Jean-Baptiste Charpentier le Vieux, La Famille du duc de Penthièvre en 1768 ou La Tasse de chocolat, huile sur toile, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Portrait de groupe représentant le duc de Penthièvre (1725-1793) en compagnie de son fils, le prince de Lamballe (1747-1768), de sa belle-fille Marie-Louise de Savoie (1749-1792) avec son chien, de sa fille Marie-Adélaïde dite « Mademoiselle de Penthièvre » (1753-1821), et de sa mère Marie-Victoire de Noailles (1688-1766).
Extrait de l'arbre généalogique de Louis Alexandre de Bourbon, prince de Lamballe marié le 31 janvier 1767 à Marie Thérèse Louise de Savoie Carignan. Dite princesse de Lamballe.
Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1681), duc de Penthièvre (1697), d’Arc, de Châteauvillain et de Rambouillet (1711), est un prince et officier de marine français, né à Versailles le et mort à Rambouillet le . Dernier fils légitimé de Louis XIV, il est nommé amiral de France, alors qu'il n'a que cinq ans.
Dernier des enfants naturels que Louis XIV eut de la marquise de Montespan, il fut légitimé et fait comte de Toulouse en 1681. Comme pour ses aînés le nom de sa mère, femme mariée, ne fut pas mentionné dans l'acte de légitimation. Il était officiellement fils du seul roi. C'était la dernière grâce que reçut la marquise déjà en disgrâce et compromise dans l'affaire des poisons. Retirée dans son château de Clagny, près de Versailles, la marquise put élever son fils et lui inculquer ses valeurs.
Nommé duc de Penthièvre en 1697 et duc de Rambouillet en 1711. À la mort de son demi-frère, Louis de Bourbon, comte de Vermandois, en 1683, il reçut, à l’âge de cinq ans, la charge d’amiral de France et fut fait colonel d’un régiment d’infanterie à son nom en , puis mestre de camp d’un régiment de cavalerie en 1693. Nommer ses fils légitimés très jeunes à des postes aussi brillants permettait au roi de conserver la haute main sur les affaires maritimes pendant les longues années de la minorité.
Il obtint le gouvernement de Guyenne en , qu’il échangea contre celui de Bretagne en . Il n'avait alors que 17 ans.
Le comte de Toulouse enfant, tourné vers la Marine, vers 1690
Dernier des enfants naturels que Louis XIV eut de la marquise de Montespan, il fut légitimé et fait comte de Toulouse en 1681. Comme pour ses aînés le nom de sa mère, femme mariée, ne fut pas mentionné dans l'acte de légitimation. Il était officiellement fils du seul roi. C'était la dernière grâce que reçut la marquise déjà en disgrâce et compromise dans l'affaire des poisons. Retirée dans son château de Clagny, près de Versailles, la marquise put élever son fils et lui inculquer ses valeurs.
Nommé duc de Penthièvre en 1697 et duc de Rambouillet en 1711. À la mort de son demi-frère, Louis de Bourbon, comte de Vermandois, en 1683, il reçut, à l’âge de cinq ans, la charge d’amiral de France et fut fait colonel d’un régiment d’infanterie à son nom en , puis mestre de camp d’un régiment de cavalerie en 1693. Nommer ses fils légitimés très jeunes à des postes aussi brillants permettait au roi de conserver la haute main sur les affaires maritimes pendant les longues années de la minorité.
Il obtint le gouvernement de Guyenne en , qu’il échangea contre celui de Bretagne en . Il n'avait alors que 17 ans.
Il fut également nommé chevalier des Ordres du Roi le , maréchal de camp le puis lieutenant général des armées du Roi le .
Lors de la guerre de Succession d'Espagne, il fut chargé de défendre la Sicile. En 1704, devant Malaga, la flotte qu'il commande inflige de très lourdes pertes à la flotte anglo-hollandaise commandée par l’amiral George Rooke. Le roi Philippe V d'Espagne, son neveu, le nomma chevalier de la Toison d'or en 1704.
C’était, dit Saint-Simon, « un homme fort court, avec un accueil aussi gracieux qu’un froid naturel, mais glacial, le pouvait permettre ; de la valeur et de l’envie de faire, mais par les bonnes voies, et en qui le sens droit et juste, pour le très ordinaire, suppléait à l’esprit ; fort appliqué d’ailleurs à savoir sa marine de guerre et de commerce et l’entendant très bien. »
Il commanda à André Danican Philidor « l'Aîné », en 1703, de copier les partitions de Michel-Richard de Lalande dont il aimait la musique.
En 1706, il acheta à Joseph Fleuriau d'Armenonville le château de Rambouillet. Il agrandit considérablement le domaine et fit procéder à d’importants embellissements du château. Par lettres patentes de , le marquisat de Rambouillet fut alors érigé en duché-pairie.
En 1712, il acheta à Louis II Phélypeaux de La Vrillière, l’Hôtel de La Vrillière situé près de la place des Victoires, appelé depuis « Hôtel de Toulouse », où se trouve notamment la Galerie dorée et le fit réaménager par l’architecte Robert de Cotte. L’hôtel abrite aujourd’hui la Banque de France. Il obtint également la charge de grand veneur de France en .
La même année, un édit du Roi de juillet le déclara apte à succéder au trône à la suite des princes légitimes et lui donna le rang de prince du sang.
Cet édit fut cassé par le Parlement de Paris en 1718. Le comte de Toulouse ne fut cependant pas écarté du pouvoir et même, on lui laissa ses charges et sa fortune contrairement à son frère aîné sur qui se cristallisait la jalousie muée en haine des princes du sang et des ducs…
Lors de la polysynodie, il devint chef du Conseil de marine, jusqu’en 1722, date à laquelle il fut remplacé par le même Fleuriau d’Armenonville à qui, quelques années auparavant, il avait un peu forcé la main pour lui acheter son domaine de Rambouillet.
Il eut deux enfants naturels de Madeleine Aumont : Louis-Alexandre de Sainte-Foy (né en 1720 et mort jeune), puis l'année suivante Philippe-Auguste de Sainte-Foy (1721-1795) dit le « chevalier d'Arcq ».
Après que son projet de mariage avec Charlotte de Lorraine, Mademoiselle d'Armagnac, d'une branche cadette de la Maison de Guise, eut été refusé par le roi Louis XV, en 1723, il fit un mariage d’amour en épousant, d'abord secrètement, Marie-Victoire de Noailles qui lui donna un fils, Louis-Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), duc de Penthièvre, de Rambouillet, d’Aumale et de Gisors. Ce mariage, contracté quelques mois avant la mort du Régent, cousin et beau-frère du comte, en , fut rendu public peu après cet événement. En effet, la nouvelle comtesse de Toulouse était veuve du marquis de Gondrin, un des deux fils du duc d'Antin, le seul fils légitime de la marquise de Montespan et pour cette raison, le mariage pouvait être considéré comme nul…
Louis XV avait pour le comte de Toulouse une grande affection renforcée par leur goût commun pour la chasse. En , le roi alla pour la première fois chasser le cerf à Rambouillet où il coucha. Il y retourna dès le mois suivant et prit dès lors l’habitude de s’y rendre très régulièrement.
Tombé en disgrâce, le comte de Toulouse se retira dans son château de Rambouillet où il mourut en 1737 des suites d’une opération. Il fut inhumé dans l'église de la ville mais son fils, le duc de Penthièvre, fut contraint en 1783 de transférer le cercueil du comte de Toulouse dans la collégiale Saint-Étienne du château de Dreux. Ses restes reposent aujourd'hui dans une crypte de la chapelle royale Saint-Louis de Dreux.
Jacques de Fitz-James (1670-1734), premier duc de Berwick. Maréchal de France en 1706, représenté devant la prise de la forteresse de Nice en 1706 Personne représentée : James FitzJames, 1st Duke of Berwick (1670-1734), Louis Alexandre, Count of Toulouse (1678-1737), Adrien Maurice de Noailles, Duke of Noailles (1678-1766)
Marie-Victoire-Sophie de Noailles est une aristocrate française née à Versailles le et morte à Paris, à l'hôtel de Toulouse, le .
Elle devient, par son premier mariage, marquise de Gondrin, puis par son second, duchesse de Penthièvre et comtesse de Toulouse.
Fille du maréchal duc Anne-Jules de Noailles et de Marie-Françoise de Bournonville (1656-1748), elle épouse en premières noces en 1707 Louis de Pardaillan, marquis de Gondrin, brigadier des armées du roi, fils aîné du duc d'Antin, fils légitime issu du mariage de Madame de Montespan et du marquis de Montespan, dont elle eut deux fils. Revoilà à nouveau nôtre marquise de Montespan!.
Veuve en 1712, elle se remarie le avec le comte de Toulouse, prince légitimé que Louis XIV eut de Madame de Montespan, à qui elle donna un fils.
