Louis-René-Édouard, prince de Rohan (Paris, - Ettenheim, ), cardinal-évêque de Strasbourg, est un prélat français, membre de la maison de Rohan, qui fit carrière à la Cour de Versailles et au sein de l'Église.
Il est resté célèbre car, à l'époque où il était grand aumônier de France, il fut impliqué dans le scandale de l'affaire du collier qui provoqua sa disgrâce.
Il est le fils de Hercule-Mériadec de Rohan-Guéméné et de Louise de Rohan-Soubise, et le petit-neveu du cardinal Louis-Constantin de Rohan-Guéméné.
Nommé chanoine du Chapitre de Strasbourg à l'âge de 9 ans, il eut une carrière météorique au sein de l'Église de France. À 11 ans, en 1745, Louis-René de Rohan-Guémené est nommé prieur commendataire du grand monastère de Sauxillanges en Auvergne, à 22 ans il est ordonné prêtre après avoir fait son séminaire à Saint-Magloire à Paris, à 25 il est nommé évêque coadjuteur de son oncle, le prince-évêque Louis-Constantin, à Strasbourg. À ce titre, il reçoit du roi Louis XV, en commende, les abbayes de La Chaise-Dieu en Auvergne et de Montmajour en Provence.
Un an après, il est confirmé par le pape Benoît XIV comme évêque coadjuteur de Strasbourg avec le titre d'évêque titulaire (« in partibus ») de Canope (it), du nom de la cité antique de Basse-Égypte.
À l'âge de 27 ans, ce prélat philosophe et poète, ami de Buffon et de D'Alembert, fréquentant le salon de Mme Geoffrin, est élu à l'Académie française le , au fauteuil de La Bruyère ; il est reçu par le duc de Nivernais le .
En 1771, le roi et son ministre des Affaires étrangères, le duc d'Aiguillon, le nomment ambassadeur à Vienne. Il gagne son poste en 1772. Il scandalisera par son luxe et ses légèretés apparentes l'impératrice Marie-Thérèse, qui demanda son rappel dès 1774, mais s'entend parfaitement avec son fils, l'empereur Joseph II du Saint-Empire et le chancelier Kaunitz. C'est là qu'il découvre le complot mené par la Russie, la Prusse et l'Autriche qui consiste à dépecer la Pologne en trois morceaux. La lettre secrète, destinée au roi, et dévoilant la duplicité de l'impératrice, est détournée et remise par le duc d'Aiguillon, à la comtesse du Barry à qui il doit sa nomination. Celle-ci la lit en public à un dîner, comme si elle lui était adressée personnellement, et la dauphine Marie-Antoinette est tout de suite informée du commentaire porté par l'ambassadeur sur sa mère. Ce qu'elle lui reprochera ensuite toute sa vie.
À son retour en France, après l'avènement de Louis XVI, le prince Louis de Rohan est nommé en 1777 grand aumônier, malgré l'opposition farouche de Marie-Antoinette, abbé de la richissime abbaye de Saint-Waast dans le Nord et cardinal, grâce à l'intervention du roi de Pologne Stanislas-Auguste Poniatowski, sur une suggestion de Madame Geoffrin, puis évêque de Strasbourg, à la mort de son oncle en 1779.
Il aura aussi la charge de l'hôpital des Quinze-Vingts et deviendra ensuite proviseur de la Sorbonne, un poste éminemment en vue.
Grandes armoiries des cardinaux Louis-René-Édouard de Rohan & Louis-Constantin de Rohan
Cherchant à rentrer dans les bonnes grâces de la reine, il est compromis dans l'affaire du collier de la reine, par la comtesse de La Motte-Valois. Cette dernière servant d'intermédiaire, il croyait se porter caution pour la reine pour l'achat d'une parure de 540 diamants valant 1,6 million de livres, auprès du bijoutier parisien Charles-Auguste Boehmer. Ce dernier lui livre le collier en échange de quatre traites, collier remis ensuite à Jeanne de La Motte-Valois et à ses complices qui entreprennent de le dépecer et de vendre les diamants. Louis XVI découvre l'affaire et décide de la porter sur la place publique. Sur la demande de Marie-Antoinette et par l'entremise du Baron de Breteuil, alors ministre de la Maison du roi, il fait arrêter le cardinal en habits liturgiques dans la galerie des Glaces le , au moment où il allait dire sa messe solennelle et le fait embastiller du au , ainsi que tous les complices de cette affaire qui sera confiée au Parlement de Paris.
