Que vient faire la tapisserie de Bayeux dans nôtre généalogie ?. Cette tapisserie, qui est en fait une broderie, relate la bataille d'Hastings le 14 octobre 1066 se déroulant au cours de la conquête normande de l'Angleterre Par le duc de Normandie Guillaume le Conquérant, conquête qui l'oppose alors au roi Harold...
Château-fort de Falaise (2008) - De gauche à droite les grand et petit donjons et la haute tour Talbot.
Guillaume le Conquérant appelé également Guillaume le Bâtard ou Guillaume de Normandie, est né à Falaise en 1027 ou 1028 et mort à Rouen le . Il fut duc de Normandie, sous le nom de Guillaume II, de 1035 à sa mort, et roi d'Angleterre, sous le nom de Guillaume Ier, de 1066 à sa mort.
Fils de Robert le Magnifique et de sa frilla, Arlette de Falaise (Herleva), Guillaume devient duc de Normandie vers l'âge de huit ans, à la mort de son père en 1035. Après une période de forte instabilité, il parvient à reprendre la domination du duché à partir de la bataille de Val-ès-Dunes, en 1047. Il épouse Mathilde de Flandre vers 1050. Il fait de la Normandie un duché puissant, craint des rois de France Henri Ier (1031-1060) puis Philippe Ier (1060-1108).
À la mort sans enfant du roi d'Angleterre Édouard le Confesseur, une crise de succession éclate et, après sa victoire à la bataille d'Hastings (1066), il s'empare de la couronne d'Angleterre. Cette conquête fait de lui l'un des plus puissants monarques de l'Europe occidentale et conduit à de très profonds changements dans la société anglaise, dont l'élite anglo-saxonne disparaît au profit des Normands.
Dès lors, il passe la suite de son règne à se défendre face à ses nombreux ennemis, que ce soit en Angleterre (les rebelles anglo-saxons rassemblés derrière Edgar Ætheling, les Danois et les Écossais) ou sur le continent (le comte d'Anjou Foulques le Réchin, le comte de Flandre Robert Ier, et surtout le roi de France Philippe Ier). Il meurt à Rouen en 1087, après la mise à sac de Mantes, au cours d'une campagne de représailles dans le Vexin français contre le roi Philippe Ier. Il est inhumé à l'abbaye aux Hommes de Caen.
Pourquoi parler de la bataille d'Hastings dans nôtre généalogie ?. Tout simplement parce que Guillaume le Conquérant y figure et avec lui, bon nombre de chevaliers normands et bretons.
Il est difficile de trouver une liste exacte des "compagnons de Guillaume" mais la majorité des historiens se sont accordés sur un certain nombre d'entre eux et nous en retrouvons certains dans nos généalogies. Je dis, nos généalogies, car ces compagnons de Guillaume concernent beaucoup de personnes qui ont une généalogie remontant à Charlemagne. Lorsque vous faites vos recherches sur Généanet (entre autres), il n'est pas rare de voir figurer dans le pédigree de vôtre ancêtre "compagnon de Guillaume", vrai ou faux ?.
Liste des participants identifiés à la bataille de Hastings
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Robert de Beaumont, plus tard comte de Meulan (1081) puis possible comte de Leicester (1107) X
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Eustache, comte de Boulogne X (1047 - ca 1087)
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Guillaume, plus tard comte d'Évreux (ca 1045 - 1118) s'il n'est pas nôtre aïeul, i est le fils de Richard 1er d'Evreux et de Godehilde de Crépon, il est aussi le frère d'Agnès d'Evreux.
