Marie Aimée de Rohan, plus connue sous son titre de duchesse de Chevreuse (-), fille d'Hercule de Rohan-Guéméné, duc de Montbazon, et de Madeleine de Lenoncourt, est une femme de la noblesse française réputée surtout pour son grand charme et ses nombreuses intrigues politiques.
Marie de Rohan est la petite fille de Louis VI de Rohan Guéméné (1540 - 1611) et de son épouse Léonore de Rohan (1539 - 1583) et par ses deux grands parents paternels, elle est la descendante de l'un de nos couples d'ancêtres : Louis 1er de Rohan Guéméné et Marie de Montauban que l'on rencontre à plusieurs reprises dans nôtre généalogie (VOIR la biographie de Marie de Montauban !).
C'est la diffusion de la mini série historique "Une amitié dangereuse" en 4 épisodes dont les deux premiers ont été diffusés ce mercredi soir 18 juin 2015 qui m'a poussé à rechercher encore plus de détails concernant la vie de Marie de Rohan...
Attribué à Claude Deruet, Portrait de Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse (1600-1679) en Diane chasseresse (vers 1627),
château de Versailles.
Née en au château de Coupvray, Marie de Rohan est un membre de la famille de Rohan, qui par elle-même et ses branches diverses, posséda longtemps une partie considérable de la Bretagne et de l'Anjou. Elle est baptisée en février 1602 en l'église Saint-Eustache à Paris et sa marraine est la reine Marie de Médicis. Son éducation inclut danse, équitation et écriture, mais pas d'étude de la littérature.
Le , Marie de Rohan a 17 ans et épouse en premières noces à Paris, Charles, marquis d'Albert, âgé de 39 ans et favori de Louis XIII. Le premier intérêt du favori de Louis XIII est de garder le cœur du roi pour lui et les siens, et de s'emparer aussi de la confiance de la reine Anne d'Autriche, afin d'être maître assuré de toute la cour. Conscient du problème diplomatique et dynastique que cause l'indifférence du roi à l'égard de la reine, le favori du roi tente d'y remédier en introduisant sa jeune épouse auprès du roi pour conseiller la reine. Marie de Rohan y réussit à merveille, et en , Louis XIII la nomme surintendante de la maison de la Reine à la place de la Duchesse Laurence de Montmorency.
À 18 ans, vive, enjouée et espiègle, elle exerce une forte influence sur la reine, jeune femme brillante mais épouse délaissée qui, à 17 ans et après trois ans de mariage, n'a toujours pas donné d'enfant au roi ni d'héritier à la couronne. Marie de Rohan organise, avec l'aide de son époux en tant que favori du roi, des rendez-vous intimes entre les époux royaux.
Son époux est nommé duc de Luynespar le roi en 1619, elle devient donc Duchesse de Luynes. Sous son influence, la reine commence à s'habiller et à se comporter comme une Française. Elle lui fait porter des décolletés alors que jusque-là, elle ne portait que des robes espagnoles ne laissant voir aucune partie du corps. Au printemps de cette même année, les époux de Luynes finissent par forcer le roi à avoir des relations sexuelles avec la reine dans le but d'avoir un héritier. À partir de ce moment, les relations entre Anne d'Autriche et Louis XIII ne cessent de s'améliorer et Louis reste longuement à son chevet lors de sa grave maladie en janvier 1620. Cette même année, les époux de Luynes sont élevés à la dignité de connétable.
Le naît Louis-Charles d'Albert dont Louis XIII est le parrain.
Le couple s'installe près du Palais Cardinal, à l'hôtel de la Vieuville, aujourd'hui disparu. Elle y habitera pendant 37 ans, entrecoupés par les seules périodes d'exil.
Le connétable meurt de « fièvre pourpre », le lors de la campagne menée dans le Sud-Ouest. Marie de Rohan n'avait pas attendu ce décès pour prendre comme amant le duc de Chevreuse, Claude de Lorraine, son aîné de 22 ans. Le a lieu un incident qui lui coûte une demi-disgrâce : entraînée à courir dans une salle du Louvre par Marie et Mlle de Verneuil, fille légitimée de Henri IV, Anne d'Autriche chute et fait une fausse couche.
À partir de cette époque, le roi supporte de plus en plus mal la présence de la Duchesse de Luynes et cette antipathie est réciproque, mais lourde de conséquences pour le couple royal. Le roi accaparé par la guerre contre les protestants et ne lui pardonnant pas l'imprudence vis à vis de la perte du bébé, il lui retire les fonctions de surintendante auprès de la reine.
La reine Anne continue de fréquenter la duchesse et à correspondre avec elle lorsqu'elle en est réduite à l'exil.
Devenue veuve à 21 ans, et décidée à rétablir sa position, elle se remarie avec son amant dès le et devient Duchesse de Chevreuse. Claude de Lorraine a 42 ans mais appartient à une bien plus haute lignée que les Luynes. En effet, devenue membre de la Maison de Lorraine, une maison souveraine, Marie-Aimée de Rohan devient intouchable. Le duc de Chevreuse use alors de cette position auprès du roi pour lui faire réintégrer la Cour, chose acquise dès septembre de la même année.
- Charles Marquis d'Albert.
(Né le 5 Août (1578) à Pont-Saint-Esprit. Meurt le 15 Décembre (†1621) à Longueville près d'Agen).
Charles, marquis d'Albert, Connétable de France et premier duc de Luynes. Il fut appelé à la cours et assista le Dauphin qui devint Louis XIII. Le Roi partagea son amour de la chasse et le fit rapidement avancé dans ses faveurs. En (1615), il fut nommé au Louvre conseiller, et l'année suivante, grand fauconnier de France. Il utilisa sont influence sur le roi dans ses intrigues contre la Reine Mère Marie de Médicis et son favoris Concini. C'est Luynes qui, avec le capitaine de la garde, Vitry, mis en place le complot qui mena à l'assassinat de Concini (1617) et sécurisa les possessions de ce dernier en Italie et en France.