À l'issue du procès Louis de Rohan est acquitté, mais s'étant porté caution, rembourse partiellement le prix fabuleux du collier ainsi que les intérêts. Tous les comparses de Mme de La Motte-Valois sont condamnés, mis à part Nicole Leguay d'Oliva. Jeanne est marquée au fer rouge et emprisonnée à vie. Elle s'évadera mystérieusement et rejoindra son mari en Angleterre. Le cardinal, quant à lui, est déchu de son poste de grand aumônier de France par Louis XVI et exilé à l'abbaye de La Chaise-Dieu, en Auvergne puis, devant une santé défaillante et vis à vis de l'opinion publique, à l'abbaye de Marmoutier-Lez-Tours où il passera trois ans. Il regagnera alors son diocèse en 1788, à l'aube de la Révolution. Quant à Marie-Antoinette, elle perd une nouvelle fois son combat face à Louis de Rohan, son ennemi juré, mais perd surtout sa réputation, le crime de lèse-majesté ayant été jeté aux oubliettes, au point qu'on lui conseillera de ne plus paraitre à Paris en public, s'étant faite siffler lors d'une soirée à l'opéra après ce procès.
Élu malgré lui député du clergé pour le district électoral de Haguenau-Wissembourg aux états généraux, il fit partie de l'Assemblée constituante. Il refusa la constitution civile du clergé, ne reconnut donc pas comme successeur l'évêque constitutionnel François-Antoine Brendel, élu évêque du Bas-Rhin, et refusa l'abolition de la monarchie.
Il faudra l'abolition de la noblesse en pour qu'il s'exile à Ettenheim, en pays de Bade, dans la partie allemande de son diocèse d'où il va combattre pour tenter de regagner son diocèse. Il se met du côté de l'émigration en levant des troupes pour l'armée de Condé, son cousin. Par deux fois, il sera contraint de fuir sa principauté allemande, une fois devant les troupes de la République, une autre fois devant celles de Napoléon Bonaparte.
Il se démit de son diocèse après la signature du concordat en 1801. Il mourut à Ettenheim le
L’affaire du collier de la reine est une affaire d'escroquerie qui s'est déroulée de 1784 à 1786 à la cour de France.
Montée par Madame de La Motte, une noble sans fortune, elle a eu pour victime l'un des plus hauts prélats du royaume, le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg et grand aumônier de France. Aidée de Cagliostro, La Motte parvient à faire croire au cardinal, qui cherchait à gagner les faveurs de Marie-Antoinette, que la reine désire un collier de diamants exceptionnel de plus d'un million et demi de livres. Rohan achète le collier pour la reine et le remet à La Motte.
L'achat n'ayant pas été payé et le collier ayant disparu, le scandale éclate le avec l'arrestation du cardinal de Rohan au château de Versailles en présence de la cour. Louis XVI refuse d'étouffer l'affaire : il fait embastiller Rohan et confie son jugement au Parlement de Paris.
Impliquée par l'imprudence de Rohan, la reine voit dans le scandale une atteinte à sa dignité et à son honneur. Abusée par toute une littérature de libelles et de calomnies, l'opinion publique prend le parti de Rohan et vilipende Marie-Antoinette que l'on accuse d'avoir commandé le collier par l'intermédiaire du cardinal.
Le Parlement de Paris condamne le Madame de La Motte au fouet, à la flétrissure et à la prison mais, sous la pression du clergé et de la grande noblesse, acquitte le cardinal de Rohan sans lui infliger aucun blâme. Le jugement apparaît comme un camouflet pour la reine.
L'affaire révèle la solidarité clanique de la noblesse et du clergé, capables de s'unir dans leur opposition à l'autorité royale. En jetant le discrédit sur la reine, elle aggrave la faiblesse politique de la royauté française. Les écrits haineux dirigés contre Marie-Antoinette en 1785-1786 annoncent la violence politique dont elle fera l'objet pendant la Révolution française.
En 1772, Louis XV souhaite faire un cadeau à Madame du Barry. Il demande à deux joailliers allemands, Charles Auguste Böhmer (v. 1740-1794) et son associé Paul Bassenge (v. 1742-1806), que l'on appelait couramment les Böhmer, de créer un collier de diamants d'une richesse inégalable.
Marchands parisiens renommés dans le commerce de bijoux et de pierreries, Böhmer et Bassenge sont établis place Louis-le-Grand. Anciens joailliers de la cour de Pologne, ils comptent la cour de France et de nombreux souverains étrangers parmi leurs clients. Ils financent seuls la fabrication du collier en s'endettant considérablement. Le projet prend du temps en raison de la difficulté à rassembler les diamants de la pureté voulue. Lorsque Louis XV meurt en 1774, Madame du Barry est exilée et le collier est encore inachevé.
Conçu comme un chef-d'œuvre, ce grand collier de diamants adopte une composition élaborée dite « en esclavage ». Un rang de 17 diamants de 5 à 8 carats forme un trois-quarts de cou qui se ferme dans le dos par des bandelettes de soie. Il soutient trois festons garnis de six solitaires en pendentifs taillés en poire. Sur les côtés, deux longs rubans de trois rangs de diamants passent sur les épaules et retombent dans le dos. Les deux rubans du milieu se croisent à la naissance des seins sur un solitaire de 12 carats entouré de perles pour retomber en panicule et s'achever, comme les rubans latéraux, par des mailles et des franges de diamants surmontées de nœuds de rubans bleus. Le bijou de 2 842 carats compte une centaine de perles et 674 diamants d'une pureté exceptionnelle taillés en brillants ou en poires. Il constitue la plus importante réunion de diamants dans l'histoire de la joaillerie.
