5 janvier 2022
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Agrippine La Jeune, personnage important de l'Histoire romaine et de la littérature avec Racine dans Britannicus.
Nous remontons, entre autres, à Agrippine la jeune par sa fille Vénus Julia Genvissa Claudia Eugénia née de son union avec son oncle, l'empereur Claude.
Julia Agrippina dite Agrippine la Jeune (Agrippina Minor en latin) (née le apr. J.-C. à Ara Ubiorum – morte assassinée dans sa villa de Baules près de Baïes sur ordre de son fils Néron entre le 19 et le ) est une impératrice romaine, sœur de Caligula (empereur de 37 à 41). Elle est également l'épouse de son oncle, Claude (empereur de 41 à 54), et mère de Néron (empereur de 54 à 68).
Elle est en outre la descendante directe d’Auguste, empereur de 27 av. J.-C. à 14, et petite-nièce et petite-fille adoptive de Tibère, empereur de 14 à 37.
Petite-fille d'Agrippa et également petite-fille de Drusus, Agrippine la Jeune est la fille de Germanicus, tous trois généraux romains ayant commandé en Germanie inférieure.
Agrippine la Jeune (Agrippina minor), fille du général Germanicus, est née le ou 16 en Germanie inférieure après que sa mère, Agrippine l’Aînée (Agrippina maior), eut trouvé refuge avec ses trois enfants à Trèves. Redoutant les mutineries qui avaient accueilli l’annonce de la mort d’Auguste et l’accession de Tibère au pouvoir, la famille de Germanicus s’était repliée auprès d’alliés moins incertains, les Trévires. Le lieu de naissance d’Agrippine la Jeune semble pourtant être un camp militaire d’Ara Ubiorum, qui devint Cologne. En 50, sous le principat de Claude, la ville prit le nom de Colonia Claudia Ara Agrippinensium ou CCAA en l’honneur de Claude et à l’initiative d’Agrippine ; ses habitants furent appelés Agrippinenses.
En 17, Germanicus est rappelé à Rome où l’on célèbre son triomphe le 26 mai. Selon l’historien Tacite, « ce qui ajoutait encore au spectacle [du triomphe], c’était la beauté de Germanicus et son char, sur lequel se trouvaient ses cinq enfants ». Germanicus est chargé d’une mission d’inspection en Orient, apparemment dans le but de le séparer de ses troupes, en raison des craintes et de la jalousie de Tibère. Il semble qu’Agrippine la Jeune soit restée à Rome pendant ce voyage. À Antioche, Germanicus meurt opportunément en octobre 19, peut-être empoisonné sur ordre de Tibère.
Dès lors, Agrippine l’Aînée et ses enfants sont ballotés entre les rivalités personnelles et les affaires d’État. Au moment de la conspiration de Séjan, Tibère interdit à la veuve de Germanicus de se remarier. Après la mort de son fils Drusus, Tibère se renferme de plus en plus et les descendants de Germanicus en font les frais : les deux aînés Nero Iulius Cæsar et Drusus Iulius Cæsar sont déportés ou enfermés, et leur mère, Agrippine l’Aînée, est condamnée à l’exil. Tous trois moururent dans des conditions atroces et sans avoir retrouvé la liberté.
En 28, Agrippine la Jeune a 13 ou 14 ans, et épouse Cneius Domitius Ahenobarbus, sur le choix de Tibère : « Cependant Tibère, après avoir accordé, en sa présence, à Cn. Domitius sa petite-fille Agrippine, fille de Germanicus, ordonna que le mariage fût célébré dans la ville. En la personne de Domitius, il avait, outre l’ancienneté de la race, choisi un sang proche de celui des Caesars ; car il pouvait se vanter d’avoir pour aïeule Octavie et, par elle, Auguste comme grand-oncle».
En 32, Cneius Domitius Ahenobarbus est consul.
À Antium, le au lever du soleil, Agrippine accouche d’un fils, Lucius Domitius Ahenobarbus, le futur Néron. C'est son seul enfant. Les historiens évoquent une longue stérilité psychologique d'Agrippine avant cette naissance (ou une stérilité physique de son mari, le géniteur de Néron pouvant être Sénèque, ce qui expliquerait pourquoi Agrippine le fait revenir d'exil en 49 et le nomme tuteur de Néron), Néron ayant été conçu, à quelques jours près, au moment de la mort de Tibère. Probablement selon une légende, elle consulte des mages chaldéens (pratique interdite mais en usage chez les aristocrates) qui lui prédisent que son fils régnerait mais qu'il tuerait sa mère. Elle leur aurait répondu : « Qu'il me tue, pourvu qu'il règne ».
