GENEALOGIE : DE LA SELECTION D'ETIQUETTES DE BIERES A LA DECOUVERTE DES DIEU LE VEULT ET DIEULEVEULT
Le hasard me fait, encore une fois, me fait découvrir de nouveaux cousins aventuriers tous deux...
Lors de la publication des étiquettes de microbrasseries bretonnes, une étiquette a été remarquée par certains visiteurs...
Cette étiquette illustre le personnage d'Anne de Dieu le Veut. Je ne connaissais pas aussi, ai-je cherché à en savoir un peu plus...
Voici l'histoire de Marie Anne Dieu le Veut...
Marie Anne (elle a une sœur aînée Anne) est la fille de Guillaume Dieu le veut et de Renée du Bothon...
Anne Dieu-le-veut nait le 28 août 1661 à Gourin, dans le Morbihan (Bretagne).
Elles est la fille de Guillaume Dieu le veut et de Renée du Bothon...
Recherche du cousinage...
C'est par sa mère Renée du Bothon que je réussis à faire le lien avec nos ancêtres Guillaume Quintin et Marguerite de Kermerc'hiou et aussi Nicolas de Coétenlem et Méauce Le Borgne...
On sait très peu de choses sur sa jeunesse et le début de sa vue d’adulte, si ce n’est qu’elle arrive sur l’Île de la Tortue (au nord de Saint-Domingue, actuel Haïti) lorsque Bertrand d’Ogeron de La Bouëre en est gouverneur, soit entre 1665 et 1675 ; elle y aurait été déportée comme criminelle.
En 1684, elle y épouse le flibustier Pierre Lelong, premier commandant du Cap Français (actuel Cap-Haïtien, Haïti). Leur fille, Marie-Marguerite Yvonne Lelong, naît à Morlaix (Bretagne) en février 1688, mais Pierre décède deux ans plus tard lors d’une rixe à Saint-Domingue. En 1691, elle se marie avec Joseph Chérel qui meurt deux ans plus tard, laissant également un orphelin : Jean-François Chérel, né en 1692.
D’après les récits traditionnels, Anne défie alors le flibustier hollandais Laurent-Corneille Baldran dit de Graaf pour venger la mort de son mari, ou à la suite d’une insulte. Lorsqu’elle tire son pistolet contre l’épée de Laurent de Graff, ce dernier renonce en affirmant qu’il ne peut se battre contre une femme. Admiratif du courage d’Anne, il la demande en mariage. En 1693, il obtient l’annulation de son premier mariage, et Anne Dieu-le-veut et Laurent de Graff se marient au Cap en juillet 1693. Ils auront deux enfants : Marie Catherine de Graff, et un fils qui meurt en bas-âge.
Anne accompagne son mari en mer, lors de ses actes de piraterie. A la différence d’Anne Bonny et de Mary Read, elle ne dissimule pas son sexe. Alors que la superstition veut qu’une femme à bord porte malheur, l’équipage de son mari considère Anne comme un porte-bonheur, et lui réserve sa part du butin. Décrite comme brave, dure et implacable, elle participe activement à la vie à bord, au commandement et aux combats aux côtés de son mari. C’est à partir de cette époque qu’elle devient connue sous le surnom de « Anne Dieu-le-veut ».
En 1693, suite à des incursions en Jamaïque anglaise, Laurent gagne le titre de chevalier. Deux ans plus tard, en guise de représailles, les Britanniques attaquent Port-de-Paix à Saint-Domingue, mettent la ville à sac et capturent Anne Dieu-le-veut et ses enfants. « Captive difficile » d’après les récits de l’époque, la pirate et ses enfants sont retenus otages pendant trois ans et ne sont libérés qu’à la suite de nombreuses démarches de la France en 1698.
La suite de son existence est mal connue. D’après certaines versions, son mari et elle s’installent en Louisiane ou dans le Mississippi, mais on ne sait pas s’ils poursuivent ou non leurs activités de piraterie.
Anne Dieu-le-veut décède à Cap-Français le 11 janvier 1710, âgée de 48 ans.
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Sa descendance :
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avec Pierre Lelong
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Marie Marguerite Yvonne Lelong (1688-1774)
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avec Joseph Chérel
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Jean-François Chérel (1692-1732)
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avec Laurent-Corneille Baldran de Graff
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Marie Catherine de Graff (1694-1743)
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un fils mort en bas âge (1700-~1705)
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Sa fille, digne héritière, restera connue pour avoir défié un homme en duel.
Voici maintenant un biographie plus réaliste, même s'il est très difficile de dénouer le mythe de la réalité historique… Tout d'abord, pour mieux comprendre la vie de notre héroïne une petite page d'histoire s'impose. L’île de la Tortue a fait rêver nombre d'entre nous avec ses histoires de pirates, corsaires, flibustiers et boucaniers. Découverte par Christophe Colomb, c'était une île boisée des Caraïbes proche de Saint-Domingue et des voies de navigation entre l’Europe et les Amériques. Avec de nombreuses anses abritées à l'ouest favorisant les mouillages de navires, et à l'abri des ouragans, ses richesses furent surexploitées par les Espagnols qui la délaissèrent au début du XVIIe siècle. Dans une période où les Anglais, les Néerlandais et les Français voulaient se tailler une partie des profits venant des Antilles et l’Amérique Centrale, la solution privilégiée fut la flibuste pour permettre de piller le commerce espagnol et déstabiliser son hégémonie. Le flibustier était entre le pirate et le corsaire se targuant de temps à autre d'avoir une commission des autorités royales. Par de courts raids sur les navires esseulés des flottes espagnoles de retour en Europe, ils s’enrichissaient facilement pour pouvoir vivre comme des rois jusqu'à devoir de nouveau recommencer. Enhardis, les flibustiers firent même des raids sur des villes pour les mettre à sac et emmener des prisonniers en otage échangés contre fortes rançons ou transformés en esclaves. Quant aux boucaniers, ils vivaient de la chasse du bœuf ou du cochon sauvage emmenés par les premiers espagnols et fort bien adaptés au point de pulluler, ils fumaient la viande qu'ils pouvaient commercer ensuite avec les flibustiers. Lorsque les Espagnols, espérant ainsi réduire les raids les expulsèrent avec les flibustiers de l’île de la Tortue, ils se réfugièrent sur Hispaniola (pour information près de la moitié de l’île devint Saint-Domingue puis Haïti, l'autre resta aux Espagnols jusqu'à la création de la République Dominicaine). L'histoire des boucaniers et des flibustiers est intimement liée, c'était des engagés, des marins déserteurs, des naufragés, d'anciens colons, des prisonniers de raids devenus esclaves ayant racheté leur liberté, des huguenots fuyant les persécutions religieuses … Un flibustier pouvait être un temps boucanier et vice-versa. Ils constituèrent une organisations appelés les frères de la Côte, avec un code de quasi égalité entre eux et une compensation en argent ou en esclaves selon les blessures reçus au combat.. L'esclave, au départ souvent un prisonnier blanc, pouvait acheter sa liberté par plusieurs années de labeur. Leurs plus grandes heures furent le XVIIe siècle mais leur prospérité fluctuait selon les guerres et les traités européens pouvant modifier les alliances. Les années 1680 furent leur âge d'or profitant de la guerre de Neuf ans ou celle de succession d'Espagne. Ils furent reconnus par la France en 1665 ; en effet Louis XIV nomma Bertrand d' Ogeron gouverneur "de l'isle de la Tortue et Coste Saint Domingue". Ce fut le début de la colonisation de Saint-Domingue par le transport de centaines d'engagés qui en échange du voyage devaient travailler trois ans pour la France. Petit à petit, les gouverneurs désarmèrent les flibustiers et boucaniers pour développer les plantations de sucre, faisant ainsi la richesse de l’île à partir du début du XVIIIè siècle. De par une main-d’œuvre d'esclaves noirs rapportés d’Afrique, l’île devint le premier producteur mondial de sucre. Avec le traité de Ryswick en 1697 concluant la fin de la guerre de succession d'Espagne, l’île fut définitivement coupée en deux, les Espagnols laissant à la France Saint-Domingue. Toutefois, rappelons que beaucoup de destins hors du commun des Caraïbes se firent au détriment d'autochtones massacrés, et part des enlèvements de populations civiles, d'esclaves arrachés à leur Afrique natale...
