Une redécouverte d'un personnage de nôtre généalogie... La reine Berthe. La reine Berthe c'est, Berthe de Souabe, l"épouse en premières noces de Rododolphe II de Bourgogne.
Je la redécouvre, en effet, en recherchant pour mes différents thèmes, des étiquettes de fils datant des années 1860 à à 1900 et j'ai voulu en savoir plus sur cette reine Berthe représentée sur quelques étiquettes et j'ai ensuite revisité notre généalogie afin de voir si elle y figurait... Oui, elle y figure par les deux enfants de son premier mariage avec Rodolphe de Bourgogne.
Berthe de Souabe, dite la Filandière ou la reine fileuse, née vers 907 et morte ap. , fut reine consort de Bourgogne à partir de 933, l'épouse du roi Rodolphe II. Après le décès de Rodolphe en 937, elle épousa, peut-être de force, Hugues d'Arles et devient reine d'Italie.
Berthe est la fille du duc Burchard II de Souabe († 926) et de son épouse Regelinda († 958). Son père prit le pouvoir dans le duché de Souabe en 917 ; il était en conflit avec Rodolphe II, en ce temps roi de Haute-Bourgogne, qui avait occupé la ville de Zurich et pénétrait dans la région du lac de Constance. En 919, Burchard parvint à vaincre les troupes de Rodolphe près de Winterthour et à reconquérir Zurich et le Thurgau avec le soutien du nouveau roi Henri Ier de Germanie.
Afin de mettre un point final au différend, Berthe épouse le roi Rodolphe II en 922. Ils auront deux enfants :
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Conrad III dit le Pacifique ;
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Adélaïde de Bourgogne ; veuve en 950 du roi d'Italie, Lothaire d'Arles, elle épouse l'empereur Otton Ier du Saint-Empire.
Berthe, devenue veuve en 937 de Rodolphe II, se remarie — forcée semble-t-il — le avec le roi d'Italie, Hugues d'Arles (v. 880-† 947), fils de Théobald d'Arles, comte d'Arles, à Colombier (aujourd'hui canton de Neuchâtel). Elle résidait essentiellement dans son château, dans ce village, son mari ayant de nombreuses maîtresses et de nombreux bâtards.
Elle fut inhumée quelque part à Payerne, aujourd'hui en Suisse, et sa dépouille fut probablement translatée dans l'abbatiale Notre-Dame par sa fille Adélaïde de Bourgogne qui fonda le monastère vers l'an 1000. En 1817, lors de travaux à l'intérieur de l'abbatiale, on découvrit des ossements dans une tombe, qui furent transférés en grande pompe dans l’église paroissiale, car l'édifice était alors occupé par la prison et la caserne des pompiers. On présuma à l'époque que c'étaient là les restes de la reine Berthe. Le 20 mai 2021, au terme d'importants travaux de rénovation de l'Abbatiale de Payerne, le sarcophage abritant les ossements exhumés en 1817 a été ouvert et soumis à l'examen des scientifiques. Les premières constatations ont permis de déterminer qu'il s'agissait d'un squelette masculin. Le lieu de sépulture de la reine est toujours un mystère.
Elle laissa un très bon souvenir dans la région du Pays de Vaud où elle vécut et où elle fut assimilée à une sainte. Un dicton fait référence au « temps que la reine Berthe filait » pour signifier un temps depuis longtemps révolu. Cette légende relative à une reine Berthe filandière se développe particulièrement au XIXe siècle. Elle reprend un dicton utilisé au nord de l’Italie dès la fin du Moyen Âge qui se réfère en réalité à une autre reine Berthe, épouse de l’empereur Henri IV (1050-1106), qui aurait vécu à Padoue au XIe siècle. L’anecdote apparaît déjà dans un ouvrage du paru à Bâle en 15601.
Son sceau la représente en fait à côté d'un sceptre et non pas d'une quenouille comme on l'a longtemps cru.
«Quand on parle d’elle aux visiteurs, c’est le premier cliché qu’il faut casser: la reine Berthe, chère aux Vaudois, n’avait pas de grands pieds. C’était une homonyme», dit Anne-Gaëlle Villet, qui, avant de devenir directrice-conservatrice de l’Abbatiale de Payerne, a étudié l’histoire de l’art à l’UNIL.
