Ce mariage multiple a été célébré le 26 février 1691 à Inguiniel dans le département du Morbihan.
Il concernait pour nôtre généalogie le couple Yves Symon et Françoise Guyomar. Yves Symon était sabotier, donc itinérant, allant de forêt en forêt...
C'est la 1ère fois que je tombe sur un tel registre paroissial !.
Tenez-vous bien pour la seule journée du 26 février 1691, voici l'emploi du temps du curé d'Inguiniel :
Baptême de Nicolas Roulle
Mariage de Mathurin Le Villain et Marie Le Bronnec.
Mariage de Louis Olivier et Charlotte Guillemot.
Mariage groupé cette fois de Jean Boudic et Jeanne Robic
de Jean Le Carguet et Françoise Le
Le Masson
de Jean Robic et Etiennette Rousselot
de Yves Symon, nôtre ancêtre sabotier et
Françoise Guyomar
de Jean Le Carf et Jeanne Guégan
de Yves Le Ferrant et Guillemette Le
Pipec
Second mariage groupé de Guillaume Guillemo et Charlotte Le Gal
de Mathurin Le Friec et Françoise Letellier
de Marc Letellier et Marie Le Friec
de Guillaume Henry et Perrine Le Nivé
Mariage de François Guillemot et Guillemette Le Pinnart
Que dire de cette journée du 26 février 1691, le curé d'Inguidiel vient de célébrer 1 baptême et 13 mariages ( 3 individuels et deux groupés) !!!. Du jamais vu. Ce curé avait-il si bonne presse ?.
Le recteur d'Inguidiel de cette époque était:
Né en 1659 à Noyal Pontivy. Recteur à Inguiniel de 1689-1719. Pierre Barisy, mort à l'âge de 60 ans, le 26 décembre 1719, fut enterré le 27 au cimetière. La bibliothèque publique de Quimper possède de lui un manuscrit breton intitulé : Cantiqueu spirituel ar devérieu ar christen en quenver an autrou Doué, en quenver e hunon hac en quenver e nessan, composet dré per Barisy, person a pares Inguinel, escopti a Guénet. MDCCX.
L’impressionante anthologie de la littérature vannetaise, Torkad, récemment publié aux éditions Al Lanv, nous révèle l’identité du premier écrivain connu de l’évêché de Vannes. Il s’agit de Pierre Barisy, recteur de Lignol. On ne connait son ouvrage que par le manuscrit annoté conservé à la Médiathèque de Quimper. A l’image de son titre Cantiqueu spirituel ar devérieu ar christen en quenver an autrou Doué, en quenver e hunon hac en quenver e nessan, ( Cantique spirituel sur les devoirs du chrétien envers Dieu, envers lui-même et envers son prochain), on ne s’attend à aucune surprise sinon à une redécouverte de ce que fut la religion catholique du 17ème siècle.
Per Barisy nous rappelle les vertus des cantiques bretons Diwall a raer dre kantikoù, Doc’h fallsoñjoù, doc’h gwallgomzoù … Deskiñ a raont d’an ezhommeg Bezout kontant ha kalonek da suportiñ e baourentez, D’ar pinvig e teskont ivez d’implijiñ ervat e zanvez dre aluzon Grâce aux cantiques on éloigne les mauvaises pensées et les mauvaises paroles… On apprend aux pauvres à être content et courageux pour supporter leur sort et aux riches de faire un bon emploi de leurs biens en faisant l’aumone.
Le recteur a aussi pour mission de remettre ses paroissiens sur le bon chemin. Daniel Doujet et Anaig Lucas nous donne l’exemple du savoureux cantique consacré aux ivrognes : Pochard infam, mar e soñjez Mezviñ bemdeiz e-giz ma rez … D’an ifern e redez ivez dre koll e-giz ma rez gras Doue…Mard aez bemdeiz d’an tavarnoù, Ma ne guitaez ket da zibaochoù, dañjer bras na vi puniset evel kalz eus da gensorted, Mouget, Lazhet, beuzet pe en ur foz ar goug torret, O fin terripl, fin miserabl eus ar pochard abominabl (Pochard infâme, si tu penses te saoûler tous les jours, tu cours vers l’enfer car tu perds la grâce de Dieu. Si tu n’arrête pas tes débauches, tu seras punis comme beaucoup de tes semblables, asphyxié, tué, noyé ou trouvé dans un fossé le cou cassé. O fin terrible, fin misérable du pochard abominable !)
Autre cible de l’intraitable recteur vannetais les fêtes : Ar festoù-deiz zo Dañjerus, Festoù noz zo dañjerusoc’h, An nep zo war an deiz mezhus A zo en noz kalz ardisoc’h (Les fêtes de jour sont dangereuses mais les fêtes de nuit encore plus, car de jour les gens sont honteux alors que la nuit ils sont beaucoup plus hardis).
Et le prédicateur n’hésite pas à pointer du doigt ses ouailles Diar ar preg-mañ ma ne spontez, ma ne grenez, ma ne chañjez, ma ne garez en evesaat, aet out er-maez eus da skiant-vat (Et si sur ces paroles, tu n’es pas épouvanté, tu ne trembles pas, tu ne changes pas, tu ne te surveilles pas c’est que tu es devenu fou !). Et dire qu’on a connu cet état d’esprit il n’y a pas très longtemps