Dans ses Mémoires, le Saint-Simon écrit :
« Il y avait assez longtemps que le comte de Toulouse avait pris beaucoup de goût pour la marquise de Gondrin aux eaux de Bourbon. Elle était sœur du duc de Noailles qu'il n'aimait ni n'estimait, et veuve avec deux fils du fils aîné de d'Antin, avec qui il avait eu toujours beaucoup de commerce et de liaison de convenance, parce qu'ils étaient tous deux fils de Mme de Montespan. Mme de Gondrin avait été dame du palais sur la fin de la vie de Mme la Dauphine, jeune, gaie et fort Noailles, la gorge fort belle, un visage agréable, et n'avait point fait parler d'elle. L'affaire fut conduite au mariage dans le dernier secret. »
Veuve pour la seconde fois en 1737, la comtesse de Toulouse sut gagner la faveur de Louis XV en protégeant ses amours avec les sœurs de Nesle.
Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse et duc de Penthièvre, fils naturel légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan, amiral de France, souhaitant posséder un domaine de chasse non loin de Versailles, jette son dévolu sur Rambouillet. Fleuriau d'Armenonville est contraint de lui céder le domaine en 1706 pour la somme de 500 000 livres.
Le comte de Toulouse va considérablement développer et embellir le domaine. Il procède à d'importantes acquisitions foncières, ajoutant au marquisat de Rambouillet les terres de Saint-Léger-en-Yvelines, Montfort-l'Amaury, Gazeran et une bonne partie du duché d'Épernon. Il porte ainsi le domaine jusqu'à 13 000 hectares. Il fait construire de splendides écuries et de vastes communs, reliés au château par un souterrain. Il fait également réaliser d'importants travaux au château même.
Une première campagne de travaux a lieu de 1706 à 1709, menée par les architectes du comte de Toulouse, - nommés Jean Sarda et Michel Jumel - d'après les dessins et sous la direction de Pierre Cailleteau dit « Lassurance ». Les façades sur cour sont homogénéisées et la cour est fermée par une grille semi-circulaire. L'aile est (aujourd'hui détruite) est dotée d'une façade incurvée sur le jardin et d'un escalier extérieur en fer à cheval. En août 1707, alors que l'essentiel de ces travaux est achevé, le château reçoit la visite du Grand Dauphin, du duc et de la duchesse de Bourgogne, de la princesse de Conti et de nombreux courtisans. Louis XIV lui-même vient deux fois rendre visite à son fils, en compagnie de Madame de Maintenon, la seconde fois en 1714, peu avant sa mort.
Lorsqu'il quitte le conseil de Régence en 1722, le comte de Toulouse se retire à Rambouillet. Il lance de 1730 à 1736 une seconde campagne de travaux sous la direction de l'architecte Claude Desgots et de l'entrepreneur des Bâtiments du roi, Jean-Blaise Legoux, assisté de Jean-Charles Garnier d'Isle, gendre de Desgots, et de Charles-François de l'Epée, architecte du roi et père du fameux abbé de l'Epée. Les travaux sont exécutés par Michel Jumel d'après leurs instructions. Elle vise à doubler l'aile ouest par la création d'un appartement dit « appartement d'assemblée ». En dépit de l'importance du projet, l'intervention de Desgots est relativement discrète. Il fait déplacer la tourelle d'angle pour ne pas bouleverser l'équilibre du château. La principale originalité est un balcon courant sur la façade le long du nouvel appartement, disposition qui était depuis longtemps passée de mode. Les aménagements intérieurs réalisés à la même époque et pour l'essentiel toujours en place sont en revanche d'un très grand luxe. Un très bel ensemble de boiseries sculptées est réalisé par les ornemanistes Marie Cané, veuve d'Etienne Robillon et Charles Rousseau, sculpteur des Bâtiments du roi. L'ensemble de ces travaux coûta la somme très élevée de 4,7 milions de livres, d'après les comptes des Maisons et Finances du comte de Toulouse.
À la mort du comte de Toulouse en 1737, le domaine passe à son fils unique, Louis Jean Marie de Bourbon, duc de Penthièvre. Né à Rambouillet, ce dernier y passe beaucoup de temps et se consacre principalement à l'embellissement des jardins. Il fait développer le réseau de canaux pour constituer un ensemble d'îles et fait aménager 25 hectares du parc à l'anglaise avec fabriques, selon une mode qui commence alors à se répandre en France. La Chaumière aux coquillages, l'ermitage et le Kiosque chinois (voir ci-dessous) datent des années 1770-1780.
Portrait du jeune duc de Penthièvre, Louis de Bourbon (1725-1793) par Nattier ou Tocqué.
Louis-Jean-Marie de Bourbon, né le au château de Rambouillet et mort le au château de Bizy à Vernon (Eure), est un membre de la famille royale de France. Petit-fils de Louis XIV, il fut duc de Penthièvre, d'Aumale (1775), de Rambouillet (1737), de Gisors, de Châteauvillain, d'Arc-en-Barrois, d'Amboise, comte d'Eu, seigneur du duché de Carignan, amiral et grand veneur de France.
Bemberg Fondation Toulouse - Portrait de Louis Jean Marie de Bourbon, Duc de Penthièvre - Jean Marc Nattier
Petit-fils de Louis XIV, fils unique de Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1678-1737), bâtard légitimé, et de son épouse Marie-Victoire de Noailles, le duc de Penthièvre est nommé amiral de France en survivance le et gouverneur et lieutenant général de Bretagne en survivance le .
Il perd son père à l'âge de 12 ans ; la comtesse de Toulouse, femme avisée, sait conserver la faveur du roi, son petit-neveu par alliance, en protégeant ses amours adultérines et les charges de son défunt mari sont transmises à son fils. Bien qu'encore mineur, le jeune duc de Penthièvre succède à son père dans ses charges civiles et militaires (), à savoir amiral de France, gouverneur de Bretagne et grand veneur de France sous le tutorat de l'intelligente comtesse de Toulouse. Il est fait chevalier de l'Ordre de la Toison d'or le puis chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit le . Nommé maréchal de camp le puis lieutenant général des armées du roi le .
Il combat sous les ordres de son oncle Adrien Maurice de Noailles à Dettingen (1743), Fontenoy (1745) et Raucoux (1746).
La comtesse de Toulouse qui sait l'importance de se concilier les membres des autres branches de la maison de France, cherche à marier son fils avec une princesse du sang et jette son dévolu sur Louise-Henriette de Bourbon, mais la mère de la princesse, la princesse douairière de Conti, dédaignant une alliance avec une branche bâtarde, accorde sa préférence au duc de Chartres Louis Philippe d'Orléans (1725-1785). Cependant l'avisée comtesse de Toulouse et le très pieux duc de Penthièvre n'eurent pas lieu de s'en plaindre : le mariage sera malheureux, la duchesse de Chartres cumula les frasques et les amants au point que la cour douta de la légitimité de ses enfants.
La comtesse de Toulouse se tourne alors vers une princesse de rang moindre mais dont le père est un souverain régnant et la mère une Orléans, Marie-Thérèse de Modène. Le mariage a lieu en présence du roi, des membres de la famille royale et de la cour à Versailles en 1744.
Le mariage de ce prince très pieux avec une princesse très pieuse se transformera très vite en mariage d'inclination et le couple, à l'instar de celui que formera quelques mois plus tard le dauphin Louis et la dauphine, eux aussi très pieux, fut harmonieux.
Le mariage du duc et de la duchesse de Penthièvre sera prolifique mais seuls un fils et une fille survivent à l'enfance. Les effets de la consanguinité étaient ignorés.
Cependant, usée par les maternités, la duchesse de Penthièvre meurt prématurément après dix ans de mariage. Le duc lui restera fidèle et ne se remariera pas.
Autant le duc est sage et chaste autant son fils sera un débauché. Pour le ramener à la raison, son père le marie à Nangis en 1767 à Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, une cousine et nièce du roi Charles-Emmanuel III de Sardaigne. Cependant le jeune homme retourne à ses passions et meurt l'année suivante d'une maladie vénérienne à l'âge de 20 ans non sans avoir auparavant contaminé sa femme.
Seule héritière du plus riche prince du royaume, la fille du duc, « Mademoiselle de Penthièvre » attire les coureurs de dot et le duc d'Orléans, prince du sang, qui ne dédaigne pas de se mésallier avec une branche légitimée mais richissime, propose son fils, le duc de Chartres. Pour le duc de Penthièvre, cette alliance avec un prince du sang est flatteuse mais le mariage ne sera pas heureux. Devenu duc d'Orléans en 1785, l'ambitieux et mesquin prince du sang proposera en vain de racheter à son beau-père ses charges militaires ante mortem. Le couple Orléans se séparera en 1790. Quant à la belle-fille du duc, veuve de 19 ans, ses qualités de cœur lui valent l'amitié de la nouvelle dauphine puis reine Marie-Antoinette d'Autriche.
Très affecté par la mort de sa femme et de ses enfants, par celle de sa mère en 1766, de son seul fils survivant en 1768, par les déboires conjugaux de sa fille, les dernières années de la vie du duc de Penthièvre sont ternies par les excès révolutionnaires : le , une énième émeute contraint la famille royale, ramenée à Paris après sa fuite, à demander la protection de l'Assemblée nationale. Celle-ci décide de destituer le roi et d'incarcérer ses proches dont la princesse de Lamballe, belle-fille du duc de Penthièvre. Début septembre, des émeutiers instaurent des tribunaux d'exception dans les prisons et massacrent notamment les religieux réfractaires et les nobles. Amie intime de la reine, la princesse de Lamballe fait partie des victimes. Elle est atrocement massacrée (voire dévorée) et sa tête est portée en triomphe sur une pique dans les rues de Paris notamment sous la fenêtre de la Reine. La république est proclamée quelques jours plus tard. Le roi est présenté devant la Convention en décembre et condamné à mort. Le Duc d'Orléans, gendre du Duc de Penthièvre, qui se fait appeler Philippe Égalité (sa femme est la « citoyenne Égalité »), dévoré d'ambition, était considéré comme le plus puissant opposant à la politique royale et à la Reine. Apeuré par la révolution, il n'en vote pas moins la mort de son cousin et souverain. Le Roi est exécuté le .