Presque 200 ans séparent en effet ces deux figures. La reine qui fait désormais partie du patrimoine vaudois est appelée Berthe de Souabe ou Berthe de Bourgogne par les historiens. Elle a été ensevelie en l’an de grâce 961, à Payerne. Quant à la reine Berthe au Grand Pied, célèbre parce qu’elle était la mère de Charlemagne et l’épouse de Pépin le Bref, elle est morte en 783 après J.-C.
Les deux Berthe ont toutefois en commun d’être des «personnages à la fois historiques et légendaires, sur lesquels circulent des récits parfois complètement fantaisistes», dit Alain Corbellari. Pour le professeur de littérature médiévale à l’UNIL, cette histoire de grands pieds est doublement fausse, parce qu’il faudrait l’écrire «au singulier, c’est important». Le grand pied de la mère de Charlemagne ne nous fournit pas une indication sur la pointure de ses chausses, mais il indique plutôt qu’elle «avait probablement un pied-bot».
Dans ce cas, le récit fantaisiste ne décrit pas une reine fileuse, comme pour la Berthe des Vaudois, mais il présente cette Berthe au Grand Pied comme la fille du roi de Hongrie, une jeune femme persécutée à qui on aurait substitué un sosie dans le lit de Pépin le Bref. C’est, du moins, ce que prétend une chanson de geste purement romanesque de la fin du XIIIe siècle.
La reine fileuse?
Deuxième quiproquo à corriger: la reine Berthe des Vaudois ne filait pas autant que le prétend une légende tenace. Ce motif de la reine filandière, si passionnée par son ouvrage qu’elle œuvrait même à cheval, nous vient en réalité d’Italie. L’anecdote a été écrite pour une troisième reine Berthe, de Turin ou de Savoie, qui est née en 1051 et morte en 1087, longtemps avant de connaître le succès en terres vaudoises.
C’est le doyen Bridel qui popularise cette anecdote, notamment dans ses Étrennes helvétiennes, où il écrit en 1812: «La reine Berthe rencontra près d’Orbe une jeune fille qui filait en gardant quelques brebis, et elle lui envoya un riche cadeau pour récompenser sa diligence. Le lendemain, plusieurs nobles dames parurent à la cour avec un fuseau, mais la reine ne leur fit aucun cadeau et se contenta de dire: la paysanne est venue la première, elle a emporté ma bénédiction.»
Le problème, c’est que «cette histoire est clairement liée à Berthe de Turin, pas à Berthe de Payerne. Je ne sais pas si elle est vraie, mais elle est attestée et bien connue dans la plaine du Pô et la région de Padoue, en association avec cette souveraine homonyme. Je pense que le doyen Bridel a fait l’amalgame en toute connaissance de cause», estime Alain Corbellari.
Le bon temps de la reine Berthe?
La place de la reine Berthe dans les mémoires vaudoises laisse encore imaginer qu’il faisait bon vivre à l’époque de cette souveraine, comme le veut le dicton: «Du temps que Berthe filait». Là encore, il n’en est rien, comme l’explique Alain Corbellari.
«Le Xe siècle est l’une des périodes les plus sombres du Moyen Âge. L’empire de Charlemagne s’est délité puis scindé sous le règne de ses successeurs. Et puis, les invasions vikings, sarrasines et hongroises ont interrompu l’élan culturel de la Renaissance carolingienne. Bref, la reine Berthe a vécu dans un siècle de fer.»
Le peu de choses que nous connaissons de la vie de la souveraine confirme ce noir tableau. Très, très loin de l’amour courtois, «Berthe est mariée une première fois de force, comme l’étaient toutes les jeunes aristocrates de l’époque. Elle doit épouser Rodolphe II, qui était, semble-t-il, assez primaire. Et son second mari, Hugues, roi d’Italie, est encore pire», résume Alain Corbellari. Nous le savons par l’évêque de Crémone, Liutprand, qui écrit notamment que «le couple n’est pas heureux».
Devenue veuve, Berthe a vu sa fille Adélaïde enlevée et séquestrée. «C’est des vendettas, des rapts, des viols et des assassinats, c’est presque les Mérovingiens», résume Alain Corbellari, à l’exception des dernières années de la souveraine, quand elle se retire en Bourgogne, où elle aurait multiplié les dons.
