J'ai déjà publié au moins deux articles sur les
VISCONTI de notre généalogie, en remontant
l'arbre à partir de Bonne VISCONTI.
C'est à partir de ces articles que nous avons
fait connaissance avec le pape Grégoire X et
avec un certain nombre de doges de Venise.
Aujourd'hui, nous allons, tout simplement,
découvrir les personnages contemporains,
nombreux et célèbres de nôtre ancêtre
Bonne VISCONTI...
LES PERSONNAGES QUI NOUS FONT ENTRER
DANS L'HISTOIRE...
-Barnabé VISCONTI et Reine della SCALA
-Taddéa VISCONTI et Carlo VISCONTI
-Isabeau de BAVIERE et Charles VI de France
-Bonne VISCONTI et Guillaume de
MONTAUBAN
-Jean de MONTAUBAN et Anne de
Kéranrais
- Marie de MONTAUBAN, l'empoisonneuse.
-Valentine VISCONTI et Louis 1er d'ORLEANS
(frère du roi Charles VI).
Et maintenant, prenons nos personnages en
commençant par Barnabé VISCONTI...
Barnabé Visconti, en italien Bernabò Visconti, est un noble né à Milan au début de l'année 1323 et mort le à Trezzo sull'Adda, qui fut seigneur de Milan de 1354 à 1385.
Barnabé était le troisième fils d'Étienne Visconti (NC-1337) et de la Génoise Valentine Doria (1290-1359).
Étienne était lui-même le cinquième fils du seigneur Mathieu Ier et ses trois enfants Mathieu, Galéas et Barnabé se trouvaient être, après les décès successifs de leur oncle Galéas Ier, de leur cousin Azzon, puis de leurs deux autres oncles Lucien et Jean, qui avaient tous quatre régné sur Milan, les derniers descendants légitimes mâles de la famille.
En juillet 1340, il participe avec ses frères à la conjuration menée par Francesco Pusterla et quelques autres nobles contre ses oncles Jean et Lucien qui viennent de succéder à leur cousin Azzon. Cette conjuration ayant été dénoncée, Lucien sévit contre les conjurés mais ne punit pas ses neveux.
En 1343, sa compagne Beltramola Grassi met au monde son premier fils, Ambroise (1343-1373) qui sera le premier enfant d'une très longue série.
En 1346, après un nouveau complot, il est contraint à l'exil en même temps que ses frères. Barnabé quitte Milan pour voyager en Savoie, dans les Flandres et en France où il est l'hôte de la cour de Philippe VI en 1348.
En mars 1349, après la mort de Lucien, il est rappelé avec ses frères à Milan par l'oncle restant, l'archevêque Jean qui a succédé à son frère Lucien, pour participer au gouvernement dont il est devenu seul seigneur et vicaire impérial et qui les reconnaît comme ses successeurs.
Le , il épouse à Vérone Béatrice Reine della Scala (1331-1384) fille de Mastino II della Scala, seigneur de Vérone et Vicence, et de Taddea.
Le , Jean décède et les trois neveux Mathieu II, Galéas II et Barnabé deviennent co-seigneurs de Milan en se partageant les seigneuries affidées :
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Mathieu II est seigneur de Plaisance, Lodi, Parme, Bologne, Pontremoli, Monza et San Donnino.
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Galéas II obtient Pavie, Côme, Novare, Verceil, Asti, Alba, Tortona, Alexandrie et Vigevano.
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Barnabé règne sur Bergame, Brescia, Crémone, Soncino, Lonato et Val Camonica.
Barnabé fait commencer la construction de la citadelle de Bergame. Le , Mathieu II décède et Barnabé reprend les citadelles de Lodi, Parme, Bologne, et Pontremoli.
À la suite d'offenses faites à l'empereur Charles IV par les Visconti, celui-ci dépêche son vicaire impérial Markward von Randeck qui attaque Milan le . Le 12 novembre, le vicaire impérial est fait prisonnier par les troupes de Barnabé, commandées par Lodrisio Visconti, un neveu de Mathieu Ier.
Barnabé fait fortifier le palais de San Giovanni in Conca et embellir l'église homonyme.
En 1359, Barnabé tente de reprendre Bologne que Giovanni Visconti d'Oleggio a cédé au pape Innocent VI, déclenchant ainsi la colère de ce dernier qui, en août 1360, lui adresse une première accusation d'héresie. L'année suivante, c'est l'empereur Charles IV qui, en accord avec le pape, émet un décret de condamnation de son vicaire impérial milanais.
Le , l'armée de Barnabé est vaincue à San Ruffillo par les troupes du légat du pape sous la conduite de Galeotto Malatesta. Il s'agit là d'une défaite importante avec, dans le camp viscontien, 700 morts, 1 200 blessés et 1 300 prisonniers et la perte du trésor de l'armée.
L'année suivante, le , c'est Ugolino, fils du seigneur de Mantoue, Guy Gonzague, et époux de Catherine, fille de Mathieu II, qui est assassiné par les frères. Ce meurtre crée les prémisses d'un conflit entre Mantoue et Barnabé.
Menacé de toutes parts, Barnabé adresse, le , des ambassadeurs au pape pour la recherche d'un accord au sujet de Bologne avec la médiation du roi de France Jean II le Bon et du roi de Chypre, Pierre Ier de Lusignan.
À l'expiration du délai pour se présenter à Avignon, le , Urbain V proclame Barnabé hérétique, schismatique, maudit de l'Église et le déchoit de tous ses droits. La condamnation est également étendue à ses fils. Le mois suivant Barnabé subit, au fortin de Solara, une lourde défaite militaire par les troupes pontificales de Galeotto Malatesta. Mille cavaliers sont faits prisonniers ainsi que 38 condottieres dont le fils de Barnabé, Ambroise.
Barnabé tente de signer un armistice avec le légat pontifical, le cardinal Albornoz. Une paix est finalement signée le , dans laquelle Barnabé abandonne les châteaux du Bolonais en échange de 500 000 florins.
Ci-dessus : Barnabé Visconti.
et ci-dessous, Barnabé Visconti et son épouse Reinne della Scala.
En 1367, oubliant la haine qu'il nourrit à l'encontre de son beau-frère Cansignorio della Scala, il s'allie avec lui pour mettre au point une stratégie commune : il s'agit de renverser les Gonzague de la ville de Mantoue dont le Scaligero prendrait possession en échange d'une alliance avec les Visconti. Ils mettent leur projet à exécution au mois d'avril 1368, assiègent Mantoue mais se retrouvent opposés à l'empereur Charles IV et les troupes de la ligue papale et les échauffourées cessent au mois d'août grâce à un accord entre Barnabé, l'empereur et le légat du pape; une paix est signée en février 1369.
Le , Barnabé assiège Reggio d'Émilie qui se trouvait sous la souveraineté de Feltrino Gonzague qui reçoit l'aide de la Ligue qui envoie une armée. Le , en ayant recours à un expédient, Nicolas II d'Este s'empare de Reggio qui est pillée par les troupes de Lucio Lando. Feltrino Gonzague, qui occupait Reggio, s'enferme dans le château et envoie son fils Guy proposer à Barnabé la vente de la cité. Le 17 mai, Barnabé acquiert Reggio en échange de 50 000 florins et les fiefs de Novellara et Bagnolo et envoie la compagnie de son fils Ambroise avec 300 lances. L'administration de Reggio est confiée à l'épouse de Barnabé, Béatrice Reine. Lucio Lando, craignant d'être exclu de l'affaire, rencontre Barnabé à Parme et obtient pour son éloignement un prêt de 40 000 florins. Depuis Reggio, Ambroise envahit les campagnes de Modène et de Ferrare. En juin 1372, l'armée de Barnabé défait les troupes de la Ligue et le capitaine Francesco da Fogliano est fait prisonnier. Barnabé demande, en échange de sa vie, que lui soient cédés les châteaux qu'il possède autour de Reggio, mais son frère Guido da Fogliano n'ayant pas accepté le chantage, Francesco est pendu aux créneaux des murs de Reggio. Le pape proclame alors une nouvelle croisade contre les Visconti et, en mars 1373, condamne les deux seigneurs de Milan, Barnabé et Galéas II, pour hérésie et contumace.
Pendant l'été 1373, une épidémie de peste éclate que Barnabé arrive à juguler avec des décisions drastiques voire cruelles. C'est aussi pendant cet été que son fils Ambroise est assassiné près de Caprino Bergamasco au cours d'un affrontement avec les habitants. Les représailles de Barnabé seront de mater les rebelles et de raser le monastère de Pontida qui les avait soutenus.
Trouvant à nouveau une occasion d'entrer en conflit, Barnabé s'allie à Venise contre Gênes qui lui dispute la possession de l'île de Ténédos à l'entrée du détroit des Dardanelles. La guerre de Chioggia commence en mai 1378.
Le , Galéas II décède. Son successeur est censé être son fils Jean Galéas. Mais Barnabé concède à son neveu le seul gouvernement de la partie occidentale de la Lombardie et, se considérant seul seigneur de Milan, désigne ses fils légitimes comme ses héritiers en mars 1379.
Le , Barnabé marie sa fille Catherine avec son neveu Jean Galéas pour tenter de juguler les récriminations de ce dernier.
Le , alors que Barnabé est sur le point de mener à bien son projet de marier sa fille Lucia à Louis II d'Anjou, devenu roi titulaire de Naples, Jean Galéas avec Jacopo dal Verme, Ottone di Mandello et Giovanni Malaspina et à la tête d'une troupe de 500 lances, fait prisonnier Barnabé et ses deux fils Ludovico et Rodolfo, les enferme dans le château de Porta Giovia à Trezzo sull'Adda et prend le pouvoir.
Barnabé meurt en prison, le , empoisonné par les soins de Jean Galéas qui a attendu plus de six ans pour se venger des brimades de son oncle.
Descendance
De son union avec Béatrice Reine della Scala naissent 15 enfants :
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Taddea (ca 1351-1381) qui épouse, en 1364, Étienne III, duc de Bavière-Ingolstadt
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Viridis (ca 1352-ca 1414) qui épouse, en 1365, Léopold III, duc de Styrie
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Marco (1353-1382) qui est seigneur de Parme et épouse, en 1367, Isabelle, fille de Frédéric de Bavière-Landshut
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Ludovico (NC-1404) qui est gouverneur de Lodi et épouse, en 1381, sa cousine Violante, fille de Galéas II
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Rodolfo (1358-1388) qui est seigneur de Parme
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Carlo (1359-1403) qui est seigneur de Parme et épouse, en 1382, Béatrix, fille de Jean II le Bossu, comte d'Armagnac et de Jeanne de Périgord : par leur fille Bonne Visconti, ils sont les grands-parents maternels de l'amiral de Montauban
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Antonia (1360-1405) qui épouse, en 1380, Eberhard III de Wurtemberg
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Catherine (1360-1404) qui épouse, en 1380, son cousin Jean Galéas successeur de Barnabé et est régente de son fils Jean Marie de 1402 à 1404 et meurt empoisonnée
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Valentine dite Valenza (ca 1361-1393) qui épouse, en 1378, Pierre II de Lusignan, roi de Chypre
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Agnès (ca 1362-1391) qui épouse, en 1380, François Ier Gonzague, seigneur de Mantoue qui la fait décapiter en 1391
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Madeleine (1366-1404) qui épouse, en 1381, Frédéric de Bavière-Landshut
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Gianmastino (1370-1405) qui est seigneur de Bergame et épouse, en 1385, Cleofe, fille d'Antoine Ier della Scala, seigneur de Vérone
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Lucia (1372-1424) qui épouse, en 1407, Edmond Holland, 4e comte de Kent
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Élisabeth (ca 1374-1432) qui épouse, en 1395, Ernest Ier, duc de Bavière-Munich
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Anglesia (NC-1439) qui épouse, en 1400, Janus de Lusignan, roi de Chypre, qui la répudie, vers 1407, faute de descendance.