On sait par plusieurs mémorialistes que Luynes avait déconseillé au Roi d'exécuter Concini et avait même proposé la médiation de l'évêque de Carcassonne. Toujours est il, que Luynes devint alors le véritable maître du royaume, se faisant attribuer les biens de son prédécesseur, notamment le château de Lésigny, et couvrir de titres, devenant duc, pair, premier gentilhomme de la Chambre.
La même année il fut nommé capitaine de la Bastille et lieutenant général de Normandie. Il épousa Marie de Rohan Guémené, qui devint ensuite duchesse de Chevreuse par son mariage avec Claude de Guise fille du duc de Montbazon. Il usa de mesures extrêmes contre les pamphleteurs de l'époque, mais chercha la paix en Italie et contre les Protestants. En (1619), il négocia le traité d'Angoulême par lequel Marie de Médicis reçu toute liberté. Il devint gouverneur de Picardie la même année, et réduisit à néant un soulèvement de nobles en (1620).
En (1621), malgré un manque de compétences et d'expérience militaire fut nommé Connétable de France. Le fait qu'un petit noble comme Luynes qui n'avait jamais fait la guerre, accède à la connétablie a beaucoup choqué. Luynes n'avait accepté cette charge que parce que le duc de Lesdiguières qui était protestant n'avait pas voulu abjurer sa foi pour obtenir cette promotion. Sa montée rapide dans les coulisses du pouvoir lui créa de nombreux ennemis, qui le regardaient comme un second Concini. Pour justifier son nouveau titre, de Luynes lança une expédition contre les Protestants, mais mourus d'une fièvre pendant la campagne, à Longueville en Guyenne, le 15 Décembre (1621).
En 1623, Marie de Rohan devient la maîtresse du comte de Holland venu à Paris pour négocier les fiançailles d'Henriette-Marie de France, sœur de Louis XIII avec l'héritier de la couronne d'Angleterre, Charles. Les deux amants montent une intrigue visant à rapprocher Anne d'Autriche du duc de Buckingham envoyé à Paris en 1625 pour escorter la mariée. À l'étape d'Amiens, la duchesse de Chevreuse s'arrange pour isoler Anne et Buckingham du reste de la Cour. Ce dernier se montre entreprenant, elle s’exclame, la suite royale accourt alors que Buckingham s'éclipse.
La grande affaire de l'année 1626 tourne autour du projet de mariage de Gaston, frère du roi avec la duchesse de Montpensier. Un parti de l'« aversion au mariage » se forme avec quelques grands du royaume qui se transforme en lutte ouverte contre la politique de Richelieu. Simple inspiratrice ou devenue maîtresse du comte de Chalais, Marie de Rohan est éclaboussée par la conspiration montée par ce dernier (Voir ci-dessous). En dépit des déclarations de Chalais disculpant la duchesse, Louis XIII exige son renvoi dans le Poitou. Marie, humiliée, se réfugie en Lorraine, le jeune duc Charles IV étant un cousin de son mari et le chef de sa Maison dont elle devient bientôt la maîtresse.
Le séjour de Marie en Lorraine dure un peu plus d'un an au cours duquel elle essaie de renouer les cabales aristocratiques contre Richelieu. Elle mêle intrigues politiques et aventures amoureuses accueillant dans son lit son hôte du moment, puis l'ambassadeur secret de l'Angleterre, lord Walter Montaigu. Elle continue à correspondre en secret avec Anne d'Autriche. Cette agitation n'empêche pas Louis XIII d'élever son mari Claude, resté à la Cour, à la pairie. Les négociations de paix avec l'Angleterre autorisent le retour de la duchesse à Paris fin 1628. Elle y retrouve sa nouvelle et toute jeune belle-mère Marie d'Avaugour ( NOTE) que son père vient d'épouser. Les deux femmes ne tardent pas à former avec Anne de Rohan, belle-sœur et cousine de Marie, le clan Rohan, né pour l'intrigue.
Pendant quelques années, la duchesse de Chevreuse se montre cordiale vis-à-vis de Richelieu et peut exercer son influence sur Anne d'Autriche. Après la journée des dupes, le marquis de Châteauneuf est nommé garde des Sceaux. Marie, toujours tentée de jouer un rôle politique, se rapproche de lui et devient sa maîtresse. Châteauneuf intrigue pour remplacer Richelieu. Le , Louis XIII le fait arrêter pour trahison et relègue Marie en Touraine d'où elle continue à correspondre avec la Reine, lui servant à l'occasion de relais avec la Cour d'Espagne. À Tours, elle organise de grandes fêtes dans l'hôtel de la Massetière qu'elle occupe.
Le , Louis XIII déclare la guerre à Philippe IV. Dès lors, les correspondances entre les deux capitales pouvaient apparaître comme une déloyauté. En , Louis XIII et Richelieu découvrent la correspondance secrète d'Anne d'Autriche qui doit s'humilier. Craignant d'être arrêtée, Marie de Rohan quitte Tours déguisée en homme le pour l'Espagne.
Peu à l'aise à la Cour du Roi d'Espagne, Marie décide de se rendre en Angleterre où elle aborde le . Elle y retrouve ses anciens amants, Holland et Montaigu. Elle y fréquente aussi un groupe d'aristocrates français mécontents et comploteurs tout en essayant de retrouver son crédit auprès d'Anne d'Autriche et même de Richelieu. Pour fuir son mari venu la chercher à Londres, elle se réfugie en Flandre espagnole le , donc en pays ennemi. Là, elle a sans doute soutenu le complot du comte de Soissons, et trempe peut-être dans la conspiration de Cinq-Mars. Les morts successives de Richelieu, puis de Louis XIII donnent la régence à Anne d'Autriche qui autorise la duchesse de Chevreuse à rentrer à Paris.
