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22 janvier 2023 7 22 /01 /janvier /2023 13:20
GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.

Louis XVIII — né le à Versailles sous le nom de Louis Stanislas Xavier de France et par ailleurs comte de Provence (1755-1795) — est roi de France et de Navarre du au puis du à sa mort, le , à Paris.

Issu de la Maison de Bourbon, quatrième fils du dauphin Louis et frère cadet de Louis XVI, il est appelé « Monsieur » quand ce dernier devient roi. Exilé sous la Révolution française et le Premier Empire, il adopte de jure en tant que prétendant au trône le nom de Louis XVIII, l'ordre dynastique incluant son neveu Louis XVII mort en prison en 1795 (à l'âge de 10 ans) sans avoir jamais régné. Surnommé « le Désiré » par les royalistes, il revient en France lors de la Restauration qui suit la chute de l'empereur Napoléon Ier. Il est renversé durant les Cent-Jours, puis revient à nouveau au pouvoir après la bataille de Waterloo.

Durant son règne, considérant l'évolution de la France entre 1789 et 1814, Louis XVIII s'attelle à composer avec les acquis de la Révolution et de l'Empire. Ayant quitté la France, le même jour que son frère (qui est reconnu et arrêté à Varennes), à 35 ans, il en a 58 quand son règne commence effectivement, après avoir passé 23 ans en exil. Il « octroie » au peuple une constitution utilisant un terme d'Ancien Régime, la Charte constitutionnelle de 1814, tout en menant une politique de réconciliation et d'oubli concernant les violences révolutionnaires en tentant de calmer la Terreur blanche. Il compose dans un premier temps avec une chambre parlementaire « plus royaliste que le roi », la Chambre introuvable. Mais en 1820, après l'assassinat de son neveu le duc de Berry, troisième dans l'ordre de succession au trône, la Restauration prend un tournant plus dur, voire réactionnaire, que le roi laisse mener par le président du conseil Villèle. Son règne est aussi marqué par l'expédition d'Espagne (1823).

Il meurt sans descendance et est inhumé à la basilique Saint-Denis. Il est le dernier monarque français à recevoir ce privilège, et également le dernier mort sur le trône, les deux suivants ayant été renversés. Son frère puîné, le comte d’Artois, lui succède sous le nom de Charles X. La Restauration prend fin avec la révolution de 1830, qui met sur le trône Louis-Philippe, roi des Français.

Né le à Versailles et ondoyé le même jour par le cardinal de Soubise, Louis Stanislas Xavier est le quatrième fils, du dauphin Louis et de sa seconde épouse Marie-Josèphe de Saxe, et est ainsi le petit-fils de Louis XV. Il est le frère cadet de Louis Auguste, futur Louis XVI, et le frère aîné de Charles-Philippe, futur Charles X. Petit-fils de France, Louis Stanislas Xavier est titré comte de Provence et se voit attribuer pour armes de France à la bordure dentelée de gueules.

Le , le même jour que son frère Louis Auguste, Louis Stanislas Xavier est baptisé par l'archevêque Charles Antoine de La Roche-Aymon dans la chapelle royale du château de Versailles, en présence de Jean-François Allart (1712-1775), curé de l'église Notre-Dame de Versailles. Son parrain est Stanislas Ier de Pologne, représenté par Louis-François de Bourbon-Conti, et sa marraine est Victoire Louise Marie Thérèse de France.

 Le comte de Provence et son frère le duc de Berry, futur Louis XVI, par François-Hubert Drouais.

Le comte de Provence et son frère le duc de Berry, futur Louis XVI, par François-Hubert Drouais.

Louis Stanislas Xavier est le quatrième fils et le huitième enfant sur treize du couple formé par le dauphin Louis et Marie-Josèphe de Saxe. Tout comme son frère aîné, le futur Louis XVI, il passe son enfance au château de Versailles, où il reçoit une éducation solide. Cultivé, il est fin latiniste. Il a de l'esprit, mais n'est pas très aimé de son grand-père, le roi Louis XV, qui le chérit encore moins que ses frères.

Louis, comte de Provence, épouse Marie-Joséphine de Savoie, (1753–1810), fille du roi Victor-Amédée III de Sardaigne et de Marie-Antoinette d'Espagne, le dans la chapelle royale du château de Versailles. Les témoins sont son grand-père Louis XV, ses frères Louis Auguste et Charles Philippe, sa belle-sœur Marie-Antoinette, sa sœur Clotilde et ses tantes Adélaïde, Victoire et Sophie.

Marie-Joséphine de Savoie est la sœur de Marie-Thérèse, épouse du roi Charles X de France.

Louis XVIII eut plusieurs favorites mais également des favoris :

GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.

Anne de Caumont La Force, comtesse de Balbi (1753-1842), maîtresse du comte de Provence, le futur Louis XVIII. Caricature anonyme de 1791. Estampe. Origine Gallica, "Droits : domaine public".

Anne Jacobé Nompar de Caumont La Force, comtesse de Balbi, née au château de La Force le et morte à Paris le , fut la maîtresse présumée de Monsieur, comte de Provence et futur Louis XVIII.

Anne de Caumont La Force est la fille du marquis de Caumont la Force, qui fut garde du corps du roi Louis XV et premier gentilhomme de la chambre du comte de Provence (futur Louis XVIII), et de la marquise, née Adélaïde-Luce-Madeleine de Galard de Brassac, qui fut dame de compagnie de la comtesse de Provence, avant d'être gouvernante des enfants du comte d’Artois (futur Charles X). Ils eurent quatre filles, dont :

  • Louise Joséphine (née en 1769), qui épousa (1784) Édouard de Mesnard.

  • Antoinette Françoise (1771–1857), qui épousa (1784) Hippolyte-César de Chabrillan.

  • Anne, qui épousa le comte de Balbi qui possédait non loin de Brunoy le domaine du Vaudoy à Brie-Comte-Robert.

  • La comtesse de Balbi avait un esprit pétillant et un physique agréable. Dans une réunion, elle excellait à retenir l’attention de tous et la gaieté par son goût du persiflage et ses réparties joyeuses mais parfois impitoyables ce qui lui valut d’abord quelques inimitiés puis au cours des ans, dans la société, un jugement de plus en plus sévère sinon quelques haines solides. C’était une intrigante, à l’aise à la cour de Louis XVI. Elle décida de se rapprocher du comte de Provence, et pour cela, elle s’arrangea pour être admise comme dame d’atours de Marie-Joséphine de Savoie, l’épouse de Monsieur.

    Ce dernier, lassé par sa femme qui avait manifesté quelques faiblesses pour une de ses suivantes, Madame de Gourbillon, décide, pour répondre à cet affront, de prendre une favorite, avec qui il n'aura que des jeux chastes, et choisit la plus étincelante, Madame de Balbi. Il installe donc cette sémillante personne dans un appartement du Petit Luxembourg. Il est aux petits soins pour elle. Il obtient du roi son frère pour son amie, un appartement au premier étage du château de Versailles. Elle dispose aussi d’un pavillon rue de Satory à Versailles, où les deux amis se retrouvent et passent des soirées ensemble.

    Madame de Balbi n’est pas d’une fidélité à toute épreuve, et son mari l’apprend. Il regimbe un peu trop au gré de tous et il est mis hors d’état de nuire à la protégée du comte de Provence. Par un jugement du parlement de Paris, il est taxé de « folie douce » et il est interné à Senlis jusqu’à son décès en 1835, à l’âge de 85 ans.

    Le comte de Provence fait dessiner à Versailles un jardin par son architecte Chalgrin, en 1785. C’est ce qu’on appelle « le parc Balbi ». Il s’agit d’un jardin tel qu’on le concevait au XVIIIe siècle, du genre des parcs anglo-chinois à la mode, avec une structure complètement retracée, comprenant lacs, grottes, fausses ruines, rivière artificielle, comme on en trouve un modèle à Méréville. Il en fera cadeau à Madame de Balbi. Ce parc malgré beaucoup de vicissitudes durant la Révolution et après, a été déclaré monument historique en 1926.

    Mais arrive la Révolution de 1789, et par suite, l’émigration. C'est la comtesse de Balbi qui aurait organisé la fuite du comte de Provence. Quoi qu’il en soit, Monsieur devait la retrouver à Mons en Belgique, d’où ils partirent pour Coblence. De là, Marie-Josèphe de Savoie, son épouse, repartit pour Turin, accompagnée de sa dame d’atours. Mais les subsides devenaient plus rares et les vicissitudes de l’émigration firent que Monsieur dut se séparer de la comtesse Anne. Son parcours de prince l’obligea à affronter les régions inhospitalières de Mitau.

  • Anne de Balbi a mis au monde deux jumelles, alors qu'elle était séparée depuis longtemps du comte de Provence. Celui-ci lui signifia alors son congé définitif.

    Les affaires tournent mal pour la maison royale, et Madame de Balbi passe en Angleterre. Elle y reste jusqu’en 1802 date où elle est rayée de la liste des émigrés. Elle rentre en France et essaye de rassembler ce qui reste des anciens domaines de son mari. Elle eut un retour humble, ce qui n’allait pas avec son tempérament. Mais elle n’était plus soutenue par les grands de la cour. Comme tous les gens à l’esprit trop caustique, elle était haïe par ceux qu’elle avait épinglés par des réparties assassines.

    Ce qu’elle avait conservé malgré les voyages et la situation inconfortable d’émigrée, c’est l’amour du jeu où elle engloutit des fortunes. Elle se retira à Brie-Comte-Robert et à Tournan, puis, elle rejoignit son frère à Montauban.

    Elle mourut en 1842

GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.
GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.

Louis, comte de Provence et son épouse Marie-Joséphine de Savoie, tous deux à droite.

Après avoir agité la cour de Louis XVI en facilitant la chute des ministres réformateurs Turgot, Necker, Calonne, puis bloqué les réformes proposées par Calonne, en les déclarant inconstitutionnelles en tant que président de l'un des bureaux de l'Assemblée des notables de 1787, il réclame pour le tiers état le doublement du nombre de députés aux états généraux.

Durant l'assemblée des notables organisée à Versailles à la fin de l'année 1788, le comte de Provence vota pour le doublement de la représentation du Tiers-État aux états généraux (généralement perçu, a posteriori comme une des principales causes de la Révolution française), action qu'il reconnaîtra ensuite comme « une des plus grandes fautes » de sa vie.

À la suite du départ de la cour de Versailles pour Paris après les journées des 5 et 6 octobre 1789, le comte de Provence est installé au Petit Luxembourg. Comme son frère aîné, il ne se sent plus assez libre et prépare un plan d'évasion (il en prépare deux, car son épouse sortira de Paris par un autre moyen).

Dans ses mémoires, il explique préalablement avoir corrigé la déclaration de Louis XVI qui explique son départ de Paris, mais à aucun moment, il ne dit avoir eu connaissance, avant le , veille du départ, du plan précis de Louis XVI qui consistait à partir vers l'est afin de rejoindre la place forte de Montmédy et de reprendre militairement la main sur la Révolution.