Le Duc de Penthièvre, vieillissant, mène une vie retirée, mélancolique, absorbé par la dévotion et la charité. Sa principale passion est sa collection de montres, qu'il aime régler et réparer lui-même.
Bon et doux, il jouit d'une certaine popularité et conserve le respect des populations jusqu'à sa mort, arrivée paisiblement en son château de Bizy, en Normandie, à l'âge de 67 ans le . Son corps est enterré clandestinement dans la chapelle des Orléans à Dreux. La Reine sera exécutée le de la même année après un procès inique.
Quelques semaines plus tard son gendre, ses enfants et sa sœur sont incarcérés ; le ci-devant Duc d'Orléans sera exécuté le . Les révolutionnaires profanèrent les tombes le , huit mois après sa mort, et les corps sont jetés dans une fosse commune.
Il faudra attendre 1816 pour reconstruire la chapelle des Orléans, où ses restes seront transférés.
À la mort du maréchal de Belle-Isle en 1761, le domaine du château de Bizy revient au roi qui, en 1762, l'échange contre la principauté souveraine de Dombes au comte d'Eu, fils du duc du Maine, bâtard légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan. Le comte a les moyens financiers d'entretenir le domaine mais n'y réalise aucune nouvelle construction. Célibataire et sans enfants, il lègue le domaine à son cousin le duc de Penthièvre, fils du comte de Toulouse et l'un des plus grands propriétaires fonciers du royaume.
Propriétaire de Bizy à la mort du comte d'Eu en 1775, le duc de Penthièvre y fait de fréquents séjours à partir de 1783, date à laquelle il est contraint de céder à Louis XVI son château de Rambouillet, puis il en fait en 1792 sa résidence principale, où il s'installe avec sa fille la duchesse d'Orléans.
À la veille de la Terreur, il y meurt en estimé de la population locale pour sa générosité.
Le château, confisqué comme bien national en prairial an VI (1797), est alors vendu aux enchères à des marchands de biens qui détruisent le corps de logis pour en revendre les matériaux.
Le duc de Penthièvre recueille l'énorme patrimoine foncier des enfants du duc du Maine, le prince des Dombes (mort en 1755) et le comte d'Eu (mort en 1775), comprenant les châteaux de Sceaux, d'Anet, d'Aumale, d'Eu, de Dreux et de Gisors. D'après l'ouvrage La Fortune disparue du roi Louis-Philippe de Jacques Bernot et Jean-Pierre Thomas, ses revenus annuels étaient évalués à 6 millions de livres, ce qui faisait de lui l'un des hommes les plus riches d'Europe.
Il passait beaucoup de temps au château de Rambouillet, où il était né et dont il fit embellir les jardins en les mettant à la mode du temps.
En , il doit le céder à Louis XVI, qui voulait un vaste domaine de chasse dans la forêt des Yvelines et trouvait son château de Saint-Hubert trop exigu.
En quittant le domaine où il était né et qu'il avait tant aimé, le duc de Penthièvre emporte les neuf cercueils de son père, de sa mère, de sa femme et de ses six enfants, qu'il fait déposer dans sa propriété de Dreux. C'est l'origine de la chapelle royale de Dreux, nécropole familiale des Orléans.
En contrepartie, il rachète à la duchesse de Choiseul le magnifique château de Chanteloup, près d'Amboise et le Roi contraint le banquier Jean-Joseph de Laborde à lui céder, en 1784, son splendide château de La Ferté-Vidame. Ces deux domaines seront saisis comme biens nationaux à sa mort en 1793.
Le duc possédait en outre les châteaux de Blois, d'Amboise et de Châteauneuf-sur-Loire, ainsi que l'Hôtel de Toulouse, à Paris, aujourd'hui siège de la Banque de France. Il séjournait aussi, à Passy, près de Paris, au château de Boulainvilliers.
Le timide duc épousa en 1744 Marie-Thérèse-Félicité d'Este, dite « Mademoiselle de Modène » (1726-1754), fille du duc François III de Modène et de la duchesse née Charlotte-Aglaé d'Orléans (1700-1761), elle-même fille du Régent. Le mariage fut très heureux. Il donne le jour à :
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Louis-Marie de Bourbon (né en 1746, mort en bas âge) ;
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Louis Alexandre de Bourbon (1747-1768), prince de Lamballe, époux de Marie-Louise-Thérèse de Savoie dite « Mademoiselle de Carignan » (1749-1792), l'amie de la reine Marie-Antoinette ;
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Jean-Marie de Bourbon (1748-1755), duc de Châteauvillain ;
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Vincent-Marie-Louis de Bourbon (1750-1752), comte de Guingamp ;
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Marie-Louise de Bourbon dite « Mademoiselle de Penthièvre » (1751-1753) ;
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Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon dite « Mademoiselle de Penthièvre » (1753-1821), mariée à Philippe, duc d'Orléans (1747-1793) : ils sont les parents du roi Louis-Philippe ;
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Louis-Marie-Félicité de Bourbon (né et mort en 1754).
Le château de Chanteloup, près d'Amboise...
Après la mort de Choiseul en 1785, les créances, entre autres du menuisier tourangeau Thomas Bodin à qui le fleuriste du château avait commandé des caisses pour les orangers, et de Jacques-Joseph Duquesne, ingénieur au château depuis 1779, qui mentionne l'intervention d'un plombier ayant fourni des bronzes pour la letterie et le Rocher et les ouvriers qui mirent en place le nouveau bosquet vert, furent enregistrées au bailliage d'Amboise.
Sa veuve, la duchesse de Choiseul, l'une des héritières de la fortune Crozat, cède le domaine au duc de Penthièvre, beau-père de la princesse de Lamballe.
Une suite de douze chaises du modèle dit "à la Reine", estampillées Jacob (vers 1785 ?) et portant la marque au fer du château, provenant de la descendance du duc, figura dans la vente mobilière par l'étude Delorme / Collin du Bocage a Paris le 8/06/2012 (n°407 du catalogue, reprod. coul. du lot p.122 et d'une chaise p.123).
Un fauteuil en bois doré (vers 1770) dit "exécuté pour la maison de campagne du duc de Choiseul - Chanteloup" est conservé au Victoria et Albert Museum (reprod. coul. p.94 de L'art européen au Victoria and Albert Museum par A. Burton et S.Haskins, 1983).
Un « meuble » (mobilier) de salon composé de deux bergères et six chaises en bois sculpté et doré (avec tissu original brodé) estampillés vers 1745 par l'ébéniste Nicolas Q. Foliot, portant la marque des châteaux de Chanteloup et de Sceaux, ayant appartenu au duc de Penthièvre et décrit sur place en 1794, est conservé dans la collection Rothschild de Waddesdon Manor, Bucks, Grande-Bretagne7.
En 1792, l'administration du district d'Amboise le met sous séquestre et fait faire un inventaire de tout ce qui contient le château et les communs dont ses archives (Archives départementales d'Indre-et-Loire). Les ministres de l'Intérieur et des Finances réclament alors pour Paris notamment des tapisseries des Gobelins.
Après la mort du duc de Penthièvre, en 1793, il devient bien national, est saisi et vidé de son mobilier, partiellement transféré au musée des beaux-arts de Tours, qui conserve depuis des dessins et des tableaux dont des Boucher peints pour Madame de Pompadour, une commode laquée de Demoulin, un grand bureau plat marqueté à cartonnier attribué à Simon Oeben.
Le château de La Ferté Vidame.
En 1783, Louis XVI contraint le duc de Penthièvre à lui céder son château de Rambouillet. En contrepartie, Penthièvre, qui possède déjà de vastes domaines en Normandie et dans le Perche, exige La Ferté-Vidame, que Laborde est contraint de lui vendre le pour 5,5 millions de livres. Laborde ne conserve que le titre de vidame de Chartres, les meubles et objets d'art et les statues du parc, dont le duc de Penthièvre ne veut pas.
À la mort du duc en 1793, le domaine passe à sa fille, la duchesse d'Orléans, mais celle-ci ayant émigré, ses biens sont confisqués. Déjà saccagé par des pillards, le château est vendu le au sieur Cardot-Villers qui, fortement endetté, récupère tous les matériaux qui peuvent l'être, d'où l'état actuel des bâtiments, et saccage la forêt en abattant 31 000 arbres. Ne parvenant pas à payer le prix de son acquisition, il est déchu de ses droits. Le domaine est remis en vente en , mais il ne trouve pas preneur et reste dans le domaine de l'État.
À la Restauration, il est restitué à la duchesse d'Orléans. Lorsqu'elle meurt, en 1826, le domaine passe à son fils aîné Louis-Philippe, futur roi des Français. Il reconstitue le domaine, fait relever le mur d'enceinte, remettre en état les pièces d'eau, restaurer et agrandir "le petit château", mais la révolution de 1848 interrompt cette restauration.
