16 mars 2023
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Pourquoi s'arrêter en si bon chemin, après Talleyrand et Jean Baptiste Colbert... Deux nouveaux cousinages d'un coup et de plus, il s'agit d'un couple celui formé par Jean d'Ormesson et son épouse Françoise Béguin (les sucres Béguin Say, vous connaissez ?)...
Tous les deux ont dans leurs origines des ancêtres bretons:
Pour Jean d'Ormesson, c'est par la généalogie de sa grand mère Valentine de Boisgelin (1865 - 1942) que nous arrivons en Bretagne avec des couples de nos ancêtres comme :
Jean de Goyon Matignon, sgr de Matignon, marié à Marguerite de Mauny.
Silvestre de Boisgelin, sgr de la Noé verte, marié à Marguerite Geslin.
Jean V de Harcourt marié à Blanche de Ponthieu, mais cette fois nous avons quitté la Bretagne...
Pour Françoise Béguin, c'est par la généalogie de Simone de Lenzbourg (1904-1906) puis par la branche de Caroline Marie Louise de La Bourdonnaye que nous arriverons à relier cette généalogie à la nôtre par des couples comme :
Guillaume de Montauban marié à Bona Visconti avec une généalogie remontant aux Doges de Venise...
Robert d'Espinay marié à Marguerite de La Courbe.
Bertrand de Goyon Matignon marié à Marguerite Madeuc.
Jacques Budes marié à Anne Callac.
Et d'autres sans doute, mais le lien est fait !.
Jean Lefèvre d'Ormesson, comte d'Ormesson, appelé couramment Jean d'Ormesson, parfois surnommé Jean d'O, est un écrivain, journaliste et philosophe français, né le à Paris et mort le à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
Membre de la famille Lefèvre d'Ormesson, une des familles subsistantes de la noblesse française, propriétaire du château d'Ormesson dans le Val-de-Marne, il descend par sa mère de la famille Lepeletier de Saint-Fargeau, propriétaire du château de Saint-Fargeau dans l'Yonne. Il se voit dispenser un enseignement privilégié et est notamment élève de l'École normale supérieure.
Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages, allant de grandes fresques historiques imaginaires (La Gloire de l'Empire, 1971) aux essais philosophiques dans lesquels il partage ses réflexions sur la vie, la mort ou l'existence de Dieu (Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, 2016). Il est élu à l'Académie française en 1973. De 1974 à 1977, il est également le directeur général du Figaro.
Considéré pendant plus de quarante ans comme l'ambassadeur médiatique de l'Académie française, il était très présent dans des émissions télévisées littéraires ou plus généralistes, où il est régulièrement invité pour son érudition et son art de la conversation.
Origines
Jean Bruno Wladimir François-de-Paule Lefèvre d'Ormesson naît le dans le 7e arrondissement de Paris.
Issu de la famille Lefèvre d'Ormesson, il est :
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le fils cadet d'André d'Ormesson (1877-1957), marquis d'Ormesson, ambassadeur de France et ami de Léon Blum ;
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le neveu de l’ambassadeur Wladimir d'Ormesson ;
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le cousin germain du député Olivier d'Ormesson ;
-
le frère cadet de Henry d'Ormesson (1921-1995), énarque et inspecteur général des finances.
Sa mère, Marie Henriette Isabelle Anisson du Perron (1892-1975), issue de la famille Anisson du Perron, descend d'Étienne-Alexandre-Jacques Anisson-Dupéron (1749-1794), directeur de l'Imprimerie royale en 1783, privé de cet emploi à la Révolution et guillotiné.
Membre de la famille Lefèvre d'Ormesson (marquis d’Ormesson) appartenant à la noblesse de robe, en tant que cadet dans sa fratrie, il porte le titre de « comte ».
Parmi ses ancêtres, se trouvent le juge Olivier Lefèvre d'Ormesson, disgracié à la suite du procès de Nicolas Fouquet, ainsi que par sa mère, le conventionnel Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau. Il descend également du maréchal d'Empire Grouchy, défait à Waterloo.