Selon les historiens romains, Caligula entretenait à cette époque des relations incestueuses avec ses trois sœurs, et n’hésitait pas à les prostituer à ses favoris catamites ou mignons. Au début du règne, les sœurs de l’empereur sont entourées d’honneurs à la cour, mais en 39, accusées d’adultère et de complicité dans le complot de Marcus Æmilius Lepidus contre l’empereur, Agrippine et sa sœur Julia Livilla sont condamnées à l’exil sur les îles Pontines, exil qui dura jusqu’au principat de Claude en 41.
Sur l'ordre de Claude, Agrippine et Livilla retournent à Rome. Elle ne profite pas longtemps de sa liberté retrouvée. Elle est exilée en même temps que Sénèque accusé d’être son amant. Après la mort de son premier mari, Agrippine se remarie avec l'orateur Caius Sallustius Crispus Passienus, un homme immensément riche qui a servi deux fois comme consul. En 47 il meurt en laissant un héritage colossal à son beau-fils et des rumeurs accusent Agrippine de l'avoir empoisonné.
À la mort de Messaline en 48, Claude souhaite se remarier. Plusieurs candidates s'affrontent, Ælia Pætina soutenue par Narcisse, Lollia Paulina soutenue par Calliste et surtout, soutenue par Pallas qui la connaît depuis de longues années, Agrippine, parti le plus digne de la maison impériale car issu de la dynastie des Julio-Claudiens.
Agrippine l’emporte, la liaison est d’abord officieuse par crainte que l’opinion condamne un inceste : Claude est en effet l’oncle d’Agrippine. Le mariage est officialisé en 49 grâce à un subterfuge. Vitellius fait voter une motion par le Sénat obligeant l’empereur à se remarier. Aussitôt, Claude se hâte de se conformer à la demande pressante du Sénat et du peuple romain. Mais il ordonne aussi des sacrifices expiatoires par les pontifes pour l’inceste (« ce qui fit rire tout le monde », précise Tacite).
La rumeur la présente comme la maîtresse de Pallas, un affranchi richissime, proche conseiller de Claude, ce que rien ne vient confirmer ou infirmer. Toujours en 49, poussant son époux à imiter Auguste (mais aussi Tibère qui avait adopté Germanicus), elle obtient que son fils soit adopté par Claude et passe de la famille des Domitii à celle des Claudii : il prend alors le nom de Nero Claudius Cæsar Drusus (abrégé en français en Néron) et devient le rival (plus âgé) de Britannicus, le fils de Claude et de Messaline. Britannicus est peu à peu isolé : tout est fait pour amener Néron au pouvoir.
Agrippine a de réelles qualités politiques. Elle connaît parfaitement le fonctionnement du Palatin et, surtout, elle aime le pouvoir. Agrippine pousse Claude à pacifier ses rapports avec le Sénat en autorisant le retour d’exil de Sénèque qui avait été le précepteur de Lucius. En 50, elle obtient ce que Messaline n’avait jamais eu : le titre d'Augusta. Elle a ainsi le droit de se déplacer en char honorifique et de se faire saluer comme l’égale de l’empereur. C’est une nouveauté dans l’histoire de Rome.
Elle parvient à fiancer son fils avec Octavie, la fille de son époux. Mariage conclu en 53, mais jamais consommé. Par son influence auprès de l’empereur et ses manœuvres, Agrippine élimine ses rivales passées (Lollia Paulina, Domitia Lepida) ou potentielles (Calpurnia) et s’empare des richesses de plusieurs notables (Statilius Taurus).
Elle organise une véritable purge dans les rangs de la noblesse en jouant sur la paranoïa de son oncle. Elle en profite pour éliminer tous ceux qui pourraient former un obstacle à l'ascension de son fils et confisque leurs fortunes au profit du Trésor. Claude est incapable de comprendre que les sénateurs le croient responsable de ces attaques renouvelées.
Finalement, se sentant en danger et profitant de l’absence de Narcisse, l’un des conseillers les plus fidèles de Claude, Agrippine fait empoisonner l’empereur le . Elle éloigne Britannicus et diffère l’annonce de la mort de Claude jusqu’à ce que Sénèque et Burrus aient fait proclamer Néron par les prétoriens. Sachant aussi bien utiliser l’empereur dans sa mort qu’elle l’avait fait lorsqu’il était vivant, elle obtient sa divinisation afin d’être sa prêtresse et commande même un temple en son honneur.