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Geoffroy II de Mortagne, plus tard comte du Perche X mort en octobre 1100
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Guillaume Fitz Osbern, sénéchal du duc, plus tard 1er comte d'Hereford X (ca 1027 - 20 février 1071)
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Aimery IV de Thouars, vicomte de Thouars X (1024 - 1093)
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Hugues II le barbu de Montfort, seigneur de Montfort-sur-Risle X
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Gautier Ier Giffard, seigneur de Longueville mort vers 1084 X
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Raoul II de Tosny, seigneur de Conches X (ca1030 - 1101)
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Hugues de Grandmesnil, seigneur de Grandmesnil X (1032 - 22/02/1098)
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Guillaume de Warenne, plus tard 1er comte de Surrey X (1044 - 24/06/1088)
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Guillaume 1er Malet de Graville, seigneur de Graville X mort vers 1071
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Odon, évêque de Bayeux, plus tard comte de Kent, demi-frère du Conquérant
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Turstin Fitz Rou, qui portait le gonfanon du Conquérant à Hastings
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Engenulf, seigneur de L'Aigle X (1020 - Mort à la bataille d'Hastings)
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Geoffroy de Montbray, évêque de Coutances
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Robert, comte de Mortain, plus tard comte de Cornouailles, demi-frère du Conquérant X (ca 1031 - ca 1090)
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Wadard, probable suivant de l'évêque de Bayeux
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Vital probable suivant de l'évêque de Bayeux
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Goubert (ou Gilbert) d'Auffay, seigneur d'Auffay
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Guillain de Banville
X .... Ils figurent en bonne place dans nôtre généalogie .
D'autres nombreux barons, chevaliers et autres de nos aïeux, ou très proches, auraient été les compagnons de Guillaume lors de la conquête de l'Angleterre, voici, ci-dessous quelques autres noms :
Gilbert II Crespin (1038-1109) fils de Gilbert 1er et Gunora de Courcy.
Errant d'Harcourt, fils d'Anquetil et d'Eve de Boissey le Châtel.
Henri de Ferrières (1036-après 1088) seigneur de Ferrières en Normandie et lord de Tutbury en Angleterre.
Raoul de Gael ou dit aussi de Guader (avant 1040-ca 1099 en Terre Sainte) Seigneur de Gael et de Montfort.
Hugues II de Gournay, mort de blessures à Cardiff en 1074.
Roger II de Montgommery qui n'aurait pas accompagné Guillaume mais lui aurait fournit 60 navires pour son expédition.
Guillaume de La Lande Patry
Bernard II de Saint Valéry (1005-1066) fils de avoué de St Valéry et petit fils de Bernard 1er et Emma. Il est mort en croisade en Terre Sainte en 1107 à Nicée.
Raoul II Tesson cousin germain de Robert, fils d'Erneis.
Richard Goz, Vicomte d'Avranches
Ranulph II de Briquessart dit Le Meschin (mort en 1101) vicomte de Bayeux et seigneur de Livry. Il était marié à Marguerite d'Avranches, la fille de Richard Goz (ci-dessus) et Emma de Conteville.
Robert de Beaufou fils de Richard et Emma de Bayeux (abesse de St Amand de Rouen) et marié à Aubrée d'Ivry.
Richard Fitzgilbert de Clare (ca 1026-ca1090) seigneur de Bienfaite et d'Orbec et époux de Rohaise Giffard.
Voilà donc, plus de vingt personnages bretons et normands dont on dit qu'ils ont accompagné Guillaume lors de la Conquête de l'Angleterre et qui figurent dans nôtre généalogie !.
Suit, ci-dessous, la liste, dite de Dives sur Mer (14). Cette liste est beaucoup plus longue mais, elle inclus, dit-on, les personnages ayant ensuite, après Hastings participé à la bataille contre les anglais. Liste par ordre alphabétique de A à W.
En 1065, par l’intermédiaire de l’archevêque de Canterbury, le roi Édouard le Confesseur offre à Guillaume de Normandie sa succession au trône d’Angleterre. Mais, à sa mort, le 5 janvier 1066, Harold Godwinson, jeune chef du parti anglo-saxon, renie son serment de fidélité et se fait proclamer roi par les nobles anglais. Il est sacré à Westminster sous le nom d’Harold II.