À l'origine, ses ancêtres s'appelaient Le Fèvre. C'est son ancêtre Jean Le Fèvre qui, au début du XVIe siècle, amorce l'ascension sociale en devenant commis au greffe du Parlement de Paris. Son fils, Olivier Le Fèvre (1525-1600), devient président de la Chambre des comptes de Paris et acquiert les seigneuries d'Eaubonne et d'Ormesson. Il est anobli en 1553. La famille s'établit en 1758 à Amboile, dans la vallée de la Marne, terre dont elle obtient l'érection en marquisat, le village étant renommé de ce fait Ormesson-sur-Marne.
Jeunesse et formation
Jean d'Ormesson passe son enfance au château de Saint-Fargeau, qui appartient à sa mère, épisode de sa vie qu'il évoque dans Au plaisir de Dieu. Pendant sa jeunesse, la famille suit les missions du père en Bavière (de 1925 à 1933), en Roumanie et au Brésil, à Rio de Janeiro. Il est élevé par sa mère, des nourrices et des gouvernantes jusqu'à l'âge de 14 ans et suit toute sa scolarité les cours par correspondance du Cours Hattemer.
Son père, ambassadeur à la retraite, avait été nommé à la tête de la Croix-Rouge française et avait dû aller travailler à Vichy (où il n’est resté que 24 heures avant de démissionner). « Il nous installe, ma mère et moi, flanqués de mon cousin Jacques et de sa mère, ma blonde et délicieuse tante Anne-Marie dont le mari est prisonnier en Allemagne, dans la modeste pension Bon Accueil à Royat et il m’inscrit en première, pour préparer mon bachot, au lycée Blaise-Pascal à Clermont-Ferrand. »
Ce passage en Auvergne ne durera que quelques mois. Le temps de tracer, lors de l’hiver 1940-1941, des croix de Lorraine sur les murs de Clermont-Ferrand, d’emprunter quotidiennement le tramway Royat - Clermont-Ferrand, et de vivre un hiver glacial avant de quitter la région en direction de Nice.
Entre 1941 et 1942, il est élève au lycée Masséna de Nice, il obtient son baccalauréat en 1943, après un premier échec. Il entre en hypokhâgne au lycée Henri-IV, puis intègre à 19 ans l'École normale supérieure.
Licencié ès lettres et en histoire, il tente ensuite, contre l'avis de son professeur Louis Althusser, l'agrégation de philosophie, qu'il obtient en 1949 à la troisième présentation. Il se classe douzième parmi les vingt et un candidats reçus.
Vie privée et débuts dans le journalisme
Après son service militaire au sein d'un régiment parachutiste , il donne quelques cours de grec classique et de philosophie au lycée public Jacques-Decour, puis entame une carrière de journaliste à Paris Match où il écrit quelques articles « people », ainsi qu'aux quotidiens Ouest-France, Nice-Matin et Progrès de Lyon.
Il vit alors dans l'appartement de ses parents 97, rue du Bac, jusqu'à son mariage à l'âge de 37 ans. Il s'agit d'une partie de l'hôtel particulier de 1722 qui est habité de 1809 à 1824 par Constance de Théis, successivement princesse, comtesse — et à nouveau princesse — de Salm-Dyck, puis sous le Second Empire par le maréchal Vaillant, avant que vers 1987 son nouveau propriétaire ne le restaure et remeuble.
C'est en effet le , qu'il épouse à Paris dans le 16e arrondissement, Françoise Béghin, née dans cet arrondissement le , de 13 ans sa cadette, fille benjamine de Ferdinand Béghin, magnat de la presse (et administrateur du Figaro à partir de 1950) et du sucre (PDG de la société Béghin-Say), suisse par sa mère, et également cousine (par sa tante paternelle) du cinéaste Louis Malle. Leur fille Héloïse naît le .
En 1950, par l'entremise de Jacques Rueff, un ami de son père, alors président du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines à l'UNESCO, Jean d'Ormesson est nommé secrétaire général de ce conseil, organisme international rattaché auprès de l'UNESCO. Il deviendra président de ce même Conseil en et le restera jusqu'en 1996.
Il est rédacteur en chef adjoint (1952-1971), membre du comité de rédaction (à partir de 1971), puis rédacteur en chef de la revue Diogène (sciences humaines). Il est plusieurs fois conseiller dans des cabinets ministériels (dont celui de Maurice Herzog à la Jeunesse et aux Sports) et membre de la délégation française à plusieurs conférences internationales, notamment à l'assemblée générale des Nations unies en 1968.