Pendant cinq ans, Néron, devenu empereur grâce à elle, supporte son autorité. Mais elle a décidé de régner : en tant que petite-fille et fille de généraux romains, elle compte de nombreux partisans dans l'armée et parvient à placer des hommes à elle à des postes importants. Devant l'omnipotence de sa mère, Néron, appuyé par Sénèque et le préfet du prétoire Burrus, choisit de l'écarter du pouvoir. Si elle choisit de s'opposer à Néron, c'est un risque de guerre civile, mais elle prend malgré tout le parti de s'allier avec sa belle-fille Octavie menacée de répudiation et de s'opposer au mariage de son fils à sa maîtresse Poppée.
Au printemps 59, Néron décide de l’assassiner en camouflant le meurtre en naufrage car à Rome le matricide est un crime suprême. Selon Tacite, Néron et sa suite se trouvent dans sa villa impériale de Misène, dans la baie de Naples, où il a invité sa mère à l'occasion des fêtes de Minerve. À l'issue des fêtes, il la raccompagne ensuite au port, où il lui prête une galère avec sa dame de compagnie Acerronia Pollia (en). Le navire se disloque dans la baie, mais elle parvient à rejoindre le rivage et se fait débarquer au lac Lucrin, d'où elle rejoint sa demeure. Néron consulte Sénèque et Burrus, qui le convainquent de la faire assassiner en pleine nuit dans sa villa par des soldats (non des prétoriens, fidèles au souvenir de Germanicus), des marins, peut-être sous le commandement d'Anicetus, ancien précepteur de Néron devenu ennemi juré d'Agrippine. Au centurion tirant son glaive pour lui donner la mort, elle aurait déclaré : « Frappe au ventre ! » (« ventrem feri »).
Selon Tacite, Néron vient contempler le cadavre de sa mère avant sa crémation sur un lit de table. Après la mort de Néron, un tumulus en mémoire d'Agrippine aurait été érigé sur le chemin de Misène.
Mort d’Agrippine
Néron (Lucius Domitius Ahenobarbus) ; empereur romain (54–68)
; 37–68 ap. J.–C.
“Mort d’Agrippine”.
(Néron fait assassiner sa mère Agrippine la Jeune, par des soldats dans sa villa de Bauli en 59 ap. J.–C.). Gravure de G.Mochetti d’ap. dessin de Bartolomeo Pinelli (1781–1835).
De la série: Istoria Romana (1810).
Berlin, Sammlung Archiv für Kunst und Geschichte.
Buste de Claude portant la couronne civique, Marbre, œuvre romaine,entre 41 et 54 apr. J.-C. Naples, musée archéologique national de Naples.
NERON :
Buste en marbre de Néron, vers 55-59, Musée archéologique national de Cagliari
Lucius Domitius Ahenobarbus est né le . Rien ne le prédestinait alors à devenir maître de l'empire. Son oncle maternel Caligula venait de commencer à régner le de cette année, à 24 ans. Ses prédécesseurs, Auguste et Tibère, avaient vécu respectivement jusqu'à 75 et 77 ans. Caligula est donc l'oncle de Néron, ce dernier n'aurait pu prétendre au trône que dans le cas où Caligula n'aurait pas eu d'héritier mâle. Néron porte le nom de ses ancêtres de la gens des Domitii. Les prénoms dans la gens Domitii étaient donnés, toujours les mêmes, par succession de trois en trois. On trouve ainsi trois Caius de suite, puis trois Lucius de suite, etc. Néron était donc un Lucius Domitius Ahenobarbus comme beaucoup de ses ancêtres avant lui. Agrippine, quatrième épouse de Claude, va réussir à évincer Britannicus de la succession directe et légitime au titre d'empereur. Son fils Néron (né de son précédent mariage avec Cnaeus Domitius Ahenobarbus, connu à Rome pour sa violence et ses actes de cruauté) sera adopté et reconnu par Claude comme son héritier et successeur. Ce tour de force réussi, il ne restait plus à Agrippine qu'à se « débarrasser » de Claude en le faisant assassiner.
