24 juillet 2024
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Qui sont les "MIRABEAU" à part des cousins qui descendent d'au moins deux couples de nos ancêtres :
Yves BUDES marié à Jeanne POUANCES et
Jean de ROSMADEC marié à Jeanne THOMELIN
En fait, avant de découvrir ce cousinage, j'en avais trouvé un premier avec :
Marie Anne Joséphine Charlotte dite Marie de TREOURET de KERSTRAT dont voici, selon Wikipédia, la surprenante biographie...
Marie de Kerstrat, nom d'usage de Marie de Tréouret de Kerstrat, épouse Grandsaignes d'Hauterives, née le au château de Trohanet à Langolen (Finistère) et morte le à Pont-l'Abbé, est une pionnière du tourisme en Pays bigouden et de la diffusion du cinématographe des premiers temps au Canada et aux États-Unis (1897-1910), puis aux Bermudes, à Saint-Pierre-et-Miquelon et enfin à Saint-Malo.
Son père, le comte Joseph-Louis, dit Ludovic, de Tréouret de Kerstrat (né le au château de Trohanet, décédé le ), a épousé Marie-Antoinette-Adélaïde Riquetti de Mirabeau (1818-1901), une petite-fille d'un compagnon de La Fayette, André Boniface Louis Riquetti de Mirabeau, surnommé Mirabeau-Tonneau et frère du célèbre Honoré-Gabriel Riquetti de Mirabeau.
Elle a 4 frères et sœurs, dont Charles Marie Arundel de Tréouret, comte de Kerstrat, qui participe à la désastreuse expédition du Mexique sous Napoléon III.
En 1868, elle épouse à Paris le comte Louis Étienne Hermin Gustave de Grandsaignes d'Hauterives, receveur des douanes à Pont-l'Abbé, alors veuf et père de deux enfants. Un fils unique naîtra de leur union : Henry Louis Marie de Grandsaignes d'Hauterives, né le à Pont-l'Abbé, décédé le à Paris.
Pionnière de l'accueil touristique en Pays bigouden
Grâce à un héritage, elle aménage un lieu non cultivé au sein d'un superbe paysage marin à Pénanveur [Pen an Veur], en Loctudy, sur les rives de l'estuaire de la rivière de Pont-l'Abbé, à proximité d'un moulin à marée et de l'étang du Suler, qui donne son nom à la propriété.
Elle y fait construire quatre villas destinées à l'accueil de touristes fortunés, en particulier parisiens et anglais, à partir de 1884. Elle est parfois considérée comme l'inventrice du village de vacances. Comme hôtesse, elle imagine des animations et des distractions : promenades sur terre et sur mer, soirées récréatives, jeux, etc. Les villas font le plein, la bonne hôtesse fait merveille. Loctudy est alors un lieu privilégié de séjour pour des peintres tombés sous le charme du village côtier (Maurice Denis, Maxime Maufra, André Dauchez, Vuillard...) et des familles de la grande bourgeoisie et de l'aristocratie, qui y construisent des villas avec vue sur mer ou sur estuaire telles que les Saint-Amant-Martignon, La Grandière (l'amiral Pierre-Paul de La Grandière, deviendra propriétaire du château natal de Marie de Kerstrat), Le Normant des Varannes, Briant de Laubrière, Coëtlogon, Welesley, Ruaulx de La Tribonnière...
Pionnière du cinéma en Amérique
En 1897, son mari étant décédé et son fils, exerçant comme avoué, ayant dilapidé la dot de sa femme, elle décide d'acheter un appareil cinématographique aux frères Lumière et de tenter l'aventure des spectacles au Canada, afin d'aider son fils à rembourser son épouse. Elle embarque, avec celui-ci, à Liverpool en pour se rendre à Montréal.
Ils louent une salle de théâtre dans cette ville, puis débutent des séances de projection itinérantes dans le Québec des villes, bourgs et villages, peuplés de paysans, ouvriers, bûcherons, trappeurs et Amérindiens. Ils feront aussi quelques incursions dans l'Ontario anglophone.
Marie de Kerstrat tient la caisse à l'entrée des salles, tandis que son fils improvise des commentaires pour les très courts films muets projetés sous la raison sociale : "l'Historiographe et Cie". Henry est considéré comme l'un des inventeurs du boniment cinématographique. Un pianiste est chargé de l'ambiance musicale. Les Hauterives sont des professionnels hors pair.
