Louis XV, dit « le Bien-Aimé », né le à Versailles et mort le dans la même ville, est un roi de France et de Navarre. Membre de la maison de Bourbon, il règne sur le royaume de France du à sa mort. Il est le seul roi de France à naître et mourir au château de Versailles.
S'il est surnommé le « Bien-Aimé » en début de règne, l'appréciation du peuple évolue et à sa mort il est plutôt impopulaire. Orphelin à l'âge de deux ans, duc d'Anjou puis dauphin de France du au , il succède à son arrière-grand-père Louis XIV à l'âge de cinq ans.
Le duc d'Orléans devient régent après avoir fait casser le testament de Louis XIV qui s'y opposait. Ce jugement a été obtenu en contrepartie de l'octroi du droit de remontrance au Parlement, un droit qui causera bien des tracas à Louis XV.
Au duc d'Orléans succèdent en qualité de premier ministre d'abord le duc de Bourbon de décembre 1723 à juin 1726, puis le cardinal de Fleury de juin 1726 à janvier 1743.
Sous le gouvernement de ce dernier, la France prospère et s’agrandit de la Lorraine et du Duché de Bar. Sur le plan administratif, l'administration des finances est renforcée. Toutefois, sa volonté de faire de la bulle Unigenitus une loi d’État provoque la montée de l’opposition des parlements très imprégnés de jansénisme.
À la mort de Fleury, en , Louis XV commence à gouverner seul en s’appuyant sur quelques secrétaires d’État et ministres, quelques Conseils ainsi qu’un nombre restreint de hauts fonctionnaires. Il est intelligent, mais timide et manquant de confiance en lui, et gouverner ne lui est pas tâche facile. Ce l'est d'autant moins que c'est l'époque où les Lumières s’affirment et où nait l'économie politique sous l'influence de la physiocratie. Enfin, les parlements entrent en opposition. Ils affirment, à la suite de Le Paige, que leur corps a une ancienneté et, partant, une autorité égale, voire supérieure à celle du roi. En , leur force se manifestera lorsqu'ils obtiendront l'expulsion des jésuites de France. Cette hostilité des parlements est aussi liée à la montée de la haute administration qui tend à reléguer la noblesse au second plan. Le roi gouverne de plus en plus à l'aide d'une machinerie administrative renforcée par la création des premières grandes écoles (École royale de la Marine du Havre, École nationale des ponts et chaussées, École royale du génie de Mézières). Il faut également compter sur l'influence des écrits de Fénelon y compris sur le roi lors des traités de paix.
En Europe, la Prusse de Frédéric II et la Russie s’affirment comme des puissances européennes, tandis que l’Autriche doit lutter pour conserver sa place. Cela vaut à la France d'être impliquée dans deux conflits majeurs : la guerre de Succession d'Autriche et la guerre de Sept Ans. Les engagements ont lieu en Allemagne ou sur mer. Sur les océans, précisément, l’Angleterre déploie une flotte alors sans égale qui soutient une politique vigoureuse d’expansion outre-mer. La France connaît quelques succès militaires sur le continent européen et parvient à s'étendre en Corse. Elle perd en revanche, le contrôle d'une grande partie de son empire colonial (Nouvelle-France en Amérique, Indes).
Seul survivant de la famille royale à proprement parler (il est l'arrière-petit-fils de Louis XIV), Louis XV bénéficie au début de son règne d'un grand soutien populaire. Cependant, au fil des ans, son manque de fermeté, l’opposition des parlementaires et d’une partie de la noblesse de cour, sa relation avec Madame de Pompadour, sa difficulté à se faire valoir à une époque où l’opinion publique (essentiellement alors parisienne) commence à compter, finissent par le rendre impopulaire. Sa mort — de la variole — provoque des festivités dans Paris, comme il y en avait eu à la mort de Louis XIV. N'étant pas philosophiquement un libertin, il se sent coupable de ses infidélités conjugales. Cette culpabilité jointe aux pressions du clan des dévots, manifestes lors de l'épisode de Metz, le conduit à ne plus ni communier, ni pratiquer les rituels thaumaturgiques des rois de France, ce qui mène à la désacralisation de la fonction royale.
Sous son règne, les arts sont florissants, notamment la peinture, la sculpture, la musique et les arts décoratifs. L'architecture française atteint un de ses sommets, tandis que les arts décoratifs (meubles, sculptures, céramiques, tapisserie, etc.) appréciés, tant en France que dans les cours européennes, connaissent une forte expansion. Comme en philosophie et en politique, les styles artistiques connaissent de profondes mutations vers .
Louis de France (futur Louis XV) naît le au château de Versailles. Il est d'ailleurs le seul roi de France à naître et mourir dans ce château. Arrière-petit-fils de Louis XIV, il est le troisième fils de Louis de France, duc de Bourgogne, surnommé le Petit Dauphin par opposition à son père Louis de France (1661-1711) dit le Grand Dauphin, et de Marie-Adélaïde de Savoie et, à ce titre, le quatrième prince en ligne successorale. De ses deux frères aînés, également prénommés Louis, le premier, titré duc de Bretagne, est mort en à l'âge d'un an, le second Louis de France (1707-1712), reprenant le titre de duc de Bretagne, est né en et mort en .
Immédiatement après sa naissance, le futur Louis XV est ondoyé, dans la chambre de la duchesse de Bourgogne, par le cardinal Toussaint de Forbin-Janson, évêque de Beauvais, grand aumônier de France, en présence de Claude Huchon, curé de l'église Notre-Dame de Versailles.
Ce n'est pas lui qui aurait dû succéder à son arrière-grand-père, Louis XIV, mais le Grand Dauphin, puis son père le duc de Bourgogne, bientôt surnommé le Petit Dauphin, petit-fils de Louis XIV, et enfin son frère aîné, le duc de Bretagne. Mais, de à , la mort frappe à plusieurs reprises la famille royale et met brusquement le jeune prince de 2 ans en première place dans la succession de Louis XIV : le Grand Dauphin meurt de la variole le . Le duc de Bourgogne devient dauphin. L'année suivante, une « rougeole maligne » emporte son épouse le , puis le Petit Dauphin le suivant. À la mort de son frère Louis de France (1682-1712), il devient l'héritier du trône de France avec le titre de dauphin de Viennois. Malade, on craint longtemps pour la santé du jeune prince, mais, progressivement, il se remet, soigné par sa gouvernante et protégé par elle des abus de saignées qui ont vraisemblablement causé la mort de son frère.
Le futur Louis XV est baptisé le en l'appartement des enfants de France au château de Versailles par Henri-Charles du Cambout, duc de Coislin, évêque de Metz, premier aumônier du roi, en présence de Claude Huchon, curé de l'église Notre-Dame de Versailles : son parrain est Louis Marie de Prie, marquis de Planes, et sa marraine est Marie Isabelle Gabrielle Angélique de La Mothe-Houdancourt
Le petit prince est immédiatement confié à la duchesse de Ventadour qui devient sa gouvernante, secondée par Madame de La Lande, sous-gouvernante.
Les grands parents et Parents de Louis XV...
Le Grand Dauphin (1661-1711) en armure, la taille ceinte de l'echarpe de commandement et levant de la main droite le bâton de maréchal. Présenté devant le siège de Philippsburg (1688)
Louis de France, dit Monseigneur, ou le Grand Dauphin après sa mort, est né le à Fontainebleau et mort le au château de Meudon.
Fils aîné de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche, il naquit le au château de Fontainebleau. Contrairement à son père dont la naissance fut très attendue, il naît un an après le mariage de ses parents. Le père assista à l’accouchement et, le Grand Dauphin enfin né, le roi, âgé de 23 ans, courut à la fenêtre et annonça : « La reine est accouchée d’un garçon ! ». En son honneur, une nouvelle appellation fut créée : « Monseigneur ». Ondoyé dès sa naissance par l'évêque de Rennes (Charles François de La Vieuville), il n'est baptisé que le , au Château Vieux de Saint-Germain-en-Laye, avec pour parrain le pape Clément IX et pour marraine la reine mère d'Angleterre Henriette de France. Jusqu’à 7 ans, il eut pour gouvernante Madame de la Motte.
Le , un grand carrousel est donné en l'honneur de sa naissance devant le Palais des Tuileries, à un endroit qui porte désormais le nom de « place du Carrousel ». Le dauphin a cinq frères et sœurs qui moururent au berceau sauf Marie-Thérèse dite « Madame » qui meurt à l'âge de cinq ans en 1672. Le roi reconnaît également 11 enfants adultérins.
Ensuite, il eut pour gouverneur le très sévère duc de Montausier, Charles de Sainte-Maure — qui servit, dit-on, de modèle à Molière pour son Misanthrope — et pour précepteur l’évêque de Condom, puis de Meaux, Jacques-Bénigne Bossuet, assisté de Pierre-Daniel Huet. Bossuet lui dédie son Discours sur l'Histoire universelle, destiné à faire son éducation. Louis de France est, jusqu’en 1674, un élève appliqué. C’est à lui qu’est dédié le premier recueil des Fables de La Fontaine en 1668.
Il reçoit une éducation qui lui apprend plus l’obéissance à son père que l’art de gouverner le royaume. Ses précepteurs en revanche lui transmettent le goût des antiquités (médailles, inscriptions, sculpture). Monseigneur avait commencé à collectionner, vers 1681, alors qu’il avait vingt ans, et, outre les porcelaines, il appréciait particulièrement les gemmes. Il était secondé en la matière, depuis 1680 jusqu’à son décès, par son conseiller le fameux orfèvre Philippe Van Dievoet dit « Vandive » (1654-1738), officier de la Garde-Robe du Roi, attaché à la personne du Dauphin.
Le diplomate germanique Ézéchiel Spanheim le décrit en 1690 comme « une taille au-dessous de la [moyenne], d’un visage plein, beau, et qui a également de la douceur et de la majesté ». Il se marie à 19 ans alors que, selon les dires de Madame de Sévigné, il est inexpérimenté dans les choses de l'amour. Il est initialement fidèle à la dauphine, mais finira par imiter son père en séduisant les demoiselles d'honneur de sa conjointe, notamment Mademoiselle de Choin.
Saint-Simon brosse du caractère du dauphin un portrait sévère :
« Monseigneur était plutôt grand que petit, fort gros, mais sans être trop entassé, l’air fort haut et noble, sans rien de rude, et il aurait eu le visage fort agréable, si M. le prince de Conti le dernier mort ne lui avait pas cassé le nez par malheur en jouant, étant tous deux enfants. Il était d’un fort beau blond, avait le visage fort rouge de hâle partout, et fort plein, mais sans aucune physionomie ; les plus belles jambes du monde ; les pieds singulièrement petits et maigres. […] Il était fort bien à cheval et y avait grand-mine. […] Presque tous ses portraits lui ressemblent bien. […]
Monseigneur était sans vice ni vertu, sans lumières ni connaissances quelconques, radicalement incapable d'en acquérir, très paresseux, sans imagination ni production, sans goût, sans choix, sans discernement, né pour l'ennui, qu'il communiquait aux autres, et pour être une boule roulante au hasard par l'impulsion d'autrui, opiniâtre et petit en tout à l'excès, de l'incroyable facilité à se prévenir et à tout croire qu'on a vue, livré aux plus pernicieuses mains, incapable d'en sortir ni de s'en apercevoir, absorbé dans sa graisse et dans ses ténèbres, et que, sans avoir aucune volonté de mal faire, il eût été un roi pernicieux. »Le mariage du Dauphin fut évidemment une affaire d'État. Quatre princesses catholiques retinrent l'attention du roi : la princesse Marie-Louise d'Orléans, nièce du roi, avait de nombreux soutiens à la cour mais fut mariée en 1679 au roi Charles II d'Espagne ; l'archiduchesse Marie-Antoinette, fille de l'Empereur et nièce de la reine, épousa en 1685 l'électeur de Bavière, allié de la France mais qui s'était distingué avec le duc Charles V de Lorraine lors du Siège de Vienne (1683), la princesse Anne-Marie-Louise de Médicis, fille du grand-duc de Toscane aurait pu être choisie mais cette alliance comportait peu d'intérêt pour le royaume. La mère de la princesse, Marguerite-Louise d'Orléans, cousine germaine du roi, était française mais vivait en exil à l'abbaye de Montmartre. Bien qu'éprise du duc Charles V de Lorraine, elle avait été mariée au grand-duc de Toscane mais avait fini par quitter son mari. Le roi ne désirait pas sa présence à la cour.
Le Dauphin épouse le Marie-Anne de Bavière, sœur de l'électeur de Bavière. Ils eurent comme enfants :
Louis ( † ), duc de Bourgogne, épouse en 1696 Marie-Adélaïde de Savoie (1685-† 12 février 1712) ;
Philippe ( † ), duc d’Anjou, roi d’Espagne sous le nom de Philippe V et détenteur des Pays-Bas espagnols en 1700 (à la suite du décès du roi Charles II d'Espagne), épouse en 1701 Marie-Louise de Savoie ;
Charles ( † ) duc de Berry, épouse en 1710 Louise-Élisabeth d’Orléans (1695-1719).
Femme intelligente, cultivée et droite, la Dauphine ne s'adapta jamais à la cour de France frivole et médisante. Malgré les efforts du roi, elle se cloîtra dans ses appartements se plaignant sans cesse de sa santé mise à mal par ses grossesses successives. Elle mourut en 1690 à l'âge de 29 ans.
Veuf à l'âge de 28 ans, le Dauphin pouvait se remarier et l'on proposa la princesse toscane mais en vain. Ayant donné trois héritiers à la couronne, à l'instar de son père qui avait épousé secrètement sa maîtresse, le Dauphin épousa secrètement en 1695 sa maîtresse Marie-Émilie de Joly de Choin (1670-1732), dame d’honneur de sa demi-sœur préférée la princesse douairière de Conti, que cette dernière avait renvoyée à la suite d'une intrigue de cour.
Bien qu'il ait lui aussi épousé sa maîtresse, le roi n'approuva pas cette union. Il partage toutefois des points commun avec ce dernier : ils sont de grands mangeurs, passionnés de chasse et de bâtiments et proches des valets inférieurs, mais leur point de divergence majeur est l'ascendance de Madame de Maintenon sur la cour. Trop soumis pour se confronter à son père, le Dauphin préfère se retirer dans son château de Meudon où il se sent plus libre.
Selon les portraits de Saint-Simon et de Spanheim, il semble se tenir à l'écart des affaires politiques mais se montre enthousiaste dans son rôle militaire. Opposé à la révocation de l'édit de Nantes (1685), il se signala également par sa bravoure au combat, notamment pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (de 1688 à 1697).
Fier de son sang, il ne craignit pas de réclamer avec une vigueur inaccoutumée pour son fils cadet le duc d'Anjou, l'héritage de la couronne d'Espagne, alors que le décès de sa mère faisait de lui l'héritier légal. Durant la guerre de Succession d'Espagne, il fut la cible d'une tentative d'enlèvement à Versailles par Pierre de Guethem, colonel dans l'armée des Impériaux (1707).
En 1701, Monseigneur est victime d’une attaque d’apoplexie (ou d'une grave indigestion, selon Saint-Simon).
Il mourut de la variole le à 23 h 30, à l’âge de quarante-neuf ans, en son château vieux de Meudon, dans la chambre de son Grand Appartement. Saint-Simon retrace le récit de son agonie dans ses Mémoires.
La reine Marie-Thérèse et son fils le Dauphin de France, Charles Beaubrun, 1663-1666.
Marie Anne Christine de Bavière Madame la Dauphine.
Mademoiselle de Choin.
Hyacinthe Rigaud - Louis de France, duc de Bourgogne (1682-1712)
Louis de France, né le au château de Versailles et mort le à Marly, duc de Bourgogne, est le fils de Louis de France (dit le Grand Dauphin) et de Marie-Anne de Bavière. Par analogie avec son père, il est parfois appelé après sa mort le Petit Dauphin. Ses grands-parents maternels étaient Ferdinand-Marie, électeur de Bavière et Henriette-Adélaïde de Savoie, fille de Victor-Amédée Ier, duc de Savoie. Il était l'héritier en seconde ligne de son grand-père paternel Louis XIV mais mourut avant ce dernier. Son plus jeune fils devint le roi Louis XV en 1715.
Louis naît le au château de Versailles. Il est ondoyé le jour de sa naissance dans la chambre de sa mère, en fait celle de madame Colbert où la dauphine s'est installée, par Emmanuel-Théodose de La Tour d'Auvergne, cardinal de Bouillon, et par Nicolas Thibault, curé de l'église Saint-Julien de Versailles, en présence du roi Louis XIV et de Philippe d'Orléans. Il est le premier prince à naître à Versailles, où la Cour venait de s'installer. Enceinte de plusieurs mois, la dauphine avait passé une nuit sans sommeil dans une chambre bruyante et empestant la peinture, d'où elle entendait les ouvriers travailler, avant de s'installer chez madame Colbert pour achever sa grossesse sereinement.
Le , le même jour que ses deux frères Philippe et Charles, Louis est baptisé par l'évêque d'Orléans et premier aumônier du roi Pierre du Cambout de Coislin dans la chapelle royale du château de Versailles, en présence de François Hébert, curé de l'église Notre-Dame de Versailles. Son parrain est le roi Louis XIV et sa marraine est « Madame », Élisabeth-Charlotte de Bavière.
Louis était l'héritier en seconde ligne de son grand-père paternel Louis XIV. Le duc de Beauvilliers, gendre de Colbert, est nommé son gouverneur et Fénelon précepteur, avec des sous-précepteurs spécialisés sous lui, et Denis Moreau comme premier valet. Il reçoit une éducation soignée, dont il nous reste notamment des carnets de dessins d'enfants. Prenant prétexte de l'éducation du prince, le Duc de Beauvilliers commanda en 1696 aux intendants des provinces des "mémoires pour l'instruction du duc de Bourgogne", formant une première description statistique du royaume.
En ce qui concerne son caractère physique, sa grand-tante par alliance, Élisabeth-Charlotte de Bavière écrit de lui dans ses correspondances ceci : « Le duc de Bourgogne est en outre tout de travers, il a une jambe beaucoup plus courte que l'autre, si bien que, quand il veut se tenir debout, le talon d'un de ses pieds est en l'air et il ne touche le sol qu'avec les doigts de pieds… »
Dès 1702, à l'âge de vingt ans, il fut admis par son grand-père Louis XIV au Conseil d'en haut et initié aux secrets d'État concernant la religion, la diplomatie et la guerre, mais il montra peu d'habileté à la guerre échouant dans la campagne de 1708, qu'il commanda en Flandre avec l'assistance du duc de Vendôme, en réalité sous sa conduite autoritaire et fort peu bienveillante, et dans laquelle il eut à combattre Eugène de Savoie et le duc de Marlborough (déroute d'Audenarde).
Le duc de Bourgogne est l'auteur d'un livre de mathématiques, « Élémens de géométrie », dont en 1705 Leibniz fait un compte-rendu élogieux.
Il était entouré d'un cercle de personnes, connu comme la faction de Bourgogne, constitué surtout de son ancien précepteur Fénelon (qui composa pour lui ses Fables et son Télémaque), de son ancien gouverneur, du duc de Beauvillier, du duc de Chevreuse (le gendre de Colbert) et du duc de Saint-Simon (l'auteur de fameux mémoires historiques).