Par ce parjure, s’estimant dépossédé de son héritage, Guillaume obtient l’appui du pape Alexandre II et se prépare à traverser la Manche avec 8 000 hommes, dont 3 000 cavaliers, pour s’emparer du trône.
En 1066, pendant six mois, Guillaume, qui n’est pas encore le Conquérant, rassemble sa flotte dans l’estuaire de la Dives pour y préparer la conquête de l’Angleterre. Le port de Dives-sur-mer, à l’époque un petit village de pécheurs, étant incapable de contenir les centaines d’embarcations, la flotte est rassemblée sur Varaville, entre la chaussée et les dunes, dans l’immense rade longue de 5 km et large de 3 km. À cette époque, la mer entre profondément dans l’estuaire et baigne la chaussée à marée haute. Au sud s’étendent les marécages ; la terre ferme ne dépasse pas, en rive gauche, le lieu-dit « la Cour de la Maison ». Les dunes, désertes, sont accessibles à marée basse et l’on circule en barques dans le marais de l’estuaire.
La flotte, composée de 696 grands vaisseaux destinés au transport des combattants et sans doute deux ou trois mille embarcations plus petites pour le transport du matériel se rassemble. Recevoir tout ce monde, nécessite une organisation considérable et un espace considerable. Pendant 6 mois, il faut loger et nourrir les hommes et les chevaux, construire des magasins pour stocker vivres et matériel, forger des armes et des clous, cuire du pain…
En provenance de Barfleur où il a été construit, le bateau amiral de Guillaume, « Le Mora » attend dans l’estuaire. Il doit appareiller pour Saint-Valéry, dans l’estuaire de la Somme où toute la flotte a rendez-vous pour la traversée de la Manche.
Le Mora était un cadeau de la duchesse de Normandie, Mathilde de Flandre. À sa proue, un angelot doré désignait de son index droit l’Angleterre tandis que sa main gauche portait à sa bouche un cor d’ivoire. En remerciement, le Conquérant offrira le riche comté de Kent à la reine Mathilde. Le Mora et les autres navires de Guillaume furent conçus dans l’esprit des navires vikings. A la manière de ses ancêtres vikings, Guillaume l’équipera d’une girouette dorée.
Cet immense rassemblement prend fin le 12 septembre 1066 peu avant l’aube avec l’appareillage de la flotte pour Saint Valéry dans l’estuaire de la somme. Une longue attente de vents favorables s’ensuit.
Le 28 septembre, Guillaume apprend le débarquement de son rival le roi de Norvège Harald Hardrada, en Yorkshire, au nord de l’Angleterre. Afin de profiter du fait que l’armée d’Harold Godwinson est aux prises avec les Norvégiens à Stamford Bridge il décide de prendre la mer en fin d’après-midi
Porté par le courant de jusant, la flotte normande atteint enfin la baie de Pevensey, dans le Sussex, à l’aube de la Saint-Michel, le 29 septembre 1066. Guillaume et ses barons débarquent sans rencontrer de résistance de la part des saxons. Apprenant le débarquement de l’armada normande, Harold lance son armée à marche forcée vers Hastings où les Normands se sont retranchés. Le 14 octobre s’engage alors la bataille mythique, immortalisée par la Tapisserie de Bayeux, à l’issue de laquelle Harold trouve la mort. Le 25 décembre 1066, Guillaume de Normandie est sacré roi d’Angleterre dans l’abbaye de Westminster.
Parmi les compagnons du Conquérant, dont la liste, dressée par Arcisse de Caumont, est gravée au-dessus du portail d’entrée de l’église de Dives-sur-Mer, figurent les noms de deux chevaliers, Raoul de Beaufou et son frère Guillaume, issus du lignage des seigneurs de Varaville.