Böhmer et Bassenge se sont fortement endettés pour la fabrication du collier qui est enfin achevée en 1778. Ils proposent avec insistance leur bijou à Marie-Antoinette pour la somme colossale de 1 600 000 livres (soit approximativement 27 513 000 €). Le goût de la reine pour les pierreries est notoire et lui vaut les réprimandes de sa mère l'impératrice Marie-Thérèse. Elle a acheté en 1774 à Böhmer une paire de girandoles formées de « six diamants, en forme de poires, d'une grosseur prodigieuse ».
Louis XVI, lui-même excellent connaisseur en joaillerie, souhaite lui offrir le collier mais Marie-Antoinette refuse. Selon Madame Campan, elle déclare que l'argent serait mieux employé à la construction d'un navire alors que la France vient de s'allier aux Insurgents américains. Elle ajoute que le collier lui serait de peu d'usage car elle ne porte plus de parures de diamants que quatre à cinq fois par an. Enfin, ce lourd collier, qui ressemble à ceux du règne précédent, n'est pas au goût de Marie-Antoinette qui le compare à un « harnais pour chevaux ».
Après avoir essayé de placer leur collier auprès des cours européennes, celles d'Espagne, d'Angleterre, des Deux-Siciles, de Toscane ou de Russie, les joailliers, au bord de la faillite, tentent une nouvelle fois de le vendre à Marie-Antoinette après la naissance du dauphin Louis-Joseph en 1781. Louis XVI est près d'accepter mais la défaite des Saintes éloigne à nouveau le projet.
L'année suivante, Böhmer se jette aux pieds de la reine en menaçant de mettre fin à ses jours. Marie-Antoinette refuse une dernière fois l'achat du collier et lui conseille de dessertir les diamants afin de revendre à bon prix les plus importants.
Portrait de Marie-Antoinette en 1783 par Elisabeth Vigée-Lebrun (château de Versailles)
L’instigatrice de l'escroquerie à l'origine de l'affaire est Jeanne de Valois-Saint-Rémy, qui descend par son père du roi de France Henri II et de sa maîtresse Nicole de Savigny. En tant que descendante des Valois, fait attesté officiellement par Cherin, généalogiste du Roi, Louis XVI lui alloue une pension.
Son enfance cependant avait été des plus misérables. Depuis Henri II, la lignée était descendue au plus bas selon les mémoires du comte Beugnot. Son père avait épousé une paysanne, qu’il laissa bientôt veuve. Jeanne était envoyée mendier sur les chemins par sa mère, en demandant « la charité pour une pauvre orpheline du sang des Valois ». Une dame charitable, la marquise de Boulainvilliers, étonnée par cette histoire, prit des renseignements et, vérifications faites, entreprit les démarches pour lui obtenir une pension du roi et lui donner une bonne éducation dans un couvent situé près de Montgeron.
En 1780, Jeanne épouse à Bar-sur-Aube, un jeune officier, Nicolas de La Motte. Le ménage, peu après, usurpe le titre de comte et comtesse de La Motte. Jeanne ne se fait plus désormais appeler que comtesse de La Motte-Valois. À cette date, elle fait un voyage à Saverne, pour rejoindre Mme de Boulainvilliers qui lui présente son ami le cardinal Louis de Rohan-Guémené, qu'elle sollicite financièrement pour sortir de la misère avec laquelle elle continue de se débattre plus ou moins, puis devient sa maîtresse. C’est là aussi qu’elle rencontre le mage Joseph Balsamo, qui se fait appeler comte de Cagliostro. Celui-ci gravite aussi autour du cardinal de Rohan, en lui soutirant de l’argent en échange de prétendus miracles.
Mme de La Motte tente de se mêler à la Cour. Elle parvient à convaincre le cardinal qu’elle a rencontré la reine Marie-Antoinette dont elle dit être devenue l’amie intime. L’amant de Mme de La Motte, Louis Marc Antoine Rétaux de Villette (un ami de son mari), grâce à ses talents de faussaire, imite parfaitement l’écriture de la reine. Il réalise pour sa maîtresse de fausses lettres signées « Marie-Antoinette de France » (alors que la reine ne signait que Marie-Antoinette, les reines de France ne signant que de leur prénom, et Marie-Antoinette n’étant pas de France mais de Lorraine ou d’Autriche). La comtesse commence ainsi d'entretenir une fausse correspondance, dont elle est la messagère, entre la reine et le cardinal.
La reine et le cardinal ont un vieux contentieux : en 1773, le cardinal, qui était alors ambassadeur de France à Vienne, s’était aperçu que l’impératrice Marie-Thérèse, la mère de Marie-Antoinette, jouait un double jeu et préparait en sous-main le démantèlement de la Pologne, de concert avec la Prusse et la Russie. Il avait écrit une lettre à Louis XV pour l’en avertir, lettre qui avait été détournée par le duc d'Aiguillon, ministre des Affaires étrangères, qui l’avait remise à la comtesse du Barry, favorite de Louis XV, détestée par Marie-Antoinette. La comtesse l’avait lue publiquement dans un dîner, or le ton de cette lettre était ironique et très irrespectueux envers l’impératrice, et prêtait à Marie-Antoinette un caractère volage.
