15 novembre 2022
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La toute récente série télévisée sur Diane de Poitiers m'a poussé à rechercher dans nôtre généalogie afin de voir si nous ne trouvions pas de nouveaux cousins... Il parait, et c'est vrai !, en généalogie, nous sommes tous cousins.
Bingo :
Dans la généalogie de Diane de Poitiers, c'est par Catherine de L'Isle Bouchard que nous allons faire la jonction avec notre propre généalogie par les couples :
Guy de Bauçay X Emma de Blou
et
Jean de Bueil et Agnès de Montbazon.
Diane de Poitiers au bain
Alexandre-Évariste Fragonard : Diane de Poitiers dans l'atelier de Jean Goujon (musée du Louvre)
Diane de Poitiers (3 septembre 1499 ou 9 janvier 1500 en Dauphiné - 26 avril 1566 à Anet), comtesse de Saint-Vallier, duchesse de Valentinois, demeure pendant plus de vingt ans la favorite de Henri II, roi de France. Les sources la concernant sont infimes et lacunaires, si bien qu'on ignore quasiment tout d'elle, notamment pour des années entières. La postérité a forgé d'elle une image de femme de caractère, avide de pouvoir et d'honneurs, et grande mécène : dans les faits, rien de tout cela n'est prouvé.
Diane est la fille de Jean de Poitiers, vicomte d'Estoile, seigneur de Saint-Vallier, et de Jeanne de Batarnay. Ses parents appartiennent au premier cercle des intimes du pouvoir royal. Son grand-père Aymar de Poitiers avait épousé en premières noces Marie, la fille naturelle du roi Louis XI, et son grand-père maternel Imbert de Batarnay avait été un ami intime de ce même roi.
Contrairement à ce qui a longtemps été dit, la famille de Poitiers est d'origine dauphinoise et n'a aucun lien de parenté avec les comtes de Poitou. Diane est née dans le Dauphiné où son père possède ses fiefs. Son lieu de naissance reste incertain ; elle serait née à Saint-Vallier-sur-Rhône ou à Étoile, le 3 septembre 1499 ou le 9 janvier 1500.
Elle hérite de la baronnie de Sérignan-du-Comtat de son père Jean de Poitiers. Il reste dans cette commune un château qui porte son nom.
Par l'entremise d'Anne de Beaujeu, le , elle épouse à l'âge de quinze ans, en l'hôtel de Bourbon à Paris, Louis de Brézé, petit-fils de Charles VII et d'Agnès Sorel, comte de Maulévrier, grand sénéchal de Normandie et Grand veneur de France. Il est son aîné de près de quarante ans. De ce mariage naissent deux filles :
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Françoise de Brézé (janvier 1518-1574), comtesse de Maulévrier, baronne de Mauny et de Sérignan ; mariée le en la chapelle du Louvre à Paris à Robert IV de La Marck, duc de Bouillon, mort empoisonné en 1558.
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Louise de Brézé (1521-janvier 1577), mariée le à Claude de Lorraine, marquis de Mayenne, devenu en 1550 duc d'Aumale. Il est le frère du duc de Guise et de Marie de Guise, reine d'Écosse.
En 1524, Jean de Poitiers est accusé de complicité dans la trahison du Connétable de Bourbon, gendre d’Anne de Beaujeu. Devenu le principal bouc émissaire de l’affaire, c’est in extremis, sur l’échafaud, qu’il apprend sa grâce, accordée par le roi en reconnaissance des bons et loyaux services de Louis de Brézé qui l’avait d’ailleurs alerté sur le complot. Jean de Poitiers finit ses jours enfermé (avec un certain confort) dans la forteresse de Loches.
Diane est appointée dame d’honneur de la reine Claude,
(Claude de France (Romorantin, - Blois, ), duchesse de Bretagne (1514), devint reine de France en 1515 en épousant François Ier, roi de France.
Elle est la fille du roi Louis XII et d'Anne de Bretagne. Elle meurt à 24 ans après avoir mis au monde sept enfants, Elle est la seule a avoir été à la fois fille, épouse et mère de rois de France),
puis de la mère du roi, Louise de Savoie, et enfin de la reine Éléonore. Aucune preuve ne permet de penser qu’elle ait été la maîtresse de François Ier, malgré les rumeurs répandues par ses détracteurs parfois reprises dans certaines biographies.
Louis de Brézé meurt le à Anet et Diane adopte définitivement pour sa tenue les couleurs d'une veuve, dont Henri II s’inspire plus tard pour sa livrée ordinaire (noir et blanc rayée d’or). Son sens aigu des intérêts financiers se manifeste dès ce moment. Elle obtient de se faire verser les gages que son mari recevait au titre de gouverneur de Normandie et de grand sénéchal, prenant elle-même le titre de « sénéchale de Normandie ». Elle obtient d’administrer les biens de ses filles et d’en percevoir les revenus. « Férue en procédure et entourée d'hommes de loi », elle va jusqu’au procès pour tenter de conserver les terres que son mari détenait en apanage. François Ier l’aide à tergiverser grâce à des lettres patentes statuant qu’elle peut conserver les revenus et profits de ces terres jusqu'à ce que la propriété en soit établie. Diane saura toute sa vie faire prospérer sa fortune.
À la suite de la défaite de Pavie (1525), le dauphin François et son cadet Henri, duc d'Orléans (et futur Henri II), âgés respectivement de 8 et 7 ans, sont remis en otage à Charles Quint en échange de leur père.
Du fait de la reprise de la guerre, les deux princes sont bientôt soumis à une détention sévère et passent presque quatre années (1526-1530) très isolés, dans l’incertitude quant à leur avenir. D'après Didier Le Fur, Henri II n'a jamais lu Amadis de Gaule lors de sa captivité, le livre n'étant pas encore traduit et lui-même ne parlant pas espagnol. Il n'a donc pas pu fantasmer une relation courtoise avec Diane de Poitiers.
Henri d'Orléans épouse Catherine de Médicis en 1533. Diane avait appuyé le choix de l’arrière-petite-fille de Laurent le Magnifique, considérée comme une « fille de marchands » par les opposants à l’union. Catherine et Diane sont en effet cousines : le grand-père maternel de Catherine (fille de Madeleine de la Tour d'Auvergne) est le frère de la grand-mère paternelle de Diane.
On estime que ce serait vers 1536, que Diane, 36 ans, serait devenue la maîtresse de Henri, 17 ans.
Diane chasseresse, tableau d'un artiste de la première école de Fontainebleau, dont le modèle est réputé être Diane de Poitiers, entre 1550 et 1560, 192 × 133 cm, Paris, musée du Louvre
L'avènement de Henri II au trône marque le triomphe de Diane de Poitiers. De toutes les femmes de l'entourage du roi, Diane s'avère la plus avantagée dans la redistribution des faveurs royales.
Après plusieurs années d'humiliation, l'heure vient pour elle de prendre sa revanche sur sa rivale, l'ancienne favorite de François Ier, Anne de Pisseleu, chassée sans ménagement de la cour. Diane occupe aussitôt sa place. Le roi lui fait cadeau des biens qu'Anne de Pisseleu avait obtenus de François Ier : les bijoux de la couronne, un hôtel parisien et enfin, beaucoup plus tard : le duché d’Étampes (1553) et le relais de chasse des Clayes (1556), où elle aurait planté l'arbre de Diane. Diane reçoit également divers cadeaux en terres, dont la propriété royale de Chenonceau (1547) et divers cadeaux en argent, dont le produit de l'impôt sur les charges, qui lui procure une somme extraordinaire de 100 000 écus (1553). Elle se voit enfin confirmée dans la propriété de ses terres de Nogent, d'Anet et de Bréval.
Pour asseoir sa position à la cour, elle est titrée, en 1548, duchesse de Valentinois (les duchesses bénéficient du privilège d'une place assise dans la chambre de la reine). Sa fille Françoise, duchesse de Bouillon est nommée dame d'honneur de la reine et prend à ce titre les commandes de la maison de Catherine de Médicis. Lors du sacre de la reine en 1549, c'est Françoise qui préside la cérémonie. Diane participe elle-même au cortège des grandes dames, princesses et duchesses qui escortent et assistent la reine durant le sacre.
Sa faveur apparaît également dans la proximité de ses appartements avec ceux du roi. Au château de Saint-Germain-en-Laye, ses appartements sont situés juste en dessous de ceux de la reine ; ils comportent une salle et une chapelle, privilège ordinairement réservé aux princesses de la famille royale.
Faute de sources, il a toujours été difficile pour les historiens de définir la nature des relations que le roi entretient avec Diane. Contrairement à son père, Henri se montre très secret dans ses relations intimes. Un ambassadeur vénitien le décrit ainsi :
« Il est d'une certaine tempérance, car pour les plaisirs charnels, si nous le comparons au roi son père ou à quelques rois défunts, on le peut dire très chaste, et il a cela de plus qu'il fait des affaires de façon que personne ne puisse trop parler... »
De fait, Henri II réalise peu d'incartades notoires. Les mieux connues sont celles avec Jane Fleming, gouvernante de Marie Stuart, et avec Nicole de Savigny, toutes d'assez courte durée. De caractère discret et prudent, Henri cherche à éviter le scandale et à ménager l’amour-propre de son épouse. Si l’une de ses maîtresses vient à vouloir tirer parti de sa liaison avec lui et à s'en vanter, il s’en défait.
Officiellement, rien ne transparaît des relations entre Diane et le roi. Un autre ambassadeur vénitien écrit « qu’en public, il ne s’est jamais vu aucun acte déshonnête ». Le roi a pourtant pris pour emblème le croissant, symbole de Diane, la déesse latine de la chasse. Il le fait afficher sur ses portraits, ses bâtiments, dans la pierre, en vitrail, sur les carreaux de céramique pour le revêtement du sol, sur les reliures de ses livres précieux et aussi sur les livrées de ses gardes au palais.
Sur la nature de ses relations avec Diane, les contemporains demeurent partagés. Pour certains, la liaison s'avère simplement platonique. Pour d’autres, Diane a été effectivement la maîtresse du roi, mais avec le temps et l'âge, le roi s'en serait lassé, ce qui expliquerait ses incartades avec Jane Fleming et Nicole de Savigny. Diane serait alors redevenue la confidente et l’amie des débuts.