Le jeune comte de Provence.

Le jeune comte de Provence.

Le , date du départ du roi Louis XVI et sa famille des Tuileries, le comte de Provence quitte également sa résidence surveillée. Déguisé et muni d'un passeport anglais, il rejoint ainsi sans la moindre difficulté les Pays-Bas autrichiens, via Avesnes et Maubeuge. Il se réfugie à Bruxelles puis Coblence, capitale de l’électorat de Trèves, dont un de ses oncles maternels est l’archevêque et le souverain. Il rencontre l’empereur Léopold II et lui inspire la déclaration de Pillnitz d’, qui galvanisa les Girondins. Il refuse de reconnaître l’autorité du roi et se voit déchu de ses droits de prince du sang par l'Assemblée législative en . Il tente de rentrer en France à la tête d’une armée de 14 000 hommes mais doit rebrousser chemin après la bataille de Valmy et se réfugie à Hamm, en Westphalie.

En , ayant appris l’exécution de son frère aîné, il se proclame « régent » pour le dauphin, lequel demeure prisonnier des révolutionnaires à Paris, et le proclame roi de France sous le nom de jure de Louis XVII. À la mort de l’enfant, le , il devient le dépositaire légitime de la couronne de France et prend le nom de Louis XVIII.

Entre 1794 et 1796 il loge à Vérone, mais il doit quitter la ville quand le Directoire demande officiellement à la République de Venise de l'expulser. Le général Bonaparte avec son armée d’Italie entrera dans la ville en , un mois après le départ du comte de Provence.

Après un séjour à Riegel, dans le Pays de Bade, puis au château de Blankenbourg, dans le Brunswick, il est hébergé à partir de 1797 par le tsar Paul 1er de Russie, avec sa famille et sa cour, dans le gouvernement de Courlande, dans l'ancien palais des ducs de Courlande, à Mittau, aujourd'hui Jelgava, en Lettonie, jusqu'en 1801.

En janvier 1801, il doit quitter Mittau et trouve refuge à Varsovie, dans l'ancien palais de son arrière-grand-père, Stanislas Leczinski, jusqu'en 1804.

Après le coup d'État du 18 Brumaire et la mise en place du Consulat, Louis XVIII entre en négociations avec Napoléon Bonaparte en vue du rétablissement de la monarchie. Toutefois, après l'explosion de la machine infernale rue Saint-Nicaise le et la découverte de la culpabilité des royalistes, le Premier consul rompt définitivement toute négociation et adresse une réponse sans ambages au prétendant : « Vous ne devez pas souhaiter votre retour en France ; il vous faudrait marcher sur cent mille cadavres... »

GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.

En mars 1804, l'enlèvement, puis l'exécution sommaire du duc d'Enghien creusent un profond fossé entre la nouvelle dynastie des Bonaparte et la Maison de Bourbon. En juillet 1804, Louis XVIII subit à Varsovie une tentative d'empoisonnement à l'arsenic visant aussi son entourage familial.

Pendant l'année 1804, à la suite de plaintes de Napoléon, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume se résout à se séparer d’hôtes devenus compromettants ; Louis XVIII et les autres émigrés composant sa cour, reçoivent l’ordre de quitter le territoire prussien et s'établissent à Kalmar, en Suède.

Louis XVIII y invite les princes du sang, dans le but de rappeler aux souverains européens ses prétentions sur le trône de France. Seul le comte d’Artois, son frère qu’il n’avait pas vu depuis près de douze ans, une certaine froideur ayant toujours existé entre eux, s'y rend, en .

L’entrevue de Kalmar ne les rapproche pas ; ils se quittent après dix-sept jours de conférences, assez mécontents l’un de l’autre.

Le futur Charles X reprend le chemin de Londres et Louis revient à Riga, attendre la réponse du cabinet de Saint-Pétersbourg, à propos d’un nouvel asile sur le sol russe. Le nouvel empereur, Alexandre Ier de Russie, qui succédait à son père le tsar Paul Ier, donne une suite favorable à sa demande et Louis s'installe à nouveau à Mittau, alors en Courlande, dans l'actuelle Lettonie, où une cour d'une centaine de fidèles l'a suivi.

Une fois réinstallé, Louis XVIII rédige son dernier manifeste public pendant son séjour à l’étranger. La proclamation qu’il avait envoyée à Pichegru, quelques semaines avant le 18 fructidor, ne contenait que des promesses de réforme à l’ancienne monarchie (Lois fondamentales du royaume de France). Il se décide, cette fois, à accepter nettement la Révolution et ses suites. Non seulement il admet l’amnistie entière pour tous les votes antérieurs à 1804, ainsi que l’engagement de conserver à chaque Français ses grades, ses emplois et ses pensions, il garantit en outre la liberté et l’égalité pour les personnes, le maintien de toutes les propriétés et la protection de tous les intérêts sans exception.

« Au sein de la mer Baltique, en face et sous la protection du ciel, fort de la présence de notre frère, de celle du duc d’Angoulême, notre neveu, de l’assentiment des autres princes de notre sang, qui tous partagent nos principes et sont pénétrés des mêmes sentiments qui nous animent, nous le jurons ! Jamais on ne nous verra rompre le nœud sacré qui unit nos destinées aux vôtres, qui nous lie à vos familles, à vos cœurs, à vos consciences ; jamais nous ne transigerons sur l’héritage de nos pères, jamais nous n’abandonnerons nos droits. Français ! Nous prenons à témoin de ce serment le Dieu de saint Louis, celui qui juge toutes les justices !
Donné à Mittau, le 2 décembre de l’an de grâce 1804, et de notre règne le dixième — Louis. »

Cette déclaration, imprimée à Hambourg, au nombre de dix mille exemplaires, est répandue sur tout le continent et envoyée en France à toutes les autorités constituées, ainsi qu’aux plus notables habitants de chaque département.

Le second séjour à Mittau du prétendant ne dure que trois ans. Les défaites d’Austerlitz, d’Eylau et de Friedland aboutissent au traité de Tilsit, signé le , par lequel la France et la Russie deviennent alliées. Alexandre laisse entendre à Louis XVIII que sa présence à Mittau en Courlande pourrait gêner son nouvel allié. Comprenant qu’il devait chercher un nouvel asile et n'ayant plus à choisir qu’entre le Nouveau Monde et l’Angleterre, Louis XVIII se décide pour l’hospitalité britannique. Vers le milieu d’, depuis Göteborg en Suède, il avertit le comte d’Artois de sa prochaine arrivée, ce qui n’était pas pour lui plaire. Les confidents du comte d'Artois réussissent à persuader un des membres du cabinet britannique, Lord Canning, qu’il était nécessaire, dans l’intérêt même du gouvernement britannique d’éloigner Louis XVIII de Londres et de le confiner en Écosse. Le Royaume-Uni est alors la seule puissance encore en lutte avec la France impériale et qui refuse à Louis XVIII le titre de roi, en lui signifiant qu’à aucune époque, le rétablissement de sa famille n’avait semblé moins plausible. Après de longues tractations, Louis XVIII accepte de débarquer en Angleterre, comme simple particulier sous le nom de comte de L’Isle-Jourdain (que ses contemporains transformeront en « comte de Lille ») et en promettant de ne pas faire d’action politique sur le sol britannique.

 Le comte de Provence.

Le comte de Provence.

Louis XVIII fixe sa résidence à Gosfield Hall, dans l'Essex, fin 1807. Il quitte ce château en 1809. Il vient alors habiter Hartwell House, propriété du baronnet Sir Henry Lee dans le comté de Buckingham, près de Londres. Son épouse, Marie-Joséphine de Savoie, y meurt le .

Ses revenus, à l'époque, s’élèvent à 60 000 francs environ que lui payaient le gouvernement britannique et la cour du Brésil, mais il devait mener un train de vie réduit puisque cette somme était répartie entre ses protégés, ses agents dans les différentes cours d’Europe (pour être au courant des politiques menées) et que la guerre entraînait une inflation de prix qui n’étaient déjà pas, au départ, bas.

Au fur et à mesure des guerres napoléoniennes, et spécialement à partir de 1810, les coalisés semblent reprendre l’avantage, éveillant en Louis XVIII l’espérance du retour.

Après la défaite de Napoléon en 1814, les coalisés réunis au congrès de Vienne hésitent encore sur le successeur à choisir à Napoléon. Désireux d’installer sur le trône de France un allié, mais aussi un chef légitime, ils hésitent entre Louis XVIII, dont l’impopularité pose problème, le « roi de Rome », fils de Napoléon, mais aussi le maréchal Bernadotte ou encore Eugène de Beauharnais, et à défaut une république. Talleyrand emporte finalement l’opinion des Alliés en faveur de Louis XVIII.

Au lendemain de la signature de la convention d'armistice par le Comte d'Artois, frère du Roi, le samedi 23 avril 1814, il débarque à Calais le .

« Octroyant » une Charte constitutionnelle restaurant la monarchie à ses sujets, il devient roi de France sous le nom de Louis XVIII le Désiré. Les termes « octroyer » et « roi de France » sont importants en droit, puisqu’ils signifient que la souveraineté appartient au roi, et non au peuple ou à la nation : c’est lui qui octroie la Charte aux Français et non les Français qui décident d’une constitution ; contrairement à un roi des Français qui serait roi parce que les Français l’ont mis sur le trône, un roi de France est souverain de droit divin. Il nie donc la théorie révolutionnaire de la souveraineté nationale, voire de la souveraineté populaire, comme en témoigne sa devise « union et oubli » (union des Français, oubli de la Révolution française et de Napoléon).

Le 2 mai, Louis XVIII dans sa "déclaration de Saint-Ouen", écarte toute idée de retour à l'Ancien Régime, sans pour autant accepter le projet de constitution d'inspiration monarchique du 6 avril 1814 rédigé par le gouvernement provisoire et le Sénat qui lui est soumis.

Venant du château de Saint-Ouen, il fait son entrée dans Paris par la barrière Saint-Denis, le mardi 3 mai 1814.

Signataire du Traité de Paris, le 30 mai, il accepte quelques jours plus tard la Charte du 4 juin 1814 que lui soumet la commission de rédaction présidée par le Chancelier de France (Ministre de la Justice, Charles-Henri Dambray.

Mais la Restauration ne dure pas. Confronté au non-paiement de sa pension, attribuée par le traité de Fontainebleau, et devant le mécontentement croissant des Français, Napoléon quitte son exil de l'île d'Elbe et débarque à Golfe-Juan le .

Le , Napoléon étant aux portes de Paris, Louis XVIII et sa cour quittent Paris et se dirigent vers Beauvais puis s'installent à Gand, en Belgique, ce qui lui vaut le surnom de « Notre père de Gand » par les chansonniers.

