La famille de BEAUMANOIR est présente dans notre généalogie LE GAC PECHEU et de plus, dans les deux branches...
J'avais déjà évoqué l'épisode de Tiphaine du GUESCLIN, épousant, après la mort de son mari Jean V de BEAUMANOIR, son supposé assassin :Pierre III de TOURNEMINE .
C'est sans doute, passer un peu vite sur cette famille de BEAUMANOIR, l'une des plus grandes familles de cette province.
Jean IV de Beaumanoir est le fils de Jean III de Beaumanoir, seigneur de Beaumanoir et de Merdrignac, et de Marie de Dinan-Montafilant, dite « Marie du Guildo », et le neveu de Robert († après 1347), chevalier en 1342, maréchal de Bretagne pour Charles de Blois, fait prisonnier en 1347 à la Bataille de La Roche-Derrien.
Jean IV succède à son père comme seigneur de Merdrignac, c'est un ami et un compagnon d'armes de Duguesclin. Lors de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365), il embrasse avec chaleur la cause du duc Charles de Blois contre Jean de Montfort qui lui dispute la possession de la Bretagne et est l'un des héros qui se distinguent le plus à la bataille de La Roche-Derrien (1347).
Chargé comme capitaine de la défense du château de Josselin, il envoie un défi au gouverneur anglais de Ploërmel (Robert Bemborough) d'où le combat des Trente, livré le par 30 Bretons contre 30 Anglais dont il ressort grièvement blessé.
En 1354, il part en Angleterre négocier la mise en liberté de Charles de Blois et assiste, en 1364, à la bataille d'Auray où il est fait prisonnier.
Il est, en 1365, un des négociateurs du traité de Guérande, et la paix faite, se voit confirmer par le vainqueur son titre de maréchal de Bretagne. Il est inhumé à l'abbaye Saint-Magloire de Léhon.
« Bois ton sang, Beaumanoir, la soif te passera. »
ou du BOIS ( , XIVe siècle), à Jean de Beaumanoir, blessé au combat des trente ( 25 ou 26 mars 1351) au lieu dit le chêne de la Mi-Voie, entre Ploërmel et Josselin (56).
Ballade de la bataille des Trente, chanson de geste, anonyme, Histoire de la littérature française (1905), Émile Faguet.
C’est un épisode de la guerre de Succession de Bretagne, qui relance les hostilités franco-anglaises. Depuis la mort de Jean III de Bretagne, deux princes se disputent le duché : Jean de Montfort (son demi-frère) soutenu par le roi d’Angleterre et Charles de Blois (marié à sa nièce), propre neveu du roi de France et naturellement soutenu par lui.
Le combat des Trente oppose trente Français, commandés par le baron de Beaumanoir, et une troupe composée de trente Anglais, Allemands et Bretons, commandée par Bemborough, capitaine anglais. Froissart relate ce fait d’armes « moult merveilleux », c’est surtout un carnage qui va durer tout un jour.
Quand Beaumanoir, suant sang et eau, s’arrête pour demander à boire, l’adversaire lui fait cette réponse cinglante, et telle est sa colère que la soif lui passe et la force lui revient. La victoire reste aux Français (six morts, contre neuf Anglais) et la Bretagne à la France. Après la prise de Calais et le désastre de Crécy, c’est une revanche sur l’ennemi.
Nombreux sont nos ancêtres bretons partisans de Charles de Blois et faisant partie des champions Blésistes.