De façon certaine, Diane constitue la « dame » d'Henri dans le sens des romans de chevalerie. À la cour de France, c'est la coutume qu'un jeune homme fasse le service à une dame avec l'accord de son mari ; en retour, celle-ci doit l'édifier dans ses mœurs, lui apprendre la galanterie et l'obliger à ses devoirs. C'est le rôle attribué à Diane par le roi François Ier lui-même, conformément à la tradition qui veut que ce soit un parent qui choisisse la maîtresse. Une lettre datée de 1552, montre qu'à trente ans passés, Henri est toujours dans ce rôle de chevalier servant et moins dans celui d'un amant :
« Cependant, je vous supplie d'avoir souvenir de celui que n'a jamais connu qu'un Dieu et une amie, et je vous assure que vous n'aurez point de honte de m'avoir donné le nom de serviteur, lequel je vous supplie de conserver pour jamais... »
La reine Catherine de Médicis est tout à fait consciente de la nature de la relation entre le roi et Diane de Poitiers. Pendant vingt ans, Catherine dissimule sa rancœur, acceptant la présence de sa rivale comme dame de compagnie, par amour pour son mari, mais aussi dans la crainte de lui déplaire. Quand le roi s’éloigne à la guerre, elle souffre de ne pas recevoir assez de nouvelles de lui alors que Diane en reçoit tous les jours.
Diane s’efforce de garder de bons rapports avec la reine . En tant que dame de compagnie de la reine, son rôle consiste à la servir dans la vie quotidienne et être présente à ses côtés. Diane lui sert de garde-malade et l'assiste dans tous ses accouchements.
Elle se rend utile auprès d'elle en servant d'intermédiaire avec le gouverneur des enfants royaux, Jean d'Humières, l'un de ses parents. Par correspondance, elle veille à la santé des enfants, se préoccupe de leur nourriture, du choix de la nourrice et du lieu de leur repos. C'est pour ces services et les conseils matrimoniaux prodigués autrefois qu'officiellement le roi gratifie Diane de tant de dons. Un ambassadeur prétend que la reine lui veut du bien parce qu'elle est la cause que le roi couche avec elle plus souvent qu'il ne ferait; en douze ans, elle met ainsi au monde dix enfants.
De nombreux commentaires ont été faits sur l’ambiguïté du monogramme du roi, composé de la double initiale de sa femme (C) et de sa propre initiale (H). Les deux C entrelacés dos à dos avec le H peuvent aussi bien s’interpréter comme deux D, initiale de Diane de Poitiers. Après la mort du roi, Catherine de Médicis reprend ce monogramme mais en faisant que les extrémités des C dépassent des deux grandes barres du H, pour bien marquer qu'il s'agit de son initiale. C'est le cas des monogrammes du cabinet de Catherine à Blois ou ceux de la colonne de l'hôtel de la reine à Paris.
Par son ascendant sur le roi, Diane de Poitiers a-t-elle joué un rôle politique dans le gouvernement du royaume ? Les ambassadeurs étrangers semblent s’accorder sur l’emploi du temps de la journée d'Henri II, au début de son règne : après chacun de ses repas, le roi rendrait visite à sa favorite pour s’entretenir avec elle et lui rendre compte des affaires débattues le matin au conseil. Si le fait est plausible, rien ne permet aux historiens de savoir si Diane donne son avis et si elle influence la politique royale.
Selon l'historiographie traditionnelle, elle aurait poussé le roi à réprimer les protestants, mais là encore, aucune source ne permet de le confirmer. Catholique convaincue, Diane fait partie des personnalités de l’entourage royal hostiles au protestantisme. Mais si elle demeure vilipendée par la propagande protestante, elle se voit d'abord attaquée sur le plan moral. Diane est accusée d’avoir entretenu Henri dans le vice, c’est-à-dire d’avoir entretenu avec lui une relation adultère. La mort violente du roi ne serait que le juste châtiment de Dieu irrité de sa paillardise.
L'influence de Diane sur la politique royale s'avère en revanche plus saisissable dans la distribution des charges de la cour. Ses protégés accèdent à des postes importants, comme André Blondel, nommé trésorier de l’Épargne, et Jean de Bertrand, nommé garde des sceaux. Son gendre, Robert de La Marck, est élevé au rang de maréchal de France et devient duc de Bouillon.
À l'avènement du roi, Diane partage la faveur royale avec plusieurs favoris, le principal étant Anne de Montmorency, connétable de France. Il demeure le seul à pouvoir s'opposer à l'influence de la favorite. Les contemporains jugent sa faveur égale à celle de Diane.
Pour lui faire contre-pièce, Diane favorise l’ascension de la famille des Guise. François d'Aumale (duc de Guise à la mort de son père en 1550) et son frère le cardinal Charles de Lorraine font partie de ses protégés. Son alliance avec cette famille s'est soudée par le mariage de sa fille Louise avec Claude, marquis de Mayenne, leur frère cadet. Ils sont les oncles de la petite Marie Stuart, reine d’Écosse, âgée de cinq ans en 1550.
De son côté, Anne de Montmorency aurait tenté d'écarter Diane en encourageant la liaison du roi avec Jane Fleming, la gouvernante de Marie Stuart. Absente momentanément de la cour pour soigner une fracture causée par une chute de cheval, Diane est avertie par les Guise que le roi s'entretient régulièrement avec lady Fleming et qu'Anne de Montmorency sert souvent d'intermédiaire. Venue constater par elle-même au château de Saint-Germain et ayant surpris le roi et le connétable en flagrant délit de sortir des appartements de l'Écossaise, elle se serait mise en colère, reprochant au connétable de contribuer à l'inconduite du roi et de porter préjudice à la réputation de la reine, à celle de la reine d’Écosse et du coup à celle des Guise.
Diane et Montmorency se réconcilient, mais restent rivaux pendant la plus grande partie du règne. Un changement intervient avec la capture du connétable à la bataille de Saint-Quentin en 1557; face à une maison de Guise de plus en plus puissante, Diane doit se rapprocher du connétable, une fois de retour de captivité en 1558.
Lorsque le roi est mortellement blessé le , Diane s'abstient de rendre visite au blessé, consciente qu'elle n'a pas sa place dans la chambre royale et qu'à juste titre, elle peut en être chassée. Après la mort d'Henri II, survenue le , aucune sanction n'est prise à son encontre par le nouveau roi, hormis l'interdiction de paraître à la cour, pour elle et sa fille, la duchesse de Bouillon. Selon l'usage, elle restitue au roi les bijoux de la couronne assortis d’un inventaire. Comme elle n’est pas admise aux funérailles, c'est depuis la fenêtre de son hôtel qu'elle assiste au passage du convoi funéraire.
Malgré les rancunes du passé, la reine Catherine ne semble montrer aucune volonté de vengeance envers Diane. Elle décide de la laisser profiter des innombrables dons, biens et terres que son mari lui a donnés, bien qu'à la fin de l'année 1559, elle récupère le château de Chenonceau que Diane a accaparé par malversation et l'échange contre celui de Chaumont. Non seulement Diane n'est pas poursuivie en justice, mais cet échange constitue pour elle un important gain financier.
Diane se retire à Anet où elle meurt à l'âge de 66 ans.
Le château d'Anet, par Jacques Rigaud, dessin à la plume, XVIIIe siècle.
Monument funéraire de Diane de Poitiers au château d'Anet.
Le château d'Anet, photo survol de France.
Le portail d'entrée du château d'Anet, au nord de Dreux en Eure et Loir.
Claude de France, première épouse de François 1er.
Éléonore de Habsbourg, par Joos van Cleve.
Éléonore de Habsbourg ou d'Autriche, née le à Louvain (Pays-Bas des Habsbourg), morte le à Talavera la Real (Castille), fut reine de Portugal de 1518 à 1521 et reine de France de 1530 à 1547.
Elle grandit aux Pays-Bas, avec son frère, le futur empereur Charles Quint. Bien qu'infante de Castille, sa culture et sa langue maternelle sont le français. Elle épouse d'abord le roi Manuel Ier de Portugal de trente ans son aîné. Après trois années de mariage et huit années de veuvage, elle est mariée au roi François Ier. Devenue veuve, elle reçoit en douaire le duché de Touraine de 1547 à 1558, elle vit ses dernières années aux Pays-Bas aux côtés de sa sœur Marie. Elle suit enfin son frère en Espagne après son abdication et décède un an plus tard à l'âge de cinquante-neuf ans.
Merci à Wikipédia !.
Voilà pour la généalogie de Diane de Poitiers mais parlons aussi de la généalogie de son mari Louis de Brézé...
Du côté maternel, voir sur la généalogie ci-dessous, le couple Charles de Valois et Jeanne de Bourbon. Ce Charles de Valois a pour parents nôtre couple Jean Le Bon X Bonne de Luxembourg...
Nous pourrons aussi rejoindre nos ancêtres VISCONTI par Taddéa VISCONTI...
Du côté paternel, les branches, de Brézé, du Bec Crespin et de Bueil nous conduirons à nos aïeux :
Guillaume du Bec Crespin X Eve d'Harcourt , Milon de Brézé X Catherine de Maulévrier et Jean de Bueil X Agnès de Montbazon !.
Dans la généalogie de Louis de Brézé, quelques personnages méritent que l'on fasse plus ample connaissance avec chacun d'entre eux comme le père et la mère de Louis de Brézé: Jacques de Brézé et Charlotte de Valois, ainsi que ses grands parents maternels : Charles VII de Valois et Agnès Sorel, sa maîtresse. Ce qui fait de Charlotte de Valois une enfant illégitime...
Portrait (probable[1]) de Louis de Brézé, comte de Maulévrier[2], école de Jean Clouet (1475–1540), XVIe siècle, Musée Condé, Chantilly.
Louis de Brézé (1463-1531), fils aîné de Jacques de Brézé et de Charlotte de Valois. Dernier grand sénéchal de Normandie de 1494 à 1499, comte de Maulévrier, vicomte du Bec-Crespin et de Mauny, il possède de nombreuses seigneuries dont celle d'Anet (avec Bréval et Montchauvet) et de Nogent-le-Roi.
En ligne illégitime, il est le petit-fils de Charles VII et d'Agnès Sorel, sa maîtresse.
Louis de Brézé, né vers le début des années 1460, est doté d'un physique ingrat étant de surcroît bossu.
Louis est le fils de Jacques de Brézé, sénéchal de Normandie, et de Charlotte de Valois, la seconde des trois filles que le roi eut avec Agnès Sorel. Son grand-père paternel est Pierre de Brézé, qui avait bâti un château gothique près des fondations du donjon démantelé d'Anet. Louis en hérite à la mort de son père en 1490.