De diverses compagnes ou maîtresses13 et dès avant son mariage avec Béatrice Reine, Barnabé a également de 13 à 20 enfants illégitimes1 mais reconnus. Parmi ceux-ci, certains se rendent célèbres tels que :
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Ambroise (1343-1373) qui est gouverneur de Pavie et un condottiere émérite au service de son père
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Estorre (1346-1413) qui prend le pouvoir à Milan, le , à la mort du duc Jean Marie et est déposé, quatre semaines plus tard, le , par Philippe Marie
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Sagramoro (NC-1385) qui est seigneur de Brignano et est l'ancêtre des familles des comtes de Sezze (extinction en 1716), des marquis de San Giorgio (extinction en 1724), des seigneurs de Brignano (extinction en 1764), des comtes de Saliceto (extinction en 1924) et des marquis de Borgoratto (extinction en 1787).
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Bernarda, née de sa liaison avec Giovannola di Montbretto, qui est mise à mort après avoir été prise en flagrant délit d'adultère avec Pandolfo Malatesta14
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Riccarda, fille de Catarina Freganeshi de Crémone, mariée vers 1375-1380 à Bernardon de la Salle.
Monument funéraire de Barnabé et Béatrice Reine Visconti
(sculpture de Bonino da Campione, Castello Sforzesco)
Après les deux ancêtres qui nous concernent, passons à deux de leurs nombreux enfants, il ont été surlignés en rose dans la liste...
Taddéa VISCONTI :
Taddea Visconti (ou Thadée Visconti) (née en 1351 à Milan et morte le ) est une noble italienne, membre de la famille des seigneurs de Milan. Elle est la première épouse du duc Étienne III de Bavière et la mère de la reine de France Isabeau de Bavière.
Taddea est l'une des enfants de Barnabé Visconti, seigneur de Milan, et de Béatrice Reine della Scala ; elle est l'aînée de seize frères et sœurs.
Recherchant une alliance avec des souverains allemands, Barnabé Visconti négocie le mariage de quatre de ses enfants (dont celui de Taddea), avec des membres de la famille de Wittelsbach qui règne sur la Bavière, le plus riche et le plus puissant des états allemands de cette époque ; une autre de ses filles est mariée à un membre de la famille de Habsbourg.
En 1365, Taddea épouse Étienne III, qui devient duc de Bavière en 1375 et règne conjointement avec ses frères, Frédéric (marié en secondes noces à une sœur de Taddea) et Jean II. Trois enfants naissent de ce mariage :
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un fils (né et mort en 1367)
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Louis VII (vers 1368-1447), duc de Bavière, épouse Anne de Bourbon (1380-1408), puis Catherine d'Alençon ;
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Élisabeth, dite Isabeau (vers 1371-1435), mariée en 1385 au roi de France Charles VI.
Taddea meurt le , à l’âge de trente ans environ. Sa fille Isabeau devient reine de France moins de quatre ans plus tard, lorsqu’elle épouse le roi Charles VI le .
Etienne III de BAVIERE :
Étienne III (1337 – , Niederschönenfeld) est duc de Bavière de 1375 à sa mort. Fils aîné d'Étienne II et d'Élisabeth de Sicile, il règne d'abord sur la Basse-Bavière conjointement avec ses deux frères Frédéric et Jean II. En 1392, les frères procèdent à un partage de leurs possessions, et Étienne III devient duc de Bavière-Ingolstadt. Malgré ses tentatives, il ne parvient pas à leur reprendre les terres qu'il a dû leur céder, ni à ses neveux après leur mort.
Le , Étienne III épouse Taddea Visconti, fille de Barnabé Visconti, dont :
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Louis VII le Barbu (1368-1447), épouse Anne de Bourbon (1380-1408), puis Catherine d'Alençon ;
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Isabeau de Bavière (1370-1435), épouse en 1385 Charles VI de France.
Le , il se remarie avec Élisabeth, fille d'Adolphe III de Clèves. Ils n'ont pas d'enfants.
Charles ou Carlo VISCONTI :
Seigneur de Parme, fils de Barnabé et frère de Taddéa, il épouse en 1382 Béatrice d'ARMAGNAC (1362 -1410), fille de Jean II le Ventru d'Armagnac, vicomte de Limagne et de Jeanne de Périgord.
Isabeau de BAVIERE :
Isabeau de Bavière, aussi connue sous le nom d'Isabelle de Bavière ou d'Isabeau de Wittelsbach-Ingolstadt (en haut-allemand : Elisabeth von Wittelsbach-Ingolstadt), née vers 1370 à Munich, dans le duché de Bavière-Landshut, et morte le à Paris, dans le royaume de France, est reine de France du au en tant qu'épouse de Charles VI. Issue de la puissante maison de Wittelsbach-Ingolstadt, elle est la fille aînée du duc Étienne III de Bavière et de son épouse Taddea Visconti, originaire d'une éminente famille noble qui règne sur la ville italienne de Milan. À environ quinze ans, Isabeau de Bavière est envoyée en France pour y épouser le roi Charles VI, avec lequel elle convole quelques jours après leur première rencontre.
Le couronnement d'Isabeau de Bavière est fastueusement organisé en 1389 et est suivi par son entrée triomphale à Paris. En 1392, Charles VI souffre de sa première crise de folie, qui l'écarte progressivement des affaires gouvernementales. Ces épisodes de démence apparaissent de manière irrégulière et sèment la confusion au sein de la cour. Le tristement célèbre « Bal des ardents », organisé par la reine en 1393, provoque de peu la mort du roi. Malgré ses demandes récurrentes que son épouse soit mise à l'écart, Charles l'autorise fréquemment à agir en son nom. Isabeau devient de ce fait une régente officieuse au nom des dauphins, ses fils successifs qui deviennent héritiers du trône, et prend part au conseil royal, y détenant une autorité jusque-là inégalée pour une reine de France.
La maladie de Charles VI crée un vide politique qui aboutit finalement à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons entre les partisans de son frère Louis Ier d'Orléans et les ducs de Bourgogne. Dans l'intérêt des dauphins, Isabeau change régulièrement d'alliance avec les deux factions : lorsqu'elle rejoint les Armagnacs, les Bourguignons l'accusent d'adultère avec le duc d'Orléans, tandis qu'elle est chassée de Paris et emprisonnée par les Armagnacs lorsqu'elle traite avec les Bourguignons. En 1407, le duc Jean Ier de Bourgogne ordonne l'assassinat de Louis d'Orléans, ce qui déclenche les hostilités entre les deux partis. La situation se complexifie en 1419, quand, à l'instigation des Armagnacs, le dauphin Charles orchestre l'assassinat du duc de Bourgogne.
L'assassinat de son allié sur ordre de son propre fils provoque la rupture définitive entre Isabeau de Bavière et ce dernier. La reine négocie dès lors avec le roi Henri V d'Angleterre, qui a profité du conflit entre les Armagnacs et les Bourguignons pour réinitialiser en 1415 la guerre de Cent Ans et entamer une conquête méthodique du Nord du royaume de France. Les tractations entre Henri V, Isabeau et les Bourguignons aboutissent en 1420 à la signature du traité de Troyes, qui prive le dauphin de ses droits au trône et promet à Henri V la couronne de France à la mort de Charles VI. Après le trépas de son époux en 1422, Isabeau de Bavière s'établit définitivement à Paris, désormais aux mains des Anglais, et mène une existence reculée jusqu'à sa mort en 1435.
De son vivant déjà, Isabeau de Bavière a été sévèrement critiquée pour son train de vie dispendieux et ses infidélités supposées. Son règne, commencé sous les meilleurs auspices, est effectivement l'un des plus sombres de l'Histoire du royaume de France, qui n'est sauvé du désastre qu'après la patiente reconquête de son fils Charles VII. Jusqu'au XIXe siècle, l'historiographie a fait d'Isabeau l'archétype de la mauvaise reine. Pourtant, depuis le XXe siècle, les historiens ont réexaminé les différentes descriptions contemporaines de son règne et concluent que, même si son action à la tête du royaume a été catastrophique, de nombreux éléments de sa réputation sont exagérés et proviennent du factionnalisme ambiant et de la propagande conçue par les partisans de Charles VII.
Isabeau de Bavière recevant de Christine de Pizan La Cité des dames.
Miniature tirée d'un parchemin, British Library, Harley 4431 fo 3, vers 1410-1414.
Isabeau de Bavière est la fille aînée d'Étienne III de Bavière, duc de Bavière-Ingolstadt, et de Taddea Visconti, fille de Barnabé Visconti, seigneur de Milan, qui lui a apporté un douaire considérable, estimé à 100 000 ducats. Elle descend du côte paternel de l'empereur des Romains Louis IV et voit le jour au moment où la Bavière est l'un des États les plus puissants du Saint-Empire romain germanique. Isabeau est probablement née à Munich, où elle est baptisée en la cathédrale Notre-Dame sous le nom d'Élisabeth. Au moment des pourparlers diplomatiques préparant le mariage de sa fille avec Charles VI, Étienne III de Bavière-Ingolstadt se montre évasif tant sur la ville et l'année de naissance de sa fille, situant son âge entre treize ou quatorze ans. Cependant, d'autres sources, notamment Jean Froissart, laissent à penser qu'Isabeau pourrait avoir seize ans lorsqu'elle est demandée en mariage pour le compte du roi de France, ce qui situerait sa date de naissance vers 1370. L'enfance d'Isabeau demeure complètement méconnue jusqu'en août 1383, lorsque son oncle paternel Frédéric, duc de Bavière-Landshut, suggère qu'elle épouse le roi Charles VI de France. Le projet est une nouvelle fois envisagé en avril 1385, lorsque le duc Philippe II de Bourgogne, oncle et régent du jeune Charles VI, se lance dans une politique d'alliances matrimoniales à travers toute l'Europe, afin de conforter sa propre puissance et de renflouer le Trésor royal. En avril 1385, il marie respectivement à Cambrai son fils aîné Jean et sa fille Marguerite avec Marguerite et Guillaume, les enfants d'Albert Ier de Bavière-Straubing, un oncle d'Étienne III de Bavière-Ingolstadt. Charles VI, qui a alors seize ans, participe aux tournois organisés pour célébrer les noces et est décrit par les contemporains comme un jeune homme séduisant, en bonne forme physique, qui apprécie les joutes et la chasse, et semble enthousiaste à l'idée de se marier.