Le , Marie de Rohan arrive à Paris qu'elle avait quitté dix ans plus tôt. Anne d'Autriche a confié le pouvoir à Mazarin qui, avec plus de souplesse dans la forme, poursuit la politique de Richelieu : guerre contre les Habsbourg à l'extérieur et limitation du pouvoir des Grands à l'intérieur. Inconsciente de l'évolution psychologique de la régente qui soutient désormais Mazarin, soucieuse de conserver pour son fils un État fort, elle intrigue pour écarter le cardinal et mettre à sa place son vieil ami Châteauneuf.
Un complot, connu sous le nom de cabale des Importants, monté par un groupe d'aristocrates mené par le duc de Beaufort visait à éliminer Mazarin. Il échoue le et le lendemain le duc de Beaufort est arrêté, Châteauneuf et d'autres comparses supposés sont exilés en province. Faute de preuve contre son ancienne amie, Anne d'Autriche attend cinq semaines avant de prier la duchesse de Chevreuse de quitter la Cour.
Retirée avec sa fille Charlotte dans son château de Couzières en Touraine, Marie de Rohan continue à y recevoir ses amis suspects aux yeux du cardinal. Anne d'Autriche ayant décidé en de l'éloigner davantage, Marie de Rohan s'enfuit à Saint-Malo puis s'embarque pour l'Angleterre où elle espère être bien accueillie par le roi Charles Ier. Mais ce dernier est en lutte contre les « Têtes rondes » et elle est bloquée avec sa fille pendant deux mois dans l'île de Wight. L'intervention de l'ambassadeur d'Espagne lui permet de rallier les Pays-Bas espagnols où elle s'installe à Bruxelles.
Marie de Rohan est encore à Bruxelles lors du déclenchement de la Fronde parlementaire. Mais elle est encore populaire chez les aristocrates ralliés comme le soulignent les libelles L'Amazone française au secours des Parisiens ou l'approche des troupes de Mme de Chevreuse ou L'Illustre Conquérente ou la Généreuse Constance de Mme de Chevreuse. Le parti des frondeurs lui envoie un petit gentilhomme, marquis de Laigues, proche du coadjuteur de Paris Gondi, que la duchesse met dans son lit et qui devient son ultime amant.
Après la paix de Saint-Germain et alors que la Cour séjourne à Compiègne, la duchesse rallie Paris le sans même attendre la permission de la régente qu'elle obtiendra ultérieurement. De retour à la Cour, elle soutient le parti de Gondi qui devient l'amant de sa fille Charlotte contre les Condé. Marie et sa fille œuvrent au rapprochement de Gondi avec la Cour, ce qui conduit à l'arrestation le de Condé, de son frère Conti et de son beau-frère le duc de Longueville. Marie obtient le retour comme garde des Sceaux de son ancien amant Châteauneuf.
Au début de 1651 l'alliance des deux Frondes conduit à l'exil de Mazarin et la libération des princes. L'idée d'un mariage entre Mademoiselle de Chevreuse et le prince de Conti doit sceller le rapprochement des deux familles, mais la duchesse de Longueville fait échouer le projet. L'alliance ne dure pas et Condé se rend odieux. Anne d'Autriche, conseillée à distance par Mazarin, s'entend à détacher Gondi et les dames de Chevreuse de la coalition. Condé entre en dissidence, ce qui entraîne le retour de Mazarin le . Désormais, Marie de Rohan va se tenir à l'écart des derniers soubresauts de la Fronde, effectuant même à la demande de Mazarin quelques négociations secrètes, ce qui lui vaut à son tour quelques mazarinades et la mansuétude d'Anne d'Autriche. Elle a la douleur de perdre sa fille Charlotte en .
Après la Fronde, elle partage son temps entre la Cour où elle tient son rang de duchesse et le château de Dampierre, demeure familiale des Chevreuse. Avec son frère, elle doit se débattre dans des problèmes de succession à la mort de son père, le duché étant menacé d'être mis sous séquestre.
Au décès du duc de Chevreuse en 1657, Marie devient veuve pour la seconde fois. Selon Saint-Simon elle épousera secrètement le marquis de Laigues qui ne l'a pas quittée depuis 1649.
L'une de ses dernières initiatives publiques en 1667 l'amène à favoriser le mariage de son petit-fils Charles-Honoré avec une des filles de Jean-Baptiste Colbert, l'homme le plus influent de l'époque après Louis XIV.
Après la mort en 1674 de son vieux compagnon Geoffroy de Laigues, elle se retire au château de Maison-Rouge à Gagny. Elle y meurt le et est enterrée dans l'église paroissiale. Sa tombe fut profanée à la Révolution et cet édifice sera détruit au milieu du XIXe siècle pour être remplacé par l'église actuelle. Sa dalle funéraire fut toutefois retrouvée en 1880 et est désormais exposée au château de Dampierre.
Une plaque apposée en 2015 sur un mur de l'église de Gagny rappelle son ancienne inhumation.
NOTE : MARIE D'AVAUGOUR...
Marie d'Avaugour, duchesse de Montbazon, née en 1610 et morte le , est une dame de la noblesse bretonne connue pour ses intrigues politiques et galantes.
Marie d'Avaugour est la fille de Claude d'Avaugour et de Catherine Fouquet de La Varenne. Elle est issue de la seconde maison d'Avaugour : elle descend par son père de François d'Avaugour, comte de Vertus, fils bâtard du duc François II de Bretagne.
Elle est la sœur aînée de Mlle de Vertus qu'elle introduit dans le monde, avant que celle-ci ne se voue au jansénisme.
Le , elle se marie avec Hercule de Rohan, duc de Montbazon ( son second mariage) dont elle a trois enfants :
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Marie-Éléonore (née en 1629 - morte à 53 ans le ), abbesse de La Trinité de Caen, puis devient abbesse de Malnoüe (oraison funèbre du en l'église des religieuses bénédictines du Prieuré de Chasse-Midy, où elle est enterrée) .