Ces aristocrates de rang élevé étaient des réformateurs qui souhaitaient un retour à une monarchie moins absolue où des conseils et des organismes intermédiaires entre le roi et le peuple, constitués uniquement de représentants de la vieille noblesse (et non plus de membres de la noblesse de robe comme ceux qu'avaient nommés Louis XIV) qui « assisteraient » le roi dans l'exercice du pouvoir gouvernemental. Il y avait là cet idéal utopique d'une monarchie contrôlée par l'aristocratie (laquelle s'autoproclamait représentante du peuple) et décentralisée (de larges pouvoirs seraient accordés aux provinces). C'est la politique que le duc de Bourgogne aurait probablement appliquée s'il était devenu roi.
Il succéda à son père comme Dauphin après la mort de ce dernier le 14 avril 1711.
Le duc de Bourgogne (à droite) avec son grand-père Louis XIV, son père le Grand Dauphin et son fils le duc de Bretagne, accompagné de s
Mais moins d'un an plus tard, sa femme Marie-Adélaïde de Savoie et lui tombèrent malades et moururent à six jours d'intervalle au cours d'une épidémie de rougeole, entre le et le . En fait, d'après les mémoires du duc de Saint Simon, il paraît plus probable que la Dauphine ait d'abord succombé à une septicémie provoquée par un abcès dentaire (le tableau clinique décrit par Saint Simon est très évocateur) et d'après le compte rendu de l'autopsie du dauphin décédé 6 jours plus tard, il semble qu'il soit mort d'une septicémie à streptocoque A car ses organes étaient liquéfiés, ce qui concorde avec l'effet de ce microbe. Leur fils aîné, Louis, duc de Bretagne, succomba à la même maladie le suivant. Seul survécut leur plus jeune fils, le duc d'Anjou, alors âgé de deux ans seulement, et qui devint le roi Louis XV en 1715. La mort prématurée du duc de Bourgogne, à l'âge de 29 ans, ruina les espoirs de sa faction, et d'ailleurs la plupart de ceux qui en faisaient partie moururent bientôt à leur tour de mort naturelle. Pourtant, la Régence, qui commença en 1715, mit en pratique certaines de leurs idées avec la création de ce qu'on appelait la polysynodie ; mais celle-ci, ayant rapidement montré ses limites, fut abandonnée dès 1718 et on en revint à la monarchie absolue sous la tutelle du Régent.
Son cœur fut porté à la chapelle Sainte-Anne (nommée la « chapelle des cœurs » renfermant les cœurs embaumés de quarante-cinq rois et reines de France) de l'église du Val-de-Grâce. En 1793, lors de la profanation de cette chapelle, l'architecte Louis François Petit-Radel s'empara de l'urne reliquaire en vermeil contenant son cœur, le vendit ou l'échangea contre des tableaux à des peintres qui recherchaient du brun de momie — très rare et hors de prix — censé être fabriqué en broyant des momies égyptiennes, et réputé, une fois mêlée à de l'huile, donner un glacis incomparable aux tableaux. Selon des recherches historiques, il s'agit d'une légende remontant à une nouvelle de G. Lenotre, Cœurs de rois, publiée en 1905.
Louis de France duc de Bourgogne par Joseph Vivien, début du XVIIIe.
Mariage et descendance
Le , il épouse Marie-Adélaïde de Savoie (1685 - ), fille de Victor-Amédée II, duc de Savoie. Ils eurent trois enfants :
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Louis de France ( - ), duc de Bretagne.
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Louis de France ( - ), duc de Bretagne puis dauphin de France,
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Louis de France ( - ), duc d'Anjou, puis dauphin de France, futur Louis XV
Marie-Adélaïde de Savoie. Tableau de Jean-Baptiste Santerre (1709).
Elle est l'aînée des enfants de Victor-Amédée II (1666-1732), duc de Savoie, et d'Anne-Marie d'Orléans (1669-1728).
Son père est le fils de Charles-Emmanuel II (1634-1675), duc de Savoie, et de sa seconde épouse, Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie (1644-1724). Fils unique et seul héritier légitime de son père, il commence son règne sous la régence de sa mère.
Sa mère est la fille de Philippe de France (1640-1701), duc d'Orléans, « Monsieur, frère unique du Roi », et de sa première épouse, Henriette d'Angleterre (1644-1670), princesse d'Angleterre.
Elle est la sœur de Marie-Anne ; de Marie-Louise de Savoie (1688-1714), future reine d'Espagne ; de deux frères mort-nés en 1691 et 1697 ; de Victor-Amédée de Savoie (1699-1715), mort avant son père ; de Charles-Emmanuel III (1701-1773), héritier de la Maison de Savoie ; et d'Emmanuel-Philibert.
Marie-Adélaïde naît et grandit au sein d'une famille très francophile. En effet, sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère sont françaises. La princesse est très proche de sa grand-mère paternelle, la duchesse douairière de Savoie, née Marie Jeanne Baptiste de Savoie-Nemours.
Le 7 décembre 1697, en vertu du Traité de Ryswick qui met fin à la Guerre de la Ligue d'Augsbourg, elle épouse Louis de France (1682-1712), duc de Bourgogne, puis dauphin de France.
Leur mariage marque une pause dans l'austérité de la Cour avec ses festivités fastueuses. La petite duchesse fait la conquête du grand-père de son époux, Louis XIV, flatté par sa bonne humeur et ses manières, ainsi que de l'épouse secrète de celui-ci, Madame de Maintenon (qu'elle appelle familièrement mais avec adresse « ma tante ») et obtient une place dans la Maison royale de Saint-Louis (à Saint-Cyr), en suivant les cours avec attention, malgré son attitude de mauvaise élève. Elle séduit aussi son époux, réputé pieux, et lui est solidaire en tout. Elle respecte également son beau-père, le Grand Dauphin, malgré la relation distante qu'il noue avec son fils aîné, le duc de Bourgogne. Elle est donc le trait d'union de toute la famille entre 1697 et 1712. Ses maternités, malgré quelques fausses-couches, raffermissent sa position à la Cour de France, et chacun voit en elle une future reine.
Le duc de Saint-Simon, dans ses mémoires, dépeint la duchesse comme une femme habile à la cour, pleine d'esprit et d'énergie.
En 1700, elle assiste au mariage de Pierre de Montesquiou d'Artagnan, au Plessis-Picquet.
La princesse écoute son mari et le soutient contre leurs adversaires de la "clique de Meudon" (le Grand Dauphin et ses demi-sœurs, la duchesse de Bourbon et la princesse de Conti, toutes deux filles légitimées de Louis XIV). Ainsi en 1708, elle vole au secours de son époux, calomnié pour son peu de courage militaire.
En tant que future dauphine de France, et étant donné que la reine Marie-Thérèse d'Autriche s'est éteinte en 1683, ainsi que la dauphine Marie-Anne de Bavière en 1690, Marie-Adélaïde tient, durant tout le temps où elle vit à la Cour de France, le rôle de reine.
À ce titre, elle vit dans l'ancien appartement de la reine et étant la première dame de la Cour, l'étiquette lui accordait de nombreux avantages qu'une simple dauphine n'aurait pas eu.
Aussi, en 1699, elle ne put que souscrire à l'invitation de Madame de Maintenon d'être la marraine du petit Louis-François-Armand, futur duc de Richelieu. Elle le familiarisera avec la Cour.
En 1700, son beau-frère, le duc d'Anjou, devint roi d'Espagne et l'année suivante épousa la sœur de Marie-Adélaïde, Marie-Louise-Gabrielle de Savoie ce qui n'empêcha pas le duc de Savoie, père des deux princesses, de rompre l'alliance française au cours de la Guerre de Succession d'Espagne, dont ses deux filles ne virent pas la fin.
De ce mariage, naissent trois enfants, trois garçons :
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Louis de France (25 juin 1704 - 13 avril 1705), duc de Bretagne ;
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Louis de France (8 janvier 1707 - 8 mars 1712), duc de Bretagne puis Dauphin de France (18 février 1712 - 8 mars 1712) ;
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Louis de France (15 février 1710 - 10 mai 1774), duc d'Anjou, Dauphin de France (8 mars 1712 - 1er septembre 1715) puis roi de France et de Navarre sous le nom de Louis XV (1er septembre 1715 - 10 mai 1774).
L'année suivant cette dernière naissance, le Grand-Dauphin décède, faisant de son fils aîné, duc de Bourgogne, jusqu'alors surnommé le Petit-Dauphin pour le différencier de son père, le seul Dauphin de France. Marie-Adélaïde accède au rang de Dauphine, en sa qualité d'épouse de l'héritier du trône de France, à l'âge de 25 ans.
En 1712, la famille royale doit faire face à une épidémie de rougeole qui n'épargne pas Versailles. Atteinte du mal, la Dauphine y succombe le , à l'âge de 26 ans. Son époux la suit dans la tombe six jours plus tard. L'aîné de leurs deux fils, également atteint, meurt moins d'un mois après eux.
Son cœur est porté à la chapelle Sainte-Anne (nommée la « chapelle des cœurs » renfermant les cœurs embaumés de 45 rois et reines de France) de l'église du Val-de-Grâce. En 1793, lors de la profanation de cette chapelle, l'architecte Louis François Petit-Radel s'empara de l'urne reliquaire en vermeil contenant son cœur, le vendit ou l'échangea contre des tableaux à des peintres qui recherchaient la substance issue de l'embaumement ou « mummie » – très rare et hors de prix – alors réputée, une fois mêlée à de l'huile, donner un glacis incomparable aux tableaux.
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Avant de poursuivre la descendance de notre couple Alain IX de ROHAN et Marguerite de Bretagne vers un autre roi de france, Louis XVI, parlons de PHILIPPE, le deuxième fils du grand dauphin et de Marie Anne Christine de Wittelsbach... qui va nous conduire par sa descendance à Marie Louise la seconde épouse de Napoléon Bonaparte !.
Portrait de Philippe, alors duc d'Anjou, par Pierre Mignard (d'après le tableau de Pierre Mignard du grand dauphin et de sa famille), 1686.
Philippe V, dit el Animoso en espagnol, c'est-à-dire « le Brave », né le à Versailles et mort le à Madrid, est roi des Espagnes et des Indes (1700-1716) à la mort de Charles II d'Espagne, puis titré roi d'Espagne et des Indes (1716-1746) à la suite des décrets de Nueva Planta qui modifient l'organisation territoriale des royaumes hispaniques en abolissant les royaumes de Castille et d'Aragon. Il abdique brièvement en 1724 pendant six mois, au profit de son fils. Deuxième fils de Louis de France, dit « le Grand Dauphin », et petit-fils du roi Louis XIV, Philippe de France est titré duc d'Anjou.
Il succède à son grand-oncle maternel Charles II, dernier roi d'Espagne de la dynastie des Habsbourg, et devient lui-même roi d'Espagne, premier de la dynastie des Bourbons (sa descendance adopte ensuite le nom de Bourbon, que portait leur ancêtre Antoine de Bourbon, devenu roi de Navarre en 1555, car depuis l'avènement d'Henri IV le nom de la famille était légalement devenu de France)[réf. nécessaire]. Son règne, de quarante-cinq ans et deux jours, est le plus long de la monarchie espagnole.
Philippe naît le au château de Versailles. Il est ondoyé le jour de sa naissance dans la chambre de sa mère par Emmanuel-Théodose de La Tour d'Auvergne, cardinal de Bouillon, et par Nicolas Thibault, curé de l'église Saint-Julien de Versailles, en présence du roi Louis XIV et de Philippe de France, duc d'Orléans.
Le , le même jour que ses deux frères Louis et Charles, Philippe est baptisé par l'évêque d'Orléans et premier aumônier du roi Pierre du Cambout de Coislin dans la chapelle royale du château de Versailles, en présence de François Hébert, curé de l'église Notre-Dame de Versailles. Son parrain est « Monsieur », Philippe de France, duc d'Orléans, frère du roi, et sa marraine est « Mademoiselle », Élisabeth-Charlotte d'Orléans, future duchesse de Lorraine et de Bar.
En 1689, Philippe reçoit le duc de Saint-Aignan comme gouverneur. En 1690, il perd sa mère, la dauphine, Marie-Anne de Bavière.
À la fin des années 1690, le problème de la succession d'Espagne devient aigu : Charles II d'Espagne, surnommé el Hechizado (« l'Ensorcelé »), est malingre et contrefait, de santé très délicate et sans postérité. Avant même sa mort, les grandes puissances européennes tentent de s'entendre pour partager son royaume, ne pouvant se satisfaire que soit conservée l'intégrité de l'héritage espagnol.
Quoique arrière-petit-fils d'Anne d'Autriche et petit-fils de Marie-Thérèse, infantes d'Espagne, le problème de sa participation à la succession espagnole ne se pose tout d'abord pas, car son père et son frère aîné y auraient davantage de droits que lui, si était remise en cause la validité de la renonciation de Marie-Thérèse à ses droits sur la couronne espagnole quand elle avait épousé Louis XIV. D'ailleurs, ce dernier et les autres monarques européens s'étaient accordés pour déclarer que l'héritier du trône d'Espagne serait, dans le cas de la mort sans héritier de Charles II, Joseph-Ferdinand de Bavière. Ce premier Traité de partition, confirmé à La Haye en 1698, accordait à Joseph-Ferdinand les royaumes de la péninsule espagnole (sauf le Guipuscoa), la Sardaigne, les Pays-Bas espagnols et les territoires américains ; à la France revenait le Guipuscoa, Naples et la Sicile ; à l'Autriche, le Milanais. À la mort de Joseph-Ferdinand, en 1699, fut conclu un nouveau Traité de partition, à Londres, en 1700, sans l'accord de l'Espagne. La France, la Hollande et l'Angleterre reconnaissaient comme roi l'archiduc Charles d'Autriche, à qui étaient dévolus les royaumes de la péninsule, les Pays-Bas et les Indes occidentales ; le duc de Lorraine, Léopold Ier (gendre de Monsieur), recevait le Milanais à condition de céder la Lorraine et le Barrois au dauphin, qui recevait par ailleurs Naples, la Sicile et la Toscane. Mais l'archiduc Charles protesta, réclamant la totalité de l'héritage espagnol.
Cependant, pressé par son principal conseiller, le cardinal Portocarrero, et après avoir demandé l'avis du pape Innocent XII, Charles II choisit la solution française. Le , il fait du jeune duc d'Anjou, 16 ans, le second petit-fils de Louis XIV, son légataire universel. L'espoir de Charles II était que Louis XIV saurait éviter l'éclatement de l'Empire espagnol pour son propre petit-fils. Il meurt peu de temps après, le .
Portrait de Philippe V d'Espagne par Louis-Michel van Loo. Madrid, musée du Prado.
La nouvelle de la mort de Charles II parvient le à Versailles. Le , Louis XIV annonce à la cour qu'il accepte le testament de son « cousin, beau-frère et neveu ». Il présente alors son petit-fils, âgé de 17 ans, à la cour, par ces mots : « Messieurs, voici le roi d'Espagne ». Puis il déclare à son petit-fils : « Soyez bon Espagnol, c'est présentement votre premier devoir ; mais souvenez-vous que vous êtes né Français pour entretenir l'union entre nos deux nations ; c'est le moyen de les rendre heureuses et de conserver la paix de l'Europe. » Le marquis de Castel dos Rios, ambassadeur d'Espagne, aurait ajouté qu'« il n'y a plus de Pyrénées ».
À la suite de l'événement, toutes les monarchies européennes, sauf l'Empire, reconnaissent le nouveau roi. Celui-ci quitte Versailles le , pourvu d’Instructions en 33 articles, écrites par Louis XIV et résumant sa conception du pouvoir. Il arrive à Madrid le . Mais au bout de quelques mois, les motifs de tensions avec l'empereur Léopold Ier s'accumulent :
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le , le Parlement de Paris rappelle par lettres patentes, que Philippe V conserve ses droits à la couronne de France ;
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toujours en février, Louis XIV, à la demande du conseil de régence espagnol, envoie des troupes occuper des garnisons hollandaises sur la frontière des Pays-Bas espagnols, garnisons installées en vertu d'un traité bilatéral signé en 1698 ;
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des Français s'installent aux postes importants à Madrid et à Bruxelles et orientent de façon nouvelle la politique espagnole.
Dernière inquiétude pour les Habsbourg, Louis XIV pousse Philippe V à épouser en 1701 Marie-Louise-Gabrielle de Savoie, son frère, le duc de Bourgogne, ayant déjà épousé la sœur de Marie-Louise. Les deux sœurs ayant épousé les deux frères, cela devait dans l'esprit des politiques lier non seulement les deux familles, mais aussi les deux États et leur faire mener conjointement une politique anti-impériale. Louis XIV donne également pour camarera mayor au nouveau couple une amie de madame de Maintenon, la princesse des Ursins.
Dès lors, même si le risque de réunion des couronnes française et espagnole semble minime, les monarchies européennes craignent de voir l'Espagne devenir un protectorat français. L'Angleterre et la Hollande (tous deux sous domination de Guillaume d'Orange), l'Autriche, puis le Portugal déclarent la guerre à la France et à l'Espagne.
La guerre de Succession est non seulement un conflit international entre puissances européennes mais également une grave guerre civile :
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d'un côté, les couronnes de Castille et de Navarre restent fidèles au candidat Bourbon ;
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de l'autre, la majeure partie de la couronne d'Aragon donne son appui au candidat autrichien.
Les combats sont, en Espagne, favorables aux troupes « philippistes », parfois au prix de massacres et de destructions, comme à Xàtiva, incendiée en 1707. Philippe V sauve son trône grâce aux victoires d'Almansa par le maréchal de Berwick en 1707, et de Villaviciosa et Brihuega par le général de Vendôme en 1710.
En 1713, les puissances européennes sont épuisées par la guerre et, alors que l'archiduc Charles vient d'être élu empereur, craignent que les Habsbourg obtiennent un pouvoir trop important, retirent leurs troupes et font la paix à Utrecht. Philippe V est confirmé dans ses droits à la couronne d'Espagne. Cependant, le traité lui imposera de renoncer au trône de France pour lui et ses descendants. La couronne d'Espagne lui reste et il est reconnu comme roi légitime par tous les pays. Mais cette reconnaissance se fait au prix de pertes territoriales, notamment Gibraltar, Minorque et des territoires en Italie. L'Espagne reste sous influence française, par l'intermédiaire de Jean Orry, chargé des finances, qui mène une politique de centralisation administrative à la française.
Portrait de Philippe V tête en bas, pour se « venger » de la destruction de la ville de Xàtiva (musée de l'Almodí, Xàtiva).
Jusqu'en 1736, la restauration de l'influence espagnole en Italie constitue l'axe principal de la politique extérieure du roi. Sous l'influence de sa nouvelle épouse Élisabeth Farnèse et de son Premier ministre Giulio Alberoni, Philippe V développe une ambitieuse politique, qui se concrétise par l'invasion de la Sardaigne autrichienne en 1717, puis de la Sicile des Savoie en 1718. En réaction, la Quadruple-Alliance, à laquelle se joint le duché de Savoie, entre en guerre contre l'Espagne. Cette dernière est vaincue : par le traité de La Haye de 1720, Philippe V doit éloigner Alberoni, mais il obtient cependant la reconnaissance des droits dynastiques sur les duchés italiens pour son second fils, l'infant Charles.