Philippe II de Bourgogne étudie longuement l'idée d'une alliance du royaume de France avec le Saint-Empire romain germanique, qui se révélerait idéale contre le royaume d'Angleterre dans le contexte de la guerre de Cent Ans. Étienne III de Bavière-Ingolstadt accepte avec réticence d'envoyer sa fille Isabeau en France pour qu'elle soit envisagée comme une possible reine de France. Accompagnée de son oncle Frédéric, Isabeau n'est pas informée des intentions de son père, qui a exigé qu'elle n'en soit pas tenue au courant, et croit initialement que ce voyage vers la France constitue un pèlerinage vers la ville d'Amiens. Avant de rejoindre Amiens, Isabeau marque une étape dans le comté de Hainaut, où elle demeure pendant un mois auprès de son grand-oncle Albert Ier de Bavière-Straubing et son épouse Marguerite de Brzeg, qui lui apprend l'étiquette de la cour de France et lui fait abandonner ses tenues bavaroises au profit de celles alors en vogue en France. Le 13 juillet 1385, Isabeau de Bavière arrive à Amiens pour être présentée à Charles VI. Auparavant, son père a refusé qu'elle soit examinée par des matrones comme c'est alors l'usage en France, refusant l'humiliation d'un examen pré-nuptial à sa fille et le risque d'un renvoi en Bavière si d'aventure on lui trouve des défauts physiques.
Jean Froissart décrit dans ses Chroniques la rencontre, lors de laquelle Isabeau affiche un comportement parfait selon les normes de son époque. Des dispositions ont été prises pour que Charles et Isabeau se marient à Arras, mais lors de la première rencontre, le roi de France a senti « le bonheur et l'amour entrer dans son cœur, car il a vu qu'elle était belle et jeune, et il a donc grandement désiré la regarder et la posséder ». Bien qu'elle ne parle pas encore français, Charles VI se montre pressé que les noces soient conclues et convole avec Isabeau quatre jours après leur rencontre. Charles VI semble sincèrement aimer sa jeune épouse et lui prodigue de multiples présents. Ainsi, à l'occasion des étrennes du 1er janvier 1386, il lui offre une selle de palefroi de velours rouge garnie de cuivre et décorée d'un K et d'un E entrelacés (pour Karol et Elisabeth, leurs prénoms en haut-allemand). Les oncles et régents du roi approuvent également l'union, que les chroniqueurs Jean Froissart et Michel Pintoin présentent comme enracinée dans le désir et fondée sur la beauté d'Isabeau. Le lendemain du mariage, Charles VI part en campagne militaire contre la ville de Gand, pendant qu'Isabeau se rend à Creil pour vivre auprès de la reine douairière Blanche de Navarre, la veuve du roi de France Philippe VI, qui lui enseigne les traditions de la cour. En septembre 1385, Isabeau s'installe au château de Vincennes, où Charles VI la rejoint fréquemment pendant les premières années de leur mariage, et qui devient son lieu de résidence préféré
Charles VI, roi de France :
Charles VI, dit « le Bien-Aimé », et, depuis le XIXe siècle, « le Fou » ou « le Fol », né à Paris le et mort dans la même ville le , est roi de France de 1380 jusqu'à sa mort. Fils du roi Charles V et de la reine Jeanne de Bourbon, il est le quatrième roi de la branche de Valois de la dynastie capétienne.
Il monte sur le trône à l'âge de douze ans, alors que son père laisse derrière lui une situation militaire favorable, marquée par la reconquête de la plupart des possessions anglaises en France. D'abord placé sous la régence de ses oncles, les ducs de Bourgogne, d'Anjou, de Berry et de Bourbon, il décide en 1388, âgé de 20 ans, de s'émanciper.
En 1392, lors d'une expédition en Bretagne, le roi est victime d'une première crise de démence, au cours de laquelle il tue plusieurs de ses gardes. Quelques mois plus tard, à la suite du tragique Bal des ardents, où il manque de mourir brûlé, Charles est de nouveau placé sous la régence de ses oncles, le duc Jean de Berry et surtout le duc de Bourgogne Philippe le Hardi.
Dès lors, et jusqu'à sa mort, le roi alterne entre périodes de folie et périodes de lucidité. Le pouvoir est détenu par ses influents oncles mais aussi par son épouse, la reine Isabeau de Bavière. Son frère cadet, Louis d'Orléans, aspire également à la régence et voit son influence croître. L'inimitié entre ce dernier et Jean sans Peur, successeur de Philippe le Hardi, plonge le royaume dans une guerre civile au cours de laquelle le roi se retrouve successivement contrôlé par l'un ou l'autre des deux partis.
En 1420, après de nouveaux succès anglais et l'assassinat du duc de Bourgogne, alors que les Bourguignons règnent en maître à Paris et s'allient aux Anglais, Charles VI signe avec ces derniers le traité de Troyes, par lequel il déshérite son fils, le futur Charles VII, et marie sa fille au roi d'Angleterre Henri V, qui devient son successeur.
Sa mort, en 1422 à l'âge de 53 ans, quelques mois après le roi d'Angleterre, ravive la guerre de Cent Ans.
Charles VI, roi de France. Détail d'une enluminure du Maître de la Mazarine, extraite des Dialogues de Pierre Salmon, vers 1411-1413, Bibliothèque de Genève,
Charles VI en costume de sacre. BnF, département des manuscrits, ms.
Les oncles font couronner rapidement Charles VI de manière à prendre le pouvoir au détriment des conseillers de Charles V. Jean Fouquet, Les Grandes Chroniques de France, vers 1455-1460.
Charles VI en train de chasser, pendant qu'Isabeau de Bavière le suit sur un palefroi. Miniature du Maître de Spencer 6, tirée de la Chronique d'Enguerrand de Monstrelet, vers 1493-1500.
La bataille de Roosebeke (Chroniques de Froissart, milieu du XVe siècle).
La bataille de Roosebeke, également appelée « bataille du Mont-d'Or », se déroula près du village de Roosebeke, actuellement Westrozebeke en Flandre-Occidentale, le . Elle opposa une troupe de miliciens flamands, commandés par Philippe van Artevelde, à l'ost français conduit par le roi de France Charles VI et commandé par le connétable Olivier de Clisson.
Louis II de Male, comte de Flandre, est en butte à la Révolte des tisserands gantois depuis 1379. Forcé de se retrancher à Lille en raison de l'attaque de Bruges par Philippe van Artevelde, il doit faire appel à son gendre Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Ce dernier, qui sait devoir hériter du comté à la mort de Louis II, convainc facilement le jeune Charles VI, dont il est l'oncle et le tuteur, d'organiser cette expédition en Flandre.
Bien qu'elle ne fût pas partie prenante dans cet affrontement précis, l'Angleterre a souvent compté la Flandre parmi ses alliés pendant la guerre de Cent Ans. L'importante industrie textile de cette région constitue un des principaux débouchés de la laine produite par les éleveurs de moutons anglais et la laine est à cette époque le premier produit d'exportation de l'économie anglaise. Les Flamands ont d'ailleurs espéré, en vain, que l'Angleterre envoie des troupes leur prêter main-forte dans cette affaire. On comprend donc aisément l'intérêt de la France d'assurer le pouvoir d'un comte qui certes louvoya longtemps entre ses amitiés françaises et anglaises, mais en définitive avait fini par rejoindre le parti Valois en mariant sa fille au duc Philippe II de Bourgogne en 1369.
En outre, les Flamands avaient embrassé le parti du pape Urbain VI alors que le roi de France appuyait Clément VII, ce qui a pu constituer un argument supplémentaire pour convaincre Charles VI d'engager des troupes en faveur de Louis de Male, bien que ce dernier, pour des raisons évidentes de politique intérieure, préférât personnellement soutenir le pape de Rome.
Après la bataille de Roosebeke, Charles VI rentre à Paris à la tête de son armée. Les Parisiens négocient avec ses envoyés les conditions de leur soumission. (Chroniques de Jean Froissart, milieu du XVe siècle).
C'est une bataille opù un certain nombre de nos ancêtres nobles seigneurs ont été tués.
Le Bal des ardents, miniature du XVe siècle.
Cortège funèbre de Charles VI. Miniature extraite des Vigiles du roi Charles VII de Martial d'Auvergne, fin du XVe siècle, Paris, BnF, département des Manuscrits.
Le couronnement d'Isabeau de Bavière est fastueusement célébré le 23 août 1389 à Paris. Sa petite-cousine et belle-sœur Valentine Visconti, qui a épousé six jours auparavant Louis, duc de Touraine et frère cadet de Charles VI, arrive avec 1 300 chevaliers qui ont acheminé depuis Milan et à travers les Alpes des effets personnels luxueux, tels des livres et une harpe. Les nobles qui assistent à la procession précédant le couronnement de la reine sont magnifiquement vêtus dans des costumes avec des broderies en fil d'or et circulent dans des litières escortés par des chevaliers. Le duc Philippe II de Bourgogne se présente quant à lui à la cérémonie avec un doublet brodé de 40 moutons et 40 cygnes, chacun décoré d'une clochette en perles. La cour vit alors dans une période d'embellie, puisque Charles VI a renvoyé le 3 novembre 1388 ses oncles et régents Philippe II de Bourgogne et Jean de Berry du conseil royal pour leur train de vie dispendieux, a rappelé les conseillers de son père Charles V, surnommés « les Marmousets », et vient de conclure le 18 juin 1389 une trêve durable avec l'Angleterre.
Artistes et acrobates lors du couronnement d'Isabeau de Bavière. Miniature tirée des Chroniques de Jean Froissart
La Joyeuse Entrée d'Isabeau de Bavière dans Paris, le 22 août 1389. Miniature attribuée à Philippe de Mazerolles, vers 1470.
La procession s'étend du matin au soir du 23 août 1389. Les rues de Paris sont bordées de tableaux vivants présentant des scènes des croisades, de la Déisis et des Portes du Paradis long du parcours ; d'un côté de la procession, ils sont vêtus de vert, tandis que ceux situés de l'autre sont revêtus de rouge. La procession commence à la porte Saint-Denis, circule sous un dais d'étoffe bleu ciel sous lequel des enfants vêtus comme des anges chantent, et serpente dans la rue Saint-Denis avant d'arriver à la cathédrale Notre-Dame pour la cérémonie du couronnement. Comme le souligne l'historienne américaine Barbara W. Tuchman, « il y avait tant de merveilles à voir et à admirer que ce n'est seulement que le soir que la procession franchissait le pont menant à Notre-Dame et le spectacle culminant ».
Alors qu'Isabeau traverse le Grand-Pont pour se rendre à Notre-Dame, une personne habillée en ange est descendue de l'église par des moyens mécaniques et « est passée par une ouverture des tentures de taffetas bleu avec des fleurs de lis dorées, qui recouvraient le pont, et a mis une couronne sur sa tête ». Cette personne a ensuite été remontée dans l'église, pendant qu'un acrobate portant deux bougies a marché le long d'une corde suspendue aux flèches de la cathédrale jusqu'à la plus haute maison de la ville. Après le couronnement de la reine, la procession fait son retour de la cathédrale le long d'un parcours éclairé par 500 bougies et est accueillie par un festin royal et une suite de spectacles narratifs, dont une représentation de la guerre de Troie. Isabeau de Bavière, qui est à ce moment-là enceinte de sept mois, manque de s'évanouir de chaleur le premier des cinq jours de festivités. Pour payer ces événements extravagants, des taxes sont par la suite levées à Paris, deux mois après la conclusion des célébrations.
Isabeau de Bavière et Charles VI à la signature du traité de Troyes. Miniature tirée des Chroniques de Jean Froissart, vers 1470-1472.