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François (1630-1712), premier prince de Soubise par sa femme Anne Julie de Rohan-Chabot dame de Soubise, père du prince et du cardinal de Rohan : souche des Rohan-Soubise
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Anne (née en 1640 - morte à 44 ans le ), qui a été la seconde femme de son neveu le duc de Luynes, fils de sa demi-sœur Marie ci-dessus, dont elle a eu le comte d'Albert, le chevalier de Luynes et plusieurs filles, toutes mariées.
Hercule de Rohan est gouverneur de Paris ; il est veuf et âgé de 60 ans lorsqu'il épouse la fille du comte de Vertus qui en a alors 18. Il a plusieurs enfants d'un précédent lit, dont Marie, épouse en secondes noces le duc de Chevreuse, de sorte que Mme la duchesse de Montbazon, quoique de dix ans plus jeune que sa belle-fille, était belle-mère de la duchesse de Chevreuse et la maîtresse du duc de Chevreuse, vieil époux de celle-ci.
Belle-mère et belle-fille s'entendent pour lutter contre le cardinal Mazarin, premier ministre pendant la minorité de Louis XIV et, toutes deux ayant intrigué contre le roi, elles sont exilées lors de la Fronde.
La duchesse de Montbazon est connue pour son avarice mais aussi pour sa beauté éblouissante. Ses contemporains comparent sa beauté à celle des statues antiques. Elle est l'objet des commentaires de tous les mémorialistes de son époque :
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« Elle défaisoit toutes les autres au bal », dit Tallemant des Réaux.
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Le cardinal de Retz l'a jugée bien sévèrement ; « Mme de Montbazon était d'une très grande beauté. La modestie manquait à son air. Sa morgue et son jargon eussent suppléé, dans un temps calme, à son peu d'esprit. Elle eut peu de foi dans la galanterie, nulle dans les affaires. Elle n'aimait rien que son plaisir et, au-dessus de son plaisir, son intérêt. Je n'ai jamais vu personne qui eût conservé dans le vice si peu de respect pour la vertu. ».
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« La vie de la duchesse de Montbazon fut obscure, et ses mœurs et sa tête mal timbrée avaient beaucoup fait parler d'elle », Saint-Simon, 260, 109.
La duchesse de Montbazon est évoquée dans une chanson populaire, Y avait dix filles dans un pré (voir aussi la Du Maine).
Elle est notamment la maîtresse de l'abbé de Rancé qui, profondément marqué par la mort de sa sublime maîtresse, se retire du monde puis entre à la Trappe qu'il réforme durablement.
"Le prince de Guéméné (Louis VIII) était un homme de beaucoup d'esprit, et encore plus Anne de Rohan, sa femme, fille de Pierre, prince de Guéméné, frère aîné de son père. Lui, elle et Mme de Chevreuse toute leur vie ne furent qu'un, et avec eux en quatrième leur belle-mère, seconde femme de leur père, qui avait autant d'esprit et d'intrigue qu'eux ; et, ce qui peut passer pour un miracle, toutes trois parfaitement belles et fort galantes, sans que leur beauté ni leur galanterie ait formé le moindre nuage de galanterie ni de brouillerie entre elles."
Saint Simon "Mémoires" Tome 1, 1698 p.508 (Ed. de la Pléade)
Voici présentées de belle manière nos trois "duchesses". Le recours à un arbre généalogique s'avèrera utile pour éclaircir les relations matrimoniales des Rohan et des Bretagne-Avaugour dont sont issues ces trois dames. Vous le trouverez ici.
Anne et Marie de Rohan sont à la fois cousines germaines et belles-sœurs, Marie de Bretagne-Avaugour, leur jeune belle-mère est la nièce d'Antoinette de Bretagne, dame du Breffe, belle-mère d'Anne. Voir ici la généalogie des seigneurs du Breffe.
Quant au cardinal de Retz, cousin d'Anne et Marie de Rohan, il est successivement l'amant de la première et de la fille de la seconde !
Anne de Rohan, née en 1604, est la fille de Pierre, prince de Guéméné et de Madeleine de Rieux. Pierre est seigneur du Breffe par sa seconde femme Antoinette de Bretagne-Avaugour. Il rend aveu au duc Henri de Retz, cousin du cardinal, en 1619. Anne de Rohan est connue sous le nom de princesse de Guéméné, titre qu'elle transmet à son cousin et mari. A la mort de son beau-père Hercule de Rohan, elle succède à sa seconde femme dans le titre de duchesse de Montbazon. J'ai déjà évoqué ici, le destin de celle que La Rochefoucauld appelait "la fondatrice du Jansénisme" et qui fut, outre la maîtresse du futur cardinal de Retz, la Gélinte du dictionnaire des Précieuses.
Marie de Rohan, née en 1600, est la fille d'Hercule de Rohan et de Madeleine de Lénoncourt. Successivement duchesse de Luynes par son mariage avec Charles d'Albert, connétable de France et favori de Louis XIII puis duchesse de Chevreuse par son union avec Claude de Lorraine, Madame de Chevreuse est la plus célèbre des trois. Elle est à l'origine de nombreuses intrigues sous le règne de Louis XIII et lors de la Fronde où elle contribue à obtenir pour Retz le chapeau de cardinal. Mazarin dit d'elle : "La France n'a été calme que quand elle n'était pas
Marie de Bretagne-Avaugour, fille de Claude de Bretagne, baron d'Avaugour et de Catherine Fouquet, est née en 1612 et mariée très jeune à Hercule de Rohan, gouverneur de Paris. Elle rivalise d'intrigues durant la Fronde avec ses aînées devenues ses belles-filles. Maîtresse du duc de Beaufort, elle se refuse à Retz mais peut-être pas à Saint-Simon. C'est au réformateur de la Trappe qu'elle doit par sa mort l'apothéose consacrée aux amants séparés et chantés par Aragon dans le "Regard de Rancé".