Voici la liste des champions Blésistes :
Champions blésistes
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Olivier Arrel
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Geoffroy de Beaucorps
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Jean de Beaumanoir, sire de Beaumanoir, connétable de Bretagne, gouverneur de Josselin
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Caro de Bodegat
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Geoffroy du Bois (ou du Bouays)
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Hugues Catus (dit Huguet Trapus ou Huet de Captus)
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Even Charruel
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Olivier de Fontenay
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Louis de Goyon9
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Olivier de Keranrais
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Alain de Keranrais
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Guillaume de la Lande
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Geslin Lanloup
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Guillaume de la Marche
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Geoffroy de Mellon
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Guillaume de Montauban
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Olivier de Monteville
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Maurice du Parc
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Tristan de Pestivien
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Guyon de Pontblanc
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Geoffroy Poulard
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Robin de Raguenel
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Simonet Richard (ou Pachard)
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Geoffroy de la Roche (fait chevalier par Beaumanoir, durant le combat)
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Guy de Rochefort
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Jean Rouxelot
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Huon de Saint-Hugeon
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Jean Ier (Jehannot) de Sérent
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Alain de Tinténiac
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Jean de Tinténiac
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Maurice de Trésiguidy
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Geslin de Trésiguidy (frère du précédent)
Voici, ci-dessous, quelques chevaliers blésistes de nos ancêtres et présents au combat des trente :
Huon de SAINT HUGEON : d'argent à la croix de sable, chargée d'une cotice de gueules. HUON, chevalier, seigneur de Saint-Hugeon, Paroisse de Brélévénez, Evêché de Tréguier, n'est plus cité dans l'histoire après le combat des 30. D. Morice (T. II., Preuves, col. 648) mentionne seulement un échange entre Guillaume Loz et Guillaume, sr. de Saint-Hugeon, en 1395, et ce Guillaume paraît avoir été le fils d'Huon. La terre de Saint-Hugeon passa, vers cette époque, aux du Plessix, et fut possédée, jusqu'en 1600, par la maison de Quélen, de la succession d'Alix du Plessix, dame de Saint-Hugeon, épouse, eu 1400, de Jean de Quélen, sr. De Locquenvel. (Généalogie mss. de la Maison de Quélen, en Basse-Bretagne, dressée, en 1690, par D. Gallois, religieux bénédictin du Couvent de Redon).
Enfin, la Réformation de 1669 nous apprend qu'au XVIIème siècle, Saint-Hugeon appartenait à la famille de Kerverder, mais nous ignorons si cette possession provenait d'acquêt ou d'héritage.
Alain de KERANRAIS : Né vers 1265, Héros du combat des 30. Il a épousé Tiphaine de Pestivien, fille de Jean de Pestivien et de Constance de Rostrenen.
Robin III RAGUENEL : écartelé d'argent et de sable, au lambel de 4 pendants, de l'un en l'autre. (Sceau de 1283 à 1352). ROBIN RAGUÉNEL, chevalier, seigneur de Chateloger, Paroisse de Saint-Erblon, Evêché de Rennes, était fils de Robin dit le jeune et petit-fils d'autre Robin, ce dernier conseiller et chambellan des Ducs Jean II, Arthur II et Jean III. Robin III suivit le parti de Charles de Blois et fut l’un des chevaliers qui combattirent « en cette tant célébrée et rechantée bataille des Trente » (Du Paz). En 1352, il donne quittance scellée de ses armes, des gages de 4 écuyers et 10 archers de sa compagnie (D. Morice, T. I., Preuves, col. 1479). De son mariage avec Jeanne de Dinan, vicomtesse de la Bellière, Paroisse de Pleudihen, il eut entre autres enfants Guillaume, tué à la bataille d'Auray, en 1364, et Tiphaine, première femme de Bertrand du Guesclin. Jean Raguénel, petit-fils de Robin, fut tué à la bataille d'Azincourt, en 1415, et autre Jean, seigneur de Chateloger et vicomte de la Bellière, son arrière-petit-fils, en épousant Jeanne, dame de Malestroit, prit les nom et armes de Malestroit. De cette maison, les seigneuries de Chateloger et de la Bellière ont appartenu successivement, par alliance, aux Rieux, Laval, Montejean, Acigné, du Chastel, Rieux et, en 1587, Boiséon (Du Paz, P. 150 et suivantes). La dernière héritière de ce nom, Renée-Thérèze du Boiséon, dame de Chateloger, épousa, vers 1730, Louis-Charles-Marie de la Bourdonnaye, seigneur de Montluc, président aux enquêtes au Parlement de Bretagne, et leurs descendants possèdent toujours Chateloger.
Sgr du Parc en Rosnoen
Sgr de la Roche-Jagu par sa 2 ème épouse
Capitaine de Dinan et de Tinténiac avec son neveu Plusquellec et Olivier de Mauny.
Participa au combat des Trente le 26/03/1351.
Chambellan de Charles de Blois, pour la libération duquel il paya 5000 écus d'or.
Prit part à la bataille de Chisay en 1372. VV
Chambellan du roi Charles V. Capitaine de Quimper
Charles de Blois capturé lors de la bataille de La Roche Derrien. Miniature de grandes chroniques de France par Jean Froissard vers 1470 - 1475. Bibliothèque Nationale de France.