Portrait d'Anne Dieu le veut pris sur le site Rhum Dieu le veut (Australie).
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Donc pour revenir à notre héroïne, Anne ou Anne Marie, Dieuleveult est réellement son patronyme et est née à Gourin en Bretagne le 28 août 1661 sous le prénom Marie, fille de Guillaume, notable sieur de Beauvais, et de Renée du Bothon ; et petite-fille de René de Bothon écuyer, seigneur du Stangier. Ses parents eurent aussi une "Maris Anne" Dieuleveult baptisée le 2 juillet 1654 à Carhaix-Plouguer que, certains généalogistes considèrent cette dernière comme la flibustière. Elle épousa vers 1684, Pierre Le Long écuyer, certains disent au Cap, d'autres en Bretagne. Cela change un peu la donne, car si le mariage fut célébré en Bretagne, nous sommes dans le contexte d'un retour au pays d'un homme ayant réussi et cherchant à réaliser un beau mariage. Si le mariage eut lieu aux Antilles, deux options s'offrent à nous :
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soit Anne eut une jeunesse dissolue, et la France n'avait eu aucun scrupule à envoyer par bateaux entiers les filles de mauvaise vie,
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soit c'était une de ces "filles du Roy" de bonne famille que d'Ogeron fit venir avec une petite dot, pour aider au peuplement de Saint-Domingue.
Revenons à Pierre Lelong, dit la Taille il était flibustier de l’Île de la Tortue qu'il quitta en 1670, avec sous ses ordres douze autres boucaniers et flibustiers pour créer le quartier du Cap à St Domingue. Il s'enrichit et devint un des plus grands propriétaires à la petite Anse sur la rive droite de la rivière du Haut-du-Cap en cultivant le manioc et le coton. Par ordre royal, il devint premier commandant de ce quartier. On le disait "patient, tenace et énergique" et "généreux envers les humbles". Il était propriétaire de trois maisons lors de son mariage avec Anne Dieuleveult, donc comme écrit précédemment un très beau parti. En février 1688, à Morlaix en Bretagne, Anne donna naissance à une fille. Pierre LeLong écuyer est noté : "estant à présent aux isles de la Mérique". Pierre Lelong mourut, lors d'une rixe semble-t-il le 15 juillet 1690 à Saint-Domingue. Anne Dieuleveult épousa l'année suivante Joseph Cherel, boucanier, dont elle eut un fils Jean-François en 1692. Pierre décéda en juin 1693, parait-il encore une fois dans une rixe !
Et c’est à partir de là, que deux fois veuves, avec deux enfants en bas âge, elle entra dans la légende en épousant le célèbre flibustier Laurens de Graff au point que l'on nota :
"la dame de Graff était une française (...) elle se nommait Anne Dieu-le-veut, et c'était une de ces héroïnes, dont j'ai dit que la colonie de Saint Domingue produisait dans les commencements un assez bon nombre. Un jour qu'elle prétendit avait reçu quelques injures du Sieur du Graff, elle alla le pistolet à la main pour en tirer raison ; cette action lui parut belle, et jugeant l'amazone digne de lui, il en fit sa femme".
Les historiens disent aussi qu'il devint gouverneur de l'Île-à-Vache, petite île au sud d’Haïti. Dans une lettre de Charles d'Auger gouverneur de Saint-Domingue en 1704, il est dit que "Le Sieur De Graff est mort" , et déjà sa succession fut âpre, un sieur de la Grange contestant la légitimité de la naissance de sa fille. Selon un inventaire après décès, il possédait pour 190 000 livres de biens dont une sucrerie au quartier Morin avec cinq chaudières et plus de 120 esclaves.
En fait, peu de documents mentionnent Anne comme flibustière. Il est dit qu'elle s'était mariée au Cap le 23 mars 1693 avec le flibustier Laurent Baldran de Graff, et s’établit avec lui à La Tortue. Et que donc, en 1695, lors de l'invasion anglo-espagnole, après une résistance acharnée selon la légende, elle fut capturée avec ses enfants et resta prisonnière pendant trois ans dans la ville de Saint-Domingue. Elle aurait été une captive difficile d'après les récits de l'époque. Il faudra plusieurs interventions de la France, notamment de Ducasse le 26 novembre 1699, et de Monsieur d'Harcourt le 16 septembre 1698 qui ont interjeté auprès des Espagnols, pour que bien après la paix, elle soit libérée avec sa progéniture. On sait qu'après le décès de De Graff, le 24 mai 1704, elle et ses enfants entrèrent en possession de la succession le 9 décembre 1705. Pour faire valoir ses droits, elle demanda l’exécution d'un arrêt la maintenant dans la possession de ses biens le 19 mai 1706. Une de ses filles fut en négociation financière difficile avec elle entre 1706 et 1707, lui réclamant 400 barils de sucre. La dernière fois que l'on entendit parler d'elle ce fut en 1708 lors d'une querelle de rue à Saint-Domingue où pour une question d’argent assez minime elle attaqua à coup de balai le chevalier de Gallifet et le traitant de "chien", de "rouge", (insulte locale désignant les premiers habitants de l'île). Il riposta à coup de canne, et il est dit que la bagarre resta indécise... Est-ce vraiment pour une histoire d'argent ? car en 1697 Joseph Donon de Galliffet remplaça de Graff comme commandant du Cap. Marie-Anne Dieuleveult décéda le 12 janvier 1710 à Saint-Domingue. Était-ce réellement une flibustière ? Elle a pu accompagner son époux une ou deux fois pour quelques courses au large. Son caractère sembla c'est sûr très trempé !
Notre flibustière eut comme descendance :
Avec Pierre Lelong
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Marie Marguerite Lelong ondoyée le 16 février 1688 à Morlaix, baptisée en mars 1688 paroisse Saint Mélaine. Son parrain était Yves Seigneur marquis de Goesbriand, maréchal des camps et armées du Roi, gouverneur au château du Taureau. Elle épousa le premier décembre 1704 au Cap-Français après un contrat de mariage du 26 novembre 1704 lui donnant une dot de 40 000 écus, Alexis-Louis de Saint-Hermine enseigne de vaisseau né à Sireuil en Angoumois. Revenant de Saint-Domingue avec sa jeune femme sur la Thétis commandée par le Chevalier de Saujon, il fut tué le 25 février 1705 lors du combat navale engagé lors de l'attaque par le HMS Exeter près des côtes Anglaises. Sa veuve Marie Marguerite blessée, fut faite prisonnière des Anglais et emmenée à Plymouth. Elle fut quelques mois plus tard échangée contre des prisonniers anglais et arriva à La Rochelle. Elle se remaria avec Balthazar le Silleur de Sougé, lieutenant de vaisseau, capitaine d’une compagnie franche du détachement de la Marine à Rochefort, chevalier de Saint-Louis. Le 8 mai 1707 Balthazar Le Silleur demanda l'autorisation au ministre de la Marine de partir pour Saint-Domingue régler les affaires de sa femme. C'est-à-dire récupérer la dot reçue de son premier mariage avec de Saint-Hermine le 30 juin 1706. ll est écrit : "Le Roy ayant bien voulu accorder à Mme de Saint-Hermine une préférence pour le chargement de 3 à 400 barils de sucre que la dame de Graff sa mère doit lui envoyer pour aider à la dédommager de la perte qu’elle a subie par la prise de La Thétis". Le 25 mai 1707, le Roi, ayant reçu la lettre du Sieur de Sougé du 8, évoque "les soupçons peut-être un peu trop justes que vous avez sur les intentions de Mme de Graffe à votre égard et la nécessité où vous êtes de passer à Saint-Domingue pour régler vos intérêts avec elle". En novembre 1710 M. de Sougé était de nouveau à Saint-Domingue "pour les affaires de la succession de feu Mme de Graffe" . Le procès "de M. de Sougé avec les enfants de Madame de Graffe" semble se terminer en 1712. Balthazar Louis Le Silleur mourut le 16 février 1713 au Cap Français . Mais en 1730 sa veuve née Lelong se plaignit du fait de ne pas obtenir les bénéfices situés à Saint-Domingue de son héritage paternel. En effet "ses frère et sœur de mère en jouissent à sa place alors qu'en son temps sa mère et ses demi frère et sœur avait perdu le procès". La dernière trace de cette succession plus que compliquée est un arrêt du 19 novembre 1732, qui "casse et annule l'ordonnance rendue par les gouverneur et intendant de Saint-Domingue le 6 juin 1732 en faveur du sieur Dutot et de sa femme, Marie Catherine de Graffe, contre Marie Marguerite Yvonne Le Long, veuve en premières noces d'Alexis de Sainte-Hermine et en secondes de Balthazar Louis Le Filleur de Sougé, pour fait d'hérédité, et qui renvoie les parties à se pourvoir ainsi que de droit."