Les biens de la maison d'Orléans sont confisqués sous Napoléon III puis en 1872 les Domaines vendent La Ferté-Vidame au baron Léon de Dordolot, qui s'y livre à sa passion de la chasse à courre.
L'hôtel de Toulouse, précédemment hôtel de La Vrillière, est un ancien hôtel particulier situé aux Nos 1 à 3, rue La Vrillière, dans le 1er arrondissement de Paris, en région Île-de-France.
Construit par l’architecte François Mansart, pour Louis Ier Phélypeaux, seigneur de La Vrillière, il passe successivement à la famille Raullin-Rouillé, en 1705, puis, à partir de 1713, à la famille de Bourbon-Penthièvre, qui le fait réaménager par l’architecte Robert de Cotte.
Saisi à la Révolution, il est acquis par la Banque de France, en 1808, et en devient le siège deux ans plus tard.
Château de Blainvillier à Passy en bord de Seine.
Marie-Thérèse-Félicité d'Este, princesse de Modène, duchesse de Penthièvre.
Marie-Thérèse-Félicité d'Este est une princesse italienne, membre de la Maison ducale de Modène, née le au Palazzo Ducale de Modène, et décédée le , au château de Rambouillet.
Elle épouse en 1744 Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, petit-fils de Louis XIV
Marie-Thérèse-Félicité d'Este (copie par Rosalie Grossard, déb. XIXe siècle)
Marie-Thérèse-Félicité de Modène, dite « Mlle de Modène », est la fille du duc François III de Modène et de la duchesse Charlotte-Aglaé d'Orléans, fille du Régent et petite-fille du roi Louis XIV.
Cette dernière s'étant compromise dans une relation avec le duc de Richelieu doit alors épouser le duc de Modène pour éviter l'emprisonnement de son soupirant. S'ennuyant fort à la cour italienne, cultivée mais provinciale, elle retourne en France et en profite pour marier ses filles au sein de la famille royale. Ces alliances brillantes pour des princesses d'un petit duché italien sont inespérées.
Ainsi Félicité épouse-t-elle, le , Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, amiral de France, fils du richissime comte de Toulouse, lui-même enfant légitimé de Louis XIV et de la marquise de Montespan.
À la différence de sa sœur Marie-Fortunée qui épouse le prince de Conti en 1754, elle forme, pendant les dix ans que dure son mariage, un couple harmonieux avec son mari, aussi doux, pieux et charitable qu'elle.
Elle meurt en couches avec son dernier enfant, qui disparait avec elle, et le duc, qui lui reste fidèle, ne se remarie pas.
Louis-Alexandre-Joseph-Stanislas de Bourbon, prince de Lamballe, est un prince français né le à Paris et mort le au château de Louveciennes.
Louis-Alexandre-Joseph-Stanislas de Bourbon est le seul survivant avec sa sœur Marie-Adélaïde des sept enfants de Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre et de la duchesse Marie-Thérèse-Félicité d'Este.
Il perd sa mère à l'âge de 7 ans. L'année suivante, en 1755, il reçoit la charge de Grand veneur de France, qu'il gardera jusqu'à sa mort. Il est baptisé à Versailles le , ayant pour parrain le roi et pour marraine la reine. Louis XV lui donne les prénoms de son grand-oncle, grand-père de l'enfant, le comte de Toulouse, et la reine celui de son père Stanislas Leszczynski. Le duc de Luynes précise que la reine donne toujours le prénom de Joseph à ses filleuls.
Comme certains jeunes hommes de la très haute noblesse, sa jeunesse fut des plus licencieuses, et il fut entraîné en cela par son cousin, le duc de Chartres. Son père décida de le marier pour tenter de l'assagir et lui choisit pour épouse une princesse douce et pieuse, Marie Louise de Savoie, dite « Mademoiselle de Carignan » (1749-1792), issue d'une branche cadette de la Maison royale de Savoie. Le mariage est célébré par procuration à Turin le et en personne à Nangis le .
Le mariage n'eut pas le résultat escompté : la jeune princesse, sincère, discrète et émotive n'avait pas les qualités propres à retenir un époux et le prince ne tarda pas à multiplier les infidélités, notamment avec une comédienne. Menant une vie dissolue et dépensant beaucoup, il dut vendre les diamants de son épouse pour éponger ses dettes. Il mourut moins d'un an plus tard d'une maladie vénérienne, à l'âge de 20 ans et sans descendance, laissant son père désespéré. Selon ses volontés, il fut inhumé sans cérémonies à Rambouillet.
L'année suivante, le duc d'Orléans demanda pour son fils Louis-Philippe (compagnon de débauche du défunt et futur « Philippe Égalité »), la main de Mademoiselle de Penthièvre. C'était une union scandaleuse pour l'époque entre un prince du sang légitime et une demoiselle issue d'une ligne bâtarde légitimée, mais la mort de son frère avait fait de la jeune fille la plus riche héritière du royaume.
Marie-Louise, princesse de Lamballe (1749-1792)
Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe, dite « Mademoiselle de Carignan » ou « Madame de Lamballe », est une princesse de la Maison de Savoie née à Turin le et morte à Paris le . En 1767, elle épouse Louis-Alexandre de Bourbon, prince de Lamballe, fils du duc de Penthièvre (lui-même fils du comte de Toulouse fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan) et héritier d'une branche légitimée de la famille royale de France. Elle est veuve l'année suivante, à 18 ans.
Amie de la dauphine Marie-Antoinette qui, devenue reine, la nomme surintendante de sa maison, elle est supplantée par la duchesse de Polignac dans l'affection de la souveraine, à qui elle reste néanmoins toute dévouée, ce qu'elle payera de sa vie.
Ayant suivi la famille royale après la journée du 10 août 1792, elle est incarcérée peu après à la prison de La Force puis subit une fin dramatique au cours des massacres de Septembre.
Marie-Thérèse-Louise de Savoie est la fille du prince Louis-Victor de Savoie (1721-1778) et de Christine-Henriette de Hesse-Rheinfels-Rotenbourg (1717-1778), sœur de la duchesse de Bourbon (1714-1741) et de la reine Polyxène de Sardaigne (1706-1735), épouse du roi Charles Emmanuel III .
La princesse grandit à Turin et y mène une existence maussade et stricte, mais éloignée des complots et des intrigues de la cour. Elle passe pour une enfant douce, sage et pieuse, traits de caractère qui vont pousser le duc de Penthièvre, l'un des hommes les plus riches d'Europe, à la choisir comme épouse de son fils Louis-Alexandre, prince de Lamballe. Le prince est un dévergondé et son père pense l’assagir en lui donnant une épouse vertueuse.
La princesse de Lamballe en « pouf » (Callet, 1776).
Marie-Louise épouse le prince de Lamballe, arrière-petit-fils de Louis XIV (branche légitimée), fils du duc de Penthièvre, le par procuration à Turin ; puis, le à Nangis.
Très vite, le prince reprend ses habitudes et délaisse son épouse, qui se réfugie auprès de son beau-père. Elle commence à développer des accès de mélancolie, est saisie de vapeurs qui la plongent dans des évanouissements plus ou moins longs. Son mari contracte des maladies sexuellement transmissibles et la contamine plusieurs fois ; elle y gagne des cicatrices et des boutons. Un an plus tard, en 1768, son époux meurt d’une maladie vénérienne. La princesse se retrouve veuve et sans enfant à 19 ans.
Bien que peu attristée de la perte de son mari, elle se voit offrir par son beau-père la chaumière aux Coquillages (aujourd'hui, une dépendance du château de Rambouillet) qu'il avait fait édifier pour elle. Une des deux pièces de cette chaumière comporte un miroir que le duc fait recouvrir de nacre afin que la princesse ne puisse voir son visage abîmé.
Le médecin chirurgien Seyffert, médecin de la cour et futur médecin personnel du prince François-Xavier de Saxe au Château de Chaumot, sauve la princesse d'une grave maladie, se gagnant ainsi la protection de Marie-Antoinette et une très grande réputation ; on viendra même de Paris à Chaumot pour se faire guérir par lui.
Le duc de Penthièvre, après le décès de son fils, garde sa belle-fille auprès de lui. Ensemble, ils sont très actifs dans diverses œuvres pieuses et charitables.
En 1769, le duc de Chartres, futur duc d’Orléans, prince du sang, épouse la belle-sœur de Marie-Louise : la fille du duc de Penthièvre est certes issue d’une branche illégitime de la maison de France mais elle est aussi, depuis la mort de son frère, la plus riche héritière du royaume.
En 1769 également, après la période de deuil qui suit la mort de la reine, le parti des dévots, soutenu par Mesdames, les filles du roi, n’ayant pu remarier Louis XV à l’archiduchesse d’Autriche Marie-Elisabeth, pense à Marie-Louise. Ironie du sort, il est une nouvelle fois question pour elle de convoler avec un homme esclave de ses sens. Mais le projet fait long feu, la comtesse du Barry, nouvelle maîtresse du roi avant d’en devenir la favorite officielle, ne voulant pas perdre ce prestigieux amant qu’elle tient, justement, par le plaisir des sens.