En l'absence d'un héritier officiel au trône, Isabeau de Bavière accompagne son époux pour signer le traité de Troyes le 21 mai 1420. Rachel Gibbons précise toutefois que « le traité ne fait que confirmer le statut de hors-la-loi [du dauphin] ». La maladie de Charles VI l'empêche de signer le traité, ce qui oblige Isabeau à le remplacer et, selon Gibbons, « lui donne la responsabilité perpétuelle d'avoir abandonné la France ». Pendant de nombreux siècles, Isabeau sera accusée d'avoir sacrifié le royaume de France aux intérêts d'Henri V. En vertu des termes du traité, Charles VI demeure roi de France pour le restant de ses jours, mais Henri V, qui épouse le 2 juin 1420 sa fille Catherine afin de conforter sa position, devient l'héritier du trône, conserve le contrôle des territoires qu'il a conquis en Normandie et officie comme régent du royaume de France au nom de son beau-père. Quant à la légitimité à succéder du « soi-disant dauphin », elle est niée dans le traité et des rumeurs attribuant sa paternité à Louis Ier d'Orléans sont colportées par les Bourguignons.
Charles VI demeure par la suite à l'Hôtel Saint-Paul dans la capitale désormais contrôlée par les Anglais et y meurt le 21 octobre 1422. En vertu du traité de Troyes, son petit-fils Henri VI d'Angleterre lui succède sur le trône, Henri V étant mort prématurément le 31 août précédent, permettant ainsi l'avènement d'une double monarchie franco-anglaise. Cela n'empêche pas le dauphin de s'autoproclamer roi le 30 octobre 1422 sous le nom de Charles VII: en vertu des lois fondamentales du royaume, il souligne que le roi appartient à la couronne, et non l'inverse, et proclame que la couronne est indisponible, ce qui signifie qu'il n'appartient pas au roi ou à un conseil de désigner son successeur, mais qu'elle se transmet par la simple force de la coutume, et que le roi n'a pas le pouvoir de l'engager à une puissance étrangère, comme Charles VI l'a lui-même fait en approuvant le traité de Troyes. Quant à Isabeau de Bavière, elle s'installe à l'Hôtel Saint-Paul avec sa belle-sœur Catherine d'Alençon, où elle mène une existence reculée. Toutefois, des rumeurs circulent sur son sujet, notamment sur une prétendue liaison avec Pierre II de Giac, un fonctionnaire au service de Charles VII que ce dernier fait exécuter par noyade en février 1427, mais plus probablement pour ses divergences d'opinion avec lui. Ces nombreuses rumeurs d'infidélité concernant Isabeau sont exploitées tant par les partisans de Charles VII que par ceux d'Henri VI : les premiers l'opposent en 1429 à Jeanne d'Arc, dont ils soulignent la vertu et la pureté, et clament que « la France, perdue par une femme, serait un jour sauvée par une vierge », tandis que les seconds insistent sur sa liaison supposée avec Louis Ier d'Orléans dans le pamphlet Pastorelet.
Au cours de l'épopée de Jeanne d'Arc qui permet le sacre de Charles VII en la cathédrale Notre-Dame de Reims le 17 juillet 1429, les accusations d'illégitimité du souverain nouvellement sacré sont à nouveau colportées par les Anglais, de même que des rumeurs d'empoisonnement de ses frères aînés par leur mère. Le 2 décembre 1431, Isabeau de Bavière reçoit la visite de son petit-fils Henri VI, qui s'apprête à être sacré roi de France en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Elle meurt finalement dans la plus stricte indifférence le 24 septembre 1435, avec à ses côtés seulement sa belle-sœur Catherine d'Alençon et ses dames d'honneur Amelie von Orthenburg et la dame de Moy. Son décès survient trois jours après la signature du traité d'Arras, qui scelle la réconciliation entre Charles VII et Philippe III de Bourgogne : plusieurs chroniqueurs affirment qu'elle aurait pleuré à l'annonce de cette nouvelle. Ses obsèques se réduisent à leur plus simple expression: son cercueil n'est pas amené à la basilique de Saint-Denis, récemment reprise aux Anglais par Charles VII, en carrosse et par la rue Saint-Denis comme le veut l'usage pour les rois et les reines de France, mais est posé dans une barque qui navigue de nuit dans la plus grande discrétion du port Saint-Landry de Paris à Saint-Denis en suivant les courbes de la Seine. Son tombeau, situé initialement dans la rotonde des Valois avant d'être déplacé dans la nécropole royale, est profané le 17 octobre 1793 par les révolutionnaires.
Le transport du cercueil d'Isabeau de Bavière sur la Seine. Miniature tirée des Vigiles de la mort de Charles VII de Martial d'Auvergne, vers 1484.
De son mariage avec Charles VI, roi de France, Isabeau de Bavière a douze enfants, dont les dates et lieux de naissances sont globalement bien documentés:
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Charles (25 septembre 1386 – 28 décembre 1386), premier dauphin, sans alliance, ni postérité ;
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Jeanne (14 juin 1388 – 1390), sans alliance, ni postérité ;
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Isabelle (9 novembre 1389 – 13 septembre 1409), épouse en premières noces le 31 octobre 1396 Richard II d'Angleterre, sans postérité, puis en secondes noces le 29 juin 1406 Charles Ier d'Orléans, d'où postérité ;
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Jeanne (24 janvier 1391 – 27 septembre 1433), épouse le 19 septembre 1396 Jean V de Bretagne, d'où postérité ;
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Charles (6 février 1392 – 13 janvier 1401), deuxième dauphin, sans alliance, ni postérité ;
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Marie (24 août 1393 – 19 août 1438), abbesse au prieuré Saint-Louis de Poissy, sans alliance, ni postérité ;
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Michelle (11 janvier 1395 – 8 juillet 1422), épouse en juin 1409 Philippe III de Bourgogne, d'où postérité ;
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Louis (22 janvier 1397 – 18 décembre 1415), troisième dauphin et duc de Guyenne, épouse le 31 août 1404 Marguerite de Bourgogne, sans postérité ;
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Jean (31 août 1398 – 4 avril 1417), quatrième dauphin et duc de Touraine, épouse le 18 novembre 1415 Jacqueline de Bavière, sans postérité ;
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Catherine (27 octobre 1401 – 3 janvier 1437), épouse en premières noces le 2 juin 1420 Henri V d'Angleterre, d'où postérité, puis en secondes noces entre 1428 et mai 1432 Owen Tudor, d'où postérité ;
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Charles VII (22 février 1403 – 22 juillet 1461), cinquième dauphin et comte de Ponthieu, roi de France du 21 octobre 1422 au 22 juillet 1461, épouse le 22 avril 1422 Marie d'Anjou, d'où postérité ;
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Philippe (10 novembre 1407 – 10 novembre 1407), sans alliance, ni postérité.
Selon les historiens modernes, Isabeau de Bavière demeure proche de ses enfants pendant leur enfance : elle les fait voyager avec elle, leur achète des présents et des textes de dévotion et fait en sorte que ses filles soient éduquées. De plus, elle s'oppose à toute séparation avec ses fils, dont la coutume exige alors qu'ils soient envoyés dans des familles nobles pour y grandir. Michel Pintoin rapporte d'ailleurs que la reine se retrouve consternée par le contrat de mariage de son quatrième fils Jean, duc de Touraine, qui est envoyé vivre auprès des parents de sa fiancée Jacqueline de Bavière, et qu'elle maintient des correspondances étroites avec ses filles après leurs mariages. Enfin, dans le contexte d'une épidémie de peste qui éclate en juin 1399 à Paris, elle consent avec difficulté à se séparer de ses enfants pour les envoyer en sécurité et insiste pour garder auprès d'elle son plus jeune fils, Jean, jugé trop jeune pour entreprendre un long voyage. L'Ordre des Célestins, conscient de son attachement très fort à ses enfants, accepte qu'Isabeau de Bavière, « quand et aussi souvent qu'elle le souhaite, [...] puisse entrer au monastère et à l'église... dans leurs vignes et leurs jardins, tant pour la dévotion que pour le divertissement et le plaisir d'elle-même et de ses enfants ».
Représentation du futur Charles VII. Miniature de Jean Fouquet, vers 1452-1460.
Bonne VISCONTI :
C'est la base de départ de nôtre intérêt pour cette branche.
Bonne VISCONTI est née vers 1390 et elle décède après 1433. Elle est la fille de Carlo VISCONTI et de Béatrice d'Armagnac. Elle est aussi la nièce de Taddéa VISCONTI épouse de Etienne III de Bavière et donc cousine germaine d'Isabeau de BAVIERE, leur fille et épouse du roi de France Charles VI.
Contrat de mariage passé en la cour de Melun, entre Bonne Visconti, cousine germaine d'Isabeau de Bavière, reine de france, et Guillaume de Montauban, seigneur de Montauban, de Rumillé, de Marigné et de Landal, chancelier de la Reine - daté du samedi 22e jour d'aoust 1411 - sur vélin 60x57cm
Ce document est tout à fait remarquable quant à son contenu. Il est a resituer dans une des périodes parmi les plus critiques de l'histoire de France (folie du roi Charles VI, guerre de cent ans). Il souligne l'influence de la reine Isabeau de Bavière dans le choix de ses alliances. Dans ce cas précis, elle marie sa cousine Bonne Visconti (francisée dans la charte en Viscomptes) avec l'un des plus grands seigneurs Bretons, en l'occurence Guillaume de Montauban (branche cadette des ducs de Bretagne), qui est aussi chancelier de la reine.
Au terme de contrat de mariage, le roi de France, Charles VI, dote Bonne des Viscomptes de 30.000 francs à percevoir sur les aides et grenier à sel de Château Thierry. Cette dotation royale est garantie par la reine elle-même, et par tous les grands dignitaires du royaume : "monseigneur de Berry, monseigneur de Bavière, monseigneur de Guienne et monseigneur le connestable".
Par ce contrat de mariage, Guillaume de Montauban se voit remettre le château et la ville de Château Thierry en garantie de cette dot. Il est bon de souligner que de ce mariage, naîtront Jean de Montauban qui deviendra amiral de France et Artus de Montauban qui est accusé d'avoir participé à l'assassinat de Gilles de Bretagne.
Caractéristiques de la charte :
Elle se décompose en trois parties :
Partie 1 - Dans une lettre datée du 13 août 1411, les officiers de la prévôté de Melun prennent acte de la nomination des procureurs désignés par Guillaume de Montauban pour négocier son mariage, en l'occurence, ses frères Bertrand de Montauban et Raoul de Couesquen. On peut, au passage, noter la formulation savoureuse employée pour évoquer ce mariage: "certains messaiges especiaulx et especialement o povoir de fiancer et baillier lottroy de ma personne en convenant de mariage deuement et convenablement A noble personne ma demoiselle Bonne des Viscomptes".
Partie 2 - Dans un second document daté du 22 août 1411, la lettre "d'aprobamus" par laquelle des témoins respectables :"venerable et discrete personne - messire Jehan de la Verde prestre cure de Guiffosse ou diocece de Coustance - noble homme Bertran de Blais escuier ne de Bretaigne - et honnorable homme et saige Jamet Lebascle receveur general" viennent authentifier le sceau de Guillaume de Montauban qui est apposé sur la charte ci-dessus.