La relation particulièrement étroite de Caligula avec ses trois sœurs Julia Drusilla, Julia Livilla et Agrippine fit scandale au début de son règne. Toutes trois — représentées avec leur frère sur les pièces de monnaie de l'époque — semblent avoir obtenu sa faveur, et y ont sans doute gagné de l’influence. Les écrits de Flavius Josèphe, Suétone, Dion Cassius rapportent qu’elles avaient des relations incestueuses avec leur frère.
Lucius devenait ainsi le fils d'une femme influente et célèbre. Mais elle pouvait perdre rapidement l’influence qu'elle avait sur son frère. Caligula n'avait toujours pas d’enfant. Ses parents mâles les plus proches étaient alors ses beaux-frères Marcus Aemilius Lepidus (le mari de Drusilla), Marcus Vinicius (le mari de Livilla) et Cnaeus Domitius Ahenobarbus (le mari d'Agrippine). Ils étaient les héritiers probables en cas de décès prématuré de Caligula. Pourtant, après le décès de sa femme, Lepidus semblait avoir perdu toute chance, mais pas toute ambition, de succéder à son beau-frère.
En , Caligula partit rejoindre ses légions en campagne contre les tribus germaniques. La campagne dut être repoussée à l'année suivante par crainte d'une conspiration contre l'empereur. Lepidus avait réussi à devenir l'amant d'Agrippine et de Livilla, recherchant leur aide pour gagner le trône. Il fut pour cela immédiatement exécuté. Caligula ordonna également l'exécution de Cnaeus Cornelius Lentulus Gaetulicus, le populaire légat de Germanie supérieure, et son remplacement par Servius Sulpicius Galba. Pourtant, on ne sait toujours pas s'il était lié à la conspiration de Lepidus. Agrippine et Livilla furent reléguées aux Îles Pontines. Lucius fut sans doute séparé de sa mère à cette époque, et confié à une tante, Domitia.
Le père de Lucius mourut d'hydropisie en 40. Lucius était maintenant orphelin et son destin devenait incertain sous le règne d'un Caligula de plus en plus fantasque. La chance lui sourit l'année suivante : le , Caligula, son épouse Cæsonia Milonia, et leur fille Julia Drusilla furent assassinés par une conspiration menée par Cassius Chaerea. L'oncle de Caligula, Claude, devint le quatrième empereur romain, grâce à l'aide de la garde prétorienne, et rappela Agrippine et Livilla d'exil.
Agrippine se remaria rapidement au riche Gaius Sallustius Crispus Passienus. Son mari mourut entre 44 et 47, et Agrippine fut suspectée de l'avoir empoisonné pour hériter de son immense fortune. Lucius était le seul héritier de sa mère, devenue riche.
Lucius, à dix ans, avait très peu de chances d'occuper le trône. Claude, âgé de 57 ans à cette époque, avait régné plus longtemps, et sans doute plus efficacement que son prédécesseur. Claude s'était déjà marié trois fois. Il avait épousé Plautia Urgulanilla et Aelia Paetina quand il était simple citoyen. Empereur, il s'était marié à Valeria Messalina. Le couple avait deux enfants, Britannicus (né en 41) et Octavie (née en 40). Messaline n'avait que 25 ans et pouvait lui donner d'autres héritiers.
Pourtant, Messaline fut exécutée en 48, accusée de conspiration contre son époux. L'ambitieuse Agrippine projeta rapidement de remplacer sa tante par alliance. Le , elle devint la quatrième femme de Claude, Tiberius Claudius Nero Caesar Drusus. Le mariage dura cinq ans. La même année, Agrippine fait rompre les fiançailles d'Octavie et de Lucius Junius Silanus et la fait fiancer avec Néron.
Début 50, le Sénat romain offrit à Agrippine le titre honorifique d'Augusta, que Livie (14-29) avait été la seule à porter avant elle. Le , Lucius fut officiellement adopté par Claude sous le nom de Nero Claudius Caesar Drusus. Néron était plus âgé que Britannicus, son frère adoptif, et cette adoption fit de lui l'héritier officiel du trône.
Claude honora son fils adoptif de plusieurs manières. Néron fut émancipé en 51, à 14 ans. Il fut nommé proconsul, entra au Sénat, y fit son premier discours, apparut publiquement en compagnie de Claude, et fut représenté sur les pièces de monnaie. En 53, il épousa sa sœur adoptive, Octavie.