Romans
En 1956, il publie son premier roman, L'amour est un plaisir, qui se vend à seulement 2 000 exemplaires, alors que son éditeur Julliard voit en lui un « frère de Sagan ». Il connaît son premier succès critique et public en 1971 avec le roman La Gloire de l'Empire (100 000 exemplaires vendus) pour lequel il reçoit le grand prix du roman de l'Académie française.
Il apparaît six fois dans l'émission télévisée Italiques entre 1971 et 1974.
Jean d'Ormesson écrit de nombreux romans, qui échappent souvent aux conventions du genre romanesque : les intrigues sont construites autour de plusieurs personnages et font place à de nombreuses digressions et à des anecdotes personnelles, alliant l'humour et l'érudition. Les fictions de Jean d'Ormesson constituent souvent une méditation sur le temps qui passe et prennent parfois l'allure d'un traité de vie : La Gloire de l'Empire, Dieu, sa vie, son œuvre, Histoire du Juif errant, La Douane de mer, Presque rien sur presque tout. La dimension autobiographique est toujours très présente, en particulier dans Du côté de chez Jean, Au revoir et merci, Le Rapport Gabriel, C'était bien, livres à mi-chemin entre le récit et l'essai, où Jean d'Ormesson parle de lui-même, tout en inventant certains détails de sa vie sur le ton de la fausse confidence ou de la fausse modestie.
Dans ses derniers livres, il explore d'autres voies en relatant d'outre-tombe sa propre vie passée ou en adoptant un registre plus mélancolique (Une fête en larmes).
En 2015 et 2018, Jean d'Ormesson est édité au sein de la collection de la bibliothèque de la Pléiade des éditions Gallimard, avec deux tomes d'œuvres choisies. Il est rare qu'un auteur soit édité dans la prestigieuse collection de son vivant et ce, malgré des reproches sur la qualité littéraire de son œuvre. Il avait d'une certaine manière une présence dans la Pléiade en composant l'album (iconographie commentée) sur Chateaubriand dont il est un grand admirateur, lui consacrant une biographie, Mon dernier rêve sera pour vous.
Académie française
Jean d'Ormesson est élu à l'Académie française le , au fauteuil 12, face à Paul Guth, succédant à Jules Romains mort l'année précédente. Il y est élu un mois après la mort de son oncle Wladimir d'Ormesson (décédé le ), qui occupait le fauteuil 13 de l'Académie française. Il y fut reçu le par Thierry Maulnier.
Il fait campagne pour défendre la réception sous la coupole de Marguerite Yourcenar, la première femme admise à l'Académie en 1980, répondant à son discours de remerciement en 1981. Il milita fortement, y compris avec un discours de présentation, pour la candidature de Valéry Giscard d'Estaing en 2003, ce qui fut concrétisé malgré les polémiques concernant le peu d'expérience littéraire de l'ancien président. Il reçoit également Michel Mohrt en 1986 et Simone Veil le 18 mars 2010.
Il était le benjamin de l'Académie française à son entrée. À sa mort, il en était le doyen d'élection (depuis le décès de Claude Lévi-Strauss le ) et le vice-doyen d'âge depuis la mort de Michel Déon un peu moins d'un an auparavant.
Directeur général du Figaro
En 1974, il est nommé directeur général du Figaro.
Ses opinions sur la guerre du Viêt Nam lui valent des paroles très dures de Jean Ferrat dans la chanson Un air de liberté. En 1975, à la suite de la suppression de cette chanson d'une émission de télévision à la demande de Jean d'Ormesson, Jean Ferrat s'explique : « Je n'ai rien contre lui, contre l'homme privé. Mais c'est ce qu'il représente, [...] la presse de la grande bourgeoisie qui a toujours soutenu les guerres coloniales, que je vise à travers M. d'Ormesson. »
En 1976, toujours directeur général du Figaro, il apporte son soutien au journaliste et responsable syndical (CGC) Yann Clerc qui aide Robert Hersant, le nouveau propriétaire du titre (à partir de ), à éliminer toute opposition des journalistes après sa prise de pouvoir. Plus de soixante-quinze journalistes démissionnent en invoquant la clause de conscience. Bernard Pivot, soutenu par l'ancien propriétaire du groupe de presse Jean Prouvost, réussira à négocier des indemnités qui lui permettront de financer la piscine de sa maison dans le Beaujolais, à laquelle il donnera le nom de Jean d'Ormesson. Ce dernier a très bien pris la plaisanterie et les deux hommes deviendront amis. « Je pensais qu'on donnerait mon nom à une école après ma mort, a-t-il réagi, je ne pensais pas qu'on le donnerait à une piscine de mon vivant ».
