René-Théophile-Marie-Hyacinthe Laennec ou Laënnec, plus connu sous le nom de René Laennec, né le à Quimper, mort le (à 45 ans) à Douarnenez dans son manoir de Ploaré, est un médecinfrançais, créateur du diagnostic médical par auscultation (Traité de l'auscultation médiate, 1819) grâce à l'invention du stéthoscope.
Nôtre "cousinage" avec rené Laennec se fait par, entre autres :
Olivier III de Rohan Montauban marié à Julienne de Tournemine et,
Rodolphe de Saint Gilles marié à Denise N.
René Laennec est fils et petit-fils d'avocats. Son grand-père, Michel Alexandre Laennec, est maire de Quimper de 1763 à 1765.
Son père Théophile-Marie Laennec (1747-1836), avocat et magistrat quimpérois, parle le breton et René lui-même l'apprend, le parle couramment, et l'utilise dans sa correspondance avec son père. Par sa mère, Michelle Guesdon, il était apparenté à Anne-Marie Audouyn de Pompéry, la « Sévigné cornouaillaise » dont il était le cousin et qui le reçut maintes fois dans son château de Couvrelles. Laennec avait pour grand-oncle Dom Morice de Beaubois, auteur d'Une histoire de la Bretagne.
Sa mère, Michelle, meurt en 1786 de la tuberculose (elle est inhumée le dans le cimetière de l'église Saint-Mathieu de Quimper). Son père, alors lieutenant au ministère de la Marine à Quimper, est incapable de s'occuper de lui. Après avoir été confié à son oncle Michel Laennec, recteur à Elliant, René Laennec est, en 1797, recueilli par Guillaume François Laennec (baptisé le à Quimper-Saint-Julien), un autre de ses oncles, médecin à Nantes, professeur et directeur de l'école de médecine, qui avait été recteur de l'université de Nantes avant sa suppression au début de la Révolution.
Suivant l'exemple de ce dernier, Laennec entame des études de médecine. En 1800, il est étudiant à Paris sous la direction de Jean-Nicolas Corvisart à l'hôpital de la Charité et d’autres professeurs comme Guillaume Dupuytren. En 1802, à peine âgé de 21 ans, il reçoit en séance solennelle de l'Institut les deux grands prix de médecine et de chirurgie de l’École pratique. Il est reçu docteur en médecine en 1804. Il pratique ensuite l'anatomie pathologique avec Gaspard Laurent Bayle. Il étudie les maladies à partir des lésions constatées à l’autopsie et, en particulier, la cirrhose.
En 1816, il est nommé à l’hôpital Necker. Il s’intéresse aux maladies pulmonaires et identifie ses malades en utilisant largement la technique de percussion décrite pour la première fois par le médecin autrichien Leopold Auenbrugger en 1761 dans son ouvrage Inventum Novum et diffusée par Corvisart, une méthode qui renseigne sur l’état d’un organe par l’écoute du bruit rendu par la frappe des doigts au niveau de ce dernier. C’est dans ce cadre qu’il crée selon la légende le le stéthoscope, d’abord un simple rouleau de papier ficelé qu’il appelait « pectoriloque » et qui permettait d’éloigner l’oreille du médecin de son patient pour des raisons de pudeur , stéthoscope qu’il ne tarde pas à perfectionner en cylindre démontable et en buis et dont l’usage est attesté en sur les feuilles des malades à l’Hôpital Necker. Il fonde ainsi une nouvelle pratique qui permet d’analyser les bruits corporels internes et de les relier à des lésions anatomiques, ce qui se révélera particulièrement utile pour le diagnostic des maladies respiratoires, dont la phtisie ou tuberculose. En , il présente ses découvertes dans un discours à l’Académie des sciences, et en 1819, il publie son Traité d’auscultation médiate où il classe les bruits émis dans le thorax. En 1822, il succède à Jean Noël Hallé à la chaire de médecine pratique du Collège de France. Cette même année, il est chargé de réorganiser la Faculté de médecine, à la suite des désordres scandaleux qui en avaient rendu la dissolution nécessaire. Quelque temps après, il est nommé titulaire de la chaire de clinique interne à l’hôpital de la Charité.