La bataille de La Roche-Derrien (, La Roche-Derrien) est une des premières batailles de la guerre de Succession de Bretagne et un célèbre combat durant la guerre de Cent Ans.
Cette bataille oppose les Bretons du Parti de Jean de Monfort, frère du feu duc Jean III de Bretagne, soutenus par des troupes anglaises, et les troupes françaises et bretonnes menées par Charles de Blois le pendant la guerre de Succession de Bretagne. Charles de Blois ayant refusé toutes négociations avec la population assiégée et à bout de force, il fut capturé par le capitaine Thomas Dagworth arrivé au secours de la ville. Les Français furent battus. Charles de Blois n'échappa à une exécution sommaire que grâce à l'intervention de Tanguy Ier du Chastel dont il avait pourtant assassiné les fils sous les murs de Brest. Charles de Blois (prétendant au titre de duc de Bretagne) fut capturé et à la suite de quoi, envoyé en Angleterre, il restera cinq ans captif à la tour de Londres. Jean IV de Beaumanoir et Guy XI de Laval sont faits prisonniers aussi.
Le combat aurait opposé 3 000 hommes de Charles de Blois à 2 000 Anglais et Bretons. Le parti de Charles de Blois compte 700 morts dont des représentants des plus grandes familles de l'aristocratie bretonne : Geoffroy IX de Châteaubriant, Payen IV de Malestroit, Guy X de Laval, Rohan, Jean de Rougé, Guillaume Ier de Rougé, seigneur de Derval, Guillaume III de Rochefort, Montfort, Quintin, Rais, Rieux, Rostrenen, Boisboissel.
Eglise Sainte Catherine de La Roche Derrien, le vitrail de la bataille de La Roche Derrien le 20 juin 1347.
LA BATAILLE DE LA ROCHE-DERRIEN
Jean III, dit le Bon, fut duc de Bretagne de 1312 à 1341.
En 1338, ayant perdu tout espoir d'avoir des héritiers, il réunit les Etats.
Son frère aîné aurait dû lui succéder. Mais ce frère, Gui de Penthièvre, était mort, laissant une fille, Jeanne. Il s'agissait d'arrêter si la couronne ducale passerait à Jeanne de Penthièvre ou au frère cadet de Jean III, Jean de Montfort.
Les Etats décidèrent de « s'en rapporter au duc lui-même. Ce prince conclut alors le mariage de sa nièce — Jeanne — avec Charles de Blois — fils de Gui, comte de Blois et de Marguerite de Valois, soeur de Philippe VI, roi de France — et le désigna pour son successeur ».
Les choses semblaient ainsi réglées lorsque en 1341, à la mort de Jean III, Jean de Monfort résolut de faire valoir ses droits à la couronne de Bretagne. « Nous verrons bientôt, dit une Histoire, de grandes puissances arriver en Bretagne pour appuyer les prétentions de l'un et de l'autre. Charles de Blois aura pour défenseurs de sa cause le roi de France, le duc de Normandie, le roi de Navarre, un duc d'Athènes, des auxiliaires génois, etc. Montfort verra dans son parti le roi d'Angleterre, Robert d'Artois, beau-frère du roi de France, des stipendiaires allemands et la plus grande partie des villes de Bretagne ».
Note : " L'arrêt de Conflans qui admettait Charles de Blois à rendre hommage au roi de France pour le duché de Bretagne fut rendu le 7 septembre 1341 (Dom Morice, Preuves de l'histoire de Bretagne, t. I, col. 1421). Antérieurement à cette date, le comte de Montfort, sans aller lui-même en Angleterre, comme le prétend Froissart, avait engagé des négociations avec Edouard III, qui, le 22 juin 1341, envoyait en Bretagne Gauvain Corder et Richard Swasham pour examiner les propositions du rival de Charles de Blois (Rec. off., Excheq. Queen's Remembr. Navy, 602/8). Hervé de Léon était encore présent, le 20 février 1342, à un don fait par Charles de Blois à Estienne Goyon, seigneur de Matignon (Dom Morice, Preuves de l'histoire de Bretagne, I, col. 1431). Par une procuration datée de Blain, le 1er février 1342, Galois de la Baume autorisait Henri de Malestroit à traiter en son nom et au nom de Robert Bertran avec plusieurs Bretons qui avaient embrassé le parti de Montfort, parmi lesquels Yves de Tréziguidy et Geoffroy de Malestroit (Dom Morice, Preuves, I, col. 1430). Par un acte sous sceau privé, du 21 novembre 1342, daté de Grand-Champ, près de Vannes, Edouard III mandait à son chancelier de faire enterrer aux Frères Prêcheurs de Londres les restes de Robert d'Artois, qu'il faisait transporter en Angleterre (cf. Pièces justificatives) " (voir les Chroniques de Richard Lescot, religieux de Saint-Denis, 1328-1344).