Quant à l'abbé de Retz, futur cardinal et mémorialiste, il trouva la "chevrette" (surnom de Mme de Chevreuse), trop vieille, n'osa pas conquérir l'égérie de la Fronde et de son ami Rancé, mais se mit en ménage avec l'impétueuse princesse de Guéméné, dévote et libertine.
Henri de Talleyrand-Périgord, comte de Chalais, né en 1599 et mort le à Nantes, est un gentilhomme français qui est maître de la garde-robe du roi sous Louis XIII.
Lors de l'été 1626, il se laisse entraîner par la duchesse de Chevreuse dans la première des nombreuses conspirations que Richelieu eut à réprimer, et qui prit le nom du malheureux : « la conspiration de Chalais ».
Origines et famille
Le comte de Chalais est un fils cadet de Daniel de Talleyrand-Périgord, prince de Chalais, et de Françoise de Montluc, fille du maréchal de Monluc. Le , il épouse Charlotte de Castille, veuve de Charles Chabot, union dont naquit une fille :
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Philippe-Charlotte de Talleyrand-Périgord, morte religieuse en 1692
Débuts
Henri de Talleyrand-Périgord est envoyé à l'âge de huit ans à la cour du roi par sa mère, où il devient page. Par la suite, elle lui achète la coûteuse charge de maître de la garde-robe. Talleyrand-Périgord sert aussi dans les troupes royales et participe au siège de Montauban en 1621, contre la rébellion huguenote installée dans cette ville. En 1623, duelliste talentueux, pour s'attirer les faveurs de la duchesse de Chevreuse, il tue un de ses adversaires, Pontgibault, qui n'est autre que le neveu du maréchal de Schomberg. Il est libéré après avoir été jugé, grâce au soutien du duc d'Anjou.
La conspiration de Chalais
Cette conspiration naît du projet de mariage qu'ont formé Louis XIII et Richelieu entre Monsieur (Gaston de France), frère du roi, et Mademoiselle de Montpensier. Gaston, poussé par son gouverneur le maréchal d'Ornano, ne veut pour rien au monde épouser cette riche héritière, et un parti de l'« aversion au mariage » s'est réuni autour de lui.
Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse, grande conspiratrice, et d'autres princes, s'associent ainsi au propre frère du roi pour intriguer contre l'autorité grandissante de Richelieu. Il s'agit dans cette période de transition de regagner un pouvoir féodal au détriment du mouvement de centralisation royale amorcé par Henri IV.
À l'été 1626, la duchesse s'attache les services du comte de Chalais, gentilhomme jusque-là apprécié de Louis XIII. Le but avoué est l'assassinat de Richelieu, et, peut-être, la destitution de Louis au profit de Gaston. Mais tous ces princes, comme le comte lui-même, sont d'un caractère versatile. Le secret est éventé à cause de querelles privées, et Richelieu sévit avec l'appui de Louis XIII. Pour sauver sa situation personnelle, Gaston confesse tout de suite sa faute et livre tous ses complices. Chalais est arrêté ainsi que le maréchal d'Ornano et ses frères, ainsi que César et Alexandre de Vendôme, demi-frères du roi et de Gaston.
Seul conjuré à ne pas jouir d'un prestige familial qui vaille immunité, il est jugé à Nantes, dans le couvent des Cordeliers, et condamné à la décapitation sur la place du Bouffay. Madame de Motteville rapporte dans ses mémoires l’amour que vouait le comte de Chalais à la duchesse de Chevreuse. Sa correspondance avec elle alors qu'il était en prison, était semble t-il peu équivoques et furent des pièces à conviction utilisée lors de son procès. Jacques Daniel Bois d’Annemets, favori du Duc d'Orléans dit de lui dans ses mémoire qu’il était "lié par amour" à la Duchesse de Chevreuse, "c’est par et pour elle que le jeune Chalais s’engagea à prêter son épée à ceux de l’aversion". Par une louable solidarité, ses anciens complices dissuadent le bourreau de faire son office.
Malheureusement, c'est alors un condamné à mort gracié pour l'occasion qui se charge de la besogne, un savetier inexpérimenté muni d'une épée d'apparat et d'une doloire de tonnelier, hache à manche court. Il massacre Chalais plus qu'il ne l'exécute. Au vingtième coup de hache, Chalais est encore vivant ; on en compte en tout 29. Jean-Baptiste d'Ornano et Alexandre de Vendôme meurent tous deux en prison, l'un dès , l'autre en .
La leçon de l'Histoire
À l'issue de cette crise emblématique de l'époque, Richelieu gagne en autorité, et Gaston, passagèrement réconcilié avec son frère, se marie et devient duc d'Orléans - titre assorti de très importants revenus. La politique française devient proprement monarchique au détriment de la noblesse.
Postérité et hommages
Une plaque commémorative sur la Place du Bouffay à Nantes rappelle sa terrible la décapitation le 19 août 1626
Par JOËLLE CHEVÉ
Publié le 27 mars 2014 Mis à jour le 20 août 2023
Nantes, 19 août 1626, 18 heures. Une foule immense est massée sur la place du Bouffroy. Devant la porte du château royal, se dresse un échafaud. Henri de Talleyrand, comte de Chalais, condamné pour avoir projeté d'assassiner Louis XIII, s'apprête à gravir les marches. Enfin, il paraît entre deux rangées de soldats, accompagné d'un prêtre. Calmement, il monte à l'échafaud et ne marque une légère émotion que lorsque le bourreau lui coupe sa très belle moustache. Mais, foin de coquetterie, il n'espère plus qu'en la rapidité de son exécution. « Ne me fais pas languir », dit-il au bourreau qui lui bande les yeux, avant d'abattre son épée. Mais stupeur ! Chalais a toujours sa tête... Quatre nouveaux coups, et elle tient toujours, tandis que le supplicié souffle un ultime « Jésus Maria ». Le bourreau réinstalle Chalais sur le billot, puis s'empare d'une doloire (une hache de tonnelier) pour achever le travail. Soit 29 coups avant que la tête se détache du tronc ! Une boucherie, que la foule contemple, consternée.