Les premières années de l'empereur
Claude mourut empoisonné le et Néron fut rapidement nommé empereur à sa place. Il n'avait alors que 17 ans. Les historiens s'accordent à considérer que Sénèque a joué le rôle de figure de proue au début de son règne. Les décisions importantes étaient probablement laissées entre les mains plus capables de sa mère Agrippine la Jeune — qui pourrait avoir empoisonné Claude —, de son tuteur Sénèque, et du préfet du prétoire Sextus Afranius Burrus. Néron chercha dès le début de son règne à obtenir les faveurs de l'armée et de la plèbe par diverses primes.
Les cinq premières années du règne de Néron furent connues comme des exemples de bonne administration, suscitant même l'émission d'une série de pièces de monnaie célébrant le quinquennium Neronis.
Les affaires de l'empire étaient traitées avec efficacité, et le Sénat bénéficiait d'une période d'influence renouvelée dans les affaires de l'État. Les problèmes devaient pourtant bientôt surgir de la vie personnelle de Néron et de la rivalité croissante entre Agrippine et les deux conseillers. Tout le monde savait que Néron était déçu de son mariage et trompait Octavie. Il prit pour maîtresse Claudia Acte, une ancienne esclave, en 55. Agrippine tenta d'intervenir en faveur d'Octavie et exigea de son fils le renvoi d'Acte. Burrus et Sénèque, pour leur part, choisirent de soutenir leur protégé.
Néron résista à l'intervention de sa mère dans ses affaires personnelles. Le fils légitime de Claude, Britannicus, était âgé de treize ans, il était toujours légalement mineur et sous la responsabilité de Néron, mais il approchait de l'âge de la majorité et demeurait légalement aussi légitime que Néron pour succéder à Claude. Il restait ainsi pour Néron une menace permanente. Mais le jeune homme mourut brutalement aux alentours du , peu avant ou après qu'il puisse prendre la toge virile. Les sources antiques accusent Néron d'empoisonnement : Suétone, à l'instar de Tacite, accuse Néron d'avoir eu recours aux services de l'empoisonneuse Locuste. Cependant, les symptômes tels qu'ils sont décrits incitent une partie de la recherche contemporaine à pencher plutôt pour une crise d'épilepsie ; cette maladie, dont il est attesté que le jeune homme souffrait, a pu provoquer une rupture d'anévrisme.
Néron se révoltait de plus en plus contre l'emprise d'Agrippine et commençait à envisager le meurtre de sa propre mère. Il justifiait ses intentions en clamant qu'elle complotait contre lui. Le pouvoir d'Agrippine déclinait rapidement, tandis que Burrus et Sénèque devenaient les deux hommes les plus influents de Rome.
Une série de scandales
Alors que ses conseillers s'occupaient des affaires de l'État, Néron s'entourait d'un cercle de favoris. Les historiens romains rapportent des nuits de débauche et de violence, alors que les affaires politiques étaient négligées. Marcus Salvius Otho était au nombre de ces nouveaux favoris. À tous points de vue, Othon était aussi débauché que Néron dont il devint aussi intime qu'un frère. Suétone rapporte que certains auteurs — qu'il ne nomme pas — considèrent même qu'ils ont été amants. Othon aurait présenté à Néron une femme qui aurait d'abord épousé le favori, puis l'empereur : Poppée (Poppaea Sabina), décrite comme une femme de grande beauté, pleine de charme et d'intelligence. On peut trouver dans de nombreuses sourcesles rumeurs d'un triangle amoureux entre Néron, Othon et Poppée.
En 58, Poppée avait assuré sa position de favorite de Néron. L'année suivante (59) fut un tournant dans le règne de Néron. Néron et/ou Poppée auraient organisé le meurtre d'Agrippine. Sénèque eut beau tenter de convaincre le Sénat qu'elle mettait sur pied une conspiration contre son fils, la réputation de l'empereur fut irrémédiablement entachée par ce cas de matricide. Othon fut bientôt chassé de l'entourage impérial et envoyé en Lusitanie comme gouverneur.
Le tournant suivant fut l'année 62, pour plusieurs raisons.