Le combat de la Roche-Derrien que nous voulons reconstituer n'est qu'un épisode de cette guerre qui dura plus de vingt ans.
Le comte de Montfort mourut à Hennebont le 26 septembre 1345. Sa femme, la comtesse Jeanne, après avoir mis son fils en sûreté à la cour d'Angleterre, continua la campagne.
Aux comtes de Northampton et d'Oxford, le roi d'Angleterre, Edouard III (Note : A cette époque le roi Edouard III disputait la couronne de France à Philippe de Valois. En 1346, il gagna la bataille de Crécy. En 1347, il prit Calais. En 1356, il fit prisonnier Jean Le Bon à Poitiers. Il fut ensuite vaincu par Charles V), avait adjoint Thomas d'Ageworte, comme capitaine général des troupes anglaises de Bretagne (Note : P. Fr. Guyot-Desfontaines, Histoire des ducs de Bretagne. « ... avec plein pouvoir de faire tout ce qu'il jugerait à propos pour le bien de son service et de toucher les revenus du duché à condition néanmoins d'en rendre compte à Jean, fils du feu comte de Montfort, dont ce prince-roi était tuteur »).
En décembre 1345 (voir B. Jollivet, Les Côtes-du-Nord), Northampton se dirigea vers le Trécor. Il prit Carhaix, échoua devant Guingamp et assiégea La Roche-Derrien. Au second assaut l'une des portes de la place fut détruite par le feu et la capitulation s'imposa. Le commandant, Hue Cassiel, se rendit au camp anglais et obtint pour Hue Arrel, évêque de Tréguier, Raoul de la Roche et toute la garnison la libre sortie de la ville. Les Anglais pillèrent La Roche et firent un riche butin, « notamment plus de 300 tonneaux de vins de France et 13 à 14 tonneaux de vins d'Espagne appartenant à des marchands de cette nation ». Northampton continua sur Lannion. Grâce au courage des habitants de cette ville il ne put y pénétrer et se retira dans le Léon.
Note : " Richard de Totesham, capitaine de la Roche-Derrien, fut envoyé en Bretagne avec un secours assez important dès le commencement de 1344, comme le prouvent les quittances de plusieurs patrons de nefs engagées « pour le passage monseigneur Richard de Tottesham et autres devers les parties de Bretaigne » (Rec. off., Exchequer, Treasury of the Receipt. Miscellanea, 39/14). Thomas de Dagworth n'avait cessé de guerroyer en Bretagne depuis le commencement de la lutte. Par une endenture du 28 janvier 1345, passée entre lui et le comte de Northampton, il s'engageait à servir en Bretagne en qualité de lieutenant du comte, avec 15 chevaliers, 65 écuyers, 120 archers et 40 bidenwers (Rec. off., Exch. Queen's Remembr. Army, 47, 17). Le 10 janvier 1347, Edouard III le nommait son lieutenant en Bretagne (Rymer, R. III, p. I, 847). D'après une endenture du même jour, qui n'est pas publiée dans Rymer, le roi lui abandonnait tous les revenus du duché de Bretagne. Dagworth s'engageait de son côté à entretenir dans ce pays, pendant tout le temps que durerait la guerre, 300 hommes d'armes et 600 archers (Rec. off., Exch. Queen's Remembr. The Realm of France, 482/3). Nous savons d'autre part, par la lettre qu'il adressa à Edouard III et qu'a publiée Robert d'Avesbury, que Thomas de Dagworth avait avec lui à la Roche-Derrien 300 hommes d'armes et 400 archers (De gestis Edwardi tertii, éd. Thompson, p. 388). Le 20 mai 1345, le comte de Montfort prêtait hommage à Edouard III comme roi de France pour le duché de Bretagne ; le 3 juin suivant, le roi d'Angleterre mandait au comte de Northampton, son lieutenant en Bretagne, d’aider de tout son pouvoir le comte de Montfort à reconquérir son duché (Rymer, R. II, p. II, 39, 42). Le comte de Montfort mourut le 26 septembre 1345. Son jeune fils, Jean de Montfort, emmené par sa mère en Angleterre au commencement de 1343, avait été dès l’année suivante confié aux soins de la reine Philippe (Rec. Off., Issue Rolls, 18 Edw. III Michaelmas) " (voir les Chroniques de Richard Lescot, religieux de Saint-Denis, 1328-1344).