L'Espagne se rapproche alors de la France par une politique de triple mariage, conclue par un traité de fiançailles signé à Paris le : le roi de France Louis XV, onze ans, est promis à l'infante Marie-Anne-Victoire d'Espagne, sa cousine de trois ans ; l'héritier du trône espagnol Louis et l'héritier des duchés italiens Charles sont promis à deux filles du régent Philippe d'Orléans, respectivement Louise-Élisabeth et Philippine-Élisabeth. Le prince Louis épouse effectivement Louise-Élisabeth en 1722, et, deux ans après, Philippe V abdique en sa faveur, mais le nouveau roi d'Espagne meurt de la variole, après seulement sept mois de règne, contraignant son père à reprendre la couronne.
Le , les Français rompent les fiançailles de Louis XV avec l'infante Marie-Anne-Victoire, et en représailles la reine Louise-Élisabeth, veuve de Louis Ier d'Espagne, et Philippine-Élisabeth, la fiancée de Charles, sont renvoyées en France. Élisabeth Farnèse décide alors de traiter avec l'Autriche qui est le principal obstacle à l'expansion espagnole dans la péninsule italienne. Elle propose de fiancer ses fils aux filles de l'empereur Charles VI : l'infant Charles avec l'archiduchesse Marie-Thérèse et Philippe, son second fils, avec l'archiduchesse Marie-Anne. L'alliance entre les deux puissances est confirmée par le traité de Vienne du , qui prévoit la renonciation définitive de Charles VI au trône d'Espagne au profit de Philippe V et son soutien à une tentative pour libérer Gibraltar de l'occupation britannique. Mais la guerre anglo-espagnole (1727-1729) se conclut par le maintien de la souveraineté britannique sur le rocher et, au cours des négociations de paix, Charles VI abandonne le principe du mariage de ses filles avec les infants espagnols.
Par conséquent, Philippe V rompt l'alliance avec l'Autriche et conclut avec la Grande-Bretagne et la France, le , le traité de Séville qui garantit à son fils Charles le droit d'occuper le duché de Parme et de Plaisance et le grand-duché de Toscane, au besoin par la force. Justement, le duc Antoine Farnèse meurt le , mais il a nommé comme successeur le « ventre enceint » de son épouse Enrichetta d'Este, ce qui écarte Élisabeth Farnèse de la succession. La duchesse est examinée par un groupe de médecins et de sages-femmes qui la déclarent enceinte de six mois, mais la reine d'Espagne fait constater qu'il s'agit d'une mise en scène. En adhérant, le , au deuxième traité de Vienne, elle obtient de l'empereur, qui a fait occuper le duché par le comte Carlo Stampa, son lieutenant en Italie, la cession de Parme et Plaisance au jeune infant. Le , le gouvernement du duché est confié à Dorothée-Sophie de Neubourg, grand-mère maternelle et tutrice de l'infant Charles.
L’infant Charles à l'âge de 11 ans (tableau de Jean Ranc, 1727, musée du Prado, Madrid). Fils de Philippe V d'Espagne et d'Elisabeth Farnèse, sa seconde épouse et aïeul de Marie Louise...
Le règne de Philippe V est également marqué par la rivalité maritime avec la Grande-Bretagne. L'Espagne se bat contre les avantages acquis par les Anglais au traité d'Utrecht, et le règne de Philippe V est émaillé d'incidents maritimes, comme en 1739-1748, lors de la guerre de l'oreille de Jenkins.
Au cours du règne, l'Espagne redevient une grande puissance maritime. La marine tient la Méditerranée occidentale, bien que les Anglais occupent toujours Gibraltar et Minorque.
La France et l'Espagne passent plusieurs accords d'alliance, appelés communément « pactes de famille », dont le but est principalement l'opposition à l'Autriche ou à la Grande-Bretagne :
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le premier pacte de famille est signé le , durant la guerre de Succession de Pologne ;
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le second pacte de famille est conclu le par le traité de l'Escorial, durant la guerre de Succession d'Autriche.
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La politique du règne de Philippe V est marquée par le modèle « louis-quatorzien » de l'État absolutiste et centralisateur. Les réformes engagées représentèrent un changement radical par rapport au système précédemment mis en place par la maison d'Autriche. Ils marquent une étape fondamentale dans l'élaboration d'un esprit national, notamment par l'imposition du castillan comme langue exclusive dans l'administration et le gouvernement, et la modernisation de l'appareil d'État espagnol.
Mais il faut remarquer que, si Philippe V tenta de se comporter en monarque absolu, il ne le fut jamais véritablement. Il était sujet, depuis l'adolescence, à des crises de dépression, de neurasthénie et de mélancolie — que sa femme Élisabeth Farnèse prétendit soigner en faisant venir le chanteur castrat Farinelli. Philippe V ne put, à plusieurs reprises, assumer personnellement la charge du pouvoir, et il fut alors le jouet de ses ministres ou de courtisans, comme la princesse des Ursins. Le à Guadalajara, il épouse grâce à l'entremise de l'abbé Giulio Alberoni la nièce du duc de Parme, Élisabeth Farnèse, qui fait renvoyer prestement la princesse des Ursins. Philippe V passe alors sous la coupe de son épouse et d'Alberoni, nommé ministre.
Le gouvernement fut recomposé de secrétaires d'État, dont les charges étaient occupées par des fonctionnaires nommés par le roi.
Mais l'exemple le plus éclatant de réforme centralisatrice et autoritaire sont les décrets de Nueva Planta, pris entre 1707 et 1716 (décret de 1707 pour l'Aragon et Valence, de 1715 pour Majorque et de 1716 pour la Catalogne), qui sont une série d'ordonnances royales (reales cédulas) établissant la « nouvelle base » (« nueva planta ») des audiences royales contrôlant les territoires des deux couronnes. Les décrets furent précédés de l'abolition des institutions propres à chaque région : abolition des fors des royaumes de la couronne d'Aragon qui avaient pris parti contre lui lors de la guerre, dissolution de l'organisation territoriale des royaumes de la couronne de Castille et annulation des privilèges en vigueur dans ses municipalités. Ces décrets imposaient ensuite un modèle juridique, politique et administratif commun à toutes les provinces d'Espagne.
L’État fut organisé en provinces, gouvernées par un Capitaine général (Capitán General) et une Cour de justice, chargés de l'administration et devant répondre directement au gouvernement de Madrid. Pour l'administration économique et financière furent établies, sur le modèle français, les Intendances provinciales (Intendencias provinciales). Les Conseils des territoires disparus ou perdus par la Couronne, c'est-à-dire d'Aragon, de Flandre et d'Italie, furent abolis, et concentrés dans le seul Conseil de Castille ; seuls perdurèrent les Conseils de Navarre et des Indes. Progressivement, les Cortes de Castille intégrèrent les représentants des anciens territoires aragonais ; le pouvoir des Cortes en tant que tel, vu comme un frein au pouvoir royal, diminua.
Philippe V fut confronté à la situation économique et financière d'un État ruiné. Il lutta contre la corruption. Dans le domaine fiscal, il s'efforça de ne pas établir de nouveaux impôts afin de rendre plus équitable la charge fiscale.
Dans le domaine économique, il opta pour des positions mercantilistes :
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il favorisa l'agriculture, et interdit l'exportation des grains ;
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il interdit l'importation de produits textiles et créa des manufactures royales ;
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il s'efforça de réorganiser le commerce colonial par la création de compagnies de commerce dotées de privilèges, sur les modèles anglais et néerlandais.
Le , Philippe V confirma par décret qu'il abdiquait en faveur de son fils Louis Ier. Le prince reçut les documents le 15 et les fit publier le lendemain. Les motifs de cette abdication ne sont pas véritablement éclaircis. Certains historiens ont pu avancer qu'il se préparait à monter sur le trône de France, profitant de la mort attendue de Louis XV ; d'autres qu'il était conscient de son incapacité à gouverner à cause de sa maladie. Mais Louis Ier étant trop jeune et insouciant, ce sont ses parents qui continuèrent à s'occuper du gouvernement.
Louis Ier ne régna que sept mois. À sa mort, Philippe V redevint roi, malgré les droits de son deuxième fils, Ferdinand, alors prince des Asturies.
Philippe V meurt le et, contrairement à la tradition qui, depuis Charles Quint, veut que les monarques espagnols soient enterrés au palais de l'Escurial, est enterré en son palais San Ildefonso.
Son fils lui succède sous le nom de Ferdinand VI d'Espagne.
Il est notable qu'en 1713, Philippe V avait instauré, par la Pragmatique Sanction, la loi salique en Espagne, contrairement à la tradition espagnole qui permettait qu'une fille de roi devienne reine — comme le fut d'ailleurs Isabelle la Catholique, reine de Castille et León de 1474 à 1504. La révocation de ce décret par Ferdinand VII, bien plus tard au XIXe siècle, fut responsable des trois guerres civiles carlistes entre les isabellistes (puis alphonsistes), partisans d'Isabelle II (puis de son fils Alphonse XII) et les carlistes, partisans de son oncle l'infant Charles (puis de ses descendants), de 1833 à 1840, 1846 à 1849 et 1872 à 1876.
Philippe V épouse le à Figueras (à la frontière franco-espagnole, en Catalogne) Marie-Louise de Savoie. Marie Louise de Savoie décède le 14 février 1714 à Madrid. De cette union naissent quatre fils : les trois premiers reçoivent des prénoms d'origine française inusités à la cour d'Espagne, le quatrième un prénom remontant à l'époque d'avant les Habsbourg, en hommage au premier roi espagnol canonisé par l'Église (Ferdinand III de Castille) :
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Louis Ier (Madrid, - Madrid, ), roi des Espagnes et des Indes (1724) ;
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Philippe ( - ) ;
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Philippe-Pierre (7 juin 1712-29 décembre 1719) ;
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Ferdinand VI (Madrid, - Villaviciosa de Odón, ), roi des Espagnes et des Indes (1746-1759).
Philippe V se remarie le à Guadalajara avec Élisabeth Farnèse, nièce du duc de Parme. De cette union naissent :
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Charles III d'Espagne (Madrid, - Madrid, ), duc de Parme et de Plaisance (1731-1736), roi des Deux-Siciles (1735-1759) et roi des Espagnes et des Indes de 1759 à 1788 ;
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François ( - ) ;
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Marie-Anne-Victoire d'Espagne (Madrid, - Lisbonne, ), mariée à Joseph Ier de Portugal et « princesse du Brésil » ;
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Philippe Ier de Parme, (Madrid, - Alexandría, ), duc de Parme, fondateur de la lignée des Bourbon-Parme ;
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Marie-Thérèse d'Espagne (Madrid, - Versailles, ), mariée au dauphin Louis de France, fils de Louis XV ;
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Louis Antoine d'Espagne ( - ), archevêque de Tolède, primat d'Espagne et cardinal jusqu'à l'âge de 8 ans, il devint comte de Chinchon ; en 1776, il épousa Marie-Thérèse Vallabriga (1758-1785) par un mariage inégal ;
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Marie-Antoinette d'Espagne ( - ), mariée en 1750 à Victor-Amédée III de Sardaigne (1726-1796)
Élisabeth Farnèse, reine d'Espagne par Jean Ranc (1723).
Élisabeth Farnèse, connue aussi comme Isabel de Farnesio ou Isabella Farnese, née le à Parme et morte le à Aranjuez, fut reine d'Espagne de 1714 à 1746, influençant de manière importante la politique du royaume.
Élisabeth est la fille d'Édouard Farnèse, prince héréditaire de Parme décédé peu après sa naissance et de Dorothée-Sophie de Neubourg. Veuve ambitieuse, belle-sœur de l'empereur Léopold Ier et du roi Charles II d'Espagne, la duchesse Dorothée-Sophie conserva la couronne parmesane en se remariant avec son jeune beau-frère François II de Parme. De leur côté les Farnèse voulaient conserver l'alliance brillante qu'avait constituée le mariage du prince héréditaire avec les Wittelsbach et ne pas rendre la dot de la jeune veuve. François II sera pour Élisabeth un oncle et un beau-père plein de tendresse et de bon conseil. Sa mère lui imposa une éducation rigide à la limite de la maltraitance psychologique, la reléguant dans une mansarde sans contact avec la cour.
Si son corps était admirablement bien fait, Élisabeth Farnèse avait perdu sa beauté après avoir été, comme nombre de ses contemporains, victime de la variole lors de son enfance. Elle était dotée d'un caractère très ferme, décidé et ambitieux, qu'elle tenait de sa mère. Les auteurs de l’époque firent l’éloge de sa perspicacité et de son intelligence.
Comme toute princesse, elle entra dans le jeu diplomatique de sa Maison, mais plutôt comme pièce d’échange.
Grâce à l’esprit de persuasion de l’abbé Giulio Alberoni, ambassadeur du duc de Parme à Madrid, et aux intrigues de la Camarera Mayor du roi d’Espagne, Marie-Anne de La Trémoille, princesse des Ursins, Élisabeth épousa en 1714 Philippe V d'Espagne, récemment veuf de Marie-Louise de Savoie, fille de Victor-Amédée II de Savoie et d'Anne-Marie d'Orléans.
Les noces furent célébrées à Parme le 25 août. Comme gage de sympathie envers l’Espagne, le pape Clément XI conféra à la jeune reine la Rose d'or.
La nouvelle souveraine de l'Espagne fut accompagnée vers son nouveau pays par l'abbé Alberoni. Après avoir embarqué à Livourne, elle dut, à cause du mauvais temps, débarquer à Marseille où elle reçut l'autorisation de Louis XIV de France, grand-père de son mari, de voyager par terre.
Elle s'attarda à Aix-en-Provence puis à Toulouse et fit même un détour par Pau pour y rencontrer sa tante, la reine douairière d'Espagne, veuve de Charles II qui y vivait en exil tandis que son époux Philippe V d'Espagne, bien qu'esclave de ses sens mais moralement scrupuleux, était contraint à une intolérable continence.
Durant le voyage, peut-être inspirée par le futur cardinal, la jeune reine mûrit la décision d’éloigner Marie-Anne de La Trémoille afin d’être la seule à avoir un ascendant sur le roi. Par cette manœuvre, l’Espagne s’affranchit de l’influence française.
Au cours des premières années de règne, elle fut très bien conseillée par Alberoni et par son oncle François Farnèse, duc de Parme. Grâce à leurs conseils, elle réussit à dominer le caractère indécis de son mari qui ne contesta jamais aucune de ces décisions, ce qui lui donna un poids important dans la politique de l’Espagne du XVIIIe siècle. C’est au cours de cette période qu’Alberoni fut nommé cardinal et en 1716 Premier ministre.
L’influence de la reine, qui avait des droits sur Parme et Plaisance mais aussi sur la Toscane, porta l'Espagne à ne pas se résigner à perdre ses possessions italiennes par suite de la guerre de Succession d'Espagne. Ayant pris en main la politique espagnole, la reine et le cardinal firent envahir la Sardaigne et la Sicile.
Cependant la quadruple alliance entre la France, l’Autriche, la Grande-Bretagne et les Provinces-Unies mit fin à l'ambition de la reine. L'armée espagnole fut battue par l’armée française, et la flotte, envoyée par le fond par les Anglais au large du cap Passero en Sicile. La paix de La Haye (1720) provoqua le renvoi et l'exil du cardinal Alberoni, l’évacuation de la Sicile et la renonciation aux prétentions sur les anciennes possessions. Le même traité établit cependant que les duchés de Parme et de Plaisance, en cas d’absence d’héritier, passeraient aux mains de son fils aîné Charles. De même, Élisabeth étant également l’héritière légitime des Médicis dont la Maison, comme celle des Farnèse, risquait l'extinction, ses fils auraient pu revendiquer leurs droits sur la Toscane.
Comme il était d'usage, pour confirmer la réconciliation des deux branches de la maison de Bourbon, le roi d'Espagne et le régent de France conclurent des mariages croisés : tandis que le jeune Louis XV de France âgé de onze ans était fiancé à l'infante Marie-Anne-Victoire d'Espagne qui en avait trois, le prince des Asturies qui en avait quatorze épousait Louise-Élisabeth d'Orléans qui en avait douze.
Ces mariages, surtout celui de son jeune beau-fils, contrarient Élisabeth qui voit la couronne d'Espagne s'éloigner de ses propres enfants.
Pour que l'impérieuse reine d'Espagne ne soit pas froissée, l'infant Charles, aîné des fils qu'elle avait donné à Philippe V et âgé de cinq ans, était fiancé à Philippine d'Orléans qui en avait sept. Les petites princesses étaient sur le champ convoyées vers leur nouvelle patrie.
En 1724, Philippe V, fatigué et voulant se consacrer à son salut, abdiqua en faveur de son fils Louis, né de son premier mariage, et se retira, au grand dam de la reine qui devait bien sûr l'y accompagner, au palais de la Granja. Mais la chance favorisa Élisabeth une fois encore, car sept mois plus tard Louis mourut prématurément, ce qui convainquit Philippe de reprendre le pouvoir, permettant ainsi à Élisabeth de diriger à nouveau la politique espagnole, spécialement quand le roi perdit une grande partie de ses facultés mentales.
L'année suivante, le duc de Bourbon, qui avait succédé au duc d'Orléans comme Premier ministre français, rompait les fiançailles de son roi et renvoyait la jeune infante en Espagne. Outré, le roi d'Espagne l'imita et renvoya en France les deux filles du défunt régent.
Élisabeth se tourna alors vers l'Autriche. L'empereur n'ayant pas de fils, sa fille aînée Marie-Thérèse était censée recueillir les possessions des Habsbourg ; elle avait également deux sœurs cadettes susceptibles d'épouser des fils d'Élisabeth. Cette politique fit long feu.
En 1729, l'infante Marie-Anne-Victoire est mariée au roi Joseph Ier de Portugal.
L'infant Charles, roi de Naples et de Sicile.
En 1731, l'infant Charles, fils aîné d'Élisabeth, âgé de 15 ans, fut appelé auprès du grand-duc de Toscane, Jean-Gaston de Médicis, qui voulait en faire son héritier.
Au cours de la guerre de Succession de Pologne, soutenu par sa grand-mère Dorothée-Sophie qui s'était fait nommer régente à la mort du dernier duc de Parme, l'infant Charles réussit à prendre possession des duchés de Parme et de Plaisance (1732) puis des royaumes de Naples et de Sicile.
C'est à partir de la prise de Naples en 1734, à l’issue de la bataille de Velletri, que remonte le transfert des biens des Farnèse de Parme à Naples.
Après 1734, les droits qui avaient été attribués à Charles par les précédents traités revinrent à Élisabeth qui fut nommée « légitime reine et duchesse de Parme et de Plaisance ».
Cependant, le traité de Vienne qui réorganisa l'Europe à l'issue du conflit, confia la Toscane, Parme et Plaisance au duc François III de Lorraine, lequel, contraint par la France, renonçait à ses terres patrimoniales pour pouvoir épouser l'archiduchesse Marie-Thérèse d'Autriche, fille aînée et héritière de l'empereur.
Charles conservait Naples et la Sicile. En 1738, il épousait Marie-Amélie de Saxe, fille du roi de Pologne, qui domina son mari comme Élisabeth dominait le sien.
La France cherchait à conserver l'alliance de l'Espagne et Louis XV de France mariait en 1739 sa fille aînée Élisabeth de France, à l'infant Philippe, fils cadet du roi et d'Élisabeth tandis que l'infante Marie-Thérèse d'Espagne était promise au dauphin Louis.
L'année suivante éclata la guerre de Succession d'Autriche qui remit tout en cause.
Portrait du roi Charles III, peint par Raphaël Mengs, musée du Prado, Madrid.
Charles III (en espagnol : Carlos III), né le à Madrid et décédé le dans la même ville, est roi d'Espagne et des Indes de 1759 à 1788, à la mort de son demi-frère Ferdinand VI.