Par un après-midi d'octobre, il passe sous les guichets du Louvre. Des enfants jouent dans la cour parmi des décombres. Un enfant gratte l'extrémité d'une longue poutre avec la pointe d'une épingle. À l'autre extrémité, l’oreille collée à la poutre, les enfants recueillent les sons, se bousculent pour entendre, et rient de la découverte. Laennec s'arrête devant les enfants qui viennent de lui donner la réponse au problème qu'il se posait depuis longtemps.
Parvenu au chevet d'une jeune cardiaque, il demande une feuille de papier à lettres, la roule en cylindre, appuie une extrémité contre la poitrine de la patiente et l'autre contre sa propre oreille. Et voici que le double bruit du cœur et celui de la respiration lui parvient avec netteté. L'auscultation est inventée.
C’est également lui qui donne à cet instrument d’auscultation médiate le nom de « stéthoscope », qui est dérivé du grec (stethos signifiant « poitrine »). Le stéthoscope que nous connaissons (avec un embout pour chaque oreille) est inventé par l'Américain George Cammann en 1852.
En 22 mois, Laennec découvre toute la sémiologie pulmonaire et fait faire à la médecine un bond prodigieux. Sa classification des bruits d’auscultation (ronchi, râles crépitants…) est toujours utilisée par les médecins.
Pourtant cette nouvelle méthode d'auscultation n'est pas facilement acceptée par certains médecins, qui préfèrent la méthode habituelle d'écoute avec l’oreille en contact direct avec la poitrine (auscultation immédiate). En 1885, un professeur de médecine déclare encore : « Il n'y a que les oreilles pour entendre, laissez-nous nous servir de nos oreilles et ne nous obligez pas à nous servir d’un stéthoscope ». Même le fondateur de l'American Heart Association, Dr Lewis A. Connor (1867-1950) porte sur lui un mouchoir de soie destiné à être posé sur la paroi thoracique pour l’auscultation directe à l'oreille.
Publicité des laboratoires Dehaussy (la médecine à travers les âges).
Parmi ses autres contributions à la médecine il faut citer aussi sa description de la péritonite et de la cirrhose. Bien que la cirrhose fût une maladie déjà connue, c’est Laennec qui lui donna son nom, en utilisant le mot grec (kirrhos, « fauve »), qui fait référence aux nodules jaunes caractéristiques de la maladie.
Il est à l’origine du terme mélanome et a décrit les métastases pulmonaires du mélanome. En 1804, alors qu'il était encore étudiant en médecine, il fut le premier à faire une conférence sur les mélanomes. Cette conférence a ensuite été publiée en 1805. Laennec a effectivement inventé le terme « mélanose », à partir du grec (mela, melan) pour « noir ». Au fil des années, les relations sont devenues exécrables entre Laennec et Dupuytren, le second reprochant au premier de n’avoir fait aucune mention de son travail dans ce domaine ni de son rôle dans ses découvertes.
Il a également apporté de nombreuses contributions à la connaissance de la tuberculose.
Sa contribution peut-être la plus importante à la médecine fut l’introduction d’une rigueur toute scientifique qui imposait des règles d’observation objectives. Quand il a publié son traité en 1819, il a inscrit en exergue cette devise en grec : « la partie la plus importante de notre art consiste à être en mesure d’observer correctement. » Son livre a été tenu en très haute estime par de nombreux médecins et considéré comme l’étalon-or de la pratique médicale. Le professeur Benjamin Ward Richardson écrit dans son livre Les disciples d'Esculape que « le véritable étudiant en médecine se doit de lire le traité de Laennec sur l'auscultation médiate et l'utilisation du stéthoscope au moins une fois tous les deux ans tant qu'il pratique son art. Son œuvre originale le situe parmi les grands pionniers aux côtés de Vésale, Harvey et Hippocrate. »
La cirrhose est parfois encore appelée la « cirrhose de Laennec »car Laennec fut l'un des premiers à reconnaître cette affection comme une entité nosologique. Il existe également d'autres termes médicaux qui sont restés associés à son nom : la cirrhose de Laennec se réfère à l'apparence du foie en cours de sa régénération où il apparaît composé de petits lobules séparés par un fin tissu fibreux.