Ils achètent leurs films en France à la société Lumière, à Georges Méliès et à Pathé. Les sujets en sont historiques (Jeanne d'Arc, L'épopée napoléonienne) ou divertissants (Le voyage dans la lune, Le château hanté). En outre, atout supplémentaire, les pellicules sont colorisées à la main par un atelier spécialisé de Paris. Le duo projette ses films dans les écoles, les salles paroissiales, les théâtres. Le succès, financier et populaire, est au rendez-vous. Marie de Kerstrat y gagne le surnom affectueux et admiratif de "comtesse des vues animées".
À partir de 1899, ils étendent leurs tournées aux États-Unis. Les voici à Boston, Atlantic City, New York, dans les petites villes du nord-est du pays, et à partir de 1904, Saint-Louis dans le Missouri. Cette année-là, ils y triomphent lors de l'Exposition Universelle. Leur raison sociale s'est muée en "Dream World", tout un programme. Ils finissent par ouvrir des salles permanentes à New York et Saint-Louis. Ils sont alors à la tête d'un personnel nombreux et compétent. Mais la multiplication des salles concurrentes à partir de 1905 et une législation protectionniste, défavorable aux petits exploitants d'origine étrangère, les conduisent en 1910 à quitter les Etats-Unis. Les Hauterives s'établissent à Hamilton, la capitale des Bermudes, où ils ouvrent un cinéma en même temps que Marie de Kerstrat tient une pension de famille et commercialise des ouvrages en dentelle en provenance du Pays bigouden. Ils passent les étés à Saint-Pierre-et-Miquelon, au climat plus tempéré, où ils projettent des films dans l'arrière-salle du café à la mode de Saint-Pierre. Finalement, au terme d'un existence aventureuse de seize années, Marie et son fils Henry rentrent en France fin 1913. Une dernière fois, ils ouvrent un cinéma à Saint-Malo mais la concurrence locale met prématurément fin à l'aventure.
C'est à Rouen que Marie de Kerstrat vit pendant la guerre de 1914-1918. Pendant le conflit, à la demande de l'armée française, Henry reprend du service dans les vues animées. Il commente avec succès et en anglais les films projetés aux tommies, les soldats britanniques en opération sur le sol français. Sa mère l'accompagne volontiers sur le front. La comtesse d'Hauterives revient à Pont-l'Abbé en 1920, trois mois avant d'y mourir à l'âge de soixante-dix-neuf ans.
Neuf ans plus tard, son fils Henry décède à Paris. L'une et l'autre sont enterrés au cimetière de Pont-l'Abbé.
Généalogie de Marie de Tréouret de Kerstrat.
Si Marie de Tréouret a pour ascendants communs avec notre généalogie les deux couples (au moins) cités plus haut, elle a pour ascendants plus proches son arrière grand-père André Boniface Louis de RIQUETTI de MIRABEAU, comte de Mirabeau marié à Marie Louise Jacquette de Robien...
André Boniface est une figure de la Révolution Française: Honoré Gabriel RIQUETTI de MIRABEAU, luis aussi comte de Mirabeau.
Nous commencerons par la la biographie de leur père à tous les deux : Victor dit l'Ami des Hommes...
Victor Riquetti de Mirabeau, marquis de Mirabeau, dit « l'ami des hommes », né à Pertuis le , et mort à Argenteuil le , est un économiste et philosophe français.
Il est le cofondateur du mouvement physiocratique et le père de Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau, l'une des grandes figures de la Révolution française.
La famille Riquetti de Mirabeau est originaire de Provence. Victor était le fils de Jean Antoine de Riqueti (1666-1737), marquis de Mirabeau, brigadier des armées du roi, et de Françoise de Castellane-Norante (1685-1769). Il reçut le baptême à l'église paroissiale de Pertuis, fut marquis de Mirabeau, comte de Beaumont-de-Pertuis, vicomte de Saint-Mathieu, baron de Pierre-Buffière et en cette qualité premier baron du Limousin, seigneur de Roquelaure, de Négréaux, de Saint-Auquille, de Pierre-Aigue, du Bignon, Chéronnac, de Brie, Champagnac, Puyméreau…, ce à la mort de son père (1737) et du fait de son mariage (1743) avec Marie-Geneviève de Vassan (1725-1795), descendante du financier Jacques de Vassan.
Le marquis de Mirabeau est le premier de sa famille à délaisser la carrière militaire pour se diriger vers celle des lettres. Il fait partie de l’école des physiocrates et publie notamment l’Ami des hommes ou Traité sur la population (1756) et surtout Philosophie rurale ou économie générale et politique de l'agriculture, réduite à l'ordre immuable des lois physiques et morales qui assurent la prospérité des empires (1763). Il est le père du Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, et de André Boniface Louis Riquetti de Mirabeau, vicomte de Mirabeau, deux grandes figures de la Révolution française. Il a une sœur et cinq frères, dont Jean-Antoine Riqueti de Mirabeau (1717-1794).