Fils de Philippe V et de sa seconde épouse, la princesse Élisabeth Farnèse, il est d'abord duc de Parme et de Plaisance sous le nom de Charles Ier en 1731 (à la mort de son grand-oncle, le duc Antoine Farnèse), roi de Naples en 1734 puis de Sicile en 1735 sous les noms de Charles VII (Naples) et Charles V (Sicile), par conquête du royaume de Naples et du royaume de Sicile. Il est sacré et couronné roi de Sicile et de Jérusalem à Palerme le .
En devenant roi d'Espagne, il cède les royaumes de Naples et de Sicile en 1759 à son troisième fils Ferdinand. Il est un exemple caractéristique des despotes éclairés du XVIIIe siècle : à sa mort il laissa le souvenir d'un roi « philosophe » et « philanthrope ».
Malgré la ratification de la Pragmatique Sanction, l'Espagne et la France s'unirent aux adversaires de l'Autriche.
Philippe V mourut en 1746, Ferdinand VI d'Espagne, quatrième fils de Philippe et de Marie-Louise-Gabrielle de Savoie, monta sur le trône et Élisabeth perdit son influence. Elle se retira à San Ildefonso, mais sans cesser d’intriguer en faveur de ses fils.
En 1745, furent célébrées les noces de l'infante Marie-Thérèse et du dauphin mais la jeune femme mourut des suites de ses couches l'année suivante.
Si la mort empêchait Marie-Thérèse de devenir reine de France, elle ne ruinait en rien les ambitions de sa mère.
Il restait à celle-ci sa plus jeune fille Marie-Antoinette qu'elle proposa pour succéder à sa sœur ; mais le jeune dauphin, inconsolable, refusa ce marché. En fait, c'est Louis XV qui s'y opposa.
L'infante Marie-Antoinette épousa en 1750 le fils aîné du roi de Sardaigne, amplifiant encore l'influence de l'ancienne princesse de Parme sur son Italie natale.
La fin de la guerre de Succession d'Autriche, par le traité d'Aix-la-Chapelle de 1748, vit l’échange de territoires entre certaines puissances et un autre des fils d'Élisabeth, Philippe de Bourbon, gendre de Louis XV de France qui, comme son père et son frère, était dominé par son épouse, reçut la couronne ducale de Parme et Plaisance.
Il restait à Élisabeth un fils, Louis. D'abord consacré à l'Église, il reçut dès l'âge de huit ans la dignité cardinalice mais renonça à la pourpre peu après la mort de son père. Élisabeth lui destinait le trône de Toscane qui avait été donné au mari de l'archiduchesse Marie-Thérèse d'Autriche, lequel avait été élu empereur sous le nom de François Ier du Saint-Empire.
La guerre de Sept Ans ne combla pas ses vœux. L'infant Louis ne porta jamais la couronne mais contracta sur le tard un mariage que son frère Charles III qualifia d'inégal.
Entre-temps, en 1759, la mort sans héritier de Ferdinand VI porta sur le trône son frère cadet, le roi de Naples et de Sicile devenu Charles III d'Espagne. Après treize années d'inactivité forcée, Élisabeth, devenue la mère du roi mais dont la vue commençait à baisser, était nommée par celui-ci régente en attendant qu'il puisse fouler le sol espagnol.
Élisabeth passa les dernières années de sa vie à Aranjuez où elle dédia son temps en œuvres de charité et devint la protectrice des jésuites.
Les années 1760 virent le mariage de ses petits-enfants : en 1760, Marie-Isabelle de Bourbon-Parme épousa le fils aîné de l'empereur, l'archiduc Joseph, mais mourut deux ans plus tard sans avoir donné de descendance mâle à la Maison de Habsbourg-Lorraine. Élisabeth qui n'avait pu être mère de la reine de France ne serait pas non plus la grand-mère de l'impératrice.
En 1765, elle perdit son fils le duc de Parme tandis que sa petite-fille Marie-Louise de Parme épousait son petit-fils le futur Charles IV d'Espagne. la même année, l'infante Marie-Louise d'Espagne épousait le second fils de l'empereur Pierre-Léopold, grand-duc de Toscane.
Presque aveugle, Élisabeth Farnèse, reine douairière d'Espagne, mourut le .
Frédéric II de Prusse, qui connaissait bien Élisabeth, dit d’elle :
« Le cœur énergique d’un Romain, la fierté d’un Sparte, la ténacité d’un Anglais, l’astuce d’un Italien, la vivacité d’un Français concoururent à créer cette femme particulière ; elle marche audacieusement à la réalisation de ses projets, il n’y a rien qui puisse la surprendre, personne qui puisse l’arrêter ».
Parallèlement aux pourparlers de paix, Élisabeth Farnèse entame des négociations pour assurer à son fils un mariage avantageux. Brouillée avec Vienne et donc dans l'impossibilité d'obtenir la main d'une archiduchesse d'Autriche, son choix se porte sur Marie-Amélie de Saxe, fille du roi Auguste III de Pologne, neveu de l'empereur : ce mariage, qui est une alternative à une des archiduchesses, reste un moyen de consolider la paix avec l'Autriche. La promesse de mariage est ratifiée le . Marie-Amélie a alors à peine treize ans ; les diplomates napolitains obtiennent la dispense du pape ainsi que la permission pour le cortège nuptial de traverser les États pontificaux. La cérémonie est célébrée par procuration à Dresde en mai de l'année suivante, Frédéric-Christian de Saxe, frère de la mariée, représentant le roi de Naples. Le mariage facilite la conclusion du différend diplomatique avec le Saint-Siège : c'est le lendemain de la cérémonie de mariage que la bulle pontificale reconnaissant Charles comme roi de Naples est signée. La rencontre entre les deux époux a lieu le à Portella, un village à la frontière du royaume près de Fondi. Au cours des festivités, le 3 juillet, le roi Charles crée l'ordre royal de Saint-Janvier, l'ordre chevaleresque le plus prestigieux des Deux-Siciles.
Caserte,près de Naples, le palais royal...
La construction du palais fut entreprise par Charles de Bourbon (sans numérotation spécifique quand il devint roi des Deux-Siciles en 1734, mais qui était connu sous le nom de Charles V au royaume de Sicile et de Charles VII au royaume de Naples, et de Charles III d'Espagne quand il retourna à Madrid à partir de 1759).
Ce personnage à multiples titres ne doit pas être confondu avec Charles III de Naples (1345-1386). Le projet fut confié à l'architecte Luigi Vanvitelli au milieu du XVIIIe siècle pour rivaliser avec Versailles et le palais royal de Madrid. Le palais devait en effet être le symbole du nouvel État bourbonien : d'un côté façade de sa puissance et de sa magnificence, de l'autre instrument efficace et rationnel. Il s'insérait dans un plan politique plus vaste de Charles, qui voulait déplacer à Caserte les principales structures administratives de l'État, tout en reliant la ville à la capitale, Naples, par une avenue monumentale de plus de vingt kilomètres. Ce plan ne fut cependant jamais réalisé.
La construction du palais débuta en 1752 et se conclut en 1780, supervisée par Carlo Vanvitelli qui remplaça son père après sa mort.
Palais royal de Caserte, l'escalier monumental et la salle du trône.
En 1746, Philippe V meurt et l'ascension sur le trône espagnol du fils du premier lit, Ferdinand VI, met un terme à la puissance d'Élisabeth Farnèse, laissant Charles libre de toute ingérence de la Cour espagnole.
La même année, le cardinal-archevêque Spinelli tente d'introduire l'Inquisition à Naples, provoquant une réaction violente des Napolitains qui implorent l'intervention du roi Charles. Le roi pénètre dans la basilique del Carmine, et, touchant l'archevêque de la pointe de son épée, lui jure qu'il ne permettra pas la création de l'institution ecclésiastique dans son royaume. Spinelli, qui jusque-là bénéficiait de la faveur du roi et du peuple, se retire de la ville. Sir James Gray (en), ambassadeur de Grande-Bretagne, écrit : « La manière dont le roi s'est comporté à cette occasion est considérée comme un des actes les plus populaires de son règne ».
Désireux de construire un palais qui pourrait rivaliser avec Versailles en magnificence, en 1751, le roi Charles décide de construire la résidence royale de Caserte, lieu où il possède déjà un pavillon de chasse et qui lui rappelle le paysage de San Ildefonso en Espagne. La tradition veut que son choix se soit porté sur la ville parce que, loin du Vésuve et de la mer, elle garantit une protection en cas d'éruption du volcan et contre les incursions ennemies. La construction est réalisée par l'architecte italo-néerlandais Luigi Vanvitelli qui débute officiellement les travaux le , jour du trente-sixième anniversaire du roi, après une somptueuse cérémonie.
Inspiré par le père Gregorio Maria Rocco (it), prédicateur dominicain, il confie au cours de ces années à l'architecte Ferdinando Fuga la construction d'un édifice où les indigents, les chômeurs et les orphelins reçoivent le gîte, le couvert et un enseignement : la Real Albergo dei Poveri, un bâtiment colossal mais qui ne correspond qu'à la moitié de celui qui était prévu initialement.
Charles de Bourbon est un roi très aimé des Napolitains, réussissant à se mettre en syntonie avec la population et ses besoins. Au fil des ans, passant outre l'influence de ses ministres, il concentre les pouvoirs et il apparaît plus en plus comme le principal, sinon le seul artisan de l'éveil des royaumes de Naples et de Sicile, après des siècles de domination étrangère.
Le principal mérite de Charles est, en effet, d'avoir recréé la « nation napolitaine », d'avoir rendu le royaume indépendant et souverain. Il est aussi l'artisan d'une politique de profondes réformes administratives, sociales et religieuses que le royaume attendait depuis longtemps.
Parmi les initiatives visant à faire émerger le royaume des difficiles conditions économiques, Charles crée le Conseil du commerce qui négocie avec les Turcs, les Suédois, les Français et les Néerlandais. Il fonde une compagnie d'assurances et prend des mesures pour protéger le patrimoine forestier ; il essaie également de démarrer l'exploitation des ressources minérales.
Parmi les autres réalisations en matière de constructions publiques, Charles s'attèle à la restauration du palais royal de Naples, la construction du palais de Portici, du théâtre San Carlo (construit en seulement 270 jours), du palais de Capodimonte (en), et la restauration de nombreux ports. Il contribue à la création de la fabrique de porcelaines de Capodimonte, érige le fort militaire de Granatello, et crée, à partir de presque rien, une armée nationale et une flotte.
Pour le domaine culturel, il ordonne l'excavation systématique des villes enfouies par l'éruption du Vésuve en 79 : Pompéi, Herculanum, Oplontis et Stabies. Lors des travaux de construction de la route reliant le Nord du royaume au Sud en 1752 les restes de la ville de Paestum sont découverts. Il réalise le nouveau siège de l'université, l'Académie Ercolanese, la bibliothèque royale et le musée archéologique national de Naples.
Le royaume de Naples reste neutre pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763) car Tanucci craint les visées expansionnistes de Charles-Emmanuel III de Savoie. Le Premier ministre britannique, William Pitt, aurait voulu créer une ligue italienne afin que le royaume de Naples et de Piémont-Sardaigne luttent unis contre l'Autriche de Marie-Thérèse, mais Charles refuse d'adhérer. Ce choix est vivement critiqué par l'ambassadeur napolitain à Turin, Domenico Caraccioli, qui écrit :
« La situation des affaires italiennes n'est pas des plus belles, mais elle est aggravée par le fait que le roi de Naples et le roi de Sardaigne, ayant de plus grandes forces que les autres, pourraient s'opposer aux plans de leurs voisins, et se défendre, ainsi, contre les dérangeurs et les brouilleurs de la paix s'ils étaient en quelque sorte unis, mais ils sont séparés par la distance et peut-être aussi par leurs différents systèmes de gouvernement. »
Avec la république de Gênes les relations sont tendues : Pasquale Paoli, général des rebelles indépendantistes corses, est un officier de l'armée napolitaine et les Génois soupçonnent qu'il reçoit des aides du royaume de Naples.
Après le départ de Charles, Tanucci préside le Conseil de régence de son fils Ferdinand jusqu’à la majorité de l’enfant, mettant en place sa politique anticurialiste.
Le fils aîné de Charles, Philippe-Antoine, souffrant de maladie mentale, le titre de prince des Asturies, réservé aux héritiers au trône d'Espagne, est affecté au second fils, Charles-Antoine. Le droit à hériter des Deux-Siciles passe alors au troisième fils, Ferdinand, en faveur de qui Charles a abdiqué le , par le biais de la Pragmatique Sanction qui décrète la séparation définitive entre les couronnes espagnole et napolitaine.
Ferdinand devient roi de Naples, à seulement huit ans, sous le nom de Ferdinand IV (Ferdinand III comme roi de Sicile), et afin de consolider l'alliance avec l'Autriche, il est destiné à épouser une des filles de Marie-Thérèse. Charles le confie à un Conseil de régence composé de huit membres, dont le membre le plus puissant est Tanucci, qui met en place sa politique anticurialiste. Ce conseil gouverne jusqu'à ce que le jeune roi ait seize ans. Mais les décisions les plus importantes sont toujours prises à la cour madrilène.
Les autres enfants s'embarquent avec leurs parents pour l'Espagne. Charles est également suivi de plusieurs de ses collaborateurs, comme le marquis Squillace (qui devient Esquilache en Espagne). La flotte appareille du port de Naples le 7 octobre et arrive à Barcelone dix jours plus tard, accueillie par de grandes fêtes.
Départ de Charles de Bourbon pour l'Espagne en 1759, Antonio Joli, musée de Capodimonte, Naples.
En 1738, Charles épouse Marie-Amélie de Saxe (1724 – 1760), fille d'Auguste III, duc de Saxe et roi de Pologne. Ils ont treize enfants, dont seulement sept parviennent à l'âge adulte :
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Marie-Isabelle ( – ) ;
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Marie-Josèphe ( – ) ;
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Marie-Isabelle ( – ) ;
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Marie-Josèphe (1744 – 1801), sans alliance (elle figure sur le tableau de Goya représentant la famille royale) ;
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Marie-Louise (1745 – 1792), épouse en 1765 Pierre-Léopold d'Autriche, grand-duc de Toscane puis empereur germanique (1747 – 1792) ;
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Philippe-Antoine de Bourbon (1747 – 1777), duc de Calabre ; exclu de la succession pour débilité, handicapé et déchu de ses droits au trône ;
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Charles (1748 – 1819), futur roi d'Espagne (Charles IV) et époux de sa cousine Marie-Louise de Bourbon-Parme (1751 – 1819) ;
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Marie-Thérèse ( – ) ;
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Ferdinand (1751 – 1825), roi de Naples et de Sicile, épouse en 1768 Marie-Caroline d'Autriche (1752 – 1814) ;
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Gabriel (1752 – 1788), en 1785, épouse sa cousine Marie-Anne-Victoire de Portugal, fille de Marie Ire, reine de Portugal (postérité) ;
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Marie-Antoinette ( – ) ;
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Antoine-Pascal (1755 – 1817), épouse sa nièce Marie-Amélie, fille de son frère Charles IV d'Espagne (sans postérité) ;
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François-Xavier (1757 – 1771).
Ferdinand IV de Naples à l'âge de neuf ans, Anton Raphael Mengs, musée du Prado.
Ferdinand Ier des Deux-Siciles, né le à Naples et mort le dans la même ville, est roi de Naples, sous le nom de Ferdinand IV de 1759 à 1799 — puis, après un court intermède, de 1799 à 1806, et de nouveau de 1815 à 1816, roi de Sicile sous le nom de Ferdinand III et enfin, roi des Deux-Siciles de 1816 à sa mort en 1825.
Politiquement, Ferdinand est un roi faible et gouverné par son épouse Marie-Caroline et son favori John Acton.
Cousin et beau-frère du roi Louis XVI et de son épouse Marie-Antoinette, la jeune sœur de la reine Marie-Caroline, il fut même un temps question de fiancer le jeune dauphin Louis-Joseph à une des princesses de Bourbon-Siciles, Marie-Amélie, future reine des Français. Aussi le couple royal est-il un ennemi farouche de la Révolution française. La reine jure même de tout faire pour venger sa sœur condamnée à mort puis guillotinée par la République française. Cependant vaincu, le roi perd en 1798 ses États de Terre ferme, mais il y rentre l'année suivante, ramené par le cardinal Ruffo, et y laisse exercer une cruelle répression. Il les perd de nouveau en 1806 pour avoir violé la neutralité qu'il avait jurée à Napoléon Ier, qui attribue son royaume à son frère Joseph, puis à Joachim Murat.
En 1815, il monte à nouveau sur le trône de Naples et, en décembre 1816, unit alors ses deux royaumes, jusqu'alors gouvernés en union personnelle, sous le nom de royaume des Deux-Siciles et se fait nommer Ferdinand Ier. Il abolit alors la Constitution de 1812. En tant que souverain éclairé, il fonde également dans son palais de San Leucio, près de Caserte, une manufacture de soie aux visées utopistes. Tous les artisans, au nombre de 291, venus de toute l'Europe, y sont égaux. Il fonde également le musée archéologique de Naples, pour y exposer les objets découverts à Pompéi et Herculanum.
Par son père, il appartient à la famille des Bourbons d'Espagne. Par sa mère, il est issu des électeurs de Saxe et de Bavière, et aussi des Habsbourg. Il est également le cousin germain de Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.
Fils cadet de Charles VII de Naples et de Marie-Amélie de Saxe, il n'a que 8 ans quand son père renonce aux trônes de Naples et de Sicile pour ceindre la couronne d'Espagne sous le nom de Charles III. Son frère aîné, futur Charles IV, étant destiné à lui succéder sur le trône espagnol, c'est Ferdinand, âgé de 8 ans, qui accède aux trônes de Sicile et de Naples sous les noms de Ferdinand III dans la partie insulaire (Sicile) et de Ferdinand IV dans la partie péninsulaire (Naples). Il est le fondateur de la maison de Bourbon-Siciles qui règne par la suite sur le royaume des Deux-Siciles dont il est lui-même le premier monarque. Pendant son enfance, la régence est menée par Bernardo Tanucci et le prince Domenico Cattaneo.
Partie prenante de la réconciliation de la maison de Bourbon avec celle de maison de Habsbourg-Lorraine, il est fiancé successivement à trois sœurs archiduchesses d'Autriche : Marie-Jeanne, morte en 1762, Marie-Josèphe, disparue à son tour en 1767, enfin la même année, Marie-Caroline, âgée de 15 ans. Le mariage est célébré l'année suivante et ne sera pas très heureux, l'impétueuse reine s'ennuyant auprès d'un mari très effacé, fort laid et peu cultivé. Leur union sera cependant prolifique.
En , Naples est occupée par l'armée française d'Italie, et la République parthénopéenne est proclamée à Naples par des jacobins napolitains qui souhaitent en faire une république sœur de la Première République française. Une révolte populaire, royaliste et catholique, le sanfédisme, dirigée par le cardinal Ruffo et soutenue par la Grande-Bretagne, éclate dans le but de rétablir la monarchie, ce qui advient le 24 juin. Les principaux chefs de l'éphémère république napolitaine sont exécutés.
En 1801, Ferdinand Ier fonde le Musée de minéralogie de Naples, le premier du genre en Italie.
En 1805, Joseph Bonaparte, frère de l'empereur Napoléon Ier, envahit l'Italie du Sud dans le but de chasser les Bourbons du trône. Il conquiert ainsi le royaume de Naples dont il devient roi en mars 1806, puis abandonne Naples à Joachim Murat en 1808. L'Autriche conquiert le royaume et le roi Ferdinand est restauré sur le trône napolitain.