L'absence de Louis XVIII ne dure que trois mois et demi. Ce sont les Cent-Jours, qui amènent la septième coalition.

La défaite de Waterloo, contre cette coalition, le , amène à son tour, en juillet 1815, la réinstallation de Louis XVIII sur le trône de France, aux termes d'un second Traité de Paris, qui sera signé le 20 novembre 1815.

Ce second Traité de Paris impose à la France de sévères conditions : paiement d'une lourde indemnité et occupation par les troupes étrangères, que Louis XVIII va s'attacher à adoucir.

GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.

Charles François Marie Le Prévost de Basserode baisant la main de Louis XVIII avant son exil à Gand en 1815.

Son règne est consacré à la lourde tâche de concilier les héritages révolutionnaires et napoléoniens avec ceux de l’Ancien Régime. Il défend ces derniers, sans pour autant accéder aux demandes des plus ultras de ses propres partisans.

D'autres n'oublient pas que c'est un ancien émigré, chassé par la Révolution, qui a exterminé une partie de sa famille, et ramené sur le trône de France avec l'aide d'étrangers.

En même temps, il s'entoure aussi d'anciennes gloires du premier Empire, ralliées à la Restauration. Il nomme même un ancien régicide, Fouché comme ministre du gouvernement provisoire qui suit son retour.

Il met un point d’honneur à toujours constituer un ministère issu de la majorité parlementaire, ce à quoi rien ne le contraint, préfigurant ainsi le parlementarisme qui se mettra en place en France par la suite.

En septembre 1815, il fait appel, pour diriger le gouvernement, au duc de Richelieu, de tendance libérale, qui a longuement séjourné en Russie durant l'émigration et y a noué des liens d'amitié avec la famille impériale russe, en étant, en particulier l'artisan du développement de la ville d'Odessa.

Lors du Congrès d'Aix la Chapelle, à la fin de 1818, Richelieu obtient, avec le soutien du tsar Alexandre 1er, une forte décote de l'indemnité mise à la charge de la France par le traité de Paris du 20 novembre 1815, et le départ des troupes étrangères d'occupation.

Sur un plan diplomatique, le Congrès d'Aix la Chapelle marque le retour de la France dans le "Concert des nations", que la Révolution et le régime impérial lui avaient fait quitter.

Les opposants de Louis XVIII restent trop faibles et divisés pour menacer en quoi que ce soit la position royale. Le Roi dissout ainsi une première Chambre ultra en 1816, la célèbre Chambre introuvable.

Ayant accepté les résultats de la Révolution, Louis XVIII apparaît comme un roi modéré, menant une vie de cour sans fastes excessifs, trop fade même aux yeux de certains, particulièrement en comparaison du régime précédent.

Comme son prédécesseur, il s'abstient de résider au château de Versailles, où il est né et qui reste vide sous son règne. Il réside principalement au Palais des Tuileries et au château de Saint-Cloud, deux monuments aujourd'hui disparus.

Malgré une apparente faiblesse, Louis XVIII réussit non seulement à maintenir un équilibre entre ultras et libéraux, mais aussi à ramener la paix et la prospérité dans une nation épuisée par les dernières guerres napoléoniennes.

Louis XVIII démontre une certaine force de caractère et il est d'ailleurs capable, à l'occasion, de traits d'humour féroces.

Très jaloux de son pouvoir, le Roi veut tout contrôler. N'appréciant pas les longs rapports, il crée un système d'« anarchie paternelle », cédant souvent aux influences de sa cour, aux nombreuses sollicitations des anciens émigrés spoliés par la Révolution.

Au pouvoir, il met en place des lieux de mémoire liés à l'historiographie des temps précédents : il fait restaurer la Nécropole royale de la Basilique de Saint Denis, construire la Chapelle expiatoire.

En vertu du Traité de Paris du 20 novembre 1815, une ordonnance du 8 janvier 1817, suivie par une loi du 15 avril 1818, abolit l'esclavage et la traite négrière.

Les élections partielles du constituent une nouvelle avancée pour les libéraux mais l'élection de l'abbé Grégoire comme député de l'Isère provoque un retournement d’alliance au gouvernement.

En sens inverse, une autre vague de contestation naît avec le violent assassinat, en 1820, de son neveu le duc de Berry, alors second à la succession au trône derrière Charles X et seul membre de la famille à pouvoir assurer sa descendance.

Cet assassinat entraîne, par réaction, la fin du ministère Élie Decazes avec son remplacement en 1820 par le second ministère Richelieu, puis en 1821 par le ministère Villèle et le retour des ultras, annonçant « par conséquent la fin de la Restauration libérale »

 Louis XVIII en costume de sacre, huile sur toile de François Gérard, 1815.

Louis XVIII en costume de sacre, huile sur toile de François Gérard, 1815.

En 1820, le roi d'Espagne Ferdinand VII doit faire face à un soulèvement populaire conduit par les libéraux. Ce mouvement révolutionnaire lui reproche l'absolutisme de son pouvoir et les nombreuses répressions à l'encontre des libéraux. Ferdinand VII doit alors se soumettre, et remettre en vigueur la Constitution de 1812 et ainsi confier le pouvoir à des ministres libéraux.

Des élections ont lieu en 1822 aux Cortes, qui donnent la victoire à Rafael del Riego, dans une Europe secouée par les mouvements démocrates qui perturbent l'ordre intérieur des États. Ferdinand VII s'est retiré à Aranjuez, où il se considère comme prisonnier des Cortes.

En France, les ultras pressent le roi Louis XVIII d'intervenir. Pour tempérer leur ardeur contre-révolutionnaire, le duc de Richelieu fait déployer le long des Pyrénées des troupes chargées de protéger la France contre la prolifération du libéralisme venant d'Espagne et la contagion de la « fièvre jaune ». En , ce « cordon sanitaire » devient un corps d'observation, puis se transforme très vite en une expédition militaire.

Les libéraux négocient leur reddition en échange du serment du roi de respecter les droits des Espagnols. Ferdinand VII accepte. Mais le , se sentant appuyé par les troupes françaises, Ferdinand VII abroge de nouveau la Constitution de Cadix, manquant ainsi à son serment. Il déclare « nuls et sans valeur » les actes et mesures du gouvernement libéral. C'est le début de la « décennie abominable » pour l'Espagne.

Chateaubriand, ministre des Affaires étrangères du gouvernement Villèle, déclare dans ses Mémoires d'outre-tombe : « Enjamber d'un pas les Espagnes, réussir là où Bonaparte avait échoué, triompher sur ce même sol où les armes de l'homme fantastique avaient eu des revers, faire en six mois ce qu'il n'avait pu faire en sept ans, c'était un véritable prodige ! ».

GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.

Louis XVIII essayant les bottes de Napoléon et préparant la campagne d'Espagne, caricature anglaise de George Cruikshank publiée le 17 février 1823.

GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.

Louis XVIII souffre de diabète et d’une goutte qui empire avec les années et lui rend tout déplacement extrêmement difficile à la fin de son règne. Dans ses dernières années, le roi podagre doit marcher à l'aide de béquilles et est souvent déplacé en fauteuil roulant dans ses appartements, lui-même se baptisant « le roi fauteuil » alors que les plus virulents des bonapartistes, puis le petit peuple, l'affublent du quolibet de « gros cochon » ou « Cochon XVIII »29lisée, en outre la gangrène ronge son corps devenu impotent et appesanti par l'hydropisie. À la fin du mois d', la gangrène sèche qui a attaqué un pied et le bas de la colonne vertébrale, a provoqué une large plaie suppurante en bas du dos et l'a rendu méconnaissable. Fièrement, il refuse de s'aliter, reprenant les propos de Vespasien : « Un empereur doit mourir debout ». Mais, le , sa terrible souffrance l'oblige à se coucher. Il se décompose vivant et dégage une odeur si nauséabonde que sa famille ne peut rester à son chevet. Un de ses yeux a fondu ; le valet de chambre, en voulant déplacer le corps, arrache des lambeaux du pied droit ; les os d'une jambe sont cariés, l'autre jambe n'est qu'une plaie, le visage est noir et jaune.

Le 13 septembre, Louis XVIII reçoit les derniers sacrements du grand aumônier de France, Monseigneur de Croÿ, archevêque de Rouen.

À 68 ans, le roi Louis XVIII s'éteint le à quatre heures du matin, dans sa chambre du palais des Tuileries. Sans descendance c'est alors son dernier frère, le comte d'Artois, qui lui succède sur le trône à l'âge de 67 ans, devenant le roi Charles X.

Dernier roi de France à être autopsié et embaumé, le pharmacien Labarraque a dû asperger le corps d'une solution de chlorure de chaux afin d'arrêter la marche de la putréfaction.

Le 25 octobre 1824, le roi Louis XVIII, dernier monarque de France mort au pouvoir, est inhumé dans la basilique de Saint-Denis

GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.
GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.

Joseph Boze en collaboration avec Robert Lefèvre, Portrait de Marie-Joséphine-Louise de Savoie, comtesse de Provence (1786)

Marie-Joséphine Louise Bénédicte de Savoie, princesse de Savoie puis, par son mariage, comtesse de Provence et épouse du prétendant au trône de France, est née à Turin le et morte à Hartwell HouseHartwell, dans le Buckinghamshire au Royaume-Uni) le . Épouse de Louis-Stanislas-Xavier de France, comte de Provence et futur Louis XVIII, elle échappe à la Révolution française et termine sa vie en exil.

Fille de Victor-Amédée III de Savoie (1726-1796), roi de Sardaigne, et de Marie Antoinette, infante d'Espagne (1729-1785).

Après la chute du ministère austrophile de Choiseul dont l'action s'était concrétisée en 1770 par le mariage du dauphin de France avec l'archiduchesse Marie-Antoinette, la politique française tend à se rapprocher du royaume de Sardaigne. Pour ce faire, Louis XV marie ses petits-enfants aux enfants du roi Victor-Amédée III de Sardaigne, son cousin germain.

Ainsi Marie-Joséphine devint comtesse de Provence par son mariage le avec Louis-Stanislas-Xavier de France, comte de Provence (1755-1824), (futur roi Louis XVIII) tandis que sa sœur Marie-Thérèse de Savoie épousa en 1773 Charles-Philippe de France, comte d'Artois (futur Charles X).

En 1775, c'est Clotilde de France qui épouse Charles-Emmanuel de Savoie, le frère aîné de Marie-Joséphine et de Marie-Thérèse.

.Ces mariages furent peu ou pas prolifiques et en Sardaigne comme en France, trois frères se succèdent sur le trône avant que leur lignée s'éteigne en ligne masculine et que la couronne passe à une branche cadette.

 

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Marie-Joséphine de Savoie Comtesse de Provence par Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty.

La jeune Marie-Joséphine qui avait 17 ans quand elle arriva en France fut fort mal traitée par la brillante mais superficielle cour de Versailles qui la jugea laide et dépourvue du « bel esprit ».