Le « thrombus de Laennec » est un thrombus qui se forme dans le cœur avant la naissance. Les « crachats perlés de Laennec » font référence aux expectorations des asthmatiques. Le « murmure de Hamman », également connu sous le nom de « symptôme de Laennec-Hamman » ou « symptôme de Laennec-Müller-von Bergmann-Hamman » ou « crépitement de Hamman », est un bruit crépitant entendu dans la région précordiale dans l'emphysème médiastinal spontané.
Cependant, il est lui-même atteint de phtisie. Son neveu, Mériadec Laennec (qui fit une carrière politique et fut en 1849 président du conseil général de la Loire-Inférieure), l’a ausculté avec le stéthoscope inventé par son oncle et il a décelé sur lui les symptômes fatidiques de la tuberculose. Il se retire en son manoir de Kerlouarnec en Ploaré, proche de Douarnenez, où il s'éteint, le à l'âge de 45 ans. Dans son testament, il lègue à son neveu ce stéthoscope qu’il considérait comme « le plus grand héritage de sa vie ».
Statue de Laennec à Ploaré (29) de Jean Luc Guillou. ( d'une hauteur de 4,50m)
Sur la fiche Wikipédia de René Laennec, il n'est pas fait mention de son mariage avec Jacquette Guichard.
Tombe de René Laennec et de son épouse Jacquette Guichard dans le cimetière de Ploaré (29)
Il était catholique et très pieux. On possède de nombreux témoignages de sa piété et sa charité envers les pauvres était devenue proverbiale. Dès 1802 il est membre de La Congrégation, attiré par son ami Bayle. Il était aimé par ses collègues et ses élèves, particulièrement ses étudiants anglophones.
Statue de René Laennec à Quimper.
Hommages
À Quimper a été inaugurée en , sur l’esplanade entre la mairie et la cathédrale, une statue de bronze sculptée par Eugène-Louis Lequesne, érigée par souscription des médecins bretons, français et étrangers. Il existe à la faculté de médecine de Paris un buste en bronze de Laennec, dû au même statuaire, offert par le professeur Potain en 1883. De même, une statue en bronze de Laennec est présente devant la faculté de médecine de Nantes. Dans cette même ville, l'hôpital porte son nom et celui de son oncle.
Sur le mur extérieur de l'hôpital Necker-Enfants malades, où Laennec a mis au point l’auscultation médiate avec son stéthoscope, près de l'entrée de l'hôpital au 149, rue de Sèvres, a été posée une plaque de marbre à l’effigie de Laennec avec cette inscription : « Dans cet hôpital Laennec découvrit l'auscultation. 1781-1826 ». Certains des plus anciens bâtiments de l'hôpital existent encore dans cet hôpital moderne. Le nouveau bâtiment de pédiatrie (Pôle mère-enfant), à l'angle du boulevard du Montparnasse et de la rue de Sèvres, porte son nom.
René Laennec a donné son nom à des établissements scolaires de Bretagne (le collège et le lycée public de Pont-l'Abbé, dans le Finistère), à l'hôpital de Quimper ainsi qu'à un boulevard à Rennes.
L'un des deux sites de la faculté de médecine Lyon-Est, appartenant à l'Université Claude Bernard Lyon 1 porte le nom de RTH Laennec depuis l'abandon du nom de l'ancienne faculté Alexis Carrel, sujet à polémique. Par ailleurs, plusieurs hôpitaux portent aussi le nom Laennec. Son nom a été donné à un paquebot des Messageries Maritimes.
À Paris, une place située dans le 7e arrondissement à l'intersection de la Rue Chomel et de la Rue de Babylone porte son nom depuis 2013.