En 1806, alors que les armées napoléoniennes s'emparent du royaume de Naples, le roi Ferdinand se retire en Sicile et installe sa cour à Palerme. À cette époque, l'île de Sicile est alors mise sous la protection de l'Empire britannique qui souhaite la protéger de Napoléon à la suite de conquête de Naples, en servant ainsi les intérêts des Bourbons. Pourtant, des rumeurs courent d'une possible alliance de la femme du roi Ferdinand, Marie-Caroline d'Autriche, avec les Français.
La famille royale et sa cour, dominée par les Napolitains, s'opposent aux barons siciliens qui refusent, lors de la session du Parlement sicilien de janvier 1810, de voter les impôts au Parlement. Une révolte éclate dans l'île et le roi Ferdinand fait déporter cinq des plus influents aristocrates : le prince de Belmonte et le prince de Castelnuovo sur Favignana, le prince de Villafranca à Pantellaria, le prince d’Aci à Ustica et le duc d’Angio à Marettimo, tous privés d'argent et de communication avec l'extérieur.
Ferdinand doit choisir entre une alliance avec les Français ou avec les Britanniques, qui nomment William Cavendish-Bentinck comme ambassadeur et Ministre plénipotentiaire. Il débarque le 20 juillet 1811, avec pour mission d'obtenir le retour des cinq exilés, de former un gouvernement composés de Siciliens, et de promulguer une constitution inspirée de la monarchie parlementaire anglaise. Face à l'opposition de Ferdinand, il obtient de ses supérieurs, l'accord de renverser si nécessaire le roi au profit du prince héritier. Celui-ci, le futur roi François Ier, est nommé vicaire du royaume, libère les nobles qui composent le conseil de régence.
Sous la pression de lord William Bentick et des nobles siciliens, le roi proclame en 1812 une constitution libérale.
Portrait du roi Ferdinand de Naples et Sicile.
Marie-Charlotte Louise Josèphe Jeanne Antoinette d’Autriche, dite Marie-Caroline après son mariage, née à Vienne le et morte dans la même ville le , est une archiduchesse d'Autriche qui devient en 1768 reine de Naples et de Sicile et le reste jusqu'à la prise de pouvoir de Joseph Bonaparte en 1806. Elle s'exile en Sicile jusqu'en 1813.
Née le à Vienne, l'archiduchesse est le treizième enfant de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche et de François Ier, empereur du Saint-Empire. Elle est la troisième fille du couple impérial à recevoir ce prénom après Marie-Caroline d'Autriche (1740-1741) et Marie-Caroline d'Autriche (1748).
L'enfant est baptisée le jour même de sa naissance, avec pour parrain et marraine les souverains français Louis XV et Marie Lesczynska. Elle reçoit les noms de baptême de Marie-Charlotte Louise Jeanne Josèphe Antoinette, mais est connue, après son mariage dans son royaume de Naples, comme la reine Marie-Caroline. Elle est la sœur aînée de Marie-Antoinette, reine de France.
Marie-Caroline d'Autriche est la troisième fille du couple impérial à être fiancée au roi Ferdinand IV de Naples et de Sicile, ses deux sœurs, Marie-Jeanne et Marie-Josèphe, étant mortes avant leurs noces. C'est Marie-Caroline, qui, le , épouse le souverain, très grand, fort laid et de plus doté d'un caractère brutal.
Mariée pour des raisons diplomatiques (affermir la réconciliation entre la maison d'Autriche et la maison de Bourbon), Marie-Caroline ne fut pas heureuse auprès de son époux. Cependant, elle remplit ses devoirs de reine, allant jusqu'à dominer un mari peu doué dans le domaine politique et donnant à la couronne dix-huit enfants.
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Marie-Thérèse (1772-1807) épouse en 1790 François II, Empereur Romain Germanique (1768-1835) d'où 12 enfants dont Marie-Louise, impératrice des Français et reine consort d'Italie et Marie-Léopoldine, impératrice du Brésil ;
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Louise-Marie (1773-1802) épouse en 1790 Ferdinand III, grand-duc de Toscane (1769-1824) ;
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Charles (1775-1778) ;
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Anna (1775-1780) ;
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François Ier, roi des Deux-Siciles (1777-1830) ;
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Maria (1779-1783) ;
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Marie-Christine (1779-1849), épouse en 1807 Charles-Félix de Savoie ;
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Gennaro (1780-1789) ;
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Joseph (1781-1783) ;
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Marie-Amélie (1782-1866), épouse en 1809 Louis Philippe d'Orléans, duc de Chartres puis d'Orléans (futur roi des Français : Louis-Philippe Ier) (1773-1850) ;
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Fille non prénommée née et morte le ;
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Marie-Antoinette de Bourbon des Deux-Siciles (1784-1806) épouse en 1804 Ferdinand d'Espagne, prince des Asturies (1784-1833) (roi en 1808, restauré en 1813) ;
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Marie-Clotilde (1786-1792) ;
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Marie-Henriette (1787-1792) ;
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Charles (1788-1788) ;
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Léopold-Michel, prince de Salerne (1790-1851) épouse en 1816 Marie-Clémentine d'Autriche (1798-1881) ;
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Albert-Louis (1792-1798) ;
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Marie-Isabelle (1793-1801).
Marie-Caroline et Ferdinand Ier, roi des Deux-Siciles, avec leurs enfants (Marie-Thérèse, jouant de la harpe, François, debout près de son chien, Marie-Christine debout contre sa mère, Gennaro assis sur un coussin, et Louise-Marie tenant dans ses bras Marie-Amélie, le dernier enfant du couple est mort-né durant la réalisation du tableau, le peintre qui avait déjà représenté le bébé dans le berceau, peint un voile par-dessus) (tableau d'Angelica Kauffmann, 1783).
Possédant une forte personnalité, elle dominait son époux, le roi Ferdinand IV. C'est elle qui gouvernait en réalité. Le destin tragique de sa sœur cadette en fit une adversaire acharnée de la Révolution.
Poursuivant la politique de sa mère, l'impératrice Marie-Thérèse, elle chercha à renforcer les liens tissés par cette dernière entre les Maisons de Habsbourg-Lorraine et de Bourbon.
Pour ce faire, elle maria fort avantageusement ses enfants, accaparant les trônes d'Europe. Ses filles épousèrent leurs cousins : l'Empereur François, le grand-duc de Toscane, le prince des Asturies. Son fils aîné, l'héritier du trône, prénommé François en l'honneur de son grand-père maternel, épousa également ses cousines, d'abord Marie-Clémentine d'Autriche qui mourut prématurément en 1801, puis Marie-Isabelle d'Espagne qui lui donna une nombreuse progéniture. Parmi ses arrière-petits-enfants, on compte de nombreux souverains, notamment Napoléon II, Marie II de Portugal, Pierre II du Brésil, Maximilien Ier du Mexique, François Joseph Ier d'Autriche, Ferdinand IV de Toscane, Victor-Emmanuel II d'Italie, Henri d'Artois, Isabelle II d'Espagne, François II des Deux-Siciles, Léopold II de Belgique, Ferdinand Ier de Bulgarie, ainsi qu'entre autres Louise d'Artois, duchesse consort de Parme et mère de Robert Ier de Parme. De plus, on retrouve aussi les différents prétendants au trône de France, les familles de Roumanie, de Yougoslavie, de Luxembourg, des membres des familles de Liechtenstein, de Grèce, de Danemark, et même de Géorgie, ainsi que nombre de familles de l'aristocratie et de la bourgeoisie européennes. Bien avant la reine Victoria, Marie-Caroline est la grand-mère de l'Europe.
Le soutien de son favori Joseph Acton et de l'ambassadeur britannique Hamilton lui permet d'engager en 1798 les hostilités contre les armées de la France révolutionnaire.
Les victoires de la France l'obligent à trouver refuge en Sicile. La vie pour elle est très pénible et elle ne parvient pas à s'adapter au climat. Des chroniqueurs disent qu'elle se drogue, notamment avec de l'opium. Elle quitte Palerme en , avec Nelson et les Hamilton, pour retourner à Vienne.
L'amiral Nelson devient le bras armé de la vengeance de Marie-Caroline. Elle n'hésite pas à faire exécuter ses anciens amis et mène une répression féroce. Même Gorani, réfugié en Suisse, doit se déplacer fréquemment pour éviter la vengeance de ses agents après avoir révélé, dans ses Mémoires secrets, un prétendu lesbianisme et sa relation avec Lady Hamilton.
Marie-Caroline d'Autriche lève une armée et place à sa tête le cardinal Ruffo. Pour les républicains, c'est la capitulation. Les mois suivants, avec un conseil nommé par Ferdinand, commencent les procès contre les républicains : sur les quelque huit mille prisonniers, cent vingt-quatre ont été exécutés, six sont pardonnés, deux cent vingt-deux condamnés à de l'emprisonnement, trois cent vingt-deux à des peines mineures, deux cent quatre-vingt-huit à la déportation et soixante-sept à l'exil. Parmi les prisonniers, il y a quelques-uns des plus grands noms de la classe bourgeoise et intellectuelle de Naples, issus de plusieurs provinces du Midi qui ont donné leur appui à la République, parmi eux Pasquale Baffi, Francesco Mario Pagano, Eleonora de Fonseca Pimentel, Luisa Sanfelice, Ignace Ciaia, Domenico Cirillo, Giuseppe Leonardo Albanese, Vincenzo Russo, Francesco Caracciolo, Michael Granata, Gennaro Serra di Cassano, Nicholas Charlemagne exécuté, Giustino Fortunato senior, évadé de prison, et Vincenzo Cuoco condamné à l’exil, peine aussi subie par Mgr Bernardo de la Torre, vicaire général de l'archidiocèse de Naples.
Le roi revient à Naples le , la reine le .
La reine de Naples complote et ne respecte pas le traité signé avec la France. Nelson, soutien de Marie-Caroline, meurt au combat à Trafalgar. Napoléon prépare Austerlitz et se retourne contre l'Autriche. Les Napolitains doivent se plier à la volonté de l'empereur, mais elle refuse de se soumettre.
Marie-Caroline d'Autriche renforce son pouvoir et les liens qui la nouent déjà aux Maison de Bourbon et Maison de Habsbourg-Lorraine en mariant sa fille au prince des Asturies et son fils François, duc de Calabre à l'archiduchesse Marie-Clémentine d'Autriche. Ils seront les parents de la future duchesse de Berry; La duchesse de Calabre meurt prématurément et le duc est remarié en 1803 à l'infante Marie-Isabelle d'Espagne. Cependant la rumeur prétend que le père de la jeune fille n'est pas le roi Charles IV mais l'amant de la reine Marie-Louise, Manuel Godoy et, dans ses accès de colère, la reine de Naples ne se privera pas de traiter sa bru de "bâtarde épileptique engendrée par le crime et la scélératesse."
En 1804, Napoléon Ier la contraint à se séparer de son favori et annexe le nord du royaume. Joseph Bonaparte devient le roi de Naples. Une fois de plus, elle se réfugie en Sicile et s'ouvre un deuxième exil à Palerme. En 1806, son mari est déchu du royaume de Naples par Napoléon.
Elle n'en marie pas moins ses deux filles en passe de rester célibataires, en 1807, Marie-Christine, 28 ans, épouse Charles Félix de Sardaigne et en 1809, Marie-Amélie 27 ans, épouse le duc d'Orléans (futur roi Louis-Philippe), tous deux princes en exil.
Entretemps, en 1808, elle tente, toujours avec l'aide de l'Angleterre, de mettre son plus jeune fils, Léopold-Michel, sur le trône d'Espagne, mais l'intervention française fait échouer ce projet.
Elle s'indigna, en 1810, du mariage de sa petite-fille et petite-nièce (enfant née du mariage de sa fille Marie-Thérèse de Bourbon-Sicile et de son neveu l'empereur François Ier d'Autriche), l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche, avec son ennemi juré, Napoléon Ier, et encore plus de la naissance de son arrière-petit-fils et petit-neveu, le roi de Rome.
Nonobstant, après la première abdication de Napoléon (mars 1814), elle critique vertement la mollesse de sa petite-fille et petite-nièce Marie-Louise[réf. nécessaire].
En Sicile, les Anglais l'empêchent de plus en plus de jouer un rôle. En 1813, elle est chassée par les Anglais et se réfugie épuisée à Vienne. C'est une vieille femme. Elle est à Vienne au moment du Congrès. Elle représente l'Ancien Régime et l'ancienne diplomatie. Elle gêne. Elle trouve un peu de réconfort auprès de Marie-Louise et de son fils l'Aiglon, dont la naissance l’avait tant indignée.
Marie-Caroline d'Autriche meurt à Vienne à 62 ans, en , avant de voir le retour des Bourbons à Naples. Au matin, elle est découverte morte par sa femme de chambre. Sa main est tendue vers la sonnette. Elle est sans doute morte d'une crise d'apoplexie. Sa dépouille est déposée dans la Crypte des Capucins aux côtés de celles sa mère Marie-Thérèse dite "la grande" et de son père l'empereur François Ier. Elle était la dernière enfant du couple impérial encore en vie. Son époux se remarie avant la fin de la même année et règne encore dix ans.
En 1815, Joachim Murat est chassé du trône par l'empire d'Autriche et Ferdinand redevient maître du royaume de Naples. Le souverain maintient une grande partie des réformes faites par les Français (à l'exception de certaines, comme le divorce) et, après des modifications mineures, il transforme le Code Napoléon instauré par les Français en Code du Royaume des Deux-Siciles. La seule différence importante avec la période napoléonienne est le rapport avec l’Église qui reprend un poste de premier plan sur la scène politique. Ce processus de conservation des institutions françaises est géré par le président du conseil des ministres Luigi de' Medici qui cherche à fondre l'élite de l'époque napoléonienne dans l'élite noble bourbonienne.
Lorsque le roi Ferdinand monte à nouveau sur le trône de Naples en 1815, les Britanniques commencent par s'opposer à l'unification définitive des deux royaumes. En effet, ils avaient établi en Sicile une forme de protectorat qu'ils auraient perdue si les deux royaumes étaient unifiés. Finalement, lors du congrès de Vienne qui réunit les pays vainqueurs de Napoléon Ier de 1814 à 1815, les autres grandes puissances européennes voient d'un mauvais œil le pouvoir qu'exerce l'Empire britannique sur la plus grande île de la Méditerranée. Le gouvernement britannique ne souhaitant pas s'aliéner l'empire d'Autriche, il abandonne ses prétentions sur la Sicile.
Le congrès de Vienne abandonne donc définitivement la totalité du royaume de Sicile et du royaume de Naples au roi Ferdinand. Il s'ensuit une période de 18 mois d'immobilisme politique jusqu'à la fin de l'année 1816. Le 8 décembre 1816, le roi proclame à Caserte un décret (plus tard appelé loi fondamentale du royaume) qui unifie les royaumes de Naples et de Sicile, en supprimant ces deux précédentes entités, pour créer le royaume des Deux-Siciles, le plus grand État de la péninsule italienne. Il abandonne par la même occasion les noms de Ferdinand IV de Naples et de Ferdinand III de Sicile pour adopter celui de Ferdinand Ier des Deux-Siciles ainsi que le prédicat honorifique de Sa Majesté sicilienne. La Sicile perd ainsi la Constitution libérale qu'il lui avait accordée en 1812 et devient une province du royaume.
La restauration des Bourbon-Siciles et la fondation du royaume des Deux-Siciles ne suppriment pas les idéaux progressistes et libéraux qui avaient commencé à se diffuser. Peu à peu se fonde une société secrète, nommée le carbonarisme, dont les buts sont, en premier lieu, la ratification d'une constitution par le roi mais également, par la suite, l'unification de l'Italie. La plupart des nobles et des bourgeois qui ont soutenu les Français du royaume de Naples napoléonien, ainsi que de nombreuses autres personnalités napolitaines et siciliennes de toutes les classes sociales y adhèrent. La politique conciliatrice du président du conseil des ministres Luigi de' Medici ne fait qu’amplifier ce mouvement en donnant des postes importants de l'administration et de l'armée à des carbonari.
Dans la nuit du 1er au 2 juillet 1820, le lieutenant Michele Morelli, chef de la section de la charbonnerie de Nola, et le lieutenant Giuseppe Silvati donnent le coup d'envoi de l'insurrection de 1820 en désertant avec environ 145 hommes provenant d'un régiment de cavalerie. Rapidement, ils sont rejoints par Luigi Minichini, abbé et anarchiste, qui s'oppose à Morelli car il veut parcourir la campagne afin de recruter des paysans qui, selon lui, attendent pour rejoindre la conspiration. Le 3 juillet, Morelli, Silvati et Minichini font leur entrée à Avellino. Ils y proclament alors, en présence de l'évêque, une constitution sur le modèle de celle de Cadix. Après cela, Morelli passe les pouvoirs aux mains du colonel De Concilij, chef d'état-major du général Guglielmo Pepe, un des dirigeants du carbonarisme. En même temps, des révoltes populaires en Calabre et en Basilicate empêchent la communication entre les diverses parties du royaume et font ainsi échouer la tentative de répression du gouvernement. Dans la nuit du 5 au 6 juillet, Guglielmo Pepe ainsi que deux régiments de cavalerie et un d'infanterie qu'il a levés à Naples se dirigent vers la ville d'Avellino. Ils y arrivent le soir du 6 juillet et Guglielmo Pepe y prend la direction de l'insurrection. Le même jour, les régiments de cavalerie Regina et Dragoni adhèrent à la révolte alors que Pepe joue un double jeu lui permettant de ralentir la gendarmerie. À la suite de ce coup d'État, le roi Ferdinand Ier des Deux-Siciles est donc obligé d'accorder une constitution le 7 juillet 1820. Un gouvernement est mis en place et le prince François Ier, fils du roi et futur roi, est nommé vicaire général du royaume. Le 9 juillet, les troupes révoltées, composées de près de 7 000 carbonari et dirigées par le général Guglielmo Pepe, Michele Morelli, le colonel De Concilj et Luigi Minichini, arrivent devant le palais royal de Naples. Le 13 juillet, le roi jure sur la constitution et promet de la faire appliquer dans tout le royaume.
Pendant ce temps, en Sicile, une double révolte éclate également. Les villes de la Sicile orientale (Messine et Catane) veulent, pareillement aux insurgés napolitains, une constitution de la part du roi et s'alignent donc sur la révolte dans la partie péninsulaire. La Sicile occidentale, et principalement les populations des villes de Palerme et d'Agrigente, quant à elles, demandent un gouvernement ainsi qu'un parlement différent de celui de Naples. Le 16 juillet, un gouvernement provisoire séparatiste qui désire la recréation d'un royaume de Sicile séparé de celui de Naples est mis en place à Palerme. Le 30 août, le gouvernement des Bourbons envoie donc le général Florestano Pepe, frère de Guglielmo, en Sicile pour traiter avec les Siciliens. Le 22 septembre, il concède à la Sicile la possibilité d'élire une assemblée de députés lors de l'accord de Termini Imerese, qui entre en vigueur le 5 octobre, mais ce dernier est refusé par le parlement napolitain et les villes de Messine et Catane qui refusent la séparation. Le général Florestano Pepe est alors démis et remplacé par Pietro Colletta, envoyé par le gouvernement napolitain le 14 octobre. Ce dernier fait preuve d'un grand autoritarisme militaire et mate rapidement la révolte indépendantiste en Sicile par de dures répressions.