En 1770, le dauphin Louis-Auguste, futur Louis XVI, épouse l’archiduchesse d’Autriche Marie-Antoinette. C’est la première rencontre entre les deux femmes. Marie-Louise a vingt et un ans, Marie-Antoinette bientôt quinze.
À partir de 1771, la princesse de Lamballe est de plus en plus assidue à la cour et se rapproche de la dauphine, qui voit en elle une alliée sûre et une amie sincère. Louis XV étant mort le , Marie-Antoinette devient reine de France. Marie-Antoinette continue à fréquenter la princesse, mais de fausses et venimeuses rumeurs (lancées pour nuire et attisées par les ennemis de la reine) commencent à entacher leur amitié.
En 1775, elle octroie à son « cher cœur » le titre très lucratif de « surintendante de la Maison de la Reine », dont la charge consiste à organiser les plaisirs de celle-ci. Cependant, très vite, la reine se rend compte que son amie et cousine est trop sérieuse pour cette fonction et s’y ennuie. Délaissant Marie-Louise, sans l'oublier pour autant, Marie-Antoinette se tourne alors vers « la plus fraîche et plus insolente » Gabrielle de Polignac qui, pour longtemps, prend la place de l’amie dévouée.
Ayant plus de temps à elle, la princesse de Lamballe part à la campagne, reprend ses activités charitables et rachète l'hôtel de Toulouse (siège actuel de la Banque de France à Paris) à son beau-père.
Elle est initiée à la franc-maçonnerie et entre dans la loge féminine d'adoption « la Candeur » le , elle est élue grande maîtresse de la « Mère Loge Écossaise » en 1781. Elle s'intéresse au mouvement des Lumières, à l'Encyclopédie, à la condition des femmes et à l'amitié féminine. Elle organise notamment, le , un dîner suivi d'un bal auquel ne sont conviées que des femmes, ce qui choque la cour et irrite la reine.
En 1783, elle achète une folie dans le village de Passy, connu sous le nom d'hôtel de Lamballe..
Cet hotel de Lamballe est aujourd'hui la résidence de l'ambassade de Turquie en France après avoir été entre temps une clinique psychiatrique.
Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan princesse de Lamballe, 1782, par Élisabeth Vigée Le Brun, musée national du château de Versailles.
En 1789, la Révolution gronde et la reine commence à prendre conscience de ses erreurs. Elle se fait plus sage et se rapproche à nouveau de la princesse. Rapprochement d’autant plus aisé qu’immédiatement après la prise de la Bastille, la reine a demandé à Mme de Polignac de quitter Versailles et de partir pour l’étranger, ce qui est chose faite le .
En , la famille royale est amenée à Paris et Mme de Lamballe la suit dans sa nouvelle résidence, le palais des Tuileries.
La princesse reste l’un des derniers soutiens de la reine et leur amitié s’en trouve renforcée. En 1791, la reine l’informe du projet de sa fuite et lui enjoint de quitter la France. Munie d’un passeport en règle, la princesse gagne Londres via Dieppe ; la famille royale, elle, est rattrapée à Varennes. Les deux femmes échangent alors toute une correspondance dans laquelle la reine réaffirme ses sentiments d’affection envers la princesse : « J’ai besoin de votre tendre amitié et la mienne est à vous depuis que je vous ai vue », lui écrit-elle en .
À la fin de l’été 1791, la princesse de Lamballe est chargée par Marie-Antoinette d’une mission – dont on ignore les motifs – à Aix-la-Chapelle, où elle se rend en effet. Mue par un pressentiment, elle y dicte ses dernières volontés, le , nommant le marquis de Clermont-Gallerande son exécuteur testamentaire. Fin 1791, la reine supplie la princesse de ne pas revenir à Paris, mais cette dernière, soit qu'elle craigne pour la sûreté de ses biens menacés par les lois en préparation sur les biens d’émigrés, soit que son dévouement pour la reine est tel qu'elle souhaite être à ses côtés et partager ses périls, rentre à Paris et reprend ses fonctions de surintendante aux Tuileries.
Selon une thèse défendue par Olivier Blanc, la princesse de Lamballe aurait émargé sur les fonds secrets du ministère des Affaires étrangères. Son passeport d’ (qui lui avait permis de gagner Londres) avait été délivré par le ministre de Montmorin. La presse révolutionnaire relaye bientôt une dénonciation lancée contre elle par le comité de surveillance de l’Assemblée législative ; on lui reproche d’avoir coordonné ou encouragé les activités du comité autrichien et d'être financée par les fonds de la Liste civile. Cette police secrète au service de Louis XVI avait permis de peser dans les délibérations des comités révolutionnaires, de rallier au roi certains gens de plume et de faire retarder le vote du décret de déchéance. Ce qu’on appelait encore les « conciliabules de la Cour » est avéré par de nombreuses pièces originales découvertes dans l’armoire de fer. Ces pièces mettent en cause un certain nombre d’individus qui ont effectivement reçu de l’argent de la Cour et qui se sentent soudain menacés par des témoins tels que l’Intendant de la Liste civile Arnaud de La Porte ou la princesse de Lamballe.
La mort de la Princesse de Lamballe, toile de Maxime Faivre, 1908, (musée de la Révolution française).
Au cours de la journée du 10 août 1792, la foule envahit le palais et la princesse suit la famille royale qui se réfugie à l’Assemblée législative. C’est alors qu’est prononcée la déchéance du roi et décidée son incarcération au Temple. La princesse accompagne la famille royale au donjon du Temple le , elle y est incarcérée avec eux. Le 19, on vient chercher tous ceux qui n’appartiennent pas à la famille royale stricto sensu, pour les transférer ailleurs. Marie-Antoinette et Marie-Louise doivent se dire adieu. La princesse est conduite à la prison de La Force.
Les 2 et , une foule armée de barres de fer, de piques et de bûches encercle les prisons de Paris, voulant y tuer les royalistes qu'une rumeur accuse d'y avoir caché des armes pour fomenter une contre-révolution. La princesse, tirée de sa cellule au matin du 3, est, d’après la reconstitution des procès-verbaux de la section des Quinze-Vingts, introduite devant une commission improvisée en hâte par les membres du comité de surveillance de la Commune du , et sommée de « nommer ceux qu’elle avait reçus à sa table ». On lui demande surtout de témoigner sur la réalité de connivences de Louis XVI et Marie-Antoinette avec les puissances de la Coalition. Elle s’y refuse et c’est pour cette raison qu’on l’aurait mise à mort. Il est possible qu’on ait voulu éviter un procès équitable au cours duquel elle aurait pu mettre en cause un certain nombre de personnes soudoyées par la cour, comme Dossonville, Stanislas Marie Maillard ou le général Antoine Joseph Santerre, impliqué dans les massacres de Septembre avec son beau-frère Étienne-Jean Panis. Dans les minutes qui suivent ce semblant d’interrogatoire, elle est « élargie », terme qui devait être interprété comme une libération, et qui se traduit par une mise à mort . Talleyrand, qui est alors encore à Paris et doit embarquer pour Londres le surlendemain du crime, indique à lord Grenville, secrétaire du Bureau des Affaires étrangères britannique, que Madame de Lamballe a été tuée à la suite d’une atroce méprise. En sortant dans la cour de la prison, elle a été prise d'un malaise, et les tueurs aux aguets, armés de bûches et de piques, croyant qu’elle avait reçu un premier coup, l’auraient frappée à leur tour. Cette version a été prise suffisamment au sérieux pour faire l’objet, le , d’un mémorandum du ministère anglais.
Le Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet donne une version sensiblement différente de la mort de la princesse de Lamballe ; en voici un extrait : « Un perruquier du nom de Charlat, tambour des volontaires, lui ôta son bonnet du bout de sa pique et la blessa légèrement, tandis qu'un autre égorgeur lui jetait une bûche dans les reins. La princesse tomba et fut criblée de coups. On lui ôta ses vêtements ; elle resta ainsi près de deux heures exposée, nue, à la risée lubrique de la foule. On la traîna ensuite jusqu'à la borne située à l'angle des rues du Roi-de-Sicile et des Ballets, sur laquelle on appuya sa tête qu'un nommé Grison scia avec son couteau et mit au bout de sa pique. Le perruquier Charlat lui ouvrit la poitrine, lui arracha le cœur qu'il plaça au bout de son sabre, tandis que suivirent d'autres mutilations obscènes et sanguinaires ».
Adam Pitt raconte que tandis que sa tête est promenée au bout d’une pique jusqu’à la tour du Temple où elle est agitée devant les fenêtres de l'appartement de Marie-Antoinette qui s'évanouit, son corps est transporté sur des kilomètres, profané, jusqu’au comité civil de la section des Quinze-Vingts. Enfin, la tête est portée à son tour par un garçon boucher nommé Allaigre au comité, à sept heures du soir, après avoir été repoudrée, afin d’être « inhumée auprès du corps » dans une tombe du cimetière des Enfants-Trouvés. Quelques heures plus tard, le duc de Penthièvre dépêche son fidèle valet Fortaire pour tenter de retrouver sa dépouille, en vain.
Lorsque moins d'un an après sa mort, le contenu des châteaux de Versailles et de Trianon ainsi que de leurs dépendances est dispersé dans une grande vente aux enchères qui dure près d'un an ( au ), le bureau de vente s'installe « dans un logement faisant partie du château de Versailles, situé Cour des Princes, et occupé par la ci-devant princesse de Lamballe.
