Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 février 2023 4 02 /02 /février /2023 09:59
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Kingdom of Heaven ou Le Royaume des cieux au Québec est un film germano-américano-britannique réalisé par Ridley Scott et sorti en 2005.

Il se déroule à la fin du XIIe siècle, un peu avant la troisième croisade, et narre l'ascension d'un forgeron bâtard d'un grand seigneur qui part pour la Terre sainte et finit par défendre Jérusalem contre Saladin, histoire romancée de Balian d’Ibelin. Le tournage du film s'est déroulé en Espagne et au Maroc. À sa sortie, il a été un échec commercial aux États-Unis mais a été bien accueilli dans le reste du monde, et notamment en Europe.

Synopsis

À la fin du XIIe siècle, en France, une troupe de croisés vient trouver un forgeron nommé Balian dont la femme, inconsolable depuis la mort de leur enfant à la naissance, s'est récemment suicidée. Balian accueille froidement la visite du chef croisé, le baron Godefroy d'Ibelin, qui lui révèle être son père et lui propose de l'accompagner à Jérusalem, où il possède des terres. Balian refuse cette offre. Cependant, il doit répondre du meurtre d'un prêtre qu'il a tué car celui-ci avait dérobé la croix d'argent que son épouse portait au cou et ordonné sa décapitation avant son enterrement (logiquement motivée par l'infamie du suicide aux yeux de l'Église). En fuite, Balian rejoint son père, qui est ensuite blessé par les hommes de l'évêque et du seigneur du village lancés à la poursuite de Balian. Godefroy meurt quelque temps plus tard à Messine, port italien d'où partent les navires pour la Terre sainte, non sans l'avoir adoubé chevalier et convaincu de poursuivre sa route.

Arrivé en Terre Sainte malgré le naufrage de son navire, Balian se lie d'amitié avec Imad, un Sarrasin qu'il pense être un simple serviteur, et prend possession des domaines de son père. Il doit faire face aux intrigues de la cour du roi de Jérusalem et notamment à l'animosité de Guy de Lusignan et de Renaud de Châtillon, qui souhaitent la guerre contre Saladin. Il jure de protéger le roi lépreux Baudouin IV ainsi que le peuple et devient très proche de Sibylle, sœur du roi et épouse de Guy, avec qui il a une idylle.

Balian est ensuite capturé à Kerak lorsque Saladin, lassé des provocations de Renaud de Châtillon, attaque ce château. Mais il est relâché grâce à Imad, qui s'avère être un proche conseiller de Saladin. Baudouin et Saladin négocient la paix, mais ce voyage achève de ruiner la santé déjà défaillante de Baudouin. Lorsque le roi mourant lui propose la main de Sibylle, déjà mariée à Guy de Lusignan, Balian, malgré ses sentiments, refuse d'aller à l'encontre de ses principes en se rendant complice de l'exécution de Guy. Guy de Lusignan devient alors roi et Sibylle reine, Guy entre peu après en guerre contre Saladin et essaie de faire assassiner Balian.

Après la défaite des troupes de Guy de Lusignan et de Renaud de Châtillon face à l'armée de Saladin, Balian assure la défense de Jérusalem. Malgré une défense héroïque, il doit capituler face à la puissance de l'armée de Saladin, mais sa bravoure assure la vie sauve et une retraite en bon ordre pour toute la population chrétienne de la ville. Balian se retire dans son pays natal avec Sibylle, redevenue simple femme du peuple, et refuse l'offre de Richard Cœur de Lion de partir en croisade.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Une partie de la vie de Balian d'Ibelin est mise en scène dans le film de Ridley Scott, Kingdom of Heaven, sorti en 2005. Balian y est joué par l'acteur Orlando Bloom. La réalité historique concernant Balian diffère sensiblement du scénario du film :

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

La belle Eva Green (fille de Marlène Jobert) interprétant le rôle de la reine Sibylle de Jérusalem. Elle est la sœur de Beaudouin IV le lépreux. la réalité historique diffère sensiblement du scénario du film.

Nous retrouverons presque tous les personnages du film dans ou autour (frères ou sœurs et leurs époux) de nôtre généalogie...

Le plus drôle de l'histoire :

Cette découverte m'en ouvre une autre !... Un nouveau cousinage avec Marlène Jobert, sa fille Eva Green (qui joue le rôle de Sibylle de Jérusalem dans le film) et avec la chanteuse Elsa Lunghini, fille de la soeur de Marlène Jobert, Christiane.

Ce cousinage se fait par une ascendance bretonne de Walter Green, le mari de Marlène Jobert et le père d'Eva et par Paul le Flem, un compositeur dont Eva Green est l'arrière petite fille et par qui nous remonterons à, entre autres Pierre de Kerleau et Jacquette de Quelen.

Voir les publicités avec Eva Green, pour Dior, L'Oréal, Campari, les stylos et montres Mont Blanc...

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Baudouin IV dans le film.

À l'origine, le réalisateur voulait engager un inconnu dont la voix serait doublée par un acteur célèbre. Cependant Edward Norton qui avait entendu parler du projet de Ridley Scott a insisté pour avoir le rôle et pour le jouer en entier. Dans le film, les marques de la lèpre sur la figure sont cachées par un masque métallique. Cette idée a été retenue car cela permettait, avec le jeu des lumières, de faire paraître le visage plus expressif. Par ailleurs, et à l'initiative de l'acteur lui-même, le nom d'Edward Norton (apprécié des cinéphiles) n'a pas été crédité sur l'affiche du film. Il voulait ainsi laisser aux spectateurs la possibilité de découvrir et de s'attacher au personnage de Baudouin IV pour lui-même et non pour son interprète.

 

Edward  Norton

Edward Norton

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Eva Green (Sibylle dans le film) et Marton Csokas dans le rôle de Guy de Lusignan.

Guy de Lusignan est présenté comme le principal méchant du film afin de servir d'adversaire à Balian alors qu'il était en fait surtout de caractère indécis et influençable.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Dans le film américain Kingdom of Heaven (2005) du réalisateur britannique Ridley Scott, Renaud de Châtillon est interprété par l'acteur Brendan Gleeson. Il est un des personnages secondaires du film, qui le dépeint en opposant à Baudouin IV et au personnage principal (Balian d'Ibelin, rajeuni de plusieurs décennies dans le film). Dans cette œuvre, Renaud de Châtillon est un partisan de Guy de Lusignan, jusqu'à sa mort à la bataille de Hattin. De manière erronée, le film lui fait régulièrement arborer la croix pattée de l'Ordre du Temple, alors qu'il n'était pas templier.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Le personnage de Tibérias (Jéremy Irons dans le rôle) est basé sur Raymond III de Tripoli mais a été rebaptisé car les producteurs faisaient la confusion entre Raymond et Renaud (Reynald en anglais, prénom très proche à l'oreille de Raymond pour les anglophones), raison d'ordre pratique.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
1098-1291 - Les Etats Latins d'Orient (Croisades)

1098-1291 - Les Etats Latins d'Orient (Croisades)

Le plus drôle de l'histoire :

Cette découverte m'en ouvre une autre !... Un nouveau cousinage avec Marlène Jobert, sa fille Eva Green (qui joue le rôle de Sibylle de Jérusalem dans le film) et avec la chanteuse Elsa Lunghini, fille de la soeur de Marlène Jobert Christiane.

Ce cousinage se fait par une ascendance bretonne de Walter Green, le mari de Marlène Jobert et le père d'Eva et par Paul le Flem, un compositeur dont Eva Green est l'arrière petite fille et par qui nous remonterons à, entre autres Pierre de Kerleau et Jacquette de Quelen.

Voir les publicités avec Eva Green, pour Dior, L'Oréal, Campari, les stylos et montres Mont Blanc...

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Jeanne Le Flem, fille unique de Paul Le Flem et Lennart Green son mari (cinéaste et photographe suédois) morts tous deux à Rennes les 19 et 4 janvier 2007.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Marlène Jobert, Walter Green (le fils de Lennart), son mari et leur fille Eva.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Eva Green, Marlène Jobert, Walter Green et Joy Green, soeur jumelle d'Eva.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Joy Green, la soeur jumelle d'Eva, avec son mari Niccolo Marzichi Lenzi dans leur domaine viticole de Toscane en Italie.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Elsa Lunghini est la fille de Georges Lunghini (comédien, photographe, compositeur) et de Christiane Jobert (artiste peintre et sculptrice). Elle est la nièce de Marlène Jobert et la cousine germaine d'Eva Green et de sa sœur jumelle Joy Green ainsi que de Joséphine Jobert

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Eva Green, égérie de grandes marques comme Dior, L'Oréal, les stylos et montres Mont Blanc, les liqueurs Campari...

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Eva Green, James Bond Girl, dans Casino Royale, dans le rôle de Vesper Lynd avec Daniel Craig. Le film est sorti le 22 novembre 2006

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Marie Paul Achille Auguste Le Flem, dit Paul Le Flem, né à Radon (Orne) le , et mort à Tréguier le à l'âge de 103 ans, est un compositeur français. Ses compositions vont du genre symphonique (quatre symphonies) à la sonate en passant par la musique de chambre et les œuvres lyriques. Attaché à la Bretagne, il s'inspire de la langue, des paysages, des légendes et du folklore.

Orphelin de père et mère à douze ans, Paul Le Flem vit auprès sa famille paternelle à Lézardrieux dans le Trégor. Issu d'un milieu bretonnant, il reste attaché sa vie durant à cette langue. Destiné à une carrière d'officier, il intègre, en 1895, l'École navale de Brest, mais il est contraint de changer de voie en raison d'une vue trop faible. Il est un brillant élève du lycée de Brest. Il apprend en autodidacte les rudiments de la musique et compose dès l'âge de 15 ans. Joseph Farigoul, chef de la Musique des équipages de la flotte de Brest, après avoir entendu ses petites pièces, qu'il juge prometteuses, l'incite à gagner Paris dès 1899 pour s'inscrire au Conservatoire. Il obtint également une licence de philosophie à la faculté des lettres de Paris, où il suivit les cours d'Henri Bergson. Il vit néanmoins difficilement en 1901 et cherche à partir de Paris.

À partir de septembre 1902, il part à l'instar de Claude Debussy comme précepteur à Moscou, où il apprend le russe et découvre l'univers de l'école nationale russe. Il y découvre aussi la richesse du folklore russe. Il refuse l’offre de devenir régisseur de plantations de fleurs en Crimée. Il quitte la Russie parce qu’il avait la nostalgie de la France et de la Bretagne.

Dix-huit mois plus tard, il s'inscrit à la Schola Cantorum, où il étudie avec Vincent d'Indy et Albert Roussel. En 1923, succédant à Roussel, il devient professeur de contrepoint jusqu'en 1939 et a pour élève André Jolivet.

C'est lui qui présente Jolivet à Edgard Varèse, généralement méprisé alors dans les milieux musicaux, mais répondant au souhait exprimé par son élève après avoir assisté à la première française d'Amériques. Varèse et Le Flem se connaissaient pour avoir suivi ensemble les cours de la Schola Cantorum.

De 1905 à 1913, il compose ses premières œuvres importantes et connaît alors une période créatrice extrêmement féconde qui s'interrompt avec sa mobilisation durant la Grande Guerre. Il est mobilisé en 1914. Il sert d’abord comme brancardier puis, en , est dirigé sur le Camp de Mailly. Parlant le russe, il est affecté au 1er régiment spécial russe commandé par le colonel Nietchvolodof qui lui demande de former une fanfare. Le , l'attaque du fort de Brimont est meurtrière pour le régiment. Le Flem y obtient la médaille militaire. Le , le régiment est relevé et ramené à l’arrière à Talus-Saint-Prix, puis envoyé au Camp de La Courtine, dans la Creuse, où étaient déjà rassemblés environ 15 000 soldats parmi lesquels des régiments qui s’étaient mutinés.

En 1918, il est chargé d’inspecter à la 4e région militaire les Russes répartis en Mayenne, dans la Sarthe, dans l’Orne et en Eure-et-Loir, et affectés chez des particuliers aux travaux agricoles, dans des entreprises, ou encore employés à des travaux d’utilité publique.

II anime de nombreuses émissions radiophoniques et est critique musical de 1906 à 1960.

Il est cité comme membre du Haut-Comité régional de patronage de la Fondation culturelle bretonne en 1957.

De 1921 à 1937, il assure la critique musicale au quotidien Comœdia et reconnaît le talent d'Igor Stravinsky et de Darius Milhaud. D'une intelligence vive et d'une grande ouverture d'esprit, il défend toute œuvre ayant retenu son attention, fût-elle éloignée de ses goûts, évitant les querelles d'écoles, de nationalité ou de génération. Il sait cependant toujours payer sans ostentation un tribut à ses origines bretonnes, par exemple en s'inscrivant au mouvement artistique breton des années 1930, les Seiz Breur. Parallèlement, il exerce comme chef de chœur et pédagogue. Chef de chœur puis directeur des Chanteurs de Saint-Gervais jusqu'en 1939, Paul Le Flem cherche à décloisonner musique et aide les nouveaux talents. En 1928, le compositeur Adrien Rougier lui rend hommage, aux côtés d'André Caplet et de Jacques Ibert, en créant En marge de trois maîtres français, créé le de cette année par l'orchestre de la Société philharmonique de Lyon.

Après la Première Guerre mondiale, il attend 1936 pour se remettre à composer. Son œuvre est marquée par une évidente violence interne, souvent contenue, avec une grande émotion, mais parfois « éruptive », comme dans ses dernières symphonies. Cette qualité particulière de la musique de Paul Le Flem est liée aux tragédies familiales qui n'ont cessé de le frapper, dont les plus importantes sont la mort de ses parents quand il a douze ans et celle de ses deux premiers enfants morts en bas âge (il compose pour eux la belle pièce Pour les morts en 1913).

Il ne s'arrête de composer qu'en 1976, à l'âge de 95 ans, du fait de sa cécité. Il meurt en 1984 au service de gériatrie de l'hôpital de Tréguier. Il est enterré au cimetière du Vieux-Marché

Paul Le Flem se marie le 4 février 1909, dans le 5e arrondissement de Paris, avec Jeanne Even (1886-1964), originaire du Vieux-Marché, sœur cadette de son ami Louis et de l'homme politique Pierre Even, et fille du Dr Jacques Even, médecin à Plouaret et ancien député.

Son grand-père, Guillaume Le Flem, cultivateur, fut maire de Lézardrieux, de 1855 à 1871, où sont installés les Le Flem depuis le XVIIe siècle.

Par sa fille unique, Jeanne (1912-2007), qui épousa Lennart Green, cinéaste et photographe suédois, Paul Le Flem est le grand-père de l'actrice franco-suédoise Marika Green et l'arrière-grand-père de l'actrice française Eva Green.

Les œuvres de Le Flem révèlent l'influence de la musique du XVIe siècle, du folklore breton savamment organisé par une rigueur d'écriture enseignée à la Schola Cantorum et aussi, pour leur beauté harmonique, des œuvres de Debussy. Co-créateur de l'Association des compositeurs bretons (ACB), il harmonise plusieurs chants populaires bretons et compose sur des poèmes de Max Jacob. Son œuvre la plus emblématique dans ce domaine demeure La Magicienne de la mer, légende lyrique en trois tableaux.

Voir sur Wikipédia toute la liste de ses oeuvres musicales, symphonies, opéras, musiques de chambre...

Marika Green et Sylvia Kristel dans EMMANUELLE (1974)

Marika Green et Sylvia Kristel dans EMMANUELLE (1974)

Marika Nicolette Green est née le à Södermalm (Stockholm) dans le comté de Stockholm d'un père photographe suédois, Lennart Green (1911-2007) et d'une mère française, Jeanne Green-Le Flem (1912-2007). Elle est la petite-fille du compositeur breton Paul Le Flem, la belle-sœur de l'actrice Marlène Jobert et la tante de l'actrice Eva Green.

Elle et sa famille déménagent en France en 1953, elle n'a alors que 10 ans. C'est à l'âge de 16 ans qu'elle obtient son premier rôle dans le film Pickpocket de Robert Bresson. Elle se fait ensuite remarquer par un second rôle dans Emmanuelle de Just Jaeckin en 1974. Elle tourne Hanna en mer en 1991 du réalisateur et caméraman Christian Berger, qui devient ensuite son mari.

De gauche à droite en 2013, son époux Christian Berger, Marika Green, le réalisateur Michael Haneke, son épouse Susanne Haneke.

De gauche à droite en 2013, son époux Christian Berger, Marika Green, le réalisateur Michael Haneke, son épouse Susanne Haneke.

A lire cet extrait de l'article  Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine..

Fin août 1946 : un génie musical attend le train en gare de Plouaret-Trégor

Sous un grand chapeau noir d’artiste, d’épaisses lunettes de taupe, et derrière les carreaux triple-foyers, deux yeux malicieux qui lancent des éclairs.

L’homme qui fait les cent pas sur le quai ne passe pas inaperçu. Pas plus que son épouse aux allures de dame parisienne et qui se tient près des bagages : Jeanne est une fille du pays, c’est même la sœur de Pierre Even, ancien médecin-député-maire-conseiller général de la commune toute proche de Vieux-Marché. Le mari de Jeanne est une pièce rapportée de Paris, mais il a conquis les habitants avec ses manières simples et son breton trégorrois sans accent.

Cet artiste, Paul Le Flem, tout en habitant les 11/12ème de l’année dans la capitale, a recréé ici sa petite patrie existentielle. C’est à Vieux-Marché qu’il a enterré ses deux enfants morts en bas âge à la veille de la Grande Guerre ; c’est là qu’il enterrera Jeanne, son unique amour, en 1964 ; c’est là enfin que, fidèle au rendez-vous, il viendra les rejoindre après son décès à l’hôpital de Tréguier, 20 ans plus tard.

Cette fidélité genre « Plus breton que moi, tu meurs » cache un douloureux secret de famille. Toute sa vie, Paul Le Flem a menti effrontément sur son véritable pays natal. Il a prétendu être né à Lézardrieux, petit port du Trégor maritime à une cinquantaine de kilomètres de Vieux-Marché. Ce mensonge a tellement bien réussi que l’école publique de cette commune revendique l’honneur de lui avoir appris à lire et à écrire et a été baptisée de son nom. À tort. Selon le site internet de la mairie, il aurait passé à Lézardrieux la plus grande partie de son enfance. Encore faux. Le journal du coin, Le Télégramme de Brest, prétend qu’il est le petit-fils d’un maire de Lézardrieux (article du 10/6/2013). Or il y a confusion avec un homonyme. Le Flem, homme plein de mystère, n’est même pas né en Bretagne.

Dans ses cartons, de quoi mettre le feu à Paris : un opéra de style moderne sur le thème de la ville d’Ys

Sur le quai des trains en partance pour Montparnasse, Paul Le Flem est maintenant incapable de calmer son impatience : il tient fébrilement le carton qui contient ses partitions, sous le regard amusé de Jeanne. Elle sait qu’il garde un emballement de jeune homme pour la musique. Tout l’été, il a travaillé à son piano dans la propriété de la belle-famille, s’autorisant quelques sorties en plage de Trédrez-Locquémeau pour détendre ses muscles d’athlète longiligne.

Issu d’un milieu modeste, il raconte avoir appris le solfège et la composition classique en autodidacte. Ce Mozart des bords de la Manche a même composé son premier morceau, Les Korrigans, dès l’âge de 16 ans. Depuis, il a créé par intermittences, ne livrant son travail au public que dans les occasions favorables. La période de crise et d’occupation que vient de traverser la France a été pour lui une période de création renouvelée, comme si sa vitalité décuplait dans le malheur. Une leçon de son enfance. L’enfance : c’est là qu’il dit puiser le meilleur de son inspiration musicale.

Le monde comme si de Paul Le Flem : l’imaginaire pour surmonter les épreuves de l’enfance

Pour une fois, Paul est impatient de retourner à Paris, où il a construit sa vie professionnelle. Professeur de musique estimé et disposant d’une petite notoriété comme compositeur, il est sûr de percer à Paris avec ce qu’il a dans son carton. Au début de l’été, il est rentré en Bretagne avec un livret d’opéra signé du poète belge José Bruyr. Le Flem vient d’en composer la bande-son. Son titre : La Magicienne de la Mer, une histoire fantastique, où la mythologie bretonne fait une irruption dans le présent le plus ordinaire.

Résumé de la Magicienne de La Mer :

Un bar de pêcheurs quelque part sur la côte bretonne, de nos jours. On ramène au port un noyé que les vagues ont déposé sur la plage. Fait étrange, il porte des griffures sur son torse de jeune marin athlétique. Le fait divers excite les imaginations. La beuverie aidant, la princesse Dahut fait une apparition dans le bar et entraîne Yannick, un des fêtards, dans une nuit de folie. La mythique cité d’Ys jaillit des flots devant les yeux des buveurs. Ces derniers, ignorant les alertes, ouvrent les écluses, perdant la ville engloutie de nouveau par les flots. Le lendemain matin, Yannick se réveille sur le pas de porte du bar, avec un méchant mal au crâne et quelques griffures apparentes.

Ce thème d’Ys, Paul Le Flem l’a entendu pour la première fois dans son enfance, a-t-il raconté à Bruyr. Pour être précis, il avait entendu chanter la fameuse gwerz du Barzaz Breiz et le récitant s’appelait Yann Ar Minous, l’un des derniers bardes authentiques d’Armorique. C’était il y a si longtemps, mais c’était comme si c’était hier, avait-il ajouté les yeux humides…

Un orphelin breton sous la IIIème République (1881-1899)

L’état-civil détruit la légende : Paul le Flem est né le 18 mars 1881 à Radon, petit village de l’Orne à proximité d’Alençon, en pleine Normandie.

Sa mère Gabrielle est la fille unique de propriétaires ruraux normands plutôt prospères, sans profession claire. Elle est venue accoucher près des siens. La venue au monde du petit Paul est en effet source d’angoisse pour toute la famille. La jeune mère de 23 ans a déjà perdu un enfant mort-né en 1878, dans l’année qui a suivi son mariage.

Les premiers mots qu’a entendu le nourrisson n’ont donc pas été bretons. Le père, Célestin Le Flem, est alors retenu par son travail de modeste fonctionnaire des impôts à Orbec, près de Lisieux, dans le Calvados. Originaire de Lézardrieux, dans les Côtes-du-Nord, Célestin est issu d’une famille paysanne ayant quelques terres, appartenant à cette classe moyenne rurale en pleine ascension sous la IIIème République. Muté comme d’autres loin de son département, il fait partie à sa manière de l’émigration bretonne, même si c’est plutôt dans la version luxe. À la même époque, dans le minuscule village de Radon, on constate la présence d’une autre famille Le Flem, sans rapport avec notre héros, dont le père, modeste ouvrier agricole chargé d’enfants, ne sait même pas signer.

En mars 1885, Gabrielle meurt. Paul a à peine 4 ans. Cet événement est le cataclysme qui va engloutir toute la famille normande. La grand-mère meurt un mois après sa fille. Le grand-père disparaît ensuite sans laisser de trace dans les documents publics (recensements ou état-civil). En 1886, Paul habite à Orbec avec son père et une bonne. Mais vers 1887, Célestin meurt à son tour, âgé de 35 ans.

Pas d’autre option pour l’orphelin : trouver une situation grâce à l’école de Jules Ferry

L’orphelin est expédié en direction de la famille paternelle, non à Lézardrieux comme il est dit par la tradition locale, mais à Pleumeur-Gautier, le village qui jouxte la petite ville. Paul ne rejoint pas non plus la ferme de sa grand-mère ou de ses oncles. Il va habiter comme un petit pensionnaire chez Étienne le Hénaff, dont la première épouse décédée en 1874 était une tante Le Flem.

Étienne Le Hénaff et sa deuxième femme Léocadie Geffroy sont instituteurs, parents de 6 enfants, qu’ils vont tous mener à de très bonnes situations. Le neveu par alliance se révèle comme le meilleur de l’écurie. En juillet 1892, à 11 ans, Paul est présenté au certificat d’études, véritable championnat scolaire qui a lieu dans le chef-lieu de canton. Après une partie écrite, les candidats admissibles sont interrogés par l’inspecteur d’Académie. Le petit orphelin sort premier, meilleur élève primaire de tout le canton pour cette année-là.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Pour la plupart des écoliers, le diplôme du certificat d’étude signifie la fin de l’école et l’entrée dans la vie active. Pour Le Flem c’est le début d’une promotion sociale fulgurante. En triomphant de cette compétition, il a gagné une place dans le secondaire, alors réservé aux bourgeois et à une infime portion méritante des fils du peuple. En septembre 1892, après seulement 5 ans à Pleumeur-Gautier, il part pour l’actuel collège Roger Vercel à Dinan, à l’autre bout du département. S’il a été envoyé aussi loin de sa famille, sans possibilité de visite, c’est pour remplir ce collège-lycée public qui atteint difficilement 200 élèves : ses lumineux bâtiments XVIIIème siècle ont été vidés par la concurrence de la boutique d’en face, l’établissement catholique des Cordeliers.

Paul le Flem est à la hauteur des espoirs que l’inspecteur a placés en lui : en juillet 1893, il reçoit le prix d’honneur de l’internat, le prix de dessin et la 3ème place de sa classe de 6ème. En 5ème, il est premier de sa classe, filière latin-grec. Une maîtrise des langues anciennes, dont il se serait servi plus tard pour traduire Sophocle du grec ancien au breton. Plutôt classe !

En 1896, la bête à concours est qualifiée pour le lycée naval de Brest, voie royale vers l’aventure outre-mer et une carrière d’officier de la Marine nationale, l’ambition ultime de toutes les mères bretonnes.

Mais pas de parente pour féliciter le petit génie. Les derniers liens qui le relient à sa famille se cassent vers cette époque : selon un article de Michel Lemeu paru dans la revue culturelle Ar Men (octobre 1993), l’orphelin aurait même été dépossédé de tout héritage par sa parentèle.

 

Presqu’île de Lézardrieux – Dinan : deux univers sonores étrangers et pourtant…

Ce qui vient d’être dit sur l’itinéraire scolaire de Paul Le Flem ne résume pas l’expérience qu’il a vécue. Les lieux et les gens, les impressions reçues ont nourri son imaginaire.

Vers 6 ans, la disparition entière de sa famille normande l’emmène au Havre. Le rescapé monte dans le paquebot à vapeur Le Finistère qui assure la liaison avec Morlaix deux fois par semaine. Après 18 heures de mer houleuse, il rejoint Roscoff et Morlaix, et de là, la péninsule de Lézardrieux par diligence. En traversant la Manche, Il change de pays, de siècle, d’univers sonore. Battue par les éléments et encerclée par les eaux, la péninsule entre Manche, Jaudy et Trieux est au bout du monde à un point qu’on peine à imaginer : deux ponts la relient au monde, pas de train, pas même le train à vapeur historique qu’on peut encore prendre entre Pontrieux et Paimpol et dont la ligne date de 1894 !

