26 juillet 2022
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En 1850 ce sont 3 millions de boîtes de sardines produites en France, en 1900 la production passe à 10 millions. Il fut un temps où la boîte de sardines était un produit de luxe réservé aux classes aisées.
L'histoire de l'usine de conserverie Béziers en Camaret-sur-Mer démolie en 2006 pour être remplacée par un immeuble, est représentative de l'évolution des «friteries» de sardines qui furent l'apanage économique de Camaret-sur-Mer avant que la pêche de la langouste ne la supplante.
Une première usine est installée en 1878 au nom des propriétaires associés Garrec et Bouin. Malheureusement, une marmite d'huile prend feu en 1879 ce qui a pour conséquence sinon d'interrompre l'activité du moins de l'entraver jusqu'à la revente de 1888 à l'investisseur fortuné René Béziers négociant à Douarnenez. Cet homme dispose de plusieurs conserveries dans les ports de la région et n'aura de cesse de faire prospérer ses affaires jusqu'à installer une usine au Maroc comme toutes les grandes marques de sardines à l'huile de cette génération. La réduction des coûts et la recherche constante de profits toujours supérieurs « obligent » les financiers à délocaliser et vendre des boîtes de sardines prétendument françaises alors que ce n'est plus le cas.
Une autre stratégie de vente est aussi développée chez Béziers : la production de deux gammes de boîtes à sardines. Les sardines « parfaites » sont mise en boîte sous la marque « Yacht-Club ». Les hôtels de luxe en sont pourvus. La seconde gamme est constituée de sardines égratignées, mal taillées... Des sous-marques destinées au grand public diffusent le produit de qualité inférieure. Les contrefaçons de marque sont fréquentes alors, la concurrence est féroce et déloyale. Il sera décidé une régularisation du marché mais tardivement.
A ce compte là, les propriétaires des conserveries de Camaret et d'ailleurs qui n'avaient pas les moyens de cette démarche à l'étranger se sont vus conduits à la faillite les uns après les autres. Les pêcheurs de Camaret se sont retrouvés au bord du gouffre. Seuls ceux qui avaient un peu épargné se sont reconvertis dans la langouste, le nouveau produit à la mode.
Dès 1920, l'usine Béziers n'est active qu'en été jusqu'à la fermeture de 1955 environ. Cette longévité est due au fait que le fondateur et ses héritiers successifs ont obtenu des marchés substantiels tel que le marché des boîtes de sardines à l'huile pour l'armée en 1914. Les retombées financières sont colossales et permettent d'encaisser la dégradation du marché dont l'une des causes est la popularisation des sardines à l'huile. La banalisation fait baisser les prix jusqu'à ce que les profits s'évaporent.
L'usine est ensuite transformée en cave à vins au nom de Lastennet. En 2004, un magasin de souvenirs prend place durant un an avant que tout ne s'éteigne définitivement.
L'édifice comportait le logement du gérant, un vestiaire pour les ouvriers. Différents stockages dont les boîtes vides de sardines et les huiles.
Derrière des bâtiments à toits plats permettaient le séchage des sardines sur ceux-ci. Les salles de plain-pied étaient affectées à la préparation des sardines. Une dernière pièce composée à l'intérieur de liège compressé servait de chambre froide. Ces extensions furent une forge puis une salle de dessin du chantier naval Albert Péron après la fin de l'usine. Une menuiserie s'y installa ensuite.
Benjamin Rabier (1864-1939) est un illustrateur et dessinateur de bandes-dessinées Vendéen qui est à l'origine de publicités connues en faveur des marques telles que Dubonnet, le sel La Baleine, La Vache qui rit et les conserves Béziers entre autres... Tout au long de l'existence de la marque des sardines à l'huile le graphisme n'a pas changé, seul le slogan a évolué.
Douarnenez, qui dit Douarnenez pense sardines, du moins pour moi!, comme à Collioure on pense anchois, même si aujourd'hui, il n'y a plus un seul anchois en méditerranée.
Quelques anciennes cartes postales nous font connaître le dur travail des "Penn sardin".
Penn Sardin (« tête de sardine ») est le nom donné à la population de Douarnenez depuis au moins le XVIIIe siècle. Par extension il deviendra également celui de la coiffe des femmes de ce port de pêche dont l'importance au XIXe et au début du XXe siècle se fera grâce au petit poisson bleu.
Au début du XXe siècle, cette coiffe enserre une partie de la chevelure qui orne le front et, dans la plupart des communes, également la nuque. Elle est posée sur des bonnets qui permettent de coiffer la chevelure. Deux au minimum, et parfois trois, avec toujours un blanc au contact de la tête et un noir sous la coiffe pour mettre en valeur les broderies blanches. Cependant dans la presqu'île de Crozon, c'est un simple ruban sombre qui permet de préparer la chevelure, sauf pour les femmes âgées.
Le remplacement de l'outil industriel de la presse à sardine par la conserve au milieu du XIXe siècle, va demander l'emploi d'une main d'œuvre importante, multipliant la population portuaire. Les filles des nouvelles familles venues de la campagne et notamment du cap Sizun porteront la coiffe et le costume traditionnel des ports de pêches de Douarnenez puis d'Audierne. Cette coiffe est également présente dans les communes environnantes, associée tantôt avec le costume du milieu maritime, tantôt avec celui du milieu rural (Ploaré, Tréboul, Pouldavid sur mer, Le Juc'h, Poullan-sur-Mer Esquibien, Plouhinec.) Cette coiffe est également portée mais de manières différentes dans d'autres secteurs:
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dans les cinq communes occidentales de la presqu'île de Crozon ;
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Pont Croix et la partie Est de Beuzec Cap Sizun ;
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dans les ports de Sainte-Marine et de l'Île-Tudy (en pays Bigouden) et de Concarneau (en pays Giz Fouen).