La mort de la princesse de Lamballe, estampe anonyme, fin du XVIIIe siècle.
Mise à mort par la foule de la princesse de Lamballe, dessin de Pierre Méjanel en 1886.
Paris le 3 septembre 1792...
Dans Paris, une cohue, un tumulte inaccoutumés. Les foyers désertés, tout un peuple encombre les rues ; on s’assemble dans les carrefours ; on parle sur les bornes ; à toute heure du jour, les proclamateurs de journaux emplissent la ville de leurs cris. Les affiches couvrent les façades des maisons.
Sur les ponts, sur les places publiques, des marchands ambulants se sont installés. La police, occupée à des besognes politiques, laisse grandir le crime et la prostitution ; les meurtres se multiplient, et l’on ne peut sortir, le soir, sans être arrêté par des sœurs promeneuses.
Fermés les hôtels du faubourg Saint-Germain, effacées, les glorieuses armoiries qui en couronnaient les portes. Peu de voilures et plus de livrées.
La noblesse est ruinée, le clergé aussi. La bourgeoisie est réduite à la misère, le commerce parisien n’existe plus. Les corporations sont supprimées. Le travail chôme ; les ateliers sont vides ; la disette est générale et le taux de l’argent monte à dix-sept pour cent, qui sera bientôt à trente.
Aux Tuileries, où Mme de Lamballe arriva le 4 novembre, la famille royale est gardée à vue. La cour du château ressemble à un a véritable camp : des sentinelles partout, à chaque escalier de l’intérieur et jusque sur les toits.
Personne n’entre dans le palais sans un billet de Lafayette ou de Bailly et, dans la chambre de la reine, deux gardes nationaux demeurent en permanence, le jour comme la nuit, obligeant Marie-Antoinette à se lever et à se coucher devant eux.
La Cour avait l’aspect le plus triste et en même temps le plus pénible, écrit le marquis de Clermont-Gallerande qui était rentré en France quelque temps après la princesse de Lamballe. Les grandes charges ou étaient absentes ou avaient quitté… La reine avait été abandonnée par sa propre maison, par ceux dont les personnes et les familles avaient reçu de sa main le plus de bienfaits ! . . .
Mme de Chimay, dame d’honneur, avait quitté… La peur avait engagé Mme d’Ossun, dame d’atours, à aller rejoindre chez l’étranger Mme de Gramont, sa mère. La duchesse de Luxembourg était à Lisbonne avec son mari. Mmes de Luynes, de Duras, d’Hénin, de Bergues, de Polastron étaient parties.
Marie-Antoinette n’avait plus en dames du palais que Mmes de la Roche-Aymond de Tarente, de Castellane et de Maillé M. de Tessé est en Suisse, le duc de Polignac est à Vienne. M. de Saulx est mort.
L’intendant, le chancelier, le surintendant des finances, Lemaire même, le chauffe-cire, ont émigré ! Il reste, auprès de la reine, un seul aumônier, M. de Cambis, qui va bientôt être obligé de s’éloigner, les deux secrétaires des commandements, Augeard et Beaugeard, et Despriès, qui n’a pas abandonné, non plus, ses fonctions de maître d hôtel et de secrétaire de la surintendante.
Mme de Lamballe fait toutes les places, tient la Cour, empêche les départs, relève les défaillances, réunit les fidèles, se voue corps et âme au service de cette reine qu’elle admire maintenant autant qu’elle la chérit, car Marie-Antoinette a un courage égal à son infortune et se montre admirable dans le malheur.
Ce n’est point que la surintendante se plaise aux Tuileries ; il n’y a que la reine qui lui fasse supporter ce séjour. Son sentiment pour elle lui donne la force de s’y soutenir. Venue, « dans ce chien de pays », « pour la reine et pas du tout pour se divertir », on ne la voit guère dans le mondé.
Cependant elle donne quelques dîners, quelques soupers par semaine, et tache de réunir, autour du trône, un petit nombre de serviteurs dévoués qui remplacent « les honneurs » que la Constitution a supprimés. La princesse, en dépit de l’incessant ébranlement du tocsin et des appels aux armes, se trouvait dans un état de santé assez favorable.
En entrant dans le bureau du greffe, Mme de Lamballe, effrayée à l’horrible et terrifiant aspect de cette salle d’audience, s’était évanouie. Ainsi n’eut pas lieu l’interrogatoire souvent publié et, aussi bien, n’est-il resté ni papier, ni note, ni texte authentique de ces jugements de septembre qui, comme l’a fort bien dit M. Lucien Lambeau, s’enregistraient à coups de sabre ; c’était plus simple et surtout moins dangereux pour les conséquences ultérieures.
Quand les juges de ce singulier tribunal rendaient un verdict d’acquittement, celui qui était déclaré innocent recevait l’accolade du président, puis deux hommes armés le conduisaient jusqu’à la porte basse par où Mme de Lamballe était entrée à la Force.
Ils passaient les premiers en criant : « Vive la Nation ! » Alors, les massacreurs, prêts au meurtre, abaissaient leurs armes, le peuple massé là criait : « Bravo ! bravo ! ne frappez pas ! » On battait des mains, on embrassait celui qui venait d’être libéré et qui échappait difficilement à la joie débordante avec laquelle il était accueilli.
Dans le cas contraire, le président ordonnait simplement et il semble bien que ce fût là un mot d’ordre De conduire le prisonnier à l’Abbaye : « A l’Abbaye ! à l’Abbaye ! » répétaient les égorgeurs qui poussaient le coupable dans le fatal guichet. C’était un signal de mort. A peine sorti, le malheureux qui avait pu s’imaginer un instant qu’il allait être transféré dans une autre prison, était massacré, et son corps, dépouillé le plus souvent de ses vêtements, était jeté sur le monceau des cadavres qui, depuis le matin, s’ac- cumulaient au coin de cette sinistre rue des Ballets et de la grande rue Saint-Antoine.
Il était un peu plus de midi quand, dans sa robe blanche, pâle comme son linge, à moitié évanouie dans les bras de deux hommes qui la soutenaient, la princesse de Lamballe parut sur le seuil du guichet de la prison. Aussitôt, et sans qu’elle ait pu proférer une parole, elle fut abattue dans la fange sanglante de la rue.
Alors, une fureur s’empara de la multitude. Les pamphlets infâmes répandus à la Cour contre Marie-Antoinette et toutes celles qui rapprochaient revinrent à la mémoire des mégères qui, depuis le matin, assistaient aux massacres, dans ce sombre boyau de la rue des Ballets.
La Lamballe, c’était l’amie de l’Autrichienne, c’était la « femme immonde » qui était revenue auprès de la reine pour continuer aux Tuileries, avec la « Sapho de Trianon », les « Saturnales de Versailles ».
La pauvre princesse, qui avait tant souffert de son amitié pour Marie-Antoinette, venait d être immolée et allait être souillée à cause de cette amitié. On s’acharne sur le pauvre mystère de son cadavre. « On arrache tout, et robe et chemise, et, nue comme Dieu l’avait faite, on l’expose aux yeux des enfants et des femmes qui se réjouissent de ce hideux spectacle.
Un homme lui tranche la tête, un autre lui ouvre le ventre : « Au Temple ! au Temple î la Lamballe ! » crie-t-on dans la foule. Allons faire baiser a l’Autrichienne Ia tête de sa… Un cortège se forme, mascarade sinistre après ces odieuses profanations. Un tueur, Rotondo sans doute, porte, au bout d’une pique, la tête de la princesse.
Deux individus traînent par les jambes le corps nu sans tête, le dos contre terre et le ventre ouvert jusqu’à la poitrine. Un charbonnier tient avec un bâton un lambeau de chemise trempé de sang et de boue. Un égorgeur étale les entrailles de la victime et un autre, plus horrible, « tenet pilis totam cunni exteriorem partem quam ipse a cadavere exiderat » (M. G. Lenoire a traduit en latin quelques lignes qu’il est impossible de citer telles que Daujon les a écrites.) – ( google traduction les cheveux agrippent toute la partie externe du corps de sa chatte).
Par les rues des Francs-Bourgeois, du Chaume, de la Corderie, ces pauvres dépouilles sont portées au Temple. La foule est prodigieuse dans la rue et pousse des cris tumultueux et prolongés. Les municipaux de garde auprès de la famille royale ont fait doubler les postes de la prison.
L’un d’eux, Daujon, a tendu, devant la porte du Temple, un ruban tricolore qui ne doit pas être franchi. Il se jette au-devant de la funèbre caravane. On l’insulte et on le menace, on lui jette d’horribles imprécations ; les termes les plus obscènes et les plus dégoûtants sont vomis avec des hurlements affreux.
Incertains de ce qu’ils doivent faire, n’osant tenter une résistance impolitique, dangereuse et peut-être injuste, les municipaux s opposent à l’entrée de la Tour, mais permettent que quelques-uns des forcenés pénètrent dans le jardin.
On laisse dans la rue le corps de la princesse, mais on emporte la tête livide et on la hisse sous les fenêtres de la Tour.
Le roi sortait de table. Il faisait une partie de tric-trac avec la reine. Quand les municipaux entrèrent, il leur demanda si sa famille était en sûreté « Oui », lui répond-on. Mais les cris redoublent.