Un jeune officier (1728-1743)
Victor Riquetti de Mirabeau reçoit une éducation très stricte. Il est présenté de minorité à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem au grand prieuré de Saint-Gilles, le , à l’âge de trois ans ou en 1716 suivant des sources hospitalières mais ne fera jamais ses caravanes et ne prononcera jamais ses vœux de frère-chevalier de l'Ordre ce qui lui permettra de se marier en 1743. Après des études à l'école des Jésuites d'Aix, il entre en 1728, à treize ans, à l'armée comme enseigne, et devient capitaine de grenadiers au régiment de Durfort-Duras, dont son père avait été colonel et qu’il avait vendu en 1712 au marquis de Gensac. Il se distingue aux sièges de Kehl et de Philippsburg, à l’attaque des hauteurs de Dettingen, où il est blessé, et aux combats de Hispersberg et de Clausen.
Le marquis de Mirabeau fait la campagne de Bavière en 1741-1742 dans le régiment de son père qui est décédé en 1737, et il est décoré de la croix de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1743. Comme il ne peut acheter un régiment, il quitte l’armée.
En 1740, le marquis de Mirabeau, sur le conseil d’un ami qui lui conseille de se rapprocher de Versailles, achète le château du Bignon. C’est dans ces lieux que se réunissaient les physiocrates. Mirabeau achète aussi un hôtel particulier à Paris en 1741. Pendant six années quand il n’est pas à la guerre, il dilapide l’héritage de son père, mort en 1737, en compagnie de son cousin Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues et du poète Lefranc de Pompignan.
Un mariage tumultueux
Le , le marquis de Mirabeau épouse Marie Geneviève de Vassan, vicomtesse de Saint Mathieu, baronne de Pierre-Buffière etc., veuve de Jean François de Ferrières, chevalier, marquis de Sauvebœuf. Elle est fille de Charles, marquis de Vassan, etc., brigadier des armées du roi, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, et d’Anne Thérèse de Ferrières de Sauvebœuf, première baronne du Limousin, vicomtesse de Saint Mathieu etc. Elle est la mère de Mirabeau, personnage incontournable de la Révolution française.
En 1757, le marquis de Mirabeau se sépare de sa femme avec éclat. Il a cru pouvoir la reléguer au fin fond de la province par une lettre de cachet. Elle décide de venir à Paris en 1772, et commence à lui faire des procès pour obtenir une séparation des biens, que son mari s’est approprié. Il vit alors publiquement avec Madame de Pailly, une Suissesse qui est sa maîtresse depuis 1756. Il obtient grâce à ses amis ministres 54 lettres de cachet contre les siens. Après bien des procès, et malgré l’appui de ses amis, il se retrouve ruiné et malade.
La fin de sa vie
Le marquis de Mirabeau fait cultiver ses terres du Bignon, près de Paris, avec les nouvelles techniques agricoles de l'agronomie appliquée. Sa fortune diminue du fait de l’état d’abandon où il laisse ses principales terres, par de ruineux essais agricoles et par l’entreprise, infructueusement dispendieuse, d’une grande exploitation de mines. En 1752, il achète, en Gascogne, la seigneurie de Roquelaure, dont il espère obtenir le titre, et le château de Lavardens inachevé, dont il poursuit les travaux et où il dilapide les derniers restes de sa fortune avant de le revendre.
Son jeune frère, Jean Antoine Riquetti, le chevalier de Mirabeau, général des galères de Malte, revient en France, en 1767, et prend en charge le château des Mirabeau et aide le marquis dans ses procès désastreux. Néanmoins, le château du Bignon doit être vendu.
Le marquis de Mirabeau meurt à Argenteuil, le . À sa demande, il est enterré le dans le prieuré des Bénédictins d’Argenteuil, en présence de ses fils, Honoré Gabriel et André Boniface Louis, de son gendre Charles Louis Jean Gaspard de Lasteyrie, de son petit-fils Charles Annet Victorin de Lasteyrie, de son exécuteur testamentaire le conseiller au parlement Pierre Augustin Robert de Saint-Vincent et du Chevalier comte Yves Jacques Le Sénéchal, Saint-Valéry Kerdaniel.
Famille, mariage et descendance
Le marquis de Mirabeau est le fils de Jean-Antoine de Riquetti (1666-1737), brigadier des armées du roi, infirme des deux bras après avoir été blessé de multiples fois. Il refuse pour cette raison la charge de lieutenant général pour le roi en Dauphiné. Sa mère, Françoise de Castellane, est la fille du marquis Jean-François de Castellane. Le , à Aigueperse, le marquis de Mirabeau épouse Marie Geneviève de Vassan. Ils ont onze enfants :
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Victor Charles François, né le , et décédé en 1747.