De son mariage avec Joseph Cherel, Anne de Dieuleveult eut :
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Jean François Cherel, qui décéda avant 1732 en laissant un fils unique mineur.
Avec Laurent Baldran du Graff, elle eut :
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Catherine en mai 1694 au Cap Français. D'après sa demi-sœur, Catherine eut une vie dissolue. Est-ce vrai ? La légende et plusieurs témoignages de l'époque disent : "Sa fille, digne héritière, restera connue pour avoir défié un homme en duel" , "La fille d'Anne de Dieu-le-Veult valait sa mère ; elle provoqua en duel un jeune homme dont elle n'agréait pas la cour". Était-ce une affaire d'héritage ? En tout cas il est indiqué: " Après 1710 Mme de Songé expose au ministre que sa mère étant morte en cette année avait confié sa seconde fille à Mme de Charrite, femme du commandant du quartier du Cap. Mais la jeune fille n'a point voulu aller avec sa protectrice, et a pris une maison dans le bourg du Cap où elle fait dépense considérable avec gens de mauvais commerce" . Sa demi-sœur demanda même une lettre de cachet pour faire revenir sa sœur cadette en France ! Deux courriers attestent cette demande. Le premier est une lettre du Roi : "A monsieur Mithon au sujet de la conduite tenue au Cap Français par mademoiselle de Graff et de son éventuel retour en France auprès de sa sœur madame de Sougé" ; Le second courier : "A monsieur de Beauharnais sur le même sujet "(6 février 1711). Est-ce par crainte de tomber sous le joug de sa sœur ? Ou par amour ? En tout cas Catherine du Graff épousa le 27 décembre 1711 au Cap Abraham de Beaunay seigneur du Tot noble normand juste arrivé sur Saint-Domingue pour créer une affaire de commerce. Ils habitèrent au "Morne Pelé". Ils eurent deux fils dont Abraham lieutenant de la Compagnie d’infanterie de l’île, major au Cap, capitaine de frégate et chevalier de l’Ordre de Saint-Louis. Veuve en 1736, Catherine meurt en 1762.
Pierre Lelong, également appelé Pierre Length, est un flibustier français, né vers 1650 et décédé à Saint-Domingue, le . Il fut le premier commandant à s'établir à Cap Français.
Pierre Lelong fut le premier commandant à la tête d'une douzaine d'aventuriers venus de l'Île de la Tortue à avoir créé, en 1670, un établissement permanent sur les hauteurs de Cap Français. Ce n'est toutefois que bien plus tard, en 1684 que sera fondé le poste bas-du-Cap où se développera Cap Français. Pierre Lelong s'établit à la Petite Anse sur la rive droite de la rivière du Haut-du-Cap. Il disposait déjà d'une bonne expérience dans la culture du Manioc et du Coton acquise à la tortue aussi, son exploitation deviendra rapidement prospère. Il devint l'un des plus grands propriétaires de la région. On le disait « patient, tenace et énergique » et « généreux envers les humbles », ce qui le distinguait des autres planteurs. Vers 1684, il épouse Anne Dieu-le-veut. Marie-Marguerite Yvonne Lelong, leur fille, nait à Morlaix, le . Pierre Lelong est tué, moins de trois années plus tard, lors d'une rixe à Saint-Domingue, le
Pierre LELONG, flibustier de La Tortue
Servit sur des navires espagnols, pris par des
flibustiers et amené à la Tortue; lettre de natu-
ralité en 1685; major à la Tortue en 1686 et au
Cap en 1690; capitaine de frégate, chevalier de St
Louis
+ Le Cap 24 5 1704
d'où une fille unique Marie Catherine de GRAFF mariée
avant le 30 3 1712 à Abraham de BEAUNAY DU TOT
Laurent de Graff (Laurens de Graaf), né en 1653 à Dordrecht, dans les Provinces-Unies, et mort le à Cap-Français, Saint-Domingue, est un flibustier et corsaire hollandais (il prit la nationalité française en 1685) qui a œuvré dans la mer des Antilles à la fin du XVIIe siècle, avant de participer âgé et moins à l'aise sur terre que sur mer à la défense de Cap-Français (actuellement Cap-Haïtien) dont il avait la charge. Malgré ses efforts, il ne put empêcher les Espagnols soutenus par les Anglais de prendre la place.
On lui a donné de nombreux surnoms : « Laurencillo » ou « Lorencillo», et « El Griffe » en espagnol, « sieur de Baldran » en français, « Gesel van de West » (« Fléau de l'Ouest ») en hollandais.
Né à Dordrecht en Hollande, il fut probablement corsaire en mer du Nord avant de passer aux Antilles au service des Espagnols comme canonnier. Il se brouilla avec les Espagnols à propos d’une cargaison d’esclaves que ces derniers lui auraient confisquée. Ayant été capturé par les flibustiers, il a décidé de passer de leur côté selon le témoignage écrit du chirurgien Alexandre-Olivier Exquemelin.
Fameux par son élégance et ses pourpoints de dentelle, Laurent de Graff emmenait un orchestre sur ses bâtiments et savait convaincre ses adversaires de l'inanité d'une résistance qui entraînerait la perte de leur vie. Sa renommée était immense. Le flibustier Raveneau de Lussan le reconnaît dans son Journal.
En mai 1683, avec le flibustier français Michel de Grandmont et les hollandais Van Doorn et Yankey Willems il s'empare de Veracruz, au Mexique. Ils pillent la ville et font 4 000 prisonniers en vue de les échanger contre rançon.
En 1685, avec de Grandmont renouvellent leurs raids contre la ville mexicaine de Campeche. À leur retour de l’expédition de Campeche, le gouverneur de Saint-Domingue, M. de Cussy prit sous sa protection Laurent de Graff et le chevalier de Grammont (Michel de Grandmont, qui sera nommé par brevet du « lieutenant du roi » pour la partie sud de Saint-Domingue).
En , Laurent de Graff recevra une lettre de grâce pour son duel avec le flibustier Van Doorn (qui avait pris part à l'attaque de Veracruz et qui était mort de ses blessures infligées par de Graff lors d'une querelle) et une lettre de naturalisation. Cette dernière mentionne qu’il était de religion catholique et marié à Pétronille de Gusman, née à Tenerife.
En 1693, il rencontre la veuve du flibustier Pierre Lelong, Anne Dieu-le-veut qui, se sentant insultée, le provoqua en duel en se présentant chez lui, pistolet à la main pour lui en demander raison. « De Graaf, jugeant une telle femme digne de lui l'épousa », le . Anne Dieu-le-Veut et Laurent de Graaf s'établissent à La Tortue (Saint-Domingue). Ils auront une fille née vers 1694.