D'autre part, la vie dissolue du cardinal à Vienne, ses dépenses somptuaires, l'exhibition de ses maîtresses, ses parties de chasse fastueuses en tenue laïque, avaient scandalisé Marie-Thérèse. L'impératrice avait demandé à Versailles le rappel de cet ambassadeur et l’avait obtenu.
Jeanne de Valois-Saint-Rémy, comtesse de La Motte.
Louis Marc Antoine Rétaux de Villette, au moment de l’affaire du collier.
Né à Lyon en 1754, il est le dernier né d'une famille de petite noblesse, qui n'a pas les moyens financiers de l'établir à la hauteur de son rang social. Le père est directeur des octrois de la ville. Il quitte tôt le foyer familial pour s'enrôler dans l'armée comme simple soldat. On ne sait pas combien de temps il y reste, ni s'il en part honorablement ou s'il déserte. On retrouve sa trace à Paris vers 1778, à l'âge de 19 ans, sous l'identité de « comte de Villette », titre qu'il usurpe à son frère aîné. Il vit alors de proxénétisme, recrutant de jeunes femmes qu'il confie aux tenanciers d'un lupanar qui le rémunèrent en contrepartie. On pense qu'il doit aussi se prostituer lui-même pour s'en sortir financièrement. C'est pendant cette période que Villette développe un talent pour la contrefaçon, en réalisant de fausses lettres de change et en exerçant du chantage sur ses clients.
Le mariage de Jeanne de Valois-Saint-Rémy avec Nicolas de La Motte tournant à l'échec, elle prend Marc Rétaux de Villette, ami de son mari, comme gigolo. Les deux amants mettent sur pied une escroquerie entrée dans l'Histoire sous le nom de « l'affaire du collier de la reine ». Villette y joue le rôle de faussaire, écrivant des lettres imitant l'écriture et la signature de Marie-Antoinette, faisant ainsi croire que la reine souhaite se rapprocher du cardinal de Rohan pour acquérir un collier de diamant de grande valeur en cachette du roi3. Le faussaire commet à cette occasion une erreur, en signant « Marie-Antoinette de France », alors que la reine signe simplement « Marie-Antoinette ». Il confie les lettres à la comtesse de La Motte qui les présente à son tour au Cardinal de Rohan, le persuadant d'acheter le collier pour le compte de la reine.
Pour conclure l'escroquerie, il se déguise en valet de pied portant la livrée de la reine, à qui la comtesse de La Motte confie le fameux collier que le cardinal vient de lui remettre.
Lors du procès devant le parlement de Paris, Villette témoigne contre ses complices le comte et la comtesse de La Motte. Reconnu coupable, il est exilé hors de France et trouve refuge en Italie. Il publie à Venise en 1790 un ouvrage intitulé Mémoire historique des intrigues de la cour, avec comme sous-titre Et de ce qui s'est passé entre la reine, le comte d'Artois, le cardinal de Rohan, madame de Polignac, madame de La Motte, Cagliostro, MM de Breteuil et de Vergennes.
Giuseppe Balsamo (Joseph Baume), dit Alessandro (Alexandre), comte de Cagliostro (Caillostre), est un aventurier sicilien né à Palerme en Sicile, le , et mort dans la prison pontificale de San Leo, dans les États pontificaux, le .
Si son véritable nom est Joseph Balsamo, il adopte au cours de sa vie divers pseudonymes, notamment ceux de comte Pellegrini, Mélissa, Fenice, Hérat ou encore chevalier de la Sainte-Croix, et le nom avec lequel il est passé à la postérité est celui de « comte de Cagliostro », inspiré par le nom de sa marraine.
Né à Palerme le , près de l'église du Gesù, dans le réduit d'un modeste garde-magasin, baptisé le avec les prénoms de « Josephus, Joannes Baptista, Vincenzo, Petrus, Antonius, Matthaeus », il est le fils de Pietro Balsamo et Felicita Bracconieri, d'une famille catholique pauvre résidant à Albergheria, l'ancien quartier juif de Palerme.
Goethe soupçonna que la famille serait d'origine juive (Cagliostro lui-même a affirmé avoir été un disciple de Haïm Falk, le Baal Shem de Londres). Selon le témoignage d'Italiens qui avaient conversé avec Cagliostro à Saint-Petersbourg, son langage ne ressemblait à aucun idiome italien, mais il tenait beaucoup du jargon des juifs d'Italie3.
À peine sorti de l'enfance, il entre en 1756 au séminaire du couvent des Fatebenefratelli à Caltagirone, où il prend l'habit des frères de la Miséricorde, religieux soignants. Il y devient infirmier puis médecin4.