En résumé, quand on a enlevé tout ce qui relève de la légende ou du merveilleux, «il faut bien admettre que nous ne savons que très peu de choses sur la reine Berthe d’un point de vue historique», confirme Anne-Gaëlle Villet.
«Nous avons la certitude qu’elle a été enterrée à Payerne, puisque sa fille vient se recueillir sur sa tombe en 999. Et nous savons qu’elle a joué un rôle, qui reste à préciser, dans la fondation du prieuré de Payerne. Au-delà de ces informations, c’est assez flou.» Et encore, ces rares certitudes reposent sur d’autres faux.
Une fausse tombe et de faux os
En juin 2021, les archéologues ont ouvert la tombe attribuée à la reine Berthe depuis sa découverte de 1818, et ils ont trouvé un crâne entier et des ossements humains. Mais l’étude des os du bassin n’a pas laissé planer le doute très longtemps: c’était la dépouille d’un homme inconnu, mort au XVe siècle, très longtemps après la reine, probablement un moine de l’abbatiale.
«Ce n’était pas une surprise, dit Anne-Gaëlle Villet. Au vu des sources, nous nous attendions à ce que ce ne soit pas Berthe. Pour nous, la découverte a été de retrouver un sarcophage en pierre plus ancien dans le tombeau. Il appartient à une série d’une dizaine de pièces du Xe siècle qui ont été retrouvées sur le site. La présence d’un corps du XVe siècle dans un sarcophage plus ancien ouvre des perspectives de recherche sur l’art funéraire au XVe siècle et le réemploi de ces sarcophages.»
Cette révélation n’exclut pas complètement la possibilité de retrouver la tombe de la reine Berthe. «Nous pensons qu’elle a été enterrée au centre de la nef de l’Abbatiale actuelle. Cet emplacement, également au cœur de la première église, avait déjà fait l’objet d’une intervention, peut-être un pillage ou une découverte précédente du tombeau. Les os ont peut-être été déplacés au Moyen Âge, pour organiser un culte autour de ce personnage. Il y a peut-être encore une piste à explorer à l’avenir, mais, pour l’instant, nous n’en avons pas la volonté, parce que ça nécessiterait des travaux énormes.»
Un faux document
Pour ajouter à la confusion, le seul document attribué à la reine Berthe, la charte de fondation de l’Abbaye de Payerne, est également un faux. Ce «testament» de la souveraine assure qu’elle aurait fondé la célèbre abbatiale. Mais, selon l’ex-archiviste cantonal Gilbert Coutaz, «le plus ancien document original conservé aux Archives cantonales, puisqu’il est daté du 1er avril 961, a été fabriqué après coup par les moines de Payerne au XIIe siècle», comme il l’explique longuement dans Histoire vaudoise (Infolio, 2005).
Voilà qui jette le doute sur l’une des dernières certitudes concernant la biographie de Berthe: son rôle central dans la fondation de l’Abbaye de Payerne. Mais cette fois, Alain Corbellari prend la défense de la reine. «Ce n’est pas parce que ce document est apocryphe qu’il est faux», dit le chercheur de l’UNIL qui sort ces jours-ci un livre sur Le complot en littérature, où il est notamment question de Berthe (référence ci-contre). Ce document «date du XIe ou du XIIe siècle, c’est incontestable, mais les moines qui l’ont rédigé étaient sans doute de bonne foi. Ils pensaient rapporter une tradition qu’ils connaissaient. L’épisode aurait dû être mis par écrit depuis longtemps, si on avait été moins négligent.»
C’est d’ailleurs ce que semble prouver un témoignage exhumé tout récemment par l’historien et docteur ès Lettres à l’UNIL Jean-Daniel Morerod, qui montre que la fondation de Payerne pourrait effectivement remonter à la reine Berthe.
Pour Alain Corbellari, «les faux médiévaux sont nombreux et très critiqués pour cela, mais ils n’ont pas toujours été établis pour tromper la postérité. Dans le cas de Berthe, il s’agit sans doute de donner un petit coup de pouce à un événement qui a eu lieu, mais dont on n’a malencontreusement pas gardé la trace. Pour moi, le complot, c’est plutôt quand le doyen Bridel fait croire que la reine Berthe filait, alors qu’il savait très bien que ce n’était pas le cas.»