Son union avec le futur Louis XVIII fut sans postérité, mais bien consommée malgré les rumeurs, puisque la comtesse de Provence fit deux fausses couches avérées. Louis-Stanislas la délaissa rapidement, préférant la compagnie de « gens d'esprit » à celle de son épouse.

Nonobstant cette réputation peu flatteuse dans le milieu superficiel de la cour, la jeune comtesse de Provence parvint par sa souplesse à louvoyer entre les différentes factions qui déchiraient Versailles. Elle entretint avec sa belle-sœur, la pétillante dauphine Marie-Antoinette, des relations courtoises mais hypocrites.

En 1774, à l'avènement de son beau-frère Louis XVI, elle devint la seconde dame de France après la reine et reçut suivant l'usage l'appellation « Madame ».

Sans enfant, sans influence politique, elle intrigua contre la souveraine, mais sans grand succès, tandis que son époux orchestra une véritable campagne de libelles contre la reine.

En 1780, elle fit l'acquisition dans le quartier de Montreuil à Versailles d'un pavillon appartenant au prince de Montbarrey et y constitua, par une série d'acquisitions, un domaine d'une douzaine d'hectares : le Pavillon Madame, où elle fixa sa résidence principale, loin du tumulte de la Cour.

Elle se vit de plus en plus isolée et finit par concevoir une brûlante passion pour sa lectrice, Marguerite de Gourbillon, qui fut le véritable amour de sa vie.

 
Madame la Comtesse de Provence vers 1778.

En 1791, elles émigrèrent et c'est ensemble qu'elles parcoururent l'Europe après avoir fui la Révolution française, en Allemagne puis en Europe de l'Est.

 
 

 

 

 

 

 Madame la Comtesse de Provence en Diane par Drouais.

Madame la Comtesse de Provence en Diane par Drouais.

Marie-Joséphine-Louise de Savoie ne figure pas parmi les reines de France, car elle mourut en 1810, auprès des siens en Angleterre, soit quatre ans avant l'accession au trône de son mari. Néanmoins, elle est présentée par certains auteurs comme la « dernière reine de France ».

Louis XVIII, dans ses mémoires, édités à Bruxelles en 1833 par Louis Hauman et Compagnie, libraires, raconte :

« Cette année 1810 devait (...) m'être défavorable. Elle (...) se termina par (...) la mort de la reine ma femme, expirée à Goldfield-Hall le 13 novembre 1810. Cette excellente princesse, à laquelle nos infortunes m'avaient doublement attaché, les avait supportées avec une magnanimité peu ordinaire : tranquille, lorsque les amis vulgaires s'abandonnaient à leur désespoir, jamais elle ne fit un de ces actes de faiblesse qui abaissent la dignité d'un prince. Jamais non plus elle ne me donna aucune peine d'intérieur, et elle se montra reine dans l'exil comme elle l'aurait été sur le trône. Sa gaieté douce me convenait ; son courage que rien ne pouvait abattre, retrempait le mien ; en un mot, je puis dire de la reine ma femme ce que mon aïeul Louis XIV dit de la sienne quand il la perdit : « Sa mort est le premier chagrin qu'elle m'ait donné ». (...)
La reine, âgée de cinquante-sept ans, eut non seulement tous mes regrets, mais encore ceux de mes proches et de nos serviteurs. La famille royale me prodigua dans cette circonstance une foule d'attentions délicates et soutenues. Elle voulut que les restes de Sa Majesté fussent ensevelies à Londres avec tous les honneurs rendus aux reines de France dans la plénitude de leur puissance. C'est à Westminster que reposent ces chères dépouilles ; puisse la terre leur être légère ! Je suis convaincu que l'âme qui y logeait habite aujourd'hui les régions célestes où elle prie avec les bienheureux de notre famille, pour son époux et pour la France. »

On voit bien là que Louis XVIII, emploie bien le mot de « reine », pour désigner son épouse, qui se fit également portraiturer à la fin de sa vie par Marie-Éléonore Godefroid (1778-1849), peintre de portraits et l'une des meilleures copistes des portraits du baron François Gérard (1770-1837), dont elle fut la meilleure et dévouée élève.

Ce portrait de Marie-Joséphine de Savoie, assise sur un siège garni de tissu à motif fleurdelisé en robe blanche, laissant entrevoir ses formes généreuses, coiffée d'un diadème aux Armes de France, portrait d'apparat donc, mais réalisé juste avant l'avènement au trône de son mari. Longtemps non localisé, il est passé en vente le chez Osenat à Fontainebleau.

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Portrait du roi Charles X, représenté en tenue de sacre par François Gérard (1825).

 

Charles-Philippe de France, comte d'Artois, né le au château de Versailles (France) et mort le à Görtz (Autriche), est roi de France et de Navarre de à , sous le nom de Charles X.

Issu de la maison capétienne de Bourbon, il est le septième enfant et cinquième fils du dauphin Louis et de la dauphine née Marie-Josèphe de Saxe, il est le dernier petit-fils de Louis XV et de Marie Leszczynska. Il succède à ses deux frères Louis XVI et Louis XVIII comme roi de France, le dernier de l’histoire du pays jusqu’à nos jours.

Attaché aux conceptions et valeurs de l'Ancien Régime, chef de file des ultraroyalistes sous Louis XVIII, il tente d'incarner la continuité de l'État et de la monarchie après la période révolutionnaire, sans pour autant céder à la réaction. À son avènement, sa priorité est de conserver la charte constitutionnelle octroyée par son frère dix ans plus tôt. Il renoue avec la tradition du sacre en 1825.

Très pieux et adhérant aux concepts sociaux du christianisme, il est confronté à plusieurs blocages parlementaires après la démission du président du Conseil Villèle, en 1827. Souffrant de sa réputation d’« ultra » et tentant de se passer de l'accord parlementaire avec des ordonnances, il est populaire parmi les paysans et opposants à la Première République — des insurrections royalistes éclatent durant son règne — tout en étant moqué et critiqué, en particulier à Paris.

Son règne est pour la France une période de stabilité politique et de prospérité économique, qui, en matière de politique extérieure, voit le retour de la France dans le concert des grandes puissances.

Il est notamment marqué par la loi d'indemnisation des émigrés, ainsi que par les expéditions françaises en Grèce (1828) et en Algérie (1830).

À l’issue d’une nouvelle révolution parisienne, qualifiée de « Trois Glorieuses », il abdique en faveur de son petit-fils Henri d'Artois, mais Louis-Philippe d’Orléans n'accède pas à ses demandes et accepte le titre de « roi des Français », proposé par les députés et les pairs. Charles X et sa famille partent dans la foulée en exil, où l’ancien monarque meurt des suites du choléra.

Charles X est le dernier Bourbon — de la branche aînée — à avoir régné, ainsi que le 68e et dernier roi de France, Louis-Philippe étant devenu « roi des Français ».

 

Petit-fils de Louis XV, roi de France et de Navarre, Charles-Philippe est le cinquième fils du dauphin Louis et de son épouse, la dauphine Marie-Josèphe de Saxe. Charles est ondoyé le , jour de sa naissance, par l'abbé de Bouillé, doyen des comtes de Lyon.

À sa naissance, il est au cinquième rang dans la succession au trône de France après son père, le dauphin et ses frères, le duc de Bourgogne, le duc de Berry (futur Louis XVI) et le comte de Provence (futur Louis XVIII). Deux filles le suivront : Marie-Adélaïde-Clotilde, future reine de Sardaigne, et Élisabeth, victime de la terreur révolutionnaire. Son frère Xavier-Marie, duc d'Aquitaine, est mort au berceau en 1754.

Le petit prince est d'abord titré comte d'Artois, en mémoire de Robert de France, comte d'Artois, frère de Saint Louis, mais le choix de ce titre serait également lié aux conséquences de la tentative d'assassinat menée par Damiens contre Louis XV. Damiens était né près d’Arras, dans l’Artois. Il fut donc décidé de lui donner le titre de comte d’Artois pour faire savoir aux habitants qu’on ne leur tiendrait pas rigueur de l’incident. Le comte d'Artois se vit attribuer pour armes de France à la bordure crénelée de gueules.

Le petit prince grandit dans une cour en deuil. En effet, l'année 1759 inaugure une décennie de décès pour la maison royale de France. La duchesse de Parme, fille aînée du roi, meurt à Versailles. En , le duc de Bourgogne, âgé de 9 ans, meurt après une chute. En 1763 vient le tour de leur grand-père le roi de Pologne, également électeur de Saxe, suivi de peu par l'archiduchesse Marie-Isabelle après avoir donné le jour à une fille qui ne survit pas. En 1765, le duc de Parme et le dauphin rendent leur âme à Dieu suivis en 1766 par leur arrière-grand-père le roi Stanislas, en 1767 par la dauphine et en 1768 par la reine.

L'enfant est baptisé le , le lendemain du baptême du futur Louis XVI et du futur Louis XVIII, avec les prénoms Charles Philippe par l'archevêque Charles Antoine de La Roche-Aymon dans la chapelle royale du château de Versailles, en présence de Jean-François Allart, curé de l'église Notre-Dame de Versailles. Sa marraine est sa tante Madame Sophie, et son parrain le roi Charles III d'Espagne (ce qui explique le choix de ses prénoms), représenté par Louis Auguste de France, duc de Berry.

L’éducation de Charles-Philippe est assurée par cinq précepteurs, mais reste quelque peu délaissée du fait de ses maigres chances de régner. On ne lui enseigne pas moins l’histoire, la géographie, l’anglais et l’allemand, langue maternelle de sa mère. Il est confié à la comtesse de Marsan puis au duc de La Vauguyon à l’âge de trois ans. Le duc étant chargé de l'éducation des quatre fils du Dauphin, il les appelle « mes quatre F » : le duc de Bourgogne est « le fin », le duc de Berry « le faible », le comte de Provence « le faux », et le comte d'Artois « le franc ».

Charles-Philippe, comte d'Artois, et sa sœur Clotilde de France, 1763, par Drouais.

Charles-Philippe, comte d'Artois, et sa sœur Clotilde de France, 1763, par Drouais.

Bien que devant se marier dans un premier temps avec Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé, il doit consolider l'alliance savoyarde et épouse le Marie-Thérèse de Savoie.

Avec cette dernière, il a quatre enfants :

Sa préférence va à son plus jeune fils, Charles-Ferdinand, qui lui ressemble beaucoup, au physique comme au moral. L'aîné, Louis-Antoine, au contraire, est timide et souffre de myopie et de tics. Le comte d'Artois aime néanmoins beaucoup ses enfants et se montre très attristé du décès de sa fille aînée.