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Marie Anne Jeanne, née le , religieuse professe au couvent des Dominicaines d'Amilly près de Montargis 1764-, décédée le à Voutezac.
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Marie Anne Gabrielle (1746- 24 août 1756, pensionnaire au couvent des Bénédictines de Notre-Dame des Anges à Amilly, près de Montargis)
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Élisabeth Charlotte, née le , épouse Charles Louis Gaspard de Lasteyrie (1740-1815), marquis du Saillant, décédée le .
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François (1748-1753)
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Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau
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Victoire Françoise (1750-1754)
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Jean Antoine (1751-1751)
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Marie Louise Catherine, née le , épouse le marquis Jean Paul de Clapiers-Cabris de Grasse (1750-1813), décédée le .
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Victor (1753-1756)
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André Boniface Louis Riquetti de Mirabeau (1754-1792)
Honoré Gabriel Riqueti, aussi orthographié Riquetti, « comte » de Mirabeau, plus communément appelé Mirabeau, né le à Bignon-Mirabeau et mort le à Paris, est un écrivain, diplomate, journaliste et homme politique français, figure de la Révolution.
Surnommé « l'Orateur du peuple » et « la Torche de Provence », il reste le premier symbole de l’éloquence parlementaire en France. Bien que membre de la noblesse, il se distingue en tant que député du Tiers état aux États généraux après avoir été rejeté par l’ordre de la noblesse. Fort aimé par les révolutionnaires, son corps est transporté au Panthéon à sa mort, mais la découverte de ses relations secrètes avec la royauté retourne l'opinion, et sa dépouille est retirée du mausolée, dont il était le premier occupant.
Enfance
Cinquième enfant et second fils de Victor Riquetti de Mirabeau, économiste de renom, et de Marie-Geneviève de Vassan (1725-1795), Mirabeau est issu par son père d'une famille de la noblesse provençale et par sa mère, d'une lignée de financiers remontant à Jacques de Vassan. Il est le frère ainé d’André Boniface Louis Riquetti de Mirabeau et de Louise de Mirabeau, dernière marquise de Cabris.
Selon Victor Hugo, né onze ans après la mort de Mirabeau, ce dernier était d'une « laideur grandiose et fulgurante ». Il est né avec un pied tordu, deux grandes dents et surtout une tête énorme (ce qui a fait dire qu’il était hydrocéphale). Il a également la langue enchaînée par le filet. Avant de présenter l'enfant à son père, la nourrice le prévient : « Ne vous effrayez pas ». Et l'accoucheur d'ajouter : « Il aura beaucoup de peine à s'exprimer ». Mirabeau admettra sa difformité, mais voudra en tirer sa force : « On ne connaît pas toute la puissance de ma laideur », clamera-t-il.
À l'âge de trois ans, il est défiguré par une petite vérole mal soignée ; son visage au teint livide en garde de profondes cicatrices. Son enfance est marquée par la sévérité de son père qui n'a pas d'affection pour lui. En , son père écrit à son frère, le bailli de Mirabeau : « Ton neveu est laid comme le fils de Satan ». Il a également pour habitude de l'appeler « Monsieur l'ouragan » ou « le comte de la Bourrasque ». Il est placé par son père chez l'abbé Choquard à Paris. Destiné à une carrière militaire, il accumule les dettes de jeu, si bien que son père le fait emprisonner sur l'île de Ré par lettre de cachet.
Mirabeau étudie à la faculté de droit de l'université d'Aix-en-Provence où il fréquente, notamment Jean-Étienne-Marie Portalis, futur rédacteur du Code civil.
En , il est incorporé à un régiment, mais contracte des dettes, ce qui provoque de nouveau la colère de son père. Il gagne une réputation de libertinage : « Mais le monde ne pardonne pas à Mirabeau cette sorte de férocité, d'exaspération physique que remplaçait chez lui la légèreté du libertinage à la mode : une fougueuse nature éclatait dans ces vices, au lieu de la gracieuse corruption qu'on était accoutumé à admirer ».
Il participe à la campagne de Corse en -, ce dont il se repentira. En , Mirabeau dénoncera les exactions qui ont accompagné la conquête de la Corse : « J’avoue, messieurs, que ma première jeunesse a été souillée par une participation à la conquête de la Corse. »
Il épouse le en l'église du Saint-Esprit d'Aix-en-Provence Émilie de Covet-Marignane, fille du puissant marquis de Marignane, qui avait refusé sa main au comte de Valbelle. Ils ont un fils, Victor, mort en bas âge en 1778.