Chassé de sa communauté d'accueil dès 1758 pour indélicatesses et escroqueries, il retourne à Palerme. Il est obligé de bonne heure de quitter sa patrie et parcourt de 1764 à 1767 sous différentes identités la Grèce, l'Égypte, l'Arabie, la Perse, Malte, Naples, Rome, et de nombreuses autres villes de l'Europe. Il acquiert de ses voyages la connaissance de quelques secrets alchimiques et médicinaux, et se fait une grande réputation pour des « cures merveilleuses ».
Le , il épouse à Rome Lorenza Feliciani, alias Seraphina, qui l'aidera dans ses escroqueries en séduisant les grands personnages que le couple rencontre.
Il rencontre Casanova à Aix-en-Provence en 1769.
De 1770 à 1776, il voyage en Europe (Madrid, Lisbonne, Londres, Paris, Venise, Naples, Bruxelles, Allemagne) et en Afrique du Nord. Le , à Londres, il est initié à la franc-maçonnerie dans une loge francophone, puis part pour Bruxelles. De 1778 à 1783, il voyage à Venise (deuxième rencontre avec Casanova), Paris, Strasbourg, Saint-Pétersbourg, Varsovie, Bâle. Il prend le nom de comte de Cagliostro.
Lorsqu'il arrive en France en 1780, il se fixe pendant quelque temps à Strasbourg où il est reçu avec enthousiasme, puis se rend à Paris où il ne suscite pas moins l'admiration, devenant quelque temps à la mode dans la haute société. Il se présenta au public aristocratique comme un thaumaturge et un initié, et se place sous le patronage d'un grand seigneur, le cardinal de Rohan, prince-évêque de Strasbourg, grand aumônier de France, spéculateur averti, qui pressent le parti qu'il pourrait tirer du « mage ». Lors de son passage à Strasbourg, il guérit Louis Olivier de Langlais qui souffrait sans doute de dépression et se trouve métamorphosé par ses soins. Il vante par la suite la générosité et le désintéressement de cet illustre étranger.
De à , Joseph Balsamo est à Bordeaux, logé chez le marquis de Canolle. Il tente sans succès d'y diffuser sa « science para-maçonnique ». En 1784, à Lyon, il fonde la loge maçonnique « la sagesse triomphante ».
Cagliostro se prétend le disciple du comte de Saint-Germain, aventurier mystérieux, qui, à Versailles où il avait brillé vers 1750-1760, se déclarait immortel. Il affirme aussi posséder une eau de jouvence, sérum de jeunesse éternelle qu'il vend aux crédules. Il vend également très cher différents élixirs, des pilules, fait des tours de magie et de sorcellerie, et il prétend avoir le pouvoir de faire apparaître les morts. Il importe en France la franc-maçonnerie « dite égyptienne » dont le conseiller au Parlement Jean-Jacques Duval d'Eprémesnil et ses amis spéculateurs deviennent les zélateurs intéressés.
Selon la marquise de Créquy, il soutire quatre ou cinq cent mille francs à Madame d'Urfé pour une révélation sur le Grand Œuvre. Son succès prodigieux dans la bonne société parisienne s'explique par sa personnalité, par la mode de la franc-maçonnerie mais surtout parce qu'il a derrière lui une demi-douzaine de gentilshommes qui spéculent sur les effets que ses pouvoirs produisent sur une société aristocratique fortunée et blasée.
En 1785, la carrière de ce sorcier de salon est brisée par l'escroquerie connue sous le nom d'affaire du collier de la reine dans laquelle il se trouve entraîné par le cardinal de Rohan.
Il est incarcéré à la Bastille mais, soutenu par Duval d'Eprémesnil et défendu par le brillant avocat Jean-Charles Thilorier, il est libéré et expulsé de France en 1786.
Il se retire en Angleterre, puis part en Suisse et enfin en Italie, où il erre dans diverses villes avant d'être arrêté par la Sainte Inquisition en 1789 et emprisonné au château Saint-Ange comme suspect de pratiquer la franc-maçonnerie ; il y est jugé et condamné par la justice pontificale en 1791 à la peine de mort pour hérésie, sentence commuée en prison perpétuelle. Il est transféré « sans espoir de grâce et sous étroite surveillance » le à la forteresse de San Leo dans la région des Marches, en Italie centrale. Il y restera jusqu'à sa mort, survenue dans la nuit du 26 au .
Il est d'abord installé dans la « cellule du trésor » la plus sûre, mais aussi la plus dégradée et la plus humide de la forteresse. Il est après « emmuré » vivant dans la cellule « il pozzetto » jugée encore plus sûre, sorte de puits où il pouvait être surveillé. En prison, Cagliostro fait la grève de la faim.
La fin de Cagliostro débute vers midi le . Une crise d'apoplexie lui fait perdre connaissance. Un garde le découvre inanimé et donne l'alarme, mais les médecins et les prêtres présents ne réussissent pas à le réanimer. Il meurt dans la nuit. Officiellement, il est enseveli le à 23 heures à la pointe extrême du mont de San Leo, vers l'occident, à mi-chemin entre les deux édifices destinés aux sentinelles « Palazzetto » et « Casino ».