Son épouse, de nature très timide, resta très effacée et ne devint jamais reine ; en effet, Artois et elle se réfugièrent à Turin lors de l'émigration ; ils furent par la suite souvent séparés. La princesse, dont la santé était très fragile, était tombée malade en quittant Turin. Alors que sa correspondance avec son époux s'était intensifiée depuis la mort de la comtesse de Polastron, elle meurt à son tour à Graz le à 49 ans.

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En 1785 (ou 1786), il s'attache durablement à la vicomtesse de Polastron, liaison qui ne lui donnera aucune descendance.

Le mari de la vicomtesse, Denis Gabriel Adhémar de Polastron, est le demi-frère de la future duchesse de Polignac, gouvernante des enfants de France, amie et confidente de la reine Marie-Antoinette. Également proche de la souveraine, le comte d'Artois se rend comme elle impopulaire par ses dépenses inconsidérées, et le public leur attribue une liaison, à tort sans doute.

Denis de Polastron, le mari de Louise, embrasse la carrière militaire, et combat lors de la guerre d'indépendance américaine, durant laquelle il est nommé colonel dans le régiment de La Fayette ; il meurt à l'âge de 63 ans en 1821.

Le couple émigre dès 1789 et Louise d'Esparbès de Lussan meurt précocement de la tuberculose en 1804 à l'âge de 39 ans.

Quand elle meurt, le prince se tourne intensément vers la religion, un trait de caractère qui ne le quittera plus jusqu'à sa propre mort. Elle lui fait promettre en outre de lui rester fidèle ; à la mort de son fils le duc de Berry en 1820, on lui proposa de se remarier afin d'avoir d'autres héritiers à la Couronne éventuels ; le comte d'Artois déclina cette offre avec comme raison que sa maîtresse lui avait demandé de ne plus être qu'à Dieu.

 La comtesse de Polastron.

La comtesse de Polastron.

De nombreux décès assombrissent rapidement le bonheur des occupants du château de Versailles : en 1761 meurt le duc de Bourgogne, son frère aîné, puis en 1763, le roi de Pologne son grand-père, également électeur de Saxe, décède, tandis que le traité de Paris consomme le recul de la France sur le plan international. En 1765, c'est la mort de son oncle le duc de Parme, et de son père le Dauphin, en 1766, celle du roi déchu de Pologne, son arrière-grand-père, duc en viager de Lorraine. En 1767, c'est le tour de la dauphine et en 1768 celui de sa grand-mère, la reine Marie Leszczynska. Enfin le , meurt le roi Louis XV, après un règne de presque 59 ans. Son frère le plus âgé vivant, Louis-Auguste, devient roi sous le nom de Louis XVI.

En 1772, âgé de 15 ans, il est colonel général des Cent-Suisses et Grisons. Il assiste au sacre de son frère Louis XVI en 1775, où il « tient lieu de duc de Normandie », pair du Royaume et est apanagé par lui du comté de Poitou et des duchés d'Angoulême et de Mercœur. Il est déjà à cette époque considéré comme le trublion de la famille royale et son attitude lors du sacre est très vivement critiquée ; il perd même sa couronne après la cérémonie et avant le banquet. Du reste, cette réputation sulfureuse fit de lui un coureur de jupons pour les courtisans : il eut ainsi des liaisons avec Rosalie Duthé, avec Marie-Madeleine Guimard ainsi que Louise Contat de la Comédie-Française. On lui attribue aussi plusieurs enfants issus de courtisanes : un avec Madame de Sainte-Amaranthe, un second avec Mme Contat et un dernier, Jules de Polignac, avec la comtesse Yolande de Polastron, favorite de Marie-Antoinette. Si ce sont toutes des rumeurs, celle concernant une filiation adultérine avec Jules de Polignac, qui lui ressemblait beaucoup physiquement et qui fut son dernier président du Conseil, persista longtemps, même sous les Trois Glorieuses.

Son enfance puis son adolescence sont une succession d’aventures éphémères, de parties de chasse, de dettes contractées aux jeux d’argent, de courses de chevaux organisées avec son cousin le duc de Chartres, de pièces de théâtre partagées avec Marie-Antoinette dont il est très proche, surtout à la fin dans les années 1770 et 1780. On notera un duel qui l'opposa au duc de Bourbon, lavant l'affront que le comte d'Artois avait fait à sa femme en lui écrasant son masque sur la figure. Cette dernière avait arraché le masque du prince, vexée qu'il se présentât à l'opéra de Paris en compagnie d'une femme que la duchesse de Bourbon haïssait, Madame de Canillac. Le duel s'était terminé en une sympathique embrassade. Bon vivant et léger, il entraîne dans un tourbillon de fêtes mondaines sa belle-sœur, la reine Marie-Antoinette. Il est considéré comme un prince frivole, futile, surnommé « Galaor » par la cour, en référence au personnage d'Amadis de Gaule, archétype du chevalier à la prestance remarquable. En 1777, il acquiert, près de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, le château de Maisons où il s'en va chasser en galante compagnie, dont la jeune vicomtesse de Beauharnais.

En 1777, à la suite d'un pari avec sa jeune belle-sœur Marie-Antoinette, il fait construire en deux mois la célèbre folie de Bagatelle dans le bois de Boulogne, qu'il décore et meuble avec faste avec la somme de 100 000 livres qu'elle lui paye. Il effectue en outre une visite royale en Normandie et en Bretagne où il est particulièrement bien reçu.

Au mois d’avril 1779, le roi Louis XVI signe le traité d'Aranjuez, engageant la France au côté de l’Espagne de Charles III dans son combat contre la Grande-Bretagne pour Gibraltar. Le comte d’Artois, en sa qualité de frère du roi, est envoyé à Saint-Roch mais n’y reste que peu de temps, se sentant inutile. En fait, son voyage est surtout marqué par les fêtes organisées en son honneur sur la route.

Marie-Thérèse d'Artois, avec les ducs d'Angoulême et de Berry, ainsi que leur sœur Sophie.

Marie-Thérèse d'Artois, avec les ducs d'Angoulême et de Berry, ainsi que leur sœur Sophie.

Il commence à s'intéresser à la politique à l'âge de 29 ans avec la première grande crise de la monarchie, en 1786, après laquelle il prend la tête de la faction réactionnaire à la cour de Louis XVI. Le comte d'Artois devient le chef de file des réformateurs de ce que Jean-Christian Petitfils appelle la « révolution royale », c'est-à-dire le projet radical de Calonne. Le comte d'Artois coûte un certain prix à l'État : ses menus plaisirs (2 400 000 francs), ses achats de domaines et de propriétés (7 231 372 livres), ses écuries (1 million de livres), ses vêtements et ses dettes représentent un important coût dans le trésor de l’État.

Calonne se heurte aux notables réunis en assemblée : Charles accepte la suppression des privilèges financiers de la noblesse, mais non la réduction des privilèges sociaux dont jouissent l'Église et la noblesse. Il pense qu'on peut réformer les finances de la France sans renverser la monarchie. Selon ses propres mots, « le temps est venu de réparer mais non de démolir ». Il suscite la colère du tiers état en s'opposant à toute initiative d'accroître son droit de vote en 1789.

En liaison avec le baron de Breteuil, il noue des alliances politiques pour chasser Necker. Ce plan échoue quand Charles essaie de le faire renvoyer le 11 juillet, sans que Breteuil soit au courant, beaucoup plus tôt que prévu à l'origine. C'est le début d'une brouille qui se change en haine réciproque. Artois rencontre Talleyrand à la demande de ce dernier, qui propose de dissoudre l’assemblée et de convoquer de nouvelles élections avec un autre mode de scrutin. Si l’évêque d’Autun n’est pas suivi sur cette mesure, il semble avoir fait effet puisque Louis XVI rassemble des troupes dans et autour de Paris.

Le comte d'Artois est l'un des premiers à émigrer, le . Il parcourt les diverses cours de l'Europe pour chercher des défenseurs à la cause royale. Il se trouve à Turin — chez son beau-père et son beau-frère — de septembre 1789 à juillet 1791, où il porte alors le titre de « marquis de Maisons » (et où il crée le Comité de Turin qui a pour vocation essentielle d’organiser la contre-révolution depuis l’étranger), ainsi qu'à Bruxelles, Coblence, résidence de son oncle maternel l'archevêque-électeur de Trêves et Liège.

Il se rend enfin en Grande-Bretagne et assiste aux conférences de Pillnitz, en 1791.

Pour l’invasion de la France, afin d'opérer une contre-révolution, l’armée est découpée en trois groupes. Celle de Provence et d’Artois prend le nom d’« armée des Princes ». La progression à l’intérieur du pays — qui s’accompagne de ravages et de massacres — est stoppée à Valmy et doit ensuite reculer inexorablement. À cela s’ajoute une autre difficulté : l’empereur François cesse de financer l’armée. Cette dernière n'est sauvée que par les donations de Metternich, de Catherine II de Russie et Frédéric-Guillaume II de Prusse. Ce dernier accepte d’héberger le comte d’Artois à Hamm en Westphalie, où le jeune prince français apprend la décapitation de son frère Louis XVI.

En mars et avril 1793, il reste six semaines à Saint-Pétersbourg, en Russie, où il est reçu avec tous les honneurs par Catherine II. L’impératrice propose une alliance avec la Grande-Bretagne à la condition qu’elle forme un corps de 12 000 hommes pour se jeter sur la Vendée et reprendre le pays en main.

Mais Charles-Philippe n’est pas reçu par le roi George III et n’a pu mettre les pieds à terre faute de ses dettes contractées à Coblence.[source insuffisante] Il est donc contraint de rentrer à Hamm. Il quitte Hamm en comme « comte de Ponthieu ».

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À la mort de son neveu Louis XVII le , il est appelé Monsieur. Il veut opérer, avec le secours des Britanniques, un débarquement à l'île d'Yeu sur les côtes de Vendée (1795) afin d'aider les insurgés vendéens, mais il n'y peut réussir. La Grande-Bretagne se dit prête à envoyer 20 000 hommes en Vendée, demandant en contrepartie les cinq comptoirs des Indes et Saint-Domingue. Artois met les voiles sur les côtes françaises avec une flotte de 60 navires. L’expédition espère mettre le pied à Noirmoutier, mais la folle canonnade de la petite garnison républicaine du général Cambray les pousse à descendre plus bas, pour débarquer à l’île d’Yeu. Et là, l’armada reste bloquée. Elle perd ses communications avec Charette — l’ambassadeur, le marquis de Rivière avait été, disait-on de façon erronée, fusillé —, elle doit aussi affronter les marées et les tempêtes, et dans le même temps les troupes meurent de faim. Le gouvernement britannique finit par demander le retour de la flotte, au grand dam de Provence qui nourrissait l’espoir de pouvoir régner sur son nouveau royaume depuis la mort de Louis XVI.