En 1346, le commandant de Guingamp, Geoffroi Tournemine, seigneur de la Hunaudaye, voulut attaquer la Roche-Derrien pendant l'absence d'une partie de la garnison anglaise. Son projet fut découvert, les Anglais le battirent et il dut regagner Guingamp (B. Jollivet, Les Côtes-du-Nord).
La même année, un dimanche à l'aube, Richard Toussaint, commandant anglais de La Roche, s'empara par traîtrise de Lannion (Note : il se fit ouvrir une fausse-porte par deux soldats de la ville). Les soldats pillèrent la place et, pour venger leur capitaine blessé, massacrèrent ceux des habitants qui voulurent se défendre (B. Jollivet, Les Côtes-du-Nord). De ce nombre furent messire Tournemine, Geoffroy de Kerimel et le chevalier Geoffroy de Pont-Blanc (Note : Nous lisons dans l'Histoire de Bretagne : « Eveillé aux cris des victimes un chevalier, nommé Geoffroy de Pont-Blanc, sort du lit, prend une lance, repousse les Anglais le long de la rue et se défend contre tous ; mais atteint enfin d'un trait que lui lance un archer, l'intrépide chevalier succombe. Les Anglais lui arrachèrent les dents et les yeux et le firent ainsi mourir au milieu des tourments ». Une plaque commémorative, à Lannion, porte : « Ici succomba héroïquement, en défendant la ville de Lannion contre les Anglais, le sire Geoffroy de Pont-Blanc, chevalier, 1346 »).
Les Anglais conduisirent à La Roche, entre autres prisonniers, messire Rolland Phélippes, sénéchal de Bretagne pour le comte de Blois, le sire de Coétuhan et Thibaut Mérien (ou Thebault Mescou), docteur en droit.
Quelque temps après cette expédition de la garnison anglaise, Charles de Blois, à la tête de 13.600 à 16.600 hommes, mit le siège devant la Roche-Derrien [Note : B. Jollivet, Les Côtes-du-Nord. « Elles se composaient (les troupes de Charles) de 1.600 hommes d'armes parmi lesquels figuraient 400 chevalière et 23 bannerets et de 12.000 hommes d'infanterie. Ogée augmente le chiffre de cette armée et le porte à 16.600 hommes, force considérable à cette époque »].
La Roche-Derrien est fermée à l'Ouest et au Nord-Ouest par le Jaudy qui baignait même les murailles ouest du château. Au Sud-Est de la place (route actuelle de Guingamp), sur une élévation dite colline de Mézeaux ou Mézou (aujourd'hui Bellevue), se voyait un moulin à vent.
Charles de Blois prit ses dispositions. Il plaça une partie de ses hommes au Placis-Vert, en Langoat, pour se garder de la rive gauche du Jaudy. Lui-même, avec le reste de son armée, campa entre la chapelle de Notre-Dame de Pitié et le moulin à vent (Paul de Courcy).
En prévision d'une sortie de la garnison anglaise de La Roche, les soldats campés en Langoat construisirent les fortifications du Château-Noir dont la majeure partie existe encore et le fort de Coat-ar-Fô, rasé en 1834 (B. Jollivet).
L'armée du comte de Blois comprenait presque tous les grands seigneurs du parti : le sire de Laval et son fils, le vicomte de Rohan, Raoul de Montfort, les seigneurs de Rougé, de Derval, de Châteaubriand, le sire de Quintin et son fils Guillaume, Geoffroy Tournemine, Thibaut de Bois-Bouexel, les sires de Beaumanoir, maréchal de Bretagne, de Raix, de Rieux, de Machecoul, de Rostrenen, de Lohéac, de la Jaille, de la Roche, Robert Arrel, etc., etc. (B. Jollivet et P. Fr. Guyot-Desfontaines).