Un homme, vêtu en garde national, avec deux épaulettes et un grand sabre, insiste pour que les prisonniers se mettent aux fenêtres. Les municipaux s’y opposent. On se dispute. La reine interroge :
« C’est, lui dit brutalement l’homme au grand sabre, c est la tête de Mme de Lamballe qu’on veut vous montrer. Je vous conseille de paraître si vous ne voulez pas que le peuple monte ici. »
A ces mots , Marie-Antoinette s’évanouit. Madame Elisabeth et Cléry la relèvent et la placent dans un fauteuil :
« Monsieur, dit le roi, nous nous attendions à tout, mais vous auriez pu vous dispenser d apprendre à la reine ce malheur affreux. »
L’homme sortit avec ses camarades, Leur but était rempli.
Source : La princesse de Lamballe – Raoul Arnaud 1911
Le supplice de la princesse de Lamballe par Gaetano Ferri (1822-1896)
Ci-dessus : Louis XVI et Marie Antoinette dans les jardins des Tuileries en compagnie de la princesse de Lamballe.
Ci-dessous: Peinture anonyme, Marie Antoinette et la princesse de Lamballe.
Portrait de Marie-Adélaïde de Bourbon en 1776, duchesse de Chartres, copie de Rioult d'après un original de Lepeintre.
Il est bon, aussi, d'évoquer la vie de Louise Marie Adelaide de Bourbon, la soeur de Louis Alexandre, tous deux enfants de Louis Jean Marie de Bourbon et de Marie Thérèse Félicité d'Este :
Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon, dite « Mademoiselle d'Ivry » puis « Mademoiselle de Penthièvre », duchesse de Chartres (1769-1785) puis duchesse d'Orléans (1785-1821), est une princesse française membre de la maison de Bourbon née le à Paris à l'Hôtel de Toulouse et morte le au château d'Ivry-sur-Seine.
Louise Marie-Adélaïde est la fille de Louis-Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), duc de Penthièvre branche bâtarde des Bourbons, et de Marie-Thérèse-Félicité d'Este (1726-1754). La jeune fille est un membre d'une branche légitimée de la maison de Bourbon.
Sa mère étant morte en couches, elle est confiée aux bénédictines de l'abbaye royale de Montmartre où elle reste pensionnaire pendant 14 ans. En , la mort de son frère aîné, le prince de Lamballe, en fait la dernière descendante du comte de Toulouse, bâtard légitimé de Louis XIV, et la plus riche héritière de France.
Âgée de 15 ans, elle est présentée à la Cour le de la même année. Pendant qu'elle salue et s'incline devant le roi puis le dauphin, personne n'ignore que la jeune fille est la plus riche héritière du royaume. L'héritage potentiel suscite l'intérêt du duc de Chartres, prince du sang et ancien compagnon de débauche du frère de Mademoiselle de Penthièvre. Au mépris des convenances, il ne craint pas de la demander en mariage. Le duc de Penthièvre accepte cet honneur qui fait de sa fille une princesse de sang. En 1785, la mort de son beau-père l'élève au titre de duchesse d'Orléans.
La Révolution et l'Empire affecteront durement la duchesse d'Orléans. Outre l'exécution du roi et de la reine, sa belle-sœur, la princesse de Lamballe est massacrée par la foule, son fils déserte et émigre, son mari est guillotiné et son neveu, le duc d'Enghien, fusillé. Ses deux fils cadets mourront prématurément des suites de leur incarcération.
Sous la Restauration, elle tentera de reconstituer une partie de cette fortune, ce qui l'amènera à intenter de nombreux procès.
Portrait de Marie-Adélaide de Bourbon avec son époux Louis-Philippe-Joseph d'Orléans
Quand son fils aîné le duc de Chartres suit le général Charles-François Dumouriez dans son aventure personnelle, il devient suspect aux yeux des Montagnards.
Tous les membres de la famille des Bourbons sont alors arrêtés le 07 avril 1793.
La mesure concerne le duc d'Orléans, ses deux autres fils le duc de Montpensier et le comte de Beaujolais et sa sœur Louise-Bathilde.
La Convention décide d'éloigner toute la famille de Paris et opère leur transfert immédiat au fort Saint-Jean à Marseille.
Seule sa fille Marie-Adélaïde bénéficie d'une clémence et est assignée à résidence au château de Bizy.
Accusé, Philippe Égalité est ramené à Paris et envoyé à la Conciergerie le 02 novembre.
Il est jugé par le Tribunal révolutionnaire, présidé par Herman, le 06 novembre 1793
Il n'y a pas de preuves contre lui, mais durant cette période, la simple suspicion suffit.
Malgré la plaidoirie de Voidel, il est condamné à mort et guillotiné le jour même, 06 novembre 1793, avec pour compagnons d'infortune Pierre Coustard de Massi, représentant de la Loire-Inférieure à la Convention et chef de la Garde nationale de Nantes, et trois inconnus
Cette richesse ne laisse pas indifférent Louis-Philippe d'Orléans, duc de Chartres. Fils aîné du duc d'Orléans, âgé de 20 ans, il est chef de la branche cadette de la famille royale. C'est un cousin éloigné de Marie-Adélaïde, issue d'une branche illégitime. Pour lui, ce mariage est une mésalliance. L'union est néanmoins consacrée à Versailles le . L'épouse est dotée par son père des duchés de Châteauvillain, d'Arc-en-Barrois et de Carignan.
Le couple aura six enfants :
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une fille (morte-née le ) ;
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Louis-Philippe (–), duc de Chartres, puis duc d'Orléans et roi des Français sous le nom de Louis-Philippe Ier ;
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Antoine-Philippe (–), duc de Montpensier ;
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Eugène-Adélaïde-Louise (–), dite « Mademoiselle de Chartres » (1777), « Mademoiselle d'Orléans » (1782), puis Mademoiselle (1783-1812) et Madame Adélaïde (1830) ;
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une fille (-), dite « Mademoiselle d'Orléans » ;
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Louis-Charles (–), comte de Beaujolais.
Le mariage s'avère très tôt malheureux. Le duc prend rapidement pour maîtresse la comtesse de Genlis, dame d'honneur de sa femme, qu'il nomme préceptrice de leurs enfants. Pendant vingt ans, Marie-Adélaïde supporte avec naïveté puis résignation les frasques de son mari. Elle souffre également de l'influence de Madame de Genlis sur ses enfants, qui adopteront une attitude révolutionnaire heurtant ses convictions royalistes. Cependant, Marie-Adélaïde aurait été elle-même infidèle au point que la légitimité de son fils Louis-Philippe (futur roi des Français) a été mise en doute par Victor Hugo dans Le roi s'amuse quand il fait dire à Triboulet : « Vos mères aux laquais se sont prostituées : / Vous êtes tous bâtards ». Louis Philippe fera d'ailleurs interdire la pièce en 1832 dès le lendemain de la première
Marie Victoire Lemoine - Portrait of Madame Genlis
Le duc de Chartres et sa famille, 1776, par Édouard Cibot et Charles Lepeintre, châteaux de Versailles et de Trianon.
En , accompagnée de sa fidèle dame d'honneur la marquise de Chastellux, Marie-Adélaïde se retire en Normandie auprès de son père, le duc de Penthièvre, dernier survivant des petits-fils de Louis XIV.
Le lendemain de la fuite manquée de Louis XVI à Varennes, Marie-Adélaïde et son père sont détenus au château d'Eu mais la mesure sera levée au bout de 19 jours. Ils résideront ensuite aux châteaux d'Anet et de Bizy.
Elle se sépare officiellement de son époux le .
Marie-Adélaïde et son père sont épouvantés par la fin atroce de leur belle-sœur et belle-fille, la princesse de Lamballe, victime des massacres de Septembre. Le duc de Penthièvre considérait la princesse comme sa seconde fille et avait proposé la moitié de son immense fortune en échange de sa vie. De plus, le rôle de son gendre Philippe-Égalité dans la condamnation à mort de Louis XVI l'a scandalisé. Il ne se remettra pas de l'exécution du souverain, le . Il meurt deux mois plus tard, respecté de tous pour sa droiture et sa charité.
Après la désertion du général Dumouriez, qui entraîne dans sa fuite le jeune duc de Chartres, tous les Orléans sont arrêtés. Montpensier et Beaujolais sont emprisonnés à Marseille avec leur père. Déclarée suspecte, Marie-Adélaïde est assignée à résidence à Bizy.
Le duc d'Orléans est guillotiné le . Surnommée la « veuve Égalité », Marie-Adélaïde est incarcérée à la prison du Luxembourg. Elle impressionne ses geôliers par sa piété et son courage.
Libérée en 1794 après la chute de Robespierre, elle trouve refuge dans la pension de Jacques Belhomme, où elle rencontre le conventionnel Jacques-Marie Rouzet. En 1796, ses fils Montpensier et Beaujolais sont libérés mais doivent s'expatrier aux États-Unis. Elle ne les reverra plus. Sa fille Adélaïde, naguère réfugiée en Suisse auprès de Mme de Genlis, a trouvé asile en Allemagne auprès de sa grand-tante maternelle, la princesse de Conti.