À Pleumeur-Gautier vit une petite communauté de 2 000 âmes, paysans, marins et marins-paysans. La vie profane comme la vie religieuse se déroule en breton, et, sorti de la maison bilingue de son oncle Le Hénaff, le jeune Paul doit s’immerger dans ce nouvel univers. De ce monde révolu se détache dans sa mémoire la figure impressionnante de Jean Le Minoux (Yann Ar Minous en breton), qui fréquente à l’occasion la prospère famille Le Flem. C’est un chanteur folk a cappella bien attesté, mi-salarié agricole, mi-mendiant, à situer quelque part entre Denez Prigent et Patrick Sébastien. Son répertoire alterne chansons gaies et complaintes, vieux airs et compositions personnelles où il ne manque pas d’exercer son esprit critique contre l’Éducation nationale de l’époque (il a gardé une dent particulière contre son instit’).

Cinq ans plus tard, en arrivant à Dinan, Paul le Flem change à nouveau de monde. Logé dans l’internat du collège-lycée de Dinan, une ville 100 % francophone, il vit un autre rythme, entrainé par la croissance très rapide de la Belle Époque. Juste avant son arrivée, le conseil municipal a démoli la monumentale Porte de Brest, trouant le rempart construit par le duc François II, reliant ainsi le centre médiéval au quartier haussmannien qui pousse autour de la gare. Les militaires dynamisent également la ville en préparant une revanche qui s’approche inexorablement. Un lupanar ou maison des plaisirs est ouvert dès 1876 pour répondre aux besoins de cette nouvelle clientèle. (https://dinan-expansion.com/pdf/historique_YC_22052012.pdf)

C’est à Dinan que Paul Le Flem découvre la musique, la musique en grand. À Pleumeur-Gautier en effet, le couple bombarde/biniou existe mais reste rare car les sonneurs sont chers. On entend surtout des chants sans accompagnement musical, qui ne coûtent que de la salive. Dans le Dinan de la Belle Époque, au contraire, la musique est partout. Six orchestres ou groupes musicaux coexistent : celui du collège-lycée public, celui des Cordeliers, la fanfare municipale, l’orphéon la Typhaine, la société philharmonique, la musique du 13ème Régiment de Hussards… Ils rivalisent et coopèrent lors des réjouissances publiques (par exemple, le jour de la Sainte-Cécile, patronne des musiciens). Ils sont formés d’amateurs et le répertoire est un pot-pourri de morceaux anciens ou récents (ainsi en 1893, la Danse macabre de Saint-Saëns, composée en 1874) ; les spectacles alternent sérieux et comique (les bas-Bretons sont parfois les cibles de cet humour, tandis que le biniou suscite une vraie curiosité). Finalement, sous une forme totalement différente, la culture bourgeoise d’une sous-préfecture de l’époque a un esprit encore assez proche du divertissement villageois.

Sans famille et déraciné : les années de cafard à Paris (1899-1903) 

La culture, l’imagination, la musique, c’est ce qui a « sauvé » l’ado Le Flem, selon son propre témoignage. Et aussi des protecteurs qui prennent intérêt à sa personne d’orphelin méritant. Après l’instituteur et l’inspecteur, on trouve sur son parcours un officier, Joseph Farigoul, chef de la Musique des Équipages de la Flotte de Brest.

Car à Brest tombe sur l’orphelin une ultime catastrophe : sa vue commence à baisser inexorablement et lui interdit tout projet professionnel dans la Marine. Heureusement il compense par une oreille ultrasensible, qui fait de lui un pilier de la formation musicale de l’établissement. Farigoul s’inquiète du sort du malheureux et découvre qu’il a déjà des compositions à son actif. Le tout premier morceau s’appelle Les Korrigans et date de 1896, et un opéra est en préparation. Le petit prodige lui révèle qu’il a appris l’art de composer tout seul en consultant un manuel dans la bibliothèque du collège-lycée de Dinan. Muni d’une recommandation de Farigoul, Paul part pour Paris une fois son bac obtenu, pour un double cursus Sorbonne en philosophie et Conservatoire national de musique.

« Pour un Breton, Paris est au bout du monde » (Chateaubriand/Nolwenn Le Roy). Le jeune Paul y vit les années les plus cafardeuses de sa vie. L’isolement familial, la détresse sociale se font sentir, et il peut se reconnaître dans Racadot, l’étudiant lorrain pauvre des Déracinés – le best-seller de Barrès qui vient de paraître en 1897.

D’ailleurs, le Conservatoire de musique de Paris est une terrible déception : « dans un esprit terriblement routinier, cette usine d’État fabriquait en série des instrumentistes sans culture, uniquement préparés aux succès d’estrade et des compositeurs spécialisés d’avance dans la formule du théâtre commercial par l’épreuve pseudo-lyrique de la cantate de Rome », selon le témoignage d’un musicologue contemporain (Émile Vuillermoz, Histoire de la Musique, 1949).

Heureusement, il y a les copains (en attendant les sœurs des copains). Et la musique : un soir de 1902, après avoir régalé la compagnie d’une soupe et d’un camembert (menu des grandes occasions), il emmène tout le monde à la première d’un compositeur encore inconnu : Claude Debussy. C’est un vrai coup de massue que cette musique qui ne ressemble à rien d’entendu, ni à Dinan ni à Brest. Quelque chose de liquide et d’aérien, à la manière de Verlaine en poésie. Par petites touches, dans le style des peintres impressionnistes, Debussy définit, contre l’empire de Wagner à l’époque archi-dominant, une esthétique musicale française. « Une musique à nous, sans choucroute si possible », résume finement le debussyste Erik Satie. Les deux nations les plus puissantes du continent s’affrontent alors sur le terrain de la musique, avant de faire retentir les cuivres de leurs artilleries quelques années plus tard.

Il est possible que cette représentation de Pelléas et Mélisande ait précipité la décision d’un Paul Le Flem aux abois : il plaque tout, abandonne Paris et le conservatoire et part chercher fortune dans la Russie des Tsars, alors en plein boum économique et culturel (1902-1903).

Le fils ingrat de la IIIème République : à l’école anti-jacobine de Vincent d’Indy (1903-1914)

Il revient à Paris au bout d’un an, et cette fois avec un choix déterminé : devenir compositeur. Faire vivre sa musique plutôt que trouver une situation.

Il rejoint la Schola Cantorum, prestigieuse école privée d’inspiration catholique fondée en 1894 par le compositeur occitan Vincent d’Indy (1851-1931). L’ambition de ce comte possessionné en Ardèche est de renouer avec la grande tradition musicale mise par terre en 1789 et victime collatérale des révolutionnaires. Et de refaire de la France une grande puissance musicale, en marchant dans les pas de Wagner.

En cela, il s’oppose à la nouvelle esthétique de Debussy : « les raffinements harmoniques et orchestraux des impressionnistes qui s’adressent directement aux sens ont quelque chose d’impie », pense l’Occitan. Lui prétend réduire « dans la création artistique l’intervention de l’instinct et celle de la sensualité de l’oreille qui sont, l’une et l’autre, suspectes de matérialisme. L’artiste qui recherche dans le domaine de la sonorité pure des sensations voluptueuses est une sorte de païen attardé dans le monde chrétien. » (Vuillermoz, Histoire de la musique).

La Schola Cantorum, rivale du Conservatoire public, devient un foyer culturel réputé où les amateurs viennent découvrir des compositeurs oubliés au cours de concert sponsorisés par de grands noms de l’aristocratie. L’ambition créative de l’institution y attirent des profils étonnants : ainsi Erik Satie vient y suivre des cours de perfectionnement (!).

D’Indy encourage également ses élèves à explorer les musiques des anciennes provinces pour les transposer en musique classique – chacune devant garder sa partition au sein de la grande symphonie française. Des missi dominici sont expédiés dans les confins pour recueillir les airs du folklore – une pratique courante dans la grande musique russe ou hongroise, mais quasiment inédite en France. Charles Bordes (1863-1909) écume le Pays Basque ; Déodat de Séverac (1873-1921) s’occupe de l’Occitanie autour de Toulouse ; Jean Poueigh (1876-1956) s’intéresse à ces deux régions ; Joseph Cateloube (1879-1957) parcourt l’Auvergne…

Au contact du comte musicien, l’orphelin breton découvre qu’il est légataire d’un fabuleux héritage immatériel. Comme beaucoup dans sa génération d’intellectuels et d’artistes, il s’émancipe de la République qui l’a instruit et amené au plus haut. Dans sa formule jacobine chimiquement pure, celle-ci véhicule un imaginaire trop pauvre, un oxygène trop raréfié pour ce chercheur cultivé. En Vincent d’Indy, l’orphelin s’est trouvé un inspirateur, mais aussi un nouveau et dernier protecteur, qui lui offre un poste de bibliothécaire pour vivre. A l’occasion, il remplace les professeurs titulaires de l’école – c’est Le Flem qui aurait enseigné le contrepoint à Satie.

Paul Le Flem et sa première période créative : l’impressionnisme musical (1903-1914)

Curieux assemblage que Vincent d’Indy et Paul Le Flem. Le chef d’école a des idées arrêtées et même intolérantes en matière musicale (les mêmes que Wagner). Mais dans la pratique, il respecte la liberté de création de ses élèves et Le Flem en profite : selon Vuillermoz, il « a échappé complètement, dans son esthétique et dans sa technique de compositeur, à l’emprise pédagogique de son maître. Cet artiste breton, extrêmement sensible et pourvu de la plus brillante culture littéraire et philosophique, s’est assimilé très rapidement toutes les finesses d’écriture de Fauré et de Debussy

Ce sont les meilleures années créatives de Paul Le Flem : il se met à composer ses premiers grands morceaux : la Première Symphonie date de 1908, dans laquelle il intègre un air du folklore qu’il a collecté à Brasparts dans les Monts d’Arrée.

Les plus touchantes sont ses Sept pièces enfantines (1911), courtes, pleines d’espièglerie et mettant en musique des scènes de la vie familiale et de la vie bretonne : La Vieille mendiante, qui tend la main avec une arrogance de duchesse ; la Chapelle, lointaine, dont la cloche lancinante perce le brouillard ; les Bastions de Sable, théâtres de guerre enfantine sur les plages de la Manche.

Cette joie qui transparaît dans sa musique est le reflet d’une nouvelle donne capitale pour le Flem. En 1909, il s’est marié à Paris avec Jeanne Even, soeur de son copain Pierre, étudiant en médecine originaire du Trégor – le comte d’Indy est le témoin de mariage de l’orphelin.

Une joie qui demeure malgré les épreuves. Même Pour les Morts, une œuvre funèbre pour orchestre, résonne d’une grande sérénité et de la perspective celte d’un Autre Monde. Son mentor Vincent d’Indy mettra à son service sa célébrité en la dirigeant à New York au Carnegie Hall et dans d’autres villes américaines en 1921. Elle rappelle au public américain les innombrables morts de la Grande Guerre. En fait, elle a été composée en 1912 et est inspirée par la mort récente de Maurice et Nicolette, les deux premiers enfants de Paul et Jeanne.

La deuxième période créative de Le Flem : à la recherche d’une esthétique grand public (1938-1947)

La création new-yorkaise de 1921 est le premier sommet de la carrière de l’artiste. A l’époque, tout ce qui vient de France est aussitôt encensé Outre-Atlantique. Mais ce succès est sans lendemain. La Grande Guerre d’ailleurs a été une rupture pour lui comme pour tous ceux de sa génération. Lui a été sauvé par son handicap visuel. Embusqué à l’arrière, il s’est occupé de la fanfare d’un contingent russe affecté sur le front occidental.

Au retour de la paix, Le Flem donne la priorité à sa petite famille, qui se borne à sa femme et à sa fille unique Jeanne, née en 1912. Il range sans regret ses partitions dans ses cartons et cherche à faire bouillir la marmite. Il est d’autant plus motivé que sa femme est issue d’une catégorie sociale plus élevée que la sienne (son père était médecin et élu local, comme s’apprête à le devenir le frère).

Devenu professeur titulaire à la Schola Cantorum, Le Flem cumule avec le poste de chef de chœur à Saint-Germain, riche paroisse catholique – la Schola assure l’encadrement technique de ce choeur depuis sa fondation. Le Flem signe aussi des critiques musicales au journal d’actualité culturelle Comoedia – l’équivalent de Télérama ou des Inrockuptibles, en moins snob. Il fait enfin figure de pionnier de la vulgarisation par les médias modernes : il intervient sur l’antenne de Radio Paris – un Frédéric Lodéon de la IIIème République. Un personnage surbooké donc mais dont la production personnelle est proche de zéro.

À l’extrême fin des années 30 cependant, Paul Le Flem est de retour à la composition avec cette fois de l’ambition XXL et sur des bases renouvelées. En 1938, il compose la musique du Rossignol de Saint-Malo, un mini-opéra.

Cette œuvre est le manifeste de Le Flem deuxième manière : il vise un public aussi large que celui de la radio (et non une avant-garde comme ses premiers morceaux) ; il fait le choix de la scène lyrique (l’audio-visuel du classique) et d’une musique qui ne cherche plus à capter une impression fugitive mais à raconter une histoire (plus Wagner que Debussy) ; les histoires représentées parlent à tout le monde, entre mélo et vaudeville. Enfin, c’est un format court, ce qui a l’avantage de ne pas coûter trop cher et d’avoir d’autant plus de chance d’être monté.

Ce tournant dans sa carrière a des explications biographiques. Paul Le Flem approche la soixantaine et la retraite tombe en 1939 – sa pension ne doit pas être mirifique. Il est d’autant plus disponible pour une nouvelle aventure artistique que sa fille Jeanne a quitté le foyer paternel en 1938 pour un beau Suédois – Lennart Green, un photographe réputé : ce sont les parents et grands-parents de Marika (née en 1943) et d’Eva Green (née en 1980), actrice et James Bond Girl. On peut voir une photo du couple en 1937 sur ce site : https://www.catherinehouard.com/green/ Jeanne Le Flem, décédée en 2007, est enterrée à au cimetière de Vieux-Marché.

Paul Le Flem et le mouvement breton des années 30 : un centriste par temps de radicalisation

Les circonstances historiques poussent également Paul Le Flem dans l’action culturelle, nul ne pouvant se dérober à la période de fer et de sang qui s’annonce.

La Bretagne s’est imposée dans l’actualité française le 14 août 1932. Ce jour-là, une mystérieuse organisation, Gwen-ha-Du, dynamite le monument commémorant l’annexion de la Bretagne par la France en 1532. Derrière l’attentat, un réseau d’intellectuels sans base sociale réelle, mais qui sont prêts à toutes les aventures. A l’image de l’intelligentsia parisienne, la classe créative bretonne se radicalise vers la droite et vers la gauche. Une partie du mouvement breton terminera dans la collaboration avec l’Allemagne.

Pourtant rien n’était écrit. A la même époque, une pétition en faveur de l’enseignement du breton obtient le soutien de 600 communes du vieux Duché. A la fin des années 30, la langue bretonne est encore parlée par plus d’1 million de locuteurs, avides de réussite scolaire. Or en 1939, un rapport parlementaire envisage son enseignement par l’école publique. Bref, la Bretagne, dont la contribution à la victoire de 1918 était largement reconnue, aurait pu devenir l’Ecosse de la France, un réservoir consensuel de traditions et de mythes pour tout le pays. La Seconde Guerre Mondiale va faire échouer cette symbiose.

Paul Le Flem s’inscrit dans cette dynamique bretonne d’affirmation culturelle. A partir des années 30, il harmonise des chants traditionnels bretons, ainsi que le Bro Goz Ma Zadou, l’hymne national officieux. A une date indéterminée, il est reçu dans le Gorsedd de Bretagne – une institution druidique à vocation surtout culturelle. A partir de 1938, le folklore révélé par La Villemarqué devient le sujet unique de ses créations. Comme le saumon remontant le Jaudy de son enfance, Le Flem vieillissant en revient toujours plus à la source de son imaginaire : le coup de Breizh ressenti par l’enfant de 6 ans abordant à Roscoff.

Par son âge, Paul Le Flem n’appartient cependant pas à la même génération que les acteurs du second Emsav. Il est politiquement plus modéré.
Le Rossignol de Saint-Malo est ainsi le fruit d’une commande publique du gouvernement du Front populaire, qui, sous la conduite de Jean Zay, a mis en place une politique musicale musclée dont le principe est de mettre la qualité classique à la portée du plus grand nombre. Pour Le Flem, la commande représente une rentrée motivante de 20 000 francs, soit le revenu d’un an d’un ouvrier.

Loin de regarder vers Berlin ou vers Moscou, Le Flem semble attaché aux alliances de 1918 et aux valeurs modérées qu’elles véhiculent : tel semble être le sens de sa participation en 1939 au film officiel « Sommes-nous défendus ?». En plein pacte germano-soviétique, il présente au public des cinémas les atouts de l’armée française et, débordant d’un optimisme de commande, répond oui à la question.

Nul ne prêtait alors attention aux lanceurs d’alerte militaire.

1942 : première œuvre lyrique de Paul Le Flem montée à Paris, succès encourageant pour l’avenir

Après la défaite, Paul Le Flem semble suivre la ligne attentiste du courant central de la société française. Lui-même ancien combattant, il n’a que trop vu les horreurs de la guerre, de loin, sauf en 1917 quand les Allemands ont réussi à percer le front ; alors pris dans la bataille, il s’est comporté courageusement comme l’ensemble de sa génération (statistiquement la plus exposée au feu de toute l’histoire). Il a même mérité la Médaille militaire, qui suppose avoir pris un risque direct et incontestable (il a secouru des blessés russes sous la mitraille). Comme beaucoup d’hommes de sa génération, il semble en avoir tiré une leçon de prudence : laisser la guerre aux militaires, en tenir les civils le plus éloigné possible, refuser la logique de la guerre totale.

Cet attentisme ne s’applique pas à l’activité culturelle, qui semble se poursuivre sans interruption notable (la consultation de Comoedia sur le site de la BNF est édifiante : la guerre semble ne pas exister). La culture permet à tous de sauver la face, car l’occupant a comme ambition principale de donner l’illusion que tout continue comme avant. Des opportunités de carrière se créent, beaucoup d’argent sale circule. Les créateurs peuvent se réfugier dans l’ambiguïté permise par la fiction : c’est ainsi que Jean-Paul Sartre représente en 1943 sa première grande pièce, les Mouches, sur le thème de la liberté absolue de l’individu (avec notamment un refus de la repentance et des entraves du passé). On peut y trouver des sous-entendus anti-pétainistes, mais pas anti-allemands ou anti-nazis : la pièce reçoit sans problème le feu vert de la Propaganda Staffel.

Paul Le Flem serait-il un Jean-Paul Sartre breton ? Oui et non. Ou un Albert Camus musicien ? Davantage, mais il n’a pas d’activité clandestine et n’évolue pas dans le même milieu culturel.

La musique classique a en effet un statut à part dans la France occupée. Elle est l’enjeu d’une rivalité un peu dérisoire entre Berlin et Vichy, dont on trouve un écho lointain dans La Grande Vadrouille (1966). Les nazis dégainent Bach, Mozart et évidemment Wagner ; les Français répliquent par Rameau, Berlioz, ou par des créateurs contemporains (Lalo, D’Indy, Debussy, …). Même le jazz est florissant, car son statut d’expression musicale du peuple noir nord-américain correspond à la vision communautaire de la culture développée par Vichy.

En zone occupée, Pétain s’appuie un temps sur Jacques Rouché, le directeur de l’Opéra qui avait été déjà un homme clé du dispositif musical de Jean Zay – les tribunaux de l’épuration reconnaîtront son intégrité morale, y compris son aide aux musiciens juifs. Or c’est Jacques Rouché qui met en scène Le Rossignol de Saint-Malo en 1942 à l’Opéra-Comique. Un mini-succès public et médiatique : 22 représentations, de bonnes critiques, une reprise à la Libération à Paris, avec une tournée en province en 1946.

En 1943, Le Flem reçoit une commande publique de Vichy, pour un mini-opéra intitulé La Clairière des Fées, féérie contemporaine à thématique sociale et écologique, qu’il ne pourra cependant monter sur scène.

Paul Le Flem participe enfin au film Le Grand Jardinier de France, dont le héros est Le Nôtre, le paysagiste de Louis XIV. Il en compose la bande-son qui pastiche Lully et l’atmosphère musicale triomphale de Versailles. Dans le contexte de 1942, jeter la gloire du Roi Soleil à la face des Allemands avait une résonance patriotique évidente, sans aller cependant jusqu’à la résistance.

1942 : Paul Le Flem adhère au Seiz Breur

Comme la musique classique, la culture bretonne est l’enjeu d’une rivalité de soft-power entre Vichy et Berlin.

Or c’est en juin 1942 que Paul Le Flem saute le pas et s’engage dans le mouvement culturel breton pour de bon. Il est en effet admis comme membre des Seiz Breur. Il s’agit d’un mouvement d’avant-garde artistique de sensibilité identitaire dont la problématique est de hisser la culture bretonne à un niveau international, en la modernisant. Regroupant des artistes de tous les domaines, il fonctionne comme une franc-maçonnerie artistique un peu fermée et se serrant les coudes. Un serment solennel est requis du nouveau « frère », avec une tonalité presque séparatiste.

Quel sens peut-on donner à cette adhésion ? Au moment où Le Flem prête serment, la référence à la culture bretonne commence à sentir le roussi. Une bonne partie des intellectuels qui y sont sensibles se sont plus ou moins compromis et les figures résistantes sont très minoritaires – René-Yves Creston, le fondateur des Seiz Breur, a été un résistant précoce au sein du réseau du Musée de l’Homme, mais il aurait été sauvé des griffes de la Gestapo par ses relations dans le mouvement breton.

Comme Creston, Le Flem participe un temps à l’Institut celtique de Rennes et fait représenter le Rossignol à Nantes et à Rennes en 1942, comme le manifeste d’une création bretonne moderne.

Le sens le plus favorable qu’on puisse donner à l’engagement de Paul Le Flem, c’est celui d’un modéré qui fait acte de présence, ou d’un humaniste à l’ancienne qui place la culture au-dessus de la politique, ou encore d’un artiste qui cherche à donner un futur à la spécificité bretonne, à un moment de bascule dans la modernité. En cela, il rejoint un comportement d’engagement vers l’avenir qu’on observe ailleurs dans d‘autres domaines : en 40-42 en effet, la société française dans son ensemble touche le fond et dans un regain d’énergie crée les conditions de la renaissance des Trente Glorieuses.

1954, salle de l’Opéra-Comique : la princesse Dahut face au jugement du public parisien

En gare de Plouaret-Trégor, en 1946, le train de Montparnasse a fini par arriver et par emporter le génie musical. Il parachève à Paris ses partitions, qui sont prêtes en 1947.

La Magicienne de la Mer récapitule et synthétise toute son expérience musicale et humaine : la mer que Debussy lui a appris à écouter, la personnalité tragi-comique de Jean Le Minoux, les cafés-concerts de Dinan, le Conservatoire de Paris avec son orientation scène lyrique, les techniques de composition les plus sophistiquées apprises dans le Paris d’avant-garde et qui le ramènent aux dissonances les plus archaïques , l’amour et la féminité toujours au centre de ses opéras, La Villemarqué et Offenbach, le Front populaire et Vichy, la radio et le cinéma… Paul Le Flem s’inscrit toujours plus dans un format court, moderne, accessible, avec de l’humour, du mystère, du mélo et de l’érotisme, dans une écriture musicale très scénarisée, hollywoodienne.

Avec bien des difficultés, il parvient à monter le spectacle en…1954. La première est un échec. Au bout de 4 représentations, la Magicienne de la Mer s’arrête, boudée par le public parisien. Un lot de consolation : Aucassin et Nicolette, une autre de ses créations, reçoit un accueil triomphal à l’Opéra national…d’Helsinki, en Finlande…autant dire nulle part …Un échec très lourd pour Paul le Flem, qui maintenant septuagénaire, n’a plus aucune chance de percer.

La revanche de Dahut : Alan Stivell, fils caché de Paul Le Flem et de la pop music

Dans le Paris des années 50, un enfant de la diaspora bretonne, aussi doué et attentif que l’avait été le petit Paul en son temps.

Alain Cochevelou, a alors 10 ans et apprend la harpe avec une enseignante formée à la Schola Cantorum de feu Vincent d’Indy. L’été, ce fils d’un haut-fonctionnaire originaire de Gourin retrouve la Bretagne. Sur la plage, il fréquente une petite-fille suédoise du nom de Marika Green, la petite-fille de Paul Le Flem.

Le père d’Alain a fabriqué une harpe celtique sur un modèle qui avait disparu depuis les temps de la littérature arthurienne. Sur les photos, penché sur sa harpe, l’enfant a l’air de porter sur ses épaules toutes les attentes des Bretons de Paris.

En grandissant, Alain Cochevelou va s’affirmer et se métamorphoser en Alan Stivell. Tournant le dos au classique, il s’inspire de la musique country/pop/rock/folk des USA, versant blanc du jazz, qui entretient des rapports étroits avec le folklore du nord-ouest européen. Stivell électrifie les vieilles chansons armoricaines, en crée de nouvelles, leur donne un jeune et large public. Qui vient danser, se défouler et partager des expériences, comme ses ancêtres ruraux, et non se prendre la tête comme lors d’un concert classique guindé.

Alors que Le Flem ne parvenait pas à faire vivre sa musique ni à en vivre, Stivell bénéficie aussi d’un modèle économique viable : radios, télé, disques vinyles et tournées internationales.

La troisième et dernière période artistique de Paul le Flem : l’avant-garde pure et dure (1964-1979)

Paul le Flem a dû assister d’une manière assez lointaine à ce revival breton qu’il souhaitait, mais sur d’autres bases musicales.

En 1964, son épouse décède. Il change alors de lieu de villégiature en Bretagne. Quittant le Trégor et Trébeurden trop encombré de souvenirs et de touristes – il avait contribué à les faire venir en assurant la bande-son d’un film publicitaire sur la Côte de Granit Rose, il achète une sobre maison néobretonne à Telgruc-sur-Mer, sur la presqu’île de Crozon. Il reste toutefois locataire de l’appartement 17 rue Froidevaux, dans le quartier breton de Paris, qu’il occupe depuis 1909 – vivent les loyers encadrés !

C’est entre ces deux pôles qu’il entame sa dernière période artistique. Devenant aussi aveugle que Beethoven était sourd, il compose de la musique, enchaîne les symphonies. Jusqu’à l’âge de 98 ans. Des morceaux plutôt ardus, qui ne cherchent ni ne trouvent leur public. Avec l’âge, Le Flem prend des airs de professeur Tournesol. Il adresse sa musique difficile d’abord à lui-même… et à un auditoire imaginaire… un auditoire à venir, qui saura apprécier ses œuvres… il suffit d’attendre quelques siècles…

Trois décennies après sa disparition, ce sont surtout les œuvres les plus anciennes, celles de sa période impressionniste, qui sont encore jouées. Ce n’est pas le compositeur le plus connu du monde, mais il a ses fidèles un peu partout sur la planète. En Bretagne, son nom sert d’étendard à l’Académie Paul Le Flem, association qui milite pour la diffusion de la musique classique dans la péninsule. Tant qu’il y a aura une place en Bretagne pour la grande musique, il y aura une petite place pour Paul Le Flem.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Après nos "COUSINS" éloignés en généalogie mais proches dans le temps, passons à nos ancêtres bien plus éloignés, ceux que l'on découvre dans le film "KINGDOM OF HEAVEN" les croisés, pas tous, mais, au moins ceux touchant à la période fin de la deuxième croisade et la troisième croisade...