Les dispositions prises, Raoul de Montfort « fit agir ses machines qui étaient si fortes, dit Ogée, qu'elles jetaient dans la ville des pierres de 3 et 400 livres » (Note : B. Jollivet, Les Côtes-du-Nord. Le même auteur écrit que l'une de ces pierres « tomba par hasard sur la maison du commandant de la place, dont la femme venait d'accoucher. Cette dame fut tellement épouvantée qu'elle supplia son mari de capituler »). La garnison et la population épouvantées proposèrent de se rendre, mais Charles de Blois refusa de négocier, se croyant certain de vaincre les secours qui pourraient venir aux assiégés (B. Jollivet).
Cependant Thomas d'Ageworte, Tanguy du Châtel et Jean Hartwel, instruits des tentatives contre La Roche-Derrien, quittèrent Carhaix à la tête de 8.000 hommes à pied et 1.000 hommes d'armes (Pol de Courcy, Rennes à Brest et Saint-Malo) « dont quatre cens étoient chevaliers et vingt-trois bannerets » (P. Fr. Guyot-Desfontaines, Histoire des ducs de Bretagne).
Le 18 juin 1347, d'Ageworte fit son oraison à l'abbaye de Bégard — 16 kilomètres de La Roche — se remit en marche et passa le Jaudy au pont Aziou sous Trézélan (Pol de Courcy, de Rennes à Brest et Saint-Malo). Un espion l'ayant informé de la disposition exacte des troupes ennemies, il abandonna les sentiers suivie jusque alors et prit la grand'route qui passait à proximité des fourches patibulaires (Note : Guyot-Desfontaines, Histoire des ducs de Bretagne. La pièce de terre où s'élevaient ces fourches s'appelle encore Parc-ar-Justiso et la côte qui y conduit, Kra ar Justiso) et aboutissait au quartier de Charles.
La nuit était venue, très noire. L'armée anglaise approcha sans avoir éveillé l'attention des chevaliers de garde dont étaient les sires de Derval, de Beaumanoir et Robert Arrel (B. Jollivet, Les Côtes-du-Nord). Vers minuit seulement les valets perçoivent le bruit des pas et préviennent le guet qui attaque l'avant-garde avec succès et fait prisonnier d'Ageworte. Quelque temps après le capitaine anglais est délivré par ses soldats.
Mais l'alarme est donnée. Les troupes de Charles sont sur pied. Le comte, secondé par Rohan, Laval et quelques autres seigneurs (P. Fr. Guyot-Desfontaines, Histoire des ducs de Bretagne), combat à la lueur des flambeaux. Il fait prisonnier d'Ageworte, le confie à une garde et rentre dans la mêlée. Il est pris et délivré trois fois.
D'Ageworte est prisonnier, les Anglais reculent. Le commandant de La Roche-Derrien, averti, fait une sortie à la tête de 500 hommes armés de haches et délivre d'Ageworte (Histoire de Bretagne).
Alors l'armée de Charles se débande. Lui-même, prie entre deux feux et ne pouvant compter sur les troupes du Placis-Vert, se retire vers la colline du Mézeaux.
Adossé au moulin, il combat désespérément. Mais la fatigue et la faiblesse — il perd le sang par dix-huit blessures — l'ont vite abattu.
Les Anglais le font prisonnier et le couchent sur un lit de plumes (Histoire de Bretagne) sitôt qu'il a remis son épée à Robert du Châtel, chevalier breton.
L'armée anglaise entra dans La Roche-Derrien avec ses prisonniers dont le comte de Blois, le sire de Beaumanoir et le fils aîné du sire de Laval (P. Fr. Guyot-Desfontaines, Histoire des ducs de Bretagne).