A Valence dans la Drôme, une place porte son nom.
Un timbre à son effigie a été émis par la Poste française en 1952 (no 936 au catalogue Yvert et Tellier).
Dans la ville de Laval, au Québec, un boulevard se nomme en l'honneur de Laennec, dans le secteur de Vimont. L'important hôpital de la Cité-de-la-Santé se situe sur ce boulevard.
Au début de cet article, nous apprenons que Anne Marie Auduyn de Pompery "la Sévigné cornouaillaise" était une cousine de René Laénnec par sa mère Michelle Guesdon. Mais qui était-elle exactement ?.
Extrait de l'arbre généalogique de Michelle Guesdon, la mère de René Laennec.
Anne Marie Audouyn de Pompéry.
Anne-Marie Audouyn de Pompéry (son nom de jeune fille était Anne-Marie Audouyn du Cosquer), née le à Quimper, morte le à Soissons (Aisne), est une épistolière française, surnommé la « Sévigné cornouaillaise ».
Fille de Guillaume François Audouin, né en à Quimper et de Louise Élisabeth Taupin, née en 1739, elle se marie le à Quimper avec François Hyacinthe de Pompéry, seigneur de Salsogne, vicomte de Couvrelles, veuf et sans enfant, qui occupa la charge de lieutenant dans la maréchaussée à Quimper à la fin des années 1770, dont elle eut trois enfants : Louis Charles Hyacinthe de Pompéry (1787-1854), Antoine de Pompéry (1795-1873), qui fut maire de Ciry-Salsogne et Marie-Victoire-Alexandrine de Pompéry (1799-1855). Elle est la grand-mère de Théophile de Pompéry (1814-1880), homme politique français, et d'Édouard de Pompéry (1812-1895), journaliste politique et essayiste ; elle était aussi la cousine du célèbre médecin Laënnec qu'elle reçut maintes fois au château de Couvrelles où il venait « se délasser de ses travaux et satisfaire son amour pour la chasse ».
Elle estime son époux, mais ne l'aime pas vraiment. Il « ne répondait pas à l'idéal qu'elle s'était fait d'un mari ». Ses pensées se tournent vers son cousin, Augustin Audouyn de Kergus avocat à Hennebont, avec qui elle va échanger une correspondance fournie. Entre 1792 et 1805, sœur d'émigrés et femme d'aristocrate, fuyant la tourmente révolutionnaire, elle se réfugie à Pont-l'Abbé (Finistère) dans sa propriété du Séquer où elle mène une vie de campagnarde : « Ma lettre sentira peut-être le boudin : j'en ai fait cet après-midi. Ma truie ne m'a donné que quatre petits, mais ils sont vaillants et jolis comme des amours ».
En 1793, elle est un moment emprisonnée à Quimper : le , elle écrit à son cousin de Kergus : « On nous permet d'écrire, pourvu que nos lettres passent à la surveillance » et, après avoir brièvement raconté qu'elle arrose ses chaînes de ses tristes larmes, elle ajouta aussitôt : « Je n'ai pas encore rempli vos bouts rimés d'un bout à l'autre, j'en ai seulement extrait les huit premiers vers. Je tâcherai de tirer quelque parti des autres rimes ». Même en prison, Anne-Marie Audouyn de Pompéry consacrait son temps à des jeux d'esprit. Mieux valait se livrer à ces innocentes distractions que de conspirer !.
« Bonne musicienne sur son piano-forte, gloire de son salon de Quimper, poétesse naïve en bouts rimés, épistolière d'une saveur admirable, Mme de Pompéry, mariée à un lieutenant de la maréchaussée qui savait menuiser une estrade de théâtre, moucher la chandelle, tailler et peintre les décors pour le jeu des charades, vécut humblement ». « Le soir, entre chien et loup, (...), je me mets à mon piano, ce qui amuse beaucoup mes enfants. L'un me demande une marche, l'autre une gavotte ; je les satisfaits tour à tour autant que je le puis. (...) Quand la chandelle est allumée et tout le monde rassemblé, nous jouons au nain jaune, jeu charmant. Après souper, mon mari nous lit quelques ouvrages intéressants. Je tricote pendant la lecture. Cela nous mène jusqu'à dix heures ».