C'est Amaury 1er de Jérusalem qui sera le point de départ dans la découverte de nos croisés, qu'ils soient nos ancêtres (lointains certes) ou leurs proches...

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Les parents d'Amaury 1er :  Foulques V le Jeune d'Anjou, roi latin de Jérusalem et de sa seconde épouse Mélisende de Réthel dite de Jérusalem.

Mariages et enfants de Foulques V

Il avait épousé en premières noces en 1110 Erembourg († 1126), comtesse du Maine, fille d'Hélie de Beaugency, comte du Maine, et de Mathilde de Château-du-Loir, et avait eu :

Veuf, Foulques V se remaria en 1129 avec Mélisende de Jérusalem de Réthel († 1161), fille de Baudouin II, roi de Jérusalem, et de Morfia de Malatya. Ils eurent :

Amaury Ier de Jérusalem, né en 1136 et mort en 1174 à Jérusalem, est le fils cadet de Foulques d'Anjou et de Mélisende de Jérusalem, roi et reine de Jérusalem. Amaury est comte de Jaffa et d’Ascalon de 1157 à 1163, puis roi de Jérusalem de 1163 à 1174. Il est aussi appelé Amalric ou Almaric.

Son père meurt quand il a l’âge de sept ans et son frère aîné devient roi sous la régence de leur mère Mélisende. Avant même son couronnement en 1152, Baudouin III inféode le comté de Jaffa à son frère Amaury en 1151. Le 19 octobre 1153, Baudouin III prend la ville d’Ascalon. Une seigneurie d'Ascalon est constituée et rattachée au comté de Jaffa. En 1158, Amaury épouse Agnès de Courtenay, fille de Josselin II de Courtenay, comte d'Édesse, et de Béatrice.

Baudouin III meurt sans enfant le 10 février 1162 et Amaury est son plus proche parent. Initialement élective, la couronne du royaume de Jérusalem était devenue au fil du temps héréditaire, mais le nouveau roi devait toujours être approuvé par la Haute Cour des barons. Or la plupart d’entre eux déclarent à la mort de Baudouin qu’ils jugent Agnès de Courtenay indigne de devenir leur reine et somment Amaury de choisir entre sa femme et le trône, ce qu’il fait en choisissant le trône. Il semble que les barons jugeaient Agnès trop frivole, mais le mariage est officiellement annulé en raison d’une parenté entre les deux époux, et Amaury est couronné le 18 février 1162.

Au cours du règne de son frère, les erreurs des derniers bourides, atabegs de Damas, avaient affaibli l’émirat et Baudouin III n’a pas réussi à empêcher Nur ad-Din de s’emparer de la ville en 1154. Baudouin III avait pu éviter que la situation ne tourne au désastre, obligeant même Nur ad-Din à la défensive, mais le fait est que les États latins d’Orient sont confrontés à une Syrie musulmane puissante et unifiée. Aussi Amaury décide-t-il d’innover sa politique extérieure et de se tourner vers l’Égypte fatimide, tombée dans les derniers degrés de la décadence et en proie à des luttes de pouvoir.

Profitant des guerres civiles, Baudouin III avait obtenu en 1160 le versement d’un tribut de cent soixante mille dinars des Fatimides. En septembre 1163, prétextant le non-versement de ce tribut, Amaury Ier organise une première expédition, défait l’armée du vizir Dirgham et assiège Bilbéis, mais la crue du Nil et des opérations de diversion de Nur ad-Din en Syrie obligent les Francs à se retirer. Toutefois, cette première expédition a permis à Amaury de mesurer l’ampleur de la faiblesse du califat fatimide.

Shawar, le vizir chassé d’Égypte par Dirgham, se réfugie à Damas auprès de Nur ad-Din, sultan de Damas, et parvient à le persuader de l’aider à reprendre le pouvoir en Égypte, malgré les réticences de ce dernier. En mai 1164, Nur ad-Din envoie en Égypte un de ses lieutenants, Shirkuh, pour rétablir Shawar comme vizir. Mais Shawar refuse de verser les indemnités et le tribut promis, Shirkuh reste alors en Égypte et impose un protectorat si bien que Shawar fait alors appel à Amaury Ier pour s’en débarrasser. Amaury attaque et remporte plusieurs succès sur Shirkuh, mais Nur ad-Din envahit à son tour les États latins en guise de diversion pour protéger son lieutenant, prend les places fortes d'Arim et de Paneas et capture Bohémond III d'Antioche à Harrim le 11 août 1164. Seule l’intervention des Byzantins empêche les musulmans de prendre Antioche. Un compromis intervient, et Amaury et Shirkuh évacuent simultanément l'Égypte.

Méfiant vis-à-vis du califat égyptien et préférant le statu quo, évitant ainsi la présence franque en Égypte, Nur ad-Din ne souhaite pas envoyer de nouvelle expédition au contraire de Shirkuh qui a mesuré le grand état de faiblesse de l’État égyptien, ainsi que ses richesses, et souhaite également prendre sa revanche et faire payer à Shawer ses traîtrises. Il semble que Shirkuh ait joué des querelles religieuses entre sunnites et chiites, mobilisant l’opinion publique en faveur d’une nouvelle expédition et en appelant au calife abbasside de Bagdad. De guerre lasse et voyant qu’il ne parviendra pas à empêcher Shirkuh de se lancer à la conquête de l’Égypte, Nur ad-Din finit par confier une armée à son lieutenant, qui quitte Damas en janvier 1167. Shawar fait immédiatement appel à Amaury Ier, qui rassemble ses troupes en hâte à Ascalon et quitte la ville le 30 janvier 1167. Un pacte d’assistance est signé entre le roi et le calife Al-Adid, puis Amaury affecte son armée à la défense du Caire et empêche Shirkuh de prendre la ville. Shirkuh se dirige vers le sud, poursuivi par les coalisés franco-égyptiens, les bat le 19 mars 1167, puis se dirige vers Alexandrie qu’il occupe et confie à son neveu Saladin. Les Francs et les Égyptiens assiègent la ville, pendant que Shirkuh se dirige vers la Haute-Égypte et assiège la ville de Qûs et Nur ad-Din attaque le royaume de Jérusalem par le nord. Finalement une paix est signée permettant à l’armée de Saladin de quitter Alexandrie avec les honneurs et les forces de Shirkuh et de Saladin évacuent l’Égypte, pendant que les Francs établissent un protectorat sur le pays ().

Depuis l’annulation de son mariage, le roi et la Haute Cour avaient conclu qu’il était nécessaire de négocier une alliance militaire et matrimoniale avec Byzance. Hernesius, archevêque de Césarée (en), et Hugues de Saint-Amand sont envoyés dans la ville impériale et reviennent au bout de deux ans de négociations avec la princesse Marie Comnène, nièce de Manuel Ier Comnène. Ils abordent à Tyr en et le mariage est célébré le 29 août 1167. Manuel Comnène suivait de près la campagne égyptienne et forme le projet de conquérir le califat fatimide pour en faire une colonie franco-byzantine. Au début de l’année 1168, il envoie à Jérusalem deux ambassadeurs, Alexandre de Gravina et Michel d’Otrante, puis Guillaume de Tyr part en ambassade à Byzance et un traité de partage de l’Égypte est signé en

Mais lorsque Guillaume de Tyr revient à Acre, en , il s’aperçoit que les Francs ont commencé l’invasion de l’Égypte, sans attendre les forces byzantines. Certains historiens ont prétendu que les Francs ne voulaient pas partager l’Égypte avec les Byzantins, mais dans ce cas Amaury n’aurait pas recherché l’alliance byzantine à tout prix. En fait, le vizir trouvait la présence protectrice franque de plus en plus pesante, le tribut annuel de cent mille dinars trop important et l’opinion publique de plus en plus hostile à cette présence franque et au vizir qui les avait fait venir, et commençait à entamer des négociations secrètes avec Nur ad-Din. À l’annonce de ces nouvelles, le roi Amaury préfère maintenir le statu quo en attendant les troupes byzantines, tandis que les barons pensent qu’il faut envahir immédiatement l’Égypte qu’ils considèrent comme trop faible pour se défendre par elle-même et sans attendre qu’elle reçoive les renforts syriens et Amaury doit se soumettre à la décision de la Haute Cour du royaume. L’armée franque arrive devant Peluse (ou Bilbeïs) le 1er novembre 1168 qui refuse de lui ouvrir ses portes. La ville est prise d’assaut le 4 novembre et pillée de fond en comble, ce qui a pour effet de rallier toute la population égyptienne, y compris les indécis et les derniers partisans francs dans le camp de la résistance. Amaury arrive devant le Caire le 13 novembre, mais les égyptiens préfèrent brûler la ville plutôt que de la laisser aux Francs. Comprenant que s’il persiste, il n’aurait devant lui que des cités brûlées, anéantissant les richesses de l’Égypte, et en permanence des révoltes, Amaury négocie une retraite honorable en échange d’indemnités et quitte le pays le 2 janvier 1169. Mais Shirkuh arrive avec une armée peu après le départ des Francs et s’empare de l’Égypte après avoir fait tuer Shawar (18 janvier 1169). Il meurt peu après, le 23 mars 1169, laissant le pays à son neveu Saladin.

Amaury Ier en discussion théologique avec le clergé Miniature de Jean Colombe tirée des Passages d'outremer, vers 1474.

Amaury Ier en discussion théologique avec le clergé Miniature de Jean Colombe tirée des Passages d'outremer, vers 1474.

Mesurant le péril auquel se trouvent confrontés les États latins d’Orient, Amaury envoie des ambassades en Europe afin de promouvoir une nouvelle croisade. Mais Louis VII de France est occupé à défendre son royaume contre l’Empire Plantagenêt qui possède les deux tiers de la France, l’empereur Frédéric Barberousse est en lutte contre les cités italiennes et le Saint-Siège et les autres souverains ont encore en mémoire le souvenir des échecs de la deuxième croisade et ne souhaitent pas s’engager dans une troisième croisade. Voyant l’échec de ses ambassades en Europe, Amaury se tourne une nouvelle fois vers l’alliance byzantine et l’empereur Manuel accepte d’appliquer le traité de 1168. Il envoie sa flotte en et la coalition franco-byzantine assiège Damiette en octobre-. Le siège s’éternise, car des renforts sont envoyés en permanence de la Haute-Égypte, et les vivres commencent à manquer dans le camp des assiégeants. La mésentente commence à s’installer entre les Francs et les Byzantins, et le siège est levé en .

Fort heureusement pour les Francs, Saladin cherche à se ménager une indépendance vis-à-vis de Nur ad-Din et trouve des prétextes pour éviter d’engager avec ce dernier des actions concertées contre les Francs. Amaury tente une nouvelle fois de persuader l’Europe de se lancer dans une croisade, mais sans succès. La situation devient également délicate pour Byzance : sur les dix années précédentes, Manuel Comnène s’est plus préoccupé de lutter contre les Serbes et contre les Normands de Sicile et a laissé les Seldjoukides de Rum redevenir puissants. Dans l’Arménie cilicienne, alliée traditionnelle des Francs, Mleh renverse son neveu Roupen II et s’allie à Nur ad-Din pour conserver son trône. Aussi Amaury se rend-il en personne à Byzance pour négocier une alliance avec l'Empire et conclut un pacte d’assistance au printemps 1171. En 1173, une expédition franque est montée contre Mleh d’Arménie, mais Nur ad-Din assiège le krak de Moak, défendu avec succès par le connétable Onfroy II de Toron.

Au printemps 1174, Amaury prépare une invasion de l'Égypte en concertation avec le roi normand Guillaume II de Sicile (dont la flotte est conduite par l'amiral Gauthier de Moac), et les mécontents chiites d’Égypte qui projettent de se révolter, quand il meurt du typhus le

Mariages et enfants

De son premier mariage en 1158 avec Agnès de Courtenay, fille de Josselin II de Courtenay, comte d'Édesse, et de Béatrice, étaient nés :

Sa seconde épouse Marie Comnène (1154 † 1217), nièce de Manuel Ier Comnène, épousée en 1168 a donné naissance à :

  • Isabelle (1169 † 1205), reine de Jérusalem sous le nom d'Isabelle Ire.

Mariage d'Amaury Ier et de Marie Comnène Guillaume de Tyr, Historia

Mariage d'Amaury Ier et de Marie Comnène Guillaume de Tyr, Historia

Je vais revenir sur les enfants plus bas mais, tout d'abord, parlons des deux épouses d'Amaury 1er de Jérusalem: Agnès de Courtenay et Marie Comnène (de nos ancêtres).

Agnès de Courtenay (11331184/5) est une fille de Josselin II de Courtenay, comte d'Édesse, et de Béatrice de Saône ; elle fut mariée quatre fois, dont une avec Amaury Ier, roi de Jérusalem.

La famille de Courtenay possède depuis 1118 le comté d'Édesse, l'État latin d'Orient situé le plus au nord et le plus avancé dans le monde musulman. Josselin Ier de Courtenay, le grand-père d'Agnès, avait reçu le comté de son allié et cousin le roi Baudouin II. Josselin II en hérite en 1131, à la mort de son père, et tente désespérément de défendre son comté contre ses voisins musulmans hostiles. Agnès vit à Édesse jusqu'à la prise de la ville par Zengi le 23 décembre 1144. Son père l'envoie ensuite à Turbessel par sécurité. Édesse est reprise le 27 octobre 1146, mais définitivement perdu le 3 novembre 1146.

Sa mère Béatrice a pris une part active dans le lutte contre Zengi. Agnès a un frère Josselin III, futur sénéchal du royaume de Jérusalem, et une sœur, Isabelle, mariée à Thoros II, prince arménien des Montagnes.

Son père la donne en mariage à un de ses vassaux, Renaud, seigneur de Marach. La date de mariage n'est pas connue, mais on peut raisonnablement la situer vers 1147 ou 1148. La seigneurie de Marach appartenait auparavant à un certain Baudouin, qui est mort lors de la dernière prise d'Édesse, en . Comme Renaud ne semble pas être apparenté à Baudouin, il est fort possible que Josselin confie Marach à Renaud en même temps que la main de sa fille. En 1148, Agnès est âgée d'à peine quinze ans.

Renaud participe aux combats contre les Turcs pour protéger les restes du comté d'Édesse et de la principauté d'Antioche. Il est tué aux côtés de Raymond de Poitiers, prince d'Antioche, le 29 juin 1149 à la bataille d'Inab. Nur ad-Din profite de cette victoire pour s'emparer des restes du comté d'Édesse (dont Turbessel) et d'une partie de la principauté d'Antioche. Josselin II est capturé par les musulmans en 1150 et meurt dans les geôles de Nur ad-Din en 1159.

Béatrice, la mère d'Agnès, cède tous ses droits sur le comté d'Édesse à l'Empire byzantin et se réfugie avec sa famille au château de Saone, dans la principauté d'Antioche. Aucune chronique ne parle d'eux avant 1157.

Il semble qu'à cette date elle se fiance avec Hugues d'Ibelin, mais ce dernier est capturé par les Turcs et reste emprisonné un an. Entretemps, Agnès s'est mariée, en 1158, avec Amaury d'Anjou-Jérusalem, comte de Jaffa et Ascalon, frère cadet du roi Baudouin III de Jérusalem, malgré l'opposition du patriarche Foucher d'Angoulême qui leur oppose une consanguinité au quatrième degré.

Deux enfants sont nés de ce mariage :

Bataille d'Inab.

Bataille d'Inab.

Baudouin III meurt à Beyrouth le et Amaury, son frère doit lui succéder. Mais pour être couronné, il doit avoir l'assentiment du Conseil des barons du Royaume, et ces barons lui annoncent qu’ils jugent Agnès de Courtenay indigne de devenir leur reine, et qu'ils n'accepteront Amaury comme roi que s'il se sépare de son épouse. La raison invoquée est la consanguinité entre les époux, mais comme les barons acceptent de reconnaître la légitimité des enfants nés du mariage. Il semble qu'Agnès soit jugée trop volage et intrigante à tel point que la chronique d'Ernoul leur fait dire que « cette femme ne doit pas être reine d'une cité aussi importante que Jérusalem ». D'autres la qualifient de cupide, frivole et légère. Amaury n'hésite pas longtemps et, usant de la consanguinité, répudie Agnès et devient roi de Jérusalem.

Agnès reçoit un fief extrait du comté de Jaffa, conserve le titre de comtesse de Jaffa, mais est éloignée de la cour. Sibylle est confiée à sa grand-tante Yvette, abbesse de Béthanie, tandis que Baudouin est instruit par Guillaume de Tyr. Dans les années qui suivent, Agnès se remarie avec son ancien fiancé Hugues d'Ibelin, seigneur de Rama, mais qui meurt en 1170 lors d'un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle. Hugues d'Ibelin est le fils de Balian et d'Helvis de Ramla, que nous avons dans nôtre généalogie tout comme son frère Baudouin marié  une première fois à Richilde de Bessan, puis à Isabelle Gothman et enfin à Marie ?.

Quelques années plus tard, en 1174, Agnès se remarie pour la quatrième fois, avec Renaud de Grenier, seigneur de Sidon († 1202). Guillaume de Tyr affirme que les époux se séparent à l'amiable rapidement et toujours pour une raison de consanguinité, qu'il n'explicite pas, mais un acte de décembre 1179 la nomme « Agnes, comtesse de Sidon », ce qui met en cause cette affirmation de Guillaume de Tyr. Il est vrai que Renaud et Agnès n'ont pas eu d'enfant, ce qui pourrait confirmer le divorce, mais Agnès a alors quarante et un ans et n'est peut-être plus en âge d'enfanter.

Amaury Ier meurt le 11 juillet 1174 et son fils Baudouin IV, malheureusement atteint de la lèpre, lui succède. Le sénéchal Miles de Plancy se comporte en régent informel, mais irrite rapidement la noblesse. Raymond III de Tripoli réclame la régence, soutenu par de nombreux barons, dont Renaud de Sidon, le mari d'Agnès. Après avoir tenté de temporiser, Miles est assassiné et Raymond devient régent.

Agnès en profite pour reparaître à la Cour, espérant manœuvrer son fils et en obtenir des avantages, siège au conseil et l'accompagne même lors de plusieurs campagnes militaires, tandis que la reine-douairière Marie Comnène se retire dans son fief de Naplouse, puis épouse en 1177 Balian d'Ibelin, le frère cadet d'Hugues d'Ibelin.

La rumeur relayée par Guillaume de Tyr, lui prête plusieurs amants, mais rien ne permet de l'affirmer. Ce qui est sûr c'est qu'elle a parfois réussi dans ses intrigues à placer ses proches et ses favoris. Ainsi son favori Amaury de Lusignan est fait chambellan en 1175, puis connétable en 1179. Pour lui complaire, elle accepte de persuader sa fille de se marier avec Guy de Lusignan, frère d'Amaury, puis de faire accepter ce mariage au roi. Son frère Josselin III de Courtenay, retenu captif depuis la bataille d'Harenc en 1164, est libéré en 1176 par le payement d'une rançon de cinquante mille dinars prélevée sur le trésor royal. À peine libéré, Josselin est fait connétable du Royaume. En 1181, pour l'élection du patriarche de Jérusalem, elle appuie la candidature d'Héraclius, un autre favori, contre Guillaume de Tyr.

Elle meurt entre et le .

Conjoints

Renaud de Marash  (de à )
Amaury Ier de Jérusalem (de à )
Hugues d'Ibelin (de à )
Balian d'Ibelin (à partir de )
Renaud Granier (à partir de )

 

Marie Comnène, née en 1154, morte entre 1208 et 1217, est une princesse byzantine, une reine de Jérusalem de 1168 à 1174 par son mariage avec le roi Amaury Ier, et une dame de Naplouse de 1174 à 1187, par droit de douaire.

Elle est fille de Jean Comnène, duc de Chypre, et de Maria Taronitissa. Son père appartient à la famille Comnène qui dirige l’empire byzantin depuis 1081. Sa mère appartient à la famille Taronitès, une branche cadette de la famille arménienne des Bagratouni qui acquit le Taron au VIIIe siècle et le céda au Xe siècle en échange de domaines byzantins.

En 1164, Amaury Ier, roi de Jérusalem, a imposé le protectorat franc sur le califat fatimide d'Égypte et recherche l'alliance byzantine pour consolider ses succès. Hernesius, archevêque de Césarée et Eudes de Saint-Amand sont envoyés dans la ville impériale et reviennent au bout de deux ans de négociations avec la princesse Marie Comnène, nièce de Manuel Ier Comnène. Ils abordent à Tyr en et le mariage est célébré le 29 août 1167.

Le mariage est l'occasion de l'amorce de nouvelles négociations. Au début de l’année 1168, Amaury envoie à Jérusalem deux ambassadeurs, Alexandre de Gravina et Michel d’Otrante, puis Guillaume de Tyr part en ambassade à Byzance et les négociations aboutissent à un traité de partage de l'Égypte entre les Francs et les Byzantins en , mais qui ne peut être appliqué, car les Francs attaquent trop tôt l'Égypte et devant la résistance, doivent l'évacuer.

Veuve le 11 juillet 1174, Marie Comnène se remarie en 1177 avec Balian seigneur d'Ibelin, à qui elle apporte la seigneurie de Naplouse, qu'elle avait obtenu à titre de douaire. À Amaury Ier, succèdent ses enfants nés d'un premier mariage, Baudouin IV le lépreux, puis Sibylle, mariée à Guy de Lusignan. En , elle ne peut empêcher le mariage de sa fille Isabelle avec Onfroy IV de Toron, bien que ce soit un mariage d'amour mais Onfroy de Toron a pour Marie Comnène le principal défaut d'être fils d'Étiennette de Milly que Marie déteste. Marie Comnène séjourne régulièrement à la Cour et se trouve à Jérusalem en juillet 1189, quand l'armée franque est vaincue par celle de Saladin à la bataille de Hattin. Balian d'Ibelin, qui avait réussi à quitter le champ de bataille sans être capturé ou tué, obtient de Saladin un sauf-conduit qui l'autorise à se rendre à Jérusalem pour emmener sa femme et ses enfants à Tyr. Mais les habitants de Jérusalem, affolés, le supplient de conduire la défense de la ville et Balian accepte, tout en s'excusant auprès de Saladin de ne pas tenir ses engagements. Saladin accepte les excuses, et fait même escorter jusqu'à Tripoli la reine Sibylle, la reine douairière Marie Comnène, ses enfants, Thomas d'Ibelin, seigneur de Rama et neveu de Balian, ainsi que le fils du sire de Gibelet Marie Comnène obtient également de Saladin le droit d'emmener toutes ses possessions, serviteurs, objets précieux et croix enrichies d’or et de joyaux.

Après la prise de Jérusalem, le royaume semble perdu, quand un croisé, Conrad de Montferrat, prend la défense de Tyr et résiste à Saladin avec succès. Balian et Marie s'installent à Tyr. Lorsque Guy de Lusignan est libéré par Saladin, Conrad refuse de le laisser entrer dans Tyr, soutenu par une majorité de barons qui lui reprochent la défaite de Hattin. Guy de Lusignan se dirige alors vers Acre pour l'assiéger. Conrad cherche à obtenir une légitimité pour revendiquer le trône, et les barons envisagent de faire annuler le mariage d'Onfroy et d'Isabelle. Pendant que Marie Comnène, qui tient sa revanche sur Étiennette de Milly, essaie de persuader sa fille Isabelle, un baron défie Onfroy de Toron, qui refuse de relever ce défi et préfère renoncer à son épouse.

Après la troisième croisade et le traité de paix qui y met officiellement fin, Saladin donne à Balian d'Ibelin la seigneurie de Caymont à titre viager, en compensation des fiefs qu'il a conquis. Balian d'Ibelin meurt en 1193. En 1197, les Francs reprennent Beyrouth qui est donné en fief à son fils aîné Jean d'Ibelin. Il semble que Marie Comnène, après son second veuvage, se soit retiré dans une vie religieuse, et elle meurt entre 1208 et 1217.

De son premier mariage avec Amaury Ier d'Anjou (1136 † 1174) roi de Jérusalem, elle donne naissance à une fille :

  • une fille (1171 † jeune) ;

  • Isabelle (1172 † 1205), reine de Jérusalem.

De son second mariage avec Balian d'Ibelin († 1193), elle donne naissance à :

 

Mariage de Marie Comnène et Amaury Ier de Jérusalem.

Mariage de Marie Comnène et Amaury Ier de Jérusalem.

Passons maintenant aux enfants :

-  Baudouin IV le lépreux.

-  Sibylle de Jérusalem.

-  Isabelle de Jérusalem.

Onction de Baudouin IV, roi de Jérusalem, XVe.

Onction de Baudouin IV, roi de Jérusalem, XVe.

Baudouin IV de Jérusalem (1161 - ), dit le Lépreux, fils d'Amaury Ier de Jérusalem issu de sa première union avec Agnès de Courtenay, fut roi de Jérusalem de 1174 à 1185. Sa sœur, la reine Sibylle de Jérusalem, était la mère de son neveu et héritier, le roi Baudouin V. Il avait une demi-sœur à l'issue du second mariage de son père avec Marie Comnène, la reine Isabelle Ire de Jérusalem.

Baudouin vécut jeune avec son père à la cour de Jérusalem, en ayant très peu de contacts avec sa mère, Agnès de Courtenay, comtesse de Jaffa et Ascalon puis de Sidon, dont son père se sépara plus tard.

Son éducation fut principalement prise en charge par l'historien Guillaume de Tyr, futur archevêque de Tyr et chancelier du Royaume. C'est lui qui découvrit le terrible sort qui attendait l'enfant tandis qu'il jouait avec ses camarades. Le jeu consistait à enfoncer ses ongles dans les bras des adversaires, exhortés à dominer la douleur. Les autres manifestaient leur douleur mais, bien que ses camarades de jeu ne l'épargnassent pas, Baudouin supportait la douleur, comme s'il ne la ressentait pas. Guillaume reconnut immédiatement le symptôme d'une grave maladie, sans pouvoir identifier laquelle. Les médecins furent consultés, tant occidentaux que musulmans, mais en vain. Une immersion dans le Jourdain n'y changea rien. En atteignant l'âge de la puberté, il devint évident qu'il souffrait de la lèpre.  Les extrémités et le visage étaient les plus touchés.