La première fut un changement parmi ses conseillers. Burrus mourut et Sénèque demanda à Néron la permission de se retirer des affaires publiques. Leur remplaçant aux postes de préfet du prétoire et de conseiller fut Tigellin. Il avait été banni en 39 par Caligula, accusé d'adultère avec à la fois Agrippine et Livilla. Il avait été rappelé d'exil par Claude, puis avait réussi à devenir un proche de Néron (et peut-être son amant). Avec Poppée, il aurait eu une plus grande influence que Sénèque n'en eut jamais sur l'empereur. Une théorie suggère que Poppée tenta, pendant ces quatre ans (58-62), d'éloigner Néron de ses conseillers et de ses amis ; si cela est vrai, ce qui est arrivé à Burrus et Sénèque pourrait ne pas être le fruit du hasard. Le deuxième événement important de l'année fut le divorce de l'empereur. Néron, âgé alors de 25 ans, avait régné huit ans et n'avait pas encore d'héritier. Quand Poppée tomba enceinte, Néron décida d'épouser sa maîtresse, mais son mariage avec Octavie fut d'abord annulé. Il commença par l'accuser d'adultère. Mais il avait la réputation d'être infidèle, alors qu'Octavie était connue pour être un parangon de vertu. Il fallait des témoignages contre elle ; toutefois, en torturant ses esclaves on ne parvint qu'à obtenir la célèbre déclaration de l'une d'elles, Pythias, selon laquelle la vulve d'Octavie était plus propre que la bouche de Tigellin. Néron obtint le divorce pour cause d'infertilité, ce qui lui permettait d'épouser Poppée et d'attendre qu'elle donne naissance à un héritier. Néron ordonna ensuite l'exécution d'Octavie. On lui ouvrit les veines le . Sa mort provoqua des émeutes publiques à Rome.
Un des effets rapides de la nomination de Tigellin fut la promulgation d'une série de lois contre les trahisons ; de nombreuses peines capitales furent exécutées.
Au cours de cette année, Néron fit exécuter deux des membres restants de sa famille :
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Gaius Rubellius Plautus. Sa mère Claudia Julia était la petite-fille de Tibère et de Vipsania Agrippina. C'était aussi la petite-fille de Drusus et d'Antonia la Jeune ;
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Faustus Cornelius Sulla Felix. Il était le petit-fils de Lucius Domitius Ahenobarbus et d'Antonia l'Aînée. Il était aussi le demi-frère maternel de Messaline. Il avait épousé Claudia Antonia, la fille unique de Claude et Aelia Paetina.
Représentation du grand incendie de Rome, avec au premier plan Néron et en arrière-plan les ruines de la ville en flammes, d'après un tableau de Karl Theodor von Piloty (vers 1861).
Le grand incendie de Rome
Début 63, Poppée donna naissance à une fille : Claudia Augusta. Néron célébra l'événement, mais l'enfant mourut quatre mois plus tard. Néron n'avait toujours pas d'héritier.
Le éclata le grand incendie de Rome. Le feu se déclencha dans les boutiques des environs du Cirque Maxime. Néron, qui était alors en vacances dans sa ville natale, Antium, dut revenir en toute hâte. L'incendie fit rage durant six jours. Une rumeur circula, selon laquelle Néron aurait joué de la lyre et chanté au sommet du Quirinal pendant que la ville brûlait.
Les mêmes récits décrivent un empereur ouvrant ses palais pour offrir un toit aux sans-abris et organisant des distributions de nourriture pour éviter la famine parmi les survivants. Mais Néron perdit toute chance de redorer sa réputation en rendant trop vite publics ses projets de reconstruction de Rome dans un style monumental.
La population désorientée cherchait des boucs émissaires, et bientôt des rumeurs tinrent Néron pour responsable. Selon Suétone, on lui prêtait l'intention d'immortaliser son nom en renommant Rome Neropolis. Il était important pour Néron d'offrir un autre objet à cette suspicion. Il choisit pour cible une secte juive, celle des chrétiens. Il ordonna que les chrétiens soient jetés aux lions dans les arènes alors que d'autres étaient crucifiés en grand nombre et brûlés vifs comme des torches.