Il démissionne de son poste de directeur en 1977 face à l'ingérence rédactionnelle de Robert Hersant.
Il continue une chronique régulière jusqu'en 1983 dans le nouveau supplément Le Figaro Magazine dont le rédacteur en chef est Louis Pauwels.
Jean d'Ormesson poursuit sa collaboration à la rubrique « Débats et opinions » du journal Le Figaro. La première biographie à son sujet, écrite par Arnaud Ramsay, Jean d’Ormesson ou l'élégance du bonheur, a été publiée en 2009.
Pensée et positionnement politiques
Jean d'Ormesson se considère comme « un homme de droite — un gaulliste avéré, mais un gaulliste européen — qui a beaucoup d'idées de gauche : des idées d'égalité et de progrès, ce progrès qui est abandonné par la gauche à cause des écologistes. »
Sa présence médiatique en fait une personnalité de l'intelligentsia de la droite française. En 1978, il est un des membres fondateurs du Comité des intellectuels pour l'Europe des libertés. Il prend part au débat dans la campagne pour le référendum sur le traité de Maastricht dans un entretien avec le Président François Mitterrand lors de l'émission Aujourd'hui l'Europe se déroulant le à la Sorbonne à Paris et présenté par Guillaume Durand.
En 2012, il soutient Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle.
Passeport libanais
À l'occasion d'une interview au cours de laquelle il commente le renoncement de François Hollande à réunir le Congrès sur la question de la déchéance de nationalité, Jean d'Ormesson révèle qu'il possédait également un passeport libanais (« Je suis, moi-même, binational (j'ai un passeport libanais). »). Il lui avait été accordé par le gouvernement provisoire du général Michel Aoun lors d'un séjour durant la guerre civile libanaise.
Défense des chrétiens d'Orient
Dès 2008, Jean d'Ormesson dénonce le sort des populations qui fuient ou survivent dans le nord de l'Irak et de la Syrie, en particulier les chrétiens d'Orient. Il définit ceux-ci comme « nos frères aînés, auxquels nous devons admiration et respect ».
Affaire judiciaire
En 2003, l'académicien et son épouse Françoise sont soupçonnés d'avoir dissimulé 16 millions d'euros à l'administration fiscale française, mais le non-respect de procédures d'entraide judiciaire internationale provoque l'interruption des poursuites.
Maladie et mort
En 2013, il évoque un cancer de la vessie lui ayant valu huit mois d'hospitalisation. Il déclare, une fois remis, qu'il avait « une chance sur cinq de [s]’en sortir » et que « le cancer a rayé une année de [s]a vie. »
Jean d'Ormesson meurt d'une crise cardiaque dans la nuit du 4 au 5 décembre 2017 (tôt dans la matinée du ), à son domicile, à Neuilly-sur-Seine, à l'âge de 92 ans.
Sa mort précède de quelques heures celle d'une autre figure culturelle française, Johnny Hallyday. Bruno Frappat, dans La Croix, parle de la disparition de « deux voix de la France ». Les médias rappellent à cette occasion une déclaration faite quelques années auparavant par Jean d'Ormesson qui estimait — citant en exemple les décès quasi-simultanés, en 1963, d'Édith Piaf et de Jean Cocteau — qu'il est préférable pour un écrivain de ne pas mourir en même temps qu'une vedette de la chanson, sous peine de voir sa disparition éclipsée.
Sa famille indique que « sa dépouille sera incinérée plus tard dans l'intimité ». Il n'est en effet pas enterré au cimetière du Père-Lachaise dans la chapelle familiale située en 56e division comme il l'avait laissé deviner dès 2014 où il avait indiqué que « ce caveau est plein comme un œuf » et qu'il devra « se faire cendres ».