Le 11 juillet 1174, le roi Amaury Ier meurt, après avoir vainement tenté d’empêcher la mainmise des Zengides sur l’Égypte. Ces derniers échouèrent cependant, car Shirkuh, le général kurde chargé de la conquête de la vallée du Nil, mourut en 1169, laissant le pouvoir à son neveu Saladin, qui refusa de se soumettre à Nur ad-Din. Mais la situation fût tout aussi catastrophique pour les Francs, puisque la mollesse des derniers Fatimides céda la place à la fermeté des Ayyoubides.

Baudouin, sacré roi de Jérusalem à l'âge de 13 ans le de la même année, est alors confié à deux régents successifs, le premier Miles de Plancy, bien que régent de manière officieuse, et le second Raymond III de Tripoli, cousin de son père. En 1175, Raymond III signe un traité avec Saladin.

Compte tenu de son état de santé, Baudouin n'était certainement pas appelé à vivre longtemps et encore moins à concevoir un héritier, ce qui poussa nombre de courtisans à multiplier les intrigues afin de s'attirer les grâces des héritières du trône, Sibylle et Isabelle. Sibylle fut envoyée auprès de sa grand-tante, Yvette de Jérusalem, abbesse de Saint-Lazare de Béthanie, afin d'y être éduquée, pendant qu'Isabelle était à la cour de sa mère Marie Comnène, à Naplouse.

La régence de Raymond s'achève avec le second anniversaire du couronnement de Baudouin. Le jeune roi devenait majeur à 15 ans, en conformité avec les lois du royaume. Il ne ratifia pas le traité signé par Raymond avec Saladin en 1175, mais mit en œuvre une série de raids dans les environs de Damas et de la vallée de Bekaa. Il désigna son oncle maternel, Josselin III, comte d'Edesse, sénéchal après avoir payé sa rançon. Josselin était son parent mâle le plus proche sans pour autant avoir de revendications sur le trône, ce qui en faisait aux yeux du roi un ami et confident.

En tant que régent, Raymond de Tripoli avait commencé les négociations concernant le mariage de la princesse Sibylle avec Guillaume de Montferrat, un cousin du roi de France Louis VII et de Frédéric Ier, Saint-Empereur Romain. Guillaume arriva en octobre et devint Comte de Jaffa et d'Ascalon après mariage. Il était pressenti pour devenir roi quand Baudouin ne serait plus en mesure d'assumer ses fonctions, régnant sur le royaume avec son épouse Sibylle.

Entre-temps, Baudouin préparait une attaque en pleine Égypte. Il envoya Renaud de Châtillon (l'ancien prince d'Antioche à travers son mariage avec la cousine d'Amaury Ier Constance d'Antioche) à Constantinople en tant qu'émissaire auprès de Manuel Ier Comnène, afin d'obtenir l'aide navale de Byzance. Renaud avait récemment été libéré d'Alep, Manuel ayant payé sa rançon puisque Renaud était le beau-père de l'Impératrice Marie d'Antioche. Baudouin manœuvra également pour la restauration du Patriarcat Orthodoxe dans le royaume, et pour le mariage de Bohémond III d'Antioche et de sa petite-nièce Théodora Comnène, sœur de la reine Marie. Renaud revint en 1177, et fut récompensé par son mariage avec Étiennette de Milly, ce qui fit de lui le seigneur de Kerak et de l'Outre-Jourdain. Baudouin essaya de s'assurer que Renaud et Guillaume de Montferrat collaborassent dans leur défense de la frontière sud. Cependant, en juin, Guillaume mourut à Ascalon après plusieurs semaines d'agonie, laissant la veuve Sibylle enceinte du futur Baudouin V.

En août, le cousin du comte Philippe d'Alsace vint à Jérusalem sous la bannière des Croisés. Il demanda que les sœurs du roi soient mariées à ses vassaux. Philippe, en tant que parent mâle le plus proche du roi du côté paternel, réclama la régence à la place de Raymond. La Haute Cour de Jérusalem refusa, Baudouin d'Ibelin l'insultant publiquement. Offensé, Philippe quitta le royaume, et se rendit à Antioche. La famille d'Ibelin était patronnée par la Reine Marie Comnène, et il est fort possible que Baudouin d'Ibelin ait agi de la sorte dans le but de s'attirer les grâces royales et d'épouser une des sœurs de Baudouin.

En novembre, Baudouin et Renaud de Châtillon défirent une armée arabe commandée par Saladin à la bataille de Montgisard, grâce à l'aide de chevaliers de l'Ordre du Temple. La même année, Baudouin autorisa le mariage de Marie et de Balian d'Ibelin, afin d'apaiser les tensions, mais cela comportait cependant de lourds risques compte tenu des ambitions des Ibelins. Avec le patronage de Marie, les Ibelins essayèrent d'intégrer Sibylle et Isabelle dans leur famille afin d'asseoir définitivement leur emprise sur le royaume de Jérusalem.

En 1179, le roi subit quelques revers militaires au nord. Le , il dirigea un raid sur le bétail à Banias, mais il fut surpris par une force dirigée par le neveu de Saladin, Farrukh-Shâh (en). Son cheval tomba et, en le sauvant, le très respecté connétable de Jérusalem Onfroy II de Toron fut mortellement blessé. Le , pour répondre à des raids de cavalerie arabe dans les environs de Sidon, Baudouin rassembla une force sous son commandement personnel, aux côtés de Raymond de Tripoli et du Grand Maître des Templiers Eudes de Saint-Amand. Dans un premier temps, il défit les pilleurs arabes à la Bataille de Marj Ayoun, avant que Saladin n'arrive avec le gros de ses forces. Le Roi, incapable de monter à cheval sans aide, se retrouva désarçonné, et dut être transporté sur le dos d'un autre chevalier pendant que ses gardes se frayaient un chemin dans la mêlée. Raymond s'enfuit à Tyr, et le beau-père du roi, Renaud de Grenier, sauva quantité de fugitifs, mais les Sarrasins avaient capturé nombre de hauts dignitaires, dont le Grand Maître, Baudouin d'Ibelin et Hugues de Tiberias, un des beau-fils de Raymond de Tripoli. En août, le château encore inachevé du Gué de Jacob tomba aux mains de Saladin à l'issue de la bataille du même nom, avec le massacre de près de la moitié de sa garnison de Templiers.

Les populations musulmanes n'appréciaient guère le roi de Jérusalem. Le chroniqueur arabe Ibn Jubair rapporta qu'il était affublé du surnom de Al-Khinzir, soit « Le Porc », référence à sa maladie qui le faisait paraître comme malsain -, sa mère ne demeurant pas en reste puisque surnommée Al-Khinzira soit « La Truie ».

Les historiens occidentaux se montrent en revanche bien plus généreux. L'historien britannique Steven Runciman considère le roi comme un modèle de courage et le décrit comme doté d'un sens politique aiguisé

 

Baudouin IV à la bataille de Montgisard (ou Ascalon), le 18 Novembre 1177 / Tableau de Charles-Philippe Larivière

Baudouin IV à la bataille de Montgisard (ou Ascalon), le 18 Novembre 1177 / Tableau de Charles-Philippe Larivière

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

L'été 1180 vit le mariage de Sibylle avec Guy de Lusignan, orchestré par le roi. Quelques anciens historiens prétendent que le second mariage de Sibylle fut entièrement dû à l'influence de la mère du roi. Un projet qui consistait à marier Sibylle à Hugues III de Bourgogne ayant avorté, Raymond de Tripoli fut suspecté de vouloir la marier à Baudouin d'Ibelin dans le but de renforcer ses appuis politiques. Cependant une alliance avec un dignitaire étranger était essentielle au royaume s'il voulait espérer une quelconque aide étrangère. Avec le roi de France Philippe II encore mineur, le statut de Guy en tant que vassal du cousin du roi Henri II d'Angleterre, qui devait au pape un pèlerinage en guise de pénitence, était utile tant son aura était grande. Baudouin fiança également sa demi-sœur Isabelle à Onfroy IV de Toron, réglant ainsi ses dettes avec le grand-père d'Onfroy, qui s'était sacrifié pour lui à Banias, tout en ôtant Isabelle du champ de pouvoir de sa mère et des Ibelins.

Guy s'allia auparavant à Renaud, qui profitait maintenant de sa position avantageuse à Kerak pour harceler les caravanes empruntant la route qu'il gardait reliant l'Égypte à Damas. Après que Saladin se remit de sa campagne et de la bataille de Belvoir en 1182, Baudouin, désormais aveugle et incapable de marcher, désigna Guy comme régent du Royaume sous l'influence de la Reine-mère.

Néanmoins, en 1183, le roi fut offensé par la politique de Guy en tant que régent. Guy assista aux festivités célébrant le mariage d'Isabelle et d'Onfroy, à Kerak, cependant, les festivités furent interrompues lorsque Saladin vint assiéger la forteresse. Baudouin regroupa les forces qu'il lui restait et leva le siège, mais Guy refusa d'affronter Saladin, qui se retira dans le calme et l'ordre. Baudouin, excédé, allégea Guy de sa fonction de régent. Disgracié, il se retira à Ascalon avec sa femme Sibylle.

Bien que Baudouin ne semblât pas avoir de différend avec sa sœur Sibylle, il nomma son neveu âgé de 5 ans, Baudouin V héritier et successeur, avec le soutien d'Agnès et de son mari, de Raymond et d'autres nobles et barons. Raymond était censé être gardien de l'enfant, et éventuellement devenir régent, si le roi venait à expirer avant la majorité de son neveu. Baudouin continuait cependant à régner, et l'enfant fut couronné "co-roi" le .

Les premiers mois de l'année 1184 virent le roi tentant d'annuler le mariage de Guy et de Sibylle. Le couple fit échouer ces tentatives en restant uni autour de ses possessions d'Ascalon.

L'expédition qui permit de libérer Kerak et les conflits dynastiques affaiblirent considérablement Baudouin. Il meurt à Jérusalem au printemps 1185, quelques mois après la mort de sa mère Agnès à Acre en 1184. Bien qu'il ait souvent souffert des effets de sa maladie et qu'il ait souvent dû être épaulé par des régents, Baudouin put se maintenir sur le trône bien plus longtemps que prévu. Comme convenu, Baudouin V succéda à son oncle, Raymond de Tripoli assurant la régence.

Mariage de Sibylle de Jérusalem et de Guy de Lusignan

Mariage de Sibylle de Jérusalem et de Guy de Lusignan

Sibylle de Jérusalem, née vers 1160 et morte en , reine de Jérusalem de 1186 à 1187, est la fille d'Amaury Ier de Jérusalem et d'Agnès de Courtenay. Elle était la sœur de Baudouin IV le lépreux et d'Isabelle Ire, ainsi que la mère de Baudouin V, dit Baudouinet.

Son oncle Baudouin III meurt en 1161, mais les barons du royaume demandent à son père Amaury de se séparer d’Agnès de Courtenay, qu’ils jugent trop volage et intrigante, s’il tient à devenir roi1. Une parenté opportune est mise au jour et permet la séparation des époux, tout en reconnaissant la légitimité de leurs deux enfants, Baudouin et Sibylle. Amaury se remarie avec Marie Comnène qui donne naissance à une fille, Isabelle.

Très tôt, la lèpre de Baudouin est détectée, et il ne fait aucun doute que Sibylle doit être appelée à régner sur le trône de Jérusalem. Aussi la question de son mariage devient particulièrement une affaire d’État. Amaury Ier songea d’abord à Étienne Ier, comte de Sancerre et lui envoya en 1171 l’archevêque Frédéric de Tyr en ambassade. Le comte vient en Terre Sainte, mais, à peine débarqué, changeant d’avis, il se contente d’effectuer sa quarantaine et repart vers Constantinople.

Amaury meurt le 11 juillet 1174 et son fils Baudouin IV le lépreux lui succède. Agnès de Courtenay profite de la mort d’Amaury pour revenir à la cour et y exercer son influence. La question de la succession du royaume se pose avec plus d’acuité, car on sait que les jours du roi sont comptés.

Le choix du roi et de ses conseillers se porte sur la personne de Guillaume Longue Epée, fils aîné du marquis Guillaume V de Montferrat. Contacté en 1175, il débarque à Sidon au début du mois d’, épouse immédiatement Sibylle et reçoit le comté de Jaffa et d’Ascalon. Mais il contracte au bout de quelques mois une maladie et meurt à Ascalon en . Enceinte, Sibylle donne naissance à un fils posthume, Baudouin (1177-1186), à la fin de l’.

Vers 1178, Philippe d’Alsace, comte de Flandre, qui est venu combattre en Terre Sainte, propose de la marier à un de ses chevaliers, le fils de Robert V de Béthune, mais la mésentente entre Baudouin et Philippe ne permet pas à ce projet d’aboutir.

Le , Josse, évêque d’Acre est envoyé en ambassade auprès du duc Hugues III de Bourgogne, pour lui proposer la main de Sibylle et la succession du royaume, mais si ce dernier accepte, il tarde à rejoindre la Terre sainte. Entre-temps, Sibylle s’éprend de Baudouin d’Ibelin, seigneur de Rama, lequel est malheureusement capturé par Saladin le . Sibylle lui écrit en lui demandant de payer sa rançon au plus vite pour l’épouser, Baudouin, libéré sur parole part à Constantinople pour demander la somme au riche et généreux empereur Manuel Comnène, mais quand il débarque à Acre, c’est pour voir Sibylle promise à Guy de Lusignan.

En effet, Aimery de Lusignan, cadet poitevin qui s’était installé en Terre Sainte et qui avait épousé la fille de Baudouin d’Ibelin, Echive, cherchait à obtenir de l’importance au sein du royaume. Ayant obtenu la faveur d’Agnès de Courtenay, la reine mère, il devient connétable du royaume. Puis il se met en tête de marier Sibylle avec son frère Guy de Lusignan, pensant ensuite le contrôler et diriger le royaume. Il vante tellement les qualités de son frère auprès de Sibylle que celle-ci oublie Baudouin et accepte d’épouser Guy. Baudouin IV, cédant aux sollicitations pressantes de sa mère et de sa sœur, finit par consentir au mariage. Guy de Lusignan arrive en Terre Sainte à la fin de 1179, épouse Sibylle en avril (entre le 14 et le 20) 1180 et reçoit à cette occasion le comté de Jaffa et d’Ascalon.

Guy de Lusignan ne tarde pas à montrer sa médiocrité, et Baudouin IV décide d’associer au trône Baudouinet, le fils du premier mariage de Sibylle, et en fait son héritier. Baudouin IV le lépreux meurt le 16 mars 1185, Baudouinet, âgé de huit ans, lui succède sous le nom de Baudouin V, sous la régence de Raymond III, comte de Tripoli. Mais le jeune roi meurt à son tour en

Josselin III de Courtenay, oncle de Sibylle, incite Raymond III à rejoindre les barons de son parti à Tibériade et à y attendre la convocation de l’assemblée des barons, chargée de décider de la succession. À l’issue de l’enterrement de Baudouin V et profitant de l’absence de Raymond III de Tripoli, Sibylle se fait couronner reine, le patriarche Héraclius, pourtant partisan de Lusignan mais craignant le mécontentement populaire n’ose pas couronner Guy en même temps. C’est Sibylle qui insiste pour que Guy soit couronné.

Mais tout n’est pas encore joué sans l’assentiment de l’assemblée des barons. Désigné comme régent par Baudouin le Lépreux, Raymond III peut faire acte de candidature, mais conscient que cela diviserait le royaume, il se retire et propose la candidature d’Isabelle, demi-sœur de Sibylle, et de son mari Onfroy IV de Toron, mais ce dernier se désiste.

Contrairement à ses prédécesseurs, Guy de Lusignan, dépourvu de tout bon sens politique, soutient les exactions et les provocations de Renaud de Châtillon, au lieu de les réprimer. Saladin décide alors d’y mettre fin et attaque le royaume de Jérusalem. Guy de Lusignan, à la tête de l’ost franc se porte à sa rencontre, mais son armée, mal dirigée, est écrasée le 4 juillet 1187 à Hattin et le roi est capturé. À Jérusalem, Balian d’Ibelin organise un conseil de défense, mais la reine Sibylle n’y participe pas. Elle décide même de rejoindre son mari, toujours prisonnier, à Naplouse avant le début du siège de Jérusalem.

Saladin lui permet ensuite de se retirer en 1188 à Tripoli et libère Guy de Lusignan au cours de l’. Sibylle rejoint ensuite son mari qui assiège Saint-Jean-d’Acre, mais elle meurt durant le siège, en .

De son premier mariage, célébré en , avec Guillaume Longue Epée de Montferrat (v. 1150-1177), elle a eu :

  • Baudouin V ou Baudouinet (1177-1186), roi de Jérusalem.

Elle se remarie ensuite en avec Guy de Lusignan (av. 1153-), et a :

  • Alix de Lusignan (av. 1187-1190) ;

  • Marie de Lusignan (av. 1187-1190) ;

  • deux autres filles (av. 1187-1190).

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Portrait de Sibylle de Jérusalem (Jerusalem Sibylle) (vers 1160-1190), princesse puis reine de Jérusalem. Gravure de 1842 dans "Histoire des papes" de Maurice Lachatre. Collection privée.

Portrait imaginaire de Guy de Lusignan par François-Édouard Picot 3ème salle des croisades Versailles

Portrait imaginaire de Guy de Lusignan par François-Édouard Picot 3ème salle des croisades Versailles

Guy de Lusignan, né avant 1153 et mort en , est noble poitevin de la Maison de Lusignan, comte de Jaffa et d’Ascalon (1180-1186), roi de Jérusalem (1186-1192) et seigneur de Chypre (1192-1194).

Cadet sans fortune, les intrigues de son frère Aimery lui font épouser, à Jérusalem, la princesse Sibylle en (entre le et le ), héritière du royaume de Jérusalem. Il montre rapidement ses limites à assurer le gouvernement et l'avenir du royaume, aussi son beau-frère Baudouin le Lépreux l'écarte de la succession et désigne son neveu Baudouin V pour lui succéder. Mais la mort de ce dernier amène Guy de Lusignan et Sibylle au pouvoir. Moins d'un an plus tard, ses maladresses ont apporté le désastre aux croisés, sous la forme de la défaite de Hattin, et Saladin conquiert la plus grande partie du royaume. Seul Conrad de Montferrat le tient en échec devant la ville de Tyr. Une rivalité éclate entre Guy et Conrad et finit par aboutir à un compromis sous l'égide de Richard Cœur de Lion, par lequel Conrad devient roi de Jérusalem et Guy reçoit l'île de Chypre.

Sixième et avant dernier fils de Hugues VIII (v. 1097-ap. 1171), seigneur de Lusignan (1151-1171) et de Bourgogne de Rancon (av. 1112-ap. 11 avril 1169), fille aînée de Geoffroy III de Rancon, seigneur de Taillebourg (1137-1153).

Guy a pour frères Geoffroy Ier de Lusignan (av. 1150-1216), seigneur de Vouvant (1169-1216), Mervent (av. 1200-1216), comte de Jaffa et d'Ascalon (1191-1192), Aimery de Lusignan (av. 1152-1205), chambellan du royaume de Jérusalem de 1175 à 1178, puis connétable de 1181 à 1194, qui le succède en 1194, comme seigneur de Chypre ; puis est sacré roi de Chypre en 1197. Aimery devient roi de Jérusalem en 1198 par son mariage avec Isabelle de Jérusalem.

Les frères Lusignan s'illustrent en Terre Sainte et apportent un immense prestige à l'ensemble du groupe familial en raison des hauts faits d'armes de Geoffroy et par l'accession à la royauté de Guy.

Par la suite, la branche aînée des seigneurs de Lusignan du Poitou n'entretient pas de relations avec la branche cadette de Chypre. Ses neveux : Hugues IX le Brun (av. 1151-1219), comte de la Marche (1199-1219) et Raoul Ier d'Exoudun (v. 1169-1219), comte d'Eu (1191-1219) accèdent au rang comtal à la fin du xiie siècle.

Rien ne permettait de suggérer qu’il deviendrait roi. Guy participe, avec les membres sa famille, à la révolte féodale contre Henri II Plantagenêt, en Poitou. Peu après, il quitte le Poitou et part en Terre sainte rejoindre son père Hugues VIII qui s'y est établi, accompagnés de ses frères Pierre et Aimery chassés d'Aquitaine après leur révolte de 1168.

En 1174, son frère Aimery de Lusignan entre dans l’entourage de la reine-mère Agnès de Courtenay, qui lui procure la charge de connétable du royaume.

À partir de 1174, le roi de Jérusalem est le fils d'Agnès de Courtenay et d'Amaury Ier de Jérusalem, Baudouin IV le Lépreux, un jeune homme fort capable de maintenir le royaume, mais atteint d’un mal qui ne lui permet ni de se marier, ni d’assurer sa descendance : la lèpre. À l’extérieur du royaume, l’Égypte est récemment passée de la domination des califes fatimides, en pleine décadence, à Saladin, un soldat kurde qui rêve d’unifier la Syrie musulmane et l’Égypte pour ensuite réduire le royaume de Jérusalem. Baudouin IV n’a pas de frère, mais il a deux sœurs, dont l’une est encore une enfant. Il va donc sans dire que la question du mariage de Sibylle de Jérusalem, la plus âgée des deux sœurs (son unique sœur germaine, l'enfant Isabelle étant leur demi-sœur consanguine, fille de Marie Comnène), est primordiale pour l’avenir du royaume. Sibylle est d’abord mariée en 1176 à Guillaume de Montferrat, un homme fort capable, mais qui meurt rapidement de maladie en 1177, laissant Sibylle veuve et enceinte d’un fils (qui mourra roi dès 1186). Pour Baudouin IV, qui sait que ses jours sont comptés en raison de la lèpre, le remariage de Sibylle est vital pour le royaume.

Couronnement de Guy de Lusignan de Sibylle de Jérusalem.

Couronnement de Guy de Lusignan de Sibylle de Jérusalem.

Sibylle est fiancée à Baudouin d’Ibelin, seigneur de Rama, mais pendant que ce dernier est capturé par les musulmans, puis se rend à Byzance pour réunir sa rançon, Aimery de Lusignan vante les qualités de son frère Guy à Agnès de Courtenay et à Sibylle. Baudouin IV, contraint et subissant les attaques incessantes de sa mère, consent au mariage. Apprenant la nouvelle, Geoffroy de Lusignan, seigneur de Vouvant, un de ses frères aînés, se serait exclamé avec dérision « Si Guy devient roi, pourquoi ne deviendrais-je pas Dieu ». Guy épouse Sibylle au mois d’avril et est investi par le roi des comtés de Jaffa et d’Ascalon. Sans connaître et comprendre la politique du royaume, il se rapproche à la cour de Renaud de Châtillon, un seigneur venu outremer pour vivre de brigandages et de rapines et qui avait épousé la dame d’Outre-Jourdain, et de Gérard de Ridefort, maître de l’Ordre du Temple, également prêt à toutes les provocations envers les musulmans.

La maladie de Baudouin IV s’aggravant en 1182, le roi lui confie la régence du royaume, mais Guy se rend rapidement impopulaire auprès des barons et des sujets du royaume. En , Saladin envahit la Galilée. Guy de Lusignan convoque l’ost et se porte à la rencontre de l’armée sarrasine, qu’il rejoint aux Fontaines de Tubanie (bataille d'Al-Fule). Les vivres manquant pour l’armée, l’infanterie rechigne à rester et parle de se replier. Un convoi de ravitaillement arrive, mais est intercepté par Saladin ; cependant des éclaireurs découvrent que les eaux d’une rivière proche, le Nahr Jâlûd, sont très poissonneuses et permettent le ravitaillement des troupes. Résistant aux provocations de l’armée, Saladin qui aurait voulu que l’armée franque se lance dans une charge pour donner le même résultat que la bataille de Hattin quatre ans plus tard, les barons restent groupés, au grand mécontentement de l’infanterie. Certains disent que les barons, jaloux de Guy de Lusignan, ne voulaient pas lui offrir une victoire éclatante au début de sa régence, d’autres affirment que les barons les plus puissants avaient éventé le piège de Saladin. Mais le mécontentement populaire, déçu d’avoir laissé l’armée de Saladin partir sans dommage, se retourne contre Guy de Lusignan qui est disgracié. Le roi lui retire la régence et, pour être sûr qu’il ne lui succède pas, associe au trône Baudouinet, le fils de Guillaume de Montferrat et de Sibylle. Baudouin IV le Lépreux meurt en , probablement le 16, son neveu lui succède, sous la régence du comte Raymond III de Tripoli. Mais le jeune roi meurt à son tour à Saint-Jean-d’Acre en .

Le problème de la succession au trône se pose dans les termes suivants : d’un côté, Sibylle et Guy, les plus proches parents des derniers rois, mais exclus de la succession par Baudouin IV ; de l’autre Raymond III, régent nommé par Baudouin V, qui a montré ses capacités. La monarchie de Jérusalem est une monarchie semi-élective, semi-héréditaire. Effectivement, les premiers rois avaient été choisis par l’assemblée des barons, et même si l’habitude avait été prise de choisir le plus proche parent du défunt roi, ce choix devait être approuvé par l’assemblée des barons. Cela n’a pas toujours été une formalité, et on a vu les barons imposer au roi Amaury Ier la séparation d'avec son épouse Agnès de Courtenay avant de monter sur le trône en 1162. De nombreux barons rejettent Guy de Lusignan, mais celui-ci dispose de soutiens de taille : Renaud de Châtillon, maître de l’importante seigneurie d'Outre-Jourdain, Gérard de Ridefort, maître de l’Ordre du Temple, Héraclius, patriarche de Jérusalem, et plus secrètement Josselin III de Courtenay, oncle maternel de Baudouin IV.

Ce dernier persuade Raymond III de Tripoli de rejoindre ses partisans à Tibériade en attendant que l’assemblée des barons se réunisse, laissant les Templiers conduire le corps du petit roi à Jérusalem. Raymond III écarté, Josselin de Courtenay en profite pour prendre le contrôle de Saint-Jean-d’Acre et de Beyrouth, et Raymond appelle les barons à s’assembler à Naplouse. À Jérusalem, Sibylle a le champ libre et persuade Héraclius de la sacrer reine, mais l’impopularité de Guy de Lusignan fait que le patriarche n’ose pas le couronner. C’est alors que Sibylle prend la couronne pour la poser sur la tête de son mari en annonçant qu’elle le voulait pour son seigneur et son roi (mi-).

Mais le nouveau roi n’est toujours pas approuvé par l’assemblée des barons et, apprenant la nouvelle du couronnement et conscient que s’entêter pourrait provoquer une guerre civile, Raymond se désiste et propose comme alternative de sacrer Onfroy IV de Toron, marié à Isabelle, la dernière sœur de Baudouin le Lépreux. Onfroy, effrayé par cette perspective, s’enfuit de Naplouse, rejoint Jérusalem où il prête allégeance à Guy et à Sibylle. N’ayant pas d’autre choix, les barons doivent accepter l’avènement de Guy de Lusignan, à l’exception de quelques-uns, comme Baudouin d’Ibelin, seigneur de Rama, qui laisse toutes ses possessions à son fils Thomas et s’exile à Antioche en affirmant « qu’il ne voulait pas encourir le blâme de la perdition » du royaume et que « Guy ne sera pas roi un an ».