Après un premier mariage avec Catherine de Dreux, devenu veuf, il épouse, le , Diane de Poitiers, la future maîtresse du roi de France Henri II. De cette union naissent Françoise de Brézé et Louise de Brézé.
Quoique Louis ait été beaucoup plus âgé que Diane, ils ont été loyaux l'un envers l'autre et leur mariage a été heureux jusqu'à sa mort.
Louis a été influent à la cour, nommé sénéchal de Normandie et maître des chasses royales. Son domicile était le siège de la famille, le château d'Anet, à quelques kilomètres au nord de Dreux, qui est situé dans la réserve de la chasse royale de la vallée de l'Eure.
En 1523, Louis découvre un complot contre le roi François Ier, ne sachant pas à ce moment que son beau-père, Jean de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier, en fait partie. Jean de Poitiers est condamné à mort de ce fait, mais gracié par le roi car il n'y avait pas participé directement.
Avant sa mort en 1531, Louis encourage le mariage du prince Henri avec la petite nièce du pape, Catherine de Médicis, également cousine de Diane.
Louis meurt en 1531. Diane fait ériger pour lui un monument funéraire dans la cathédrale de Rouen, c'est l'un des premiers projets du sculpteur de la Renaissance française Jean Goujon. Ce somptueux tombeau, situé dans la chapelle de la Vierge auprès de celui de ses grands-parents Pierre de Brézé et Jeanne du Bec-Crespin, est construit en albâtre et en marbre noir.
Sa veuve Diane de Poitiers, devient la maîtresse du roi Henri II. C'est pour elle que Henri II fait reconstruire le vieux château d'Anet qui devient l'un des premiers châteaux de la Renaissance française, Diane sera honorée du plus grand nombre de titres de la cour.
Tombeau de Louis de Brézé en albâtre et marbre noir, représenté en chevalier et en transi.
Jacques de Brézé est né vers 1440 et mort le à Nogent-le-Roi. Descendant d'une famille angevine, il est grand sénéchal de Normandie, comte de Maulévrier, baron de Mauny et du Bec-Crespin, seigneur de Nogent-le-Roi, la Varenne, Brissac, Anet, Bréval, Montchauvet et du Vivier. Il a laissé une œuvre littéraire autour de la vénerie.
Fils du grand sénéchal Pierre de Brézé et de Jeanne du Bec-Crespin dame de Mauny, Jacques de Brézé épouse en mars 1462 à la demande expresse de Louis XI Charlotte de Valois, fille de Charles VII et d'Agnès Sorel. Ils ont six enfants : Pierre, Louis, Jean, Anne, Catherine et Gaston. Jacques a eu par ailleurs plusieurs enfants naturels qui ont formé la branche du Breuil et de Guignonville des Brézé (commune de Bazainville, dans les Yvelines).
Aussitôt que le roi Louis XI est sacré à Reims le , il lui prête hommage le . Il reçoit par lettres datées d'Orléans, le , le revenu de la seigneurie de Mantes, au lieu de la capitainerie de Rouen, qui lui avait d'abord été attribuée.
Il surprend sa femme, dans la nuit du 31 mai au au château de Rouvres près d'Anet, en flagrant délit d'adultère avec son frère de lait et ami Pierre de Lavergne, et tue les deux amants d'un coup d'épée. S'en prendre ainsi à la demi-sœur du roi aurait pu lui valoir la mort, mais Louis XI a toujours manifesté une vive inimitié à l'égard d'Agnès Sorel et de sa descendance. Finalement condamné par le parlement de Paris à payer une amende de 100 000 livres tournois, il voit sa peine commuée en emprisonnement de 1477 à 1481, avec saisie de ses terres par Louis XI qui les rend immédiatement à son fils aîné Louis de Brézé. Ses enfants sont placés sous tutelle. Après la mort du roi, Jacques de Brézé se pourvoit contre cette condamnation et obtient de Charles VIII ses lettres de rémission en 1486. Il meurt en 1494 et est enterré avec sa femme dans l'abbaye Notre-Dame de Coulombs, détruite sous la Restauration. Leurs dépouilles ont alors été transférées dans l'église du village.
Grand chasseur, il compose, sans doute après 1481, un poème sur la vénerie, en cinquante-cinq strophes de dix octosyllabes, intitulé La Chasse, où il raconte une chasse au cerf. Entre 1483 et 1490, il rédige un poème de cinquante vers en l'honneur de son chien favori, les Dits du bon chien Souillard. Ces deux œuvres sont imprimées à Paris vers 1494 par Pierre Le Caron sous le titre : Le livre de la chasse du grant seneschal de Normandie. Les Ditz du bon chien Souillard qui fut au roy de France, XIe de ce nom. Pendant la régence d’Anne de Beaujeu, il lui dédie un poème, les Louanges de madame Anne de France.
Charlotte de Valois, probablement née en septembre 1446, et morte dans la nuit du 31 mai au dans la ferme de la Couronne à Rouvres (Eure-et-Loir), assassinée par son mari Jacques de Brézé, est la fille naturelle de Charles VII de France et d'Agnès Sorel favorite du roi de France.
Elle épouse, le , Jacques de Brézé (vers 1440-1494). De cette union naît Louis de Brézé qui épouse Diane de Saint-Vallier (dite Diane de Poitiers).
Charlotte de Valois est assassinée par son époux qui la transperce d'un coup d'épée après l'avoir découverte dans les bras de l'un de ses écuyers, Pierre de Lavergne.
Charlotte de France par Jean Clouet.
Charles VII, dit « le Victorieux » ou « le Bien Servi », né à l'hôtel Saint-Pol à Paris le et mort au château de Mehun-sur-Yèvre, résidence royale située à Mehun-sur-Yèvre, entre Bourges et Vierzon, le , est roi de France de 1422 à 1461. Il est le cinquième roi de la branche dite de Valois de la dynastie capétienne.
Charles VII est le fils de Charles VI et d'Isabeau de Bavière. Roi indissociable de l'épopée de Jeanne d'Arc, il réussit, au cours d'un long règne de près de quarante ans, presque aussi long que celui de son père et prédécesseur sur le trône (1380 – 1422), à renverser une situation compromise.
En 1418, le dauphin Charles, comte de Ponthieu, échappe à la capture lors de la prise du pouvoir par les Bourguignons à Paris. Il se réfugie à Bourges où il se proclame lui-même régent du royaume de France, eu égard à l'indisponibilité de son père atteint de folie, resté à Paris et tombé au pouvoir de Jean sans Peur, duc de Bourgogne.
Le traité de Troyes (1420) déshérite le dauphin du royaume de France au profit de la dynastie anglaise des Lancastre, rameau cadet des Plantagenêts. Le dauphin Charles de Ponthieu, seul héritier légitime du trône, réfute ce traité et, après la mort de son père le roi Charles VI, survenue le , se proclame roi de France sous le nom de Charles VII le 30 octobre 1422, en la cathédrale de Bourges.
Contesté par les Bourguignons et par les Anglais, Charles VII devient le souverain d'un royaume en proie à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, compliquée d'une intervention militaire anglaise victorieuse depuis la bataille d'Azincourt (1415). Allié au parti des Armagnacs, replié au sud de la Loire dans son duché de Berry, surnommé par dérision « roi de Bourges », par ses ennemis, le dauphin Charles de Ponthieu, proclamé roi Charles VII de France, voit sa légitimité et sa situation militaire s'arranger nettement grâce à l'intervention de Jeanne d'Arc. Celle-ci participe à la levée du siège d'Orléans et conduit Charles VII à la cérémonie du sacre à Reims.
Le souverain se fait sacrer à Reims le , ce qui renforce sa légitimité. Il poursuit le combat contre les Bourguignons, alliés des Anglais, tout en ratifiant des trêves successives avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, avant de conclure avec lui le traité d'Arras de 1435, qui met fin à la guerre civile engagée depuis l'année 1407 entre Armagnacs et Bourguignons. L'armée royale est réorganisée par la création des compagnies d'ordonnance le . Charles VII peut ainsi se consacrer à la guerre contre les Anglais, achevant à terme de les chasser du royaume par la victoire finale de Castillon, en 1453, qui clôt la guerre de Cent Ans.
Charles VII s'emploie à restaurer l'autorité royale en s'affirmant comme le gardien des droits de l'Église de France par la Pragmatique Sanction de Bourges en 1438, et en brisant la révolte des grands féodaux lors de la Praguerie de 1440. Il tente également de rétablir l'économie grâce à l'aide de son Grand Argentier Jacques Cœur.
Souvent critiqué par la postérité pour avoir censément ralenti la reconquête du royaume, relancée notamment par Jeanne d'Arc, et pour avoir abandonné celle-ci à son sort, le roi cautionne néanmoins en 1456 le procès en nullité de la condamnation de la Pucelle, qui la lave solennellement de toute accusation d'hérésie.
Portrait de Charles VII, par Jean Fouquet, vers 1445 ou 1450, musée du Louvre
Charles est né le 22 février 1403 en la résidence royale de l'Hôtel Saint-Pol à Paris. Il est le onzième et avant-dernier enfant de Charles VI et d'Isabeau de Bavière. Il est le troisième à porter le prénom de Charles (les deux Charles précédents étant morts, l'un au berceau, l'autre à l'âge de neuf ans).
Il reçoit le titre de comte de Ponthieu dans sa première année et, en tant que cadet de famille, précédé de deux frères aînés, les princes Louis de Guyenne, né en 1397 et Jean de Touraine, né en 1398, il ne peut prétendre à la succession royale française : son seul avenir plausible serait de recevoir un apanage pour lequel il rendrait hommage au roi de France.
Il naît dans un pays en pleine tourmente : à la guerre de Cent Ans (1337 – 1453) fomentée par la dynastie anglaise de Plantagenêt, qui revendique l'accession au trône de France, vient s'ajouter en 1407 la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons (1407 – 1435).
Le jeune Charles de Ponthieu, âgé de 10 ans, interfère très tôt, bien malgré lui, avec les querelles entre les maisons d’Anjou et de Bourgogne.