Une cérémonie religieuse en la cathédrale Saint-Louis des Invalides a lieu le . La messe est célébrée par le père Matthieu Rougé, curé de la paroisse Saint-Ferdinand des Ternes - Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus et ami de Jean d'Ormesson. L'éloge funèbre est prononcé par l'académicien Jean-Marie Rouart, suivi d'un hommage national rendu par le président Emmanuel Macron, qui dépose un crayon sur son cercueil après avoir prononcé un discours saluant un écrivain qui constituait un « antidote à la grisaille des jours ». Cet hommage se déroule en présence de 150 invités parmi lesquels François de Rugy, président de l'Assemblée nationale, Gérard Larcher, président du Sénat, des anciens présidents Nicolas Sarkozy, avec son épouse Carla Bruni, François Hollande tandis que Valéry Giscard d'Estaing n'était présent qu'à la messe, de membres du gouvernement : Sophie Cluzel, Bruno Le Maire, Nathalie Loiseau, Françoise Nyssen, Florence Parly, Muriel Pénicaud, Brune Poirson, Marlène Schiappa et Frédérique Vidal, de l'ancien Premier ministre François Fillon, du défenseur des droits Jacques Toubon, du chancelier de l'Institut de France Gabriel de Broglie et 45 membres de l'Institut de France dont des membres de l'Académie française.
Après le discours d'Emmanuel Macron, l'orchestre symphonique de la Garde républicaine a accompagné le pianiste (et compositeur) Karol Beffa, dans le second mouvement, Andante, du 21e concerto pour piano de W. A. Mozart. La cérémonie s'est refermée sur une autre partition célèbre, la Méditation de Thaïs, de Jules Massenet, jouée par le violoniste Renaud Capuçon et le même pianiste. Cette dernière œuvre a été réentendue le lendemain à l'église de la Madeleine, à Paris, jouée cette fois au violoncelle par Gautier Capuçon, frère du précédent, lors de l'hommage rendu au rockeur Johnny Hallyday, dont il partageait étonnamment une lointaine parenté.
Les cendres de l'écrivain ont été répandues à Venise, devant la Douane de mer.
Jean d'O :
Il y a eu des drames dans ma famille. Notamment la merde que j'ai foutue en enlevant la femme de mon cousin, pour l'abandonner peu de temps après... Mon père est mort désespéré à cause de moi, se souvient-il.
Il avait déjà relaté cette blessure dans Qu'ai-je donc fait, publié en 2008 aux éditions Robert Laffont. Il expliquait alors sur France Bleu : Quand j'étais à l'Unesco, je suis tombé amoureux de la belle épouse espagnole
de mon cousin le compositeur Antoine d'Ormesson, qui avait deux enfants de 3 et 4 ans... ndlr]. Je l'ai séduite, je la lui ai volée, mais je n'ai pas assuré. Un vrai désastre. Mon père ne s'en ai jamais remis,
il est mort en me prenant pour un voyou.
Ferdinand Béghin, né le à Thumeries et mort le à Fribourg (Suisse), est un industriel et homme d'affaires français, dans les secteurs du sucre, des cartons, du papier, de la presse et de l'édition.
Héritier de la famille Béghin, dynastie de l'industrie sucrière, il porte le prénom de son grand-père visionnaire. Son arrière-grand-père dirigeait déjà la sucrerie de Thumeries, la plus vieille de France et même d'Europe. Jean-Baptiste Coget, pépiniériste, prend le contrôle de nombreuses terres lors du rachat des Biens nationaux de la Révolution française. Lancé ainsi en 1821, le groupe grandit plus vite lorsque son père Henri et son oncle Joseph lancent une SNC au capital de 800 000 francs pour la construction d’une énorme raffinerie à Thumeries en 1898, qui fait s'emballer sa production, atteignant en 1900 environ 850 tonnes puis 2 000 en 1914.
Son père Henri et sa mère Louise Sophie Legrand, le jugeant trop faible pour le faire entrer à l'internat, embauchent un précepteur afin que son éducation lui soit donnée à domicile.
Fin 1914, Ferdinand Béghin entre au collège de Gerson à Paris, alors que la Première Guerre mondiale fait rage. Les bombardements, l'abandon du château familial de Bellincamps, à Thumeries, la mort des proches (dont sa mère en 1919 à l'âge de 40 ans), mais aussi le défilé du l'ont marqué profondément.
Détenue par sa famille, une sucrerie dans la Somme, à Beauchamps, épargnée par les Allemands, redémarre très rapidement et acquiert à très bon marché ses rivales. Les indemnités pour dommages de guerre sont ainsi investies dans l'acquisition de sucreries, notamment à Caudry, Courrières et Arras, de râperies à Marquillies et de raffineries à Denain et Marcq-en-Barœul. La famille acquiert aussi la première sucrerie du pays (3 000 tonnes par an) à Corbehem, près de Douai.