Gaston de France, plus connu sous le nom de Gaston d'Orléans et surnommé « le Grand Monsieur », né le à Fontainebleau, baptisé le à Paris et mort le à Blois, duc d'Orléans, est le troisième fils d'Henri IV et de Marie de Médicis.
Il a consacré une grande partie de son existence adulte à conspirer contre son frère Louis XIII et le cardinal de Richelieu, puis contre Anne d'Autriche, veuve de Louis XIII, et le cardinal Mazarin, qui l'exile finalement à Blois en 1652.

Origines familiales
Il est le fils d'Henri IV (1553-1610), roi de Navarredepuis 1572 et roi de France depuis 1589, premier roi de la dynastie des Bourbon, qui succède à la dynastie des Valois.
Sa mère, Marie de Médicis (1575-1642), seconde épouse d'Henri, est la fille de François Ier de Médicis, grand-duc de Toscane.
Sa marraine est Marguerite de Valois[Note 2] (1553-1615), première épouse d'Henri IV (de 1572 à 1599), fille d'Henri II et de Catherine de Médicis (1519-1589). C'est d'elle que vient le prénom de Gaston, son prénom usuel, en l'honneur de Gaston de Foix (1444-1470), fils de la reine de Navarre Éléonore[Note 3]. Ses deux autres prénoms, Jean et Baptiste, viennent de son parrain, le cardinal François de Joyeuse.
Ses frères aînés sont Louis (1601-1643) et Monsieur d'Orléans (1607-1611), qui n'a pas reçu de prénom, étant mort avant d'être baptisé (il a seulement été ondoyé à la naissance). À sa mort en 1611, Gaston devient duc d'Orléans et héritier présomptif de son frère Louis XIII.
Fils de France de la maison capétienne de Bourbon, il est titré duc d'Anjou en tant que prince héritier et appelé « Monsieur », titre conféré au frère du roi.
À partir de la mort de son frère Louis XIII, il devient le « Grand Monsieur » par opposition à son neveu, le « Petit Monsieur », Philippe, frère de Louis XIV.
Il porte aussi au cours de sa vie les titres de duc d'Orléans, de Chartres, de Valois, d'Anjou et d'Alençon, de comte de Blois, de Montlhéry et de Limours, de baron d'Amboise et de seigneur de Montargis.
Conspirateur et débauché
Cultivé et raffiné, velléitaire et inconstant, Gaston de France passa sa vie à conspirer, d'abord contre son frère et contre le cardinal de Richelieu (préférant à leur centralisation absolutiste une monarchie mixte avec représentation des corps sociaux à travers les assemblées d'États provinciaux ou généraux), puis contre sa belle-sœur Anne d'Autriche et contre le cardinal Mazarin. Ses conspirations échouèrent toujours, faute de réel projet politique. Velléitaire, Gaston dénonça souvent ses complices, puis les vit périr (voir d'Ornano, Chalais, Montmorency, et Cinq-Mars).
Pour se venger, il crée un « Conseil de vauriennerie », des amis avec qui il mène une vie désordonnée (il est réputé joueur et amateur de femmes). Michel Delon le voit comme le chef de file des libertins de l'époque, dont les passe-temps était les chansons à boire, les poèmes érotiques et les parties de débauche, fréquemment bisexuelles.

Campagnes militaires et rébellions sous Louis XIII
Gaston d’Orléans (1608-1660), frère cadet de Louis XIII, a joué un rôle complexe sous le règne de son frère, mêlant participation à des campagnes militaires et implication dans de multiples rébellions, souvent motivées par son opposition à l’absolutisme de Louis XIII et du cardinal de Richelieu. Voici une synthèse de ses actions militaires et de ses rébellions, basée sur les informations disponibles et une analyse critique.
Campagnes militaires de Gaston d’Orléans Siège de La Rochelle (1627-1628) - Gaston reçoit le commandement nominal de l’armée royale lors du siège de La Rochelle, un bastion protestant allié à l’Angleterre. Cependant, son rôle est limité, car Louis XIII prend la direction effective des opérations. Cette nomination reflète la volonté de Richelieu de canaliser l’énergie de Gaston, mais elle montre aussi la méfiance du roi envers son frère, qui ne bénéficie pas d’une réelle autorité militaire.
- Campagnes en Flandre (1644-1645) Après la mort de Louis XIII en 1643, Gaston est nommé lieutenant général du royaume pendant la minorité de Louis XIV. Il dirige des campagnes contre les Espagnols dans le comté de Flandre, remportant plusieurs succès notables : . 1644 : Conquête de Gravelines (28 juillet) et Béthune. . 1645 : Prise de Bourbourg, Armentières, Courtrai et Mardyck. Ces victoires renforcent temporairement son prestige militaire et sa position politique, bien que son autorité reste subordonnée à la régente Anne d’Autriche et au cardinal Mazarin.
Engagement dans la guerre de Trente Ans Gaston participe à des campagnes mineures, comme celle en Picardie contre les Espagnols en 1636, mais Louis XIII refuse de lui accorder une reconnaissance significative, notamment en raison des tensions liées à son mariage non autorisé avec Marguerite de Lorraine. Son implication militaire est souvent perçue comme un moyen de maintenir son statut de prince sans lui conférer un pouvoir réel.
Rébellions et complots contre l’autorité royale Gaston d’Orléans, héritier présomptif du trône jusqu’à la naissance de Louis XIV en 1638, s’oppose régulièrement à la centralisation absolutiste promue par Richelieu et Louis XIII. Il défend une vision d’une monarchie mixte, où les corps sociaux (noblesse, parlements, États provinciaux) auraient un rôle plus important, contre l’absolutisme naissant. Ses rébellions, bien que nombreuses, échouent souvent en raison de son caractère velléitaire et de son manque de projet politique cohérent.