Note : " C'est également à Bernard du Châtel que, d'après les Grandes Chroniques, Charles de Blois se serait rendu. Parmi les chevaliers bretons attachés à la cause de Montfort, nous n'avons trouvé aucun personnage de ce nom. Tanneguy du Châtel, au contraire, ne cessa de combattre dans les rangs anglais pendant toute cette guerre ; il était certainement en Bretagne à ce moment et prit, d'après Froissart, une part importante à la bataille. C'est donc plus vraisemblablement de lui qu'il s'agit ici. Edouard III récompensa dignement le service que la victoire de la Roche-Derrien rendait à sa cause. Outre les 4.900 l. st. données à cette occasion à Thomas de Dagworth, on trouve, dans les comptes de l'Echiquier, à la date du 6 novembre 1348, trace d'un don également important fait à un écuyer de Flandre qui aurait pris le comte de Blois : « Kolkino de Lovayn, scutifero, in denariis sibi liberatis de dono Régis, tam pro bono servicio per ipsum eidem domino Regi impenso quam pro captione Karoli de Bloys, quem nuper cepit de guerra in obsequio domini Regis in partibus Brytannie, MCLXVI l. XIII s. IIII d. » (Rec. off., Issue Rolls, 23 Edw. III Michaelmas, m. 11). — Un autre paiement lui fut fait le 7 septembre 1351 pour le même objet : « Nicholao Loveyn, militi, in partem solutionis, MLXVI l. XIII s. IIII d., infra quamdam summam de IIIm L marcz quas dominus Rex ei concessit pro captione Karoli de Bloys, LXVI l. XIII s. IIII d. » (Rec. off., ibid., 25 Edw. III, Easter, m. 27). — Le 17 mai de la même année, nous trouvons la mention d'un autre combattant de la Roche-Derrien, qui semble devoir partager avec le précédent l'honneur d'avoir contribué à la prise de Charles de Blois : « Johanni de Isplyngrode, in denariis sibi liberatis in partem solutionis M l. quas dominus Rex sibi liberari mandavit de dono suo pro efficaci labore quem dictus Johannes nuper circa captionem Karoli de Blois adversarii Regis in partibus Brytannie laudabiliter apposuit, c l. » (ibid., m. 6). — Enfin, un autre don, que nous trouvons dans les mêmes comptes à la date du 28 octobre 1350, est destiné à celui qui porta à Edouard III l'heureuse nouvelle : « Johanni de Merle, cui dominus Rex x l. annuatim concessit percipiendas pro bono servicio per ipsum eidem domino Regi impenso necnon pro felici rumore quem idem Johannes attulit domino Regi de captione Karoli de Bloys, per breve currens anno xxi°, X l. » (Ibid., 25 Edw. III Michaelmas, m. 7). " (voir les Chroniques de Richard Lescot, religieux de Saint-Denis, 1328-1344).
Cette nuit-là périrent nombre de vaillants chevaliers du parti de Charles : les sires de Laval, de Raix, de Rieux, de Machecoul, de Rostrenen, de Lohéac, de la Jaille, le vicomte de Rohan, Raoul de Montfort, les seigneurs de Rougé, de Derval et de Châteaubriand, le sire de Quintin et son fils Guillaume, Geoffroy Tournemine et Thibaud de Bois-Bouexel « avec plus de deux cents autres chevaliers et quatre mille hommes d'armes » (P. Fr. Guyot-Desfontaines, Histoire des ducs de Bretagne).
Dès que le Comte de Blois fut suffisamment rétabli, les Anglais le conduisirent à Carhaix, puis à Quimperlé, à Vannes où il séjourna un an (P. Fr. Guyot-Desfontaines, Histoire des ducs de Bretagne), à Brest et enfin à Hennebont d'où ils le dirigèrent sur la Grande-Bretagne.
Les hostilités continuèrent entre Jeanne de Penthièvre, comtesse de Blois et Jeanne de Flandre, comtesse de Monfort, les deux Jeannes.
Les Anglais étaient détestés des habitants de La Roche et des populations voisines qu'ils tyrannisaient pour les punir d'avoir aidé Charles de Blois pendant le siège (Pol de Courcy, de Rennes à Brest et Saint-Malo). Ils n'épargnèrent que le nombre de paysans indispensables pour cultiver les terres (Pol de Courcy, de Rennes à Brest et Saint-Malo). Les nobles de Tréguier (Pol de Courcy, de Rennes à Brest et Saint-Malo) demandèrent secours à Philippe de Valois qui leur envoya quelques hommes et un corps génois sous le commandement de Pierre de Craon et d'Antoine Doria (Pol de Courcy et B. Jollivet). Ces troupes et tous les habitants en état de porter les armes marchèrent en août 1347 contre La Roche-Derrien.
Pendant deux jours, sans répit, ils attaquèrent la ville. La garnison eut peur et proposa de se rendre « vie et bagues sauves » (B. Jollivet). Les Trécorrois, furieux, refusèrent de parlementer et donnèrent un dernier assaut.