La reine meurt en 1814 et peu après Ferdinand épouse morganatiquement Lucia Migliaccio, duchesse de Floridia et princesse de Castura.
Le , Metternich convoque, au nom du gouvernement autrichien, garant de l'ordre en Italie, les puissances de la Sainte-Alliance lors de la Conférence de Troppau; celle-ci déclare légitime une intervention dans le royaume des Deux-Siciles.
En , Metternich convoque ensuite Ferdinand Ier des Deux-Siciles à une conférence à Laybach pour décider d'une intervention armée contre les révolutionnaires napolitains. En février, un contingent autrichien de 52 000 soldats, commandé par le général Johann Maria Philipp Frimont, passe le fleuve Pô, qui délimite le nord de la péninsule italienne. Il se partage en cinq divisions qui occupent les principales villes de l'Italie centrale (Ancône, Tolentino, Foligno, Terni, Rieti, Arezzo, Pérouse, Spoleto, Empoli et Sienne).
Le , le roi Ferdinand Ier révoque la constitution accordée quelques mois plus tôt. Les insurgés essayent de résister, mais le 7 mars 1821, les constitutionnalistes commandés par Guglielmo Pepe, forts de 40 000 hommes, sont battus à la bataille de Rieti par les troupes autrichiennes. Poursuivant leur avancée, les Autrichiens entrent à Naples sans rencontrer de résistance le 23 mars, puis à Palerme le 31 mai.
Le royaume des Deux-Siciles, de nouveau devenu une monarchie absolue dirigée pleinement par Ferdinand Ier, reste ainsi sous occupation autrichienne, visant à rétablir la paix et à mater les derniers révoltés, jusqu'en 1827. Nommé par le roi et les Autrichiens, le prince Antonio Capece Minutolo, ministre de la police, obtient la mission de capturer tous les suspects de conspiration. En 1822, Giuseppe Silvati et Michele Morelli sont pendus à Naples tandis que Guglielmo Pepe, condamné à mort, réussit à s'enfuir.
L'occupation militaire autrichienne se poursuit ainsi, mais le 4 janvier 1825, à l'âge de 73 ans, le roi Ferdinand Ier décède (selon une légende célèbre, après une longue entrevue avec l'archéologue Andrea De Jorio, réputé pour son mauvais œil) et est inhumé dans la Basilique Santa Chiara de Naples, nécropole familiale des Bourbon-Siciles. Son fils lui succède sur le trône.
Portrait de Marie-Caroline, archiduchesse d'Autriche, par Jean-Etienne Liotard, 1762.
En 1768, Ferdinand Ier des Deux-Siciles (1751 — 1825 ; fils puîné du roi d'Espagne Charles III et de Marie-Amélie de Saxe, et frère cadet de Charles IV) épouse Marie-Caroline d'Autriche (1752 – 1814 ; fille de Marie-Thérèse et de François Ier du Saint-Empire, sœur de Marie-Antoinette). De cette union naissent notamment :
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Marie-Thérèse (1772 – 1807), épouse en 1790 François d'Autriche, futur empereur germanique puis d'Autriche (fils de Léopold et petit-fils de Marie-Thérèse et François Ier du St-Empire) ;
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Marie-Clémentine de Habsbourg-Lorraine épouse en 1816 Léopold de Bourbon-Siciles (1790 – 1851) ci-dessous
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Marie-Caroline de Salerne, duchesse d'Aumale (1822-1869), femme du duc d'Aumale ci-dessous
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Marie-Louise d'Autriche épouse en 1810 Napoléon Ier
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l'Aiglon, le roi de Rome, Napoléon II (1811-1832)
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Marie-Léopoldine d'Autriche épouse en 1817 Pierre Ier du Brésil (petit-fils maternel de Charles IV d'Espagne)
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Marie II (1819-1853, reine de Portugal, grand-mère de Charles Ier ci-dessous)
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Pierre II (1825-1891, empereur du Brésil) épouse Thérèse-Christine de Bourbon-Siciles ci-dessous
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Françoise, princesse de Joinville (1824-1898), femme du prince de Joinville et mère de Françoise de Joinville, duchesse de Chartres, ci-dessous
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François-Charles d'Autriche épouse en 1824 Sophie de Bavière, fille du roi Maximilien
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François-Joseph (1830-1916, empereur-roi d'Autriche-Hongrie)
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Maximilien (1832-1867, empereur du Mexique) épouse en 1857 Charlotte de Belgique (1840-1927, impératrice du Mexique) ci-dessous
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Charles-Louis (1833-1896, mari de Marie-Annonciade ci-dessous)
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Louise (1773 – 1802), épouse en 1790 Ferdinand III de Toscane, frère cadet de l'empereur François d'Autriche ci-dessus ;
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Léopold II de Toscane (1797-1870)
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épouse en 1817 Marie de Saxe (1799-1832)
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Augusta (1825-1864, mère de Louis III de Bavière)
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épouse en 1833 Marie-Antoinette de Bourbon-Siciles (1814-1898) ci-dessous
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Marie-Isabelle de Habsbourg-Toscane (1834-1901) épouse en 1850 François de Paule de Bourbon-Siciles (1827-1892) ci-dessous
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Ferdinand IV de Toscane (1835-1908)
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Louis-Salvador (1847-1915, voyageur, navigateur)
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Jean Orth (1852-1890 ?, aventurier)
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Marie-Thérèse de Habsbourg-Toscane (1801-1855)
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épouse en 1817 Charles-Albert de Savoie (1798-1849)
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Victor-Emmanuel II (1820-1878, premier roi d'Italie, père de Marie-Clotilde : d'où les Bonaparte-Princes Napoléon, et de Maria-Pia, mère de Charles Ier de Portugal ci-dessus et ci-dessous)
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Ferdinand duc de Gênes (1822-1855, à la fois grand-oncle paternel et grand-père maternel de Victor-Emmanuel III)
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Charles (1775 – 1778) ;
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Marie-Anne (1775 – 1780) ;
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François Ier20, roi des Deux-Siciles (1777 – 1830)
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épouse en 1797 Marie-Clémentine d'Autriche, sœur de l'empereur François d'Autriche ci-dessus
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Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, duchesse de Berry, épouse Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, fils de Charles X de France
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Henri d'Artois, dit Henri V (1820-1883)
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Louise (1819-1864, duchesse de Parme), femme de Charles III de Parme (issu de Marie-Thérèse et François Ier du St-Empire, et de Charles IV d'Espagne)
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épouse Marie-Isabelle d'Espagne, fille de Charles IV
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Louise-Charlotte de Bourbon-Siciles épouse François de Paule de Bourbon, dernier fils de Charles IV d'Espagne
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François d'Assise roi consort d'Espagne (1822-1902, mari de sa cousine Isabelle II ci-dessous)
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Henri duc de Sagonte et de Séville (1823-1870)
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Marie-Christine de Bourbon-Siciles (1806-1878) épouse Ferdinand VII, roi d'Espagne, fils de Charles IV
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Isabelle II (1830-1904, reine d'Espagne), arrière-arrière-grand-mère de Juan Carlos (roi d'Espagne) ci-dessous
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Louise-Fernande d'Espagne (1832-1897, duchesse de Montpensier et de Galliera) épouse en 1846 Antoine Ier d'Orléans (1824-1890) ci-dessous
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Ferdinand II (roi des Deux-Siciles) épouse Marie-Thérèse de Habsbourg-Lorraine-Teschen (arrière-petite-fille de Marie-Thérèse et François Ier du St-Empire, et de Charles III d'Espagne)
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François II, roi des Deux-Siciles (1836-1894)
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Alphonse de Caserte (1841-1934) épouse en 1868 Marie-Antoinette (1851-1938)
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Charles de Bourbon-Siciles (1870-1949) épouse Louise d'Orléans (1882-1958), fille du 1er comte de Paris ci-dessous
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Maria de Las Mercedes comtesse de Barcelone (1910-2000), épouse en 1935 Juan de Borbón y Battenberg, comte de Barcelone (1913-1993)
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Juan Carlos (roi d'Espagne ; né en 1938)
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Marie-Annonciade (1843-1871, femme de l'archiduc Charles-Louis ci-dessus, mère de l'archiduc François-Ferdinand et grand-mère du dernier empereur d'Autriche-Hongrie Charles)
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Maria-Pia de Bourbon-Siciles (1849-1882, duchesse de Parme par son mariage avec Robert)
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Marie-Antoinette de Bourbon-Siciles (1814-1898) épouse en 1833 Léopold II de Toscane ci-dessus
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Thérèse-Christine de Bourbon-Siciles épouse Pierre II ci-dessus
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Isabelle du Brésil (1846-1921, princesse impériale du Brésil) épouse en 1864 Gaston de Nemours (1842-1922, comte d'Eu, prince du Brésil ; petit-fils du roi Louis-Philippe) ci-dessous
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Léopoldine du Brésil (1847-1871) épouse en 1864 Auguste de Saxe-Cobourg-Kohary (1845-1907) ci-dessous
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François de Paule de Bourbon-Siciles (1827-1892) épouse en 1850 Marie-Isabelle de Habsbourg-Toscane (1834-1901)
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Marie-Antoinette (1851-1938) épouse en 1868 Alphonse de Caserte (1841-1934) ci-dessus
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Marie-Christine (1779 – 1849), épouse en 1807 Charles-Félix de Savoie ;
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Janvier (1780 – 1789) ;
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Joseph (1781 – 1783) ;
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Marie-Amélie (1782 – 1866), épouse en 1809 Louis-Philippe d'Orléans, futur roi des Français ;
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Ferdinand-Philippe d'Orléans (1810-1842) épouse en 1837 Hélène de Mecklembourg-Schwerin
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Philippe, le premier comte de Paris (1838-1894) épouse en 1864 Marie-Isabelle d'Orléans-et-Bourbon-Montpensier, fille d'Antoine Ier de Montpensier et de Galliera ci-dessous
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Amélie d'Orléans (1865-1951) épouse en 1886 Charles Ier de Portugal (1863-1908), petit-fils de Marie II ci-dessus
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Isabelle d'Orléans (1878-1961) épouse en 1899 Jean d'Orléans, duc de Guise (1874-1940), fils de Robert de Chartres ci-après
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Henri d'Orléans (1908-1999), le deuxième comte de Paris, épouse en 1931 Isabelle d'Orléans-Bragance (1911-2003) ci-dessous, arrière-petite-fille de Pierre II ci-dessus
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Louise d'Orléans (1882-1958) épouse Charles de Bourbon-Siciles (1870-1949 ; fils d'Alphonse de Caserte) ci-dessus : grands-parents maternels de Juan Carlos
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Robert, duc de Chartres (1840-1910) épouse en 1863 Françoise d'Orléans-Joinville (1844-1925) ci-dessous : grands-parents paternels d'Henri, le 2e comte de Paris
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Louise d'Orléans (1812-1850) épouse en 1832 Léopold Ier (roi des Belges), oncle d'Albert et Victoria du Royaume-Uni
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Léopold II, roi des Belges (1835-1909)
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Charlotte de Belgique (1840-1927, impératrice du Mexique) épouse en 1857 Maximilien (1832-1867, empereur du Mexique) ci-dessus
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Louis d'Orléans, duc de Nemours (1814-1896) épouse en 1840 Victoire de Saxe-Cobourg-Kohary, sœur de Ferdinand (l'époux de Marie II de Portugal ci-dessus) et d'Auguste ci-après
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Gaston de Nemours (1842-1922, comte d'Eu, prince du Brésil) épouse en 1864 Isabelle du Brésil (1846-1921), fille de Pierre II, princesse impériale du Brésil, ci-dessus
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Pierre d'Orléans-Bragance épouse en 1908 Élisabeth Dobrzensky de Dobrzenicz
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Isabelle d'Orléans-Bragance (1911-2003) épouse en 1931 Henri d'Orléans (1908-1999), le deuxième comte de Paris, ci-dessus
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Clémentine d'Orléans (1817-1907) épouse en 1843 Auguste de Saxe-Cobourg-Kohary (1818-1881), frère de Victoire ci-dessus et cousin germain d'Albert et Victoria du Royaume-Uni
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Auguste de Saxe-Cobourg-Kohary (1845-1907) épouse en 1864 Léopoldine du Brésil (1847-1871), fille de Pierre II
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Ferdinand Ier, tsar des Bulgares (1861-1948)
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François d'Orléans, prince de Joinville (1818-1900) épouse en 1843 Françoise de Bragance (sœur de Pierre II) ci-dessus
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Françoise d'Orléans (1844-1925) épouse en 1863 Robert, duc de Chartres (1840-1910) ci-dessus : grands-parents paternels d'Henri, le 2e comte de Paris
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Henri d'Orléans, duc d'Aumale (1822-1897) épouse en 1844 Marie-Caroline de Salerne, duchesse d'Aumale (1822-1869) ci-dessus
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Louis-Philippe d'Aumale, prince de Condé (1845-1866)
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Antoine Ier d'Orléans, duc de Montpensier et de Galliera (1824-1890) épouse en 1846 Louise-Fernande d'Espagne (1832-1897, duchesse de Montpensier et de Galliera), fille de Ferdinand VII et sœur cadette d'Isabelle II, ci-dessus
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Marie-Isabelle d'Orléans-et-Bourbon-Montpensier épouse en 1864 Philippe, le premier comte de Paris (1838-1894) ci-dessus : grands-parents maternels d'Henri, le 2e comte de Paris
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Antoine II, duc de Montpensier et de Galliera (1866-1930)
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Marie-Christina (1783 – 1783), mort-née ;
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Marie-Antoinette (1784 – 1806), épouse en 1802 Ferdinand (VII), prince des Asturies, fils aîné de Charles IV, remarié plus tard à la propre nièce de Marie-Antoinette, Marie-Christine ci-dessus ;
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Marie-Clotilde (1786 – 1792) ;
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Marie-Henriette (1787 – 1792) ;
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Charles (1788 – 1789) ;
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Léopold (1790 – 1851) épouse en 1816 Marie-Clémentine de Habsbourg-Lorraine, fille de l'empereur François d'Autriche ci-dessus ;
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Albert Louis (1792 – 1798) ;
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Marie-Isabelle (1793 – 1801).
Remarque : les arrière-petits-enfants de Ferdinand (1751-1825) et Marie-Caroline (1752-1814) offrent un panorama historique assez vertigineux : on y trouve aussi bien Napoléon II qu'Henri V ou Philippe VII, et encore Isabelle II d'Espagne, François-Joseph, Marie II de Portugal, Pierre II du Brésil, Léopold II des Belges, Victor-Emmanuel II d'Italie, François II de Naples, Ferdinand IV de Toscane ou Ferdinand des Bulgares ! Et la distorsion chronologique est grande : L'Aiglon meurt en 1832, Ferdinand de Bulgarie en 1948 !
Marie-Thérèse Caroline Joséphine de Bourbon-Naples (née à Naples le , morte à Vienne le ) est impératrice du Saint-Empire et d'Autriche, reine de Germanie, de Bohême et de Hongrie et archiduchesse d'Autriche par son mariage avec François Ier d'Autriche. Elle est la fille aînée de Ferdinand Ier des Deux-Siciles et de l'archiduchesse Marie-Caroline d'Autriche.
Nommée Maria Teresa en l'honneur de sa grand-mère maternelle, la « grande impératrice » Marie-Thérèse d'Autriche, Marie-Thérèse est la fille aînée des dix-sept enfants de Ferdinand Ier des Deux-Siciles et de Marie-Caroline d'Autriche, sœur préférée de la reine de France Marie-Antoinette guillotinée en 1793.
Elle épouse le son double cousin, l’archiduc François d'Autriche qui porte le prénom de leur grand-père commun l'empereur François Ier du Saint-Empire époux de leur grand-mère commune l'impératrice Marie-Thérèse déjà citée et qui devient successivement empereur du Saint-Empire romain germanique sous le nom de François II en 1792, puis empereur d'Autriche sous le nom de François Ier 1804. Le même jour, sa sœur cadette Louise épouse le grand-duc héritier de Toscane Ferdinand, frère cadet de l'archiduc François. Ainsi les deux sœurs épousent les deux frères, tous quatre étant double cousins.
Bien qu’ayant un caractère très différent de celui de son mari et cousin, Marie-Thérèse forme avec l'empereur un couple uni ne serait-ce que sur le plan de la sensualité.
À l'instar de sa mère et de sa grand-mère dont elle porte le prénom, elle s'intéresse à la politique et aura une certaine influence sur son mari qu'elle incite à la guerre contre la France révolutionnaire et impériale qui avait guillotiné sa tante Marie-Antoinette puis exécuté sommairement le duc d'Enghien. Elle est également une mélomane avertie et aime les bals et les fêtes du carnaval. Souveraine d'un pays souvent attaqué et toujours vaincu par la France révolutionnaire puis impériale, elle se voit contrainte de fuir sa capitale et de se réfugier en Hongrie avec ses enfants en raison l'avancée des troupes ennemies.
Elle donne le jour à douze enfants en 16 ans et meurt à 34 ans des suites d'une tuberculose. Elle se montre une mère froide et distante, n'accordant à ses enfants ni affection, ni soutien : sa fille Marie Louise était une sœur pleine d’attention avec ses frère et sœurs
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Marie-Louise (1791-1847), impératrice des Français, reine d'Italie et duchesse de Parme et de Plaisance ;
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Ferdinand (1793-1875), empereur d'Autriche et roi de Hongrie, de Bohême et de Lombardie-Vénétie ;
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Caroline (1794-1795),
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Caroline (1795-1799),
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Marie-Léopoldine (1797-1826), épouse en 1817 Pierre Ier du Brésil (IV de Portugal), fils de Jean VI de Portugal et de Charlotte-Joachime d'Espagne. De ce mariage naît Marie II de Portugal ;
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Marie-Clémentine (1798-1881), épouse en 1816 Léopold de Bourbon-Siciles, fils de Ferdinand Ier des Deux-Siciles (IV de Naples, Sicile) ;
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Joseph (1799-1807),
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Caroline (1801-1832), épouse en 1819 Frédéric-Auguste de Saxe ;
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François-Charles (1802-1878), épouse en 1824 Sophie de Bavière, de ce mariage naît François-Joseph Ier d"Autriche ;
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Marie-Anne (1804-1858),
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Jean (1805-1809),
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Amélie (1807-1807).
L'empereur se remarie une troisième fois avec une autre de ses cousines Marie-Louise de Modène qui, tout en étant l'âme de la résistance à l'ennemi, se montrera une belle-mère tendre et pleine d'attention pour ses beaux-enfants dont elle est également proche par l'âge.
François II, empereur des Romains, puis à partir du , François Ier d'Autriche, né le à Florence et mort le à Vienne, archiduc d'Autriche (1792 – 1804) puis empereur d'Autriche (1804 – 1835), roi de Hongrie (1792 – 1835), roi de Bohême (1792 – 1835) et roi de Lombardie-Vénétie (1815 – 1835), fut également le dernier souverain du Saint-Empire romain germanique (1792 – 1806), élu empereur des Romains sous le nom de François II.