Il se rend en Grande-Bretagne où il passe le reste de la Révolution et du Premier Empire. Il réside à Londres à partir de 1799, d'abord au 46 Baker Street, puis de 1805 à 1814 au 72 South Audley Street. Il œuvre au retour du Comte de Provence (futur Louis XVIII). Il fut accusé par Napoléon dans son testament d'avoir entretenu les hommes qui cherchèrent à l'assassiner, tentative qui fut l'origine de la mise à mort du duc d'Enghien.

En 1814, il est nommé lieutenant-général du Royaume. Il pénètre en Franche-Comté, à la suite des alliés, et fait son entrée à Nancy le , puis à Paris le . Au premier moment, il sait se concilier les esprits par l'aménité de ses manières ; mais il se perd bientôt dans l'opinion en signant, avec un empressement excessif la convention d'armistice du 1814 que condamne Louis XVIII même, un traité qui enlève à la France toutes les places conquises depuis 1792. Il devient colonel général des Gardes nationales ().

Louis XVIII rentre à Paris, de peur que Monsieur ne s’habitue trop à sa nouvelle charge. Dans cette Restauration de la monarchie, Artois donne clairement le ton : reconnu par les « ultras », c’est-à-dire les royalistes les plus ardents, il approuve le rétablissement des anciennes mœurs et du précédent système (notamment les gardes suisses), et s’oppose à la politique de pardon et d’oubli prônée par Louis XVIII, ce qui devient source de conflit entre les deux frères. Dans ses Mémoires, la duchesse de Maillé considère que l’emprise d’Artois sur son frère qui se sent le devoir de le ménager a causé beaucoup de mal, thèse qui sera reprise ensuite par Talleyrand. Pour cultiver le sentiment monarchiste, Monsieur, frère du Roi, et ses fils se livrent à une tournée dans la France des provinces, parcourant les grandes villes où ils peuvent mesurer la diversité des courants d'opinion et la division profonde entre pro- et antiroyalistes.

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Lorsque Napoléon Bonaparte débarque dans le Sud de la France, prêt à remonter jusqu’à Paris pour recouvrer son pouvoir, le roi envoie des membres de sa famille pour mener les troupes et bloquer l’avancée. À la demande du baron de Vitrolles, le comte d’Artois se rend à Lyon, seconde ville du Royaume, pour y préparer la résistance, mais il n’y trouve aucune munition alors que l’ex-Empereur a pu se procurer des armes à Grenoble. À l’approche de l’Aigle, Artois envoie des troupes à sa rencontre mais elles sympathisent avec l’ennemi, contraignant Artois à fuir comme le duc d’Orléans peu de temps auparavant. Cette trahison de l’armée est considérée par les ultras comme un coup du ministre de la Guerre, le maréchal Soult, ancien officier de Napoléon. Ce dernier préfère donner sa démission. Avant l’entrée de Napoléon à Paris, les Bourbons n’ont plus d’autres choix que de fuir les Tuileries.

Après le second retour de Louis XVIII (1815), il affecte de se tenir éloigné des affaires et d'employer tout son temps soit à la chasse — qui est pour lui une passion —, soit à la religion. Il oublie la guerre. Mais, au-delà des apparences, sa résidence du pavillon de Marsan devient le centre de l’opposition ultraroyaliste à la politique conciliante de son frère.

.L'assassinat de son fils préféré, le duc de Berry (), le marque profondément et contribue à la chute du ministère Decazes.

 Le comte d'Artois, en uniforme de colonel général des Carabiniers (1815).

Le comte d'Artois, en uniforme de colonel général des Carabiniers (1815).

La santé du frère de Charles, le roi Louis XVIII, s'était détériorée depuis le début de l'année 1824. Souffrant de gangrène dans les jambes et la colonne vertébrale, il meurt le de la même année, à l'âge de presque 69 ans, après avoir régné pendant neuf ans.

Charles, alors dans sa 67e année, lui succède sur le trône et devint le roi Charles X. Dans son premier acte en tant que roi, Charles tente d'unifier la Maison de Bourbon en accordant le titre d'Altesse Royale à ses cousins de la Maison d'Orléans, qui en avaient été privés jadis par Louis XVIII à cause de l'acte de l'ancien duc d'Orléans, "Philippe Égalité", son vote en faveur de la mort de Louis XVI.

Ainsi que l'avait fait Napoléon lui-même, le roi Charles X souhaite marquer son avènement par une cérémonie religieuse. Louis XVIII avait annoncé publiquement son intention de se faire sacrer mais on peut présumer qu'il y renonça pour des raisons physiques, sa mauvaise santé ne lui permettant pas d'en supporter les rites

Le sacre est prévu par la Charte de 1814, dans son article 74 : "Le Roi et ses successeurs jureront, dans la solennité de leur sacre, d'observer fidèlement la présente charte constitutionnelle.

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Entrée de Charles X à Paris, par la barrière de la Villette, après son sacre. 6 juin 1825 (détail), par Louis-François Lejeune (1775-1848)

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Le sacre se tient le et, à la demande des autorités rémoises, en la cathédrale de Reims, selon la tradition. Le roi fait son entrée dans Reims à bord du Carrosse du sacre fabriqué pour la circonstance et aujourd'hui conservé à la Galerie des Carrosses du Château de Versailles. La cathédrale reçoit pour la circonstance un décor spécifique : son portail un décor de couleur bleue et de style troubadour, le chœur un dais fleurdelisé.

A l'instar du régime de la Restauration lui-même, le sacre est conçu comme un compromis entre la tradition monarchique et la charte de 1814 : il reprend les phases principales du cérémonial traditionnel comme les sept onctions ou les serments sur les Évangiles, tout en y associant le serment de fidélité prêté par le Roi à la Charte de 1814 ou encore la participation des grands princes au cérémonial comme assistants de l'archevêque de Reims.

Une commission fut chargée de simplifier et moderniser la cérémonie et de la rendre compatible avec les principes de la monarchie selon la Charte (suppression des promesses de lutte contre hérétiques et infidèles, des douze pairs, des références à la royauté hébraïque, etc.) et celle-ci dura trois heures et demie.

De fait, le choix du sacre fut applaudi par les royalistes partisans d'une monarchie constitutionnelle et parlementaire et pas seulement par les nostalgiques de l'Ancien Régime. Le fait que la cérémonie fût modernisée et adaptée aux temps nouveaux incite Chateaubriand, royaliste non absolutiste et partisan enthousiaste de la Charte de 1814, à inviter le roi à se faire sacrer. Dans la brochure Le roi est mort ! Vive le roi !, Chateaubriand explique que le sacre sera le « maillon de la chaîne ayant uni le serment de la monarchie nouvelle au serment de l'ancienne monarchie » ; c'est la continuité avec l'Ancien Régime plus que son retour que les royalistes exaltent, Charles X ayant hérité des qualités de ses ancêtres : « pieux comme Saint Louis, affable, compatissant et justicier comme Louis XII, courtois comme François Ier, franc comme Henri IV ».

Le sacre montre que la continuité dynastique va de pair avec la continuité politique ; pour Chateaubriand : « La constitution actuelle n'est que le texte rajeuni du code de nos vieilles franchises ».

Ce sacre prend plusieurs jours : le , cérémonie des vêpres ; le , cérémonie du sacre lui-même, présidée par l'archevêque de Reims, Jean-Baptiste de Latil, en présence notamment de Chateaubriand, Lamartine, Victor Hugo, et d'un important public ; le , remise de récompense pour les chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit et pour finir, le , le toucher des écrouelles.

Le sacre de Charles X apparaît donc comme un compromis entre la tradition d'Ancien Régime et les changements politiques intervenus depuis la Révolution. Le sacre a eu néanmoins une influence limitée sur la population, les mentalités n'étant plus celles d'autrefois. Dès lors, le sacre provoqua une incompréhension dans certains secteurs de l'opinion.

Ce fut Luigi Cherubini qui composa la musique de la messe. Pour l'occasion, le compositeur Gioachino Rossini composa l'opéra-bouffe Le voyage à Reims.

GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.

La cérémonie de l'intronisation lors du sacre de Charles X par François Gérard : le roi donne l'accolade au dauphin.

GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.

Comme Napoléon puis Louis XVIII avant lui, Charles X réside principalement au Palais des Tuileries et, à la belle saison, au château de Saint-Cloud, deux monuments aujourd'hui disparus. Il lui arrive de séjourner occasionnellement au château de Compiègne et au château de Fontainebleau. Sous son règne, le château de Versailles, où il est né, reste inhabité.

Le règne de Charles X débute par quelques mesures libérales comme l'abolition de la censure de la presse, mais le roi reconduit Joseph de Villèle, président du conseil depuis 1822, et laisse marquer son règne par une domination des ultraroyalistes.

Il se rapproche de la population par le voyage qu'il effectue dans le nord de la France en septembre 1827, puis par celui qu'il effectue dans l'Est de la France en septembre 1828. Dans ces deux voyages, il est accompagné par son héritier dynastique, son fils aîné, le duc d'Angoulême.

Il s'aliène une partie de l'opinion par la loi sur le sacrilège, l'octroi d'indemnités aux émigrés spoliés par la vente des biens nationaux (loi dite du « milliard des émigrés »), le licenciement de la garde nationale, perçue comme hostile au régime de la Restauration, le rétablissement de la censure (1825-1827) et le projet de rétablissement du droit d'aînesse, resté sans suite.

Cette législation accentue dans l'opinion l'impression d'une volonté de retour à l'Ancien Régime :

Son catholicisme dévot indispose une partie du peuple de Paris, volontiers anticlérical sinon anticatholique. Comme à l'enterrement de Louis XVIII, il est habillé de violet, couleur de deuil des rois de France, le bruit court qu'il est évêque ; des caricatures le montrent en train de célébrer la messe devant les membres de sa famille. L'anticléricalisme se nourrit particulièrement de la haine des jésuites ; dans la seule année 1826, on compte 71 brochures hostiles à leur influence supposée, cela alors qu'ils étaient moins de 500 en France et que leurs collèges recevaient seulement 2 200 élèves, six fois moins que les collèges royaux, très loin des 100 000 élèves que recevaient les 89 collèges jésuites au XVIIIe siècle ; le « mythe jésuite » donna lieu au développement d'un conspirationnisme virulent dont le roi, accusé d'être à leur service, fut une victime, l'un des cris séditieux les plus significatifs sous la Restauration étant « à bas les jésuites ! »

Pour calmer les mécontents, il forme en janvier 1828 un ministère modéré, présidé par le vicomte de Martignac. Ce ministère réparateur a déjà réussi à ramener les esprits, lorsque la progression des libéraux aux élections législatives conduit à le congédier et le remplacer, le , par le ministère de Jules de Polignac, qui fait renaître les défiances.