L’un des principaux seigneurs du royaume, Renaud de Châtillon, possède la seigneurie d’Outre-Jourdain, un fief qui s’étend au-delà du fleuve Jourdain et jusqu’à la mer Rouge. C’est un point de passage obligé pour les caravanes musulmanes qui voyagent de l’Égypte à Damas, ainsi que pour les musulmans d’Afrique et d’Andalousie qui font le pèlerinage à la Mecque. Cette situation rend la seigneurie très rémunératrice, en raison des douanes perçues, mais le seigneur Renaud, qui ne peut se passer de ses activités de brigandage, ne peut se résoudre à attendre la fin de la trêve conclue entre le royaume et Saladin, s'empare d'une importante caravane, pille ses marchandises et fait prisonnier ses membres. Saladin, dans un premier temps, respecte la trêve et envoie une ambassade à Guy de Lusignan pour demander réparation ; Guy accepte et ordonne à Renaud de Châtillon de restituer les biens et les prisonniers. Renaud refuse de céder. Devant la gravité de l'attaque, Saladin, ne peut perdre la face vis-à-vis du monde islamique et envahit la Galilée en .

Guy de Lusignan convoque l'ost et se dirige à Hattin, mais négligeant les conseils de prudence de Raymond de Tripoli, charge l'armée de Saladin en suivant les conseils de Gérard de Ridefort et de Renaud de Châtillon. Le 4 juillet 1187, l'armée franque est écrasée et anéantie par celle de Saladin. Le principal fragment de la Vraie Croix du Christ, qui était emporté au combat, disparaît à cette occasion. De nombreux Francs, dont Guy de Lusignan, Gérard de Ridefort, Renaud de Châtillon, qui est immédiatement décapité, sont faits prisonniers.

La reddition des croisés à Hattin

La reddition des croisés à Hattin

Saladin en profite pour conquérir le royaume, en commençant par les ports, puis par la ville de Jérusalem et la Galilée. Seul Conrad de Montferrat, qui a mis Tyr en état de défense, le tient en échec et Saladin doit lever le siège le . Saladin libère Guy de Lusignan au cours de l’été, espérant que son esprit brouillon neutralise l'efficacité de Conrad de Montferrat, mais ce dernier ne tombe pas dans le piège et refuse à Guy l’accès à la ville de Tyr. Devenu roi sans royaume, rejeté par l’ensemble des barons qui lui reprochent le désastre de Hattin, Guy de Lusignan décide avec quelques chevaliers de reprendre la ville de Saint-Jean-d’Acre et l’assiège le 29 août. La troisième croisade le rejoint, dirigée par les rois Philippe II Auguste de France et Richard Cœur de Lion d’Angleterre, et ravitaillée par Conrad de Montferrat qui met ainsi de côté sa rivalité avec Guy.

Sibylle de Jérusalem et leurs quatre filles meurent pendant le siège au cours de l’, et la ville capitule le . La rivalité reprend entre Guy et Conrad avec plus d’intensité. Guy devenu veuf, mais soutenu par Richard Cœur de Lion, perd juridiquement ses droits au trône, tandis que Conrad, soutenu par Philippe Auguste, marié à Isabelle de Jérusalem, sœur de Sibylle, revendique la couronne avec le soutien de nombreux barons. Les 27 et 28 juillet 1191 à Acre, une assemblée de barons et de prélats du royaume de Jérusalem décident que Guy de Lusignan reste roi, mais ne peut en aucun cas transmettre le royaume à ses héritiers et que Conrad de Montferrat devient l'héritier du royaume. À cette occasion, le , son frère aîné Geoffroy Ier de Lusignan reçoit les comtés de Jaffa et d'Ascalon.

Philippe Auguste repart en France, laissant un contingent conduit par Hugues III de Bourgogne et Richard Cœur de Lion poursuit la conquête du littoral, mais ses hésitations l'empêchent de reprendre Jérusalem. Il entreprend des négociations avec Saladin et Conrad. En , des partisans génois tentent de lui livrer Acre, tenue par des partisans de Lusignan, mais échouent. De plus en plus de barons croisés rejoignent le camp de Conrad et, en 1192, le roi Richard est contraint de reconnaître Conrad de Montferrat roi de Jérusalem. Il demande à son ami le maître de l'ordre du Temple, Robert de Sablé, de vendre l'île de Chypre à Guy de Lusignan à titre de compensation. Les Templiers en profitent pour déplacer leur base orientale à Acre.

Cependant, Guy de Lusignan ne renonce pas formellement à la couronne de Jérusalem et tente des coups de main à plusieurs occasions, à tel point qu'Henri II de Champagne, le successeur de Conrad de Montferrat assassiné le 28 avril 1192, oblige Aimery de Lusignan à renoncer à sa charge de connétable.

Le , Richard Cœur de Lion lui promet l'île de Chypre en compensation du royaume de Jérusalem perdu par décision des barons. Guy s'installe à Chypre emmenant avec lui un grand nombre de seigneurs Francs qui avaient perdu leurs fiefs en Palestine. Il leur distribue des domaines, mais en trop grand nombre car son successeur et frère, Aimery, devra s'assurer un domaine royal suffisant pour subvenir à ses besoins en redistribuant les fiefs.

Guy de Lusignan meurt en , laissant Chypre à son frère aîné Aimery de Lusignan.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Les États latins d'Orient en 1190 : trois ans après Hattin, les possessions franques en Palestine sont réduites à Tyr, Tripoli et Antioche.

Isabelle Ire de Jérusalem (1169-1205) est reine de Jérusalem de 1192 à 1205, fille d'Amaury Ier, roi de Jérusalem, et de Marie Comnène. Cette princesse puis reine est fort peu intéressée par les affaires politiques, mais n'en a pas moins été mariée quatre fois selon les nécessités du royaume et a été obligée pour les mêmes raisons de se séparer de son premier mari.

Lorsque son père hérite de la couronne de Jérusalem, en 1162, il est marié à Agnès de Courtenay, et les barons du royaume annoncent à Amaury qu'ils n'accepteront pas Agnès comme reine. Ils mettent donc Amaury en demeure de choisir entre le trône et son épouse. Amaury répudie sa femme et est couronné roi de Jérusalem. Deux enfants sont nés de ce premier mariage : Baudouin IV de Jérusalem et Sibylle de Jérusalem. Le 29 août 1167, Amaury Ier se remarie avec Marie Comnène, petite nièce de Manuel Ier Comnène, empereur byzantin, laquelle donne naissance en 1172 à une fille, Isabelle de Jérusalem.

Bien que son frère soit atteint de la lèpre et ne puisse pas avoir d’enfant, la question du mariage d’Isabelle ne pose qu’un problème relatif, car la cour compte sur le mari de Sibylle pour assurer la succession du royaume de Jérusalem. Aussi Baudouin accepte-t-il de la marier en 1183 avec un noble franc, Onfroy IV de Toron, petit-fils du connétable Onfroy II de Toron, mort en au cours de la prise du Chastelet du Gué de Jacob, pour permettre au roi d’avoir la vie sauve. Étiennette de Milly, la mère d’Onfroy, était remariée à Renaud de Châtillon, seigneur d’Outre-Jourdain, la noce a lieu au krak de Moab, en . Renaud de Châtillon avait organisé au cours de l’hiver précédent une expédition contre la Mecque, et Saladin, résolu à venger l’affront et à écarter le danger que représente la seigneurie d’Outre-Jourdain vis-à-vis de ses États, met le siège devant le krak, en pleines festivités de mariage. À la demande d'Étiennette de Milly, qu’il a connue dans sa jeunesse, il accepte de ne pas tirer avec ses trébuchets sur la tour où le jeune couple passe sa nuit nuptiale. Baudouin IV, prévenu, n’hésite pas à venir avec son ost pour forcer Saladin à lever le siège.

Baudouin IV meurt le 16 mars 1185 et désigne comme successeur son neveu Baudouin V, âgé de huit ans, sous la régence de Raymond III de Tripoli, car Guy de Lusignan, le mari de Sibylle, ne s’est pas révélé à la hauteur des espérances. Mais Baudouin V meurt vers le mois de et la question de la succession du royaume se pose à nouveau.

Les barons se répartissent alors en deux groupes. D’une part les colons, ou « poulains », qui estiment que le royaume ne peut survivre qu’avec une politique de paix relative avec Saladin, politique qui était celle de Baudouin le Lépreux. Le chef de file des colons est le comte Raymond III. D’autre part les croisés, la plupart nés en Europe, ne comprennent pas ou mal cette politique de compromis et sont prêts à en découdre avec les musulmans. C’est Guy de Lusignan qui est à la tête de ces derniers. Les lois du royaume, qui nécessitent que le roi soit accepté par l’assemblée des barons, font que les deux chefs peuvent prétendre à la couronne, Guy de Lusignan en tant que plus proche parent des précédents rois, et Raymond III en tant que régent désigné par Baudouin le Lépreux.

Josselin III de Courtenay, un baron né en Terre Sainte, acquis aux croisés, réussit à persuader Raymond de rejoindre ses partisans à Naplouse pendant l’enterrement de Baudouin V, et la reine Sibylle profite de son absence pour se faire couronner reine et pour faire couronner son mari. Mais ce couronnement n’est valable qu’avec l’assentiment de l’assemblée des barons. Conscient que maintenir sa candidature risque de mener le royaume à la guerre civile, Raymond se désiste, mais propose un troisième choix : proposer la couronne à Isabelle et à son mari, Onfroy de Toron. Terrifié par les responsabilités liées à la couronne, Onfroy quitte immédiatement Naplouse et prête allégeance à Sibylle.

Les colons n’ont alors pas d’autre choix que d’accepter Guy de Lusignan comme roi, lequel amène le royaume à la ruine en moins d’un an, en perdant la bataille de Hattin le 4 juillet 1187. Conrad de Montferrat, un croisé qui arrive en Terre Sainte quelques semaines plus tard, parvient à défendre Tyr et à tenir Saladin en échec, mais refuse à Guy de Lusignan l’accès à la ville. Ce dernier part alors assiéger Saint-Jean-d’Acre.

La mort de Sibylle en lors de ce siège, change la donne. Guy de Lusignan n’est roi que par mariage, et juridiquement la couronne devrait revenir à Isabelle, ou tout du moins l’assemblée des barons devrait statuer sur le sort de la couronne. Le problème est qu'Onfroy de Toron, le mari d’Isabelle, ne plaît pas plus aux barons que Guy de Lusignan. Il faut au royaume un roi capable de redresser la situation, et ce roi pourrait être Conrad de Montferrat. Mais choisir un roi en dehors de la famille royale peut amener des contestations et des guerres civiles.

Pour résoudre ce problème, les barons ont l’idée de faire annuler le mariage d’Onfroy et d’Isabelle et de faire épouser cette dernière Conrad de Montferrat. Mais Isabelle, qui aime son mari, refuse de se soumettre à ces considérations politiques. Sa mère, Marie Comnène, qui hait Étiennette de Milly, tente de persuader Isabelle d’accepter le mariage politique. D’autre part, Ubaldo Lanfranchi, légat du pape et archevêque de Pise, effectue une enquête sur le mariage et constatant qu’Isabelle n’avait que onze ans à son mariage, le fait annuler pour la raison que l’âge légal n’était pas encore atteint. Onfroy tente de protester contre cette décision, mais un baron, Guy de Senlis, bouteiller de France, lui lance un défi en combat singulier. Onfroy, refuse de le relever et rejoint Guy de Lusignan.

Le 24 novembre 1190, Isabelle est mariée à Conrad de Montferrat. Les deux rois Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion arrivent et aident à prendre Saint-Jean-d'Acre. La rivalité entre Conrad et Guy se reporte aux deux rois européens, Philippe-Auguste soutenant Conrad et Richard soutenant Guy. Mais en , Richard, devant l'opposition des barons, n'a d'autre choix que de reconnaître Conrad de Montferrat comme roi et de vendre Chypre à Guy de Lusignan. Le , deux nizârites assassinent Conrad.

Pour lui succéder, le choix des barons se porte immédiatement sur la personne du comte Henri II de Champagne, un homme qui a montré ses capacités à prendre en main les destinées du royaume et qui présente en outre l'avantage d'être neveu de Philippe Auguste et de Richard Cœur de Lion. Le mariage est célébré le , alors que la reine est enceinte de son second mari. De ce mariage sont nés trois enfants qui sont fiancés avec trois enfants d'Aimery II de Lusignan, roi de Chypre, dans un souci de rapprochement avec la monarchie chypriote des Lusignan.

Mais le 10 septembre 1197, Henri II de Champagne tombe accidentellement d'une fenêtre de son palais et se tue. Pour lui trouver un successeur, les barons pensent d'abord à Raoul de Saint-Omer, frère d'Hugues II de Saint-Omer, seigneur de Tibériade, mais ces seigneurs paraissent trop pauvres pour pouvoir financer une cour et une armée. Aussi leur choix se porte-il sur la personne du roi de Chypre, Aimery II de Lusignan, qui épouse Isabelle en .

Aimery II meurt le 1er avril 1205, après avoir donné trois enfants à Isabelle. Le gouvernement est assuré par Jean d'Ibelin, seigneur de Beyrouth et demi-frère d'Isabelle, qui devient régent du royaume. Isabelle ne prend pas part aux conseils et aux décisions, de sorte qu'aucun chroniqueur ne mentionne la date de son décès que l'on situe peu après celle de son dernier mari.

Mariages et descendance

Onfroy IV de Toron

Elle épouse en premières noces au krak de Moab, en , Onfroy IV (1166-1192), seigneur de Toron. Ils n’ont pas d’enfant et les barons du royaume l’obligent à se séparer de son mari.

Conrad de Montferrat

Elle est remariée à Acre le à Conrad de Montferrat (1145/1147-1192), seigneur de Tyr, marquis de Montferrat puis roi de Jérusalem, et donne naissance à une fille posthume :

Henri II de Champagne

Veuve, elle se remaria le avec Henri II de Champagne (1166-1197), comte de Champagne et roi de Jérusalem, et eut pour enfants :

  1. En 1210, à Hugues Ier de Lusignan (1193/1194-10 janv. 1218), roi de Chypre (1205-1218), fils d'Aimery II et d'Echive d'Ibelin, (frère puîné de Guy et de Jean de Lusignan) ; ils eurent :

  2. En 1225, à Bohémond V, prince d'Antioche. Leur mariage est annulé en 1227 ; sans postérité

  3. En 1241, à Raoul de Soissons.

Aimery II de Lusignan

De nouveau veuve, elle épousa à Acre en Aimery II de Lusignan (1147-1205), roi de Chypre, veuf d'Echive d'Ibelin et père notamment d'Hugues Ier ci-dessus ; elle en eut :

Deux des 4 mariages ci-dessus concernent nôtre généalogie :

1 - celui d'Isabelle 1ère de Jérusalem avec Henri II de Champagne, par deux enfants :

        Alix de Champagne  qui se marie avec Hugues 1er de Lusignan    roi de Chypre.

        Philippa  de Champagne qui épouse Erard de Brienne.

 

2 - Et celui d'Isabelle 1ère de Jérusalem avec Amaury II de Lusignan   en janvier 1198. En fait, c'est le 1er mariage d'Amaury II qui nous concerne, celui avec Echive d'Ibelin en 1175 par son fils (voir plus haut) Hugues 1er qui épouse Alix de Champagne.

Reddition de Saint-Jean-d'Acre.

Reddition de Saint-Jean-d'Acre.

Henri de Champagne (-), comte palatin de Champagne (Henri II 1181-1197) et roi de Jérusalem (Henri Ier 1192-1197), est un fils d'Henri Ier, comte de Champagne et de Marie de France.

En 1181, il succède à son père à la tête des comtés de Troyes et de Meaux dont l'union forme le comté de Champagne depuis 1125. En 1183, il s'allie avec le comte de Flandre Philippe d'Alsace contre le roi de France Philippe Auguste. Cette coalition, menée par Philippe d'Alsace et regroupant Henri II et sa grand-tante, la reine Adèle de Champagne, Hugues III de Bourgogne et Baudouin V de Hainaut (beau-père de Philippe Auguste), engage des hostilités contre le roi de France. Ce dernier réagit avec beaucoup de vigueur et oblige les coalisés à déposer les armes.

Ayant participé à l'assemblée de Vézelay en en faveur de la troisième croisade, il décide de se croiser. Dans son testament, il déclare que s'il ne revient pas de Terre sainte, le comté de Champagne reviendra à son frère Thibaut III. Il débarque en avant-garde devant Saint-Jean-d'Acre le et rejoint les forces qui assiègent la ville. Ses deux oncles Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion (sa mère est en effet fille de Louis VII de France et d'Aliénor d'Aquitaine, donc sœur de Philippe par son père et de Richard par sa mère) rejoignent le siège respectivement le et le . Après la prise de la ville, Philippe Auguste repart en France, et Henri de Champagne reste en Terre Sainte où il participe à la bataille d’Arsouf (7 septembre 1191).

À la mort de Conrad de Montferrat, assassiné le , les barons du royaume le choisirent comme roi et lui firent épouser le la veuve de Conrad, Isabelle de Jérusalem de la maison d'Anjou, qui était encore enceinte de Conrad de Montferrat. Ce choix met fin à la rivalité entre les partisans capétiens et plantagenêts, les premiers partisans de Conrad de Montferrat, les seconds de Guy de Lusignan. Ce dernier reçoit l’île de Chypre à titre de compensation de la perte du royaume de Jérusalem. Une expédition se prépare en direction de Jérusalem pour reprendre la ville, quand Richard apprend que son frère Jean sans Terre se révolte ; il doit alors quitter la Terre sainte pour rentrer en Angleterre, après avoir négocié le un accord avec Saladin pour garantir le libre accès des pèlerins dans la ville Sainte.

La première tâche d’Henri de Champagne est de raffermir le pouvoir royal. Guy de Lusignan et les Pisans tentent de s’emparer de Saint-Jean-d’Acre mais échouent, et Henri chasse les Pisans de la ville. Jugeant le connétable Amaury de Lusignan trop lié à son frère Guy, Henri lui ordonne de laisser sa charge et de rejoindre Chypre. À la mort du patriarche de Jérusalem, les chanoines du Saint-Sépulcre choisissent son successeur sans consulter le roi, alléguant qu’il n’a pas été régulièrement sacré à Jérusalem. Henri les fait arrêter, mais doit les relâcher et reconnaître l’élection.

En 1195, il intervient avec succès dans les affaires d’Antioche. Le prince d’Arménie Léon II avait capturé par surprise le prince Bohémond III d'Antioche et ne voulait le relâcher que contre la cession d’Antioche ; ce que refusait la noblesse, le clergé et le peuple d’Antioche. Henri parvient à réconcilier les deux ennemis et à négocier le mariage de Raymond IV d'Antioche et d’Alix d’Arménie. Il fait ensuite alliance avec les Ismaéliens nizârites contre les Ayyoubides, puis se réconcilie avec le royaume de Chypre, dont le roi est maintenant Amaury II de Lusignan.

En 1197, l’empereur germanique Henri VI décide de combattre en Terre Sainte, espérant reprendre Jérusalem à la faveur des luttes de succession qui déchirent l’empire ayyoubide après la mort de Saladin. Des premiers contingents allemands débarquent à Acre au mois d’ ; mais sans encadrement ils sèment le trouble dans la ville. Ils se lancent en Galilée mais, mal préparés, échappent de peu au désastre. Pendant ce temps le sultan d’Égypte, Malik Al-Adel, assiège et prend Jaffa. Le , Henri de Champagne organise l’envoi d’une armée de secours, lorsqu’il tombe accidentellement d’une fenêtre de son palais à Saint-Jean-d'Acre et meurt.

Hugues Ier de Lusignan, né en 1193 ou 1194 et mort le , est un roi de Chypre de 1205 à 1218, issue de la Maison de Lusignan.

Dès sa naissance, Hugues est fiancé à Philippa de Champagne, fille d’Henri II de Champagne, roi de Jérusalem, et d’Isabelle de Jérusalem, tandis que ses deux frères aînés, Guy et Jean, sont fiancés aux deux sœurs aînées de Philippa. Le but de ces fiançailles est de rapprocher les deux royaumes, quelque peu brouillés depuis l’éviction de Guy de Lusignan du royaume de Jérusalem. Mais Henri de Champagne meurt peu après, en 1197, Aimery II de Lusignan est choisi par les barons pour devenir roi de Jérusalem et les fiançailles sont oubliées.

Aimery II meurt à son tour le , et les deux royaumes sont de nouveau séparés. Marie de Montferrat, fille de Conrad de Montferrat et d’Isabelle de Jérusalem, monte sur le trône de Jérusalem sous la régence de Jean d’Ibelin, tandis qu’Hugues Ier montre sur le trône de Chypre, sous la régence de Gautier de Montbéliard.

Gautier de Montbéliard se montre un régent fidèle, mais dur et cupide et qui profite de la régence pour s’enrichir ; il semble qu’il réduisit le train de vie du jeune roi. Vers 1206 ou 1207, il conduit une expédition à Satalie pour secourir son seigneur, Aldobrandini, menacé par les Turcs. Afin de resserrer les alliances entre les deux royaumes, les deux régents de Jérusalem et de Chypre organisent le mariage d’Henri Ier, qui est célébré en , non pas avec son ancienne fiancée, mais avec la sœur aînée de cette dernière, Alix de Champagne-Jérusalem. Philippa, qui n’est pas encore mariée et dont on ne sait pas pourquoi elle est évincée, épousera en 1213 un seigneur champenois, Érard de Brienne, seigneur de Ramerupt.

Malgré sa cupidité, Gautier de Montbéliard hâte l’émancipation du roi, qui se fait en 1210, mais ce dernier le disgrâce, lui confisque ses biens et l’exile. Gautier se rend à Saint-Jean-d’Acre où il reçoit le meilleur accueil, ce qui cause une tension entre les deux royaumes.

Hugues est un roi dur et tyrannique, souvent emporté et violent, mais dont les colères ne durent pas, nous dit le continuateur de la chronique de Guillaume de Tyr. Un conflit l’oppose au pape Innocent III à propos de la nomination des évêques, Hugues Ier doit consentir à laisser le libre choix aux chapitres, mais les successeurs d’Hugues interviendront de nouveau dans les élections. Afin d’assurer la défense militaire de son île, Hugues favorise l’implantation des ordres du Temple et de Saint-Jean de l’Hôpital.

En 1213, un litige l’oppose au patriarche latin de Constantinople, ce dernier voulant placer l’Église de Chypre sous son autorité. Après discussion lors du IVe concile de Latran, l’église de Chypre garde son indépendance.

Au début de l’année 1218, sa demi-sœur Mélisende de Lusignan épouse le prince Bohémond IV d'Antioche. Peu après les festivités, Hugues tombe malade et meurt à Tripoli le

Mariage et descendance

Alix de Champagne

Hugues épouse en 1210 Alix de Champagne (1195-1246), fille d’Henri II de Champagne, (1166-1197), comte de Champagne (1181-1197), et d’Isabelle de Jérusalem, reine de Jérusalem (1192-1205). Cette dernière, veuve d'Henri II de Champagne, se remarie avec Aimery II de Lusignan et devient la mère de ses trois demi-frère et sœurs.

Avec Alix de Champagne, Hugues a pour enfants :

Alixe de Champagne.

Alixe de Champagne.

Érard de Brienne-Ramerupt, né vers 1182 et mort vers 1246, est seigneur de Ramerupt et de Venizy, dans le comté de Champagne en France, à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle. Il est le deuxième fils d'André de Brienne et de son épouse Adélaïde de Traînel-Venizy.

Il hérite des seigneuries familiales après 1189 et la mort de son père et de son frère aîné au cours du siège de Saint-Jean-d'Acre durant la troisième croisade. Encore mineur, il est placé sous la tutelle de sa mère puis du second époux de celle-ci, Gaucher de Joigny. Une fois majeur, il prend pleine possession de ses terres puis épouse sa cousine au deuxième degré Hélisende de Rethel afin de réunir les deux moitiés de Ramerupt, mais ils sont rapidement contraints de se séparer pour cause de parenté trop proche.

Il envisage alors un pèlerinage en Terre sainte auprès de son cousin Jean de Brienne, devenu roi de Jérusalem, afin d'épouser Philippa de Champagne, fille d'un précédent roi de Jérusalem et comte de Champagne. Il obtient la permission du roi de France de quitter le royaume et entame son voyage au grand mécontentement de la régente du comté de Champagne Blanche de Navarre pour le compte du jeune Thibaut. En chemin, il est arrêté par des agents de la comtesse Blanche qui met tout en œuvre pour empêcher ce mariage, mais il réussit à se libérer. Arrivé à Saint-Jean-d'Acre, il constate que la comtesse, avec l'aide du pape Innocent III, a fait interdire ce mariage, mais après plus d'une année d'attente, profitant de l’inattention du roi Jean de Brienne et du patriarche de Jérusalem, Philippa réussit à s’enfuir et à l'épouser. Le couple retourne alors en Champagne malgré des arrestations arbitraires de la comtesse, où Érard revendique alors le comté au nom de son épouse et déclenche la guerre de succession de Champagne.

Ses premières actions sont probablement plus proches du brigandage que des actes de guerre, mais en représailles la comtesse fait en vain le siège du château de Noyers, où il réside alors. Puis Érard fait appel à la justice royale, mais Blanche demande que l'affaire ne soit jugée qu'à la majorité de son fils Thibaut, ce qui est accepté par le roi qui impose ainsi une trêve entre les deux parties. Mécontent, Érard reprend rapidement les armes avant d'être excommunié avec tous ses partisans par le pape. Blanche conduit alors une contre-attaque avec l'appui du duc de Bourgogne et réduit un par un le nombre de ses alliés, forçant Érard à renoncer à ses revendications. Celui-ci parvient à les négocier au meilleur prix possible. Son excommunication est levée peu après.

Les années suivantes, Érard semble être réconcilié avec le comte Thibaut IV de Champagne et mène une vie plutôt paisible. Il meurt vers 1246 et est inhumé dans la salle du chapitre de l'abbaye de Pontigny.

Mariages et enfants

Il se marie en premières noces avant 1208 avec une femme prénommée Hélisende et présumée issue de la famille des comtes de Rethel, dame de la moitié de Ramerupt, fille du comte Hugues II de Rethel et de son épouse Félicité de Broyes, dame de Beaufort, et avec qui il a au moins un enfant :

  • André de Brienne, cité en 1211 et mort jeune et sans postérité.

Toutefois, ils sont séparés peu après et Hélisende de Rethel épouse en secondes noces avant 1210 le comte du Perche Thomas, mais elle est veuve en 1217 sans avoir de postérité issue ce deuxième mariage. Elle épouse ensuite en troisièmes noces avant 1225 Garnier IV de Traînel, seigneur de Marigny, avec qui elle aura plusieurs autres enfants.