En récompense, Raoul de Beaufou (1040-1102) devient lord de Hockering et sheriff de Norfolk de 1091 à 1102. Quant à son frère Guillaume (1025-1091), il reçoit 251 manoirs dans le Norfolk et le Suffolk, et devient évêque de Tetford à la fin de sa vie, le 25 décembre 1085
En passant, encore un hommage à mon épouse Janick qui avait entreprit en 1986 de réaliser une série d'assiettes entièrement peintes à la main aux motifs de la tapisserie de Bayeux, voici présentées les deux assiettes restantes, d'autres avaient été vendues à un collectionneur allemand. Réaliser de tels décors à la main ne pouvait être rentable à moins de pouvoir les vendre à un juste prix !
Scène 44 - Le duc Guillaume et ses deux demi-frères : à sa droite, l'évêque Odon de Bayeux et à sa gauche, le comte Robert de Mortain
Guillaume le conquérant, héritier des vikings
Quand Guillaume – le futur conquérant – voit je jour en 1027, la Normandie est un duché relativement autonome, et très prospère. Un peu plus d’un siècle auparavant, son quadrisaïeul (autrement dit son arrière arrière arrière grand-père) Rollon le viking acquit le territoire par le traité de Saint-Clair-sur-Epte signé avec le roi de France Charles le Simple.
Le père de Guillaume, Robert le Magnifique, gouverne avec prodigalité et libéralisme pendant 7 ans, mais il meurt brutalement au retour d’une croisade en 1035. Avant son périple, il avait pris soin de faire reconnaître son fils – illégitime – par les grands du duché.
Mais à la mort de Robert, le désordre apparaît et malgré leur serment, les comtes n’acceptent pas le petit bâtard comme duc.
C’est réellement en 1047 que les opposants, menés par Hugues, l’évêque de Bayeux, commencent à conspirer.
Le complot se précise, et l’assassinat du jeune duc est prévu pour le 14 janvier.
Mais Guillaume, alors en déplacement à Valogne, est alerté in extremis par un partisan. Pressentant le danger immédiat, il fuit dans la nuit et prend la direction de son château situé à Falaise. Pendant plusieurs lieues, il est pourchassé à cheval par ses ennemis mais réussi à s’échapper.
Les conjurés ont échoué et Guillaume est en sécurité, mais il est isolé.
Pendant 7 mois, les traitres, effrayés par les probables représailles, multiplient les alliances et les coups de force.
Mais Guillaume réunit ses fidèles à sa cause et surtout obtient l’appui militaire du roi de France Henri Ier.
Le 10 août, la fronde est écrasée lors de la bataille de Val-ès-Dunes.
Après cette victoire, Guillaume assoit son autorité et parvient à endiguer la vague d’insubordination.
Il a 20 ans.
Depuis deux siècles, L’Angleterre est instable et subit les incursions fréquentes des scandinaves. Le roi Ethelred (surnommé « le malavisé » !) a coutume de payer les envahisseurs pour qu’ils repartent.
Il choisit pour épouse Emma, la fille de Richard II, duc de Normandie, lui-même grand-père de Guillaume. De cette union, naîtront Édith, Alfred, et surtout Édouard, futur confesseur.
En l’an 1002, Ethelred, désireux de se débarrasser des vikings, aurait commandité le massacre de colons danois le jour de la Saint Brice.
En représailles, le roi Sven du Danemark attaque l’Angleterre, déclenche une invasion massive et devient le nouveau roi en 1013.
Ethelred et sa famille, prennent l’exil et se réfugient tout naturellement dans la patrie d’Emma : la Normandie.
A la mort d’Ethelred, Emma est remariée à Knut le Grand le fils de Sven, et nouveau roi d’Angleterre qui a besoin d’assoir sa légitimité en épousant la veuve du dernier roi anglo-saxon.
Après plusieurs autres successions, c’est finalement à Édouard que revient la couronne anglaise. Édouard, dit « le confesseur », est, souvenons-nous, le fils d’Emma, et donc le cousin germain de Guillaume.