Complot de Chalais (1626) Richelieu contraint Gaston à épouser Marie de Bourbon-Montpensier, une union qu’il rejette. Encouragé par des nobles comme la duchesse de Chevreuse et le comte de Chalais, Gaston s’engage dans un complot visant à assassiner Richelieu. Le complot est découvert, Chalais est exécuté, mais Gaston, protégé par son statut d’héritier, échappe à la répression. Il accepte finalement le mariage, qui lui confère le titre de duc d’Orléans.
Rébellion de 1631-1632 et l’affaire du mariage lorrain En 1631, après l’exil de Marie de Médicis, qui s’oppose à Richelieu, Gaston se déclare en faveur de sa mère et lève des troupes. Il se réfugie en Lorraine, où il épouse secrètement Marguerite de Lorraine (janvier 1632), sœur du duc Charles IV, contre la volonté de Louis XIII et Richelieu. Cette union, perçue comme une menace diplomatique (la Lorraine étant soutenue par l’Espagne), entraîne l’invasion de la Lorraine par les troupes royales. Gaston fuit aux Pays-Bas espagnols, puis revient en France pour soutenir la révolte du duc de Montmorency en Languedoc (1632). Après l’échec de la révolte et l’exécution de Montmorency, Gaston est pardonné mais se retire à nouveau à l’étranger. Il ne revient en France qu’en 1634, sous conditions imposées par Richelieu.
Complot de Cinq-Mars (1642) Gaston est impliqué dans le complot orchestré par le marquis de Cinq-Mars, favori de Louis XIII, visant à éliminer Richelieu. Lorsque le complot est découvert, Gaston, fidèle à son habitude, dénonce ses complices pour sauver sa position. Cinq-Mars est exécuté, et Gaston est une fois de plus épargné, mais humilié.
La Fronde (1648-1653) Pendant la Fronde, Gaston joue un rôle ambigu. Initialement, il soutient Mazarin et la régente Anne d’Autriche, mais en 1651, il rejoint les princes rebelles, cherchant à limiter le pouvoir de Mazarin. Fort de sa popularité au Parlement et de son titre de lieutenant général, il tente de promouvoir une politique d’apaisement. Cependant, son manque de constance et sa versatilité le rendent inefficace. Après la reprise de Paris par les forces royales en 1652, Louis XIV l’exile à Blois, où il reste jusqu’à sa mort en 1660.
Motivations de Gaston Gaston est animé par une combinaison de rivalité personnelle avec Louis XIII, d’opposition idéologique à l’absolutisme et d’ambition personnelle. Sa position d’héritier présomptif jusqu’en 1638 le rend à la fois puissant et vulnérable, car il incarne une alternative potentielle au règne de son frère. Sa vision d’une monarchie moins centralisée attire des nobles mécontents de Richelieu, mais ses complots manquent de cohérence et de détermination. Son mariage avec Marguerite de Lorraine, par amour et par défi, illustre son désir d’autonomie face à la raison d’État.
Faiblesse stratégique Gaston est souvent décrit comme inconstant et velléitaire, dénonçant ses complices pour éviter les conséquences (Chalais, Montmorency, Cinq-Mars). Cette attitude, combinée à l’absence d’un projet politique clair, limite l’impact de ses rébellions. Ses succès militaires, notamment en Flandre, contrastent avec son incapacité à transformer ces victoires en influence politique durable.
Contexte politique Les rébellions de Gaston s’inscrivent dans un climat de tensions nobiliaires et de résistance à la centralisation de l’État. Richelieu, en renforçant le pouvoir royal, marginalise les grands princes comme Gaston, qui devient un point de ralliement pour les opposants. Cependant, la répression systématique des complots (exécutions, emprisonnements) et la consolidation de l’absolutisme sous Louis XIII et Louis XIV marginalisent durablement son rôle.
Héritage et perception Gaston est souvent réduit à l’image d’un prince rebelle et frivole, mais des études récentes réhabilitent son rôle comme mécène, collectionneur et humaniste. Sa vision d’une monarchie tempérée, bien que défaite, reflète une alternative politique à l’absolutisme. Son exil à Blois et la censure de son oraison funèbre par Louis XIV montrent la volonté de la monarchie d’effacer son influence.
En 1628, il reçoit le commandement de l'armée pour le siège de La Rochelle, bastion protestant lié à l'Angleterre, qu'il conserve jusqu'à l'arrivée de Louis XIII.
À l'instigation de son confesseur, l'oratorien Charles de Condren, il se réconcilie avec le roi à Troyes, le .
En 1631-32, il réside en Lorraine et fréquente la cour ducale. Il intrigue et publie un manifeste politique contre l'absolutisme. Il épouse aussi la princesse Marguerite, sœur du duc.
En 1632, il participe à la révolte du duc Henri II de Montmorency. À la tête d'une armée de mercenaires, il appelle le royaume à la révolte, avant de repartir en Lorraine après la défaite de Montmorency à Castelnaudary (1er septembre 1632).
En 1634, il conclut en secret un traité avec l'Espagne et complote contre Richelieu avec le comte de Soissons.
En 1636, il participe au côté du roi au siège de Corbie (24 septembre-9 novembre) en Picardie. Corbie est reprise aux troupes espagnoles.
En 1638, la naissance d'un dauphin, le futur Louis XIV, le prive du rang d'héritier présomptif. Il perd son crédit financier et ne peut poursuivre l'extension du château de Blois, ni la restauration du château de Chambord qu'il a entreprises.
En 1642, la conspiration de Cinq-Mars, qui vise à faire de Gaston le lieutenant général du royaume, échoue. Gaston ayant poussé en avant Cinq-Mars, il l'abandonne et le laisse exécuter.