Début 1215 à Saint-Jean-d'Acre, il épouse en secondes noces Philippa de Champagne, princesse de Jérusalem car fille d'Henri II de Champagne et d'Isabelle de Jérusalem, roi et reine de Jérusalem, avec qui il a neuf enfants :

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
Sceau de Philippa de Champagne, dame de Ramerupt et prétendante au Comté de Champagne

Sceau de Philippa de Champagne, dame de Ramerupt et prétendante au Comté de Champagne

Conrad de Montferrat, par François-Édouard Picot, 1843 (musée de Versailles, Salles des Croisades).

Conrad de Montferrat, par François-Édouard Picot, 1843 (musée de Versailles, Salles des Croisades).

Aimery II de Lusignan, nommé souvent par erreur Amaury, est né dans le Poitou avant 1152 (peut-être vers 1147) et décède à Saint-Jean-d'Acre le . Cadet de la turbulente famille de Lusignan, il quitte la France avec deux de ses frères pour la Terre sainte et y fait fortune.

D’abord chambellan du royaume de Jérusalem de 1175 à 1178, puis connétable de 1181 à 1194, Aimery succède à son frère aîné Geoffroy de Lusignan, retourné en France, comme comte de Jaffa et d'Ascalon (1193-1198). Il succède aussi en 1194 à son frère cadet Guy de Lusignan, décédé, comme seigneur de Chypre ; puis est sacré roi de Chypre en 1197. Il devient roi de Jérusalem de 1198 à 1205 par son mariage avec Isabelle de Jérusalem.

Aimery est le cinquième fils de Hugues VIII (v. 1097-ap. 1171), seigneur de Lusignan (1151-1171) et de Bourgogne de Rancon (av. 1112-ap. 11 avril 1169).

Aimery a pour frères Geoffroy Ier de Lusignan (av. 1150-1216), seigneur de Vouvant (1169-1216), Mervent (av. 1200-1216), comte de Jaffa et d'Ascalon (1191-1192), et Guy de Lusignan (av. 1153-1194), qui devient par mariage roi de Jérusalem (1186-1192). Les frères Lusignan s'illustrent en Terre Sainte et apportent un immense prestige à l'ensemble du groupe familial en raison des hauts faits d'armes de Geoffroy et par l'accession à la royauté de Guy.

Par la suite, la branche aînée des seigneurs de Lusignan du Poitou n'entretient pas de relations avec la branche cadette de Chypre. Ses neveux : Hugues IX le Brun (av. 1151-1219), comte de la Marche (1199-1219) et Raoul Ier d'Exoudun (v. 1169-1219), comte d'Eu (1191-1219) accèdent au rang comtal à la fin du XIIe siècle.

Aimery porte le prénom de son grand-oncle maternel, Aimery III de Rancon, seigneur de Taillebourg (1090-1122).

Aimery II est le fondateur de la branche cadette de Chypre de la Maison de Lusignan.

Aimery apparaît dans un document de de l'évêque de Poitiers, Jean Belles-mains. Il participe, avec les membres sa famille à la révolte féodale contre Henri II Plantagenêt en Poitou. Peu après, il part en Terre sainte rejoindre son père Hugues VIII, accompagnés de ses frères Pierre et Guy de Lusignan chassés d'Aquitaine après leur révolte de 1168.

Amaury Ier de Jérusalem achète la liberté d'Aimery de Lusignan qui est libéré des geôles sarrasines de Damas en 1173 ou en 1174. Vaillant soldat, mais aussi politique calculateur et avisé, il s’insinue dans les bonnes grâces de la reine mère Agnès de Courtenay et en devient le favori. Des rumeurs en font l’amant de cette dernière, mais aucune source ne confirme cette éventualité. Aimery par la suite gagne la confiance du roi Baudouin IV le Lépreux qui le nomme chambellan de Jérusalem et le marie, avant 1176, avec Echive d'Ibelin, fille du seigneur de Ramla et d’Ibelin. Amaury devient ainsi le beau-frère des seigneurs de Mirabel, de Ramla et d'Ibelin et s'insère dans la noblesse des seigneurs du royaume.

À partir de 1180, Sibylle de Jérusalem, sœur et héritière du roi Baudouin le Lépreux, est toujours veuve de Guillaume de Montferrat et Aimery se met en tête de la marier à son frère Guy. Il persuade rapidement la reine mère de soutenir son projet, fait l'éloge de son frère auprès de Sibylle. Guy de Lusignan est bel homme, et ne tarde pas à séduire Sibylle, et le roi finit par consentir au mariage qui est célébré au mois d'. En 1181, le roi Baudouin IV nomme Aimery de Lusignan connétable du royaume.

Aimery participe en 1183 à la bataille d'Al-Fule. Son détachement subit une charge des troupes musulmanes, mais il y résiste. Ce sera une des seules actions de la bataille, car les barons repoussent les provocations de Saladin et évitent de charger son armée, ce qui aurait pu provoquer un désastre comme celui de Hattin. Guy de Lusignan, qui commandait l'ost royal, est disgracié, mais Aimery conserve la charge de connétable.

Après les morts de Baudouin IV, puis de son neveu Baudouin V, Guy et Sibylle montent sur le trône. Moins d'un an plus tard, Saladin envahit le royaume et écrase l'armée franque à Hattin. La plupart des barons, dont Guy et Aimery sont capturés et Saladin conquiert la plus grande partie du royaume, à l'exception de Tyr, défendue par Conrad de Montferrat. La troisième croisade arrive alors en Terre Sainte en 1190 et permet la reprise de différentes villes, dont Saint-Jean-d'Acre, mais les barons refusent que Guy reste roi et choisissent Conrad de Montferrat. Guy de Lusignan reçoit de Richard Cœur de Lion l'île de Chypre. Conrad de Montferrat est assassiné peu après et Henri II de Champagne lui succède comme roi de Jérusalem. Guy de Lusignan ne renonce pas à son ancien royaume et tente à plusieurs reprises de reprendre des ports de Palestine, à tel point qu'Henri de Champagne oblige Aimery de Lusignan à renoncer à la charge de connétable en 1193. Aimery se rend alors à Chypre, à la cour de son frère, qui meurt en 1194.

Aimery succède alors à son frère et se met à organiser son nouvel État, chose que son frère n'avait eu ni l'envie de faire, ni le temps. Il commence par redistribuer les terres et domaines que son frère avaient imprudemment donné aux nobles, afin de constituer un domaine royal capable d'assurer les revenus nécessaires à la cour. Un chroniqueur arabe le qualifie de prince sage et ami du repos. Il est considéré comme le véritable fondateur du royaume de Chypre. Il obtint du pape la création d'un archevêché à Nicosie et de trois évêchés à Paphos, Limassol et Famagouste.

Puis, il se préoccupe du statut juridique de Chypre. En effet, Guy de Lusignan avait conservé son titre royal, et l'on peut affirmer qu'il est roi à Chypre. Aimery, en lui succédant ne pouvait pas prétendre au titre royal et se contente du titre de seigneur de Chypre. Il se tourne alors vers le pape et l'empereur pour clarifier ce point. L'empereur Henri VI le fait roi de Chypre en . Conrad de Querfurt, évêque d'Hildesheim et vicaire impérial, vient alors le couronner en à Nicosie. Parallèlement, Henri II de Champagne et Aimery de Lusignan mettent fin à leur antagonisme, qui risque de faire le jeu des Ayyoubides, et fiancent respectivement leurs trois enfants.

 

 

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

La prise de Beyrouth par les croisés en 1197. tableau de Alexandre Jean Baptiste Hesse (1842).

Le 10 septembre 1197, Henri II de Champagne tombe accidentellement d’une fenêtre de son palais à Saint-Jean-d’Acre et meurt sur le coup. Peu après, le sultan Malik al'Adil, frère de Saladin, reprend Jaffa. La succession à la titulature de Jérusalem se pose. Les barons, après avoir hésité sur Raoul de Saint-Omer, Prince de Tibériade, renoncent à cette possibilité et offrent la couronne à Aimery de Lusignan. Veuf d’Echive d’Ibelin depuis 1196, il épouse Isabelle de Jérusalem en secondes noces. Dès son accession au trône de Jérusalem en sous le nom d'Aimery II de Jérusalem, il déclare qu’il n’opérera pas à une union des deux royaumes et que chacun restera autonome. Il est vrai que la monarchie de Chypre est héréditaire et souveraine, tandis que celle de Jérusalem est élective et limitée.

Ne pouvant reprendre Jaffa, Aimery convoque l’ost et s’attaque à Sidon et à Beyrouth, qu’il reprend en , après avoir repoussé l’armée ayyoubide le . Sidon est rendue à son seigneur Renaud Granier et Beyrouth est donné à Jean d’Ibelin, le demi-frère de la reine. Cette armée de croisés allemands, conduite par Henri Ier de Brabant, tente d’assiéger Toron, dans l’arrière-pays, mais échoue ; Malik al’Adil ayant envoyé une armée de secours. Elle rembarque en , quand quatre chevaliers allemands agressent et blessent grièvement Aimery avant d’être maîtrisés, jugés et décapités. Aimery accuse Raoul de Tibériade d’être l’instigateur de la tentative de meurtre, mais les barons le soutiennent et Raoul finit par être exilé. La croisade d’Allemands avait manqué de rallumer le jihad de la part des musulmans, mais Aimery parvient à conclure une trêve le 20. Al’Adil en profite pour réunifier l’empire de Saladin en écartant ses neveux, tandis qu’Aimery tente d’imposer une autorité forte dans son royaume en tentant de combler les lacunes des Assises de Jérusalem, mais l’opposition des barons, remontés par l’exil de Raoul de Tibériade, fait échouer ce projet.

Comme la troisième croisade, n’a pas réussi à reprendre Jérusalem aux Ayyoubides, le pape Innocent III décide en 1199 de prêcher une nouvelle croisade. De nombreux nobles européens se croisent et choisissent comme chef Thibaut III de Champagne, qui meurt le , puis Boniface de Montferrat. Mais comme les croisés ne disposent pas assez d’argent pour payer le passage aux Vénitiens, ces derniers leur proposent de prendre pour leur compte la ville hongroise de Zara, qui les concurrence économiquement. Le prince Alexis Ange leur propose ensuite de le rétablir sur le trône byzantin en échange du règlement de la dette aux Vénitiens et détourne ainsi la croisade sur Constantinople. De toute cette croisade, il n’arrive en Syrie que quelques croisés qui avaient décidé de venir sans utiliser les navires vénitiens, ainsi que quelques croisés qui avaient quitté le gros de l’expédition, estimant infamant d’attaquer d’autres chrétiens.

Comme il ne dispose pas de forces suffisantes, Aimery reconduit la trêve avec Al-`Adil espérant que les croisés, après avoir conquis Constantinople, finissent par arriver en Palestine. Après une révolte des Grecs, qui n’acceptent pas le protectorat latin, les croisés reprennent Constantinople en 1204 et y établissent un empire latin, réduisant à néant les espoirs d’Aimery de voir venir l’armée croisée. La paix qu’il conclut en septembre avec Al-`Adil lui permet de récupérer les villes de Ramla, Jaffa et Lydda.

Aimery II de Lusignan meurt le 1er avril 1205, suivi par son épouse Isabelle en 1206. Son fils Hugues Ier lui succède à Chypre, sous la régence de Gautier de Montbéliard, tandis que sa belle-fille Marie de Montferrat, fille de Conrad de Montferrat et d’Isabelle lui succède à Jérusalem, sous la régence de Jean d’Ibeli.

Mariages et descendance

Echive d'Ibelin

Aimery épouse en premières noces, vers 1175, Echive d'Ibelin (v. 1150-1196/97), fille de Baudouin d'Ibelin (1133-1187), seigneur de Mirabel et de Ramla, et de Richilde de Bethsan.

Echive donne naissance à24 :

Isabelle de Jérusalem

Veuf, Aimery se remarie en avec Isabelle de Jérusalem (1169-1205), reine de Jérusalem (1192-1205), veuve d'Henri II de Champagne, fille du roi Amaury Ier et de Marie Comnène, d'où25 :

Mariages et descendance

Echive d'Ibelin

Aimery épouse en premières noces, vers 1175, Echive d'Ibelin (v. 1150-1196/97), fille de Baudouin d'Ibelin (1133-1187), seigneur de Mirabel et de Ramla, et de Richilde de Bethsan.

Echive donne naissance à:

Isabelle de Jérusalem

Veuf, Aimery se remarie en avec Isabelle de Jérusalem (1169-1205), reine de Jérusalem (1192-1205), veuve d'Henri II de Champagne, fille du roi Amaury Ier et de Marie Comnène, d'où :

Un autre personnage cité plusieurs fois et figurant dns nôtre généalogie : Renaud de Châtillon...

Renaud de Châtillon, né vers 1120 et mort le à Hattin, est un chevalier croisé d'origine française qui fut prince d'Antioche de 1153 à 1160 ou 1161. Il se fait remarquer par la violence de ses actions. Capturé à la suite d'un raid, il reste emprisonné pendant 15 ans, période pendant laquelle il est évincé de son titre de prince d'Antioche.

En 1175, ayant proposé ses services au roi Baudouin IV de Jérusalem, celui-ci lui octroie la seigneurie d'Hébron. Il se marie la même année à Étiennette de Milly et devient seigneur d'Outre-Jourdain. Il gardera ces deux titres jusqu'à sa mort à la bataille de Hattin.

La jeunesse de Renaud de Châtillon est très mal connue, car il n'attire l'œil des chroniqueurs qu'après son arrivée en Terre Sainte. Sa date de naissance est elle-même incertaine : si la plupart des sources situent sa naissance probablement aux alentours de l'année 1120, certains historiens, comme Bernard Hamilton, proposent la date de 1125.

Concernant l'ascendance de Renaud de Châtillon, l'hypothèse traditionnellement posée par les historiens était qu'il était le fils d'Henri Ier, seigneur de Châtillon (aujourd'hui Châtillon-sur-Marne), et d'Ermengarde de Montjay.

Toutefois, un courant historiographique plus récent se rattache à l'étude faite en 1989 par l'historien Jean Richard, qui postule qu'il est en fait le fils d'Hervé II, seigneur/baron de Gien, de Châtillon (Châtillon-sur-Loing, aujourd'hui Châtillon-Coligny) et de Donzyet aurait donc pour frère aîné Geoffroy III de Donzy.

La condition de cadet de Renaud de Châtillon le prédestine a priori à une vie près de sa famille, sous la coupe de son aîné. L'appel au pèlerinage armé que constituent les Croisades leur ouvre, à lui et ses pareils, des espoirs de se tailler un nom, une fortune, voire la gloire dans les États latins d'Orient. Même après son départ pour la Terre Sainte, il restera proche des intérêts de sa famille, comme en témoigne une lettre qu'il adressera en 1155 ou 1156 au roi de France Louis VII, pour lui demander de rectifier une confiscation de patrimoine dont sa famille aurait été victime.

Renaud de Châtillon prend la croix et part pour la Terre sainte au moment de la Deuxième Croisade, arrivant à destination en 1147, dans des conditions que les sources contemporaines ne précisent pas. Si les rois et les grands barons quittent la Terre Sainte en 1148 janvier, Renaud de Châtillon y reste et s'attache vraisemblablement à la maison du roi de Jérusalem, Baudouin III. Les chroniques de Guillaume de Tyr le décrivent comme faisant partie des chevaliers "soldés", c'est-à-dire payés pour leur service, argument que Guillaume de Tyr utilise contre Renaud.

Parmi les difficultés que rencontraient à l'époque les États latins d'Orient se trouvait la vacance du pouvoir de la principauté d'Antioche. Après la mort du prince d'Antioche, Raymond de Poitiers, à la bataille d'Inab en 1149, sa femme, Constance d'Antioche, refuse tous les prétendants proposés par Baudouin III, comme elle refuse aussi ceux proposés par le basileus Manuel Ier Comnène, qui n'a pas oublié que la principauté d'Antioche lui est soumise et voit là l'opportunité de rapprocher la principauté de l'empire byzantin.

Après avoir passé quelques mois à Antioche pour convaincre Constance de se remarier, Baudouin III quitte la ville pour aller faire le siège d'Ascalon à partir du 25 janvier 1153. Renaud de Châtillon, resté à Antioche, rejoint le roi quelques semaines après et participe brièvement au siège d'Ascalon, au cours duquel il fait la demande au roi de la main de Constance d'Antioche. Si certains chroniqueurs, comme Guillaume de Tyr, indiquent que Constance s'était fiancée avec lui en cachette, d'autres, comme Ernoul, en font une idée de Baudouin III. Quoi qu'il en soit, le roi approuve cette union.

Raymond de Poitiers accueillant le roi Louis VII à Antioche.

Raymond de Poitiers accueillant le roi Louis VII à Antioche.

Renaud retourne alors à Antioche au printemps 1153 pour épouser Constance, devenant par ce mariage prince d'Antioche. Par ce mariage, Renaud s'affranchit de sa condition de chevalier soldé et devient alors le dirigeant d'une cité considérable. Dotée de murailles imposantes construites par Justinien Ier, Antioche est alors une cité tournée vers le commerce, que sa situation favorise, et est le siège de plusieurs patriarcats (grec, jacobite, arménien et latin). Elle se situe cependant en marge des États latins, ce qui lui confère une certaine vulnérabilité.

Ce mariage rebat les cartes de l'influence à l'intérieur même d'Antioche. Aimery de Limoges, fait patriarche d’Antioche par Raymond de Poitiers et qui tient cette charge depuis quinze ans, voit d'un mauvais œil ce mariage, qui diminue son influence sur la princesse. Il ne fait pas mystère de son mépris pour Renaud de Châtillon, ce nouveau venu. Renaud réagit en le faisant arrêter et jeter en prison. Pour certains historiens, comme Steven Runciman, le motif pourrait bien être également financier, Aimery de Limoges étant décrit par les chroniqueurs comme étant riche. Le patriarche, homme déjà âgé, est alors torturé. Renaud ne s'arrête pas là : après avoir enduit ses blessures de miel, il enchaîne le patriarche au sommet d'une tour et le fait exposer au soleil et aux insectes. Le patriarche aurait accepté de payer pour mettre fin à ses tourments. L'émoi est alors très important : Aimery de Limoges est en effet très respecté, ayant défendu Antioche à de nombreuses reprises. Baudouin III envoie immédiatement l'évêque d'Acre et le chancelier de Jérusalem faire libérer l'infortuné, qui rejoint alors Jérusalem où il est accueilli à bras ouverts et où il restera quelques années en exil.

Le nouveau prince d'Antioche est toutefois rapidement attiré dans le tourbillon des luttes en Cilicie. En effet, depuis 1143, Thoros II, prince d'Arménie, a entrepris de reconstituer son royaume, défait par les Byzantins de Jean II Comnène près de vingt ans avant. Rendu furieux de cette situation, le basileus Manuel Ier Comnène envoie en 1152 un contingent dirigé par son cousin Andronic Comnène faire le siège de la ville de Mamistra, mais Thoros II défait les troupes byzantines. En 1154, Manuel Ier fait appel aux turcs seldjoukides de Mas`ûd Ier, qui attaquent à leur tour Mamistra et tentent même de pousser jusqu'à Antioche : ils sont arrêtés et défaits par les Arméniens, soutenus par les templiers venant de la forteresse de Baghras.

Manuel Ier se tourne en désespoir de cause vers Renaud de Châtillon, sur la base du serment d'allégeance que lui doivent les prince d'Antioche, lui promettant des sommes importantes prélevées sur les trésors byzantins s'il voulait bien s'attaquer aux Arméniens. La raison en est toute trouvée : les Arméniens contestaient la demande des Francs de remettre les châteaux pris aux Byzantins aux Templiers, ce qui concerne notamment la forteresse de Baghras, qui tenait la frontière entre la Cilicie et la Syrie. En 1155, Renaud de Châtillon part donc en campagne contre les Arméniens. Ce qu'il s'y passa n'est pas clair : certains chroniqueurs indiquent que Renaud défit les Arméniens près d'Alexandrette, remettant alors les places fortes aux templiers, tandis que d'autres, dont Michel le Syrien, indiquent que Renaud fut défait et que Thoros II remit les forteresses aux templiers, contre serment de secourir les Arméniens en cas de besoin.

Il est certain qu'au retour de Renaud à Antioche, Manuel Ier refusa de payer, car les Arméniens n'avaient pas été anéantis, et n'envoya aucune rétribution au prince d'Antioche. Les Templiers sortirent également renforcés des affrontements, occupant la forteresse de Baghras, celle de Trapezac, celle de la Roche-Guillaume et celle de la Roche de Roissel ; ils occupèrent également certains ports dans le sud du golfe d'Alexandrette.

Se basant sur le refus du basileus Manuel Ier Comnène de lui payer les sommes convenues, Renaud de Châtillon décide de lancer un raid contre Chypre, alors un thème byzantin. Il conclut un accord avec son adversaire, Thoros II, qui lui aussi a beaucoup à reprocher à Manuel Ier Comnène, pour conduire ce raid. Selon Steven Runciman, Renaud de Châtillon utilise les sommes soutirées à Aimery de Limoges pour financer son attaque. Les projets de Renaud et de Thoros ne passent pas inaperçus : les sources laissent entendre que des seigneurs des États latins, voire le roi Baudouin III en personne, avertissent les Byzantins de leurs intentions, pour ne pas se les mettre à dos.

Renaud de Châtillon et Thoros débarquent à Chypre au printemps 1155. Malgré les avertissements aux Byzantins, ceux-ci sont trop accaparés par la situation ailleurs dans l'Empire pour opposer une défense importante. De fait, Renaud et Thoros défont sans difficultés la garnison byzantine, puis ravage systématiquement l’île. En cette époque où la piraterie contre Byzance est chose ordinaire, la violence de cette razzia indigne cependant tous les chroniqueurs : même les chroniqueurs arméniens, favorables à Thoros II et hostiles aux grecs, comme Grégoire le Prêtre ou le connétable Smbat, s'indignent devant la cruauté de l'attaque. Les champs cultivés sont brûlés, les troupeaux massacrés, les églises, les palais et les couvents pillés et incendiés, les femmes (y compris les moniales) violées, les vieillards et les enfants égorgés, les hommes riches emmenés en otage et les pauvres décapités. Les habitants de l'île doivent acheter à leurs bourreaux les moyens de subsistance avant que ceux-ci ne rembarquent pour Antioche. Avant de quitter l’île avec son butin, Renaud fait rassembler tous les prêtres et les moines grecs et leur fait couper le nez et les oreilles avant de les envoyer à Constantinople.

Très vite, les violences de Renaud le rendent odieux à ses voisins alépins, aux Byzantins et à ses propres sujets.

Pendant les trois années qui suivent le raid sur Chypre, Renaud est aux côtés du roi Baudouin III de Jérusalem dans divers combats contre les forces musulmanes, ce qui lui permet en 1158 de reprendre la ville d'Harim à Saladin.

L'empereur Manuel Ier Comnène, forcé d'abandonner ses ambitions en Méditerranée occidentale, y gagne d'avoir les mains libres en Orient. Les princes francs d'Orient désirent son alliance et Baudouin III de Jérusalem épouse la nièce de l'empereur. Ce dernier réunit une importante armée, reconquiert la Cilicie sur les Arméniens et prend ses quartiers d'hiver à cent cinquante kilomètres d'Antioche. Renaud de Châtillon, conscient que les autres princes francs désapprouvent sa conduite à Chypre et que Manuel Ier lui en tient rigueur, prend les devants et demande, prosterné, pieds nus et la corde au cou, le pardon de l'empereur. L'empereur le lui accorde et, en avril 1159, fait à Antioche une entrée pacifique, mais destinée à rappeler la vassalité d'Antioche envers Byzance.

Le , Renaud est fait prisonnier par les soldats turcs au cours d’une opération de pillage. Nur ad-Din le tient emprisonné à Alep (peut-être dans la citadelle) durant seize ans.

Pendant sa captivité, Constance d'Antioche meurt et Bohémond III d'Antioche, fils du premier mariage de Constance, hérite d'Antioche.

Grâce à un échange de prisonniers, Renaud est libéré en 1176 par As-Salih Ismail al-Malik, le fils de Nour ad-Din Mahmûd. Selon d'autres sources, en tant que beau-père de l'impératrice Marie d'Antioche, il est racheté pour la somme extraordinaire de 120 000 dinars d'or.

La forteresse de Kérak en Jordanie.

La forteresse de Kérak en Jordanie.

Il propose alors ses services au roi Baudouin IV de Jérusalem. En récompense, le roi de Jérusalem lui donne la seigneurie d'Hébron. En épousant la jeune veuve de Miles de Plancy, Étiennette de Milly, dame d'Outre-Jourdain, il devient seigneur de Montréal et d'Outre-Jourdain. Il tient notamment les forteresses de Kerak et de Chawbak, base de ses raids contre les caravanes passant dans les environs.

Appuyé sur ces forteresses, il multiplie les raids militaires sur les garnisons ou les caravanes logistiques. Allié des Templiers, il exerce sur la cour de Jérusalem une influence grandissante. Il est partisan d’une politique de conquête face aux musulmans.

Contrairement aux chroniqueurs francs, qui semblent vouloir minimiser son rôle en cette occasion, mais conformément à tous les chroniqueurs musulmans, on pense maintenant que c'est Renaud de Châtillon qui commande l'armée des croisés lors de la célèbre bataille de Montgisard ().

En 1181, malgré une trêve conclue entre Baudouin IV de Jérusalem et Saladin, il pille une caravane se rendant à la Mecque. Saladin s’en plaint à Baudouin IV de Jérusalem, qui ne trouve pas la force de sévir contre son vassal (il est alors en pleine crise dans sa maladie, la lèpre). Saladin, fou de rage, aurait déclaré qu'il tuerait Renaud de Châtillon de ses propres mains.

En 1182, il mène une expédition en mer Rouge, pille les ports du Hedjaz et menace les villes saintes de l'Islam, La Mecque et Médine avec l'intention de voler le corps de Mahomet et mettre à sac la Kaaba et le tombeau du prophète de l'Islam. En chemin, il coule un bateau de pèlerins musulmans se rendant à Jeddah. Tandis que Renaud, chargé de butin, remonte vers ses terres, ses hommes continuent à sillonner la mer Rouge et pillent le Hedjaz ; Le frère de Saladin, al-Adel, gouverneur en Égypte, lance contre eux une flotte qui écrase les pillards. Certains d’entre eux sont conduits à La Mecque pour y être décapités en public.

En 1183, Saladin multiplie alors les raids sur son territoire. Il assiège la forteresse de Kérak, à l'exception du secteur où se déroulent les noces de la demi-sœur de Baudoin IV et du beau-fils héritier de Renaud. La forteresse n'étant pas encore tombée à l'approche de l'armée de secours du roi de Jérusalem Baudouin IV, Saladin lève prudemment le siège.

Mort de Renaud de Châtillon.

Mort de Renaud de Châtillon.