Partie 3 - Le dernier document daté du 22 août 1411 constitue le contrat de mariage à proprement parlé. Nous allons l'examiner dans ses grandes lignes :
Bonne visconti apporte dans sa corbeille de mariée 30.000 francs de dot offerts par le Roy et garantis par lettres, des principaux dignitaires du royaume, dont la reine. Le paiement de cette dot se fera en trois termes annuels soit 10.000 francs que Guillaume de Montauban pourra utiliser comme bon lui semble : "mon dit seigneur de Montauban en aura pour faire son plaisir la somme de dix mille frans" et 20.000 francs qui serviront à constituer l'héritage de Bonne: "et le surplus de la ditte somme de trente - montant vint mille frans sera emploiee en terre et heritaige qui sera propre heritaige de ma ditte damoiselle et de ses hoirs de son coste et ligne". Ces 20.000 francs seront gérés par un administrateur nommé et élu conjointement par la reine et Guillaume de Montauban.
Jusqu'à paiement complet de la dite somme, le seigneur de Montauban aura l'usufruit de la recette de la ville et château de Château Thierry : "et vouldra que le chastel et ville dudit Chasteauthierry seront mis en la main dudit seigneur de Montauban pour en avoir la garde jusques adce que il soit parpaie de la ditte somme de trente mille frans", avec la possibilité de nommer tous officiers nécessaires au bon fonctionnement des greniers à sel de cette prévosté.
De son côté, Guillaume promet un douaire de 3.000 livres à Bonne Visconti, garanties sur ses seigneuries bretonnes : "A promis le dit seigneur de Montauban de douer ma ditte damoiselle de trois mille livres de terre A les avoir et prandre sur la baronnie et chastellenie de Landal et sur les baronnies et chastellenies de Remilly et de Marigny" . Une close de déshérence mâle autorise la transmission du tiers de ce patrimoine à l'aînée des filles et le surplus aux filles cadettes :"promet et accorde le dit de Montauban que au cas quil ny auroit hoir masle procre ou mariage dessus dit et quil y auroit une ou plusieurs filles lainsnee des dittes filles ait apres le decept de lui la tierce partie de toutes les terres quil a en Bretaigne et son droit au surplus de ses richesses en Normandie et ailleurs et que les autres filles partent au surplus des dittes terres et viengnent o partaige selon la coustume di pais"
On peut noter que ce paragraphe est reformulé de façon différente un peu plus bas dans la charte, pour bien affirmer l'importance que l'on accorde à cette clause : "Et aussi que se du mariage du dit monseigneur de Montalban et de la ditte damoiselle ne yssoit aucun hoirs masle - Et il y avoit une ou plusieurs filles yssues dudit mariage lainsnee des dittes filles tendra et aura apres le deceps du dit monseigneur de Montalban la tierce partie de toutes les terres que le dit seigneur a en Bretaigne et son droit au surplus de ses richesses en Normandie et ailleurs".
L'ensemble de cette transaction est garantie sur l'ensemble des biens de Guillaume de Montauban, engagement pris bien sûr par ses procureurs :"Tous les biens du dit monseigneur de Montalban - A eulx soubzmis et obligez par les dittes lettres de procuration dessus transcriptes et les leurs propres meubles et immeubles presens et avenir - A iceulx justicier prandre vendre et exploiter partoutes justices ou ilz pourront estre veuz sceuz et trouvez". Tandis que du côté Visconti, la garantie est affirmée par la reine et ses grands seigneurs.
Partie 1
A tous ceulx qui ces presentes lettres verrront, Raoul de Crandelin prevost de Melun Et Laurens Chaprus garde du seel de la ditte prevoste, salut, Savoir faisons que par devant Denis Lalement tabellion juré et establi de par le Roy nostre Sire du tabellionnage dicelle prevoste vindrent et furent presens en leur personne ou chastel du dit Melun nobles hommes Messire Raoul seigneur de Couesquen et Messire Bertran de Montalban chevaliers, freres et procureurs de noble et puissant seigneur Messire Guillaume seigneur de Montalban, de Landal, de Rumille et de Maragne, seuffisamment fondez par lettres de procurations faittes et passees sous le scel dudit seigneur, desquelles il est appareu audit jure, dont la teneur sensuist - Guillaume sire de Mautalban, de Landal, de Rumille et de Marigne faz scavoir a quil appartient que moy confiant en la loyaute et parfaitte affinite de mes tres chers et bien amez Raoul sires de Couesquen et Bertran de Montalban chevaliers, mes freres et proches amis considerant lonneur bien et avancement de ma personne Iceulx lun deux pour lautre et chacun pour le tout ay fait constitue etabli et par ces presentes faz constitue etabli et ordrenne mes procureurs generaulx et certains messaiges especiaulx et especialement o povoir de fiancer et baillier lottroy de ma personne en convenant de mariage deuement et convenablement A noble personne ma demoiselle Bonne des Viscomptes et pareillement recevoir pour moy et en mon nom loctroy et convenant dicelle et de faire et recevoir pour et ou nom de moy toutes celles promesses convenant grez et ottroiz que au cas appartient et que je feroys ou faire pourrays se present estoit pose que le cas requiert mandement especial et avecques et ay donne et donne par ces mesmes presentes aux dessus diz et chacun plain povoir auttorite et mandement especial de ottroier assoir bailler passer et accorder a ma dite damoiselle telle partie et porcion de mes heritaiges et possessions que bon leur semblera pour son droit de douaire se le cas avenoit que elle le deust pourcevoir et avoir de li en passer et bailler pour et ou nom de moy telles lettres assignations obligations que elles puissent vaoir et suffire a ma ditte damoiselle pour en jouir paisiblement le cas avenu quelles lettres promesses assiete grez et octroiz vueil que elles soient dauteilles et si bonne valeur comme se je mesmes en ma propre et privee personne les avois accordees et passees. Et de tout ce faire avecques toutes les choses appartenantes et necessaires leur ay donne et donne et a chacun plain povoir et mandement especial Et generalment de faire en tout ce que je feroys ou faire pourroys se present estois - promectent en bonne foy promet par ces presentes a avoir et tenir tout ce que par eulx et chacun fera pour moy fait et procure ferme estable et aggreable- sur lobligation de moy mes biens meubles et heritaiges sans james venir a lencontre en aucune maniere Donne en tesmoing de ce mon scel mis et appouze a ces presentes le XIII jour daoust lan mil IIII et unze -
Partie 2
Ainsy signees par monseigneur et de son commandement J Lebascle Parmy lesquelles lettres de procuration estoient annexees unes lettres de aprobamus du seel dudit seigneur de Montalban fait et donne soubz le seel de ceste mesme prevoste du jour et datte de ces presentes - dont la teneur sensuit: A tous ceulx qui ces presentes lettres verront - Raoul de Crandelin prevost de Meuleun - et Laurens Chapuis garde du seel de la ditte prevoste salut - Savoir faisons que par devant Denis Lalement tabellion jure de par le roy mestre du tabellionnaige dicelle prevoste - furent presens en leurs propres personnes ou chastel de Meleun venerable et discrete personne - messire Jehan de la Verde prestre cure de Guiffosse ou diocece de Coustance - noble homme Bertran de Blais escuier ne de Bretaigne - et honnorable homme et saige Jamet Lebascle receveur general de noble et puissant seigneur monseigneur Guillaume de Montalban chevalier seigneur du dit lieu de Landal de Rumille et de Marigne lesqueulx pour verite et par leurs sermens sur ce fais aux Sains Euvangiles de Dieu - Ont tesmoingne et afferme que le seel mis es lettres procuratoires faittes et passees par le dit monseigneur de Montalban - donne le XIIIe jour de ce present mois daoust Lan mil CCCC et onze - parmy lesquelles lettres procuratoires ces presentes sont annexees - ils savoient et scertifient estre le propre seel du dit monseigneur de Montalban duquel ilz le ont veu user et use chacun jour ou fait de ses besoignes ainsy lont aferme estre tout vray - En tesmoinct de ce nous a la relacion du dit jure avons mis a ces lettres le seel de la ditte prevoste de Meleun : Ce fust fait le samedi vint deuxyesme jour daoust - lan de garce mil quatre cens et onze - Ainsy signe Lalement -
Partie 3
Lesqueulx procureurs dessus nommez et chacun deulx par vertu desdittes lettres de procuration dessus transcriptes et du povoir a eux donne et commis par ycelles par ledit seigneur de Montalban - Recongnurent et confesserent par devant le dit jure de leurs bons grez bonnes volentez sans force fraude erreur decepvance ou contrainte aucune - mais comme bien conseillez pourveuz et advisez de leur propre mouvement et certaine sciences Avoir fait et font par ces presentes pour et ou nom du dit seigneur de Montalban et en tant quil lui puet toucher les traictiez accors promesses et convenances de mariage - du mariage pouparle entre le dit seigneur de Montalban et noble Damoiselle ma damoiselle Bonne des Viscomptes par la forme et maniere quil est contenu et declare en ung fueillet de papier - baille par les diz procureurs du dit monseigneur de Montalban au dit jure contenant la forme qui sensuist : Cest le traittie du mariage pouparle entre ma damoiselle Bonne et monseigneur de Montauban - Premierement ledit monseigneur de Montauban prandra par mariage ma ditte damoiselle Bonne se Dieu et Sainte Eglise si accorde - Et aura avecques elle tous les droiz actions et raisons qui par droit de successions des pere et mere de ma ditte damoiselle ou autres tant de heritaiges que de meubles lui pevent competer et appartenir - Et pour laccroissement du dit mariage - Le Roy a donne a la ditte damoiselle la somme de trente mille frans A paier des premiers deniers qui y seront tant de la recepte des aides comme du grenier a sel establi a Chasteauthierry - A commencer le paiement de la ditte somme Au premier jour doctobre prouchain venant Jusques afin de paie et tout selon le contenu des lettres du dit seigneur sur ce faites - Et pour la seurete du paiement de la dite somme en la maniere que dit est la Royne, monseigneur de Berry, monseigneur de Baviere et monseigneur le connestable - ont promis et promettent - de tenir la main et faire tout leur povoir que les choses dessus dittes ottroiees par le Roy seront enterinees et accomplies et de ce bailleront leurs lettres - Et aussi feront tant devers monseigneur de Guienne que il promettra ces choses pareilles et en baillera lettres - Item est accorde par la ditte dame que au cas que la ditte somme de trente mille frans ne seroit paiee en trois ans - Cest assavoir par chacun an dix mille frans - la ditte dame promet a fornir et faire paier ce quil restera des dittes sommes en chacune des dittes trois annees - Et de ce baillera ses lettres - Item est accorde que la ditte somme de trente mille frans mon dit seigneur de Montauban en aura pour faire son plaisir la somme de dix mille frans et le surplus dela ditte somme de trente - montant vint mille frans sera emploiee en terre et heritaige qui sera propre heritaige de ma ditte damoiselle et de ses hoirs de son coste et ligne - Et sera ycelle somme de vint mille frans receus et gardee par Jehan Tarannes ou autres personnes notabe et seure qui sera eslu et nommee par la Royne et le dit seigneur de Montauban - Et quant toute la ditte somme ou partie sera receue elle sera emploiee comme dit est par le esleu en terre et heritaige pour ma ditte damoiselle