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Jean-Jacques Waltz, alias Hansi ou Oncle Hansi, né le à Colmar et mort le à Colmar, est un artiste illustrateur alsacien et français.
Jean-Jacques Waltz est le benjamin d'une famille de quatre enfants né du mariage de Jacques André Waltz et de Rosalie Clémence Dunan. Les Waltz vivent en Alsace depuis le XVIIe siècle et on trouve dans leurs ancêtres des boulangers, des chapeliers et des bouchers. Après avoir été tout d'abord boucher comme son propre père, le père de Jean-Jacques Waltz devient bibliothécaire à la bibliothèque municipale de Colmar en 1881 et en 1891 conservateur du musée Unterlinden. Autodidacte, il acquiert une très grande connaissance de l'Alsace et de Colmar, cité typiquement alsacienne, mais de tradition française. C'est lui qui éveille très tôt chez son fils un intérêt pour l'histoire et l'art. Il est affecté par l'annexion, qui rompt les liens qu'il entretenait avec la France.
Jean-Jacques Waltz (Hansi) fréquente le lycée impérial depuis 1881. Au lycée, sa cible favorite sont ses professeurs dont certains viennent parfois de régions d'Allemagne très éloignées de l'Alsace pour y enseigner le français. Hansi détestait ses professeurs allemands. Il écrira :
« Quand dans la journée j'avais été brutalisé au lycée boche, quand le professeur d'allemand nous avait enseigné que la langue allemande était la plus belle et la plus ancienne de toutes les langues, quand le professeur d'histoire avait insulté nos pères et tous les Français, en remontant jusqu'au temps de Charlemagne, quand le professeur de français, originaire de Koenigsberg, nous avait prouvé que ni les Français ni les Alsaciens ne savaient leur propre langue et que ce n'est qu'à Koenigsberg que l'on parle le français correctement, quand, à mon retour du lycée, d'où tous les jours je rapportais quelques gifles et quelques heures d'arrêts, j'avais rencontré les officiers insolents battant le pavé de notre ville, les fonctionnaires, laids et arrogants, et que je rentrais chez moi, triste et découragé, alors, pour me consoler, mon père me racontait combien notre petite ville était belle du temps français. »
Son père le retire de ce lycée en 1894, et l'envoie à Lyon suivre les cours de dessin industriel de la Société d'enseignement professionnel du Rhône, il suit aussi les cours de peinture et d'arts décoratifs, toujours à Lyon. À la suite d'une pleurésie contractée en 1896, il doit rentrer à Colmar. Ensuite on le retrouve, jusqu'à 1909, comme dessinateur tout d'abord dans une usine textile à Cernay, puis aux établissements Herzog à Logelbach.
Après son séjour à Lyon, il retourne en Alsace où il devient célèbre comme dessinateur de cartes postales, dont certaines sont distribuées par l'Association des hôteliers et restaurateurs des Hautes-Vosges. Il est bien connu pour sa grande taille, sa lavallière et son chapeau de feutre, signes distinctifs des artistes à cette époque. Les motifs de ses illustrations allient souvent des scènes villageoises idylliques avec de mordantes caricatures anti-allemandes. Tandis qu'au premier abord, ses illustrations paraissent d'innocentes scènes de la vie alsacienne, une observation plus attentive permet d'y déceler une aversion pour les Allemands qui sera la marque de Hansi.
Grâce à deux peintres Alexis Kreyder et Léon Hornecker, il fait connaissance des artistes strasbourgeois de la Revue alsacienne illustrée qui travaillent au maintien du particularisme alsacien, l'un d'eux est Charles Spindler. Le jeune Jean-Jacques Waltz s'engage contre l'annexion de l'Alsace-Lorraine (et surtout de l'Alsace) par l'Allemagne, conséquence du traité de Francfort qui fait suite à la guerre franco-allemande de 1870. Pour cela, il fait de nombreux dessins satiriques d'Allemands en Alsace qu'il rend ridicules. Son frère aîné est étudiant en pharmacie et l'aide à publier ses dessins dans le bulletin de l'Association des étudiants en pharmacie de Strasbourg (H2S ou Hazweiess), publication ironique, critique et anti-allemande. C'est pour signer ces dessins qu'il utilise pour la première fois le pseudonyme Hansi qui est à la fois « Hans » (Jean) suivi de « J » pour « Jakob » (Jacques), Hansjakob Waltz. Hansi ridiculise le touriste allemand qu'il représente avec son chapeau tyrolien, son sac à dos et son bâton. Il représente l'expansionnisme allemand, lui-même encouragé par les associations nationalistes dont la Ligue pangermaniste. Comme Colmarien, Hansi rejoint l'opposition anti-allemande et anti-prussienne, dont les leaders sont l'abbé Wetterlé, Jacques Preiss et Daniel Blumenthal, qui sont députés au Reichstag.