Pierre de Craon, craignant le retour de Thomas d'Ageworte (B. Jollivet), promit cinquante écus au premier qui entrerait dans la ville et plaça une bourse contenant cette somme au bout d'une pique.
Stimulés par l'appât du gain les Génois déploient un grand courage. En un instant cinq d'entre eux « sapent la muraille et en font tomber cinquante pieds de largeur » (Histoire de Bretagne).
Les soldats s'élancent, la ville est prise et pillée. Deux cent cinquante Anglais se réfugient dans le château, les autres sont tous passés au fil de l'épée.
Le château se défendit quelque temps ; mais, à la fin, les Anglais débordés capitulèrent. Ils eurent la vie sauve à la condition de se retirer à dix lieues de la Roche-Derrien. Sylvestre de la Feuillée fut désigné pour commander l'escorte qui devait les accompagner jusqu'à Quintin.
La haine de l'Anglais était si forte que les paysans des environs de La Roche se réunirent et assommèrent une grande partie des vaincus. Ceux qui échappèrent furent assaillis à l'entrée de Quintin par les artisans dirigés par les bouchers. Malgré les courageux efforts de Sylvestre de la Feuillée et de l'escorte ils furent tous massacrés.
Ainsi furent délivrés des Anglais, en août 1347, la ville et le château de La Roche-Derrien [Note : A la suite de la reprise de La Roche-Derrien sur les Anglais la comtesse de Blois confia le commandement de la place à Antoine Doria (Voir B. Jollivet)].
(Charles de Fèbes)
La bataille d'Auray en 1364
L'issue de la guerre de succession de Bretagne eut lieu à Auray le 29 septembre 1364, lorsque les deux partis s'affrontèrent dans le combat final: Charles de Blois avec les fidèles seigneurs bretons, et Jean de Montfort le fils du Jean de Montfort avec John Chandos et ses Anglais.
Le combat fut terrible et par suite d'ordre mal exécutés dans l'armée de Blois et d'une meilleure position de Montfort, la bataille fut perdue. Charles de Blois, par sa valeur et par celle de ses troupes, avait jusqu'alors remporté l'avantage et il semblait que la victoire dût lui rester. Il avait poussé si vivement le comte de Montfort qu'il avait renversé sa bannière. Mais à ce moment survint Caverley, qui commandait l'arrière-garde de l'armée adverse; ce capitaine anglais vint le prendre de dos, mit le désordre dans ses troupes, abattit son drapeau et le fit prisonnier. Un soldat, aussitôt après, lui perça la gorge et le tua (site de Marie CHARANT:
Charles de Blois fut tué ainsi que les derniers grands seigneurs bretons qui lui furent fidèles jusqu'à la mort, dont Pierre de Boisboissel. Ce dernier, fils probable de Chesnin mort à la bataille de la Roche Derrien 17 ans plus tôt, et compagnon d'armes de Bertrand Du Guesclin depuis plusieurs années, fut trouvé mort en compagnie de son seigneur, Charles de Blois, avec qui, comme son père, il combattit fidèlement jusqu'à son dernier souffle.
Il était également chevalier banneret dans cette bataille, les chevaliers bannerets payant un lourd tribut dans cette bataille (ils étaient les premières cibles) (Kervyn de Lettenhove, 1967, tome 7 p.56).
Citons la généalogie de Alain de Penhoet qui épousa Marguerite Charruel, fille et héritière de de messire Geoffroy Charruel, laquelle indique que ce dernier, homme de grande valeur fut tué lors de la bataille d'Auray avec Charles, Comte de Blois, auprès duquel il fut trouvé mort avec les seigneurs de Kergorlay et Boisboissel.
On ne peut pas ne pas évoquer dans cet article la famille de Rougé, Guillaume 1er de Rougé et son fils Jean 1er ont eux aussi été tués lors de la bataille de La Roche Derrien le 20 juin 1347 ainsi que son beau frère Olivier II de Tournemine.
Jean Ier de Rougé, sire de Rougé, de Derval, de Grez-Neuville, de La Cornouaille, et de La Roche d'Iré (tué en 1347). Fils de Guillaume Ier et d'Eustachie de Neuville. Il est tué dans la guerre de Succession de Bretagne lors du combat de La Roche-Derrien, le 20 juin 1347, avec son père Guillaume Ier, son fils Jean II, et son beau-frère Olivier II de Tournemine, seigneur de la Hunaudaye (Plédéliac 22).