Le , le duc Louis II d'Anjou, cousin du roi Charles VI et roi titulaire de Naples, qui avait conclu une future alliance avec la maison de Bourgogne, annule le projet de mariage entre son fils Louis, futur Louis III d'Anjou, et Catherine de Bourgogne, fille du duc de Bourgogne Jean sans Peur. Cette rupture intervient en raison de sa fidélité à la maison de Valois, du fait de son désaccord avec la politique de Jean sans Peur, qui intrigue pour prendre le pouvoir au royaume de France après avoir fait assassiner le Louis Ier d'Orléans, frère cadet du roi Charles VI.
Un mois plus tard, le , le duc d'Anjou renforce son alliance avec la dynastie de Valois, en donnant en fiançailles sa fille Marie d'Anjou à Charles de Ponthieu, au Louvre : les enfants n'ont respectivement que neuf et dix ans.
La mère de Marie, Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou, ne souhaite pas, depuis la sanglante révolte des Cabochiens survenue au printemps 1413 à Paris, laisser les jeunes fiancés dans la capitale, les hôtes royaux de l'hôtel Saint-Pol étant notamment menacés par les Bourguignons. Elle réussit à emmener sa fille et son futur gendre en Anjou le , puis Charles rallie Tours d'octobre à décembre 1414. Vers la mi-janvier 1415, sa future belle-famille emmène Charles en Provence, au château de Tarascon. Il revient en Anjou à la fin de l'année. Ainsi le prince peut-il passer, avec sa fiancée, quelques heureuses et paisibles années jusqu'en 1416.
Pendant son séjour en Anjou et en Provence, le jeune prince a reçu les leçons des meilleurs éducateurs : il sera aussi cultivé que son ancêtre, le roi Charles V.
Son frère aîné, le dauphin Louis, duc de Guyenne (1397-1415), gendre de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, commence à gérer le royaume à l'âge de 16 ans, au début de l'année 1413, sous l'influence de sa mère Isabeau de Bavière et de son beau-père Jean sans Peur. Ce dernier demande la réunion des états généraux, qui se tiennent le à l'Hôtel Saint-Pol de Paris, sous la présidence du roi Charles VI, où des remontrances sont prononcées sur l'inefficacité et la corruption du gouvernement de la régence : il en ressort que le remède aux problèmes du royaume pourrait être apporté par le duc de Guyenne et son beau-père, le duc de Bourgogne, acharné à s'emparer du pouvoir.
Mais la lutte du boucher Simon Caboche contre les Armagnacs, fomentée par Jean sans Peur, à partir du , se poursuit par la Révolte des Cabochiens du mois d' ; Jean sans Peur tente de contrôler cette insurrection, cependant que le duc de Guyenne, opposé à son beau-père, participe, de son côté, à la réduction des émeutiers à l'aide des Armagnacs. Jean sans peur, accompagné de Caboche, s'enfuit de la capitale le . L'année suivante, les Armagnacs mènent une campagne contre le duc de Bourgogne, qui se termine par le siège d'Arras (1414), victorieusement remporté par les armées du roi Charles VI contre les Bourguignons. La paix d'Arras est ratifiée le entre Charles VI et Jean sans Peur, qui se pardonnent mutuellement.
Le , le dauphin Louis de Guyenne est nommé par son père, le roi Charles VI, lieutenant et capitaine général sur toutes les frontières du royaume. Après la bataille d'Azincourt, où les Français subirent une lourde défaite, face aux Anglais, le jeune Charles de Ponthieu, âgé de 12 ans, est nommé garde et capitaine du château du bois de Vincennes le par le roi et par le duc de Guyenne.
La bataille d'Azincourt provoque un changement de rapport de force ; un rapprochement devient possible avec le duc de Bourgogne, au Conseil du où siègent le duc Louis II d'Anjou, président du conseil de régence et le dauphin Louis de Guyenne.
Procession baptismale de Charles, enluminure des Vigiles de Charles VII, vers 1484, BnF, département des manuscrits
À l'initiative de Yolande d'Aragon, Charles de Ponthieu était rentré à Paris au début de l'année 1416, pour assister au Conseil de Régence présidé par son futur beau-père le duc Louis II d'Anjou. À l'hôtel Saint-Pol, il est placé sous la tutelle de son père Charles VI, dont l'état de démence s'est aggravé.
Le dauphin Louis, duc de Guyenne était mort prématurément le d'un mal mystérieux, à l'âge de 18 ans. Il a été remplacé par son frère Jean, duc de Touraine, qui a pris les titres de duc de Berry et de comte de Poitiers à la mort de son oncle, le duc Jean de Berry, décédé sans postérité le .
Or le nouveau dauphin, Jean de Touraine, qui succède à feu son frère, le duc de Guyenne, vit à la cour de Hainaut chez son beau-père le comte Guillaume IV de Hainaut. Il fait l'objet des assiduités du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, qui tente par tous les moyens de se rapprocher du Conseil de régence à Paris.
Le dauphin Jean de Touraine se dirige vers Paris, accompagné par le comte Guillaume de Hainaut. Il séjourne seul à Compiègne, en attendant que son beau-père négocie les modalités de son arrivée à Paris. Ce dernier entre donc à Paris et demande que la ville accueille son gendre, accompagné par le duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Faute de quoi, le duc Guillaume de Hainaut déclare qu'il a l'intention de retourner en Hainaut avec son protégé.
En revenant à Compiègne, le comte Guillaume de Hainaut retrouve le dauphin Jean de Touraine gravement malade. Ce dernier succombe prématurément le d'un mal mystérieux, à l'âge de 19 ans. Cette disparition fait de Charles de Ponthieu le nouveau dauphin, et le dernier espoir de la dynastie de Valois. Il hérite le titre de duc de Berry de son frère défunt.
Charles, comte de Ponthieu, dernier héritier vivant de la couronne de France, devient dauphin de France, sous la dénomination traditionnelle de dauphin de Viennois, à l'âge de 14 ans, à partir du . Dès le décès de son futur beau-père, le duc d'Anjou, survenu le 29 avril 1417, Charles de Ponthieu le remplace à la présidence du conseil de régence. Or, sa mère, Isabeau de Bavière, prétend assumer seule la direction de la régence, sous l'influence du duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Pour s'en débarrasser, son fils Charles l'envoie sous bonne garde à Tours, en résidence surveillée par les Armagnacs : elle ne pardonnera jamais au dauphin cette mésaventure.
Le dauphin prend part à la régence du royaume avec ses conseillers Armagnacs. Il est fait duc de Touraine, duc de Berry et comte de Poitiers (sous le nom de Charles II de Poitiers). En , il est nommé lieutenant-général du royaume, chargé de suppléer son père en cas d'empêchement. Il bénéficie de la garde rapprochée de quelques officiers de la couronne affiliés au parti d'Armagnac.
Cependant, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur vient de libérer la reine Isabeau de sa prison tourangelle. Il l'installe à Troyes le , après l'avoir ralliée à sa cause contre le dauphin. Il publie un manifeste pour réclamer les pleins pouvoirs, eu égard à la maladie du roi et à la jeunesse du dauphin.
Jean sans Peur décide de prendre le contrôle de la situation à Paris en enlevant le dauphin Charles et en éliminant les Armagnacs, afin d'assumer seul la régence du royaume.
Durant la nuit du , en pleine guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, Paris est envahi par les gens du duc de Bourgogne, menés par Jean de Villiers de L'Isle-Adam. Le prévôt de Paris, Tanneguy du Chastel, assisté par les officiers de la couronne chargés par le roi Charles VI de la protection rapprochée du dauphin, se précipite alors à l'hôtel Saint-Pol, où réside l'héritier du trône de France. Il tire le dauphin endormi de son lit, l'emmitoufle dans sa robe à relever de nuit et le conduit à la Bastille Saint-Antoine, issue orientale des fortifications parisiennes. De là, le prévôt est en mesure d'envoyer Charles vers Melun, lui permettant ainsi d'échapper à l'influence de Jean sans Peur. Entretemps, devenus maîtres de la capitale, les Bourguignons procèdent au massacre du chancelier de France, Henri de Marle, du connétable de France, le comte d'Armagnac et de leurs partisans armagnacs.
Le dauphin, âgé de quinze ans, se réfugie à Bourges, capitale de son duché de Berry, pour y organiser la résistance contre les Bourguignons et les Anglais .
Le dauphin Charles de Ponthieu trouve refuge dans l'ancien palais de son oncle Jean Ier de Berry, mort en 1416. Il est entouré des fidèles officiers de la couronne affiliés au parti d'Armagnac, ce qui lui vaut, de la part des chroniqueurs bourguignons, le sobriquet péjoratif de « roi de Bourges », tandis que ses conseillers sont traités d'« aventuriers sans scrupules », « avides de pouvoir » et accusés de « cupidité » par les dits chroniqueurs bourguignons, aux ordres de Jean sans Peur. Les mêmes chroniqueurs répandent le bruit que le jeune dauphin est totalement livré à l'influence de ses conseillers et qu'il manque singulièrement de caractère. : le parcours de Charles VII prouvera au contraire sa conduite avisée.
Il apparaît comme l'héritier légitime du royaume de France dont il porte toujours le titre de lieutenant-général du royaume, conféré par son père, Charles VI. Il est allié des Armagnacs et hostile à la politique du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, secrètement allié des Anglais. C'est dans cette ville de Bourges qu'il se proclame régent du royaume de France, au grand dam de Jean sans Peur. Ce dernier fait promulguer à Paris un édit par le roi Charles VI — toujours en état de démence — pour révoquer les pouvoirs du lieutenant-général et pour stigmatiser les « méfaits » de ses conseillers.
Le dauphin Charles établit le Parlement à Poitiers et la Cour des comptes à Bourges. Il prend les armes pour reconquérir son royaume. Entouré de grands féodaux et de chefs de guerre, il soumet plusieurs villes telles que Tours, Melun, Meaux, Compiègne et Montereau.
Lors de la prise de Paris par les Bourguignons, Tanneguy du Chastel (présent dans nos généalogies) emporte le dauphin à la Bastille Saint-Antoine. Alors âgé de quinze ans, Charles est figuré ici comme un petit enfant en chemise fleurdelysée. Enluminure des Vigiles de Charles VII, vers 1484, BnF
Tanneguy III du Chastel, ou Tanguy III du Chatel (1369–1449), est le descendant d'une famille noble bretonne, la famille du Chastel, depuis son aïeul Bernard du Chastel qui participa à la Croisade en Palestine au côté du roi de France Louis IX (Saint Louis).
Fils d'Hervé II du Châtel et de Marie de Lescoët, il est le frère de Marguerite, d'Olivier et de Hervé III qui figurent dans nôtre généalogie.