Sa femme Serafina était morte une année auparavant au couvent de Sant'Apollonia à Rome.
Depuis ces épisodes, la reine, fidèle à la mémoire de sa mère, était plus qu’en froid avec le cardinal. Ce dernier se désespérait de cette hostilité. La comtesse de La Motte fit espérer au cardinal un retour en grâce auprès de la souveraine. Ayant de gros besoins d’argent, elle commença par lui soutirer au nom de la reine 60 000 livres (en deux versements), qu’il lui accorda tandis que la comtesse lui fournissait des fausses lettres reconnaissantes de la reine, annonçant la réconciliation espérée, tout en repoussant indéfiniment les rendez-vous successifs demandés par le cardinal pour s’en assurer.
Le comte de la Motte avait découvert par l'entremise de Cagliostro qu’une prostituée exerçant au Palais-Royal, Nicole Leguay, que la Motte fait appeler Mlle d'Essigny ou baronne d’Oliva pour l'introduire dans son salon, s'était forgé une réputation due à sa ressemblance avec Marie-Antoinette. Mme de La Motte la reçoit et la convainc de bien vouloir, contre une somme de 15 000 livres, jouer le rôle de la reine recevant en catimini un ami, dans le but de jouer un tour.
La nuit du , le cardinal se voit confirmer un rendez-vous au bosquet de Vénus dans le jardin de Versailles à onze heures du soir. Là, Nicole Leguay, « l'obligeante hétaïre », déguisée en Marie-Antoinette dans une robe de mousseline à pois (copiée d'après un tableau d'Élisabeth Vigée Le Brun), le visage enveloppé d’une gaze légère noire, l’accueille avec une rose et lui murmure un « Vous savez ce que cela signifie. Vous pouvez compter que le passé sera oublié ». Avant que le cardinal ne puisse poursuivre la conversation, Mme de La Motte apparaît avec Rétaux de Villette en livrée de la reine avertissant que les comtesses de Provence et d’Artois, belles-sœurs de la reine, sont en train d’approcher. Ce contretemps, inventé par Mme de La Motte, abrège l’entretien. Le lendemain, le cardinal reçoit une lettre de la « reine », regrettant la brièveté de la rencontre. Le cardinal est définitivement conquis, sa reconnaissance et sa confiance aveugle en la comtesse de La Motte sont inébranlables.
Jouant sur la réputation de passion de la reine pour les bijoux, Mme de La Motte va entreprendre le coup de sa vie, en escroquant cette fois le cardinal pour la somme de 1,6 million de livres (qui équivaut pour l'époque à trois châteaux entourés chacun de 500 ha de terres).
Le , se présentant toujours comme une amie intime de la reine, Mme de La Motte rencontre les joailliers Boehmer et Bassenge qui lui montrent le collier de 2 840 carats qu'ils souhaitent rapidement vendre car ils se sont endettés pour le constituer. Tout de suite, elle imagine un plan pour entrer en sa possession. Elle déclare au joaillier qu’elle va intervenir pour convaincre la reine d’acheter le bijou, mais par le biais d’un prête-nom. De fait, le cardinal de Rohan reçoit en janvier 1785 une nouvelle lettre, toujours signée « Marie-Antoinette de France », dans laquelle la reine lui explique que ne pouvant se permettre d’acquérir ouvertement le bijou, elle lui fait demander de lui servir d’entremetteur, s’engageant par contrat à le rembourser en versements étalés dans le temps — quatre versements de 400 000 livres — et lui octroyant pleins pouvoirs dans cette affaire.
En outre, la comtesse s’est ménagé la complicité de Cagliostro, dont le cardinal est fanatique (il ira jusqu’à déclarer « Cagliostro est Dieu lui-même ! »). Devant le cardinal, le mage fait annoncer par un enfant médium un oracle dévoilant les suites les plus fabuleuses pour le prélat s’il se prête à cette affaire : la reconnaissance de la reine ne connaîtra plus de bornes, les faveurs pleuvront sur la tête du cardinal, la reine le fera nommer par le roi premier ministre. Le , convaincu, le cardinal signe les quatre traites et se fait livrer le bijou qu’il va porter le soir même à Mme de La Motte dans un appartement qu'elle a loué à Versailles. Devant lui, elle le transmet à un prétendu valet de pied portant la livrée de la reine (qui n’est autre que Rétaux de Villette). Pour avoir favorisé cette négociation, l’intrigante bénéficiera même de cadeaux du joaillier.
Immédiatement, les escrocs dessertissent maladroitement le collier en abîmant les pierres précieuses et commencent à les revendre. Rétaux de Villette a quelques ennuis en négociant les siennes. Leur qualité est telle et, pressé par le temps, il les négocie si en dessous de leur valeur que des diamantaires soupçonnent le fruit d'un vol et le dénoncent. Il parvient à prouver sa bonne foi et part à Bruxelles vendre ce qu'il lui reste. Le comte de La Motte part de son côté proposer les plus beaux diamants à deux bijoutiers anglais de Londres. Ceux-ci, pour les mêmes raisons que leurs collègues, flairent le coup fourré. Ils envoient un émissaire à Paris : mais aucun vol de bijoux de cette valeur n’étant connu, ils les achètent, rassurés. Les dernières pierres sont donc vendues à Londres.