L'île à vache fut un repaire de pirates, tel que l'Anglais Henry Morgan au XVIIe siècle qui en fait son point de départ pour attaquer la ville de Panama en .
L'ex-corsaire Laurent de Graff devient ensuite son gouverneur.
En 1698, Jean-Baptiste du Casse, gouverneur de Saint-Domingue, concède l'île-à-Vache à Jean Le Goff de Beauregard. L'île ne fait pas partie de la concession accordée à la Compagnie de Saint-Domingue sur la presqu'île du Sud. Après la mort de Beauregard en 1699, la Compagnie de Saint-Domingue récupère l'île en 1700.
Abraham Lincoln, s'il voulait abolir l'esclavage, n'imaginait pas les États-Unis où Blancs et Noirs seraient à égalité, « de par leurs différences raciales ». Si bien que durant la guerre de Sécession, il étudie plusieurs plans de colonisation, dont le Liberia, jugé trop éloigné, Chiriquí, et finalement l'Île-à-Vache. C'est ici qu'on y déplaça en 1862 quatre cents Noirs, mais ce fut un échec sur toute la ligne : langage, religion, coutumes différentes provoquaient l'opposition des îliens. En 1863, des premières troupes de Noirs défendent le Nord durant la guerre de Sécession, ce qui rend tout projet de colonie noire peu justifiable. L'année de sa mort, le , Lincoln prononce un discours électoral dans lequel il émet l'idée du suffrage des Noirs.
Les flibustiers étaient des marins qui avaient ou non des « lettres de marque ». Ils se livraient à des expéditions à but lucratif et leur activité est généralement tolérée par les pouvoirs. Ils sont surtout présents dans le bassin caribéen aux XVIe et XVIIe siècles, qui devient alors un haut-lieu de la flibuste. Plus précisément, la flibuste caribéenne connaît son âge d'or au XVIIe siècle avec en particulier la constitution de véritables enclaves flibustières dans l'archipel. Avec la fin de la piraterie dans les Caraïbes, le terme tomba en désuétude au XVIIIe siècle pour ressusciter au milieu du XIXe siècle et désigner des citoyens américains fomentant des insurrections en Amérique latine.
Les flibustiers se composent d'aventuriers français, néerlandais, belges et anglais exilés aux Antilles à partir du début du XVIIe siècle pour fuir les guerres civiles ou la persécution religieuse en Europe et la pression économique des autorités royales.
La plupart s'installent sur l'Île de la Tortue, au large d'Hispaniola (Haïti). Disputée par les Anglais, les Hollandais, les Espagnols et les Français, cette île servait d'escale et de port de ravitaillement aux contrebandiers et aux corsaires des Caraïbes. Au début du XVIIe siècle, elle était sous l'autorité du Français Pierre Belain d'Esnambuc, qui avait fondé la Compagnie de Saint-Christophe, devenue la Compagnie des îles d'Amérique en 1635. Chassé par les Espagnols de l'Île Saint-Christophe, Belain d'Esnambuc s'empara avec ses compagnons français et anglais de l'île de la Tortue et en expulsa les Espagnols en 1627. Il fut rejoint plus tard par des Hollandais chassés de l'île Sainte-Croix et par une centaine d'Anglais chassés de Niévès. Rapidement, les aventuriers qui vivaient sur l'île de la Tortue décidèrent de mener des actions en mer. Ils devinrent les premiers flibustiers.
En 1630, les Espagnols reprirent l'île avant de la céder aux Anglais, qui la renommèrent Isle of Association. Le gouverneur en place laissait les corsaires de toutes nationalités s'y ravitailler. En 1640, le gentilhomme français huguenot, François Levasseur, ex-capitaine de la marine royale, reprit l'île de la Tortue aux Anglais après s'être fait remettre par le gouverneur de Saint-Christophe une « commission », c'est-à-dire une lettre de marque engageant l’autorité royale, bien que la France fût en paix avec l’Angleterre. Nommé gouverneur de l'île, Levasseur accordait des autorisations aux aventuriers pour piller les navires Espagnols.
L'aspect officiel des opérations menées par les flibustiers est à l'origine de leur statut ambigu, à mi-chemin entre le corsaire et le pirate. Si certains d'entre eux pouvaient faire valoir qu'ils avaient reçu une commission des autorités royales, cette autorisation n'était pas toujours valide : celui qui l'attribuait n'en avait pas toujours le pouvoir, et le gouvernement du royaume n'était pas toujours informé de la mission exécutée en son nom.
Pendant un siècle, à bord de leurs bateaux, les flibustiers s'en prendront aux navires espagnols, prétendant agir au nom des intérêts de leurs pays respectifs. Mais alors que la population de l'île de la Tortue se renforçait avec l'arrivée de boucaniers de Saint-Domingue et de colons européens, notamment des protestants, les événements politiques provoquèrent une évolution brutale dans leur histoire. La rivalité entre les puissances européennes au début du XVIIIe siècle, puis le règlement de la succession d'Espagne qui installa un monarque français sur le trône d'Espagne contribua au déclin de la flibuste. Ses représentants furent alors condamnés à s'engager dans une activité légale ou à devenir des pirates.
Expulsés par les Espagnols de la Tortue, une partie des flibustiers se réfugia à Saint-Domingue, à Cuba et sur les côtes d'Amérique centrale. À partir de 1659, ils sont nommément cités par le gouverneur de la Jamaïque. Affaiblis par le retour en Angleterre des navires de guerre, les autorités anglaises durent en effet faire appel aux flibustiers pour renforcer leur défense. Ceux-ci enrôlèrent alors un grand nombre de soldats anglais qui refusaient de s'installer sur l'île comme planteurs. Là encore, les commissions dont ils faisaient état provenaient de sources officielles, mais avaient été attribuées dans des conditions douteuses, en fonction du contexte politique.
L'un de ces flibustiers, Jérémie Deschamps seigneur du Rausset, ancien compagnon de Levasseur, avait obtenu à la fois des commissions françaises et anglaises. Ayant repris l'île de la Tortue au nom des autorités anglaises en 1660, il remit à des flibustiers des commissions en son propre nom, ce qui entraîna sa destitution par le gouverneur de la Jamaïque. Du Rausset décida alors de gouverner l'île en vertu de sa commission française, s'affranchissant ainsi de la tutelle anglaise.
En 1664, toutes les colonies françaises d'Amérique sont placées sous l'autorité de la Compagnie des Indes occidentales créée par Colbert. Le nouveau gouverneur nommé à la Tortue, Bertrand d'Ogeron, décide de régulariser les activités des flibustiers et parvient à leur imposer de venir lui présenter leurs butins. Il continue néanmoins à attribuer des commissions aux flibustiers qui combattent les Espagnols.
C'est à partir de cette date que des personnages comme le Français François l'Olonnais et le Gallois Henry Morgan marquent l'histoire de la flibuste. Protégés par les gouverneurs des colonies de leur pays (la Tortue pour l'un, la Jamaïque pour l'autre), ils réunissent de véritables flottes pour attaquer les possessions espagnoles. Avec l'entrée en guerre de l'Angleterre contre les Provinces-Unies, des flibustiers britanniques s'en prennent aux intérêts hollandais.
Les Provinces-Unies constituent la partie nord et protestante des Pays-Bas espagnols d'alors, appelée à devenir les Pays-Bas au sens d'aujourd’hui ; elles arrachent leur indépendance à l'Espagne au cours de la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648), appelée aussi Révolte des Gueux (de 1618 à 1648, la Guerre de Quatre Vingt Ans se confond avec la Guerre de Trente Ans, guerre pan-européenne de même objectif : affaiblir la puissance excessive du Saint Empire et de l'Espagne, deux puissances aux mains des Habsbourg). Cette indépendance est reconnue internationalement en 1648 par les traités de Westphalie.