Il fait en 1404, pour venger la mort de son frère aîné Guillaume II du Chastel, qui avait été tué devant l'île de Jersey, une expédition contre Dartmouth en Angleterre dont il revint chargé d'un gros butin. En 1410, à Rome, il commande les troupes que Louis II d'Anjou, roi de Sicile, a envoyé pour soutenir l'antipape Alexandre V contre Ladislas Ier de Naples, usurpateur de la couronne de Sicile. De retour en France, il sert le dauphin Louis, duc de Guyenne, qui en fait son maréchal de Guyenne.
Il est en 1415 chambellan du roi Charles VI et prévôt de Paris, chargé de l'ordre dans la ville et chasse les Bourguignons de Chevreuse et participe à la bataille d'Azincourt ().
En 1417, il est nommé maréchal et gouverneur de la Bastille, par le dauphin Charles, futur Charles VII qu'il a sauvé lors de l'émeute parisienne des Cabochiens en mai 1413 et dont il est l'un des favoris. Il s'oppose aux partisans du duc de Bourgogne qui cherchent à s'emparer de la capitale le sauvant le dauphin avec l'aide d'Ambroise de Loré qui le fait sortir de Paris et conduire à Melun. Dans la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, il est un des chefs du parti Armagnac aux côtés de Bernard VII d'Armagnac, connétable de France. Il négocie au nom du dauphin la paix du Ponceau avec le duc de Bourgogne Jean sans Peur le jour de l'Ascension 1419, mais il serait, avec Jean Louvet, autre favori de Charles VII, l'un des principaux instigateurs de l'assassinat de Jean sans Peur, duc de Bourgogne , à l'occasion d'une entrevue avec le dauphin à Montereau-Fault-Yonne le .
À partir de 1425, son influence diminue au profit de celle du Connétable de Richemont , futur duc Arthur III de Bretagne, beau-frère du duc de Bourgogne, Philippe le Bon . En 1429, il pèse de tout son poids pour inciter le roi Charles VII à recevoir puis soutenir Jeanne d'Arc ; en effet, certains membres de la Cour soutenaient le principe d'une réconciliation avec les Bourguignons pour faire front commun contre les Anglais, ce qui n'aurait pu se faire qu'à ses dépens et il obtint gain de cause.
En 1446, il quitte la Cour, se retire à Beaucaire et devient sénéchal de Provence. En , il est envoyé en ambassade à Rome près du pape Nicolas V. Il meurt en 1449 en Provence sans laisser d'héritiers de son épouse Sibylle Le Voyer .
Il eut un neveu, Tanneguy IV du Chastel ou Tanguy IV du Chatel, mort en 1477, qui fut grand écuyer de France, gouverneur du Roussillon et grand sénéchal de Provence.
Un autre de ses neveux fut Prigent de Coëtivy.
Assassinat de Jean sans Peur au Pont de Montereau. Abrégé de la Chronique d'Enguerrand de Monstrelet. Maître de la Chronique d’Angleterre, enlumineur. Bruges, vers 1470-1480. Provenance : Louis de Gruuthuse. Paris, BNF
Les Bourguignons occupant les environs de Paris sont cernés par les Armagnacs. Jean sans Peur, soucieux de prendre le contrôle sur le dauphin réfugié à Bourges, va tenter une première action diplomatique en ratifiant avec la reine Isabeau de Bavière et le duc Jean V de Bretagne le le traité de Saint-Maur.
Par ce traité, concocté en dehors du roi Charles VI et du dauphin de France, Jean sans Peur et Isabeau de Bavière proposent d'accorder leur pardon aux Armagnacs pour tous les maux dont ils seraient coupables. Ils sont accusés, notamment, d'avoir empoisonné les deux premiers dauphins de France, Louis de Guyenne (mort en 1415) et Jean de Touraine (mort en 1417), et de détenir en otage à Bourges le dernier dauphin survivant, en la personne du dauphin Charles, dans l'intention de le livrer ultérieurement aux Anglais. En contrepartie, le dauphin et ses conseillers Armagnacs sont priés de se soumettre aux volontés de Jean sans Peur et d'Isabeau de Bavière en signant le traité de Saint-Maur et en renonçant à toute résistance.
Le duc Jean V de Bretagne, envoyé le 22 septembre 1418 en ambassade par Jean sans Peur, rencontre le dauphin à Saumur pour tenter de lui faire entériner ce traité. Mais le dauphin n'est pas dupe des intentions de son cousin bourguignon et il n'entend pas désavouer ses conseillers Armagnacs. Assisté de Jean Louvet, président de Provence, et de ses conseillers, il n'accepte aucune capitulation : il refuse de le ratifier et le traité va rester caduc.
Cependant, Jean sans Peur est toujours soucieux de faire rapatrier le dauphin à Paris sous la tutelle de son père, pour mieux le contrôler, comme il l'avait déjà fait avec les deux dauphins précédents. En vain, car Charles est déjà en campagne pour recouvrer son royaume.
L'alliance entre les Bourguignons et les Anglais se délite devant les ambitions du roi Henri V d'Angleterre. Jean sans Peur décide alors de négocier directement avec le dauphin et avec ses conseillers un traité d'alliance contre les Anglais.
Une première rencontre a lieu le à Pouilly-le-Fort. Elle se solde par un traité provisoire signé le , connu sous le nom de paix du Ponceau, qui devra être confirmé ultérieurement. Jean sans Peur, conscient de l'hostilité des Armagnacs à son encontre, a pris la précaution de faire co-signer et sceller le traité par les conseillers du dauphin, en leur faisant prêter serment sur les Saintes Écritures et sur de saintes reliques, en la présence de prélats bourguignons, sous peine d'être taxés de crime de lèse-majesté en cas de parjure.
Jean sans Peur prend l'engagement de rompre toutes ses relations avec les Anglais et de dégager les places qu'il occupe autour de Paris. Il est convenu qu'une deuxième rencontre doit être programmée afin de consolider cette alliance contre les Anglais. Étant précisé que Jean sans Peur a toujours en vue de faire revenir le dauphin à Paris, sous la tutelle royale, lorsque cet engagement sera respecté.
La seconde rencontre entre le dauphin de France et le duc de Bourgogne Jean sans Peur a lieu le , à Montereau, résidence royale où s'est transporté le dauphin, entouré de sa garde. On dresse un enclos au milieu du pont sur l'Yonne qui relie le château à la ville de Montereau : le dauphin et Jean sans Peur s'y retrouvent avec chacun 10 hommes armés, le gros de chaque troupe attendant sur l'une et l'autre rive. La discussion est orageuse : le dauphin reprocherait à son cousin de maintenir secrètement son alliance avec les Anglais et de ne pas avoir retiré ses garnisons, en dépit du traité provisoire de Pouilly. Ce dernier répliquerait qu'il avait fait ce qu'il avait à faire ! Les entourages sont nerveux et, alors que le ton monte, les hommes d'armes brandissent leur épée. Tanguy du Châtel, qui avait sauvé le jeune prince lors de l'entrée des Bourguignons à Paris en 1418, écarte le dauphin de la mêlée. Jean sans Peur est tué.
Les Bourguignons vont accuser le dauphin d'assassinat prémédité. Celui-ci s'en défendra et devra affronter longtemps la vengeance du duc Philippe le Bon, fils de feu Jean sans Peur.
Dès la mort de son père, Philippe le Bon, prévenu par son ancien précepteur, Monseigneur de Thoisy, s'est allié avec les Anglais pour combattre le dauphin. Il cherche à se venger en s'associant avec le roi Henri V d'Angleterre et la reine Isabeau de Bavière pour éliminer le dauphin Charles de la succession du royaume de France.
Le , en pleine crise de folie, le roi de France Charles VI est représenté par Isabeau de Bavière. Elle confirme la destitution de son propre fils au profit du roi d'Angleterre et de ses héritiers légitimes, en signant avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, et Henri V d'Angleterre, le traité de Troyes.
Ce traité tripartite stipule que la couronne de France sera cédée à Henri V d'Angleterre, à la mort du roi Charles VI, à condition que le roi d'Angleterre épouse une des filles du roi de France. Le dimanche de la Trinité, en l'église Saint-Jean-du-Marché de Troyes, son mariage est donc célébré avec Catherine de Valois (la propre sœur du dauphin Charles), dont il aura un fils : le futur Henri VI sera couronné — encore enfant — roi de France et d'Angleterre après la mort de son père le roi Henri V d'Angleterre, et celle de son grand-père le roi de France Charles VI, en vertu du traité de Troyes.
Le dauphin Charles, en évoquant l'incapacité mentale de son père, refuse les termes du traité de Troyes qui devait, selon les protagonistes, abréger la guerre.
Soulignant les déprédations des gens de guerre, Alain Chartier, poète et historiographe du futur Charles VII, écrit dans Le Quadrilogue invectif : « Nous allons comme la nef sans gouvernail et comme le cheval sans frein ».
Un messager annonce la mort du roi Charles VI au dauphin Charles. Enluminure ornant les Anciennes chroniques d'Angleterre de Jean de Wavrin, Paris, BnF, ms. Français 82 fo 98 ro, vers 1470-1490
Bien que le traité de Troyes organise la future succession du roi Charles VI au profit du roi d'Angleterre, Henri V, ce scénario n'a pas lieu car Henri V meurt le au château de Vincennes, avant que Charles VI ne trépasse à l'hôtel Saint-Pol de Paris moins de deux mois plus tard, le .
Il s'ensuit que le jeune Henri VI d'Angleterre, bébé de neuf mois, succède à son père comme roi d'Angleterre le et qu'il double la mise le en devenant également roi de France, sous la régence de son oncle paternel le duc de Bedford qui va gouverner à Paris.
Le dauphin se proclame roi de France sous le nom de Charles VII le , mais il est alors dans l'impossibilité de respecter la tradition en se faisant sacrer en la Cathédrale de Reims, en présence des chevaliers de la Sainte Ampoule, car le pays est infesté par les troupes ennemies. Il siège pour la première fois en majesté, en compagnie de son épouse, Marie d'Anjou en la cathédrale Saint-Étienne de Bourges.
Le , une triple alliance est programmée, dans le cadre du Traité d'Amiens, contre le roi Charles VII, entre Jean de Lancastre, duc de Bedford, régent des royaumes d'Angleterre et de France, représentant son neveu Henri VI d'Angleterre (âgé d'un an),Philippe le Bon, duc de Bourgogne et Jean V, duc de Bretagne. Ce dernier parviendra toutefois à un compromis en 1425, en acceptant de rompre cette alliance au profit du roi Charles VII, par l'entremise de Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou.