En 1774, son père demande son emprisonnement au château d'If, au large de Marseille, pour « le remettre dans le droit chemin », emprisonnement qui durera près d'un an. Pour le soustraire à ses créanciers, son père le fait plusieurs fois enfermer au donjon de Vincennes, et finalement exiler en 1775 au château de Joux, en Franche-Comté. Là, Mirabeau use de son charme auprès du gouverneur pour se rendre de nombreuses fois à Pontarlier : à l'occasion des fêtes organisées pour le sacre de Louis XVI, il y rencontre Sophie de Monnier, jeune femme mariée au marquis de Monnier, président de la chambre des comptes de Dole et près de cinq ans son aînée. Sophie devient la maîtresse de Mirabeau et ils s'enfuient tous deux aux Provinces-Unies, tandis qu'on les juge à Pontarlier par contumace (Sophie sera condamnée à l'enfermement à vie dans une maison de repentance pour crime d'adultère, Mirabeau à mort pour rapt et séduction).
Durant sa fuite, en , Mirabeau publie son Essai sur le despotisme, qui dénonce l’arbitraire du pouvoir royal : « le despotisme n’est pas une forme de gouvernement […] s’il en était ainsi, ce serait un brigandage criminel et contre lequel tous les hommes doivent se liguer. » Les deux amants seront rattrapés à Amsterdam : Sophie arrêtée, Mirabeau se livrera. Après avoir mis au monde une fille, prénommée Gabrielle Sophie, elle est condamnée à être enfermée au couvent des Saintes-Claires, à Gien, où elle est effectivement conduite en 1778. Lui échappe au bourreau, mais retourne, à cause d'une autre lettre de cachet, au donjon de Vincennes, durant quarante-deux mois. Gabrielle Sophie sera confiée à une nourrice de Deuil et décédera en 1780 sans que son père n'ait jamais pu la connaître.
Mirabeau est donc emprisonné au donjon de Vincennes de à . Il y rencontre Sade, qui y est enfermé à la même époque. Il y écrit beaucoup : des lettres, notamment à Sophie de Monnier, publiées en 1792 sous le titre de Lettres à Sophie, chef-d’œuvre de la littérature passionnée, ainsi qu’un virulent libelle contre l’arbitraire de la justice de son temps, Des Lettres de cachet et des prisons d'État, mais aussi une œuvre érotique particulièrement crue. Des Lettres de cachet et des prisons d'État sera publiée en 1782. Les décès coup sur coup de ses deux seuls petits-enfants, Victor et Gabrielle Sophie, adoucissent Mirabeau père, qui ne souhaite pas que sa lignée s'éteigne. Il accepte de faire libérer son fils aîné, à condition de détenir une autre lettre de cachet qui pourrait le renvoyer en prison : Mirabeau fils accepte la condition, et doit lui-même écrire aux ministres pour appuyer la requête paternelle.
Il est donc libéré le , mais reste sous la tutelle vigilante de son père. Celui-ci le force notamment à demander une lettre de cachet contre Briançon, un de ses anciens amis, et surtout à le soutenir contre sa propre mère, en procès contre son mari au sujet de son héritage. En 1781, Mirabeau fuit Paris et ses créanciers ; il se rend à Gien, où il voit Sophie dans son couvent, mais repart bientôt et ne la reverra plus. Sophie, bien que libre en 1783, après le décès du marquis de Monnier, restera près du couvent de Gien, et se donnera la mort en 1789. Se réconciliant avec son père, qui commence à voir en lui la puissance politique et l'intelligence, Mirabeau se concentre désormais sur l'absolution de ses différentes condamnations. S'il ne purge pas sa peine avant , il devra 40 000 livres de dommages et intérêts ; il se livre donc le à Pontarlier, et demande l'absolution aux juges. Sa défense est assez simple : une femme mariée ne peut être victime de rapt, et Sophie l'a suivi parfaitement librement, la séduction ne pouvant donc être retenue.
Sa femme demande la séparation de corps en et est défendue par Portalis. Mirabeau défend sa propre cause dans ce procès qui défraie la chronique. Il le perd, après une joute oratoire assez hostile entre les deux orateurs. Elle obtient la séparation de corps en . Mirabeau ne montre pas de ressentiment à l'encontre de Portalis car, non seulement il reconnaît publiquement ses qualités oratoires et sa loyauté, mais, de surcroît, il le consultera plus tard sur une affaire et demandera son appui lors de la campagne électorale de 1789 pour les États généraux, en Provence
En , Talleyrand, avec qui il est lié, lui obtient une mission secrète à Berlin, où il reste six mois pour le compte du Contrôleur général des finances de Louis XVI, Charles-Alexandre de Calonne. Il tente en vain d'être nommé à un vrai poste diplomatique. À son retour en , furieux de n'avoir rien obtenu, il publie un pamphlet Dénonciation de l'agiotage () qui entraîne une lettre de cachet et le contraint à fuir à Liège.