Ce terme de Gueux ne doit pas tromper. C'est une référence ironique à un de leurs adversaires, Charles de Berlaymont qui les avait traités de gueux. En réalité, il y avait aussi des riches et des nobles parmi les protestants. Le plus important est Guillaume Ier d'Orange-Nassau, considéré comme le père fondateur des Provinces-Unies. Même s'il ne faut pas le confondre avec son descendant et homonyme Guillaume III qui deviendra roi d'Angleterre, ce n'est, à coup sûr, pas un mendiant.
La révolte des Gueux comporte un important volet maritime mené par les Gueux de la mer, écumeurs protestants.
S'agit-il vraiment de corsaires, ou plutôt de pirates, ou encore (ce mot sera inventé pour eux) de flibustiers ? Un corsaire agit sur lettre de marque délivrée par un État et se soumet à un contrôle sur ses prises, qui doivent avoir été enlevées sur un navire d'un pays ennemi en temps de guerre. Ce contrôle est exercé par un tribunal de prise. Pas d'État, pas de lettre de marque authentique, pas de tribunaux de prises. Or, les Provinces-Unies ne sont pas un État avant 1648, date de la consécration internationale de leur indépendance par les Traités de Westphalie. En même temps, il peut être trop sévère de traiter de pirates tous les écumeurs hollandais ou zélandais. En réalité, dans cette Europe d'avant les Traités de Westphalie, toutes les frontières sont en recomposition, et la notion d'État souverain se discute, les armées fournissant l'essentiel de l'argumentaire.
Avant 1648, les lettres de marque délivrées sur le territoire de ce qui sera les Provinces-Unies sont émises par des acteurs comme Guillaume d'Orange, chef de guerre, ou par les grandes sociétés par actions qui arment en course, comme la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales. Cette compagnie est basée à Middelbourg en Zélande et non dans quelque île exotique ; il s'agit d'une des premières sociétés capitalistes par actions ; elle possède ses propres vaisseaux, son propre territoire (qu'elle se taille en Amérique grâce à l'action de ses capitaines), bien plus vaste que celui des Provinces-Unies (dont elle est supposée dépendre), ses propres objectifs, parmi lesquels la course et le commerce des esclaves ne sont nullement dissimulés.
C'est donc le même acteur qui arme en course et qui délivre la lettre de marque ; le contrôle de la limite entre course et piraterie devient pure simulation.
De telles lettres de marque ne protégeaient évidemment pas leur titulaire contre une accusation de piraterie en cas de capture par les Espagnols. Elles pouvaient cependant avoir un certain effet protecteur (sans automatisme) en cas de capture par un autre pays, car le démantèlement de l'empire colonial espagnol aux Amériques était recherché par toutes les puissances européennes, qui avaient tendance à s'allier contre l'Espagne dans cette zone géographique, ce qui entraînait une tendance à reconnaître de facto les Provinces-Unies comme acteur indépendant.
On assiste à la naissance du personnage du flibustier, mi-corsaire mi-pirate. S'il attaque des galions dans les eaux américaines, le cœur du système est en Europe. Les Provinces-Unies tiennent le premier rôle dans les débuts de la flibuste, avec l'objectif politique de détruire l'empire colonial espagnol ; les installations durables de colonies de peuplement européennes dans ces eaux sont difficiles et tardives, et les flibustiers qui attaquent les galions chargés d'or partent plus souvent de Zélande que de l'île de la Tortue.
Nous sommes devant une machine de guerre maritime totale dont les objectifs sont à la fois politiques (car le cadre est celui d'une guerre séparatiste et d'une guerre de religion, et l'ensemble est animé par ces hommes d'État que sont les stathouders Guillaume d'Orange) et économiques (car certains des acteurs les plus en pointe sont des grandes sociétés par action et des écumeurs cherchant le profit).
La liberté d'action des écumeurs néerlandais augmente encore quand la puissance maritime espagnole est détruite par les Néerlandais lors de la désastreuse Bataille des Downs, le . Cette destruction incite Anglais et Néerlandais, bien que ces derniers avant 1648 soient encore juridiquement sujets du roi d'Espagne, à tenter de s'emparer des possessions coloniales ibériques en Amérique, ce qui passe par une recrudescence de la piraterie aux Antilles.
Avec les écumeurs néerlandais, nous sommes au cœur de l'immense système de course, piraterie ou flibuste, tel qu'il sévira aux XVIe et XVIIe siècles. Il s'agit d'un système mondial. Quelques anecdotes biographiques en montreront la dimension :
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de Vernboer (15.. - 1620) ; bien qu'il soit mort 28 ans avant l'indépendance des Provinces-Unies, il commence sous lettre de marque « hollandaise » mais finit pirate à Alger tout en conservant un certain "patriotisme", du moins c'est ce qu'il dit quand il cherche à rentrer en grâce auprès de son pays. Il fait hisser le pavillon "hollandais" quand le navire attaqué est espagnol, et évite de trop maltraiter ses prisonniers lorsque ceux-ci sont hollandais. Son compatriote Jan Janszoon, de Haarlem, commence aussi sous lettre de marque "hollandaise", mais opère ensuite à partir d'Alger et de Salé (Maroc) et se convertit à l'Islam, ce qui lui permet, au passage, de prendre une deuxième femme.
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Piet Heyn (1577 - 1629) est, en 1623, vice-amiral au service de la Compagnie des Indes occidentales ne se contente pas d'attaquer des galions, mais prend aussi des villes, comme Bahia (Brésil), puis il passe sous lettre de marque de Guillaume d'Orange en 1629 et prend part au blocus de Dunkerque.
L'exemple de Piet Heyn nous montre qu'il n'y a pas un monde d'écart entre les écumeurs des Antilles et ceux de la mer du Nord.
L'année 1648 est celle des traités de Westphalie, qui ont redessiné la carte de l'Europe. La notion d'État redevient claire, même si les frontières ont bougé. En conséquence, d'autres notions devraient en théorie redevenir claires dans la foulée : les notions de contrôle étatique, de lettre de marque, de corsaire en tant que différent du pirate.
En fait, ce n'est pas si simple. Par exemple, dans la législation du Mexique, dans les premières années de son indépendance au XIXe siècle, le terme de flibustier s'appliquait aux étrangers occupant illégalement une portion du territoire national et qui se sont naturellement opposés aux autorités en s'adonnant a toutes sortes de trafics. Les volontaires américains combattant pour la république du Texas étant classés dans cette catégorie.
Le terme sera repris aussi pour caractériser les invasions de la part d'aventuriers américains, tels que William Walker en Amérique centrale. De fait, ces évènements militaires seront connus comme Guerre Nationale Centroaméricaine, Guerre centroaméricaine contre les flibustiers ainsi que Guerre de 1856 contre les flibustiers.
L'âge d'or de la flibuste se situe avant les années 1680 quand la France et l'Angleterre décident de les disperser. Une partie se dirige vers les côtes d'Afrique, d'autres vers l'océan Pacifique où ils s'installent aux Galapagos et dans l'archipel Juan Fernández.
En 1697, l'amiral Jean-Baptiste Du Casse, gouverneur français de Saint-Domingue, réunit presque mille anciens flibustiers pour l'opération de Jean-Bernard de Pointis contre Carthagène dans l'actuelle Colombie. Un malentendu sur le partage du butin mène à la reprise de la ville par les flibustiers seuls. C'est leur dernière grande action. Ensuite, Louis XIV obtient la signature d'un traité de paix avec les espagnols qui met fin à la guerre de la Ligue d'Augsbourg. Les flibustiers sont désarmés ou chassés.
Quelques flibustiers célèbres :
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Le Gallois Henry Morgan, qui prit Panama en 1670 et fut nommé gouverneur de Jamaïque.
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Pierre Legrand, de Dieppe, qui avec une barque montée par 28 hommes enleva un vaisseau amiral espagnol.