par le conseil et advis de la Royne et dudit seigneur et de leur bon consentement au prouffit singulier de ma ditte damoiselle et ses hoirs et non autrement - Item est accorde au dit monseigneur de Montauban que la Royne, monseigneur de Berry, monseigneur de Baviere et monseigneur le connestable seront tant devers le Roy quil ordonnera et vouldra que le chastel et ville dudit Chasteauthierry seront mis en la main dudit seigneur de Montauban pour en avoir la garde jusques adce que il soit parpaie de la ditte somme de trente mille frans et de y mettre officiers sur le fait des dittes aides - Cest assavoir receveur et grenetier et aussi pour la garde des villes et chastel dessus diz Aux gaiges et proffiz acoustumez - Item A promis le dit seigneur de Montauban de douer ma ditte damoiselle de trois mille livres de terre A les avoir et prandre sur la baronnie et chastellenie de Landal et sur les baronnies et chastellenies de Remilly et de Marigny Et ou cas quelles ne le vaudroient il a promis de fournir et parfaire le dit douaire sur le surplus de toutes ses terres et seigneuries et de les y obliger des maintenant - Et veult oultre et accorde ledit seigneur de Montauban que les dittes baronnies et chastellenies et terres dessus declarees soient baillees et deluivrees a ma ditte damoiselle tantost que le cas sera advenu que le dit douaire devra avoir lieu pour en joir sa vie durant comme de sa propre chose Et ne seront en ce mis en prisee chasteaulx ne maisons - Item promet et accorde le dit de Montauban que au cas quil ny auroit hoir masle procre ou mariage dessus dit et quil y auroit une ou plusieurs filles lainsnee des dittes filles ait apres le decept de lui la tierce partie de toutes les terres quil a en Bretaigne et son droit au surplus de ses richesses en Normandie et ailleurs et que les autres filles partent au surplus des dittes terres et viengnent o partaige selon la coustume di pais - Et les dessus dits procureurs dudit seigneur de Montauban et chacun deulx par les foy et serment de leurs corps pour ce donnez en la main du dit jure - Et soubz lobligation et soubzmission de touz les biens du dit seigneur de Montauban - A eulx obligez par les dittes lettres de procuration meubles et immeubles presens et avenir les traittiez accors promesses convenances de mariage et choses dessus dites et chacune dicelles - tenir enteriner et acomplir en tant quil touche et puet toucher le dit monseigneur de Montauban par la maniere dessus dittes - cest assavoir que le dit seigneur de Montauban prandra par mariage la dittte damoiselle Bonne se Dieu et Sainte Eglise sy veult accorder decret et que des trente mille frans qui ont este accordez a la ditte damoiselle comme dit est dessus le dit monseigneur de Montalban en aura dix mille pour faire son plaisir Et le surplus montant vint mille frans sera employe en terre ou heritaige qui sera propre heritaige de la ditte damoiselle Bonne et de ses hoirs de son cste et ligne - Et que le dit mon seigneur de Montalban douera et assignera a la ditte damoiselle Bonne et par ces presentes les dessus dits procureurs du dit seigneur douent et assignent les dittes trois mille livres de terre en douaire - A les prandre et avoir par la ditte damoiselle par chacun an sy tost que le dit douaire aura lieu - En et sur la baronnie et chastellenie de Landal - Et sur les baronnies chastellenies de Remilly et de Marigny appartenantes au dit monseigneur de Montalban - Et que se les dites baronnies chastellenies et terres dessus declarees ne valoient les dittes trois mille livres de douaires les dits procureurs du dit seigneur ont oblige et obligent par fournir et faire valloir le dit douaire envers la ditte damoiselle par vertu du dit povoir a eulx donne le surplus de toutes les terres et seigneuries du dit monseigneur de Montalban pour en jouir et posseder par la ditte damoisellecomme de sa propre chose que le diz douaire aura lieu - Et aussi que se du mariage du dit monseigneur de Montalban et de la ditte damoiselle ne yssoit aucun hoirs masle - Et il y avoit une ou plusieurs filles yssues dudit mariage lainsnee des dittes filles tendra et aura apres le deceps du dit monseigneur de Montalban la tierce partie de toutes les terres que le dit seigneur a en Bretaigne et son droit au surplus de ses richesses en Normandie et ailleurs - Et que les autres filles partageront au surplus des dittes terres et richesses et verront a partaige selon la coustume du pais - Et avecques ce ont les dessus diz messeigiers Raoul et et Bertran en leurs noms et comme procureurs du diz monseigneur de Montalban promis et par ces presentes promettent A la ditte damoiselle Bonne ou au porteur de ces lettres pour elle de faire loer rattifier consentir et accoder les diz traittiez accors promesses et convenances dessus dittes et chacune dicelle par le dit monseigneur de Montalban en tant quil lui touche et puet toucher - Et de le faire obliger et consentir aux choses dessus dittes - Touttefois et quantes que eulx et le dit seigneur de Montalban en seront requis sur peine de rendre et paier touz coustz franz missions dommages et interestz et despens qui par deffault des choses dessus dittes ou aucunes dicelles non tenues enterinees et accomplies se pourroient enfuir - Et quant ad ce que dessus dit est tenir enterinees acomplir et non contrevenir - Les dessus diz procureus en ont oblige et soubmis envers la ditte damoiselle Bonne et ses ayens cause ou le porteur de ces lettres - Tous les biens du dit monseigneur de Montalban - A eulx soubzmis et obligez par les dittes lettres de procuration dessus transcriptes et les leurs propres meubles et immeubles presens et avenir - A iceulx justicier prandre vendre et exploiter partoutes justices ou ilz pourront estre veuz sceuz et trouvez - Et renoncerent en ce fait expressement iceulx procureurs A toutes exceptions de ceptions de mal de dol de fraude derreur deny dignorents de lesion et de circonvention - A toutes cautelles cavillacions vaivres baraz aides et deffenses - A tout droit escript et non escript canon loy et aultres - A toutes lettres de grace de respit de escrit de dispensacions et absolucions donnees et adonner - A toutes previlleges libertez et franchises - A tous les salles et coustumes de villes de pais et de lieu - Et a tout ce generallement que len pourroit alleguer dire et proposer contre ces lettres et teneur dicelles -Et au droit disant general renonciation non valloir - En tesmoing de ce nous a la relation dudit jure avons scelle ces lettres du scel de la ditte prevoste de Melun - Ce qui fut fait le samedi vint deuxiesme jour daoust - lan de grace mil quatre cens et onze -
Jean de Montauban, chevalier né en 1412, mort en mai 1466 à Tours, nommé amiral de France le .
Fils de Guillaume de Montauban (mort en 1432) et de sa seconde femme Bonne Visconti de Milan (fille de Carlo seigneur de Parme et Béatrice d'Armagnac ; petite-fille de Barnabé), il épousa vers 1440 Anne de Kerenrais, dame de Kerenrais et de Rigaudière (m. 1503).
Attaché à la cour du roi de France, il fut nommé Maréchal de Bretagne en 1447 mais résigna son office en 1451 pour passer Chambellan de Charles VII. Il deviendra sous Louis XI dont il fut l'ami et le collaborateur, grand maître des Eaux et Forêts et amiral de France en 1461 puis ambassadeur en Castille en 1463.
« A tres haut, tres puissant prince, et nostre tres chier et tres ame frere, cousin et alye, Henry, par la grace de Dieu, roy de Castelle et de Leon, ... nous envoyons presentement par devers vous nostre chier et bien ame cousin le seigneur de Montauban, admiral de France, et combien qu'il n'y a seigneur en France, ne nostre frere, ne autre, ou ung filz, si nous l'avions, que n'y eussions voulentiers envoye pour vous faire tout l'onneur qui nous est ou monde possible, toutesvoies, pour ce que ledit admiral nous a servy en nostre neccessite, et que avons en lui toute fiance, nous le vous envoyons, et lui avons baille toute puissance. ... »
— Lettre de Louis XI datée de l'abbaye royale de Celles-sur-Belle le 6 janvier 1463 (Minute. Bibliothèque nationale, Fr.20427, fol.45)
Il fut envoyé par Louis XI à Milan en 1464 de sorte que soit conclue la ratification du traité de paix et d'alliance entre le duc François Ier Sforza et le roi de France.
Il fut inhumé au couvent des Carmes fondé par son père à Dol suivant son testament daté du , et par lequel il lègue au couvent 100 écus par an pendant vingt ans pour achever son édification.
Sa fille unique Marie de Montauban, épousa en premières noces Louis de Rohan, seigneur de Guémené, mais omit d'accomplir les dernières volontés de son père ; les Carmes le lui rappelèrent dans une requête où ils demandent les rentes qui leur sont dues, « afin qu'ils puissent parfaire et accomplir leur église » dont ils reconnaissent que le sire de Rohan-Guemené est fondateur à cause de sa femme Mariée en secondes noces à Georges II de La Trémoille, elle finira ses jours dans un reclusoir.
Sa fille unique Marie de Montauban, épousa en premières noces Louis de Rohan, seigneur de Guémené, mais omit d'accomplir les dernières volontés de son père ; les Carmes le lui rappelèrent dans une requête où ils demandent les rentes qui leur sont dues, « afin qu'ils puissent parfaire et accomplir leur église » dont ils reconnaissent que le sire de Rohan-Guemené est fondateur à cause de sa femme Mariée en secondes noces à Georges II de La Trémoille, elle finira ses jours dans un reclusoir.
Elle épousa Louis Ier de Rohan-Guéméné le , qu'elle empoisonna en 1457. Elle fut privée de la tutelle de ses enfants par le testament laissé par Louis de Rohan. Elle réussit toutefois à échapper à la justice bretonne et à se remarier en 1464 avec Georges II de la Trémoille, seigneur de Craon. Celui-ci informé de ses méfaits s'en séparera en 1471 sans avoir eu d'enfant.
Le roi autorisa par lettres patentes le sire de Craon à tenir sa femme close et emmurée en raison de ses multiples forfaits, adultères et à la suite de la tentative d'empoisonnement à l'encontre de son mari ourdie avec son amant Ambroys Roichelle à qui elle avait promis de se marier. Ce dernier, à la suite de ses aveux, sera jugé et décapité à Tours. L'enfermement en « lieu sûr » (avec interdiction de converser avec personne) avait pour but d'éviter tout nouveau délit et adultère et en particulier le risque de donner au sire de Craon un fils illégitime. Marie de Montauban est morte dans son cachot le .
Elle eut trois enfants avec Louis de Rohan :
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Louis II de Rohan-Guéméné († ), qui épousa Louise de Rieux en 1463,
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Pierre (1451-1513), le futur Maréchal de Gyé,
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Hélène de Rohan-Guéméné († 1507), qui épousa Pierre du Pont (baron de Pont-l'Abbé).
-
Jean de MONTAUBAN est le frère de notre autre ancêtre Béatrice de Montauban mariée à Richard d'Espinay d'où Guy 1er d'Espinay marié à Isabeau de Gouyon Matignon.
Marie de Rohan.
Louis 1er de ROHAN :
Louis Ier de Rohan-Guéméné, seigneur de Guéméné (mort au château de Mortiercrolles le , empoisonné par sa femme).
Fils unique de Charles Ier de Rohan Guéméné († 1436) et de Catherine du Guesclin († 1461), dame du Verger, seigneur et dame de la Morlière, de Châtelain (mariage en 1406). Petit-fils de Jean Ier de Rohan et de la princesse Jeanne de Navarre, sœur du roi Charles II de Navarre.
