestants des Pays-Bas révoltés
Fatigué des rivalités aux visées essentiellement politiques, il quitte la France pour apporter son soutien aux protestants révoltés des Pays-Bas, opprimés par Ferdinand Alvare de Tolède, duc d'Albe. Profitant du trouble causé par le renvoi des gens de guerre étrangers par les États, les insurgés avaient repris Courtrai et pillé Menin ; La Nouë s'était emparé de Ninove et avait fait prisonnier Philippe d'Egmont2.
Au mois de , il tenait assiégé le château d'Ingelmunster (nl), et il avait quitté son camp avec quelques troupes pour surprendre Lille où il avait des intelligences, et dont la possession pouvait accélérer le triomphe du parti des États. Il n'était pas encore en vue de cette place que Robert de Melun, marquis de Roubaix, informé de ce qui se tramait, sortit immédiatement de Roubaix3, à la tête d'une grande partie de ses troupes et courut à sa rencontre. La Nouë, atteint et battu au village de Pecq, par le marquis, se vit réduit à retourner sur ses pas4.
Quelques jours après, le marquis sachant qu'un convoi de vivres était dirigé d'Audenarde sur Tournai, se met en embuscade avec quelques troupes d'élite. Après une longue et vaine attente, il allait se retirer quand La Nouë, averti de l'expédition, arrive à l'improviste, avec 1 200 hommes et 100 chevaux, et attaque le marquis, qui était loin de s'attendre à une telle visite. Remis de leur surprise, lui et les siens font des prodiges de valeur, se jettent sur la cavalerie qu'ils mettent en déroute. L'infanterie, qui s'oppose d'abord aux fuyards, est bientôt forcée de fuir à son tour, abandonnant ses armes.
Fort de cet avantage, le marquis se porte rapidement vers Ingelmunster où se trouvait le gros du corps de La Nouë, et là, sans avoir égard au nombre, attaque et force l'ennemi dans ses retranchements. Les Français et les Écossais, troublés, peuvent à peine soutenir le choc ; cinq cents hommes du régiment de Bours, arrivés de Roubaix, viennent décider la victoire et achever le carnage. Mais, tandis qu'on se bat avec acharnement autour du château, La Nouë, ayant rallié sa troupe, revient, fond sur les assaillants et les met entre deux feux. Cet incident menaçait de changer complètement la face des choses, mais la valeur du marquis sut parer à ce nouveau danger. Battu cette fois encore, La Nouë est fait prisonnier avec la plupart des siens (10 mai 1580)5.
La captivité
Pendant sa captivité au château de Limbourg, qui dure cinq ans, il écrit un commentaire sur l'histoire de Guichardin et compose les Discours politiques et militaires, publiés en 1587 à Bâle, en 1590 à La Rochelle, en 1592 et en 1612 à Francfort. Les Discours sont d'un intérêt historique de tout premier ordre et ont eu une influence importante sur les armées de tous les pays en raison de l'étude approfondie de l'art et de la stratégie militaires que La Nouë y présente. Napoléon Ier qualifiera plus tard ces discours de « Bible du soldat ». On y trouve également une analyse angoissée des maux qui menacent la France d'une ruine certaine si les habitants ne mettent pas un terme aux guerres civiles, ainsi qu'une vive réflexion sur la condition nobiliaire.
Célèbre pour sa galanterie, son sens de l'honneur et sa pureté de caractère, François de La Nouë force l'admiration de tous, ce qui va concourir à rendre ses conditions de détention épouvantables, et les conditions de sa libération exagérées.
La libération
Henri de Guise le fait finalement libérer en juin 1585, en échange de la libération du comte d'Egmont, d'autres prisonniers de valeur, d'une lourde rançon, ainsi que d'un engagement à ne plus prendre les armes contre l'Espagne ni contre ses alliés et à ne plus jamais reparaître aux Pays-Bas.
Entre 1586 à 1588, François de La Nouë s'exile à Genève, où il rencontre Théodore de Bèze. Il fait publier ses Discours politiques et militaires, et laisse une abondante correspondance.
Derniers combats