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Le Français L'Olonnais, qui devint célèbre par sa cruauté envers les prisonniers espagnols et monta un raid contre la ville de Maracaïbo.
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Michel de Grandmont, aussi connu sous le nom de chevalier de Grammont, s'empara de Maracaibo en 1678, de Puerto Cabello en 1680, de Vera Cruz en 1683 et enfin de Campeche en 1685. Ces exploits lui valurent d'être nommé lieutenant de la partie sud de l'île de Saint-Domingue par le roi de France, un poste qu'il n'occupa jamais, ayant disparu en mer en avril 1685.
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Le Français Jean Lafitte, qui fonda le Royaume de Barataria, près de la Nouvelle Orléans, et aida le général Andrew Jackson à battre les Britanniques lors de la bataille de Chalmette en 1815.
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Enfin, le nom flibustier fut donné aux aventuriers français (comme Gaston de Raousset-Boulbon) mais surtout américains, qui tel William Walker, tentèrent pour leur profit personnel, de jouer un rôle politique au Mexique et en Amérique centrale au XIXe siècle, le plus souvent, au détriment des gouvernements en place.
Les Frères de la côte, ou Frères la côte, est le nom d'une confrérie de flibustiers et de boucaniers installée sur l'Île de la Tortue sous l'autorité d'un gouverneur français, au début du XVIIe siècle.
Certains flibustiers, s’associant aux boucaniers qu’ils engageaient au passage, fondèrent une confrérie qu’ils nommèrent « confrérie des frères de la côte », en rappel de la côte de Saint-Domingue sur laquelle ils étaient principalement implantés. Ils se fixèrent des règles, un code d’honneur et vécurent de leurs diverses activités en marge de la société – chasse, contrebande, course. Ils sont particulièrement actifs entre 1640 et 1684 à partir de leur bastion, l'île de la Tortue.
En premier lieu, ce sont les boucaniers qui adoptent entre eux cette appellation, mais l’expression « Frères de la Côte » englobe rapidement de nombreux autres participants, comme les flibustiers ou même les coupeurs de bois de teinture de la côte du Honduras et du golfe de Campêche. Association d’hommes libres et indépendants, les Frères de la Côte partagent une même solidarité et un même amour d’une vie sans contraintes. Adeptes d'une liberté totale, organisés en communautés partageant de manière égalitaire les risques, tâches et butins, ce sont eux qui donnent aujourd'hui à la flibuste ses airs de fraternité libertaire chers aux auteurs engagés qui voient dans ce pan d'histoire un mouvement précurseur de l'anarchisme (par ex. : Daniel Defoe, Gilles Lapouge, Mikhaïl W. Ramseier ou Michel Le Bris).
Jean Gabaret, lorsqu'il arrive à Hispaniola, décrit les flibustiers : « ils vont en course sur les étrangers et rapportent leur butin qui se consomme parmi les habitants parmi lesquels ils vivent le temps qu'ils ne peuvent pas être en mer ». Il ajoute que, à l'instar des boucaniers, les flibustiers « sont accoutumés à la débauche et à vivre indépendants, sans reconnaître aucun chef parmi eux ».
Si certains n'hésitent pas aujourd'hui à parler de lieux géographiques précis ou à donner force détails sur la vie et le parcours des Frères de la Côte, il est toutefois risqué de tenter de définir avec trop de précision cette communauté, dont seule la définition – aux contours restés très flous – nous est parvenue.
L'île de la Tortue est nommée ainsi parce que les Espagnols l'avait baptisée « Tortuga de mar » (« Tortue de mer ») du fait de sa forme. Elle est le premier territoire de Saint Domingue colonisé par la France, les Espagnols étant fortement présents sur l'île principale (Hispaniola), et faiblement présents sur la Tortue. L'histoire coloniale de la Tortue comporte deux grandes périodes, les XVIIe et XVIIIe siècles. Le XVIIe siècle est l'âge d'or de la flibuste dont la Tortue devient la capitale régionale. Le XVIIIe siècle est marqué par un déclin relatif, face à la Grande Île devenue française par le traité de Ryswick en 1697. L'île de la Tortue sert alors surtout de refuge pour la qualité de son climat réputé sain, et pour sa sécurité lors de la période révolutionnaire haïtienne (c'est là que Leclerc décède en 1802).
La période de la flibuste verra se constituer une société européenne comprenant des Anglais, des Français et des Hollandais. Ils adopteront une organisation sociale de type républicaine les « frères de la côte », qui comportera un embryon de « sécurité sociale » pour les blessures reçues au combat. Cette société restera soudée malgré les affrontements des puissances nationales de « tutelle ». À la fin du XVIIe siècle la flibuste déclinante s'installera en Jamaïque à Port Royal (Kingston) et à Nassau aux Bahamas (New Providence), elle sera alors dominée par des Anglais comme Henry Morgan.
Le , Christophe Colomb et son équipage sont les premiers Européens à découvrir l'île de la Tortue, alors qu'ils établissent une colonie sur Hispaniola (la grande île) juste en face. Au début du XVIIe siècle, peu d'Espagnols sont établis sur l'île de la Tortue, ils cultivent le tabac au sud depuis 1598. À l'Est les côtes de l'île sont inhospitalières (côte de fer), alors qu'à l'Ouest, elles sont abritées et présentent des mouillages accessibles entre des bancs de coraux et le littoral. Au XVIIe siècle l'île est située non loin des voies de commerce de l'Espagne avec ses colonies, une position stratégique pour les futurs flibustiers. Dès 1620 le capitaine Charles Fleury, naguère associé au pirate Jacques Barc aborde sur les côtes de Saint Domingue en compagnie des corsaires capitaine Lucifer, d'un anglais Arthur Guy et de Messieurs de Montreuil et de Saint-Georges. C'est en 1629 qu'une équipe envoyée ou menée par Estambuc colonise la Tortue, en expulsant les Espagnols.
Au Sud-Est de l'île il existe une rade naturelle [archive] d'environ 700 m sur 400 m délimitée par des bancs de coraux et le littoral, avec 11 m de profondeur. Il existe deux passes, l'une de 150 m au sud avec 5 m de tirant d'eau (entrée) et l'autre de 75 m au nord avec 3 m de tirant d'eau (sortie pour moins de 100 tx). C'est là que se sont établis les premiers colons avec un village nommé « Basse terre ». Une seconde rade plus petite existe 2 km à l'ouest, avec le village de Cayonne (port Vincent). Cette rade naturelle est protégée des cyclones qui traversent la mer des Antilles d'est en ouest entre juillet et octobre. C'est cette rade, le littoral situé entre Basse terre et Cayonne et les hauteurs en surplomb qui vont abriter la capitale pirate de la première république, celle des « frères de la côte ».
La Tortue possédait alors une ressource de valeur, le bois de brésilet, dont on extrayait une teinture rouge pour les étoffes. On y trouvait aussi l'arbre à chandelles (Morella cerifera), une espèce d'arbuste de la famille des Myricacées dont les baies donnent une cire utilisée dans la fabrication des chandelles qui, une fois allumées, brûlent avec une flamme aussi claire que celle d'une bougie.
En face de la Tortue, la partie occidentale de l'île d'Hispaniola. Elle est abandonnée par les Espagnols depuis 1605 car ils ne pouvaient plus la défendre des razzias venus de la mer ; elle héberge de nombreux bœufs retournés à l'état sauvage et d'autres gibiers en abondance. Mais cette « terre ferme » est surveillée par les Espagnols ; il est plus sûr pour ceux que l'on appellera les boucaniers de s'établir sur la Tortue ; ils y préparent la viande par fumage. Les boucaniers sont principalement Français. Ils font commerce avec les vaisseaux de passage ; ceux qui rallient les colonies espagnoles ; du moins jusqu'à l'établissement de la flibuste.