Baudouin IV de Jérusalem meurt en 1185 de la lèpre qui le ronge depuis son adolescence. Sibylle, sœur de Baudouin IV et mariée à Guy de Lusignan, est prétendante au trône de Jérusalem. La régence du royaume de Jérusalem au nom de Baudouin V, fils de Sybille et de son premier mari Guillaume de Montferrat, est dévolue à Raymond III de Tripoli.

À la mort de Baudouin V en 1186, un coup d'État mené par Josselin III de Courtenay fait couronner Guy de Lusignan et Sybille à Jérusalem. Raymond III de Tripoli, outré, va jusqu'à négocier avec Saladin. Renaud de Châtillon est en fait, le vrai maître de Jérusalem.

En 1187, Renaud de Châtillon viole la trêve avec Saladin en faisant attaquer une caravane allant d'Égypte à Damas. La trêve rompue, Saladin engage la guerre contre le royaume de Jérusalem. La bataille entre les deux armées a lieu le à Hattin et les Francs sont vaincus. Renaud de Châtillon, ainsi que Guy de Lusignan sont prisonniers de Saladin. Saladin traite Guy avec courtoisie mais fait couper la tête de Renaud de Châtillon. Cette défaite totale marque la fin du royaume de Jérusalem.

Postérité

De son premier mariage (1153) avec Constance d'Antioche (1127 † 1163), il eut :

De son second mariage (1177) avec Étiennette de Milly, dame d'Outre-Jourdain, il eut :

Dans le film américain Kingdom of Heaven (2005) du réalisateur britannique Ridley Scott, Renaud de Châtillon est interprété par l'acteur Brendan Gleeson. Il est un des personnages secondaires du film, qui le dépeint en opposant à Baudouin IV et au personnage principal (Balian d'Ibelin, rajeuni de plusieurs décennies dans le film). Dans cette œuvre, Renaud de Châtillon est un partisan de Guy de Lusignan, jusqu'à sa mort à la bataille de Hattin. De manière erronée, le film lui fait régulièrement arborer la croix pattée de l'Ordre du Temple, alors qu'il n'était pas templier.

Constance d'Antioche, née au Moyen-Orient vers 1127 où elle décède en 1163, est l'unique héritière de la principauté d'Antioche.

Née en 1127, Constance est la fille unique de Bohémond II, prince de Tarente et de sa femme, Alix de Jérusalem, fille cadette du roi de Jérusalem Baudouin de Rethel et de son épouse arménienne, Morfia de Malatya. Elle tient son prénom de sa grand-mère paternelle, Constance de France, fille du roi Philippe Ier de France. En , Bohémond est tué dans une embuscade près d'Anazarbe en Cilicie, sur les bords de l'Euphrate, en combattant les Turcs Seldjoukides de Gümüştekin, émir danichmendide.

C'est donc âgée d'à peine trois ans que Constance devient princesse d'Antioche et de Laodicée.

Sa mère souhaite gouverner la principauté elle-même et est soupçonnée de vouloir enfermer Constance dans un monastère ou la marier à un roturier. Le cousin de Bohémond, Roger II de Sicile, se considère par ailleurs comme son successeur naturel en tant qu'aîné des Hauteville.

Les nobles d'Antioche pressent alors le roi Baudouin II de venir rétablir la justice mais Alix, qui craint, à juste titre, que son père ne se comporte plus en suzerain qu'en père, va lui résister en s'alliant avec l'atabeg d'Alep et de Mossoul, Imad ad-Din Zengi, allant jusqu'à proposer de donner sa fille comme épouse à un prince musulman. Le plan est découvert par Baudouin, qui chasse sa fille d'Antioche et nomme le vieux Josselin Ier de Courtenay, comte d'Edesse, tuteur de Constance. Mais en 1131, celui-ci meurt peu de temps après Baudouin dans des combats près d'Alep et Alix décide de faire valoir de nouveau ses droits sur Antioche. Elle s'allie alors avec le successeur de Josselin Ier, Josselin II d'Édesse, et avec Pons, comte de Tripoli, début 1132. Foulques d'Anjou, oncle par alliance de Constance et gendre de Baudouin II, à qui il a succédé à Jérusalem, est appelé par les barons d'Antioche à se rendre sur place mais il est contraint de le faire par la mer, Pons lui ayant refusé l'accès par ses terres. Foulques débarque à Saint-Symeon, où il est reconnu comme régent par les barons. Il désigne alors Renaud Ier Mazoir, constable d'Antioche, pour administrer la principauté.

En 1135, Alix tente de nouveau de prendre le contrôle de la principauté en faisant appel aux troupes de Zengi. Foulques retourne à Antioche, met en fuite les envahisseurs et envoie de nouveau sa belle-sœur en exil. Il rétablit la régence pour Constance mais va accéder à la demande des barons, qui souhaitent un mari pour Constance car la principauté a besoin d'être gouvernée d'une main ferme. Son choix se porte sur Raymond de Poitiers, fils cadet du duc Guillaume IX d'Aquitaine, âgé de 25 ans de plus que la fiancée, mais il est gardé secret dans un premier temps car Foulques craint une intervention d'Alix ou de Roger II de Sicile. Alix est autorisée à revenir à Antioche sur l'intercession de sa sœur, Mélisende, femme de Foulques. Désireuse de resserrer les liens entre la principauté et l'empire byzantin, elle pense avoir trouvé un mari à Constance en la personne du prince Manuel Comnène, alors héritier du trône. Foulques est alors contraint de faire venir en urgence Raymond de Poitiers, qui voyagera caché, Roger II voulant le capturer lors de son passage par l'Italie du Sud.

Raymond de Poitiers arrive à Antioche en . Raoul de Domfront, Patriarche latin de Jérusalem, est parvenu à faire croire à Alix qu'il vient en fait pour l'épouser elle et non sa fille de 9 ans. Il fait enlever l'enfant au palais et célèbre le mariage dans la cathédrale. Humiliée, Alix quitte définitivement Antioche pour Laodicée.

Raymond et Constance auront cinq enfants :

Début 1147, Roger II de Sicile propose à Louis VII de France de transporter les croisés français en Terre Sainte pour la Deuxième Croisade. Craignant que Roger ne souhaite simplement réaffirmer ses droits sur Antioche, Louis VII et sa femme, Aliénor d'Aquitaine (nièce de Raymond de Poitiers) déclinent la proposition. Louis et ses croisés arrivent dans la principauté en et des rumeurs vont rapidement se répandre dans le camp français d'une relation adultérine entre Raymond et Aliénor. Les croisés tentent de convaincre le roi de lancer une campagne contre Alep, capitale de Nur ad-Din mais Louis VII décide de quitter Antioche pour Jérusalem, obligeant Aliénor à l'accompagner.

Raymond trouve la mort le dans la bataille d'Inab, lors d'une expédition contre Nur ad-Din Zangi. Les enfants du couple étant tous mineurs à l'époque, il n'y a personne pour "accomplir les devoirs d'un prince et tirer le peuple du désespoir" d'après Guillaume de Tyr. Nur-ad-Din envahit la principauté et prend tous les territoires d'Antioche situés à l'est du fleuve Oronte. Aimery de Limoges, Patriarche latin d'Antioche, dirige la défense de la ville mais la plupart des barons souhaiteraient un gouvernant séculier. Apprenant le sort de Raymond, Baudouin III de Jérusalem, cousin de Constance, se précipite à Antioche pour y prendre la régence et conclut une trêve avec Nur ad-Din.

Baudouin revient par la suite dans la ville à l'été 1150 pour tenter de convaincre Constance de se remarier et lui propose trois candidats : Yves III de Nesle, comte de Soissons, Gautier de Saint-Omer et Ranulf du Merle. Mais Constance décline. Pressée par Baudouin, elle se rend à Tripoli début 1152 pour y rencontrer ses deux tantes, Mélisende et Hodierne, qui tentent de la persuader de choisir l'un des trois candidats, sans y parvenir. Il semble que ce soit le Patriarche Aimery qui l'ait convaincue de résister car il souhaite conserver le contrôle de la principauté. Manuel Ier Comnène, désormais empereur de Byzance, lui envoie son beau-frère veuf, le plus tout jeune Jean Roger Dalassenos mais Constance le repousse, dissuadée par son âge. D'après Steven Runciman, il est possible qu'elle ait repoussé tous les prétendants parce qu'elle avait déjà rencontré Renaud de Châtillon et avait gardé secret leur engagement, soucieuse d'obtenir le consentement de Baudouin III.

Constance et Renaud se marient début 1153 et Renaud prend en charge l'administration de la principauté. Mais il est impopulaire car ses sujets le considèrent comme un parvenu : cadet sans fortune, il a néanmoins la réputation d'être un guerrier exceptionnel. Ses fréquentes tentatives de lever des fonds le font entrer en conflit avec le Patriarche Aimery, qu'il fait jeter en prison et torturer, et l'empereur Manuel Ier. L'extrême violence du pillage qu'il a commis à Chypre scandalise ses contemporains, pourtant habitués à des pratiques de piraterie d'une certaine brutalité. L'empereur finit par le contraindre à lui rendre hommage au printemps 1159. Le , au cours d'un raid, Renaud tombe aux mains de Majd al-Din, gouverneur d'Alep. Il restera en captivité 16 ans.

Lorsque son mari est fait prisonnier, Constance annonce son intention d'administrer en personne la principauté mais nombreux sont les barons qui préfèrent un souverain mâle. Baudouin III de Jérusalem revient à Antioche et désigne comme prince légitime Bohémond III, le fils aîné de Constance et Raymond, âgé de 15 ans à peine. Il devra gouverner sous la tutelle du Patriarche Aimery. Mais Constance n'accepte pas cette décision et s'en plaint à Manuel Ier. Celui-ci envoie son neveu Alexis Bryenne Comnène et Jean Kamateros à Antioche afin d'y négocier son union avec l'aînée des filles de Constance, Marie, considérée comme une beauté par les chroniqueurs de l'époque. Le contrat de mariage est signé et l'empereur confirme Constance dans sa position de souveraine de la principauté. Baudouin III, venu dans la ville pour y rencontrer les envoyés impériaux, ne proteste pas.

Bohémond devient majeur en 1163. Afin de renforcer sa position face à son fils, Constance demande l'aide de Constantin Kalamanos, gouverneur byzantin de Cilicie. Mais les barons d'Antioche s'allient avec Thoros II d'Arménie et la contraignent à quitter Antioche. Constance décédera peu après, probablement à Laodicée ou Byblos.

Renaud de Châtillon, libéré en 1176 dans le cadre d'un échange de prisonniers, se remarie avec Etiennette de Milly, veuve de Miles de Plancy. Cette union lui apporte richesse et puissance et pourtant, à compter de cette date et pendant les 10 années qui suivront, il multipliera les pillages. En 1187, il est fait prisonnier avec Guy de Lusignan lors d'un combat contre Saladin, qui le fait décapiter le à Hattin. Cette défaite marquera la fin du royaume chrétien de Jérusalem.

Il avait eu de son union avec Constance deux filles :

  • Jeanne de Châtillon (morte avant mai 1204).

Barisan d'Ibelin († entre 1150 et 1152) est une importante figure du royaume de Jérusalem et est l'ancêtre de la famille Ibelin. Son prénom est souvent prononcé Balian et il est aussi appelé Balian l'Ancien.

Sa famille est inconnue ; on a parlé des vicomtes de Chartres, mais rien n'a été prouvé. On a aussi émit l'hypothèse que Barisianus signifie habitant de Bari, en Italie. Il se rend en Terre Sainte probablement lors du premier pèlerinage de Foulque V d'Anjou. Il est cité en 1115 connétable du comté de Jaffa. En 1120, il participe au Concile de Naplouse où sont promulguées les premières lois du royaume de Jérusalem.

Il épouse vers 1122 Helvis de Rama, fille de Baudouin, seigneur de Rama, et de Stéphanie de Naplouse.

En 1134, Hugues II du Puiset, comte de Jaffa, se révolta contre Foulque d'Anjou, devenu roi de Jérusalem, et Balian prit le parti du roi. En 1141, Foulque d'Anjou, fit construire un château à Yebna (actuelle Yavne), entre Jaffa et Ascalon, lieu qui était un point stratégique contrôlant la route venant de l'Égypte fatimide, et en nommera comme seigneur Balian. Celui-ci prit alors comme nom de famille la forme française du nom de ce château, qui est Ibelin.

En 1148 Balian hérite de la seigneurie de Ramla par sa femme Helvis de Rama. Durant cette même année, il est également présent au conseil tenu à Acre après l'arrivée de la seconde croisade, où il fut décidé d'assiéger Damas.

Sa descendance se compose comme suit :

Il meurt en 1151. Sa veuve se remaria avec Manassès de Hierges, connétable du royaume de Jérusalem.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN
DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Balian d'Ibelin (c. 1143c. 1193) est un croisé influent du royaume de Jérusalem, membre de la maison d'Ibelin. Il est connu pour avoir assuré la défense de Jérusalem en 1187 et participé à la troisième croisade.

Balian d'Ibelin est parfois appelé Balian le Jeune (du vivant de son père) ; Balian de Rama, mais ce sont ses frères, puis l'un de ses neveux qui sont seigneurs de Ramla ; ou Balian de Naplouse. L'origine de Balian est donc de style médiéval. C'est un prénom masculin d'étymologie latine qui serait selon toute vraisemblance apparenté à l'ancien français « vaillant » qui signifie valeureux ou robuste.

Balian d'Ibelin est le troisième fils de Balian le Vieux d'Ibelin, seigneur d'Ibelin et de Rama, connétable du comté de Jaffa et d'Helvis (ou Alvis) de Rama. En latin, son nom est écrit Balian, Barisan, Barisanus, Balianus, Balisan et Balisanus. Les sources arabes l'appellent : Balian ibn Barzan, qui se traduit par « Balian fils de Barzan, ou Barisan ». La date précise de sa naissance est inconnue, mais il est majeur en 1158, donc a au moins 15 ans, alors que dans la première charte qui parle de lui en 1155, il ne l'est pas.

La seigneurie d'Ibelin (Yebna en arabe, Yavneh en hébreu) est un des arrière-fiefs du Royaume de Jérusalem. Ses frères aînés sont Hugues et Baudouin. Leur sœur Ermengarde épouse Elinard de Bures, prince de Galilée et de Tibérias. Son père, Balian ou Barisan, à l'origine connétable d'Hugues II du Puiset, comte de Jaffa, avait refusé de suivre ce dernier dans sa révolte contre le roi et en a été récompensé par la main de Helvis, héritière de Rama, et la concession du château d’Ibelin.

À la mort d'Hugues, le frère aîné de Balian, en 1170, Ramla passe à Baudouin, qui lui donne Ibelin.

Baudouin et Balian soutiennent Raymond III de Tripoli contre Miles de Plancy pour la régence pendant la minorité de Baudouin IV. Alors que Raymond III et une armée croisée attaquent des possessions de l'émir d'Alep, Saladin attaque le Royaume de Jérusalem depuis le sud. Baudouin IV, accompagné de plusieurs seigneurs dont Renaud de Châtillon, seigneur d'Outre-Jourdain, Baudouin et Balian d'Ibelin, Renaud de Grenier, comte de Sidon, et Josselin III de Courtenay, l’oncle du roi, se précipite avec son armée à Ascalon pour la défendre; Saladin, constatant qu'il n'y a plus d'armée entre lui et Jérusalem, envahit et fait piller le pays. Rejoint par les Templiers d'Eudes de Saint-Amand, maître de l'Ordre du Temple, Baudouin IV en profite pour faire effectuer à son armée de cinq cents chevaliers et de quelques milliers de soldats un mouvement tournant et attaque par le flanc l'armée de Saladin, désorganisée par le pillage, et lui inflige une sévère défaite.

Au cours de cette même année, Balian épouse Marie Comnène, veuve du roi Amaury Ier, et reçoit la seigneurie de Naplouse, qui est le douaire de la reine Marie.

En 1183, il soutient Raymond III de Tripoli contre Guy de Lusignan, époux de Sibylle de Jérusalem, pour la régence durant la maladie de Baudouin IV le Lépreux. Il est parmi les barons qui conseillent le couronnement de Baudouin V du vivant de Baudouin IV, afin d'empêcher que Guy de Lusignan ne succède au roi. C’est Balian qui porte le fils de Sibylle, encore bébé, pendant la cérémonie.

Baudouin V devient roi en 1185, mais meurt l'année suivante, et Raymond choisit comme successeur Onfroy IV de Toron, qui refuse la couronne en faveur de Guy. Balian prête hommage à Guy de Lusignan à contrecœur, tandis que son frère Baudouin refuse de le faire. Balian est obligé de rendre cet hommage s'il ne veut pas voir sa terre saisie par le roi.

À la bataille de Hattin (1187), Balian et Josselin III d'Édesse commandent l'arrière-garde de l'armée croisée. Mais l'armée est balayée par l'armée de Saladin. Cette défaite est un désastre pour le royaume chrétien. Le roi Guy et de nombreux barons sont faits prisonniers, et la plupart des châteaux et villes du royaume tombent entre les mains des musulmans. Balian est l'un des rares barons à pouvoir s'enfuir vers Tyr.

Lorsque Balian s'échappe après la défaite de Hattin, il obtient de Saladin un sauf-conduit qui l'autorise à se rendre à Jérusalem afin d'emmener sa femme et ses enfants vers Tripoli. Il y est autorisé, mais à la condition de faire serment de quitter la ville et de ne plus prendre les armes contre Saladin. Les habitants de Jérusalem, effrayés par la nouvelle de la défaite, le supplient de rester pour assurer leur défense. Le patriarche Héraclius le relève de son engagement vis-à-vis de Saladin. Nullement rancunier, Saladin accepte ses excuses, autorise sa femme et ses enfants à se rendre à l'abri à Tripoli et leur assigne même une escorte. Avec le patriarche, il organise la défense de Jérusalem, que Saladin assiège deux mois plus tard. Il ne peut cependant défendre la ville, par manque d'hommes, de vivres et de matériels. Dans toute la ville, il ne peut trouver que quelques chevaliers, peut-être deux, et il doit adouber soixante fils de bourgeois.

Après une défense énergique, les chefs chrétiens de Jérusalem sont d'avis de capituler. Balian d'Ibelin se rend alors auprès de Saladin et lui déclare que les habitants préféreraient détruire la cité et les lieux saints, tuer leurs enfants et leurs femmes puis se battre à mort contre les musulmans, plutôt que laisser la ville être prise de force. Après négociation, Balian obtient de Saladin la vie sauve des habitants en échange d'une rançon de dix pièces d'or par homme, cinq par femmes et deux par enfant. Ceux qui ne peuvent pas payer deviennent esclaves des musulmans

Ibelin, Naplouse, Rama et toutes les autres terres de Balian sont conquises par Saladin. Après la paix qui suit la troisième croisade, Saladin accorde en compensation à Balian la petite seigneurie de Caymont, au sud d'Acre.

Les Chrétiens évacuant Jérusalem sous le regard de Saladin par Alphonse-Marie-Adolphe de Neuville.

Les Chrétiens évacuant Jérusalem sous le regard de Saladin par Alphonse-Marie-Adolphe de Neuville.

Après la mort de Sibylle de Jérusalem, Balian d'Ibelin commence par soutenir Guy de Lusignan dans sa lutte contre Conrad de Montferrat pour le royaume. Puis il négocie, avec Marie Comnène, le mariage de sa belle-fille Isabelle de Jérusalem avec Conrad, lui apportant une légitimité dans ses prétentions au trône. Saint-Jean-d'Acre, assiégé par les croisés se rend le 12 juillet 1191, et la querelle entre Guy de Lusignan, soutenu par Richard Cœur de Lion, et Conrad de Montferrat, soutenu par Philippe Auguste et la plupart des barons de Terre sainte, est ravivée. Les 27 et 28 juillet 1191, les plus grands barons de Terre sainte, toujours hostiles au roi Guy, Marie Comnène, la reine veuve d’Amaury Ier de Jérusalem, Balian d'Ibelin, son nouvel époux, le légat apostolique, archevêque de Pise, le corps entier des Pisans, enfin les Français et tous ceux qui, par raison ou par calcul, demandent un nouveau roi influent et respecté, désignent le marquis de Montferrat, Conrad de Montferrat, l'héroïque défenseur de Tyr, comme seul capable de sauver le royaume. Ils veulent qu'il reçoive la couronne avec la main de la fille d'Amaury et Marie Comnène, Isabelle de Jérusalem. Devant la volonté des barons, Richard Cœur de Lion finit par accepter Conrad comme roi et vend Chypre à Guy de Lusignan qui en devient le roi. Après la mort de Conrad et le remariage d'Isabelle avec Henri II de Champagne, Balian devient un des conseillers du nouveau roi.

Balian d'Ibelin meurt en 1193.

 

Balian d'Ibelin épouse en 1177 Marie Comnène (1154-1217), nièce de l'empereur byzantin Manuel Ier Comnène, veuve d'Amaury Ier, roi de Jérusalem, et ont pour enfants :

Une partie de la vie de Balian d'Ibelin est mise en scène dans le film de Ridley Scott, Kingdom of Heaven, sorti en 2005. Balian y est joué par l'acteur Orlando Bloom. La réalité historique concernant Balian diffère sensiblement du scénario du film :

Renaud Granier parfois prénommé Rainaldus ou Reynald (né vers 1130 - mort en 1202) était seigneur de Sidon. Il est aussi appelé Renaud de Sagette.

Renaud était le fils de Géraud Granier et Agnès de Bures, et petit-fils de Eustache Granier. En 1170, il épousa Agnès de Courtenay, qui avait été déjà mariée trois fois: tout d'abord avec Renaud de Marash, qui la laissa veuve; deuxièmement à Amaury Ier de Jérusalem, Comte de Jaffa et d'Ascalon et futur roi de Jérusalem, avec lequel elle eut deux enfants, Baudouin et Sibylle, et enfin à Hugues d'Ibelin, qui venait de mourir. Son mariage avec Amaury fut annulé en 1163 quand il fut découvert que les deux époux étaient apparentés avec un degré de consanguinité prohibé. Plusieurs historiens ont affirmé que son mariage avec Renaud a également été annulé, puisque eux aussi étaient apparentées au degré prohibé pour le mariage, mais il semble que ce soit dû à une confusion dans les textes de Guillaume de Tyr; Guillaume dit que Géraud découvrit le lien de parenté entre “les deux personnes mentionnées précédemment”, mais il semble que la remarque s'adresse en fait au mariage d'Agnès et d'Amaury (voir Hamilton, The Leper King & his Heirs (Le roi lépreux et ses héritiers) pour la controverse à ce sujet).

Si, comme il semble, Renaud était toujours marié à Agnès lorsqu'Amaury mourut en 1174 et que son fils Baudouin IV, lépreux et âgé de 13 ans seulement, lui succéda, Renaud aurait donc été le beau-père du roi. Lorsqu'il fallut élire le bailli du royaume, Renaud a soutenu la candidature de Raymond III de Tripoli (cousin germain d'Amaury) contre Milon de Plancy.

Renaud était présent à la bataille de Montgisard en 1177, mais pas à la bataille du gué de Jacob en 1179, étant arrivé trop tard avec ses troupes. Selon Guillaume de Tyr, il aurait pu sauver de nombreux rescapés de la bataille s'il avait continué sa route, mais suivant l'avis des premiers fuyards qu'il croisa, il retourna à Sidon, laissant de nombreux rescapés se faire tuer dans une série d'embuscades. Il participa à la défense du royaume quand Saladin envahit le territoire en 1183 ; là Guillaume de Tyr le cita parmi ceux qui « se distinguèrent par leurs prouesses au combat ». Sa femme était parfois présente lors des campagnes militaires, s'occupant du roi Baudoin IV, malade de la lèpre mais déterminé.

Durant cette période, Baudoin IV régnait seul, sans régent. Cédant aux demandes de sa sœur Sybille devenue veuve, mais aussi dans l'espoir de s'attirer l'aide du roi d'Angleterre Henry II, Baudouin la maria en 1180 à un noble Poitevin, Guy de Lusignan, vassal des Anjou, et dont le frère aîné Aimery II de Lusignan s'était déjà fait une place à la cour de Jérusalem. Comme Baudouin IV voyait sa santé décliner, il désigna Guy comme régent, cédant au parti de celui-ci mené par Agnès de Courtenay et Aimery de Lusignan, bien que Raymond de Tripoli et ses alliés y aient été très défavorables. Peu après, le roi perdit ses illusions quant aux capacités de Guy et lui retira la régence. En 1183 il fit couronner roi Baudouin V, le jeune fils de sa sœur Sibylle et de son premier mari, Guillaume de Montferrat, pour tenter d'empêcher Guy de lui succéder. Renaud était favorable à cette décision et était présent au couronnement.

Agnès mourut probablement dans la seconde moitié de 1184, et Baudouin IV expira lors du printemps de l'année suivante. Baudouin V, avec Raymond III de Tripoli comme régent, fut roi pendant moins d'un an jusqu'à sa mort en 1186. Renaud faisait partie des nobles qui tentèrent, aux côtés de Raymond III de Tripoli, d'empêcher Guy et Sybille de régner, en vain.

La dispute pour le pouvoir entre Guy et Raymond menaça la sécurité du Royaume, Guy projetant d'assiéger la ville de Tibériade, fief de Raymond qui lui-même s'allia avec Saladin. Balian d'Ibelin, un autre allié de Raymond, suggéra que Guy envoie une ambassade à Raymond, réfugié dans sa place forte de Tripoli, espérant que les deux se réconcilient avant que l'inévitable se produise (Saladin était en plein préparatifs de guerre). Renaud accompagna Balian, Gérard de Ridefort (Grand Maître des Templiers), Roger de Moulins (Grand Maître des Hospitaliers), et l'archevêque de Tyr à Tripoli. Le premier mai, Templiers et Hospitaliers furent défaits par le fils de Saladin Al-Afdhal à la Bataille de La Fontaine du Cresson ; Balian s'était retiré dans son fief de Naplouse et Renaud dans son château de Beaufort, et n'étaient donc pas présents lors du combat. Raymond eut vent de la défaite, alla au-devant des débris de l'ambassade à Tibériade, et la raccompagna à Jérusalem.

Le point d'orgue de l'invasion fut la bataille de Hattin. Ce fut une défaite totale des Croisés; Renaud put fuir l'encerclement des troupes musulmanes avec Balian et Josselin III d'Édesse, le frère de son épouse Agnès alors décédée. Sur l'autre aile de l'armée, Raymond III de Tripoli parvint également à forcer le passage. Renaud arriva à Tyr où il prit brièvement le pouvoir pour organiser la défense. Le Continuateur de Guillaume de Tyr, connu aussi sous le nom de Chronique d'Ernoul, rapporte qu'il négociait la reddition de la ville avec Saladin lorsque Conrad de Montferrat arriva : Saladin avait déjà donné à Renaud ses bannières pour qu'elles flottent sur les tours de la ville, mais Renaud avait peur que les habitants ne tiennent pas parole si Saladin n'était pas lui-même présent. Conrad jeta ces bannières dans le fossé et expulsa Renaud. Néanmoins tout ceci est discutable : les chroniqueurs arabes ne disent rien de tout ceci, et dans les faits Conrad et Renaud étaient des alliés très proches. Renaud en tout cas quitta bien Tyr pour sa forteresse de Beaufort (Sidon, son fief principal, avait été prise à la suite de la bataille de Hattin), peu après que Raymond III fut parti pour Tripoli : chaque noble avait comme priorité de défendre son propre territoire.