En 1050 environ, il semble qu’Édouard ait pris contact avec Guillaume sur la question de la transmission du trône d’Angleterre. Y a-t-il eu un véritable pacte ? Ou bien une simple approche ? Quoi qu’il en soit, c’est l’acte déclencheur de la conquête de l’Angleterre par Guillaume de Normandie.
Et c’est ici que commence l’histoire racontée par la tapisserie de Bayeux.
La tapisserie de Bayeux, c’est quoi ?
Déjà, si on veut être précis, ce n’est pas une tapisserie dans le sens strict, mais plutôt une broderie. Les motifs sont tissés sur neuf pièces de lin, employant cinq couleurs principales. Le dessin, qui tend légèrement vers la caricature, ne cherche pas forcément le réalisme : un cheval pouvant tout à fait être représenté en bleu par exemple.
L’unité de style laisse penser qu’elle a été conçue par un seul artiste. Avant le XVIIIème siècle, la tapisserie était connue sous le nom de « La tapisserie de la reine Mathilde », cette fameuse Mathilde étant le plus souvent identifiée comme l’épouse de Guillaume. Cette thèse est aujourd’hui totalement écartée.
L’histoire racontée suit l’ordre chronologique des évènements. Le récit principal est encadré par une large bordure, dont la frise semble relater des évènements anecdotiques.
Ces marges supérieures et inférieures, outre leur caractère décoratif, pourraient avoir le rôle de décrire des actions parallèles, du genre : « pendant ce temps-là, ailleurs… »
En certains endroits où le récit monte en tension, la scène centrale empiète sur le bord supérieur.
Les commentaires sont écrits en latin naïf, pas toujours aisés à interpréter.
L’œuvre a subi de nombreuses restaurations au cours des siècles, notamment à ses extrémités, et on pense qu’elle a été amputée de sa scène finale.
La tapisserie nous offre aujourd’hui une documentation inespérée de l’époque. Grâce aux détails de ses illustrations, nous observons la forme des équipements martiaux, les techniques de construction des navires, etc.
Le fait quelle ait réussi à traverser presque 1000 ans d’histoire tient du miracle si l’on considère tous les évènements qui auraient pu conduire à sa destruction (la guerre de 100 ans, les guerres de religions ou encore la révolution française).
Scenario et distribution de la tapisserie de Bayeux
Pendant la période mouvementée d’une Europe médiévale encore en construction, l’ambition « anti brexit » du plus conquérant de nos Guillaume mène à une guerre de succession contre Harold Godwinson dont l’affrontement principal a lieu à Hastings.
Les évènements relatés se déroulent entre 1064 avec le débarquement d’Harold en Normandie et le 14 octobre 1066 lorsque ce dernier fut tué pendant la bataille de Hastings.
Avec, dans l’ordre d’apparition :
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Harold (Prétendant au trône d’Angleterre)
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Édouard le Confesseur (Roi d’Angleterre)
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Guy de Ponthieu (le trouble fête)
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Guillaume le Conquérant (la tête d’affiche)
Fragment de notre généalogie concernant les rois d'Angleterre et sur lequel on remarque Harold II, mort à Hastings et marié à Edith de Mercie au col de cygne.
Si Edouard le Confesseur ne figure pas dans notre généalogie, il en est tout proche puisqu'il est le fils d'Ethelred le Malavisé et d'Emma de Normandie et le frère de Goda ou Godgifu marié, entre autres à Dreux d'Amiens...
Guy 1er de Ponthieu (ca 1035 - 1100) est aussi présent dans nôtre généalogie.
Décryptage historique de la Tapisserie de Bayeux
Nous sommes au début de l’année 1064, probablement au palais de Winchester. Édouard le Confesseur est représenté siégeant sur son trône avec les attributs du pouvoir.
Dès cette première image (1), apparaît Harold, qui parlemente avec le roi. Harold est l’héritier du vaste et puissant comté de Wessex, et sa famille a toujours été proche du pouvoir depuis le règne de Knut.