Il épousa Marie de Montauban le , et eut trois enfants d'elle :
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Louis II de Rohan-Guéméné († ), qui épousa Louise de Rieux en 1463 ;
-
Pierre (1451-1513), le futur Maréchal de Gyé ;
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Hélène de Rohan-Guéméné († 1507), qui épousa Pierre du Pont (baron de Pont-l'Abbé).
À sa mort, le testament de Louis de Rohan prive Marie de Montauban de la tutelle de ses enfants en raison de son indignité.
Je ne peux pas quitter les VISCONTI sans évoquer Valentine VISCONTI. Elles est l'arrière petite fille de nos ancêtres Stéfano VISCONTI et Valentina DORIA (marié en 1318) et la fille de Galéazzo II VISCONTI (duc de Milan, 1351 -1402) et d'Isabelle de VALOIS (comtesse de Vertus, 1348 - 1372).
Galéazzo II VISCONTI est le frère de Mattéo II et surtout de Barnabé VISCONTI marié à Béatrice Régine della SCALA.
Extraits de l'arbre généalogique de Valentine VISCONTI.
LE GRAND PERE DE VALENTINA :
Galéas II Visconti, en italien Galeazzo II Visconti, né vers 1320 et mort le , était un noble italien qui fut co-seigneur de Milan de 1349 à 1378 avec ses frères Mathieu II et Barnabé.
Il était le deuxième fils d'Étienne Visconti et de la génoise Valentine Doria (1290 † 1359).
Étienne était lui-même le cinquième fils du seigneur Mathieu Ier et ses trois enfants Mathieu, Galéas et Barnabé se trouvaient être, après les décès successifs de leur oncle Galéas Ier, de leur cousin Azzon, puis de leurs deux autres oncles Lucien et Jean, qui avaient tous quatre régné sur Milan, les derniers descendants légitimes mâles de la famille.
En juillet 1340, il participe avec ses frères à la conjuration menée par Francesco Pusterla et quelques autres nobles contre ses oncles Jean et Lucien qui viennent de succéder à leur cousin Azzon. Cette conjuration ayant été dénoncée, Lucien sévit contre les conjurés mais ne punit pas ses neveux.
En 1346, après un nouveau complot, il est contraint, avec ses frères, à l'exil. Galéas voyage avec le comte de Hennegau en Palestine et dans les Flandres. En mars 1349, après la mort de Lucien, il est rappelé avec ses frères à Milan par l'oncle restant, l'archevêque Jean, qui a succédé à son frère Lucien, pour participer au gouvernement dont il est devenu seul seigneur et vicaire impérial et qui les reconnaît comme ses successeurs.
Il épouse, le , à Rivoli, Blanche de Savoie (1336 † 1387), fille d'Aymon le Pacifique, comte de Savoie, de Maurienne et d'Aoste, et de Yolande de Montferrat.
Le , Jean décède et les trois neveux Mathieu II, Galéas II et Barnabé deviennent co-seigneurs de Milan en se partageant les seigneuries affidées :
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Mathieu II est seigneur de Plaisance, Lodi, Parme, Bologne, Pontremoli, Monza et San Donnino.
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Galéas II obtient Pavie, Côme, Novare, Verceil, Asti, Alba, Tortona, Alexandrie et Vigevano.
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Barnabé règne sur Bergame, Brescia, Crémone, Soncino, Lonato et Val Camonica.
Lorsque le 26 septembre 1355, Mathieu II meurt3, les deux frères restants se partagent le fief et Galéas II obtient la partie occidentale de la Lombardie tandis que Barnabé reçoit la partie orientale.
En 1360, alors que Barnabé gère ses démêlés avec la cité de Bologne, Galéas II conquiert Pavie dont il fera son séjour préféré.
La même année, en juin 1360, il se lie avec la famille royale française en organisant le mariage de son fils Jean Galéas avec Isabelle de Valois, âgée de douze ans, fille du roi de France Jean II le Bon.
Galéas II était depuis longtemps malade de polyarthrite rhumatoïde, mais, en 1362, son état de santé s'aggrava qui l'amena à déplacer toute sa cour au château de Pavie qui devint sa capitale. Parmi ses conseillers et ambassadeurs, il compta Pétrarque.
Il meurt le , laissant, en théorie, sa part du fief familial à son fils Jean Galéas. En fait, Barnabé accaparera totalement le pouvoir de la Lombardie et il faudra attendre près de sept années pour que le coup d'État de Jean Galéas, en mai 1385, réussisse à le renverser. L'épouse de Galéas II, Blanche, qui fut partie prenante dans la conjuration, décédera le .
Descendance
Avant son mariage, Galéas II avait eu, de Malgarola da Lucino, deux enfants naturels :
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César (av.1350 † NC) qui épousa la placentine Franceschina de Todischis
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Béatrice (av.1350 † 1410) qui épousa Giovanni Anguissola.
De son union avec Blanche de Savoie naquirent trois enfants :
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Jean Galéas (1351 † 1402), qui deviendra seigneur de Milan après avoir renversé son oncle Barnabé ;
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Marie (1352 † 1362) ;
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Violante (1354 † 1386), qui épousera :
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en 1368, Lionel d'Angleterre (1338 † 1368), duc de Clarence, comte d'Ulster ;
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en 1377, Otton il Secondotto (1360 † 1378), marquis de Montferrat ;
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en 1381, son cousin Louis Visconti († 1404), fils de Barnabé et seigneur de Parme.
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LE PERE DE VALENTINA VISCONTI :
Jean Galéas Visconti, en italien Gian Galeazzo Visconti, est un noble né à Milan le et mort le à Melegnano, seigneur de Milan en 1385, puis duc de Milan en 1395.
Il était le fils de Galéas II Visconti et de Blanche de Savoie. En juin 1360, l'année de ses neuf ans, son père lui fait épouser Isabelle de Valois, âgée de douze ans, fille du roi de France Jean II le Bon, mariage qui consacre l'union entre Galéas II et la famille royale française. Jean Galéas devient ainsi comte de Vertus (de la cité de Vertus en Champagne), titre créé par Jean II et apporté en dot par son épouse.
L'union, assurément ultérieure, est prolifique mais ne dure guère :
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leur premier enfant Jean Galéas naît le et meurt en 1373, âgé de sept ans ;
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le second Azzone naît en 1368 et meurt le , âgé de 12 ans ;
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Valentine naît en 1370 ou 1371 ;
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le dernier, Carlo naît en et meurt bébé ; cependant, la mère, Isabelle, meurt des suites de l'accouchement le , âgée de seulement 24 ans.
Le père de Jean Galéas était co-seigneur de Milan avec son frère Barnabé. À la mort de son père, le , son oncle Barnabé lui concède le gouvernement de la partie occidentale de la Lombardie mais, se considérant seul seigneur de Milan, il désigne ses deux fils Ludovico et Rodolfo comme ses héritiers en mars 1379.
Jean Galéas demande à l'empereur Venceslas Ier la charge de vicaire impérial à la suite de son père, charge qui lui est concédée en janvier 1380. Barnabé néglige cette formalité et reste seul au pouvoir.
Le , pour satisfaire les projets de son oncle, Jean Galéas épouse sa cousine Catherine, fille de Barnabé. En 1385, aidé par sa mère Blanche, Jean Galéas met au point un coup d'État au détriment de son oncle beau-père.
Le , avec Jacopo dal Verme, Ottone di Mandello et Giovanni Malaspina et à la tête d'une troupe de 500 lances, il fait prisonnier Barnabé et ses deux fils Ludovico et Rodolfo et les enferme dans le château de Porta Giovia et prend le pouvoir. Barnabé meurt en prison, le , empoisonné par les soins de Jean Galéas. Jean Galéas a attendu plus de six ans pour se venger des brimades de son oncle.
Le 7 mai, Jean Galéas se rend à la forteresse de la porte Romaine (it) (Porta Romana). Le Conseil général lui confère le pouvoir sur la cité et du 8 au 14 mai, il occupe toutes les villes du fief. Seules les forteresses résistent plus longtemps.
Dès lors, ses ambitions n'ont plus de limites : en 1387, il soumet Vicence et Vérone ; en 1390, c'est Padoue qui est annexée ; le il obtient de l'empereur Venceslas Ier l'élévation au titre de duc contre 100 000 florins d'or ; ses prétentions de soumettre tout le nord de la péninsule italienne le lancent ensuite à la conquête de Pise, Pérouse, Assise et Sienne.
Florence, qui se sent directement menacée par les Visconti, arme une ligue qui met un terme à ses projets pan-italiens.
Jean Galéas est resté dans l'histoire pour sa folie des grandeurs. Il dépensa, par exemple, 300 000 florins d'or dans de gigantesques travaux d'endiguements pour dévier à son profit le Mincio de Mantoue et la Brenta de Padoue et enlever ainsi tous leurs moyens de défense à ces deux villes. C'est aussi à Jean Galéas que l'on doit l'église et le monastère de la Certosa à Pavie3, le début des travaux d'édification de la cathédrale (il Duomo), faisant appel aux meilleurs artistes disponibles en Europe, ainsi que le château de Pavie commencé sous son père Galéas II et achevé par ses soins. Ce palais était alors, de loin, la plus splendide résidence princière d'Europe. Il y transféra sa célèbre bibliothèque et sa grande collection de reliques sacrées en lesquelles il avait une foi tout à fait particulière.
Avant de mourir, Jean Galéas partagea l'État entre ses fils, laissant à Jean Marie le duché, à Philippe Marie le comté de Pavie et à Gabriel Marie, un enfant naturel, la seigneurie de Pise.
Il succomba à l'épidémie de peste de 1402, dans le château de Melegnano, laissant les caisses de l'État exsangues et une veuve en sérieuses difficultés financières. Après sa mort, l'état autoritaire qu'il avait maintenu avec toutes sortes de violences partit rapidement en pièces.
Valentina VISCONTI :
Valentine Visconti (Milan, 1366 ou 1368 - Blois, ) est une princesse milanaise devenue duchesse d'Orléans par son mariage avec Louis d'Orléans, frère du roi de France Charles VI, et mère du poète Charles Ier d'Orléans.
Fille de Jean Galéas Visconti (1351-1402), seigneur puis duc de Milan, et d'Isabelle de France (1348-1372), fille du roi Jean II le Bon, Valentine passe son enfance au château de Pavie, où elle reçoit une éducation soignée grâce à sa grand-mère, Blanche de Savoie.
Elle épouse le , à Melun, Louis de France (1372-1407), fils du roi de France Charles V, alors duc de Touraine, devenu duc d'Orléans le . De cette union, naissent dix enfants, dont :
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Charles, duc d'Orléans, père de Louis XII de France ,
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Philippe, comte de Vertus ,
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Jean, comte d'Angoulême, grand-père de François Ier de France ,
-
Marguerite d'Orléans, comtesse de Vertus, qui épousera Richard de Bretagne ,
-
ainsi que six autres enfants morts très jeunes.