Débuts
Il poursuit ses études à Paris, au lycée Janson-de-Sailly, obtient son bac et suit les cours de préparation à l'Institut agronomique. Il n'obtiendra pas d'autre diplôme que le baccalauréat, car son père le rappelle avant la fin de ses études pour le seconder dans la direction de l'usine, vers 1925. Fils du patron de l'entreprise, il ne bénéficie pourtant d'aucun passe-droit et travaille à tous les postes comme un ouvrier, dans le but d'acquérir une parfaite connaissance du métier. Il fait aussi quelques voyages à l'étranger afin d'étudier de nouvelles techniques sucrières.
Dès 1926, la famille, à la suite d'un conflit avec son fabricant de carton, possède une usine papetière à Corbehem, qui a trois machines à papier au début des années 1930. Les familles Béghin et Prouvost s'allient ensuite pour acquérir en 1930 le quotidien Paris-Soir, qui va battre en quelques années son rival L'Intransigeant, en misant sur des photos spectaculaires imposant un papier satiné, fourni par Béghin.
L'empereur du sucre, du papier et de la laine, détenteur pendant 30 ans du monopole du procédé transformant la betterave peut ainsi écouler une partie de la surproduction de papier de ses usines, au moment du Krach de 1929, dans la presse. En 1938, le pôle papetier est reparti et Béghin achète la société finlandaise Enqvist, qui détient 34 000 hectares de forêts, destinés à la papeterie de Corbehem, qui a investi dans des machines en 1926 et 1929.
Front populaire et Seconde Guerre mondiale
Au fil des ans, le groupe s'agrandit et compte, en 1939, dix unités. Ferdinand Béghin se souvient de la période du Front populaire comme d'un cauchemar : « Le dimanche, on dormait sur ses deux oreilles. Le lundi matin, on se réveille : c’était la révolution ! ».
Son oncle Joseph meurt en 1938 et Henri, son père, en 1944. Il dirige alors avec son beau-frère Pierre Malle et son cousin Claude Descamps, futur banquier . Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Ferdinand Béghin est mobilisé. Rendu à la vie civile à la fin juillet 1940, il rentre à Thumeries, au château de Bellincamps, dont il est propriétaire depuis 1925. Contacté par un officier anglais de l'Intelligence Service, il entre dans le réseau de résistance OFACM comme responsable de recrutement. Blessé à la fin de la guerre, il recevra plusieurs distinctions dont la Légion d'honneur.
Guerres coloniales
Pendant la guerre d'Indochine, il est l’ami proche de Christian de La Croix de Castries, officier sur le terrain pendant 8 ans, promu général lors de la bataille du camp retranché de Dien Bien Phu2. Il figure alors au comité de patronage de la Revue Défense nationale fondée en 1939 et traitant des grandes questions militaires, politiques, sociales.
En , il devient directeur d'une usine de papier et cartonnerie au Maroc, ouverte en 1945, où il rencontre Jean-Marc Vernes, qui avait rejoint depuis 1945 la banque fondée par la famille Béghin et qu'il considère ensuite comme le fils qu’il n'a jamais eu. Ce dernier se lie avec sa fille aînée. Plus tard, sa benjamine rencontrera en 1956 son futur mari Jean d'Ormesson, de 13 ans son aîné.
Investissements dans Paris-Match et Le Figaro
Il est en 1949 l'associé dans la presse de Jean Prouvost : tous deux sont actionnaires à parité de Paris-Match, fondé en mars 1949.
Puis c'est l'investissement dans le quotidien Le Figaro, propriété du parfumeur François Coty, qui a réussi un doublement de ses ventes entre 1945 et 1950, sur fond de couverture équilibrée du procès Kravtchenko. Sa veuve, Mme Léon Cotnareanu, veut en reprendre le contrôle quand elle revient en France mais perd en justice dès juillet 1948 face au fondateur Pierre Brisson. En mai 1950, elle accepte de céder la moitié de ses parts à une nouvelle association entre la famille Béghin et les Prouvost, via une « société fermière d'indépendance », dotée d'un conseil de sept membres dont seulement 2 représentants des propriétaires, qui garantit l'indépendance de la rédaction.