Pendant ce temps, la première échéance est attendue par le joaillier et le cardinal pour le . Toutefois, l'artisan et le prélat s'étonnent de constater qu'en attendant, la reine ne porte pas le collier. Mme de La Motte les assure qu'une grande occasion ne s'est pas encore présentée et que, d'ici là, si on leur parle du collier, ils doivent répondre qu’il a été vendu au sultan de Constantinople. En juillet cependant, la première échéance approchant, le moment est venu pour la comtesse de gagner du temps. Elle demande au cardinal de trouver des prêteurs pour aider la reine à rembourser. Elle aurait, en effet, du mal à trouver les 400 000 livres qu'elle doit à cette échéance. Mais le bijoutier Bœhmer va précipiter le dénouement. Ayant eu vent des difficultés de paiement qui s'annoncent, il se rend directement chez la première femme de chambre de Marie-Antoinette, Mme Campan, et évoque l'affaire avec elle. Celle-ci tombe des nues et naturellement va immédiatement rapporter à la reine son entretien avec Boehmer. Marie-Antoinette, pour qui l'affaire est incompréhensible, charge le baron de Breteuil, ministre de la Maison du Roi, de tirer les choses au clair. Le baron de Breteuil est un ennemi du cardinal de Rohan, ayant notamment convoité en vain son poste d'ambassadeur à Vienne. Découvrant l'escroquerie dans laquelle le cardinal est impliqué, il compte bien lui donner toute la publicité possible pour lui nuire.
Photocopie de la lettre de Louis XVI ordonnant l'embastillement du cardinal de Rohan adressée au gouverneur de Launay.
La prétendue comtesse, sentant les soupçons, s’est entre-temps arrangée pour procurer au cardinal un premier versement de 35 000 livres, grâce aux 300 000 livres qu'elle a reçues pour la vente du collier, et dont elle s'est déjà servie pour s'acheter une gentilhommière. Mais ce versement, d’ailleurs dérisoire, est désormais inutile. Parallèlement, la comtesse informe les joailliers que la prétendue signature de la reine est un faux afin de faire peur au cardinal de Rohan et l'obliger à régler lui-même la facture par crainte du scandale. L’affaire éclate. Entre-temps, les mêmes aigrefins, menés par l'ex-inspecteur des mœurs, agent secret et escroc Jean-Baptiste Meusnier, en profitent pour soutirer 60 000 autres livres à d'autres bijoutiers.
Le roi est prévenu de l'escroquerie le . Le , alors que le cardinal — qui est également grand-aumônier de France — s’apprête à célébrer en grande pompe la messe de l’Assomption dans la chapelle du château de Versailles, il est convoqué dans les appartements du roi en présence de la reine, du garde des sceaux Miromesnil et du ministre de la Maison du Roi Breteuil.
Il se voit sommé d’expliquer le dossier constitué contre lui. Le prélat comprend qu’il a été berné depuis le début par la comtesse de La Motte. Sur le coup, il ne peut s'expliquer. Le roi lui prête son bureau afin qu'il prépare sa défense et ses arguments. Pendant ce temps, Marie-Antoinette, très en colère et impulsive, sans penser aucunement aux conséquences, demande à Louis XVI d'envoyer le cardinal de Rohan le soir même à la Bastille. Rohan, revenu avec son « écrit », commence à subir les questions du roi. « Avez-vous le collier ? », lui demande-t-il. Stupéfait, Rohan répond non en regardant la Reine qui se détourne dédaigneusement. La reine ajoute : « Et comment avez-vous pu croire que moi, qui ne vous ai pas adressé la parole depuis dix ans, j’aurais pu m’adresser à vous pour une affaire de cette nature ? ». Le cardinal tente de s’expliquer. « Mon cousin, je vous préviens que vous allez être arrêté », lui dit le roi. Le cardinal supplie le roi de lui épargner cette humiliation, il invoque la dignité de l’Église, le nom des Rohan, le souvenir de sa cousine la comtesse de Marsan qui a élevé Louis XVI. Le roi hésite mais devant la pression de Marie-Antoinette à ses côtés, le roi se retourne vers lui : « Je fais ce que je dois, en tant que roi, et en tant que mari. Sortez ». Au sortir des appartements du roi, il est arrêté dans la galerie des Glaces, au milieu des courtisans médusés. Alors que la Cour est sous le choc, il demande à un ecclésiastique s'il a du papier et un crayon, puis d'aller trouver son grand Vicaire pour lui remettre cette missive écrite à la hâte, afin que ce dernier brûle les lettres que Marie-Antoinette lui aurait fait parvenir. Par cette extraordinaire arrestation, car le nom de Rohan est de grande noblesse, la cour est scandalisée mais Marie-Antoinette est persuadée d'être couverte d'éloges. Cependant, le soir même, devant la froideur de la cour à son égard (également la gêne de ses amies), elle sent toutefois « confusément » qu'elle vient de commettre une erreur.