Le roi Charles VII doit affronter les Anglais et les Bourguignons dans de durs combats pour recouvrer l'intégralité du royaume de France.
De 1422 à 1425, Charles VII consolide ses positions. Il contrôle le Berry, la Touraine, le Poitou, l'Aunis, et la Saintonge, l'Auvergne et le Limousin, Lyon, le Dauphiné, le Languedoc, l'Agenais, le Rouergue et le Quercy. L'Anjou, le Maine, le Bourbonnais, l'Orléanais et le Vendômois sont également placés sous son contrôle
Très affaibli sur le plan militaire consécutivement à la défaite des troupes royales à Verneuil le , Charles VII recherche de nouveaux appuis politiques. Il se tourne donc vers sa belle-mère, Yolande d'Aragon, dirigeante de la maison d'Anjou et reine de Sicile, qui l'incite depuis 1423 à une alliance avec le duc Jean V de Bretagne. Soucieuse des bons rapports entre les duchés voisins d'Anjou et de Bretagne, la reine de Sicile pousse son beau-fils à privilégier et à entériner ses propres intérêts diplomatiques.
La politique prônée par les maisons alliées d'Anjou et de Bretagne revendique le retour à une concorde idéale entre les princes, l'entrée des grands feudataires au Conseil royal ainsi que la poursuite de la guerre contre les Anglais. En , Charles VII accepte de remettre l'épée de connétable de France à Arthur de Richemont, frère cadet du duc Jean V de Bretagne. En plaçant ainsi le prince breton à la tête de son armée, le roi consent au rapprochement de la couronne avec les duchés de Bourgogne et de Bretagne. En effet, Arthur de Richemont est non seulement le frère du duc de Bretagne, mais également l'époux de Marguerite, sœur du duc Philippe de Bourgogne. Partant, les liens familiaux de Richemont sont censés faciliter les démarches diplomatiques du roi de France auprès des ducs Philippe de Bourgogne et Jean de Bretagne, ses ennemis déclarés après le meurtre de Montereau en 1419 pour l'un et le complot des Penthièvre en 1420, pour l'autre.
Devant l'exigence des ducs de Bourgogne et de Bretagne, en gage de bonne volonté, Charles VII se résigne à écarter de son Conseil ses fidèles conseillers de la première heure, accusés d'implication dans la mort de Jean sans peur, vis à vis des Bourguignons et du soutien de la Maison de Penthièvre, vis à vis des Bretons. Parmi les conseillers forcés de quitter la cour royale, on compte Tanguy du Chastel, Béraud d'Auvergne, Hardouin de Maillé, Robert Le Maçon, ainsi que Jean Louvet, seigneur de Mérindol, ancien président de la chambre des comptes d'Aix-en-Provence et Pierre Frotier, commandant de la garde royale et grand maître de l'écurie du roi.
Le médiéviste Olivier Bouzy note que la politique du connétable de Richemont se heurte à des relations difficiles avec le roi de France : « Il va sans dire que cette vision idyllique d'une grande aristocratie luttant réconciliée et sans arrière-pensée pour le salut du royaume était d'une grande naïveté : c'était le rêve du retour au bon temps du roi Saint Louis, que les Bourguignons vantaient depuis le temps de l'ordonnance cabochienne. Le duc de Bourgogne, qui avait d'autres objectifs politiques, fit capoter les rêves de Richemont (...). »
L'alliance avec le duché de Bretagne renforce les armes de France, nonobstant quelques atermoiements relevés de part et d'autre au fil des années. De 1425 à 1429, les troupes royales confrontées aux Anglais et aux Bourguignons, subissent des revers entrecoupés de quelques victoires… Le sort du royaume de France semble indécis.
En 1428, les troupes royales conquièrent Chinon afin de soustraire ce fief royal au contrôle du connétable Arthur de Richemont, alors brouillé avec Charles VII. L'année suivante, le château de Chinon héberge essentiellement les conseillers et les capitaines du souverain, tandis que la reine de France, Marie d'Anjou et son fils, le dauphin Louis ,(futur roi Louis XI) s'abritent au château de Loches. L'image d'une cour royale s'adonnant aux festivités, au temps du siège d'Orléans, relève d'une idée reçue, façonnée ultérieurement d'après des chroniques dénonçant les voluptés d'un Charles VII bien plus mûr.
Les Anglais reviennent en force et le envahissent le Gâtinais. Ils investissent Beaugency, Notre-Dame de Cléry et d'autres places : leur objectif est de prendre Orléans et ses ponts, ville-clef de la défense française, vrai verrou sur la Loire.
Le , pour faire face au péril, Charles VII réunit les états généraux à Chinon, afin d'obtenir les ressources nécessaires pour résister à l'ennemi. Il obtient à la fois des subsides et des renforts qui serviront utilement à la défense de la ville d'Orléans.
Jeanne d'Arc convainc le roi Charles VII et son Conseil de poursuivre le siège de Troyes. Enluminure du manuscrit Les Vigiles de la mort de Charles VII de Martial d'Auvergne, Paris, BnF, département des manuscrits, fin du XVe siècle.
Le duc de Bedford, régent des royaumes de France et d'Angleterre, met le siège devant Orléans, et veut poursuivre jusqu'à Bourges pour s'emparer du roi Charles VII. Mais celui-ci s'était d'ores et déjà réfugié à Chinon. C'est dans le château de Chinon que le , une jeune fille vient le trouver et lui demande audience. Elle lui dit : « Gentil dauphin, je te dis de la part de Messire Dieu que tu es vrai héritier du trône de France. »
Cette jeune fille de seize ans lui affirme qu'elle a eu des visions qui lui ont intimé l'ordre de sauver Orléans et de le faire sacrer roi de France . Charles VII la fait examiner par des ecclésiastiques, qui se montrent convaincus de sa sincérité et de sa catholicité. Cette jeune fille, qui dit venir de Lorraine (en fait du Barrois) et s'appeler Jeanne d'Arc, pousse Charles à se faire sacrer roi à la Cathédrale de Reims, en présence des chevaliers de la Sainte Ampoule, et à lever son armée pour « bouter les Anglais hors de France. »
Commencé en , le siège d'Orléans se poursuit pendant près de dix mois, entrecoupé de revers et de succès. Les Français, aux ordres de Jean de Dunois et leurs alliés écossais, conduits par John Stuart de Darnley, se font tailler en pièces lors de la journée des Harengs, du . Mais les forces fidèles à Charles VII réagissent et le siège d'Orléans s'achève le par une éclatante victoire française. Les historiens considèrent que cette victoire est due à Jeanne d'Arc et à son compagnon d'armes Dunois.
Après la levée du siège d'Orléans, Jeanne d'Arc participe sans interruption à des combats victorieux contre les Anglais au cours du mois de juin 1429 :
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– le 10 juin à la bataille de Jargeau ;
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– le 14 juin à la bataille de Meung-sur-Loire ;
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– le 15 juin à la bataille de Beaugency ;
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– le 18 juin à la bataille de Patay.
Jeanne d'Arc convainc ensuite Charles VII de se lancer avec elle dans une chevauchée vers Reims, en territoire contrôlé en partie par l'ennemi. Et Charles VII est sacré roi de France par monseigneur Regnault de Chartres, chancelier de France, dans la cathédrale Notre-Dame de Reims le , en présence notamment de Jeanne d'Arc et — selon la tradition — des chevaliers de la Sainte Ampoule.
De son côté, Henri VI d'Angleterre est sacré, à son tour, roi de France à l'âge de neuf ans en la cathédrale Notre-Dame de Paris, le , par le cardinal de Winchester, entouré du duc de Bedford et de nombreux lords anglais
Sacre de Charles VII à Reims. Enluminure du manuscrit de Martial d'Auvergne, Les Vigiles de la mort de Charles VII, BnF, département des manuscrits, Ms. Français 5 054, fo 63 vo, vers 1484.
Après une période de négociations et de trêves entre les Armagnacs et les Bourguignons, ces derniers rouvrent les hostilités. Le , Jean de Luxembourg entame le siège de Compiègne. Alertée par ses habitants, Jeanne d'Arc vient à leur secours à la tête de 400 lances. Mais, tombée dans une embuscade, elle devient prisonnière des Bourguignons. Elle est vendue aux Anglais, jugée à Rouen par le tribunal ecclésiastique présidé par l'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon. Elle est condamnée à mort comme hérétique et relapse, et meurt brûlée vive à Rouen le , à l'âge de 19 ans.
Le roi Charles VII, après avoir libéré Rouen en 1449, fera ouvrir une enquête sur les circonstances de son procès et de son supplice. Il obtient pour celle qui l'avait si fidèlement servi une solennelle réhabilitation le .
Depuis le XVe siècle, les historiens ont cherché à définir le rôle exact de ce personnage hors du commun. Sur le plan militaire, elle n'est pas considérée comme chef de guerre, mais plutôt comme l'auxiliaire de la victoire, par ses encouragements et ses incitations à se battre résolument contre les Anglais et leurs alliés bourguignons. Sur le plan politique, elle sert admirablement les desseins du roi Charles VII, au moment où il était atteint de découragement devant les progrès de l'ennemi et la faiblesse de son camp : cette jeune fille religieusement inspirée, énergique et enthousiaste, entraîne le roi vers un total changement de cap. Elle est surtout à l'origine de sa légitimation définitive en le faisant sacrer à Reims. Enfin, elle incarne le symbole de la résistance du peuple de France contre l'occupant étranger.
Longtemps indécis, Charles VII va exploiter l'extraordinaire élan suscité par Jeanne d'Arc pour asseoir son autorité et lancer la reconquête des territoires perdus sur les Anglais. Néanmoins, il sait qu'il ne peut rien tant que la guerre civile avec la Bourgogne ne sera pas terminée. Il entame donc des négociations avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon. N'attendant plus rien des Anglais et désirant se consacrer au développement de ses provinces, Philippe le Bon accepte de traiter avec Charles VII. Le , sous la présidence des légats du pape et en présence de nombreux princes français et étrangers, le congrès de la paix entre Bourguignons et Armagnacs s'ouvre dans la ville d'Arras. Le roi Charles VII est représenté par le duc de Bourbon, le comte de Vendôme et le connétable de Richemont. De son côté, Philippe le Bon est accompagné de son fils, le futur duc de Bourgogne Charles le Téméraire et il est assisté du chancelier Rolin.