Imprimez la légende
«Aujourd’hui, on dépoussière de nombreux épisodes historiques, et cette pauvre reine Berthe en a fait les frais», dit Alain Corbellari. Indépendamment de cette chasse aux faux, on peut se demander comment un personnage aussi discret dans les sources historiques a pu connaître un tel succès posthume?
En témoigne, par exemple, cet article de 24 Heures de mai 2023 qui se demandait «Quel autre héros que Davel les Vaudois pourraient bien se choisir?», et qui proposait la reine Berthe en favorite No 1.
Pour expliquer son succès, «il faut bien admettre que la concurrence n’est pas énorme», répond le chercheur de l’UNIL. C’est probablement parce qu’il y avait peu d’alternatives que le doyen Bridel a embelli cette histoire dans les années 1800.
«À l’époque de la création du canton de Vaud, les gens se cherchaient des figures identitaires, et Berthe a été remise sur le devant de la scène, rappelle Anne-Gaëlle Villet. Il fallait trouver des modèles sans rapport avec la domination bernoise, donc chez d’autres puissances comme la Savoie ou la Bourgogne.»
«C’est un peu la même démarche que les nobles qui sortaient leur arbre généalogique pour montrer leur légitimité sur un territoire. Berthe devait ancrer le nouveau canton qui n’avait pas encore d’histoire dans un passé plus ancien.»
Et puis, les Vaudois ne sont pas les seuls à revisiter le Moyen Âge. «Entre les années 1760 et 1820, il y a une effervescence dans toute l’Europe. Les découvertes se multiplient, certaines sont vraies, d’autres pas, comme les ossements d’Héloïse et Abélard transportés au Père-Lachaise. Il y a vraiment un esprit d’époque qui consiste à se chercher des ancêtres, à créer une mémoire nationale», précise Alain Corbellari.
Comment s’est créé le mythe
Reste que ce choix de Berthe peut sembler incongru, comme le relève l’historien Kurt Messmer, qui y voit «une aberration» du point de vue des Lumières. «L’Europe vient d’abolir la société des ordres, les Vaudois se sont tout juste libérés des Bernois et d’un vieux système féodal, ils ont écrit LIBERTÉ en lettres d’or sur les armes de leur canton, et ils choisissent comme figure tutélaire une reine du Xe siècle.»
Le responsable de cette étrangeté, c’est le doyen Bridel. «Son action a été capitale», estime Alain Corbellari. Après, «il y a des relais, comme Juste Olivier, jusqu’à Cingria en 1947 qui a publié un petit livre sur la reine Berthe, injustement sous-estimé par les historiens. Cet écrivain était fasciné par le Moyen Âge et il avait beaucoup lu, notamment des manuscrits aux archives. Son texte est truffé d’informations intéressantes», raconte Alain Corbellari, qui a travaillé à une édition annotée de ces textes.
Mais la principale responsable du succès posthume de Berthe, c’est clairement sa fille Adélaïde, qui deviendra impératrice en février 962, puis sainte. C’est «l’une des femmes les plus remarquables du Xe siècle», assure le Dictionnaire historique de la Suisse.
«C’est une figure plus romanesque, elle est inspirante quand on cherche des figures médiévales ou simplement du passé qui ont eu un rôle dans l’histoire, confirme Anne-Gaëlle Villet. Elle a été emprisonnée, elle s’est évadée, ce n’est pas une femme passive, mère du royaume qui reste sagement à écouter ce qui se passe. Elle devrait davantage intéresser l’époque actuelle.» C’est pour cela que, l’été prochain, le site de Payerne consacrera plusieurs évènements à Adélaïde. Mais cela, c’est une autre histoire.
Hugues d'Arles né vers 880 et mort le , est roi d'Italie, petit-fils de Lothaire II de Lotharingie.
Il est le fils de Théobald d'Arles et de Berthe, fille illégitime de Lothaire II de Lotharingie. Élevé à la dignité de comte d'Arles et comte de Vienne puis marquis de Provence en 905 par son parent, l'empereur Louis III l'Aveugle, Hugues devient roi d'Italie (926-947).