Proche du philosophe juif alsacien Cerf Beer, Mirabeau fait paraître en 1787 Sur Moses Mendelssohn, sur la réforme politique des Juifs, inspiré du travail de l'auteur allemand J. Ch. Dohm qui publie Über die bürgerliche Verbesserung der Juden (De la réforme politique des juifs) en 1781 (puis traduit en 1782).
Il fait partie en , entre autres avec Brissot, Clavière et Condorcet, des fondateurs de la Société des amis des Noirs, créée pour l'abolition immédiate de la traite des Noirs et progressive de l'esclavage dans les colonies.
Un noble député du tiers-état
Mirabeau se présente en Provence aux élections des États généraux de . Rejeté par la noblesse, cet aristocrate déclassé publie un discours véhément adressé aux nobles provençaux. Il est alors élu par le tiers état, à Aix et à Marseille, le .
Le , États généraux, le journal que le nouveau député publie depuis le , est saisi. Une interdiction de publier les comptes-rendus des séances des États généraux est édictée par le conseil d'état. Mirabeau n’en tient pas compte et continue à publier le compte-rendu des séances de l’Assemblée, ainsi que les analyses des questions politiques à l’ordre du jour, d’abord sous le titre Lettres du comte Mirabeau à ses commettants du au , puis sous le titre Courrier de Provence, qui paraît encore après la mort de son fondateur jusqu’au .
Lors de la séance royale du 23 juin 1789, Mirabeau fait une réponse à Henri-Évrard, marquis de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies, venu apporter l’ordre de dissolution de l’Assemblée constituante signé par le roi Louis XVI, que le Moniteur rapporte deux jours plus tard en ces termes : « Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu’on a suggérées au Roy ; et vous qui ne sauriez être son organe auprès des États-Généraux, vous qui n’avez ici ni place ni voix, ni droit de parler, vous n’êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je vous déclare que si l’on vous a chargé de nous faire sortir d’ici, vous devez demander des ordres pour employer la force ; car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes. »
La tradition la simplifie en « Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple, et qu’on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes ». Il ne tarde pas à devenir l’un des plus énergiques orateurs de l’Assemblée nationale et de la société des Jacobins.
Le surnom d’« Hercule de la liberté » lui est donné par l'abbé Sieyès. À la sortie de l'Assemblée nationale, alors que la foule l'applaudit vivement, il proclame en désignant Mirabeau : « Vive, vive l'Hercule de la liberté ». Montrant son ami en retour, ce dernier répondit « Voilà Thésée ».
Le , il rédige une adresse au roi pour lui demander de retirer les troupes étrangères massées autour de Paris. Il participe également à la rédaction de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (dont il écrit le Préambule avec Mounier), ce qui le popularise auprès du peuple.
Le , il prononce au club des Jacobins un discours resté longtemps inédit contre la traite des Noirs, dont une formule « bières flottantes » dénonçant les navires négriers fera mouche puisqu'elle sera reprise, légèrement déformée en « longues bières », par Brissot en , puis par Robespierre en . En , il défend le système du concours des deux pouvoirs, législatif et exécutif, dans l’exercice du droit de faire la paix et la guerre. Cinq mois plus tard, en , il prononce un vibrant discours où il propose que la couleur blanche soit remplacée par les couleurs bleu, blanc et rouge sur les bâtiments de la marine royale, les matelots devant maintenant crier « Vive la nation, la loi et le roi » au lieu de « Vive le roi ». Ce discours suscite une forte opposition chez les royalistes radicaux : Francois-Henri de Virieu évoque le pavillon blanc qui a « rendu libre l’Amérique », Foucauld de Lardimalie tente de faire adopter une question préalable pour faire différer un débat qu’il juge « inutile » et qui « profane la gloire et l’honneur du pavillon français, tandis que Guilhermy est mis aux arrêts pendant trois jours, pour l’avoir traité de « scélérat et d’assassin ».