En effet, peu de mois après, et malgré le respectueux avertissement donné par l'adresse des 221 députés, Charles X tente de rétablir son autorité face au développement de l'opposition libérale. Il promulgue pour cela les « ordonnances de Saint-Cloud » qui dissolvent les chambres, convoquent les collèges électoraux en changeant de mode d'élection, et suspendent la liberté de la presse (). D'où résulte les jours suivants ( au ) le soulèvement qui met un terme à son règne, connu sous le nom de « Trois Glorieuses » (révolution de 1830)

 Charles X, Roi de France - Thomas Lawrence 1825

Charles X, Roi de France - Thomas Lawrence 1825

 Charles X en costume de sacre ; portrait de Paulin Guérin (1827).

Charles X en costume de sacre ; portrait de Paulin Guérin (1827).

Charles X fut un roi mécène ; une aide importante, aux alentours de 30 % du budget, fut absorbée par l'achèvement des constructions publiques engagées sous le Premier Empire. La part consacrée aux commandes de tableaux et d’œuvres d'art, aux pensions et subventions aux artistes, savants, écrivains est de l'ordre de 1 à 1,5 million. La maison du Roi encourage les arts, de même que le Ministère de l'Intérieur ; cette politique de mécénat n'implique pas le contrôle des œuvres littéraires. Il n'y a pas de système de commande publique, à la différence des beaux-arts, aux seules exceptions du baptême du duc de Bordeaux, pour lequel fut commandé à Victor Hugo une ode, puis du sacre de Charles X où furent conviés Hugo, Nodier et Lamartine. Le sacre de Charles X permet d'employer plusieurs graveurs et sculpteurs, qui reçurent des commandes d’État. L'art religieux fut soutenu, par exemple, par Chabrol, préfet de la Seine, qui encouragea le renouveau de l'art du vitrail et des fresques pour les églises. Le roi s'investit personnellement pour enrichir le Jardin des plantes de nombreuses espèces nouvelles, fait pensionner de nombreux artistes. Les artistes œuvrèrent aux Tuileries ou dans les autres palais royaux et vécurent un long moment en harmonie avec la Restauration, comme Hugo qui s'inscrivit à la Société royale des Bonnes-Lettres ; les travaux des sociétés savantes et d'archéologie prennent leur essor et s'intéressent à un patrimoine jusque-là délaissé.

La Restauration est une période riche de musique et d'opéra ; elle connaît une vie intellectuelle, littéraire et artistique animée de nombreux débats, beaucoup plus libres que sous les régimes précédents.

Paris restant la capitale du luxe, la Restauration voit l'épanouissement d'un style de mobilier qui lui est propre, mêlant harmonieusement lignes droites et lignes courbes, avec l'emploi fréquent de bois de placage, tels l'acajou ou le citronnier.

Deux événements importants marquent la politique étrangère de Charles X :

  • l'intervention en faveur de l'indépendance Grecque, qui amène la victoire de Navarin (1827) puis l'expédition de Morée (1828), et joue un rôle dans l'affranchissement de la Grèce (1830) à l'égard de l'Empire ottoman ;

  • l'expédition d'Alger contre le dey d'Alger, qui fit affront, par un coup d'éventail, en avril 1827, au consul de France, Pierre Deval. Cette expédition, après le blocus du port d'Alger (juin 1827), permet la prise d'Alger () par le maréchal de Bourmont.

  • La politique étrangère de Charles X visait à la restauration du prestige international et de la puissance de la France. Mais avant le règne de Charles X, la France révolutionnaire de 1794 est attaquée par les puissances européennes coalisées, et éprouve des difficultés à nourrir sa population et ses soldats, elle est vaincue et appauvrie sous Napoléon et panse ses plaies sous Louis XVIII. Le dey d’Alger Hussein avait offert à la Convention toutes facilités pour faire ses achats de blé et consenti aussi par la suite sous le Directoire un prêt d’argent sans intérêts.

    Cette dette, non honorée au fil des régimes successifs, sera à l'origine d'un refroidissement des relations entre le Dey Hussein et le consul de France Pierre Deval (affaire du « coup d'éventail ») ; refroidissement qui, loin de ralentir la volonté de redorer la politique étrangère du roi, servira de prétexte pour intervenir militairement. Il s’agit pour Charles X de redorer son blason en s’illustrant par une conquête aux forts accents patriotiques. À la suite de l'expédition d'Alger puis de la prise d’Alger, en 1830, Louis-Philippe poursuivra cette conquête qui aboutit à l’annexion de l’Algérie au Royaume de France en 1834.

    Sous le ministère Polignac, d'autres projets allant en ce sens furent élaborés ; ainsi, quand en 1829, l'armée russe marcha sur Andrinople, il fut envisagé d'étendre la France dans le cadre d'une réorganisation européenne consécutive à l'effondrement de l'Empire ottoman. La direction des affaires politiques du ministère des Affaires étrangères dirigée par Charles-Edmond, baron de Boislecomte, rédigea un mémoire approuvé par le Conseil des ministres le  : la France aurait aidé la Russie à s'emparer de territoires ottomans en Asie et Europe, et en échange, aurait récupéré les territoires perdus en Allemagne en 1814 comme Sarrelouis, Sarrebruck et Landau, ainsi que la Belgique et le Luxembourg. La maison d'Orange aurait régné en Constantinople, la Prusse aurait annexé la Hollande et la Saxe, le roi de Saxe aurait régné sur la rive gauche du Rhin. Le recul russe rendit impossible toute mise en œuvre de ce projet.

    La politique étrangère du Roi suscite notamment l'admiration de Metternich et son incompréhension face aux événements de 1830 : « C'est au milieu d'une prospérité inouïe, d'une conquête qui a excité l'envie du Royaume-Uni et l'admiration reconnaissante des nations européennes, que le peuple s'est laissé pousser à la rébellion contre son roi. Je comprends les calculs égoïstes des séducteurs, mais non l'insigne niaiserie des innombrables dupes. »

    En 1826, le vice-roi en Egypte ottomane Méhémet Ali, offre à Charles X ainsi qu'à l'empereur d'Autriche François 1er et au roi britannique Georges IV, une girafe. Celle offerte à la France est nommée Zarafa et vivra jusqu'en 1845.

    En échange de la reconnaissance de l'indépendance de Haïti, Charles X exige de celle-ci le paiement d'une indemnité de 90 millions de francs or destinés à « dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité ». Haïti se ruine à payer cette indemnité, compromettant sensiblement son développement.

La révolution de juillet 1830...

GENEALOGIE  LE GAC - PECHEU :  DE ALAIN IX DE ROHAN ET MARGUERITE DE BRETAGNE A  LOUIS XVIII  ET  CHARLES X.

Prise de l'Hôtel de ville de Paris: le Pont d'Arcole, huile sur toile par Amédée Bourgeois, 1831.

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Les ordonnances de Saint-Cloud, signées le sont remises, le soir même, par le garde des sceaux, Chantelauze, au rédacteur en chef du Moniteur afin qu’elles soient publiées au matin du lundi . La première ordonnance suspend la liberté de la presse et rétablit la censure et l'autorisation préalable de publication. La deuxième dissout la Chambre qui vient d'être élue. La troisième réduit le corps électoral, déjà très limité, en excluant les commerçants du corps électoral et en limitant celui-ci à une poignée de gros propriétaires fonciers. La quatrième convoque les électeurs pour le mois de septembre. La cinquième enfin nomme des fidèles aux plus hautes fonctions. Les ordonnances sont jugées inconstitutionnelles par leurs opposants, Adolphe Thiers en tête dans le journal Le National, et excitent immédiatement leur réprobation.

En l'absence du ministre de la guerre, Bourmont, alors à Alger, en l'absence aussi de tout préparatif pour contrer une éventuelle insurrection, Paris se soulève les , et  : ce sont les Trois Glorieuses de 1830, ou « révolution de Juillet », qui renversent finalement Charles X.

Le , Louis-Philippe, duc d'Orléans, est nommé lieutenant général du Royaume par les députés insurgés, poste qu'il accepte le . Il s'enveloppe alors d'un drapeau tricolore avec La Fayette et paraît ainsi devant la foule, au balcon de l'hôtel de ville de Paris, le 31 juillet dans l'après-midi.

Le , Charles X, replié de Saint-Cloud à Rambouillet, abdique et convainc son fils aîné, le dauphin Louis-Antoine, de contresigner l'abdication.

Il confie à son cousin le duc d'Orléans la tâche d'annoncer que son abdication se fait au profit de son petit-fils Henri, duc de Bordeaux, âgé de neuf ans, faisant du duc d'Orléans le régent.

Leur résolution est annoncée dans une lettre du roi déchu au duc d'Orléans :

« Rambouillet, ce .

Mon cousin, je suis trop profondément peiné des maux qui affligent ou qui pourraient menacer mes peuples pour n’avoir pas cherché un moyen de les prévenir. J’ai donc pris la résolution d’abdiquer la couronne en faveur de mon petit-fils le Duc de Bordeaux. Le Dauphin, qui partage mes sentimens, renonce aussi à ses droits en faveur de son neveu.

Vous aurez donc, en votre qualité de lieutenant général du Royaume, à faire proclamer l’avénement de Henri V à la couronne. Vous prendrez d’ailleurs toutes les mesures qui vous concernent pour régler les formes du gouvernement pendant la minorité du nouveau Roi. Ici je me borne à faire connaître ces dispositions ; c’est un moyen d’éviter encore bien des maux.

Vous communiquerez mes intentions au corps diplomatique, et vous me ferez connaître le plus tôt possible la proclamation par laquelle mon petit-fils sera reconnu Roi sous le nom d'Henri V.

Je charge le lieutenant général vicomte de Foissac-Latour de vous remettre cette lettre. Il a ordre de s’entendre avec vous pour les arrangemens à prendre en faveur des personnes qui m’ont accompagné, ainsi que pour les arrangemens convenables pour ce qui me concerne et le reste de ma famille.

Nous réglerons ensuite les autres mesures qui seront la conséquence du changement de règne.

Je vous renouvelle, mon cousin, l’assurance des sentimens avec lesquels je suis votre affectionné cousin,

Charles

Louis Antoine »

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Il existe une controverse sur l'abdication : Charles X ne peut forcer son fils à renoncer à ses droits, selon les principes de la monarchie héréditaire. Ce dernier s'il avait refusé de contresigner l'abdication de son père, aurait pu conserver la Couronne pour lui-même, se faire reconnaître roi par les députés sous le nom de « Louis XIX » ou « Louis-Antoine Ier », et reprendre en main l'armée et le pays. Mais finalement, il renonce par obéissance ou par faiblesse. D'ailleurs, Charles X sera le roi de France en exil, suivi par son fils Louis XIX jusqu'à sa mort en 1844, puis son neveu Henri V.

Malgré les termes de l'abdication, le duc d'Orléans, au terme de l'hésitation de 1830, prend le pouvoir sous le nom de Louis-Philippe Ier. Le 3 août, en effet, devant les Chambres réunies, il annonce bien l'abdication de Charles X, contresignée par le dauphin… mais ne mentionne pas qu'elle est effectuée en faveur du duc de Bordeaux. Le texte intégral de l'abdication est néanmoins transcrit le sur le registre de l'état civil de la maison royale, aux archives de la Chambre des pairs, et inséré au Bulletin des lois du .