Tacite nous fait le récit de cet épisode :
« La prudence humaine avait ordonné tout ce qui dépend de ses conseils : on songea bientôt à fléchir les dieux, et l'on ouvrit les Livres Sibyllins. D'après ce qu'on y lut, des prières furent adressées à Vulcain, à Cérès et à Proserpine : des dames romaines implorèrent Junon, premièrement au Capitole, puis au bord de la mer la plus voisine, où l'on puisa de l'eau pour faire des aspersions sur les murs du temple et la statue de la déesse ; enfin les femmes présentement mariées célébrèrent des sellisternes et des veillées religieuses. Mais aucun moyen humain, ni largesses impériales, ni cérémonies expiatoires ne faisaient taire le cri public qui accusait Néron d'avoir ordonné l'incendie. Pour apaiser ces rumeurs, il offrit d'autres coupables, et fit souffrir les tortures les plus raffinées à une classe d'hommes détestés pour leurs abominations et que le vulgaire appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Pontius Pilatus. Réprimée un instant, cette exécrable superstition se répandait de nouveau, non seulement dans la Judée, où elle avait sa source, mais dans Rome même, où tout ce que le monde enferme d'infamies et d'horreurs afflue et trouve des partisans. On saisit d'abord ceux qui avouaient leur secte ; et, sur leurs révélations, une infinité d'autres, qui furent bien moins convaincus d'incendie que de haine pour le genre humain. On fit de leurs supplices un divertissement : les uns, couverts de peaux de bêtes, périssaient dévorés par des chiens ; d'autres mouraient sur des croix, ou bien ils étaient enduits de matières inflammables, et, quand le jour cessait de luire, on les brûlait en place de flambeaux. Néron prêtait ses jardins pour ce spectacle, et donnait en même temps des jeux au Cirque, où tantôt il se mêlait au peuple en habit de cocher, et tantôt conduisait un char. Aussi, quoique ces hommes fussent coupables et eussent mérité les dernières rigueurs, les cœurs s'ouvraient à la compassion, en pensant que ce n'était pas au bien public, mais à la cruauté d'un seul, qu'ils étaient immolés. »
Des historiens récents ont fait remarquer qu'à l'époque de l'incendie de Rome, la distinction entre les chrétiens et les juifs, à Rome, n'était pas si nette, et qu'il est probable que Néron ait fait exécuter les chrétiens non pas en les accusant de l'incendie comme tel, mais pour les punir de leur prosélytisme. En effet, comme les chrétiens de cette époque surveillaient encore les signes de la fin des temps, il est très probable qu'ils se soient servis de l'incendie de Rome pour recruter, ce qui était contraire au droit romain.
Aujourd'hui encore, on ignore la cause de cet incendie. Bien que les anciennes sources — et les lettrés — attribuent la responsabilité de l'incendie à Néron, les études récentes tendent à l'innocenter. L'immense Domus aurea, qui couvrait une partie de Rome intra muros, fut bâtie par Néron à la suite de cette destruction.
Néron, l'artiste et le veuf
En 65, Néron fut impliqué dans un autre scandale, pris plus au sérieux par le peuple de cette époque qu'il ne le serait de nos jours : il était considéré comme dégradant pour un empereur romain d'apparaître comme un amuseur public, jouant la comédie, chantant et jouant de la lyre.
Détesté par de nombreux citoyens, et ayant une liste d'ennemis politiques qui s'allongeait, Néron commençait à mesurer sa solitude quand, en 65, il découvre la conjuration de Pison (du nom de Gaius Calpurnius Piso, qui tenta de prendre sa place) et l'implication d'anciens amis comme Sénèque dans le complot. Les conspirateurs sont condamnés. Parmi eux, plusieurs anciens amis du pouvoir néronien. Ainsi Sénèque, Pétrone et Lucain durent se suicider. De plus, Néron ordonne que Cnaeus Domitius Corbulo, général populaire et valeureux, se suicide en raison de vagues soupçons de trahison. Cette décision pousse les commandeurs militaires, à Rome et dans les provinces, à envisager l'organisation d'une révolution.
En 65, Poppée meurt alors qu'elle est enceinte, d'un coup de pied porté au ventre par Néron, si l'on en croit Tacite et Suétone, et ce malgré la passion qu'il semblait lui vouer. Néron tente d'abord de se remarier avec Claudia Antonia, fille de Claude et d'Aelia Paetina (sa demi-sœur par adoption). Comme celle-ci refuse, Néron la fait tuer sous prétexte qu'elle aurait fomenté un complot. Elle était sa dernière proche parente. Néron se tourna alors vers son ancienne maîtresse, Statilia Messalina, qu'il épouse en . Dès le mois de septembre, Néron quitte sa jeune épouse pour un voyage de plus d'un an en Grèce. Il y séjourne en 66, où il distrait ses hôtes par des spectacles artistiques (les écrits de Suétone rapportent que l'empereur empêchait quiconque de sortir de l'amphithéâtre lorsqu'il déclamait ses propres textes, et que certains spectateurs durent se faire passer pour morts pour s'échapper tant ils étaient las d'écouter et d'applaudir), alors qu'à Rome, le préfet du prétoire Nymphidius Sabinus cherche à obtenir le soutien des gardes prétoriens et des sénateurs.