« Je devais être samedi à Quimper. Un ouragan et un déluge de 24 heures nous ont forcé de rester au Séquer, et le pis de l'aventure, c'est qu'ayant envoyé tous mes gens la veille, meubles et bagages et comestibles, nous avons pensé manquer de vivres. (...) Le samedi soir, le fidèle Scoarnec nous a pourtant apporté des sardines et du pain ; il était temps, nous n'avions plus rien du tout. Detaille a fricassé le poisson, Mlle de Casanbon a lavé les écuelles et j'ai mis le couvert sur un petit bout de tabler qui nous était resté. N'ayant pour toute ressource d'amusement que ma voix et ma quenouille, j'ai chanté en filant ». À partir de 1805, Anne-Marie Audouyn de Pompéry réunissait autour d’elle, au château de Couvrelles, parents et amis, embellissant sa vie « par les plaisirs de l'esprit et les ressources qu’offre la musique. Les jours de naissance y étaient fêtés. Les charades, les proverbes, les concerts et les petits jeux, la danse et les promenades dans le parc, mille distractions dont la maîtresse du logis était l’âme, rendaient agréable le séjour de Couvrelles ».
Épistolière et musicienne de talent, elle correspond avec Jean-Jacques Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre. Ses lettres, rassemblées en deux volumes, sont publiées en 1884 par un de ses petits-fils Armand de Pompéry. À la manière de Madame de Sévigné, elle laisse un témoignage sur la vie et les mœurs de son époque.
Née dans la paroisse de Saint-Julien à Quimper, le 31 janvier 1762, Anne-Marie est la fille de Guillaume-François Audouyn, homme de loi et de Louise-Elisabeth Taupin. Elle est instruite à l’abbaye de Kerlot qu’elle quitte en 1786 pour épouser François- Hyacinthe de Pompéry, lieutenant de la maréchaussée affecté en Bretagne. De cette union, naissent trois enfants entre 1787 et 1799.
Peu après son mariage, le couple s’installe dans une maison de la rue Obscure. Madame de Pompery ne semble pas s’y plaire, trouvant la maison sombre dans un quartier qu’elle qualifie d’affreux. En 1789, son époux loue une maison au bourg de Penhars à madame de Madec, veuve du Nabab René Madec. Dès le 20 avril 1790, madame de Pompéry quitte sa maison quimpéroise pour s’y installer. A Bernardin de Saint-Pierre, l’auteur de Paul et Virginie, elle écrit : « J’habite une petite campagne simple, mais riante. Ma chaumière est sans tapis au-dedans, mais la nature lui en a donné de superbes au-dehors. J’ai autour de ma maison de jolis bosquets qui ne m’appartiennent pas, mais qui jamais ne me refusent leur ombrage ». A Penhars, elle vit modestement et ne s’habille désormais que pour aller en ville ou à une fête.
En 1790, pendant la vague d’émigration, elle doit regagner Quimper car on soupçonne le couple de s’attarder à Penhars pour y préparer son départ. Avertis que le comité de surveillance de Quimper prenait ombrage de leur absence, ils regagnent alors la cité. Madame de Pompéry rejoint son logis de Penhars en août 1792, mais bientôt, son mari ayant été réformé, ils abandonnent Quimper pour le Séquer dans la banlieue de Pont-l’Abbé.
A Quimper, le couple Pompéry entretient des relations d’amitié avec quelques familles de la noblesse cornouaillaise telles les Penfeunteunyo, les Aleno de Saint-Alouarn ou encore la famille de Silguy. Elle est aussi très proche de Mademoiselle du Marac’hallc’h, la belle-sœur de monsieur de Pompéry et marraine de Louis-Charles, son fils aîné.