Neveu de Marie-Antoinette, il se trouve engagé dès le commencement de son règne dans la guerre contre la France qui dure pendant vingt-trois ans. Malgré les capacités réelles de son frère, l'archiduc Charles-Louis, l'Autriche est battue partout ; François II est contraint de signer en 1797 le traité de Campo-Formio, qui lui enlève les Pays-Bas autrichiens et la Lombardie, et donne à la France toute la rive gauche du Rhin en absorbant les électorats de Trèves et de Cologne, et en grande partie celui du Palatinat du Rhin. À titre de dédommagement, l'Autriche reçoit la république de Venise. Ayant peu après repris les armes, il est battu à Marengo et Hohenlinden puis perd par le traité de Lunéville (1801) toutes ses possessions sur la rive gauche du Rhin.
Dans une troisième campagne, en 1805, il est battu à Ulm puis à Austerlitz, et signe la paix de Presbourg, qui diminue encore ses possessions. Lors de l'établissement de la Confédération du Rhin le , il doit renoncer au titre d'empereur des Romains. Prévoyant cet échec, il avait pris deux ans plus tôt, en se bornant à ses États héréditaires, le titre d'empereur d'Autriche, sous le nom de François Ier.
Il fait construire en 1808 un grand théâtre à Pest, pour apaiser les sentiments nationaux qui naissent en Hongrie. Il tente une quatrième fois le sort des armes en 1809, est encore battu à Eckmühl et à Wagram se voit contraint de demander la paix (traité de Schönbrunn) : pour la cimenter, il marie sa fille Marie-Louise d'Autriche à l'empereur Napoléon Ier. En 1809, il nomme ministre le prince de Metternich. Celui-ci gouverne l'Autriche jusqu'en 1848. Néanmoins, il entre en 1813 dans la coalition contre son gendre et contribue à le détrôner. Les événements de 1814 le remettent en possession de la plus grande partie de ses États. Il fonde sur le modèle de l'École polytechnique en 1815 l'Institut polytechnique impérial et royal de Vienne (de), précurseur de l'université technique de Vienne.
À sa mort en 1835, son fils Ferdinand Ier lui succède.
Il est l'aîné des fils de l'empereur Léopold II et de Marie-Louise de Bourbon, infante d'Espagne, fille de Charles III d'Espagne et de Marie-Amélie de Saxe.
Le nourrisson reçoit le prénom de son grand-père paternel, l'empereur François Ier décédé trois ans plus tôt, comme sa sœur aînée avait reçu le prénom de leur grand-mère paternelle, Marie-Thérèse. Celle-ci, à la nouvelle de la naissance de son premier petit-fils, folle de joie de voir sa dynastie consolidée, court au Burgtheater qui jouxte le palais impérial et s'écrie en patois viennois : « Notre Poldi a un gamin ! » L'illustre impératrice meurt en 1780 alors que l'archiduc François n'a que douze ans.
Fils du grand-duc de Toscane, l'éducation du jeune archiduc est marquée par la culture italienne. Tout à sa politique de réconciliation avec la Maison de Bourbon, l'impératrice marie ses enfants avec des princes de la péninsule : en 1760, l'archiduc héritier épouse une princesse de Parme. En 1765, l'archiduc Léopold, promis au trône de Toscane, épouse une infante d'Espagne. En 1768, deux de ses sœurs étant décédées avant de célébrer leurs noces, c'est l'archiduchesse Marie-Caroline qui épouse le roi de Naples et de Sicile. L'année suivante, l'archiduchesse Marie-Amélie épouse le duc de Parme. En 1771, l'archiduc Ferdinand épouse l'héritière du duché de Modène dont le père est gouverneur du duché de Milan, qui est une possession de l'Archimaison. Quant à la plus jeune des filles de l'impératrice, elle épouse en 1770 le chef de la Maison de Bourbon, futur Louis XVI de France.
L'empereur Joseph II n'ayant pas d'enfants survivants de ses deux mariages, l'archiduc François est très tôt considéré comme le deuxième héritier du trône impérial, après son père l'archiduc Léopold. À ce titre, l'empereur suit de très près son éducation.
À l'âge de vingt ans, il est marié à Élisabeth de Wurtemberg, dont le principal avantage est d'être la sœur de Sophie-Dorothée, future tsarine, épouse de Paul Ier de Russie. La princesse meurt en couches peu après l'oncle Joseph II (1790).
Le père de François, jusqu'alors grand-duc de Toscane, est élu empereur sous le nom de Léopold II et presque aussitôt, raison d'État oblige, François est remarié à sa double cousine Marie-Thérèse de Bourbon-Naples (1772 – 1807), fille de Ferdinand IV, roi de Naples, et de Marie-Caroline d'Autriche. Elle lui donne une nombreuse descendance.
C'est le 1er mars 1792, à vingt-quatre ans, après le règne — très court — de son père, qu'il est élu empereur des Romains sous le nom de François II.
Dix jours plus tard, le , l'ultimatum remis par la France à François II, roi de Bohême et de Hongrie, pour faire disperser les rassemblements d'émigrés en Rhénanie, est repoussé. Dès lors, la guerre est inévitable, et la politique des Girondins, partisans d'un conflit armé depuis le , arrive à sa conclusion. Toutefois, rien ne permet de penser qu'ils seraient parvenus à la conduire sans le changement de position de La Fayette et de ses partisans — avec cependant la différence que les premiers veulent renverser le trône, alors que les seconds souhaitent le relever — et sans la dissimulation et la complicité de la Cour. Le 24 avril suivant, la même année, en proie à la Révolution, la France, son alliée depuis la révolution diplomatique de 1756, lui déclare la guerre.
La guerre est déclarée au « roi de Bohême et de Hongrie ». Par cette formule, clause de style qui s'explique par le fait que le souverain habsbourgeois n'a pas encore été couronné empereur, l'Assemblée nationale législative indique qu'elle ne désire pas faire la guerre à la totalité des États allemands du Saint-Empire romain, mais uniquement à la maison d'Autrichenote 1. Pour les Français, qui s'attendaient au conflit depuis longtemps, l'accueil de cette nouvelle se fait dans le calme.
François est couronné roi de Hongrie à Buda le 6 juin 1792, élu empereur des Romains le 7 juin 1792, puis couronné à Francfort-sur-le-Main le 14 juillet 1792 ; il est couronné roi de Bohême le 5 août 1792.
Le , Napoléon devient l'empereur des Français. Cette nouvelle dignité, qui renforce son pouvoir en en confirmant le caractère héréditaire, montre également sa volonté de devenir l'héritier de Charlemagne et ainsi de légitimer son action en l'inscrivant dans la tradition médiévale. C'est pourquoi il visite la cathédrale d'Aix-la-Chapelle en septembre 1804 ainsi que la tombe de Charlemagne. Lors des discussions diplomatiques entre la France et l'Autriche en ce qui concerne le titre d'empereur, Napoléon exige dans une note secrète datée du 7 août 1804 que son empire soit reconnu ; François II quant à lui serait reconnu Empereur héréditaire d’Autriche. Quelques jours plus tard, le souhait se transforme en ultimatum. Deux solutions s'offrent alors : la reconnaissance de l'empire français, ou la guerre. L'empereur François II cède. Le , il ajoute à son titre d'empereur du Saint-Empire celui d'empereur héréditaire d'Autriche pour lui et ses successeurs. Cette démarche représente toutefois une rupture du droit impérial puisque ni les princes-électeurs n'en ont été informés ni la Diète d'Empire ne l'a acceptée. En dehors de toute considération juridique, beaucoup considèrent cette démarche comme précipitée. Friedrich von Gentz écrit d'ailleurs à son ami le Prince Metternich : « Si la couronne impériale allemande reste dans la maison d'Autriche — et on trouve déjà une telle masse de non-politique aujourd'hui où il n'y a encore aucun danger imminent clairement visible que l'on craint le contraire ! — toute dignité impériale est vaine ».
Toutefois Napoléon perd définitivement patience. Lors de la Troisième Coalition, il fait marcher son armée sur Vienne. Les troupes de l'armée bavaroise et de l'armée du Wurtemberg lui viennent en renfort. C'est ainsi qu'il remporte la bataille d'Austerlitz le sur les Russes et les Autrichiens. Le Traité de Presbourg que Napoléon dicte à François II et au tsar Alexandre Ier scelle la fin de l'Empire. Napoléon y impose en effet que la Bavière soit érigée en royaume comme le Wurtemberg et le Bade, se retrouvant ainsi à égalité avec la Prusse et l'Autriche. C'est la structure de l'Empire qui est une nouvelle fois attaquée puisqu'en acquérant leur pleine souveraineté, ces royaumes s'en détachent. C'est d'ailleurs ce que souligne une remarque de Napoléon à son ministre des Affaires étrangères Talleyrand : « J'aurai cependant arrangé la partie de l'Allemagne qui m'intéresse : il n'y aura plus de diète à Ratisbonne, puisque Ratisbonne appartiendra à la Bavière ; il n'y aura donc plus d'Empire Germanique, et nous nous en tiendrons là ».
Le fait que l'Électeur de Mayence Charles-Théodore de Dalberg fasse du grand aumônier de l'empire français Joseph Cardinal Fesch son coadjuteur, espérant ainsi sauver l'Empire, porte un dernier coup en faveur de l'abdication de la couronne. Dalberg, chancelier d'Empire et donc en tant que tel chef de la chancellerie d'Empire, gardien du tribunal impérial et des archives impériales, nomme un Français qui ne parle pas un mot d'allemand et qui plus est un oncle de Napoléon. En cas de décès ou de démission de Dalberg, l'oncle de l'empereur français serait alors devenu chancelier de l'Empire. La Diète d'Empire prend connaissance de la situation le 27 mai 1806. Selon le ministre autrichien des Affaires étrangères Johann Philipp von Stadion, il n'y a que deux solutions possibles : la disparition de l'Empire ou sa refonte sous domination française. C'est ainsi que François II se décide à protester le 18 juin, en vain.
Le , par le traité de la Confédération du Rhin, l'Électorat de Mayence, la Bavière, le Wurtemberg, l'Électorat de Bade, le landgraviat de Hesse-Darmstadt devenu Grand-duché de Hesse, le duché de Nassau, le duché de Berg et de Clèves, et d'autres princes fondent la Confédération du Rhin à Paris. Napoléon devient leur protecteur et ils font sécession de l'Empire le 1er août. En janvier, le roi de Suède avait déjà suspendu la participation des envoyés de Poméranie occidentale aux séances de la diète et en réaction à la signature des actes de la Confédération le 28 juin, il déclare la constitution impériale suspendue dans les territoires impériaux sous le commandement suédois, et déclare également dissous les États et conseils provinciaux. À la place, il introduit la constitution suédoise en Poméranie suédoise. C'est ainsi qu'est mis un terme au régime impérial dans cette partie de l'Empire qui a alors pratiquement déjà cessé d'exister.
L'abdication de la couronne impériale est anticipée par un ultimatum présenté le 22 juillet 1806 à Paris à l'envoyé autrichien. Si l'empereur François II n'abdique pas avant le 10 août 1806, les troupes françaises attaquent l'Autriche. Cependant, depuis plusieurs semaines, Johann Aloys Josef Freiherr von Hügel et le comte von Stadion sont occupés à établir une expertise portant sur la préservation de l'Empire. Leur analyse rationnelle les amène à la conclusion que la France va essayer de dissoudre la constitution de l'Empire et de le transformer en un État fédératif influencé par la France. La conservation de la dignité impériale va inéluctablement conduire à un conflit avec la France, le renoncement à la couronne est donc inévitable.
Le 17 juin 1806, on présente l'expertise à l'empereur. Le 1er août, l'envoyé français La Rochefoucauld entre dans la chancellerie autrichienne. Ce n'est qu'une fois que La Rochefoucauld a formellement attesté à von Stadion, après de vives confrontations, que Napoléon ne ceindrait pas la couronne impériale et respecterait l'indépendance autrichienne, que le ministre autrichien des Affaires étrangères approuve l'abdication, promulguée le 6 août.
Dans son acte d'abdication, l'empereur indique qu'il n'est plus en mesure de remplir ses devoirs de chef de l'Empire et déclare : « Nous déclarons donc, par les présentes, que Nous considérons comme dissous les liens qui, jusqu'à présent, Nous ont attaché au corps de l'Empire germanique, que Nous regardons comme éteinte par la formation de la Confédération du Rhin la charge et la dignité de Chef de l'Empire ; et que Nous Nous considérons par là comme libéré de tous Nos devoirs envers cet Empire ». François II ne se contente pas seulement de déposer sa couronne, il dissout entièrement le Saint-Empire sans l'approbation de la Diète d'Empire en proclamant : « Nous délions en même temps les électeurs, princes et États, et tous les membres de l'Empire, nommément aussi les membres des tribunaux suprêmes et autres officiers de l'Empire, de tous les devoirs par lesquels ils étaient liés à Nous, comme Chef légal de l'Empire, par la constitution». Il dissout également les territoires de l'Empire relevant de son propre pouvoir et les soumet à l'empire autrichien. Même si la dissolution de l'Empire ne suit aucun caractère juridique, il n'y a aucune volonté ni aucun pouvoir pour le préserver.
La chute du Saint-Empire est apparue comme inévitable dès lors que Napoléon s'est employé à en redéfinir la carte géopolitique. Les réactions à cette disparition sont diverses, oscillant entre indifférence et étonnement comme le montre l'un des témoignages les plus connus, celui de la mère de Goethe, Catharina Elisabeth Textor, qui écrit le 19 août 1806, moins de quinze jours après l'abdication de François II : « Je suis d'ailleurs dans le même état d'esprit que lorsqu'un vieil ami est très malade. Les médecins le déclarent condamné, on est assuré qu'il va bientôt mourir et on est assurément bouleversé lorsque le courrier arrive nous annonçant qu'il est mort ». L'indifférence face à la disparition montre comme le Saint-Empire s'était sclérosé et comme ses institutions ne fonctionnaient plus. Le lendemain de l'abdication, Goethe écrit dans son journal qu'une dispute entre un cocher et son valet suscite plus de passion que la disparition de l'Empire. D'autres, comme à Hambourg, fêtent la fin de l'Empire.
Le , François II du Saint-Empire joint à son titre d' « empereur élu des Romains » (en allemand : erwählter römischer Kaiser ; en latin : electus Romanorum Imperator) celui d' « empereur héréditaire d'Autriche » (en allemand : erblicher Kaiser von Österreich ; en latin : haereditarius Austriae Imperator). Il signe la Patente de 1804, considérée comme l'acte fondateur de l'Empire d'Autriche.
Lorsque Napoléon Ier proclama la fin du Saint-Empire romain germanique en créant de nouveaux royaumes et principautés, comme la Bavière, le Wurtemberg, le royaume de Saxe, la Hesse, le grand-duché de Bade et bien d’autres qu'il regroupa au sein de la Confédération du Rhin, les possessions des Habsbourg s'en trouvèrent exclues. François II, le dernier empereur des Romains, devint ainsi le premier empereur d'Autriche sous le nom de François Ier, en 1805.
Le , à la signature du traité de la confédération du Rhin, seize États quittent le Saint-Empire et forment la Confédération (appelée dans le traité « États confédérés du Rhin »). Napoléon Ier en est le « protecteur ». Le , le Saint-Empire romain germanique fondé en 962 par Otton Ier, est dissout.
Dans l'année qui suit, 23 autres États allemands rejoignent la Confédération. Seuls l'Autriche, la Prusse, le Holstein et la Poméranie suédoise restent en dehors. Charles-Théodore de Dalberg, devenu grand-duc de Francfort et allié de Napoléon, devient président et prince primat de la Confédération.
Deux États reviennent à des membres de la famille Bonaparte, le grand-duché de Berg dévolu à Joachim Murat, époux de Caroline Bonaparte, sœur de Napoléon Ier, et le royaume de Westphalie créé pour Jérôme Bonaparte. Napoléon cherche à entrer dans le cercle restreint des familles royales en mariant ses proches aux membres des maisons souveraines allemandes.
La Confédération est surtout une alliance militaire. Les États membres doivent fournir à la France un nombre importants de soldats. En retour, les États sont agrandis — notamment au détriment des principautés épiscopales et des villes libres — et reçoivent des statuts plus élevés : Bade, Hesse, Clèves et Berg sont transformés en grands-duchés. Le Wurtemberg, la Bavière puis la Saxe sont érigés en royaumes. Pour leur coopération, certains États incorporent des petits domaines impériaux. Beaucoup d'États petits et moyens rejoignent la Confédération, qui connaît son apogée territorial en 1808. Elle comprend quatre royaumes, cinq grands-duchés, treize duchés, dix-sept principautés et les villes hanséatiques de Hambourg, Lübeck et Brême.
La principauté d'Erfurt, située au centre de la Confédération n'en a jamais fait partie. Elle a été subordonnée à l'Empire français en 1806 après la défaite de Prusse à la bataille d'Iéna.
À la fin de l'année 1810, de grandes régions du Nord-Ouest de l'Allemagne sont incorporées à l'Empire, en même temps que le royaume de Hollande, afin d'améliorer le blocus continental contre l'Angleterre. Le senatus-consulte du signale que, hormis la Hollande, ce sont les territoires des villes hanséatiques (Hambourg, Brême et Lubeck), du Lauembourg, et des pays situés entre la mer du Nord et une ligne tirée du confluent de la Lippe dans le Rhin, jusqu'à Halteren ; de Halteren à l'Ems, au-dessus de Telget ; de l'Ems au confluent de la Verra dans le Weser, et de Stolzenau sur le Weser, à l'Elbe, au-dessus du confluent de la Steckenitz. Disparaissent ainsi les duchés d'Aremberg, de Salm, d'Oldenbourg, les villes hanséatiques déjà occupées par la France depuis fin 1806, tandis que la Westphalie et le grand-duché de Berg sont amputés d'environ du tiers nord de leurs territoires respectifs.
En 1813, avec l'échec de la campagne de Russie, certains des souverains, membres de la Confédération, changent de camp moyennant le maintien de leur statut et de leurs possessions. La confédération du Rhin s'effondre entre octobre et décembre de cette même année.
Le , le traité de Paris déclare les États allemands indépendants.
En tant qu'empereur d'Autriche, François utilise un titre officiel développé : « Nous, François le premier, par la grâce de Dieu, empereur d'Autriche ; roi de Jérusalem, Hongrie, Bohême, Dalmatie, Croatie, Slavonie, Galicie, et Lodomirie ; archiduc d'Autriche ; duc de Lorraine, Salzbourg, Wurtzbourg, Franconie, Styrie, Carinthie, et Carniole ; grand-duc de Cracovie ; prince de Transylvanie ; margrave de Moravie ; duc de Sandomir, Masovie, Lublin, haute et basse Silésie, Auschwitz et Zator, Teschen, et Frioul ; prince de Berchtesgaden et Mergentheim ; prince-comte de Habsbourg, Gorice, et Gradisce et de Tyrol ; et margrave des haute et basse Lusace et d'Istrie ». Son titre d'usage resta néanmoins celui d'« empereur d'Autriche ».
En 1815, le congrès de Vienne redessine la carte politique du continent. La reconfiguration territoriale, particulièrement dans le nord de l'Allemagne, est importante. Les créations napoléoniennes — le royaume de Westphalie, les grands-duchés de Berg, de Würzburg et de Francfort — sont abolies et les États supprimés par Napoléon — notamment le Hanovre, les duchés de Brunswick, le Hesse-Cassel et l'Oldenbourg — sont recréés. La Prusse regagne le terrain perdu et fait des gains territoriaux importants sur le Rhin, en Westphalie et en Hesse. Le royaume de Saxe, trop longtemps fidèle à Napoléon, perd le tiers de son territoire, de même que le grand-duché de Hesse. Par contre, la plupart des anciens membres de la confédération du Rhin situés au centre et dans le Sud de l'Allemagne survivent avec des changements de frontière plus ou moins importants. À l'instar des États qui ont été recréés, ils vont se joindre à la nouvelle Confédération germanique formée sous l'égide de la Prusse et de l'Autriche, la présidence étant réservée — à titre héréditaire — à l'empereur d'Autriche (ex-souverain élu du Saint-Empire romain germanique).