Au Sud de l'île, il y a suffisamment de terres pour cultiver le tabac, autre approvisionnement nécessaire aux bateaux. C'est la première activité des quelques Espagnols présents.
L'île Saint-Christophe est la première colonie française aux Antilles, partagée pacifiquement avec des Anglais. Le tabac y est cultivé par la compagnie de Saint Christophe qui deviendra la Compagnie des îles d'Amérique. Cette île a joué un rôle de relais entre la métropole et les nouvelles colonies des Antilles.
En 1625, Pierre Belain d'Esnambuc part de Dieppe (France) avec Urbain du Roissey sieur de Chardonville et arrive dans l'île de Saint Christophe à bord d'un brigantin de quatre canons et 40 hommes; ils y trouvent 80 Français, rescapés d'une expédition en Guyane conduite par le Lyonnais Chantail, qui avaient trouvé refuge dans l'île l'année précédente. En 1626, d'Esnambuc soutenu par le cardinal de Richelieu crée la compagnie de Saint Christophe. En 1629, une flotte espagnole commandée par Don Fabrique de Toledo s'empare de Saint Christophe. Les quatre cents Français présents s'embarquent et se dispersent à Saint Martin, Antigue, St. Barthélémy, Montserrat, et la Tortue (une quarantaine avec Esnambuc). À leur arrivée, les Français chassent les quelques Espagnols de la Tortue et s'installent à Basse terre. Esnambuc retournera à Saint Christophe d'où il partira plus tard occuper d'autres îles des Antilles (La Martinique notamment).
De la même manière que les Espagnols ont tenté d'expulser les Français et les Anglais de Saint Christophe, ils expulsent les Anglais de Niévès. Une bonne partie d'entre eux se rendront à la Tortue pour y cultiver le tabac. Des Hollandais, chassés de l'île Sainte Croix arrivent aussi à la Tortue.
Les grandes Antilles sont à la fois des routes maritimes entre les colonies espagnoles et l'Europe, et des points d'approvisionnement en vivres. Comme les puissances européennes concurrentes de l'Espagne, principalement la France, l'Angleterre et la Hollande, n'ont pas leur part du « gâteau » sud-américain, elles favorisent le développement de la flibuste qui est principalement orientée vers le pillage du commerce espagnol. La rade de Basse-Terre et son point d'appui le fort de Rocher deviennent le point de ralliement principal des flibustiers. Des marchands et des tavernes s'y établissent aussi, la Tortue devient l'entrepôt des flibustiers et le lieu de tous les échanges. L'esclavage y existe entre Européens.
Le mot flibustier apparaît en français pour la première fois dans les années 1630 sous la forme « fribustier », du contact des aventuriers français avec les corsaires hollandais et zélandais, en néerlandais les « vrijbuiter » : « libre faiseur de butin ». On estime qu'il y aura jusqu'à 1 500 flibustiers actifs, définis comme suit en 1677 par Monsieur de Pouancey qui était l'un d'eux « Il y a encore ici plus d'un millier de ces hommes qu'on appelle flibustiers… Ils ne vont en descentes sur les Espagnols et en courses que pour avoir de quoi venir boire et manger au Petit-Goâve et à la Tortue, et n'en partent jamais tant qu'il y a du vin ou qu'ils ont de l'argent ou des marchandises ou crédit pour en avoir. Après quoi ils font choix du capitaine ou bâtiment qui leur convient le mieux, sans en épouser aucun, car ils n'embarquent que pour huit jours de vivres ordinairement. Ils quittent partout où il leur plaît ; ils obéissent très mal en ce qui concerne le service du vaisseau, s'estimant tous chefs, mais très bien dans une entreprise et exécution contre l'ennemi. Chacun a ses armes, sa poudre et ses balles. Leurs vaisseaux sont ordinairement de peu de force et mal équipés et ils n'ont proprement que ceux qu'ils prennent sur les Espagnols ».
Outre la course en mer, les flibustiers organiseront à partir de la Tortue des expéditions contre des villes. Les opérations les plus connues sont le pillage de Maracaibo en 1666 et l'expédition de Panama avec la prise de Campeche et Guayaquil en 1685.
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En 1640 : le Huguenot François Levasseur prend le contrôle de l’île pour le roi de France Louis XIII, avec le titre de gouverneur. C'est lui, ancien ingénieur militaire, qui fait édifier le premier point d'appui, le Fort de La Roche (ou fort de Rocher, ou fort La Rochelle, ou encore fort Levasseur), puis fort du Saint-Sacrement. Il fera venir des centaines de prostituées européennes pour mettre fin aux unions homosexuelles, dérivées du « matelotage », une tradition au sein des pirates et boucaniers.
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En 1665, Louis XIV nomma Bertrand d'Ogeron nouveau gouverneur « de l'isle de la Tortue et Coste Saint Domingue ». D'Ogeron avait mené la vie de boucanier sur la côte à Petit-Goâve et celle de planteur à Léogâne et à Port-Margot. Il contribua au peuplement de Saint Domingue en assurant le transport de centaines d’engagés, qui en échange du voyage devaient travailler 3 ans (on les appelait les « 36 mois »). Il vendra aux enchères, aux flibustiers et aux boucaniers, des femmes qu’il a fait venir d’Europe.
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En 1683, Pierre-Paul Tarin de Cussy prend la charge d'exécuter les instructions de Louis XIV de réduire la flibuste jugée trop turbulente et gênante pour les manœuvres diplomatiques de la France en Europe. Mais jusqu'à 1691 celui-ci continuera à délivrer des « lettres de course » et à organiser des expéditions de pillage (Saint Yague).
Cette période de la flibuste connaît une amorce de déclin avec la trêve de Ratisbonne (1684). Mais la guerre de la Ligue d'Augsbourg (guerre de 9 ans) qui suit relance son activité. L'expansion de la flibuste ne sera vraiment entravée qu'à la suite de la conclusion de cette guerre par le traité de Ryswick en 1697. Le rôle principal à Saint Domingue sera transféré à la ville du Cap Français créée en 1674 sur la grande île d'Hispaniola en face.
En 1640, François Levasseur fait construire au-dessus de Basse terre (environ 700 m) le Fort de La Roche qui peut abriter 300 hommes et 24 canons. Une grotte permet de stocker des vivres et munitions, une source fournit l'eau nécessaire. Il est situé à 20° 00′ N, 72° 42′ O des traces sont encore visibles aujourd'hui. Il a été bâti avec une structure en étoile et 2 redans, des terrasses permettaient de protéger des hommes supplémentaires. Après l'assassinat de Levasseur en 1652 pour des raisons présumées à la fois de femme et religieuses, le fort est renommé fort du Saint Sacrement.
Le fort va résister à toutes les attaques, dont une Espagnole avec 800 hommes (dixit Oexmelin), et une Anglaise en 1648.
Les flibustiers, boucaniers et autres marchands constituent rapidement une société organisée sous le nom de « frères de la côte ». Il s'agit pour l'époque d'une organisation sociale quasi républicaine. Les frères de la côte sont égaux entre eux, il n'y a pas de préjugés raciaux, ni sexuels (homosexualité et plus tard des femmes capitaine), pas de propriété individuelle de la terre. Les capitaines sont élus et révocables, la sécurité entre les membres est garantie et il existe une forme de « sécurité sociale ». L'accord de « Chasse-Partie » qui règle à chaque opération le partage du butin, prévoit une part pour indemniser les blessés. Une fois ce contrat signé les membres de l’équipage s’associent deux à deux en vue de s’entraider en cas de maladie ou de blessure. Ce « matelotage » comporte aussi un testament dans lequel celui qui décède donne tous ses biens à son compagnon. Le matelotage s'accompagne parfois d'unions homosexuelles. Le code était le suivant :
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pour la perte d'un œil : 100 écus ou un esclave ;
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pour la perte des deux : 600 écus ou six esclaves ;
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pour la perte de la main droite ou du bras droit : 200 écus ou deux esclaves ;
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pour la perte d'un doigt ou d'une oreille : 100 écus ou un esclave ;
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pour la perte d'un pied ou d'une jambe : 200 écus ou deux esclaves ;
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pour la perte des deux : 600 écus ou six esclaves.