Harold part accomplir sa mission et se rend au lieu d'embarquement de Bosham. Harold et l'un de ses compagnons s'agenouillent à l'entrée de l'église pour prier.
Après un banquet dans le manoir seigneurial d'Harold, les hommes prennent l'escalier menant à la plage d'embarquemen
Après des scènes représentant Harold chassant avec ses hommes, et festoyant dans son manoir, il embarque sur des bateaux, qui, toutes voiles gonflées (2), traversent la Manche.
Notons que tous les hommes portent la moustache, et la coupe au bol… C’est ainsi que seront représentés les anglais tout au long de la broderie !
Lorsque Harold débarque, il est sans arme et semble s’être échoué. Pris au dépourvu, il est saisi sans ménagement par des soldats. C’est en fait une troupe menée par Guy, le comte de Ponthieu, qui emmène Harold comme otage.
Harold qui caracole en tête, est conduit par une escorte de cavaliers bien armés au château du comte Guy de Ponthieu
Un anglais parvient à s’échapper, et court prévenir Guillaume, duc de Normandie (3), qui apparaît ici pour la première fois. Ce dernier envoie des messagers vers Guy lui demandant de relâcher leur prisonnier.
Selon le chroniqueur Guillaume de Poitiers, le duc de Normandie aurait payé une rançon considérable pour la libération du comte de Wessex.
À partir d’ici, les français sont figurés avec la nuque rasée.
La tapisserie nous montre ensuite Guillaume et Harold chevauchant tous deux, un faucon à la main, en direction du palais ducal à Rouen (4).
Après cette étape, ils partent ensemble en campagne militaire contre le duc de Bretagne. La tapisserie illustre à cette occasion le Mont-Saint-Michel au loin (5), et Harold sauvant deux hommes des sables mouvants.
Un guetteur dans une tourelle aperçoit la chevauchée. Guillaume assis sur un siège reçoit un Harold gesticulant dans l’aula turris (« hall de la Tour ») du palais ducal de Rouen
Après les batailles victorieuses de Dol et Dinant, on retrouve Harold prêtant serment en présence de Guillaume, assis en seigneur (6). C’est le point culminant de l’histoire. C’est le signe que Harold se reconnait comme vassal de Guillaume. Il sera accusé de parjure quand il sera sacré roi d’Angleterre, alors qu’il avait juré fidélité à Guillaume qui était prétendant à ce trône.
Après des motifs relatant le retour de Harold en Angleterre et sa dernière entrevue avec Édouard le Confesseur, la tapisserie nous raconte la mort du souverain (7).
Cette section nous montre le roi dans son palais, à la fois agonisant à l’étage et au moment de son trépas au rez de chaussée.
En haut, le roi est assis, soutenu par un serviteur pendant que sa femme semble prostrée derrière.
Il est face à Harold, dans une position où leurs doigts se touchent, sans doute pour symboliser le don qu’Édouard fait de son royaume.
En dessous le souverain repose allongé dans un linceul.
L’image suivante (8) nous montre Harold trônant en majesté, paré des attributs de la royauté, l’évêque Stigant officiant à ses côtés.
À l’extérieur du bâtiment où a lieu le couronnement, un groupe attire l’attention sur l’étoile filante dans le ciel (9). Il s’agit de la comète de Halley dont les chroniques de l’époque nous confirment la visibilité dans le ciel d’Angleterre entre avril et mai 1066.
Le conteur a-t-il choisi d’illustrer cet évènement en guise de (mauvais) présage ?
Deux émissaires de l'assemblée des notables (le witan) remettent à Harold les regalia (la couronne royale et la hache à long manche).
Couronnement d'Harold devant le witan représenté par deux notables, le clergé représenté par l'archevêque Stigand et le peuple représenté par cinq laïcs.
Le prélat ne porte pas le pallium des archevêques mais ses vêtements épiscopaux (chasuble, aube, étole). Il tient à la main le manipule.