Fils de Théobald d'Arles, petit-fils de Hucbert, abbé de Saint-Maurice-en-Valais, et arrière-petit-fils du fondateur de la famille des Bosonides, Boson l'Ancien, Hugues est un bosonide.
Il serait né au début des années 880 ; l'historien Pierre Riché considère par exemple qu'il est âgé d'une quarantaine d'années en 924. À la mort de son père, Hugues hérite des comtés d'Arles et de Vienne, ce qui en fait un des plus importants personnages du royaume de Bourgogne ; d'après l'historien Poupardin, il paraît avoir autorité à Vienne dès 903.
Lorsque son cousin, l'empereur d'Occident Louis III, également roi de Provence, est capturé, aveuglé et exilé d'Italie en 905, Hugues devient son conseiller personnel et régent. Tout en restant maître de Vienne, Hugues reçoit les titres de duc et de marquis et selon Liutprand, celui de « comte des Provençaux ». De plus il n'y a plus, comme au temps de Fulcrad, un duc de Lyon qui puisse lui faire contrepoids dans le royaume. Hugues exerce alors la plupart des prérogatives du royaume de Provence.
En 911, Louis III lui cède les titres de duc de Provence et de marquis de la Viennoise. Il succède notamment au comte de Provence Thibert appelé aussi Teutbert. Hugues quitte Vienne et s'installe à Arles, siège d'origine de sa famille, avec une cour bourguignonne importante. En 912, il épouse Willa de Provence, possible demi-sœur du roi Louis et fille de Boson de Provence et de Ermengarde d'Italie dont il est veuf en 914. Willa est la récente veuve de Rodolphe Ier de Bourgogne († ).
Arles devient la vraie capitale du Royaume et Vienne n'est plus dès lors que la résidence du malheureux souverain infirme Louis III. Toutefois, la venue d'Hugues crée de fortes tensions entre l'aristocratie locale et l'aristocratie bourguignonne amenée par le comte. On peut se rappeler par exemple, que Manassès d'Arles, archevêque d'Arles en 920, était fils d'un vicomte de Troyes et de Sens et neveu d'Hugues. Ces tensions qui se traduisent parfois par des meurtres, comme celui des parents de Mayeul, culminent dans les années 915-920.
En 924, Raoul, neveu du roi Boson de Provence et frère de Hugues le Noir, élu roi des Francs, intervient dans le royaume de Provence. Hugues d'Arles doit lui consentir hommage et scelle une alliance par le mariage de Berthe, sa nièce, avec Boson le frère de Raoul.
Comme le roi Louis, Hugues a des ambitions en Italie. Probablement dès la fin des années 910, une armée provençale conduite par Hugues, son frère Boson et son neveu Hugues de Vienne, envahit la Lombardie avec le soutien de la mère d'Hugues, Berthe qui, veuve de son premier mari Théobald d'Arles, a épousé vers 898 le marquis de Toscane Adalbert II. Cette expédition se termine apparemment sans succès. Selon une chronique de Constantin VII Porphyrogénète, cet événement se passe en 923 ou 924 contrairement à l'opinion de Liutprand de Crémone qui situe cette opération militaire beaucoup plus tôt, entre 917 et 920. De 922 à 924, à la suite d'une révolte d'une grande partie de la noblesse italienne qui élit Rodolphe II de Bourgogne roi d'Italie contre l'empereur Bérenger, la guerre civile fait rage et se termine par le par l'assassinat de ce dernier.
Hugues tente alors à nouveau sa chance. En juillet 926, Hugues quitte Arles pour prendre la couronne de roi d'Italie à Pavie dans la basilique San Michele Maggiore. Soutenu et élu par les grands, il s'empare du trône avec le soutien de Rodolphe II de Bourgogne (880 †937) avec qui il a passé un accord. Le , il est couronné roi d'Italie à Pavie. Il transmet alors le comté d'Arles à son frère Boson (dit Boson d'Arles ou Boson VI de Provence) qui le remplace en Provence.
Boda de Marozia con Hugo de Arlés. Wedding of Marozia. From L'Illustrazione Italiana, year 16, no 18, May 5.