Retournement
La dégradation de la monarchie détermine son revirement politique. Il devient le plus solide appui de Louis XVI et de Marie-Antoinette, en étant notamment le conseiller privé de Louis XVI, fonction secrète pour laquelle il se fait rémunérer en livres d'or par heure. Auprès de ses amis révolutionnaires, il appuiera les idées de la révolution, alors que pour le roi, et notamment la reine qu'il rencontre en secret, il se montre comme un ardent défenseur de la monarchie. Trahissant des deux côtés et corrompu par de nombreuses factions, Mirabeau proposera au roi d'accepter la monarchie constitutionnelle voulue par l'assemblée. Elle est selon lui, la seule sauvegarde possible de la royauté. Ses interventions à l'Assemblée permettront notamment à Madame Adélaïde et Madame Victoire, dernières filles de Louis XV encore en vie, d'émigrer en Savoie, alors qu'elles étaient retenues à Arnay-le-Duc.
Ses actes sont à nuancer cependant : l'idéal constitutionnel de Mirabeau ne répondait pas seulement à un besoin vénal, mais certainement aussi à sa volonté de réconcilier l'assemblée et la monarchie, motivée par son obsession d'éviter à la France de sombrer dans l'anarchie.
Le 1er avril 1791, il est alité dans sa chambre à l'entresol d'une maison alors située 69 chaussée d'Antin, et il dicte son testament : il lègue à Cabanis ses papiers de législation, littérature et politique, des livres de sa bibliothèque et une boite ornée de son portrait ; il choisit comme exécuteur testamentaire le comte de la Marck, député de la noblesse du bailliage du Quesnoy aux États généraux, assisté de Nicolas Frochot.
Mort
Le lendemain, Mirabeau meurt à la suite d'une maladie que certains attribuent à sa vie de débauché, d'autres à un empoisonnement. Elle provoque une grande affliction à Paris, où tous les spectacles sont annulés. La rue où il meurt, dont le sol avait été couvert de paille pour éviter que le bruit ne trouble son repos pendant son agonie, est rebaptisée « rue Mirabeau ». Le , l'Assemblée nationale vote la transformation de l'église Sainte-Geneviève en Panthéon. Le , après une cérémonie religieuse dans l'église Saint-Eustache, où Joseph-Antoine Cerutti prononce son oraison funèbre, son corps est transporté en grande pompe au Panthéon.
Il y reste jusqu’au . En effet, la découverte de l’armoire de fer, en , a révélé qu’il avait pris clandestinement contact avec le roi et sa cour. Espérant être ministre de la monarchie constitutionnelle, il avait prodigué ses conseils et donné des informations. Un comité est chargé d'examiner l'accusation. La Convention décide d'exclure sa dépouille du Panthéon. Elle y est remplacée par celle de Marat. Son corps est transporté au dépôt mortuaire du grand cimetière de Saint-Étienne-du-Mont, très voisin du Panthéon, pour y être inhumé. En , sa sœur fit procéder à son exhumation et le fit transférer au cimetière de Clamart, dans une fosse commune. Malgré des recherches entreprises en pour le centenaire de la Révolution, son corps ne sera pas retrouvé.
Franc-maçonnerie
La réalité de son appartenance à la franc-maçonnerie est parfois remise en cause par quelques auteurs. Il est toutefois certain que dans une de ses lettres à Sophie, il l'affirme, mais ce mémoire, qui ne paraît qu'en 1834 reste d'une authenticité douteuse, même si Hermann Schüttler reprend cette hypothèse pour faire de Mirabeau un membre de l'ordre des Illuminés, sous le nom de « Léonidas ». L'essayiste Maurice Talmeyr, dans son ouvrage de 1904 La franc-maçonnerie et la révolution française, se base sur les mémoires de Bertrand de Molleville, un des derniers ministres de Louis XVI, pour confirmer cette appartenance, dont Mirabeau aurait plus tard fait profiter Louis XVI. Fernand Chapuis dans son ouvrage de 1964 remet en cause cette appartenance puis Jean Mondot et Alain Ruiz dans leur ouvrage en 1994 qui cite le dictionnaire de Daniel Ligou dans sa version de 1987 pour nier celle-ci. Le dictionnaire réédité de cet auteur confirme en 2004 l'appartenance de Mirabeau aux Neuf Sœurs en date du et cite pour preuve les travaux de 1996 fait par l’historien spécialiste de la franc-maçonnerie Charles Porset qui dans son mémoire spécifique à cette question, prouve cette appartenance d'après le recueil de l'orateur de la loge des Neuf Sœurs, Emmanuel de Pastoret qui relate le discours et indique la date de son affiliation à la loge. Son nom disparaît toutefois rapidement de la liste des membres.
Né au Bignon, près de Montargis, ce tribun exceptionnel avait aussi un côté obscur.