On apporte à Guillaume la nouvelle de l’accession d’Harold au trône (10).
On sait que lorsque Harold rompit son serment en se faisant couronner à la place de Guillaume, ce dernier porta plainte auprès du pape.
En effet, la version normande assure qu’Harold avait juré sur les saintes écritures, ce qui lui vaut une excommunication pour parjure.
Ainsi, la campagne de Guillaume prend des allures de guerre sainte.
Apprenant la trahison, Guillaume ordonne la construction d’une flotte pour passer en Angleterre avec son armée. La tapisserie nous décrit (11) la fabrication des embarcations : on coupe les arbres, on équarrit les planches. Ces scènes sont très détaillées et nous aident à comprendre l’utilisation des outils de l’époque.
Dans la nuit du 27 au 28 septembre 1066, les embarcations normandes, avec figures de proues et voiles carrées rappelant les drakkars, prennent la mer (12).
En mars 1066, se tient un conseil de famille dans le château de Lillebonne au cours duquel le duc décide avec Odon et Robert de Mortain de la construction d'une flotte
Une fois débarquée et installée à Hastings, l’armée festoie (13).
À gauche, des hommes se font servir de la viande rôtie à la broche. Ils sont assis à une table improvisée, qui semble formée de boucliers.
Un sonneur de cor appelle les invités.
À droite, dans une scène qui rappelle beaucoup le dernier repas du Christ, l’évêque Odon, par ailleurs frère de Guillaume, prononce un bénédicité.
Un serviteur apporte un bol et une serviette, sans doute pour le rinçage des doigts.
Les troupes normandes incendient une maison (14). La dévastation de la campagne avoisinante est attestée dans les chroniques de Guillaume de Poitiers. C’est l’une des raisons qui hâtèrent le retour du roi dans le sud et l’affrontement des deux armées.
En effet, au moment du débarquement normand sur les côtes anglaises (tiens, tiens ) Harold était occupé dans la partie nord du pays à repousser une invasion norvégienne qui avait opportunément attaqué l’Angleterre au même moment.
Sans doute Harold a-t-il commis ici une erreur tactique. Il aurait eu tout intérêt à laisser Guillaume et son armée attendre dans cette région inhospitalière au lieu venir immédiatement s’exposer.
La bataille s’engage (15). La cavalerie normande charge l’amée anglaise.
Dans la frise supérieure, on peut observer des scènes à première vue insolites, composées de personnages tous nus. Un homme, probablement anglais puisqu’il porte des moustaches, semble faire des avances à une femme toute aussi déhabillée. Certains spécialistes ont imaginé ici l’évocation d’une fable, appelée « La veuve et le soldat ».
Scène de razzia. Deux cavaliers protègent les fourrageurs en maraude qui se procurent du ravitaillement dans les fermes et les villages les plus voisins
Sur le camp militaire, Wadard officie comme intendant commandant la troupe qui revient de marauder, et préside au partage du des vivresN
Construction d'un camp fortifié sous la supervision de Guillaume qui porte en main la bannière de Saint-Pierre (en). Les terrassiers munis de pioches et de pelles élèvent le CEASTRA (la motte castrale d'Hastings).
Guillaume et Odon chevauchent de conserve à la tête d'un escadron. Vital leur indique où se trouve l'armée ennemie
Un éclaireur d'Harold posté sur un monticule observe l'armée de Guillaume, un autre renseigne le roi saxon
Ici, le duc Guillaume exhorte ses soldats à se préparer courageusement et sagement au combat contre l'armée anglaise
Eustache désigne de l'index Guillaume, qui soulève son casque à nasal et montre son visage pour démentir une rumeur annonçant sa mort, ce qui arrête la débandade de ses troupes.
Les dessinateurs artistes anglo-saxons, pour différencier les combattants, représentent les cavaliers normands (précédés par les archers dont les projectiles vont se ficher sur le bouclier des housecarles) qui affrontent les fantassins saxons.