Contrôle de l'empire familial
En 1956, il prend finalement le contrôle de la firme familiale et la fait entrer en Bourse sur les conseils de Jean-Marc Vernes. Ce dernier sera nommé numéro deux du groupe en 1965.
Il ne cessera de se renforcer dans le domaine du carton et du papier. C'est à lui que l'on doit l'idée d'un papier toilette à base d'ouate de cellulose, plus agréable au toucher, avec les marques Lotus et Vania, qui permet de diversifier les débouchés quand s'achève la pénurie des papiers de presse. Il sera le leader français de ce marché, d'abord développé par celui des mouchoirs en papier et des produits d’hygiène féminine lors du rachat en 1960 de la cartonnerie de Kaysersberg en Alsace, dont il devient PDG tout étant administrateur d'autres sociétés du secteur. En 1976, le secteur papier-carton pèse 40% des ventes du groupe après avoir progressé de 58% en 1974 .
En 1967, la société Béghin prend le contrôle de la société Say qui est alors plus grande qu'elle. L'opération prend la forme d'une offre publique d'achat (OPA) avec la participation du Britannique Tate & Lyle, de l'Italien Eridania (it) et du Belge Tirlemont. Les deux entités fusionnent en , pour créer la société Béghin-Say qui contrôle 28% du sucre français et devient le numéro un européen.
Dans le secteur de l'édition, il gère un groupe de presse et Télé 7 jours de 1965 à 1972, est administrateur du Figaro de 1950 à 1970, et de quelques autres entreprises de presse et d'édition. Ferdinand Béguin se brouille avec Jean Prouvost en 1965 à propos d'une « tribune libre » publiée par lui dans Le Figaro sur les relations des sucriers et du gouvernement et lui vend ses parts cinq ans après. Marie-France Garaud, conseillère de Jacques Chirac, négocie en 1976 la vente du Figaro à Robert Hersant et dès le , son gendre Jean d'Ormesson, qui a été placé la tête du journal, prend la défense dans la presse du nouvel acquéreur, contesté par une grève des journalistes.
Mais Ferdinand Béghin a seulement trois gendres et ne veut pas les voir lui succéder. Jean-Marc Vernes le conseille entre-temps pour l'absorption de la société Say, terme logique d'une bataille qui avait commencé en 1967 par une OPA et s'achève en en 1973. Ferdinand Béghin ressentira par la suite avec amertume la cession du contrôle de Béghin-Say à des raffineurs étrangers lors de cette OPA, qui voit certains autres membres de la famille vendre massivement leurs actions ou la montée au capital de la Compagnie financière de Suez et de la Banque Vernes et Commerciale de Paris, à l'occasion de cette phase de croissance.
Jean-Marc Vernes est entre temps devenu administrateur général de Béghin-Say en 1972. Il se pose alors « en pur manager, attentif à la seule gestion, étranger aux querelles de clan et indifférent à la défense des patrimoines ». Seuls lui et Claude Descamps sont alors administrateurs d'autres sociétés dominantes et quatre des autres administrateurs sont apparentés à la famille Béghin : Pierre Malle a épousé Françoise Béghin, sœur de Ferdinand Béghin, Claude Descamps a épousé Jenny Béghin, fille de Joseph Béghin et Étienne Pollet a épousé une fille de Joseph Béghin. Mais le lancement de la sucrerie géante de Connantre en Champagne en 1974 se révélera un désastre financier.
Retrait des affaires en 1977
C'est seulement en 1977 qu'il se retire, à 75 ans. Jean-Marc Vernes devient officiellement président-directeur général de Beghin-Say dont le chiffre d'affaires atteint presque 4 milliards de francs avant de vendre aux Italiens en 1984. Son manoir en Corse est investi par des militants nationalistes en 1978 et il décède en 1994 à l'âge de 92 ans.
Marié à Simone de Lenzbourg (1904-1966), le à Bösingen en Suisse, ils ont trois filles :
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Roselyne (née en 1931), qui épouse Bertrand Pernot du Breuil, directeur de sociétés ;
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Pascaline (1937-2017), qui épouse Charles de Ganay, puis François Moreuil ;
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Françoise (née en 1938), qui épouse en 1962 l'écrivain et académicien, Jean d'Ormesson.