Le cardinal est emprisonné à la Bastille. Il commence immédiatement à rembourser les sommes dues, en vendant ses biens propres, dont son château de Coupvray (jusqu'en 1881, les descendants de ses héritiers continueront de rembourser les descendants du joaillier). La comtesse de La Motte est arrêtée, son mari s’enfuit à Londres (où il bénéficie du droit d'asile) avec les derniers diamants, Rétaux de Villette étant déjà en Suisse. On interpelle aussi Cagliostro puis, le , c'est au tour de Nicole Leguay d'être arrêtée, à Bruxelles, avec son amant dont elle est enceinte.
Portrait présumé de Jeanne de Valois-Saint-Rémy (1756-1791)
Jeanne de Valois-Saint-Rémy (, Fontette - , Londres), lointaine descendante d'un bâtard du roi Henri II, est également connue sous le nom de comtesse de La Motte par son mariage avec Nicolas de La Motte et sous celui de comtesse de La Motte-Valois par usurpation de titulature nobiliaire. Elle se rend célèbre pour son rôle dans l'escroquerie dite de l'affaire du collier de la reine.
eanne de Valois est née en 1756 à Fontette dans l'actuel département de l'Aube, dans une famille peu aisée. Son père Jacques (1717-1762), soldat qui vivait d'expédients et de braconne, était un descendant d'Henri de Saint-Rémi (1558?-1621), bâtard royal d'Henri II, et de Nicole de Savigny (1535-1590), dame de Fontette. Sa mère, Marie Jossel (déc. 1783), se prostituait à l'occasion. Jeanne avait un frère, Jacques (1751-1785) et une sœur Marie-Anne (1757-1786). Selon les mémoires du comte Beugnot, les trois enfants auraient été tirés de leur situation par son père et l'abbé de Langres. Selon la source dont Alexandre Dumas s'inspire pour Le Collier de la reine, c'est à Boulogne — où la famille avait déménagé — que Jeanne et sa sœur auraient été remarquées par un abbé qui intéressa à leur sort l'une de ses paroissiennes, la Marquise de Boulainvilliers.
En tout état de cause, la généalogie de la famille fut vérifiée et les enfants bénéficièrent grâce à Madame de Boulainvilliers de dispositions mises en place pour porter assistance aux rejetons des familles nobles mais pauvres : Jacques reçut une modeste pension (1 000 livres) et entra dans une école d'officier ; les jeunes filles furent mises au pensionnat à Passy, puis dotées d'une pension de 900 livres et destinées au couvent de Longchamp. Néanmoins, elles préférèrent s'échapper pour retourner à Bar-sur-Aube où elles trouvèrent refuge dans la famille Surmont. Abandonnés à leur sort, leurs parents avaient depuis longtemps disparu de leur vie. Jeanne sera la seule à défrayer la chronique (et à entrer dans l'histoire). Jacques, baron de Valois, mourra en service à Port-Louis (île Maurice). Marie-Anne deviendra chanoinesse.
En 1780, Jeanne épousa Nicolas de La Motte (1755-1831), neveu de M. de Surmont, membre d'une famille de la petite noblesse champenoise peu fortunée, et de surcroît officier de gendarmerie. Les deux époux prirent les titres de courtoisie de comte et comtesse de La Motte-Valois. Son frère Jacques avait commandé la Surveillante (1778), frégate célèbre par son combat contre le navire britannique HMS Québec en 1779.
La comtesse de Valois de la Motte, à sa sortie de la prison de la Salpétrière, traversant la Seine vis-à-vis de la Bastille. Gravure de John Goldar publiée le 7 juin 1790.
Le roi et la reine souhaitèrent un procès public. Loin de laver l'honneur de la reine, le procès entacha sa réputation et le public la vit dans le rôle de la coupable. Le cardinal fut jugé non coupable et acquitté, tout comme Nicole Leguay. Le roi Louis XVI l'envoya très vite en exil. Rétaux de Villette fut déclaré coupable de faux et exilé, ainsi que le comte Cagliostro. La comtesse fut déclarée coupable et condamnée à être fustigée, marquée au fer rouge d'un V qui veut dire Voleuse, cependant, lors de la flétrissure, la comtesse fut tellement échevelée que son bourreau lui appliqua le fer sur la poitrine au lieu de l'épaule, provoquant ainsi la compassion du public. Elle fut condamnée à être enfermée à perpétuité à la maison de correction de La Salpêtrière.
Elle s'enfuit en et partit à Londres, où elle publia ses mémoires, racontant ses fausses relations intimes avec la reine. L'affaire du collier de la reine fut un des nombreux scandales qui affaiblit sérieusement la monarchie française.
La comtesse décéda à Londres en 1791 (certains historiens prétendent qu'elle survécut jusqu'en 18443) après s'être défenestrée de la chambre de son hôtel. Certaines personnes croient qu'elle fut assassinée par des royalistes mais elle tentait probablement d'échapper à des créanciers.