On connait surtout madame de Pompéry pour ses talents d’épistolaires. Ses lettres ont d’ailleurs été publiées une première fois en 1884 par son petit-fils Edouard de Pompéry, essayiste et journaliste politique sous le titre Un coin de la Bretagne sous la Révolution. A travers celles-ci, elle livre un tableau de la vie quotidienne des classes privilégiées en Cornouaille pendant la Révolution. C’est aussi à travers sa correspondance que l’on découvre sa vie et ses passions.
Parmi les destinataires de ses lettres figure Bernardin de Saint-Pierre avec lequel elle échange pendant de longues années sur la musique. Mais celui à qui elle écrit le plus c’est son cousin Augustin Audouyn de Kergus pour lequel elle ressent des sentiments amoureux qui ne semblent pas être partagés. Elle partage cependant avec lui sa passion pour la musique et ils n’hésitent pas à s’entre-aider quand l’un ou l’autre a besoin de fournitures musicales et de conseils.
Madame de Pompéry s’essaie, elle-même à l’écriture, il lui arrive de composer quelques « bouts-rimés » au fil de sa correspondance.
Elle cite aussi de nombreux auteurs comme Socrate ou Saint-Augustin. Dans sa bibliothèque trônent l’Iliade et l’Odyssée, les fables d’Esope et l’art poétique de Boileau qu’elle enseigne à ses enfants. Elle connait La Fontaine, Pascal, La Rochefoucauld et La Bruyère. Elle fait également référence à madame de Sévigné.
Elle aime particulièrement les auteurs de théâtre comme Corneille et Racine. Elle fréquente d’ailleurs assidument la Comédie et évoque dans ses correspondances, les séances théâtrales données à Pont-l’Abbé et à Quimper : «… On se divertit merveilleusement à Quimper. Le spectacle est très suivi et l’on s’y étouffe […] J’ai été au spectacle, invitée, s’il vous plaît, par la société dramatique et placée honorablement dans la loge privilégiée des acteurs».
Elle est également abonnée à plusieurs journaux littéraires comme le Mercure ou le Journal littéraire. Grâce à eux, elle se tient au courant des nouvelles parutions et découvre de nouveaux auteurs. Mais son auteur préféré reste Bernardin de Saint-Pierre dont elle connaît toute l’œuvre.
Anne-Marie de Pompéry ne semble pourtant pas sensible à l’œuvre des encyclopédistes, à Rousseau ou Beaumarchais. Elle n’apprécie guère non plus Voltaire et les philosophes des Lumières.
Son goût pour les arts vient probablement de l’éducation qu’elle reçoit à Kerlot. De Son père, elle a hérité de l’amour de la musique. Madame de Pompéry joue fort bien du piano-forte, de la guitare, de la harpe, du clavecin et de l’orgue. Elle donne des cours et des conseils à plusieurs de ses connaissances et s’occupe aussi de l’éducation musicale de son fils Charles. Elle se rend régulièrement à Brest pour assister à des opéras et des concerts.
Elle aime particulièrement s’entourer de personnes ayant la même passion qu’elle pour la musique comme mademoiselle de Carné. Elle tient souvent salon à Quimper et à Penhars où elle invite parfois des officiers en garnison à Quimper à venir exprimer leur talent de musicien. On compte aussi parmi ses amis « musiciens », l’ingénieur Detaille et le sieur Castaing, contrôleur des Domaines, peintre à ses heures. Ce dernier a d’ailleurs réalisé une miniature de Madame de Pompéry devant son piano-forte.
Anne-Marie de Pompéry parle peu du contexte politique de son époque. Comme le dira très justement son petit-fils, ce n’est pas dans ses lettres qu’on pourrait apprendre l’histoire de la Révolution et s’en faire une idée.