Le , dans la liesse populaire, la paix d'Arras est proclamée en l'église Saint-Waast, mettant fin à la guerre civile déclenchée en 1407 entre les Armagnacs et les Bourguignons, à la suite de l'assassinat du duc Louis d'Orléans par les sbires du duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Charles VII reconnaît officiellement Philippe le Bon comme souverain de la Bourgogne et le dispense personnellement de lui rendre hommage. Il lui cède également les comtés de Mâcon et d'Auxerre et lui vend plusieurs villes de la Somme, dont Amiens, Abbeville, Saint-Quentin. Le tribut à payer est lourd, mais pour Charles VII, le principal est ailleurs : il a désormais les mains libres et pourra affronter sereinement les Anglais.
En 1438, le roi Charles VII, soucieux d'affirmer son autorité sur l'Église de France, décide de convoquer une assemblée composée d'évêques, de religieux et de théologiens, ainsi que des représentants du pape Eugène IV, en la Sainte-Chapelle de Bourges, afin de bien définir et de renforcer les pouvoirs du roi de France face aux prérogatives du souverain pontife. La Pragmatique Sanction de Bourges, promulguée le , lui permet ainsi de s'imposer comme le chef naturel de l'Église de France. Il détient désormais le pouvoir de désigner les principaux représentants du clergé français dans les abbayes et les différents sièges épiscopaux français, avec l'approbation des conciles et celle du souverain pontife. En outre, il a un droit de regard et d'intervention sur les modalités de la redistribution des redevances religieuses vers le Saint-Siège. C'est le premier pas vers une institution bien française connue sous le nom de gallicanisme.
Portrait de Charles VII en prière, d'après une peinture de Jean Fouquet (collection Roger de Gaignières, Paris, BNF, XVIe siècle).
En 1439, les états généraux de langue d'oïl, réunis sous la présidence du roi Charles VII à Orléans, émettent le vœu qu'une réforme intervienne pour mettre fin aux désordres provoqués par les routiers et les écorcheurs. Ces supplétifs des troupes combattantes de l'armée royale, le plus souvent aux ordres des grands féodaux, se signalaient en effet par leurs nombreuses exactions. Entre deux combats, leurs groupes armés pillaient et rançonnaient la population, en échappant à tout contrôle des autorités constituées.
Par l'ordonnance d'Orléans, donnée le par le roi Charles VII, deux réformes sont décidées :
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Le roi se réserve désormais le droit exclusif de lever les compagnies de gens d'armes, les compagnies libres étant désormais interdites. Seuls les paysans restent autorisés à se rassembler et à s'armer pour détruire les bandes de pillards.
L'armée royale est tenue de respecter un règlement disciplinaire rigoureux.
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Le roi décrète l'unité de l'impôt royal de la taille, au détriment des tailles seigneuriales, pour financer la création d'une armée permanente du royaume de France.
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L'ordonnance d'Orléans provoque la réaction des féodaux du royaume qui refusent toute atteinte de leurs prérogatives médiévales au profit du pouvoir royal centralisateur.
En 1440, les grands vassaux s'engagent dans une révolte armée contre le roi Charles VII. Cette conspiration est connue sous le nom de Praguerie, par allusion à la révolte des hussites à Prague au début du XVe siècle. Parmi les comploteurs se retrouvent Jean II, Jean IV d'Armagnac, Charles Ier de Bourbon et jusqu'au dauphin Louis, futur Louis XI, pressé de prendre le pouvoir en éliminant son père.
Les conjurés prennent les armes, mais ils essuient le refus des seigneurs restés fidèles au roi Charles VII. Après de nombreux combats, les troupes royales, dirigées en personne par le roi Charles VII, finissent par venir à bout des révoltés le . Ces derniers demandent grâce et l'obtiennent de la part du roi. Son fils Louis est éloigné jusqu'en Dauphiné, dont il va assumer le gouvernement en tant que Dauphin du Viennois.
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Profitant d'une accalmie dans la guerre de Cent Ans, le roi Charles VII crée, par l'ordonnance de 1445, les premières unités militaires permanentes à disposition du roi de France, appelées compagnies d'ordonnance.
En mars 1448 Charles VII dirige le siège du Mans, du château de Lavardin possession du comte de Vendôme son vassal, la ville fut libérée le 16 mars.
Elles visent à la fois une plus grande efficacité au combat de l'armée royale, et une diminution des dégâts causés par l'armée en déplacement. Elles joueront un grand rôle dans la victoire de la France à la fin de la guerre de Cent Ans en 1453.
Le , le conseil du roi approuve la décision de Charles VII d'ouvrir les hostilités afin de libérer définitivement cette province.
Trois corps d'armée dirigés par le comte de Saint-Pol, par Jean de Dunois et Pierre de Brézé et par le duc François Ier de Bretagne, investissent les places-fortes du Cotentin, de Basse et Haute-Normandie. Les troupes anglaises rendent les armes sous la pression des forces de l'intérieur et de l'armée royale.
Le 1er novembre 1449, la ville de Rouen est libérée. Le roi Charles VII préside en majesté le grand défilé de la Libération, dont il confie le commandement à Pierre Frotier, baron de Preuilly.
Après de nombreux combats auxquels le roi prend part directement, les troupes royales libèrent Caen le puis Cherbourg capitule le après un siège meurtrier. Mais la victoire décisive sur les troupes anglaises a été acquise à la bataille de Formigny, le .
La Normandie est ainsi conquise et libérée définitivement de la domination anglaise après un an de combat.
La libération de la Guyenne devait se révéler plus longue et plus difficile que celle de Normandie. En effet, les Bordelais considéraient les Anglais comme des amis et surtout des clients privilégiés dans le commerce du vin.
Le roi envoie en un détachement sous les ordres de Jean de Blois-Bretagne, comte de Périgord. Les Français investissent Bergerac, Jonzac et plusieurs places fortes aux environs de Bordeaux.
En , une armée forte de 20 000 hommes, aux ordres de Jean de Dunois, procède au siège de Bordeaux. La capitale de la Guyenne est prise le et occupée par les royaux qui administrent la cité. Mais les Bordelais se révoltent et, le , ouvrent les portes aux forces anglaises commandées par John Talbot. Les Français sont faits prisonniers et la ville est à nouveau occupée et défendue par les Anglais.
Ce n'est que le que le roi parvient à envoyer des renforts, après avoir défendu les côtes normandes d'une nouvelle et menaçante invasion anglaise. Les armées françaises battent les troupes de Talbot le lors de la bataille de Castillon (où John Talbot trouve la mort) et reprennent le siège de Bordeaux, avec l'appui de l'artillerie des frères Bureau. Les assiégés résistent vaillamment, tous Bordelais et Anglais confondus, mais ils finissent par capituler le auprès de l'amiral de Bueil, comte de Sancerre.
Le roi Charles VII fait grâce aux rebelles bordelais pendant que les Anglais rembarquent définitivement le . Cette année 1453 marque la fin de la guerre de Cent Ans et le triomphe de Charles VII, le Victorieux. Le roi Henri VI d'Angleterre sombre quant à lui dans la démence comme son grand-père maternel, le roi de France Charles VI.
Ainsi s'achève la reconquête de la France, à l'exception de Calais qui ne sera prise qu'en 1558. La prédiction de Jeanne d'Arc est réalisée : les Anglais sont définitivement « boutés hors de France ».
La mort de John Talbot à la bataille de Castillon. Miniature issue du manuscrit de Martial d'Auvergne, Les Vigiles de la mort de Charles VII, vers 1484, BNF,
En 1451, Jacques Cœur, grand argentier du roi, est arrêté, sans doute à cause de ses créanciers et débiteurs jaloux de sa réussite personnelle. Il est banni en 1453.
Les dernières années de Charles VII sont troublées par l'ambition de son fils, le futur Louis XI, qui s'était déjà manifesté dans le passé en participant activement à la Praguerie en 1440.
Ayant conspiré contre Agnès Sorel et Pierre de Brézé, ce dernier est chassé de la cour en 1446 et se réfugie dans le Dauphiné. Là-bas, il mène une politique personnelle, nourrissant l'ambition de constituer un vaste fief sur les deux versants des Alpes. Dans ce but, il signa un traité d'assistance avec le duc Louis Ier de Savoie et épouse sa fille Charlotte.
Furieux de ses agissements, Charles VII envoie alors une armée marcher sur le Dauphiné. Louis doit alors s'enfuir et se réfugie chez le duc de Bourgogne Philippe le Bon. En apprenant la nouvelle, Charles VII déclare :
« Mon cousin de Bourgogne a reçu chez lui un renard qui, un jour, lui mangera ses poules. »
Ce commentaire cinglant faisait probablement allusion à la personnalité rusée et perfide de son fils.
Louis XI ne quittera la Bourgogne qu'à la mort de son père en 1461.
Après un long règne de près de 40 ans, le roi Charles VII meurt dans son château de Mehun-sur-Yèvre le , à l'âge de 58 ans. Son fils aîné, le Dauphin Louis, lui succède et devient le roi Louis XI. Le , Charles VII est inhumé en la basilique de Saint-Denis, au nord de Paris, où il repose aux côtés de tous ses prédécesseurs parmi lesquels son père.
Mort de Charles VII. Miniature ornant un manuscrit des Grandes Chroniques de France, fin du XVe siècle, British Library, Royal 20 C IX, fo 311
Enfants légitimes de Charles VII et de Marie d'Anjou
Il n'a pas vingt ans lorsqu'il épouse le à Bourges, dans la cathédrale Saint-Étienne, Marie d'Anjou. Ils eurent quatorze enfants :
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Louis ( – ), qui lui succède sous le nom de Louis XI ;
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Jean, né et mort le ) ;
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Radegonde (Chinon, août 1428 – 1445) ;
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Catherine (vers 1428 (parfois 1431-1432, selon les sources) – ), qui épouse en 1440 le futur duc de Bourgogne Charles le Téméraire ;
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Jacques (1432 – 1437) ;
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Yolande ( – ), qui épouse le futur duc Amédée IX de Savoie en 1452, et qui, à la mort de ce dernier, devient régente de Savoie ; d'où la suite des ducs de Savoie jusqu'en 1496, et descendance dans les Bade-Hochberg-Neuchâtel, Orléans-Longueville-Neuchâtel, Savoie-Carignan puis les rois d'Italie, et dans les de Luynes, Goyon-Matignon-Grimaldi de Monaco, Colbert de Seignelay, Montmorency-Luxembourg ; aussi dans les Laval-Montfort puis les La Trémoille ;
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Jeanne (1435 – 1482), qui épouse en 1452 le futur duc Jean II de Bourbon ;
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Philippe (1436 – 1436) ;
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Marguerite (1437 – 1438) ;
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Jeanne ( – ) ;
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Marie ( – ), sœur jumelle de Jeanne de France ;
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Marie (1441 - morte jeune) ;
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Madeleine ( – ), qui en 1462 épouse Gaston de Foix, prince de Viane ; d'où la suite des rois de Navarre, puis rois de France à partir d'Henri IV ;
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Charles (1446 – 1472), duc de Berry, de Normandie et de Guyenne.