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Il est à noter que les esclaves étaient en général des prisonniers qui pour l'essentiel étaient européens (Espagnols, marins, etc.). L'esclave était également le premier grade d'une forme de noviciat qui pouvait durer assez longtemps. Des esclaves noirs récupérés sur les navires de traite espagnols ou portugais étaient parfois revendus, parfois intégrés à la communauté ou libéré dans l'île (marronnage). Pour faire face à l'homosexualité, il est fait venir à plusieurs reprises des prostituées d'Europe (en plus des femmes prises en course).
En cas de conflit, un conseil de "sages", constitué des plus expérimentés statuait au cas par cas. Certains auteurs voient une influence des templiers caractérisée par l'écriture cryptographique utilisée pour les plans des caches de butin.
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Les plus connus des corsaires et pirates ayant eu la Tortue comme port d'attache sont les suivants :
François l'Ollonais par Oexmelin 1678.
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Michel le Basque, Français
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Montauban le Bordelais, Français
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Roc Brasiliano, Hollandais
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Jacques Cassard, Français
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Jean-Baptiste du Casse
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Alexandre-Olivier Exquemelin, Français
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Laurent de Graff
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Pierre le Grand, le dieppois, Français
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Michel de Grandmont, Français
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Raveneau de Lussan, Français
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Daniel Monbars dit l'Exterminateur, Français
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Henry Morgan, Anglais
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François L'Olonnais (François Nau), Français
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Jean Quet, Français
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Alexis de Segovia, Espagnol
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François Trébutor, Français
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Nicolaes Van Hoorn, Hollandais.
Au terme d'un XVIIe siècle de sang et de feu, la Tortue s'assagit. Les centres de la flibuste se déplacent pour laisser la place au développement de l'économie de Saint Domingue qui deviendra le « grenier à sucre » de l'Europe. Ses exportations dépasseront en valeur celle de l'Amérique proche.
En 1770, la famille de César Gabriel de Choiseul-Chevigny devient propriétaire de l'île et relance les plantations de tabac. À partir de 1791, à la suite des révoltes d'esclaves dans le nord de Saint Domingue, des centaines de colons s'installent à la Tortue.
La Tortue sera peu à peu oubliée si ce n'est pour la qualité de son climat et l'absence de fièvre jaune. En 1802, le général Leclerc malade, s'y réfugie, et y meurt. C'est par elle qu'est arrivée la colonisation de Saint Domingue. Avec l'indépendance de Saint Domingue, la Tortue va sombrer dans l'oubli, elle appartient au cycle européen de l'histoire, notamment dans sa dimension maritime.
De Pierre DIEULEVEULT (marié à Marie Daniel) à François Marie de Dieuleveult (marié en secondes noces à Céleste Marie Hyacinthe Le Gentil de Rosmorduc)...
Ce Pierre est le frère de Guillaume Dieuleveult marié à Renée du Bothon (parents de Anne Dieuleveult), il est donc l'oncle de Anne Dieuleveult nôtre flibustière.
La famille de Dieuleveult olim Dieuleveult est une famille subsistante de la noblesse française anoblie en 1816.
De cette famille sont issus des officiers, des médecins, des avocats, un représentant du comte de Chambord dans le département du Finistère qui fut également député, un reporter et animateur français de télévision.
Gustave Chaix d'Est-Ange écrit que la famille de Dieuleveult est honorablement connue en Bretagne depuis le XVIIe siècle mais qu'elle a eu pour berceau la Normandie où le nom de Dieuleveult a été porté par plusieurs familles très notables. Il cite différents représentants de ces familles : Jean Dieuleveult, notaire à Couterne, eut son blason De gueules à un soleil d'or enregistré à l'armorial général de 1696 (registre de Falaise) ; Pierre Dieuleveult qui vers 1670 était commis de la recette du domaine de Gourin ; Pierre-Jacques Dieuleveult du Bois-Launay était en 1730 procureur fiscal de la baronnie de Pont-l'Abbé.
La famille de Dieuleveult a été anoblie sous la seconde Restauration le par lettres patentes du roi Louis XVIII.
Elle a été admise à l'Association d'entraide de la noblesse française en 1938.
Au début du XXIe siècle elle est l'une des familles les plus nombreuses de la noblesse française subsistante.
Cette généalogie simplifiée est issue des travaux de Gustave Chaix d'Est-Ange et d'Henri Frotier de La Messelière.
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Thomas Dieuleveult, né en 1664 à Langonnet dans le diocèse de Vannes, épouse Marguerite Bannier, ils ont entre autres enfants :
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Noël Dieuleveult, né en 1691, chirurgien, sieur de Launay, épouse Marie-Anne Dupont, ils ont entre autres enfants :
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Jacques-François Dieuleveult, né en 1718, maître chirurgien à Gourin au diocèse de Vannes, il épouse le Anne-Marie Le Fort à Carhaix-Plouguer où il se fixe, ils ont entre autres enfants :
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François-Marie Dieuleveult, né le à Carhaix-Plouguer, décédé le à Tréguier, docteur en médecine, médecin en chef des hôpitaux de Tréguier, il est anobli le pour services rendus pendant une épidémie et il obtient en même temps le règlement de ses armoiries. Par son mariage, il s'apparente à un grand nombre de familles de la noblesse de sa région. Ses fils feront précéder leur nom d'une particule. Il épouse : 1° à Tréguier, le , Françoise-Marie Le Borgne de Coëtivy (1753-1797), veuve du chevalier de Montfort de Kerhrean, fille d'Olivier-Gabriel Le Borgne de Coëtivy, conseiller au parlement de Bretagne. Elle est restée sans postérité. 2° à Lannion, le , Céleste-Marie Hyacinthe Le Gentil de Rosmorduc (1768-1767), veuve de François-Marie-Charles Le Gualès de Lanzéon, fille du comte René-Hyacinthe Le Gentil de Rosmorduc, chevalier de Saint-Louis. Entre autres enfants :
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Paul-Thimothée-Agathe-Ange de Dieuleveult, né (2° lit) le à Tréguier, décédé le à Tréguier, maire de Tréguier, conseiller général et député des Côtes-du-Nord de 1849 à 1851. Marié le à Saint-Pol-de-Léon avec Olympe Marie Françoise Alexandrine de Kermenguy (1807-1881), fille de Nicolas-François de Kermenguy et de Rose-Sévère Fleuriot de Langle.
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A noter que Rose Sévère Fleuriot de Langle n'est pas une inconnue dans nôtre généalogie puisqu'elle est la fille de Charlemagne Fleuriot de Langle frère de Jean Sébastien Fleuriot de Langle et père de Paul Marie Antoine Fleuriot, vicomte de Langle parti avec l'expédition de La Pérouse... Rose Sévère est donc la cousine de ce dernier.
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Entre autres enfants :
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Arthur-Louis-Marie de Dieuleveult, né le à Tréguier, décédé le au manoir de Kerliezec à Dirinon, marié le avec Marie Bigot d'Engente (décédée sans postérité), et remarié le à Cléder avec Sidonie Marie Anne de Kermenguy (née le au château de Kermenguy en Cléder et décédée le au manoir de Kerliezec à Dirinon. Elle était la fille d'Émile Louis Marie de Kermenguy (1810-1893), comte de Kermenguy, maire de Saint-Pol-de-Léon en 1848 et député. Entre autres enfants :
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Arthur-Paul-Marie de Dieuleveult, né le au manoir de Kerliezec à Dirinon, décédé le au manoir de Kerliezec, fut maire de Dirinon de 1924 à 1944. Marié le à Pencran avec Marguerite-Marie Le Forestier de Quillien (née le et décédée le ).