À la mort de Louis III l'Aveugle en 928, Hugues revient en Provence pour lui succéder sur le royaume de Provence et de Bourgogne Cisjurane. Hugues doit toutefois renoncer à ses droits au royaume de Provence et reconnaît le fils légitime de Louis III, Charles Constantin. Il semble aussi qu'il doive céder le Viennois au roi Raoul. À la mort de Charles Constantin en 932 (ou 934?), il reconnaît Rodolphe II de Bourgogne Transjurane comme le roi de Provence et lui abandonne ses droits. En échange, selon l'accord de 926, Rodolphe II lui abandonne ses prétentions en Italie. Hugues continue toutefois de porter le titre de marquis de Provence où il est toujours richement possessionné.
Assuré de ses arrières en Provence, Hugues s'attelle à imposer son autorité et restaurer l'ordre en Italie. Déjà en 931, il avait fait aveugler son demi-frère Lambert de Toscane, marquis de Toscane et confié le marquisat de Toscane à son frère Boson d'Arles.
En 932, Hugues épouse Marozie, sénatrice du Latran, et veuve de Guy de Toscane, demi-frère de Hugues, dans la ville de Rome. Mais le coup de force du propre fils de Marozie, Albéric II, lors des cérémonies mêmes du mariage rend ce dernier caduc : Marozie est emprisonnée et Hugues ne doit son salut qu'à la fuite.
En Italie, Hugues veille à mettre fin aux désordres nés des conflits pour la couronne avant de lutter plus efficacement contre les Magyars et les Sarrasins qui lui infligent une véritable injure avec la prise de Gênes en 934. Il intervient à plusieurs reprises pour régler le problème des Sarrasins qui avec leur flotte ou à partir du Fraxinet pillent les côtes et l'intérieur de la Provence et des Alpes. Selon des Annales du Califat de Cordoue (Ibn Hayyan, Al-Muqtabis fi Tarikh al-Andalus), des réactions diplomatiques peuvent lui être attribuées (940). De même, en 942, Hugues organise une attaque combinée par terre et par mer de ce même réduit du Fraxinet. Pour se procurer des bateaux, il fait appel au basileus Romain Lecapène. Toutefois, au dernier moment, il préfère traiter avec les Sarrasins et les utiliser à son profit dans le cadre de ses affaires italiennes. Malgré cela, Hugues parvint à stopper l'anarchie dans la péninsule.
À la mort de Rodolphe II de Bourgogne en 937, Hugues tente d'unir le royaume de Bourgogne Transjurane au sien. Retournant en Provence, il force Berthe de Souabe — veuve de Rodolphe II de Bourgogne et fille de Burchard II de Souabe, duc de Souabe —, à l'épouser et unit son fils Lothaire à la sœur du jeune héritier de Rodolphe, Conrad, fille donc de sa nouvelle épouse. Mais ce projet d'alliance est mis en échec par l'intervention du roi de Germanie Otton Ier (il recueille le jeune Conrad), qui ne peut accepter l'unification des deux royaumes. Cependant, ce mariage avec sa nouvelle épouse, qui réside essentiellement dans son château de Colombier, n'empêche pas Hugues d'avoir de nombreuses maîtresses et de nombreux bâtards. Selon une chronique, il aurait aussi, semble-t-il, déshonoré sa belle-fille Adélaïde de Bourgogne, avant même qu'elle ne fût parvenue à la couche de son fils.
En dépit de cet échec, alors que son autorité semble bien assurée, Hugues d'Arles voit apparaître en 940 un dangereux rival en la personne de Bérenger II d'Ivrée. Hugues réussit toutefois à le vaincre en 941, l'obligeant à fuir en Germanie à la cour d'Otton Ier. Se méfiant de la puissance grandissante du royaume d'Italie, Otton Ier soutient la seconde tentative de Bérenger II, qui réussit, en 945, à convaincre de nombreux aristocrates italiens de le suivre en promettant terres et honneurs. Battu militairement, Hugues est dépossédé par une diète tenue à Milan, mais il réussit à conserver en théorie la couronne et le titre de roi. En avril 945, Hugues, se voyant isolé, abandonne le trône d'Italie, qu'il confie à son fils Lothaire, bien que le pouvoir réel soit désormais dans les mains de Bérenger, et se réfugie auprès de sa nièce Berthe à Arles où il meurt le .