Descendance naturelle
Charles VII eut de sa liaison avec Agnès Sorel :
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Marie de France (1444 – 1473), qui épouse Olivier de Coëtivy, sénéchal de Guyenne ; descendance dans les Coëtivy puis les La Trémoille ;
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Charlotte de Valois (ca. 1446 – 1477), qui épouse Jacques de Brézé, sénéchal de Normandie, dont le fils Louis de Brézé épousa Diane de Poitiers ; elle mourut assassinée par son époux qui la transperça d'un coup d'épée après l'avoir découverte dans les bras de l'un de ses écuyers ; descendance dans les Lorraine-Aumale puis les Savoie (-Nemours, puis les ducs de Savoie à partir de 1675, puis les rois d'Italie), et dans les La Marck puis les comtes de Brienne, les Clermont-Tonnerre et les Montmorency-Piney-Luxembourg ;
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Jeanne de Valois (1448 – après 1467), qui épousa Antoine de Bueil, chancelier du roi ; descendance dans les Bueil comtes de Sancerre ;
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une fille née le au manoir du Mesnil près de l'abbaye de Jumièges en Normandie et morte à l'âge de six mois.
À partir de 1461, sauf les Valois-Orléans de 1498 à 1589, tous les rois de France ou de Navarre descendent de Charles VII.
Portrait d'Agnès Sorel d'après Jean Fouquet, collection particulière.
Agnès Sorel, née vers 1422, et morte le au Mesnil-sous-Jumièges, est une demoiselle d'honneur d'Isabelle Ire de Lorraine, épouse de René d'Anjou. Elle devient en 1443 la favorite du roi de France Charles VII, à qui elle donne trois filles qui seront légitimées comme princesses de France et mariées à des grands seigneurs de la cour. Elle meurt avant l'âge de vingt-huit ans, après avoir donné naissance à une quatrième fille qui n'a pas survécu.
Selon les historiens, Agnès Sorel serait née, soit à Coudun, près de Compiègne en Picardie, soit à Fromenteau, paroisse d'Yseures en Touraine.
Son père, Jean Sorel, ou Soreau, est châtelain et seigneur de Coudun. Il épouse Catherine de Maignelay, fille de Jean Tristan de Maignelay, châtelain et seigneur de Verneuil-en-Bourbonnais, et de Marie de Jouy.
Agnès, issue d'une famille noble d'ancienne extraction, a quatre frères : Charles (né avant 1428), écuyer d'hôtel du roi ; Louis, écuyer ; André, chanoine à Paris (1452), et Jean, seigneur de Saint-Gérand. Certains membres de la famille ne sont pas inconnus des historiens : Geoffroy Soreau, son frère ou son cousin, plus probablement son oncle, fut évêque de Nîmes de 1450 à 1453, puis de Châlons de 1453 à 1503, et Jean de Maignelay, capitaine gouverneur de Creil.
Issue donc de la petite noblesse, c’est en Picardie qu’elle reçut une éducation soignée. On pense qu'elle aurait vécu au château de Maignelay-Montigny et que, selon l'usage qui était d'envoyer les jeunes demoiselles parfaire leur formation dans la haute aristocratie, on la prépara à occuper à la cour la charge enviée de demoiselle de compagnie d'Isabelle, duchesse de Lorraine, reine de Sicile et femme du roi René, beau-frère de Charles VII. Cette charge n'était pas convoitée pour les avantages matériels qu’elle procurait : Agnès Sorel, placée à la cour de Lorraine vers l'âge de quinze ans, ne recevait que dix livres par an, contrairement à d'autres demoiselles de cette cour, telle Catherine de Serocourt, cousine de Jean de Serocourt, capitaine de Tarascon, qui se voyait octroyer la somme de quinze livres tournois. Elle lui était destinée dès son plus jeune âge du fait de sa naissance et des recommandations dont elle bénéficiait.
Selon les commentateurs, qui s'appuient sur les chroniques de Monstrelet ou de Jean Chartier, la rencontre entre la jeune femme et le roi, impressionné par sa beauté, a lieu à Toulouse le , lorsque Charles reçoit en grand cérémonial son beau-frère René et Isabelle de Lorraine dans la suite desquels Agnès paraît pour la première fois, ou bien à Saumur en .
Le roi de France, Charles VII, de vingt ans son aîné, la fait entrer au service de la maison angevine en 1444 pour la rapprocher de lui. Officiellement, elle est demoiselle de la maison de la reine Marie d'Anjou.
Après avoir cédé à la cour de Charles VII, elle passe au rang de première dame officieuse du royaume de France puis gagne rapidement le statut de favorite officielle, ce qui est une nouveauté : les rois de France avaient jusque-là des maîtresses mais elles devaient rester dans l'ombre. Charles VII a d'ailleurs eu d'autres maîtresses, mais elles n'ont pas eu l'importance d'Agnès Sorel.
C'est durant le séjour de Charles VII à Nancy, capitale du Duché de Lorraine, lors de fêtes royales vers la fin de l'année 1444, que le roi joute pour sa belle lors d'un tournoi. Il affiche à cette occasion sa maîtresse officielle qui fait sensation en apparaissant le dernier jour revêtue « d'une armure d'argent incrustée de gemmes ».
Son art de vivre et ses extravagances rejettent la reine dans l’ombre. Les voiles et autres guimpes sont abandonnés. Elle invente le décolleté épaules nues, qualifié de « ribaudise et dissolution » par quelques chroniqueurs religieux de l’époque. De vertigineuses pyramides surmontent sa coiffure. Des traînes allant jusqu’à huit mètres de long allongent ses robes bordées de fourrures précieuses : martre ou zibeline. Elle met à la mode chemises en toile fine, colliers de perles. Elle traite sa peau avec des onguents faisant office de peeling, une crème contre les rides tous les matins et des masques au miel pour la nuit. Elle se maquille avec un fard à base de farine et d'os de seiche pilés qui lui donne un teint d'albâtre très prisé à l'époque, se met du rouge à lèvres à base de pétales de coquelicots, ce qui est condamné par les prédicateurs du Moyen Âge. Elle se fait épiler les sourcils et les cheveux sur le haut du front, ce dernier étant devenu le pôle érotique du corps de la femme à cette époque. Il ne s'agit pas de la « mode florentine » pour se donner un front plus bombé, mais pour équilibrer ses traits car elle a de très grands yeux disproportionnés par rapport à son visage. Rien qu’en 1444, le roi lui offre vingt mille six cents écus de bijoux dont des diamants taillés dont elle est la première à parer sa coiffure si l'on en croit les chroniqueurs de l'époque.
Pour se procurer ces atours précieux, elle devient la meilleure cliente de Jacques Cœur, marchand international (qui importe du Levant des étoffes de luxe inédites en Europe en contrevenant aux prescriptions de l'Église) et grand argentier du roi, qui a amassé des trésors dans son palais de Bourges. Elle consomme de grandes quantités d'étoffes précieuses et toutes les femmes de la cour l’imitent.
Agnès Sorel sait jouer de son influence auprès du roi. Elle lui impose ses amis ou s'acquiert la faveur des conseillers de la Couronne, qui voient en elle le moyen de s’assurer la bienveillance royale, tels Pierre de Brézé, Étienne Chevalier, Guillaume d'Estouteville, Guillaume Cousinot, Prigent VII de Coëtivy ou Jacques Cœur. C’est grâce à ces manœuvres que le roi, en l'espace de quelques mois, lui octroie les fiefs de Beauté (d’où le surnom bien connu de « Dame de Beauté »), Vernon, Issoudun, Roquesezière et lui offre le domaine de Loches. Elle y fait aménager le château qui surplombe la ville.
Le dauphin Louis, futur Louis XI, ne supporte pas la relation d’Agnès avec son père. Il estime que sa mère est bafouée et a de plus en plus de mal à l'accepter. Un jour il laisse éclater sa rancœur et poursuit, l’épée à la main, l’infortunée Agnès dans les pièces de la maison royale. Pour lui échapper, elle se réfugie dans le lit du roi. Charles VII, courroucé par tant d’impertinence, chasse son fils de la cour et l’envoie gouverner le Dauphiné.
La Vierge allaitante en manteau d'hermine représentée sous les traits d'Agnès Sorel, Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers.
Agnès Sorel a plusieurs enfants avec le roi. Elle dispose de plusieurs demeures où elle vit avec ses suivantes : à Razilly près de Chinon, dans sa résidence de Loches (le logis Royal de Loches), à Beaulieu la ville voisine de Loches où elle s'installe au château ouvert de Courcelles (Loiret), à Dames près de Mehun-sur-Yèvre. Croyante, elle fait régulièrement des pèlerinages et des offrandes à l'Église, favorisant les chanoines de Loches. Elle donne au roi trois filles légitimées et qu'il dote richement, par ordre de primogéniture :
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Marie de Valois qui épouse, en 1458, Olivier de Coëtivy, sire de Coëtivy et de Taillebourg et sénéchal de Guyenne ;
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Charlotte de Valois qui devient, en 1462, l’épouse de Jacques de Brézé, sénéchal de Normandie, et qui est assassinée par lui quelques années plus tard d'un coup d'épée entre les épaules pour avoir été surprise dans les bras de son amant à quelques pas du lit conjugal. Son fils, Louis de Brézé, épousera Diane de Poitiers ;
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Jeanne de Valois, née à Beauté-sur-Marne, que Louis XI marie à Antoine de Bueil, comte de Sancerre et chancelier du roi ;
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Une fille née prématurément le et morte le même jour au manoir du Mesnil près de Jumièges en Normandie.