Suicide
De retour à Rome après sa tournée, Néron trouve une atmosphère glaciale ; Vindex, gouverneur de la Gaule lyonnaise, se révolte. En réaction, Néron ordonne l'élimination de tout suspect. Galba, autrefois fidèle serviteur, gouverneur d'Hispanie (Espagne), est l'un de ces nobles dangereux. Il ordonne donc son exécution. Galba, qui n'a pas le choix, jure fidélité au Sénat et au Peuple de Rome en ne reconnaissant plus le pouvoir de Néron.
Lucius Clodius Macer, légat de la légion III Augusta en Afrique, se révolte à son tour et cesse d'envoyer du blé à Rome. Nymphidius Sabinus corrompt la garde impériale, qui se retourne contre Néron sur la promesse d'une récompense financière de Galba.
Le Sénat démet Néron. Apprenant que les sénateurs vont lui imposer le supplice des parricides (le culleus : recouvert d'une cagoule, cousu dans un sac de cuir dans lequel étaient introduits des animaux — coq, chien et serpent —, le supplicié est jeté dans le Tibre), il est contraint au suicide ; abandonné de tous, il se réfugie dans la maison de campagne de Phaon, son fidèle affranchi. Selon Suétone, peu avant de mourir il répète : « Quel grand artiste périt avec moi ! » (« Qualis artifex pereo ») et cite un vers de l'Iliade(« Le galop des coursiers résonne à mes oreilles »), en entendant les cavaliers venus se saisir de lui, avant de se poignarder à la gorge le , aidé de son secrétaire Épaphrodite. Églogue et Alexandrie, ses nourrices, ainsi qu’Akté, sa concubine, réunissent 200 000 sesterces pour réaliser son incinération et ensevelir ses cendres dans un mausolée sur le Pincio, qui se trouve aujourd'hui dans la villa Borghèse. Le peintre russe Vassili Smirnov a réalisé un tableau fort sobre et de grande dimension intitulé La Mort de Néron qui se trouve aujourd'hui au Musée russe à Saint-Pétersbourg. Les personnages représentés sont, outre Néron déjà mort, Acté et les deux nourrices Eglogé et Alexandria.
Avec sa mort, la dynastie julio-claudienne prend fin. Le Sénat vote sa damnatio memoriae, maudissant sa mémoire. Plusieurs guerres civiles s'ensuivent lors de l'année 69, année des quatre empereurs.
En 68, un imposteur essaie de se faire passer pour lui à Kythnos. Amateur de chanson et de lyre, il tente de lever une armée mais est finalement tué. En 80 apparaît un second Néron, soutenu par le roi parthe Artaban III puis un troisième en 88, également en Orient, que Rome réussit avec difficulté à se faire livrer. Bien plus tard, Augustin écrivit au sujet de la survie de Néron. Dans un autre sens, des polémistes juifs et chrétiens reconnurent comme un Néron de retour tout empereur persécuteur de leur culte, les assimilant pour les seconds plus spécifiquement à l'Antéchrist.
GERMANICUS :
Caius Julius Caesar, dit Germanicus (né à Rome le 24 mai 15 av. J.-C., mort près d'Antioche le ), est un général romain, membre de la famille impériale julio-claudienne. Très populaire, héritier présomptif de Tibère, il meurt avant ce dernier.
Il est le fils de Drusus et d'Antonia Minor, et le frère aîné du futur empereur Claude. Par Antonia Minor, il est le petit-fils de Marc Antoine et d'Octavie, la sœur d'Auguste. Après la mort de son père et sur ordre d'Auguste, il est adopté en 4 apr. J.-C. par son oncle Tibère, qui a déjà un fils nommé Drusus.
En 5 apr. J.-C., il épouse Agrippine l'Aînée. Sur les neuf enfants de ce mariage, six survivent : Néron Caesar, Drusus Julius Caesar, Caius Caesar dit Caligula, Julia Agrippina — qui sera la mère de Néron —, Drusilla et Julia Livilla.
En 10 av. J.-C., Drusus reçoit le surnom « Germanicus » pour ses victoires contre les Germains. À sa mort, l'année suivante, le surnom passe à son fils Caius. Lorsqu'il est adopté par Tibère, Caius prend pour nom Germanicus Iulius Caesar, et est alors généralement désigné sous le nom Germanicus.