Ne convient-il pas de rappeler aux Montargois qui était ce Mirabeau dont ils prononcent chaque jour le nom : La Place Mirabeau. Tous ceux qui ont quatre-vingts ans ou plus se souviennent du piédestal et de la statue de bronze qui trônait au milieu de ladite place. Jusqu'au moment où l'occupant la réquisitionna afin d'en récupérer le cuivre pour les obus du front russe.
Le fils de Victor Riquetti, marquis de Mirabeau, noble provençal, est honoré à Montargis, car il est né au village du Bignon, proche de la ville. Il est né avec un pied tordu, deux grandes dents et une tête énorme. Après de bonnes études de droit, il fut incorporé dans un régiment où il se couvrit de dettes tout en s'adonnant à un libertinage effréné. À tel point que son père le fit enfermer plusieurs fois au fort de Vincennes, puis exiler au fort de Joux, en Franche-Comté. Grâce à des sorties autorisées, il y séduisit l'épouse du président de la Chambre des comptes de Dôle et finit par l'emmener en Hollande.
Ce fut là qu'il écrivit un essai sur le despotisme pour dénoncer l'arbitraire du pouvoir royal. Condamné à mort par contumace, il fut extradé et emprisonné au fort de Vincennes. C'est là qu'il écrivit les célèbres « Lettres à Sophie » ainsi qu'un ouvrage dénonçant l'arbitraire de la justice d'alors. En 1789, il est refusé par la noblesse et est nommé à l'Assemblée Constituante par le Tiers État. à Aix et Marseille. C'est à l'assemblée qu'apparut sa formidable éloquence qui le fit surnommer par Sieyes « L'Hercule de la liberté ».
Il mourut à Paris brutalement, soit de maladie, soit d'empoisonnement ou encore des conséquences de sa vie de débauché. Après une cérémonie religieuse, sa dépouille fut transportée en grande pompe dans le tout nouveau Panthéon que l'État venait d'acquérir. Malheureusement, trois années plus tard, on découvrit dans son armoire de fer des contacts secrets qu'il avait eus avec le Roi et sa Cour.
Traître à la Révolution
Il espérait une sorte de monarchie constitutionnelle dans laquelle il convoitait un poste de ministre. La Convention décida d'exclure sa dépouille du Panthéon et de l'emmener au cimetière de Clamart. On rechercha ses restes en 1889 et on les jeta aux égouts.
Noble de naissance, défenseur du peuple, prônant l'abolition de la traite des Noirs et de l'esclavage, libertin effréné, traître à la Révolution par ses contacts avec le roi et la cour. Mais plus que tout, il reste un tribun exceptionnel. Toutes ses statues le représentent dans une harangue.
Les Amis du vieux Montargis
Portrait of André Boniface Louis Riqueti de Mirabeau (1754-1792), aka "Mirabeau-Tonneau"
André Boniface Louis Riquetti, vicomte de Mirabeau, dit « Mirabeau-Tonneau » puis « Mirabeau-Cravates », né le à Paris et mort le à Fribourg-en-Brisgau, est un militaire, journaliste et homme politique français.
Fils de Victor Riquetti de Mirabeau, marquis de Mirabeau et de Marie-Geneviève de Vassan, frère cadet d'Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, il épouse, en juillet 1788, Marie Louise Adélaïde Jacquette de Robien (1756-1814), fille de Pierre Dymas, comte de Robien (1722-1784), procureur syndic des États de Bretagne de 1754 à 1784 et d’Adélaïde-Jeanne-Claudine Leprestre de Châteaugiron (Postérité).
En garnison à Rennes, il s'y rend rapidement impopulaire par ses punitions imitées de l'armée prussienne. Un ancien élève du collège de Rennes raconte :
« La discipline militaire consistait à battre les soldats à coups de canne, de courroies, de plat de sabre, de baguettes de fusil, de verges d’osier […]. J’ai vu sur le rempart de Rennes, le vicomte de Mirabeau, colonel du régiment de Touraine […] présider lui-même au supplice des militaires qu’il faisait passer par les verges. Il les suivait pas à pas, pour s’assurer de leurs effroyables souffrances […]. Il avait épousé, pour sa riche dot, une demoiselle portant l’un des plus beaux noms parlementaires du pays […]. En rentrant à demi-ivre d’un repas de corps, le colonel rudoya sa femme et la battit; mais il avait affaire à une Bretonne de vieille race. Pendant qu’il cuvait son vin, la mariée appela sa femme de chambre, grande fille de Guérande, forte comme un muletier. Toutes deux le roulèrent dans ses draps, et, comme il était monstrueusement gros, elles l’entortillèrent si bien qu’il ne put s’en dépêtrer; alors, prenant ce qui leur tomba sous la main, elles le battirent sans pitié, comme il le faisait à ses malheureux soldats. »