Quand elle s’installe à Penhars en avril 1790, elle évoque surtout la joie de « voir traire mes vaches, je joue du forte-piano, je chante des romances, je relis les études de la Nature M. de Saint-Pierre et ….je n’entends pas parler de politique, article très essentiel au bonheur de ma vie. »
« Je ne puis me résoudre à quitter Penhars, […] ; ici la politique ne vient pas obscurcir la sérénité de nos beaux jours… »
Cependant, elle commente de temps à autre, les décisions qui touchent directement son quotidien et notamment celles concernant l’Eglise : « De tout ce qu’a fait l’Assemblée Nationale, le coup qu’elle a porté au clergé est le seul qui ait retenti dans mon cœur. Mon frère [aumonier de Kerlot, ndlr] y perd tout. » Et de poursuivre dans une autre lettre : « Des amis, démocrates même, m’ont dit qu’il ferait très bien, non seulement de quitter Kerlot, mais Quimper etc., car la proscription est générale. ». En 1791, elle écrit encore à propos du clergé qu’elle espère : «que le nouveau décret qui attire encore l’orage sur les malheureux prêtres sera couvert pour quelques temps du veto. […] On les fait envisager au peuple, par le refus du serment civique, comme perturbateurs et ennemis de la loi du royaume. »
Malgré sa réticence à parler politique, elle se tient au courant des évènements nationaux et s’en inquiète parfois. Mais c’est surtout, les nouvelles qu’elle reçoit de Quimper qui occupent son esprit lors de l’expulsion des dames de Sainte-Catherine : « Aucunes d’entre-elles n‘ont voulu quitter leur maison, et, pour prix de leurs services et de leurs vertus, on travaille à les en chasser […] Je ne ris plus que du bout des lèvres. J’ai toujours devant les yeux le tableau de la vertu persécutée ».
Elle décrit Quimper comme une ville remplie de troubles. Elle évoque à plusieurs reprises dans ses lettres le « club » de Quimper (sans doute le comité de surveillance) dont l’omniprésence dans la vie politique semble faire peser sur la ville et les citoyens une pression insupportable.
En 1792, elle quitte Quimper pour le Séquer et en novembre 1793, alors qu’elle vit à Pont-l’Abbé, elle est arrêtée par le Comité de surveillance et conduite au château de la ville où elle réside avec une quinzaine de personnes. Elle y reste environ trois semaines puis est libérée. Son père le sieur Audouyn a été lui aussi conduit à la maison d’arrêt de Quimper à la même période et en sort fin janvier 1794.
Au-delà des évènements politiques de son temps, Anne-Marie de Pompéry dépeint surtout la vie et les mœurs innocentes d’une aristocratie provinciale quelques peu désemparée face aux troubles de la Révolution.
Elle quitte définitivement sa Cornouaille natale en 1805 pour la Picardie et décède à Soissons le 21 avril 1820.
Le château de Couvrelles dans l'Aisne.
Le dernier seigneur de Couvrelles était décédé en 1798, âgé de 75 ans, en laissant pour héritière sa seconde femme, Marie Regnault, qui mourut au château en 1805. La mère de la défunte, Marie Quinquet, s’était remariée à Ciry, en 1743, à Jacques-François de Pompery, écuyer, seigneur de Salsogne par cette alliance, et son frère cadet, le chevalier Christophe de Pompery, s’était allié en 1770 à Geneviève-Françoise Regnault de Salsogne, propre sœur de Mme de Verdon. Jacques-François de Pompery laissa, avec trois filles, un fils, François-Hyacinthe, lieutenant-colonel et chevalier de Saint-Louis, né à Salsogne en 1749. Veuf de demoiselle du Marhallach, il s’était remarié, à Quimper, en 1786, à une autre bretonne, Anne-Marie Audouyn du Cosquer. Devenu propriétaire du château de Couvrelles en 1805, à la mort de sa demi-sœur, il s’intéressa avec passion à l’avenir de la betterave ; le blocus continental avait donné naissance à cette culture qui devait devenir une source de richesse pour le Soissonnais. Pour entretenir dans des heures difficiles l’activité de la sucrerie qu’il avait fondée, il ne craignit pas d’abattre les arbres de son parc. La paix avait rouvert la porte au sucre colonial et la jeune industrie n’avait pas encore la force de lui résister. Quand François-Hyacinthe mourut à Soissons en 1821, sa situation financière était fortement ébranlée. Mme de Pompery, morte l’année précédente, réunissait autour d’elle parents et amis, embellissant sa vie « par les plaisirs de l`esprit et les ressources qu’offre la musique. Les jours de naissance y étaient fêtés. Les charades, les proverbes, les concerts et les petits jeux, la danse et les promenades dans le parc, mille distractions dont la maîtresse du logis était l’âme, rendaient agréable le séjour de Couvrelles ».