Sous Louis XIV
Louis XIII mourant le nomme gouverneur et lieutenant général du Languedoc. À la mort de Louis XIII, Gaston est nommé lieutenant général du royaume et chef des conseils, sous l'autorité théorique de la reine, pendant la minorité de Louis XIV. Pourtant Anne d'Autriche s'impose au Parlement de Paris et prend les rênes du pouvoir en tant que régente avec le soutien de Mazarin.
Chef de l'armée en 1644-1645, Gaston mène contre les Espagnols une campagne victorieuse. Il conquiert une partie du comté de Flandre, dont Gravelines le et Béthune, puis, en 1645, Bourbourg, Armentières, Courtrai et Mardyck.
Gaston participe encore à la Fronde à partir de 1648. Fort de son titre de lieutenant général du royaume et de sa popularité au Parlement, il s'efforce de promouvoir une politique d'apaisement entre les parties. De juillet à novembre 1650, pendant la visite officielle en province de la régente et du roi, il fait figure de chef de l'État à Paris. Mais il ne peut éviter le déferlement de violence de juillet 1652.
Exil à Blois (1652), mort et funérailles (1660)
Mazarin l'assigne à résidence dans son château de Blois en 1652. Il entasse dans la galerie Henri IV, située entre le jardin haut et le jardin bas, ses nombreuses collections.
Il y meurt en 1660 et est inhumé à la basilique Saint-Denis, ultime privilège attaché au sang royal.
Louis XIV confère alors le titre de duc d'Orléans à son propre frère Philippe.
Divers
De sa naissance à sa mort, Gaston a pour médecin le protestant Abel Brunier.
Gaston est ami avec Jacques d'Étampes, marquis de La Ferté-Imbault, qu'il nomme capitaine-lieutenant de sa compagnie de 200 gendarmes et qui est élevé à la dignité de maréchal de France en 1651 sur sa recommandation. La marquise de La Ferté-Imbault sera première dame d'honneur de la duchesse d'Orléans.
Mariage avec Marie de Bourbon Montpensier (1626)

Le , à Nantesdans la Chapelle Notre Dame de l'immaculée Conception, Gaston épouse la riche Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier (1605-1627), fille d'Henri de Bourbon, duc de Montpensier, et d'Henriette Catherine de Joyeuse.
Cette union n'a eu lieu dans la Chapelle que pour sa clôture et officialisation. Le cardinal de Richelieu fit les fiançailles, vers 17h, dans la chambre occupée par le roi au Château des Ducs de Bretagne. Le mariage fut contracté et bénit à 23h à l’hôtel de la Mironnerie, qu’habitait la reine-mère du roi, Marie de Médicis. C'est donc le lendemain matin, 6 août, que la messe fut célébrée par le cardinal dans la Chapelle, parce que c’était là qu’habituellement le roi venait entendre la messe, en allant du Château des Ducs à la Mironnerie, pour y saluer sa mère.
Il reçoit alors en apanage les duchés d'Orléans et de Chartres, ainsi que le comté de Blois.
Ce mariage, imposé par Richelieu, est consécutif à une conspiration manquée, la conspiration de Chalais.
L'année suivante nait :
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Anne-Marie-Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier, connue comme la « Grande Mademoiselle ».
La mère décède six jours après à l'âge de vingt-et-un ans (4 juin 1627).
En 1629, Gaston projeta en vain d'épouser Marie Louise de Mantoue, fille du duc Charles de Gonzague.
Mariages avec Marguerite de Lorraine (1632-1643)
La même année, un exil politique volontaire en Lorraine (alors dans le Saint-Empire) lui fait rencontrer la jeune Marguerite de Lorraine (1615-1672), fille de François II de Lorraine, duc de Lorraine, duc de Bar, comte de Vaudémont, et de Chrétienne de Salm. Elle est la sœur du duc Charles IV de Lorraine et de Bar, alors en guerre contre la France, dont il fréquente la cour.
Conquis par l'innocence de la princesse, alors coadjutrice de l'abbesse du chapitre noble de Remiremont, il la surnomme « l'Ange » et en tombe amoureux.
Avec l'accord de sa mère vivant en exil, sans celui du roi son frère, le chef de famille, il l'épouse secrètement dans un couvent de Nancy le . Le Parlement de Paris déclare ce mariage nul.
Ayant rejoint sa mère, il fait célébrer son mariage une deuxième fois par l'archevêque de Malines aux Pays-Bas espagnols. Cette fois, l'assemblée du clergé de France, poussée par Richelieu, annule ce mariage. Pardonné par le roi, le prince rentre en France où son épouse y est interdite de séjour.
Richelieu affirme qu'une princesse de Lorraine, quoique issue d'une maison souveraine, n'est pas de rang suffisamment élevé pour épouser un fils de France. Dans la mesure où le roi et la reine vivent séparément, où le roi est de santé fragile, il est possible que Gaston succède à son frère. En l'empêchant de vivre avec sa femme, il l'empêche d'avoir des héritiers. Or le cardinal a marié une de ses nièces au duc d'Enghien, héritier du trône après Gaston. Si Gaston meurt sans héritier, la nièce du cardinal deviendra reine de France. Le roi et la reine ont deux fils en 1638 et 1640.
Le cardinal mort (1642), le couple royal se reconstruit et le roi permet à sa belle-sœur de venir à la cour. Le couple se marie une troisième fois en , définitivement.

Ils eurent cinq enfants :
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Marguerite-Louise d'Orléans (1645-1721), épouse de Cosme III, grand-duc de Toscane (1642-1723) ;
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Élisabeth Marguerite d'Orléans, duchesse d'Alençon (1646-1696), épouse de Louis Joseph de Lorraine, duc de Guise ;
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Françoise-Madeleine d'Orléans, épouse du duc Charles-Emmanuel II de Savoie ;
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Jean Gaston d'Orléans, duc de Valois (1650-1652) ;
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Marie Anne d'Orléans, Mlle de Chartres (1652-1656).