Grâce à ce succès, Jean-Jacques Waltz peut imprimer en 1907 un recueil d'aquarelles intitulé Tours et Portes d'Alsace. Ce livre qui n'est pas vraiment engagé est néanmoins préfacé par Joseph Fleurent, avocat colmarien qui défend la seule culture française pour les Alsaciens. En 1908 son éditeur Bahy réédite les Vogesenbilder et publie une deuxième série Die Hohkönigsburg im Wasgenwald und Ihre Einweihung (le Haut-Koenigsbourg et son inauguration). Le professeur Knatschké est censé commenter les illustrations, ce qui permet à Hansi de railler l'inauguration du château du Haut-Kœnigsbourg restauré à l'initiative de Guillaume II.
En 1908, parait chez Bader le livre Der Professor Knatschke qui avait auparavant été publié sous la forme de feuilleton dans le journal de Mulhouse l'Express. Bien que Hansi ne s'implique pas dans la politique, il se trouve mêlé à l'affaire Gneisse. Ce proviseur du lycée de Colmar avait, dans un article publié dans la Strasburger Post, soutenu la nécessité d'un enseignement uniquement en allemand pour ne pas permettre à l'armée française d'obtenir des renseignements de la part des Alsaciens2. Hansi publie une caricature de Gneisse qui porte plainte et Hansi est condamné à cinq cents marks d'amende et l'éditeur du journal l'abbé Wetterlé à deux mois de prison. Dans son numéro de Noël 1911, la revue L'Illustration publie des aquarelles de Hansi présentées par Maurice Barrès. En 1912 paraît chez Henri Floury une édition française du Professeur Knatschké due au Docteur Colli, pseudonyme de H. Collignon, secrétaire général de la présidence de la République. Pour Noël de la même année, il publie Histoire d'Alsace racontée aux petits enfants de France par l'oncle Hansi où l'histoire est présentée de façon partielle et partiale.
Dans le livre, Professor Knatschke, Hansi avait identifié le ridicule professeur avec son ancien proviseur du Gymnasium de Colmar, nommé Gustav Gneisse. L'affaire a des conséquences, puisque Gustav Gneisse, devenu le symbole du pangermanisme et de la sottise, est expulsé d'Alsace après 1918 et le retour des Français. Revenu en Alsace en 1940, à la faveur de la victoire allemande, afin d’habiter chez sa fille qui peut s’occuper de lui alors qu'il est malade et presque aveugle, Gustav Gneisse est de nouveau contraint de repasser la frontière vers l'Allemagne après la Libération.
En mai 1913 Hansi est condamné à neuf cents marks d'amende pour avoir insulté, dans son Histoire d'Alsace, la collectivité des Allemands venus en Alsace après 1870. Le , un nouveau procès s'ouvre à Leipzig, qui condamne Hansi à un an de prison. Il profite d'un passage à Colmar pour s'échapper et gagner la France.
À la même époque, son ami, Henri Zislin, dessinateur et tout aussi patriote, effectue plusieurs séjours en prison pour attaque contre l'Empire.
Hansi s'engage au 152e régiment d'infanterie en tant que caporal. Il est ensuite muté à l'état-major de la division où il est d'abord interprète stagiaire (sous-officier) puis officier Interprète militaire. Il est ensuite affecté au service de la propagande aérienne aux côtés d’Ernest Tonnelat. Tous deux publieront leurs souvenirs de cette expérience en 1922.
Il réalisera une affiche pour l'emprunt de guerre de 1917, où il met en scène une ville alsacienne. En 1918 lorsque l'Alsace réintègre la France, il crée une autre affiche. Après la victoire des Alliés, il publie deux livres en 1918 : Le Paradis tricolore et en 1919 L'Alsace heureuse. Dans ce dernier livre, il raconte ses démêles avec des juges allemands, son évasion, sa guerre, l'entrée des troupes françaises en Alsace et le départ des émigrés. En 1920, il est fait officier de la Légion d'honneur par le président Millerand.
Sa haine de l’Allemagne lui fit écrire après que Wilson eut tout simplement obligé la France à respecter les termes du Traité de Versailles :
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Après la signature de la paix, quelle déception pour les Alsaciens, quel soulagement pour les Allemands, quand l'Alsace a vu des Allemands revenir en foule ! La France, avec une mentalité de vaincu, appliquait pleinement, plus que pleinement, l’article du Traité qui confère la nationalité française à tout Allemand ayant épousé une Alsacienne ou une Lorraine. En vérité la France n’était nullement obligée d’appliquer le traité jusque dans ses articles qui lui nuisent le plus, alors que l'Allemagne vaincue déclarait son mépris pour le « chiffon de papier » signé à Versailles. Et, si la France pouvait se considérer comme obligée à rouvrir ses portes aux Allemands qui se sont mariés chez elle, était-elle obligée de leur rendre leurs places d'avant-guerre, avec tous les bénéfices d'après-guerre?