Elle y reçut souvent un de ses cousins, qui a laissé un nom illustre et a pu être appelé le fondateur de la médecine moderne. Edouard de Pompery raconte que Laënnec, médecin en chef de l’hôpital Necker et professeur au collège de France, venait souvent « se délasser de ses travaux et satisfaire son amour pour la chasse, ayant même quelque prétention à cet égard, et comme bon marcheur ». François-Hyacinthe de Pompery avait eu de sa seconde alliance deux fils et une fille. L’aîné, Charles, allié à la demoiselle Aleno de Saint-Alouarn, eut trois enfants, Esmée, Edouard et Théophile, nés à Couvrelles en 1811, 1812 et 1814 (leur descendance est encore représentée en Bretagne). Le second, Antoine, officier de gendarmerie à Guingamp, avait épousé à Pont-l’abbé, en 1795, demoiselle Jodon de Villeroché et s’était remarié à demoiselle Suzanne Cambier de Buhat, qui lui donna une fille, propriétaire du château de Salsogne, mariée au général de Curten. Marie de Pompery, née à Pont-l’Abbé en 1799, avait épousé à Soissons, en 1818, le colonel comte du Parc de Locmaria, chevalier de Saint-Louis, ancien garde du corps, qui devait, pendant de longues années, se dévouer au comte de Chambord ; leur fils, général de brigade, est mort en 1907. François-Hyacinthe laissait aussi une sœur, âgée de 75 ans et restée célibataire, avec un droit d’usufruit.
Ces héritiers en indivision cherchèrent à se défaire de la terre de Couvrelles. Elle se composait du château, de 4 hectares de jardins avec une pièce d’eau, de bois taillis et futaie en trois pièces de 7 hectares, des bâtiments de la ferme situés dans la cour d’entrée, de 185 hectares de terre, pré, saussaie et vigne, loués à la Ferté avec la ferme pour 27 muids de blé rendus à Soissons et 1.800 francs, en tout 206 hectares ou 512 arpents ; le château devait 300 francs d’impositions. Les domaines de bon rapport étaient fort recherchés des dignitaires de l’Empire, que la paix et souvent la disgrâce laissaient dans une inaction qui leur pesait.
A Courcelles, demeurait le général de Vaubois. Siéyès avait possédé Paars. Davout jouissait de Montgobert,et Charpentier, d’Origny-en-Valois. Le général Randon-Dulannois, ancien commandant de l’artillerie de la garde impériale, s’était plu à élever, sur les bords de l’Aisne, à Villeneuve-Saint-Germain, un vaste château au goût du jour. Il aurait acquis, disait-il, Couvrelles s’il avait eu un enfant. Il chercha tout au moins un acquéreur de son choix, et le général Foy, député de l’Aisne, lui apporta son aide. La correspondance conservée au château témoigne des qualités d’administrateur de ces chefs d’armée, élevés à l’école de Napoléon. « Hier, mon cher Lobau, écrivait plaisamment de Villeneuve l’intermédiaire, à la date du 12 juin 1824, je l’ai passé à parcourir à pied et à cheval les domaines composant la vicomté de Mme de Lobau ». Après plusieurs mois de minutieux pourparlers, la propriété fut vendue, pour 255.000 francs, à Georges Mouton, comte de Lobau, lieutenant-général des armées du roi en non-activité, désireux de plaire à sa femme.
Autre personnage interressant dans la généalogie de René Laennec, cet "autre" René Laennec de ces ancêtres, notaire et corsaire du Roi.
Extraits de l'article sur la guerre de course en Cornouaille...
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