Par ailleurs, Charles X interdit à la duchesse de Berry, la mère du duc de Bordeaux, d'emmener son fils à Paris.

Après un périple à travers la Normandie, le Roi et ses proches, escortés par quelque 1 500 fidèles, embarquent le 16 août 1830 au port militaire de Cherbourg sur le Great Britain, commandé par le capitaine Dumont d'Urville. C'est alors le début de la monarchie de Juillet.

Les archives de la maison du Roi sous le règne de Charles X sont conservées aux Archives nationales dans la sous-série O/

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Charles X et la famille royale caricaturés en volaille chassée par les révolutionnaires jusqu'au port de Cherbourg. Lithographie satirique, 1830.

En exil, Charles X prend le titre de courtoisie de comte de Ponthieu, nom d'un ancien comté qui sera donné à une rue de Paris.

A son arrivée en Grande-Bretagne, le roi déchu se retire d'abord, durant quelques semaines, au château de Lulworth (en), à quelques kilomètres à l'ouest de Bournemouth, dans le Dorset, au sud-ouest de l'Angleterre, puis au palais de Holyrood, à Edimbourg, en Écosse, jusqu'en 1832.

Réticent, Charles X ne parvient pas à dissuader sa belle-fille, la duchesse de Berry, d'essayer de faire monter son fils sur le trône en engageant en 1832, avec l'aide de Bourmont et d'autres fidèles, un soulèvement dans l'ouest et le midi de la France. Ce soulèvement se conclut par un échec et l'arrestation de la princesse, puis son expulsion de France.

Grâce à ses bonnes relations avec les Habsbourg-Lorraine, Charles X s'installe avec sa suite en octobre 1832 au château de Prague, où il reçoit, entre autres visites, à deux reprises celle de Chateaubriand. Il part ensuite pour Budweis (actuelle České Budějovice) puis doit fuir la grande épidémie de choléra qui sévit en Bohême et en Autriche.

En octobre 1836, il arrive à Görtz (alors en Autriche), actuelle Gorizia en Italie et Nova Gorica en Slovénie (ville divisée en 1947 par la ligne militaire Morgan), où il est l'hôte du chambellan Ivan Coronini-Cronberg.

Après s'être confessé et avoir pardonné « de grand cœur » à ses ennemis, l'ancien roi Charles X meurt, des suites du choléra, le à l'âge de 79 ans, à Göritz, au Palais Coronini Cronberg.

« […] Mme Adélaïde [sœur de Louis-Philippe] mande à M. de Talleyrand que la Cour ne prendra pas le deuil à l'occasion de la mort de Charles X, faute de notification […] (la mort) divise, à Paris, sur tous les points. Chacun y porte le deuil à sa façon, depuis la couleur jusqu'à la laine noire, avec des gradations infinies, et des aigreurs nouvelles à chaque aune de crêpe en moins. Puis, les uns disent le comte de Marnes et Henri V, les autres Louis XIX. Enfin, c'est la tour de Babel ; on n'est même pas d'accord sur la maladie dont Charles X est mort ! […] Il y a eu division sur la question du deuil jusque dans la famille royale actuelle : la Reine, qui l'avait pris spontanément le premier jour, a été très peinée que le Ministère le lui ait fait quitter. Le Cabinet a craint la controverse des journaux […]. »

— duchesse de Dino, de Rochecotte, les et dans Chronique de 1831 à 1862, Plon, 1909, p. 107 et 108.

Il est inhumé dans une crypte, sous l'église de l'Annonciation du couvent franciscain de Kostanjevica (Nova Gorica, Slovénie), où le rejoindront son fils Louis (1844) puis l'épouse de celui-ci, Marie-Thérèse, fille aînée de Louis XVI et de Marie-Antoinette (1851), puis ses petits-enfants, la duchesse de Parme (1864), le comte de Chambord (1883) et son épouse (1886).

À la mort de Charles X, une partie des légitimistes reconnaît pour roi son fils le comte de Marnes, sous le nom de Louis XIX, mais les henriquinquistes, en contradiction avec les lois fondamentales, continuent de soutenir le comte de Chambord, sous le nom d'Henri V, se basant sur l'abdication du , que Charles X avait signée en faveur de son petit-fils Henri d'Artois.

Pourtant, le fils aîné de Charles X, le dauphin Louis-Antoine, signe une proclamation[réf. souhaitée] dans laquelle, tout en confirmant sa renonciation de 1830, il déclare que « dans les circonstances actuelles », l'intérêt de son neveu exige qu'il soit « chef de la maison de France » et investi de l'autorité royale, sous le nom de Louis XIX et avec le titre de courtoisie de comte de Marnes, jusqu'au jour où « la monarchie légitime sera rétablie » : il transmettrait alors la Couronne à son neveu.

Cette subtilité s'explique par le fait que la mort de Charles X investissant ipso facto le dauphin de la royauté, il suffit de notifier le décès aux cours européennes pour notifier également « l'élévation » au trône du dauphin sous le nom de Louis XIX ; en revanche, la reconnaissance de l'accession au trône d'Henri V implique la notification de l'abdication de 1830, dont on peut redouter que les cours refusent de la recevoir dès lors qu'elles ont toutes (excepté le Duché de Modène) reconnu la monarchie de Juillet.

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Marie-Thérèse de Savoie, née le , au palais de Turin (Royaume de Sardaigne), morte à Graz (empire d’Autriche) le , était un des membres de la famille royale de France par son statut de « comtesse d’Artois » comme épouse de Charles-Philippe de France (plus tard, « Charles X »). Marie-Thérèse est aussi la mère des derniers héritiers directs de la maison de Bourbon puisqu'une génération après, le rameau direct s’éteint.

Marie-Thérèse de Savoie est la fille du duc de Savoie et roi de Sardaigne Victor-Amédée III (1726-1796) et de l'infante Marie-Antoinette d'Espagne (1729-1785)1.

En 1771, sa sœur aînée Marie-Joséphine de Savoie épouse Louis-Stanislas de France, comte de Provence, petit-fils du roi Louis XV et frère cadet du dauphin Louis. Le , Marie-Thérèse épouse à son tour un petit-fils de Louis XV : Charles-Philippe de France, comte d’Artois (futur Charles X). Marie-Thérèse est ainsi la belle-sœur de sa sœur Marie-Joséphine.

Cependant, les noces ne semblent convenir à aucun des deux intéressés puisque le comte d’Artois devait d'abord épouser sa pétillante cousine Mademoiselle de Condé, tandis que Marie-Thérèse reste muette et lasse durant toutes les fêtes. Sa sœur lui avait pourtant vanté les délices de la Cour de France et de son fiancé. Réputée laide, fade et timide, Marie-Thérèse fait pâle figure à côté d'un mari brillant et enjoué, et surtout frivole. Peu de temps après les festivités, celui ci part pour Paris rejoindre sa maîtresse Rosalie Duthé. Les courtisans auront alors ce mot d'esprit : « Le prince, ayant eu une indigestion de gâteau de Savoie, s'en va prendre du thé à Paris ».

En 1775, c'est au tour de Clotilde de France (1759-1802), sœur de Louis XVI et des comtes de Provence et d’Artois, d’épouser Charles-Emmanuel de Sardaigne, frère de ses belles-sœurs et héritier du trône de Savoie.

À la différence de la dauphine et de la comtesse de Provence, Marie-Thérèse donne très vite des enfants à son époux et, ce faisant, de possibles héritiers à la Couronne. Sa grossesse puis la naissance, le , du duc d'Angoulême, sont très fêtées même si elles consternent la reine et Madame. Trois enfants suivront, mais une grossesse en 1782 paraît suspecte. Les rapports entre les époux sont de longue date inexistants. L'on suspecte un garde du corps que Louis XVI envoie servir aux colonies, ce à quoi Madame Adélaïde rétorque qu'« il faudrait y envoyer toutes les compagnies ». Pardonnée par son époux mais encore davantage discréditée, la comtesse d'Artois met au monde à huit mois de grossesse une fille, Mademoiselle d'Angoulême, qui ne vivra que six mois.

Malgré son brillant mariage, la comtesse d’Artois ne devient néanmoins jamais reine : en effet, elle émigre avec son mari peu après la prise de la Bastille et rejoint sa famille à Turin. Son époux la quitte en 1795, puis peu après rappelle ses fils auprès de lui pour servir dans l'armée des émigrés de Coblence. Marie-Thérèse reste à Turin avec son père, puis son frère qui devient roi au décès de ce dernier. Fuyant devant les troupes républicaines en , elle se réfugie d'abord à Klagenfurt, puis fuyant de nouveau la guerre à Graz. C'est dans cette ville qu'après une quasi-inexistence à la Cour, elle s’éteint dans un certain dénuement et mentalement ébranlée, souffrant d'épisodes paranoïaques, en 1805, à l’âge de 49 ans. La comtesse d'Artois n'avait jamais revu son époux et son fils aîné depuis l'exil de Turin, et ne rencontrait le duc de Berry que très épisodiquement. Elle est enterrée à Graz, dans le mausolée impérial sis à côté de la cathédrale de la ville. Son cœur a, selon sa volonté, été enterré dans le caveau de sa belle-sœur Clotilde à Naples dix ans après son décès.

Dotée de peu d’esprit et de peu de beauté, d'une timidité qui ne pouvait que nuire à la vie de représentation qui était la sienne, elle reste l’un des membres de la famille royale les moins aimés à la Cour, quoique sa belle-sœur, la célèbre Marie-Antoinette, a été également discréditée, même si les raisons en furent cependant bien différentes. Marie-Thérèse, excessivement timide et désireuse de ne pas faire parler d'elle, gravitant dans le cercle rigide et bigot de Mesdames, n'avait pas les qualités requises pour plaire à la Cour superficielle mais spirituelle de Versailles.

 Drouais - Marie Therese de Savoie, comtesse d'Artois - Versailles

Drouais - Marie Therese de Savoie, comtesse d'Artois - Versailles

Quatre enfants naissent de ce mariage, les derniers Bourbons « en ligne directe » :

  1. Louis-Antoine d’Artois (1775-1844), duc d’Angoulême ; il épouse en 1799 sa cousine Marie-Thérèse de France, fille des défunts Louis XVI et Marie-Antoinette.

  2. Mademoiselle d'Artois (1776-1783), non-baptisée, souvent appelée à tort Sophie.

  3. Charles-Ferdinand d’Artois (1778-1820), duc de Berry ; il épouse Caroline de Naples et de Sicile (avec notamment Henri d’Artois comme fils posthume).

  4. Mademoiselle d'Angoulême (1783), non-baptisée, souvent appelée à tort Marie-Thérèse.

 Marie-Thérèse de Savoie par Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty

Marie-Thérèse de Savoie par Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty

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