Après le Congrès de Vienne de 1815, les États allemands se rassemblent au sein de la Confédération germanique. Auparavant, en novembre 1814, un groupe de vingt-neuf souverains de petits et moyens États propose au comité qui s'occupe d'établir un plan visant à construire un État fédéral de réintroduire la dignité impériale en Allemagne. Il ne faut pas y voir l'expression d'une ardeur patriotique mais plutôt la crainte de la domination des princes devenus grâce à Napoléon les rois de territoires souverains comme les rois de Wurtemberg, de Bavière et de Saxe.
On discute également pour savoir si un nouvel empereur doit être élu. C'est ainsi que l'on voit apparaître la proposition de faire alterner la dignité impériale entre les puissants princes du sud et du nord de l'Allemagne. Toutefois, les porte-parole de l'Empire se prononcent en faveur d'une dignité impériale reprise par l'Autriche, donc par François II. Mais ce dernier rejette la proposition du fait de la faible fonction qu'il revêtirait. L'empereur n'obtiendrait pas les droits qui feraient de lui un véritable chef d'Empire. C'est ainsi que François II et son chancelier Metternich considèrent la charge impériale comme un fardeau tout en ne voulant pas que le titre d'empereur revienne à la Prusse ou à tout autre prince puissant. Le Congrès de Vienne se dissout sans avoir renouvelé l'Empire. La Confédération germanique est fondée le et l'Autriche la dirige jusqu'en 1866.
Le , l'empereur se remarie avec Caroline-Auguste de Bavière, fille du roi Maximilien Ier de Bavière et de la défunte Wilhelmine de Hesse-Darmstadt, et ex-épouse du prince héritier Guillaume de Wurtemberg. Ils n'eurent pas d'enfants. Avant ce mariage, elle était connue sous le nom de Charlotte, mais ensuite Caroline a commencé à être utilisé.
Le mariage a été simple en raison de la stricte économie de l'empereur qui se mariait pour la quatrième fois. Caroline, de 24 ans plus jeune que son époux, n'avait que quelques mois de plus que l'archiduc Héritier. Elle est devenue populaire en Autriche, a été active dans le travail social et a fondé plusieurs hôpitaux et résidences pour les pauvres. L'Impératrice Caroline a été décrite comme élégante, sympathique, pieuse et intelligente, sans être belle.
L'empereur François Ier meurt en 1835, et Ferdinand monte sur le trône. Metternich devient tout-puissant et reste plus que tout le « gendarme de l'Europe ». Le petit François-Joseph devenant l'héritier présomptif du trône autrichien, l'archiduchesse Sophie se rapproche du chancelier et lui confie en partie l'éducation de son fils.
L'ordre metternichien dure jusqu'en mars 1848. Des émeutes éclatent alors en Autriche. L'empereur Ferdinand Ier, réfugié en Bohême, sur l'instigation de son épouse, de l'impératrice-douairière et de l'archiduchesse Sophie, abandonne Metternich, qui démissionne le 13 mars. Il doit fuir, à 75 ans, caché dans une corbeille à linge. Il part donc pour un exil en Angleterre jusqu'en 1849, puis a Bruxelles (Saint-Josse-ten-Noode). Le gouvernement lui permit de rentrer en Autriche, où il se tint à l'écart de la vie politique : il mourut à Vienne, onze ans après avoir été chassé du pouvoir.
La famille impériale peinte par Josef Kreutzinger en 1808. Marie-Louise est la jeune fille assise à droite.
Marie-Louise naît au palais impérial viennois de la Hofburg, peu avant minuit, le . Elle est la fille aînée de l'archiduc héritier François et de sa seconde épouse Marie-Thérèse de Bourbon-Naples. Elle est donc la petite-fille de Marie-Caroline d'Autriche, reine de Naples et de Sicile et la petite-nièce de Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France en tant qu'épouse de Louis XVI. Allié de l'Autriche depuis 1756, le royaume de France affronte une vague révolutionnaire qui a mis fin à l'absolutisme et créé une monarchie constitutionnelle à laquelle le couple royal est sourdement opposé. C'est dans ce contexte troublé que le meurt l'empereur Léopold II du Saint-Empire, frère de la reine de France et de la reine de Naples et grand-père de Marie-Louise. L'archiduc François ceint la couronne. Il n'a que 24 ans et peu d'expérience.
Le suivant, la France déclare la guerre à son allié le « roi de Bohême et de Hongrie », l'archiduc n'ayant pas encore été couronné empereur à Francfort. Le , le roi de France et sa famille sont emprisonnés ; le , la République est proclamée. Louis XVI est jugé, condamné à mort et exécuté le . Marie-Antoinette subit le même sort le . Marie-Louise est alors âgée de 22 mois. La guerre contre la France durera plus de vingt ans et marquera profondément la jeune archiduchesse.
Suivant la tradition, l'enfant reçoit à son baptême les prénoms de sa grand-mère paternelle, l'impératrice née Marie-Louise d'Espagne, mais, dans l'intimité, elle est appelée par un diminutif : Luisl (en français : Louise).
Bien que délaissée par sa mère l'impératrice Marie-Thérèse, femme froide qui ne prodigue ni affection ni soutien à ses enfants, la jeune archiduchesse vit une enfance insouciante entre le palais viennois de la Hofburg et les palais d'été de Schönbrunn et de Laxenburg.
Marie-Louise est proche de son père, l'empereur du Saint-Empire romain germanique François II, dont elle est la fille préférée. Parmi ses onze frères et sœurs, les autres préférences de l’empereur vont à Marie-Léopoldine, future impératrice du Brésil, et François-Charles, père du futur empereur François-Joseph. En outre, Marie-Louise noue une relation affective avec sa gouvernante, la comtesse Victoria Colloredo, née Foliot de Grenneville, et la fille de cette dernière, Victoire.
La jeune archiduchesse est éduquée de manière plutôt simple, elle se promène dans les rues de Vienne avec son père, et joue avec les enfants des domestiques, elle suit les préceptes de la religion catholique et l'éducation classique des princesses de son temps qui doit l'inciter à devenir une femme de devoir, éduquée, capable de paraître en public mais docile.
Elle étudie les langues, en particulier le français, langue internationale de l’époque, et l’italien, autre langue maternelle de ses parents (l'empereur, son père, est né à Florence et l'impératrice sa mère à Naples) alors que son allemand reste plutôt médiocre. Le reste de sa formation prévoit des notions générales mais peu approfondies de littérature (expurgée), de calcul, de géographie et d’histoire de la Maison d’Autriche et des principales dynasties d’Europe. La famille impériale, depuis la période de « La Grande » Marie-Thérèse, mène une vie privée « bourgeoise ». Elle apprécie que les archiduchesses se consacrent à des activités féminines. Marie-Louise aime le jardinage, la cuisine, la broderie et la musique (son instrument préféré est le piano) qu’elle étudie avec Ferdinando Paër.
Bien que tenue éloignée de la guerre et de la politique, dès son enfance Marie-Louise ressent les conséquences des batailles menées par l'Autriche contre la France de Napoléon : le traité de Campoformio consacrant les premières défaites de l'Autriche est signé en 1796 alors qu'elle n'a que quatre ans. Il lui est également inculqué une haine profonde pour le commandant français qui, à ses yeux, est le diable : parmi ses jouets, Marie-Louise a un soldat de bois nommé « Bonaparte » qu’elle aime maltraiter.
Lorsque arrive à Vienne, en 1804, la nouvelle de l’enlèvement et de l'exécution du duc d’Enghien par Napoléon, les Habsbourg-Lorraine se remémorent le sort de Marie-Antoinette et commencent à craindre la chute d'autres têtes couronnées. Aux yeux de Marie-Louise, alors âgée de 12 ans, Bonaparte est l’incarnation de la Révolution, l'Antéchrist qui veut détruire l’Église et les monarchies de l'Europe, tandis que son père bien-aimé est le défenseur de l'ordre et de la justice. Entre-temps, dans la crainte que Napoléon fasse disparaître le Saint-Empire romain, François II élève l’archiduché d'Autriche au rang d’Empire et se proclame empereur d'Autriche sous le titre de François Ier.
En 1805, lors de la guerre de la troisième coalition, Napoléon inflige une sévère défaite à l'armée autrichienne lors de la bataille d'Ulm (). Un mois plus tard, l'empereur des Français entre dans Vienne et s'installe à Schönbrunn. Marie-Louise, 13 ans, et ses frères et sœurs sont envoyés en Hongrie. De la ville d'Ofen, l’archiduchesse espère que le sort de la guerre favorise les alliés et écrit à sa mère : « Le destin penchera du côté de père, et arrivera enfin le moment où cet usurpateur sera humilié. Peut-être que Dieu le laissera atteindre ce niveau pour le priver, après avoir tant osé, de toute issue. ».
Mais, contrairement à ses attentes, Napoléon gagne la décisive bataille d'Austerlitz (). La défaite est suivie de la paix de Presbourg assez défavorable à l'Autriche qui est privée de nombreux territoires (principalement la Vénétie, la Dalmatie, le Tyrol et le Voralberg) et peu après, en , le Saint-Empire romain cesse d'exister. L'Autriche défaite est isolée.
Le , l’impératrice Marie-Thérèse meurt à 35 ans après avoir donné naissance à son douzième enfant, une fille mort-née. L'empereur François qui, à 39 ans, est veuf pour la seconde fois, cherche une nouvelle épouse. En , il épouse sa cousine Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine-Este dite Maria-Ludovica, 19 ans, fille du défunt archiduc Ferdinand et de Marie-Béatrice de Modène, chassés de leur duché de Modène par les troupes françaises et vivant en exil à Vienne.
Marie-Louise, qui n'a que quatre ans de moins que sa belle-mère, devient son amie et leurs relations s'intensifient. L'impératrice Maria-Ludovica, qui, à cause d'une santé fragile et délicate, ne peut avoir d'enfants, considère ceux de son mari comme les siens. De Marie-Louise, elle dit : « Je ne pense pas que j’aurais pu l'aimer plus que si je ne l’avais portée dans mon ventre, d’ailleurs elle le mérite, parce que son caractère est fondamentalement bon ».
En 1809, la guerre entre les deux empires reprend, l'Autriche voulant effacer le traité de paix de Presbourg. Cette fois encore, malgré les exploits de l'archiduc Charles, Napoléon se montre le stratège le plus habile et la guerre tourne à son avantage. Le 4 mai, la famille impériale fuit de nouveau Vienne qui est une seconde fois occupée par les Français le 12 mai. D'Ofen, Marie-Louise, 17 ans, écrit à son père : « nous vivons constamment dans la peur sans savoir si chaque nouvelle journée nous apporte de la joie ou du chagrin. ».
Les armées napoléoniennes approchant, les archiducs autrichiens doivent quitter la ville et se réfugier plus à l'est, à Eger, où l'impératrice Maria-Ludovica se charge de l’éducation de ses beaux-enfants qu’elle incite à la haine contre Napoléon. Elle lit ainsi des questions auxquelles sa belle-fille doit répondre à haute voix : « Qui est l'ennemi de notre félicité ? L'empereur des Français. Et c'est ? Un méchant. Combien de natures a-t-il ? Deux : une nature humaine et une nature diabolique. De qui dérive Napoléon ? Du péché ». Le , Napoléon gagne la bataille de Wagram et l'Autriche se rend ; la défaite est suivie du traité de Schönbrunn qui se révèle humiliant pour l'Autriche.
Le , Napoléon Ier divorce de Joséphine de Beauharnais car elle ne lui donne pas d'enfant. Les doutes sur sa propre stérilité sont levés : il a en effet un fils avec Éléonore Denuelle de La Plaigne et Marie Walewska attend également un enfant de lui. À la suite d'une tentative d'assassinat, il devient soucieux de fonder une dynastie en ayant une descendance légitime. Il cherche donc vite à se remarier.
Après avoir écarté les candidates françaises, deux candidates arrivent en tête de liste : la grande-duchesse Anna Pavlovna Romanova, âgée de 14 ans, sœur du tsar Alexandre Ier de Russie, et l'archiduchesse Marie-Louise, 17 ans, fille de l'empereur d'Autriche. Vexé par le peu d’enthousiasme montré par la cour de Russie et convaincu par l'activité diplomatique du comte de Metternich, qui craint une alliance entre Paris et Moscou et qui a persuadé François II de donner sa fille à son ennemi, Napoléon tranche en repoussant l’alliance russe.
Marie-Louise, 18 ans, qui n'est jamais tenue au courant des négociations par voie officielle, écrit le à son amie Victoire : « Je sais qu'à Vienne ils me voient déjà mariée avec le grand Napoléon, j'espère que cela ne se fera pas et je vous suis très reconnaissante, chère Victoire, salutations. À ce sujet, je formule des contre-vœux afin que cela ne se produise pas et je crois que je serais la seule à ne pas m'en réjouir ».
Napoléon accepte donc l'offre de l'empereur d'Autriche, qu'il a contraint à la paix après la difficile victoire de Wagram. Ce mariage a aussi pour objectif d'apaiser les relations entre la France et l'Autriche, qui ont connu 18 ans de guerre. « C'est un ventre que j'épouse ! » dit peu élégamment Napoléon. Les démarches sont entreprises par l’intermédiaire de l’ambassadeur d’Autriche à Paris Charles Philippe de Schwarzenberg et la demande officielle est faite à Vienne le 7 mars par le représentant de Napoléon, Louis-Alexandre Berthier, prince de Neuchâtel, époux d'une princesse de Bavière et depuis peu prince de Wagram. Lorsque Metternich informe officiellement l'archiduchesse de son prochain mariage, Marie-Louise se plaint auprès de son père qui se justifie en disant que l'accord a été pris par ses ministres, sans qu'il n'en sache rien - il est pourtant peu probable que les négociations aient été menées sans qu'il en soit informé. Marie-Louise accepte alors de se « sacrifier pour le bonheur de l'État » bien qu'elle exècre cet « ogre corse ».
Un mariage est d'abord célébré par procuration, dans l'église des Augustins à Vienne, le , comme le veut la tradition de l'Ancien Régime et plus particulièrement celle appliquée pour le mariage de Marie-Antoinette d'Autriche. Le témoin de Napoléon est son ancien ennemi l'archiduc Charles, oncle de Marie-Louise et ancien commandant des troupes autrichiennes qui ont tenu tête à Napoléon à Essling, mais ont été défaites à Wagram. L’archevêque de Vienne accorde la bénédiction nuptiale et bénit douze anneaux de mariage car on ne connaît pas le tour du doigt de Napoléon.
Marie-Louise quitte Vienne le 13 mars. Le grand rite de « remise de l'épouse » est fixé au 16 mars près de Braunau. Napoléon souhaite que la cérémonie suive le protocole utilisé quarante ans auparavant pour Marie-Antoinette. La jeune princesse autrichienne passe successivement dans trois petites pièces temporaires en bois (chambre autrichienne, chambre neutre et chambre française) : dans la première, elle se déshabille ; dans la seconde, elle se revêt de vêtements apportés par la cour impériale française et est accueillie par la plus jeune sœur de Napoléon, la reine de Naples Caroline Bonaparte ; dans la troisième, elle devient véritablement française en passant en Bavière, alliée de la France.
Des réceptions en son honneur ont lieu à Strasbourg et Nancy, la rencontre avec l'empereur étant prévue à Soissons le 28 mars. Impatient, l'empereur ne se contient pas et va à la rencontre du carrosse à Compiègne, où ils arrivent le 27 mars à 21h30. Marie-Louise est alors présentée à la cour. Napoléon décide d'enfreindre le protocole : le soir même, il décide d'avoir un rapport sexuel avec sa nouvelle épouse non sans avoir demandé à l'évêque de Nantes si le mariage par procuration à Vienne lui confère les droits du mari sur sa femme. Ayant reçu une réponse positive, il décide de s'unir avant la cérémonie à Paris. Après avoir vérifié les intentions de la mariée, Napoléon charge sa sœur Caroline de rappeler brièvement le rôle de la femme durant cette nuit. Napoléon évoque plus tard cette nuit au cours de son exil à l'île d'Elbe : « Je suis allé vers elle et elle fit tout en riant. Elle a ri toute la nuit ». Le lendemain matin, béat, il glisse à son aide de camp Savary : « Mon cher, épousez une Allemande, ce sont les meilleures femmes du monde, douces, bonnes, naïves et fraîches comme des roses ! ».
Le , l’union civile est célébrée dans la Grande Galerie du château de Saint-Cloud en présence de la Cour et de la famille impériale. Napoléon songe d’abord à se marier à Versailles, mais il choisit le palais où, en 1799, il a accompli son coup d’État en s’autoproclamant Premier Consul de la République. Cinq ans plus tard, encore une fois à Saint-Cloud, il est nommé empereur. Au cours de la cérémonie, la première scission avec le collège des cardinaux se produit : seize cardinaux prennent part à la noce, treize refusent.
Le lundi , Paris accueille Marie-Louise avec faste sous une maquette grandeur nature de l'arc de triomphe de l'Étoile. À 40 ans, revêtu de son costume impérial, Napoléon épouse l'archiduchesse d'Autriche Marie-Louise, âgée de 18 ans, dans le Salon carré du Louvre, transformé pour l’occasion en chapelle par l’architecte Pierre Fontaine. Le mariage est consacré par l'oncle de l'empereur, le cardinal Fesch.
Le fossé avec le clergé est devenu plus évident car en plus de l'absence des treize cardinaux, trois autres se joignent à ceux qui ne veulent pas assister au mariage. Napoléon est encore sous le coup d'une excommunication qu'il a reçue en 1809, et il est considéré par eux comme « bigame » en l'absence de la ratification du pape Pie VII pour son divorce avec Joséphine de Beauharnais. Napoléon est mécontent de cette rébellion et il fait placer les cardinaux récalcitrants sous surveillance policière en province. Le mécontentement touche aussi la cour : les sœurs et belles-sœurs de Napoléon se refusent à porter la traîne de « l'Autrichienne », surnom de Marie-Louise comme autrefois on appelait Marie-Antoinette. L'impératrice ne sait pas qu'on parle d'elle de cette manière déjà dans tout Paris : les bonapartistes préfèrent Joséphine, les républicains la haïssent en sa qualité de nièce de la reine décapitée, les monarchistes ne pardonnent pas de donner avec ce mariage une sorte de légitimité à la famille Bonaparte. Marie-Louise est loin de se douter de l'animosité que son mariage a générée.
Les célébrations sont importantes et très coûteuses. Johann Nepomuk Hummel a composé une Cantate de mariage (22 mouvements), pour solistes, orchestre, un chœur autrichien et un chœur français. Les feux d'artifice, ouvrage de Ruggieri illuminent le ciel de Paris. Tirés aux Champs-Élysées « depuis la place de la Concorde jusqu'à la barrière de l'Étoile », ils excitent l'admiration générale. Douze buffets occupent le Cours la Reine et près des Champs-Élysées, des fontaines jaillissent pendant vingt-quatre heures. Puis, pendant trois semaines, les époux vivent leur voyage de noces dans les provinces belges et hollandaises, anciens territoires autrichiens dans lesquels la nouvelle impératrice est chaleureusement accueillie.