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Pendant son séjour à Paris, elle demeure à l'hôtel de Navarre. Le jeune couple d'Orléans mène une vie fastueuse. Mais elle ne reste que sept ans dans la capitale, jusqu'en 1396 : on raconte que le roi Charles VI, devenu fou depuis 1392, est plus attaché à elle qu'à sa propre femme la reine Isabeau de Bavière, qui passe réciproquement pour la maîtresse du duc d'Orléans ; on murmure aussi que son père Jean-Galéas Visconti, à son départ de Milan, lui a dit qu'il ne voulait plus la voir avant qu'elle soit reine de France (« Adieu, belle fille, je ne vo quiers jamais veoir que vous ne soiiez roueyne de Franche »). La même année, en 1396, Louis éloigne sa femme de la cour où s'exacerbent les tensions autour du roi fou. Elle rejoint alors les domaines du duché d'Orléans.
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Son mari le duc d'Orléans est assassiné le par des sbires de son cousin et rival politique le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Elle revient alors deux fois à Paris, en , pour le , en son nom et celui de ses enfants, rendre hommage au roi pour les duchés d'Orléans et de Valois, les comtés et vicomtés de Blois, de Dunois, de Beaumont-sur-Oise, d'Angoulême, de Périgord, de Vertus, de Porcien, pour la terre et baronnie de Coucy, les terres de Champagne, pour les châtellenies de la Ferté-Alais, de Nogent-l'Artaudet de Gandelu, pour les droits acquis de Marie Ire de Coucy sur les villes de Soissons, et de Ham et sur diverses seigneuries de Thiérache, enfin pour une rente de 1 800 livres tournois sur le trésor et toutes possessions qui étaient échues à elle et à ses enfants par le trépas de Louis d'Orléans, à l'exception dit l'acte d'hommage du comté de Vertus qui lui appartenait de son héritage, et en , pour réclamer justice.
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Retirée au château de Blois, elle fait graver sur les murs et sur le tombeau de la chapelle des Célestins la phrase devenue célèbre : « Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien. » Valentine meurt à peine plus d'un an après l'assassinat de son époux, au château de Blois. Inhumée auprès de son mari dans la chapelle des Célestins de Paris, on peut voir aujourd'hui son gisant à la basilique Saint-Denis.
Eustache Deschamps a écrit une poésie en son honneur. Elle est aussi la mère de l'un des plus célèbres poètes du XVe siècle, Charles d'Orléans.
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Au XIXe siècle, Valentine a été représentée à plusieurs reprises par les peintres du mouvement troubadour. On la met en scène pleurant la mort de son époux assassiné (Valentine de Milan pleurant la mort de son époux de Fleury Richard vers 1802, Valentine de Milan pleurant au tombeau de son époux de (Marie-Philippe Coupin de La Couperie en 1822) ou réclamant justice (Valentine de Milan implore la justice du roi Charles VI d'Alexandre Colin en 1836).
Une statue la représentant, réalisée par Victor Huguenin en 1846, figure dans la série des Reines de France et Femmes illustres dans le jardin du Luxembourg à Paris.
Le personnage a aussi inspiré un opéra, Valentine de Milan (en), au compositeur Étienne Méhul sur un livret de Jean-Nicolas Bouilly. L'oeuvre inachevée, complétée par le neveu de l'auteur, Louis Joseph Daussoigne-Méhul, est présentée pour la première fois à Paris à l'Opéra-Comique le .
Valentine Visconti quittant Paris, enluminure d'un manuscrit des Chroniques de Froissart.
Fleury François Richard, Valentine de Milan pleurant la mort de son époux, vers 1802 (musée de l'Ermitage).
Marie-Philippe Coupin de La Couperie, Valentine de Milan pleurant son époux, Louis d'Orléans, 1822 (château de Blois).
Alexandre Colin, Valentine de Milan implore la justice du roi Charles VI pour l'assassinat du duc d'Orléans, 1836 (musée de Versailles).
Anna Borrell, Valentine de Milan et Odette de Champdivers, 1838 (collection particulière).
Louis 1er d'ORLEANS :
Louis Ier d'Orléans, né le à Paris et mort assassiné dans la même ville le , est un prince de la maison capétienne de Valois, duc d'Orléans et frère cadet du roi Charles VI. Il participe au conseil de régence du royaume de France pour suppléer son aîné atteint de démence. Louis est assassiné en 1407 sur ordre de son cousin Jean sans Peur, duc de Bourgogne.
En tant que fondateur de la deuxième maison d'Orléans, le duc Louis Ier d'Orléans est le grand-père du roi Louis XII ainsi que l'arrière-grand-père du roi François Ier, ce dernier étant issu de la branche cadette des comtes d'Angoulême.
Second fils survivant du roi de France Charles V et de Jeanne de Bourbon, il est le frère unique de Charles VI. Comte de Beaumont et duc de Valois, puis duc de Touraine (1386), comte de Château-Thierry, de Vertus, de Luxembourg, de Porcien, de Courtenay, d'Angoulême, du Périgord, de Blois, de Dunois, de Chartres, de Soissons, et de Dreux, baron de Coucy et de Châtillon-sur-Marne, seigneur de Luzarches, de Sablé de Grandelin, de Châlons-en-Champagne, de Châteaudun, de Sedenne, de Crécy, d'Épernay, de Montargis, de Fère-en-Tardenois et d'Oisy. Il reçoit en apanage le duché d'Orléans (1392).
Il épouse en 1389 Valentine Visconti (1368 † 1408), fille de Jean-Galéas Visconti, seigneur de Milan, et d'Isabelle de France. La procuration de Charles VI pour la négociation de ce mariage date du . Ce mariage sera à l'origine des prétentions des rois de France Louis XII et François Ier sur le duché de Milan.
Il montre son goût pour la fête et les plaisirs en faisant édifier à Paris de coûteux hôtels. C'est un séducteur dont les ennemis diront qu'il « hennissait comme un étalon après presque toutes les belles femmes ».
Il est intime du roi son frère. Sous le bref gouvernement personnel de Charles VI et de la politique des marmousets (1388-1392), il devient le rival des ducs de Bourgogne successifs, Philippe le Hardi puis son fils Jean sans Peur. Il est soutenu par la reine Isabeau de Bavière tandis que la folie du roi se confirme.
Louis Ier d'Orléans reçoit un livre de Christine de Pisan. Miniature du Maître de la Cité des dames tirée de l'Épître Othéa, British Library, Harley MS 4431, f.95, vers 1410-1414.
Assassinat du duc Louis d'Orléans. Enluminure du Maître de la Chronique d'Angleterre, vers 1470 ?-1480 ?, Paris, BnF.
En 1392, le roi sombre dans une folie intermittente. Pendant ses crises, la reine Isabeau devient régente, conseillée par les grands du royaume. De fait, Philippe le Hardi, puissant duc de Bourgogne et oncle et tuteur du roi — il fut régent pendant sa minorité entre 1380 et 1388 — acquiert une influence majeure sur le pouvoir. De plus, la reine qui est piètre politique s'appuie sur Philippe à qui elle doit son mariage royal. Louis d’Orléans s'applique donc à reprendre de l'influence au sein du conseil, s'imposant comme le seul véritable rival du duc de Bourgogne. Il s'attelle à contrer l'influence grandissante de ce dernier. En 1402, il acquiert le duché de Luxembourg en gagère pour empêcher les États de Bourgogne (qui incluent le comté de Flandre) de réaliser une continuité territoriale. La même année, il est l'exécuteur testamentaire du connétable Louis de Sancerre.
À la mort de Philippe le Hardi, en 1404, le duché de Bourgogne est à l'apogée de son pouvoir politique au sein du conseil. Son fils Jean sans Peur en est à la tête, mais il est politiquement moins puissant que son père. Louis d'Orléans sait qu'il doit profiter de la disparition de Philippe le Hardi pour reprendre les rênes du pouvoir.
Par sa prodigalité, il s'attire une croissante impopularité, soigneusement exploitée par Jean sans Peur. Il est accusé d'avoir voulu séduire ou, pis, violer la duchesse de Bourgogne. Il semble vouloir faire rompre la trêve franco-anglaise, allant jusqu'à provoquer Henri IV de Lancastre en duel, ce que Jean sans Peur ne peut admettre, car les manufacturiers flamands dépendaient totalement des importations de laine d'outre-Manche et auraient été ruinés par un embargo. Louis d'Orléans parvient à conforter sa position et celle de ses partisans au sein du Conseil du roi en faisant évincer ceux du duc de Bourgogne, par l'ordonnance du qui réforme la composition du Conseil du roi et voit le nombre de Bourguignons diminuer de vingt-six représentants à seulement deux, grâce au soutien de la reine.
Voyant le pouvoir lui échapper, le duc de Bourgogne franchit le pas. Le , sous la conduite de Raoul d’Anquetonville, embusqué dans une hôtellerie à l'image de Notre-Dame qui se serait trouvée au no 47 rue des Francs-Bourgeois à Paris, au débouché de l'impasse des Arbalétriers, il fait assassiner son cousin qui se rendait à l'hôtel Saint-Pol, où le valet du roi Thomas de Courteheuse lui avait fait croire que le roi Charles VI l'attendait, avant qu'il n'atteigne la porte Barbette sise au droit du no 50 de la rue Vieille-du-Temple, alors que Louis venait de rendre visite à la reine Isabeau de Bavière à l'hôtel Barbette. Ce meurtre provoque la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons.
Jean sans Peur est discrédité par cet acte et le parti d'Orléans est soutenu par les ducs de Berry, de Bretagne et de Bourbon pour former le parti des Armagnacs, à la ligue de Gien (du nom de Bernard VII d'Armagnac, comte d'Armagnac et beau-père de Charles d'Orléans).
Du fait de sa présumée liaison avec la reine, de nombreuses rumeurs lancées par le parti anglo-bourguignon affirmèrent que Louis d'Orléans était le père génétique de Charles VII. Le duc d'Orléans est, par Charles d'Orléans, l'ancêtre de la branche royale des Valois-Orléans, il est grand-père de Louis XII et, par Jean d'Orléans, arrière-grand-père de François Ier.
Il a reçu en apanage à sa naissance le duché de Touraine ainsi que le comté de Valois, mais il n'a pu en avoir la jouissance qu'après la mort de la duchesse douairière. Avec son mariage avec Valentine Visconti, fille du duc de Milan, il recevait le comté d'Asti.
À vingt ans, en 1392, il est devenu duc d'Orléans et de Valois ainsi que comte de Beaumont. En 1394, il devient comte d'Angoulême, en 1395, il acquiert le vidamé de Châlons pour 1 900 livres, en 1400, il est en possession de la baronnie de Coucy, du comté de Portien, du comté du Périgord, en 1401, du comté de Dreux, en 1402, du comté de Chiny et du duché de Luxembourg, du comté de Vertus. Son domaine s'était agrandi dans la même période d'un grand nombre de châtellenies, comme Brie-Comte-Robert, Château-Thierry, Luzarches, Fère-en-Tardenois, Pinon, Provins…
Louis d'Orléans est à l'origine de la construction de deux châteaux prestigieux, celui de Pierrefonds et celui de la Ferté-Milon dont seule la façade de l'entrée a été terminée.
Louis et Valentine Visconti eurent pour enfants :
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Charles, duc d'Orléans
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Philippe, comte de Vertus
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Jean, comte d'Angoulême
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Marguerite, comtesse de Vertus, qui épousera Richard de Bretagne. Ce sont les grands-parents d'Anne de Bretagne.
Louis eut également avec Mariette d'Enghien :
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Jean d'Orléans, comte de Dunois dit « le Bâtard d'Orléans » puis appelé « Dunois ».