En 1189, Saladin mit le siège devant Beaufort. Renaud essaya de gagner du temps par la ruse et offrit de se retirer à Damas et de se convertir à l'islam. Il possédait en effet de bonnes connaissances de l'histoire musulmane et de la langue arabe qui charmèrent Saladin. Mais sa ruse fut démasquée par Saladin et il cria aux défenseurs de Beaufort, en arabe, de se rendre, en ajoutant en français, de continuer la lutte. Selon la Chronique d'Ernoul, Saladin «tortura» Renaud jusqu'à la capitulation de la place, bien qu'en réalité le château ne fut pris qu'un an après, le ; en échange de la liberté de Renaud retenu prisonnier à Damas.

Renaud joua alors un rôle important dans la politique de la troisième croisade. Il apporta son soutien à l'annulation du mariage de Onfroy IV de Toron et de Isabelle Ire de Jérusalem, pour que Isabelle puisse épouser Conrad de Montferrat. Ses connaissances en arabe en firent un diplomate efficace : il négocia avec Saladin pour le compte de Conrad en 1191-92, et aida en 1192 à la négociation de la paix entre Richard Cœur de Lion et Saladin. Sidon lui fut restituée en 1197 en gage d'amitié par Saladin.

Dans l'ouvrage Lignages d'Outremer, il est dit que Renaud était extrêmement laid mais particulièrement intelligent. Comme d'autres barons francs, il parlait l'arabe. Il était passionné de littérature arabe et était ami avec le frère de Saladin Al-Adel. Lorsqu'il négocia pour le compte de Conrad auprès d'Al Adel, Richard Cœur de Lion, qui soutenait son adversaire Guy de Lusignan, l'apprit par Onfroy de Toron et se détacha alors de Renaud. Cela, ajouté au fait qu'il avait fui à la bataille de Hattin, fit que les chroniqueurs occidentaux l'accusèrent même, ainsi que Raymond de Tripoli, à tort, de s'être converti secrètement à l'islam. Plusieurs années après la mort d'Agnès de Courtenay, (répudiée par Amaury 1er de Jérusalem) probablement après 1190, il épousa Helvis d'Ibelin, fille de ses amis Balian et Marie Comnène. Il eut trois enfants, apparemment tous de son mariage avec Helvis, bien que certains historiens considèrent que les deux filles aient été d'Agnès : c'est possible en ce qui concerne Agnès, l'aînée, qui aurait porté ainsi le prénom de sa mère, chose courante à l'époque.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Ma généalogie des Comnène à partir de Marie Comnène épouse d'Amaury 1er de Jérusalem puis de Balian d'Ibelin.

Manuel Erotikos Comnène (grec : Μανουήλ Ερωτικός Κομνηνός) était un général byzantin ayant servi sous le règne de l'empereur Basile II. Il est le premier ancêtre de la dynastie des Comnène sur lequel nous avons des sources. Ses origines et ses parents sont mal connus. Sa seule mention dans les sources indique qu'il dirige la défense de Nicée en 978 contre le rebelle Bardas Sklèros avant de servir comme émissaire impérial onze ans plus tard. Il a eu trois enfants dont l'aîné, Isaac devient empereur entre 1057 et 1059 et le plus jeune, Jean, est l'ancêtre direct de la dynastie des Comnène en tant que père d'Alexis Ier Comnène.

Jean Comnène  vers 1015 - ) est un aristocrate et un militaire byzantin. Frère cadet de l'empereur Isaac Ier Comnène, il exerce les fonctions de domestique des Scholes sous le règne de son frère. Il est surtout le père d'Alexis Ier Comnène qui devient empereur en 1081 et fonde véritablement la dynastie des Comnènes qui dirige l'Empire byzantin de 1081 à 1185 puis l'Empire de Trébizonde de 1204 à 1461.

Jean Comnène naît vers 1015. Il a pour père Manuel Erotikos Comnène, un général byzantin de Basile II, mort alors que ses enfants (dont Jean) sont encore jeunes ; ceux-ci sont élevés au sein de la cour impériale, leur permettant d'accéder à de hautes fonctions Jean Comnène apparaît dans les sources en 1057, au moment de l'arrivée au pouvoir de son frère Isaac. Ce dernier est alors à la tête d'un groupe de généraux rebellés contre Michel VI et le forcent à quitter le pouvoir. Au moment de la révolte, Jean détient le poste de doux mais après la victoire de son frère, il est élevé au rang de curopalate et nommé domestique des Scholes pour l'Occident (chef des armées impériales en Europe). Rien n'est connu des activités de Jean Comnène durant le court règne de son frère. Cependant, Nicéphore Bryenne le Jeune, l'époux d'Anne Comnène (la petite-fille de Jean Comnène) affirme qu'en tant que domestique, ses actions ont eu une grande influence sur les populations des provinces balkaniques.

Le règne d'Isaac est interrompu brusquement par son conflit avec le puissant patriarche de Constantinople Michel Cérulaire. Ce dernier a un rôle déterminant dans l'abdication de Michel VI, assurant à Isaac le soutien de l'influente aristocratie civile de la capitale. Cérulaire et ses partisans conduisent l'opposition à Isaac dont les réformes économiques drastiques sont impopulaires. L'empereur est finalement contraint de renoncer au pouvoir le , date de son retrait au monastère du Stoudion. Le trône est alors dévolu alors à Constantin X Doukas jusqu'en 1067. Selon Nicéphore Bryenne, Isaac aurait proposé la couronne à Jean Comnène avant d'abdiquer mais celui-ci l'aurait refusé en dépit de l'influence de sa femme, Anne Dalassène, qui souhaitait le voir monter sur le trône. Toutefois, selon l'historien Konstantinos Varzos, cette hypothèse manque de crédibilité et pourrait avoir été montée de toutes pièces pour légitimer l'arrivée au pouvoir d'Alexis, le fils de Jean, en 1081.

Jean Comnène disparaît des sources durant le règne de Constantin X, une possible disgrâce auprès de l'empereur en dépit des affirmations contraires de Nicéphore Bryenne . Le typikon datant de la fin du XIIe siècle du monastère du Christ Philanthropos, fondé par Irène Doukas (la femme d'Alexis Ier), est la seule source à mentionner la retraite de Jean dans un monastère, probablement au même moment que sa femme Anne Dalassène. Il meurt le

Jean Comnène est marié à Anne Dalassène, la fille d'Alexis Charon, probablement en 1044. Anne, qui naît vers 1028, a survécu de longues années à son mari et a conduit sa famille avec autorité. Elle est notamment impliquée dans des complots contre la famille rivale des Doukas dont elle n'a jamais oublié le rôle dans le renversement d'Isaac à leur profit. Plus tard, elle participe activement au renversement de Nicéphore III Botaniatès qui conduit à l'arrivée au pouvoir de son fils Alexis. Par la suite, elle dirige l'empire aux côtés de son fils, gouvernant à Constantinople alors qu'Alexis est engagé dans de multiples guerres aux frontières de l'Empire. Finalement, elle se retire dans un monastère et meurt entre 1100 et 1102. Au total, Jean et Anne ont huit enfants :

Alexis Ier Comnène, détail d'une miniature d'un manuscrit de la Panoplie dogmatique d'Euthyme Zigabène, XIIe siècle, Bibliothèque apostolique vaticane

Alexis Ier Comnène, détail d'une miniature d'un manuscrit de la Panoplie dogmatique d'Euthyme Zigabène, XIIe siècle, Bibliothèque apostolique vaticane

Alexis Ier Comnène ( né vers 1058 et mort le , est un empereur byzantin du au . Il est le troisième fils du curopalate Jean Comnène et d'Anne Dalassène, et le neveu de l'empereur Isaac Ier.

Son règne de 37 ans est l'un des plus longs de l'Empire byzantin et aussi l'un des plus agités. Son arrivée au pouvoir marque la fin d'une période de guerres civiles qui ont mis à bas les structures impériales solides de l'ère macédonienne tandis que les menaces extérieures s'amoncellent, conduisant à des pertes territoriales importantes, allant jusqu'à menacer la survie même de l'Empire. De ce fait, les premières années du règne d'Alexis sont toutes entières consacrées à la lutte d'abord contre les Normands puis contre les Petchénègues et les Seldjoukides. Il parvient dans un premier temps à défendre efficacement les frontières de l'Empire avant de reconquérir une partie de l'Asie mineure dans le sillage de la première croisade, même si ses relations avec les Croisés sont ambivalentes. En parallèle de cette intense politique étrangère, il procède à des réformes de grande ampleur de toute l'administration de l'Empire, fondant la légitimité de sa famille sur un réseau d'alliances matrimoniales particulièrement dense. La famille impériale devient le cœur du pouvoir. Enfin, il est également très impliqué dans les affaires religieuses de son époque.

À sa mort, Alexis lègue à son fils un territoire consolidé et agrandi. Son œuvre restauratrice et réformatrice est l'une des plus importantes de l'histoire de l'Empire byzantin. Cependant, si à court et moyen terme le gouvernement d'Alexis Ier est un succès, son bilan reste contrasté. Il ne parvient qu'imparfaitement à rétablir la puissance byzantine, car la reconquête de l'Asie mineure reste partielle. En outre, l'économie de l'Empire commence à subir la concurrence des républiques italiennes. Il est aussi accusé d'avoir mis fin à un début de renaissance culturelle. Enfin, les bases sur lesquelles repose désormais l'autorité impériale, c'est-à-dire sur les liens familiaux, apparaissent comme fragiles à long terme.

De son mariage avec Irène Doukas, Alexis a 9 enfants :

Surtout, Alexis va associer étroitement sa famille, enfants, neveux, nièces dans un réseau complexe d'alliances matrimoniales qui lient les Comnène à toutes les grandes familles de l'aristocratie byzantine.

Godefroy de Bouillon et les barons reçus par l'empereur Alexis Ier Comnène.

Godefroy de Bouillon et les barons reçus par l'empereur Alexis Ier Comnène.

Jean II Comnène, mosaïque de l'église Sainte-Sophie de Constantinople (XIIe siècle)

Jean II Comnène, mosaïque de l'église Sainte-Sophie de Constantinople (XIIe siècle)

Jean II Comnène  né le et mort le en Cilicie, est un ,empereur byzantin qui règne du au . Il est surnommé Kalojannis ou Calojanni, soit « Jean le Beau », beau intérieurement, d'une bonne âme (Kalos signifiant « beau », Jannis, « Jean »). Les chroniques de l'époque le décrivent de teint sombre, avec des traits plutôt ingrats et des cheveux noirs qui lui valent le surnom de Maurus.

Son règne, avec celui de son fils Manuel, correspond à la dernière période d'expansion de l'Empire byzantin. Poursuivant l'œuvre de son père Alexis Ier Comnène, il lutte activement contre les Seldjoukides en Asie mineure, écrase définitivement les Petchénègues et pacifie les Balkans. Toutefois, les résultats de Jean II demeurent inconstants et mitigés (à Antioche, par exemple, et face à Venise), et expliquent que le bilan de son règne soit regardé, indépendamment de la personnalité de l'empereur, avec circonspection par les historiens. Ce phénomène est probablement accentué par le fait que son règne s'articule entre ceux, plus denses et plus dramatiques, d'Alexis Ier et de Manuel Ier, dont les personnalités semblent plus complexes que la sienne.

 

Jean II Comnène et sa femme Irène de Hongrie, mosaïque à l'intérieur de Sainte-Sophie.

Jean II Comnène et sa femme Irène de Hongrie, mosaïque à l'intérieur de Sainte-Sophie.

Jean II et Irène de Hongrie qu'il épouse en 1104 ont huit enfants :

Irène de Hongrie, ou Piroska, rebaptisée sous le nom Eirene (née vers 1088 à Esztergom - morte le ), est une impératrice byzantine.

C’est aussi une sainte des Églises chrétiennes, célébrée le 13 août

Piroska est la fille du roi Ladislas Ier de Hongrie et d’Adélaïde de Rheinfelden, fille du duc Rodolphe Ier de Souabe. Elle est née à Esztergom dans l’actuel Komárom-Esztergom au nord de la Hongrie. Sa mère Adélaïde disparaît en 1090 quand Piroska n’a encore que deux ans. Son père suit son épouse dans la tombe quelques années plus tard, le . Le neveu de Ladislas, Coloman de Hongrie, lui succède et devient le tuteur de sa cousine orpheline.

Le nouveau souverain magyar, pour améliorer les relations avec son voisin byzantin d’Alexis Ier Comnène, organise le mariage de sa cousine avec Jean II Comnène, le fils aîné et héritier présomptif d’Alexis Ier Comnène et d’Irène Doukas. Jean est déjà corégent de son père depuis le et il est son successeur légitime. Les négociations nuptiales aboutissent et le mariage est célébré en 1104. L’union est consacrée par Jean Zonaras et Jean Cinnamus. Lors de son adhésion à l'Église orthodoxe, elle est rebaptisée Irène, et s’installe au palais impérial de Constantinople.

Irène joue un rôle mineur dans le gouvernement de l’Empire. Très pieuse, elle vivait simplement au Grand Palais. Elle et Jean II — très pieux lui aussi — fondèrent beaucoup de monastères dont en particulier celui du Christ Pantocrator à Constantinople.

Irène meurt le . Elle est plus tard vénérée, notamment dans la religion orthodoxe, comme une sainte et sa fête est célébrée le 13 août.

Mosaïque représentant le portrait d'Irène de Hongrie, Sainte Sophie à Constantinople, aujourd'hui Istanbul

Mosaïque représentant le portrait d'Irène de Hongrie, Sainte Sophie à Constantinople, aujourd'hui Istanbul

Andronic Comnène est né en 1108 ou 1109. Il est le troisième enfant et le deuxième fils de Jean II et de sa femme, Irène de Hongrie. Vers 1122, alors que son frère aîné Alexis Comnène est élevé au rang de coempereur, lui-même devient sébastocrator avec ses deux jeunes frères, Isaac Comnène et le futur Manuel Ier Comnène. Cette dignité est alors la plus élevée après celle d'empereur.

Andronic est très tôt impliqué dans la politique militaire de son père. Il l'accompagne lors d'une campagne victorieuse contre le royaume de Hongrie en 1129. Comme ses autres frères, il est aussi des campagnes contre les Seldjoukides en Asie Mineure. Les poètes de la cour, Michel Italikos et Théodore Prodrome, louent les compétences militaires d'Andronic, comparé à des héros mythiques de l'Iliade. Il meurt en août 1142, un an avant son père et juste après son frère aîné Alexis, qui décède d'une fièvre brutale près d'Antalya, lors d'une campagne contre le royaume de Petite-Arménie. Andronic a justement pour mission de ramener le corps de son frère à Constantinople mais il tombe lui aussi malade. Finalement, c'est Isaac qui ramène les dépouilles de ses deux frères jusqu'à la capitale, pour qu'ils soient enterrés au monastère du Pantocrato.

Andronic se marie vers 1124 à une femme nommée Irène, dont la famille est totalement inconnue ?, à l'exception d'une référence d'un poète anonyme qui affirme qu'elle descend d'Énée. Plusieurs enfants leur sont connus :

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

L'Empire byzantin en 1076, sous Michel VII Doukas.

Les Doukas  forment une ou plusieurs familles ayant appartenu à l'aristocratie byzantine. Le nom apparaît dans les textes au IXe siècle, mais son origine est incertaine. Une branche régna sur l'empire de 1059 à 1081. Le nom devint avec le temps synonyme de noblesse et fut associé à d'autres noms comme celui des Comnène et Doukas d'Épire et de Thessalonique. Les liens de parenté entre les générations sont souvent difficiles à établir ou douteux, de telle sorte qu'il est impossible d'affirmer avec certitude que tous les personnages ayant porté ce nom aient effectivement appartenu à une seule famille.

Le nom dérive probablement du terme « doux », forme grecque du titre militaire latin « dux » s’appliquant à un général commandant les forces armées dans les zones limitrophes de l’empire. Selon l’historien Nicéphore Bryenne qui écrivait au XIe siècle et qui se réfère à la tradition, l’ancêtre de la famille aurait été un parent et associé de Constantin le Grand dont on ne connait pas le nom mais qui aurait quitté Rome lors de la fondation de Constantinople et aurait été nommé « doux » de la nouvelle capitale. Il s’agit là d’une fonction et le nom de cet individu n’est pas mentionné. En liant nom et fonction, la légende visait sans doute à illustrer l’origine noble et ancienne de cette famille.

Divers auteurs ont évoqué la possibilité d’une ascendance arménienne en faisant état d’un certain Andronic Doukas, tourmarque des Arméniaques qui, en 792, aurait été un partisan d'Alexis Mousélé, stratège des Arméniaques, lequel fut soupçonné d'aspirer au trône, destitué et aveuglé par l'empereur Constantin VI. Il semble plus probable toutefois que les Doukas étaient des gens aisés parlant grec et possédant de vastes domaines en Paphlagonie.

Comme il est impossible d'établir la continuité historique entre les générations qui se sont succédé entre les IXe et XIIe siècles, les chercheurs distinguent généralement trois lignées de Doukas. La première va du milieu du IXe à la fin du Xe siècle; la deuxième est constituée par les empereurs de la dynastie des Doukas au XIe siècle ; la troisième allant jusqu'au XIVe siècle regroupe ceux qui, selon une coutume en vogue à l'époque, ajoutaient à leur nom propre le nom de familles prestigieuses même si les liens avec cette famille étaient ténus et loin d’être démontrés.

Le premier Doukas dont l'existence est attestée est un général envoyé vers 843-844 convertir de force les Pauliciens d'Asie mineure pendant la régence de l'impératrice Théodora, laquelle cherchait à rétablir l'orthodoxie pendant la crise iconoclaste. On le connaît seulement sous le nom de « Doux » ; toutefois l’historien Jean Skylitzès interpole le prénom d'Andronic, en le confondant peut-être avec le personnage du paragraphe suivant, le prénom « Andronic » étant particulièrement fréquent dans la famille. La brutalité avec laquelle les généraux conduisirent leur mission eut pour résultat une révolte des Pauliciens et leur fuite chez les populations arabes.

Sous le règne de l’empereur Léon VI le Sage (886-912), Andronic Doukas (lui aussi connu plutôt sous le nom de « Doux » que de « Doukas ») et son fils, Constantin, s'illustrèrent dans la hiérarchie militaire au cours des guerres continuelles que mena ce souverain contre les Arabes. Après avoir gagné une importante victoire contre eux à Maraş, Andronic dut se joindre à une expédition conduite par Himérios. Toutefois, il se rebella et, après s'être emparé de la ville de Kabala, près d'Iconion, fit défection. Léon VI tenta de le persuader de retourner, mais le favori de l'empereur, un jeune Arabe converti du nom de Samonas, fit en sorte que les Arabes aient vent de ces communications. Ils jetèrent alors Andronic en prison où il mourut vers 910. Constantin pour sa part parvint à s'enfuir et, revenu en grâce, occupa d'abord le poste de strategos de Charsianon et ensuite de domestique des Scholes. À la mort de Léon VI, son frère Alexandre fut nommé comme régent au nom de Constantin VII Porphyrogénète. Toutefois, le patriarche Nicolas Ier Mystikos, ami de la famille Doukas, incita Constantin à revendiquer le trône. Celui-ci entra à Constantinople avec son armée et fut proclamé empereur à l'hippodrome. Après avoir subitement changé d'avis, le patriarche prépara la résistance. La rébellion des Doukas fut réprimée par la garde impériale ; Constantin, de même que son fils Grégoire et son neveu Michel, furent tués au cours des batailles de rues qui s'ensuivirent. Étienne, le plus jeune fils de Constantin, fut castré et, avec sa mère, envoyé en exil dans le domaine familial de Paphlagonie.

Le dernier Doukas de ce groupe fut Nicolas Doukas dont on ignore la relation avec les précédents et qui périt à la bataille de Katasyrtai, près de Constantinople, en 917 contre les Bulgares.

Il est probable, comme le mentionne Zonaras qui écrivait au XIIe siècle, que cette branche des Doukas s'éteignit avec Constantin Doukas en 913 et que la dynastie des empereurs Doukas n'ait été reliée à ce premier groupe que de façon matrilinéaire.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Le général Constantin Doukas s'échappant de captivité vers 908 et jetant des pièces d'or derrière lui pour retarder ses poursuivants. D'après une miniature d'un manuscrit de Jean Skylitzès, Madrid.

Vers la fin du Xe siècle, une deuxième famille fait son apparition, aussi appelée Lydos (« Lydiens », faisant sans doute allusion au lieu de leur origine). Elle se compose d'Andronic Doux Lydos et de ses deux fils, Christophe et Bardas, ce dernier portant également le sobriquet de Mongos (l'enroué). Il est difficile de déterminer si le « Doux » dans ce nom fait référence à la famille ou à un titre militaire. Il est également impossible de déterminer s'il existait ou non un lien entre cette famille et le groupe précédent.

Quoi qu’il en soit, ces Doukas furent impliqués dans la rébellion de Bardas Sklèros contre l'empereur Basile II en 976-979. Toutefois, les fils reçurent éventuellement le pardon impérial et purent reprendre leur carrière. On retrouve Bardas Mongos, l'enroué à la tête d'une expédition militaire contre les Khazars en 1017.

Le deuxième groupe de Doukas mentionné dans les sources est représenté par l'empereur Constantin X Doukas et le césar Jean Doukas, les fils d'Andronic Doukas, ainsi que par leurs descendants directs. Ici encore, les liens avec les Doukas du siècle précédent ne sont pas évidents. Michel Psellos qui était un grand ami de la famille de même que Nicolas Kalliklès affirment qu'ils étaient bien reliés, mais Zonaras parle plutôt de filiation matrilinéaire.

À l'extinction de la dynastie macédonienne, l'avènement d'Isaac Comnène marqua le début d'une rivalité intense entre le gouvernement civil du Palais, installé au pouvoir jusqu'alors, et la hiérarchie militaire que favorisaient les Comnène. Le court règne d'un peu plus de deux ans suffit à rendre Isaac extrêmement impopulaire, si bien que peu de temps avant sa mort, son frère Jean ayant refusé le trône, l'empereur désigna son ministre et principal conseiller, Constantin Doukas, comme son successeur. Le règne de Constantin ( au ) vit le retour au pouvoir de l'aristocratie urbaine, de la bureaucratie et des rhéteurs, la famille appartenant à l'aristocratie urbaine et vivant des rentes que lui rapportaient ses immenses domaines de Paphlagonie. Aussi charmant que faible de caractère, Constantin X s'appuya pour gouverner sur son frère, le césar Jean Doukas, sur l'écrivain Psellos et sur son épouse Eudoxie Makrembolitissa.

Lorsque Constantin mourut son fils Michel VII Doukas (-) était encore trop jeune pour régner. Malgré la promesse qu'elle avait faite à son mari, la régente Eudoxie s'empressa d'épouser un général qui avait déjà comploté pour s'emparer du pouvoir, Romain IV Diogène. Détenteur du pouvoir effectif, celui-ci régna en maître jusqu'à sa défaite aux mains des Turcs à la bataille de Mantzikert en 1071. Eudoxie dut rappeler d'exil le césar Jean Doukas qui, voulant éviter un retour éventuel de Romain Diogène toujours prisonnier des Turcs, fit proclamer son neveu Michel basileus et força Eudoxie à se retirer dans un monastère. Effectivement, Romain Diogène tenta un retour à Constantinople, mais fut arrêté par Constantin Doukas, deuxième fils du césar Jean Doukas à Amasée du Pont. Les efforts de conciliation entrepris par Michel n'eurent aucun résultat et Romain, réfugié à Adana, fut attaqué et vaincu par le général Andronic Doukas, fils aîné du césar Jean Doukas.

Devenu seul maître, l'intellectuel Michel VII Doukas laissa ses conseillers diriger l'empire sous le contrôle du césar Jean Doukas. Ce dernier fut toutefois écarté du pouvoir par l'un de ces conseillers, l'eunuque Niképhoritzès. Celui-ci profita de sa situation pour s'enrichir en faisant monter le prix du blé à tel point qu'en 1076, année marquée également par une épidémie de peste et de nouvelles invasions turques, une révolte générale des armées d'Europe et d'Asie se termina par l'abdication de Michel VII. Michel offrit à son frère Constantin de lui succéder, mais celui-ci refusa le trône et se rallia au général Nicéphore Botaniatès qui devint le nouveau basileus pendant que Michel était intronisé archevêque d'Éphèse.

La dynastie se terminait ainsi après seulement une vingtaine d'années au pouvoir. Toutefois, la famille avait profité de son passage sur le trône impérial pour s'allier à plusieurs autres familles en vue dont les Comnène, les Paléologue et les Pegonitai. De ces familles, les Comnène seront (rapidement) particulièrement importants puisque, après l'interlude Doukas, cette dynastie succédera à celle des Macédoniens. À l'occasion toutefois cette étroite association entre les Doukas et Comnène jouera en leur défaveur. C'est ainsi que certains membres de la famille Comnène ne pardonneront pas à Isaac Ier d'avoir abdiqué en faveur de Constantin Doukas. Ce fut le cas entre autres d'Anne Dalassène, femme de Jean Comnène (frère d’Isaac Ier) qui restera jusqu’à la fin de sa vie farouchement opposée aux Doukas. Elle s’alliera à Romain IV et lui demeurera fidèle même après qu’il eût été remplacé par les Doukas en 1071 ce qui lui vaudra d’être bannie avec ses fils.

Au contraire, le mariage entre Irène Doukaina et Alexis Comnène en 1077 profita aux deux familles. Ce mariage donna à Alexis Comnène préséance sur son frère aîné Isaac. Et c’est grâce à l’influence des Doukas que l’armée proclama Alexis héritier du trône, tout comme c’est grâce à celle du patriarche de Constantinople, un autre allié des Doukas, que Nicéphore III Botaniatès finit par abdiquer, évitant ainsi une guerre civile. Du reste, les Doukas n’abandonnèrent pas tout à fait leurs prétentions au trône. D’une part ils parvinrent à faire en sorte qu’Alexis Ier donne à Constantin Doukas, fils de Michel VII déposé, le rang de césar; d’autre part et malgré l’opposition des Comnène, ils réussirent à faire couronner Irène comme augusta même si ce ne fut pas le même jour mais près d'une semaine après le couronnement de son époux.

DE "KINGDOM OF HEAVEN" ET NOS ANCÊTRES  CROISES A PAUL LE FLEM, MARLENE JOBERT, MARIKA GREEN EVA GREEN

Le despotat d'Épire et le royaume de Thessalonique seront, après la division de l'empire byzantin en 1204, régis par la famille dite des Comnène Doukas.

Partager cet article
Repost0