À Paris, Rouzet est devenu membre du Conseil des Cinq-Cents et Marie-Adélaïde vit dans une certaine aisance
La duchesse d'Orléans par Élisabeth Vigée Le Brun (Musée des Beaux-Arts de Marseille).
Après le coup d'État du 18 fructidor an V (), un décret oblige tous les Bourbons à quitter la France. Marie Adélaïde se réfugie en Espagne avec sa belle-sœur, Bathilde d'Orléans, duchesse de Bourbon. Rouzet l'y retrouve secrètement et tous deux vivent à Sarrià, puis à Figueras où sa fille Adélaïde les rejoindra pour quelque temps.
C'est en exil que Marie Adélaïde apprend le décès prématuré de ses deux fils cadets, morts de maladie.
Le conflit entre la France et l'Espagne oblige Marie Adélaïde et Rouzet à fuir aux Îles Baléares en . Après une séparation de 16 ans, son fils Louis-Philippe vient demander son autorisation d'épouser Marie-Amélie de Bourbon-Siciles. Marie Adélaïde accepte cette union et l'accompagne à Palerme, où le mariage est célébré le . Mais après un séjour commun de deux ans, les relations entre mère et fils sont devenues orageuses. Marie-Adélaïde et Rouzet partent pour Minorque, à Mahon.
Après la chute de l'Empire, Marie-Adélaïde et Rouzet regagnent la France le . Ils ne sont pas inquiétés pendant les Cent-Jours. Cette année-là, Marie-Adélaïde projette de restaurer la sépulture de sa famille, dont les restes ont été abandonnés dans une fosse commune. Elle fait bâtir la partie haute de l'actuelle chapelle royale Saint-Louis du château de Dreux, où son père avait fait déposer les cercueils de ses parents, de sa femme et de ses enfants après avoir dû céder Rambouillet à la reine en 1783. Louis-Philippe agrandira la nécropole en faisant creuser des cryptes.
Rouzet meurt en 1820. En 1821, Marie-Adélaïde succombe à un cancer du sein, après une longue et douloureuse agonie. Elle est inhumée dans la chapelle royale de Dreux.
Elle ne verra pas l'avènement comme roi des Français de son fils Louis-Philippe, en .
Marie-Adélaïde de Bourbon est l'une des premières protectrices de la peintre Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842). Elle fut aussi cliente de la modiste Rose Bertin, qu'elle présente à la reine Marie-Antoinette.
Portrait du roi Louis-Philippe Ier avec les joyaux de la Couronne, peint par Winterhalter (1839).
Louis-Philippe Ier, ou simplement Louis-Philippe, né le à Paris (France) et mort le à Claremont (Royaume-Uni), est le dernier roi à avoir régné en France, entre 1830 et 1848, avec le titre de « roi des Français ». Bien moins traditionaliste que ses prédécesseurs, il incarna un tournant majeur dans la conception et l'image de la royauté en France.
Premier prince du sang sous la Restauration (car descendant de Louis XIII), le prince Louis-Philippe a, au cours de sa vie, porté successivement les titres de duc de Valois (1773-1785), duc de Chartres (1785-1790) et enfin celui de duc d’Orléans (1793-1830) avant d’accéder à la couronne en 1830, son cousin Charles X ayant été renversé par les « Trois Glorieuses », des 27, 28 et .
Dix-huit ans à la tête d’un royaume en profondes mutations sociales, économiques et politiques, Louis-Philippe – par la monarchie de Juillet – a tenté de pacifier une Nation profondément divisée avec les armes de son époque : mise en place d’un régime parlementaire, accession de la bourgeoisie aux affaires manufacturières et financières, permettant un essor économique de première importance en France (révolution industrielle).
La branche cadette des Bourbons, la maison d’Orléans, accède alors au pouvoir. Louis-Philippe n’est pas sacré roi de France mais intronisé roi des Français. Son règne, commencé avec les barricades de la révolution de 1830, s’achève en 1848 par d’autres barricades, qui le chassent pour instaurer la Deuxième République. La monarchie de Juillet, qui a été celle d’un seul roi, marque en France la fin de la royauté. Elle fait suite à la monarchie dite « conservatrice » que constitue la Restauration entre 1814 et 1830. La monarchie de Juillet est dite « libérale », et le monarque doit renoncer à la monarchie absolue de droit divin (absolutisme). L’idéal du nouveau régime est défini par Louis-Philippe répondant à la fin de à l’adresse que lui envoie la ville de Gaillac : « Nous chercherons à nous tenir dans un juste milieu, également éloigné des excès du pouvoir populaire et des abus du pouvoir royal ». Cependant, la chute du régime qu’il a fait naître a pour principales causes d'une part la paupérisation des « classes laborieuses » (paysans et ouvriers) et d'autre part le manque de compréhension de la part des élites de la monarchie de Juillet pour les aspirations de l’ensemble de la société française.
Après une agitation, le roi remplace le ministre François Guizot par Adolphe Thiers, qui propose la répression. Reçu avec hostilité par la troupe stationnée au Carrousel, devant le palais des Tuileries, le roi se résout à abdiquer en faveur de son petit-fils, le comte de Paris, comme nouveau roi sous le nom de Louis-Philippe II, en confiant la régence à sa belle-fille, Hélène de Mecklembourg-Schwerin, mais en vain. La Deuxième République est officiellement proclamée dans la foulée.
Louis-Philippe se voulait être un « roi citoyen » à l'écoute du pays réel, appelé au trône et lié au pays par un contrat dont il voulait tirer sa légitimité. Cependant, il n'a pas répondu au désir d’élargissement du corps électoral, pour les plus conservateurs en baissant le cens, pour les plus progressistes en établissant le suffrage universel.
Le duc de Chartres à Valmy, 1792, Éloi Firmin Féron, 1848, ministère des Armées. Le duc de Chartres (futur roi Louis-Philippe Ier) et son frère le duc de Montpensier rendant compte de la bataille de Valmy au maréchal de Rochambeau, près du moulin de Saint-Sauve le 20 septembre 1792.
Louis-Philippe d'Orléans est né au Palais-Royal à Paris le et il est ondoyé le même jour par André Gautier, docteur en Sorbonne et aumônier du duc d'Orléans, en présence de Jean-Jacques Poupart, curé de l'église Saint-Eustache à Paris et confesseur du roi.
Petit-fils de Louis-Philippe d'Orléans, duc d'Orléans (lui-même petit-fils de Philippe d'Orléans, « Le Régent »), il est le fils de Louis Philippe Joseph d'Orléans, duc de Chartres (1747-1793), (connu plus tard sous le nom de « Philippe Égalité ») et de Louise Marie-Adélaïde de Bourbon, Mademoiselle de Penthièvre (1753-1821). Il est titré duc de Valois de sa naissance à la mort de son grand-père en 1785, puis, son père ayant relevé le titre de duc d'Orléans, duc de Chartres.
Le , Louis-Philippe d'Orléans, est baptisé le même jour que son frère Antoine d'Orléans, dans la chapelle royale du château de Versailles par l'évêque de Metz et grand aumônier de France Louis-Joseph de Montmorency-Laval en présence d'Aphrodise Jacob, curé de l'église Notre-Dame de Versailles : son parrain est le roi Louis XVI et sa marraine est la reine Marie-Antoinette.
Son éducation est dans un premier temps confiée à la marquise de Rochambeau, nommée gouvernante et à Madame Desroys, sous-gouvernante. À l'âge de cinq ans, le jeune duc de Valois passe entre les mains du Chevalier de Bonnard nommé sous-gouverneur en . À la suite des intrigues de la comtesse de Genlis, proche du duc et de la duchesse de Chartres, Bonnard est congédié au début de l'année 1782, alors que la comtesse de Genlis est nommée Gouvernante des enfants royaux. Cette dernière, adepte d’une pédagogie rousseauiste et moralisatrice, subjugue Louis-Philippe qui confie dans ses Mémoires qu'en dépit de sa sévérité, il a été adolescent quasiment amoureux d’elle.
Comme son père le duc d'Orléans, Louis-Philippe, devenu duc de Chartres en 1785, est un partisan de la Révolution française. Sous l'influence de sa gouvernante, Madame de Genlis, il entre au club des jacobins et soutient notamment la formation de la Constitution civile du clergé.
Entamant une carrière militaire, le duc de Chartres prend le commandement le , du 14e régiment de dragons avec le grade de colonel. Il est promu maréchal de camp le , puis il participe à la tête de la 4e brigade en tant que lieutenant général aux batailles de Valmy, Jemappes où il joue un rôle non négligeable en évitant la retraite du centre lors du premier assaut, et Neerwinden (son titre de lieutenant-général au service des armées républicaines lui vaut d'ailleurs son inscription sur l’arc de triomphe de l'Étoile). Neerwinden a cependant été une défaite malgré le talent de stratège du duc de Chartres, dont la cause proviendrait de mesures néfastes décrétées par la Convention qui ont provoqué une désorganisation et une insubordination de l'armée. À la suite de la bataille de Valmy, il est dépêché à Paris pour porter la nouvelle de la victoire. Arrivé le 22 ou 23 septembre, il y est informé de sa nomination comme gouverneur de Strasbourg. Il obtient de Danton, ministre de la Justice et alors de facto premier personnage du régime, son maintien dans l'armée active, que lui avait refusé le ministre de la Guerre Servan, et passe sous le commandement du général Dumouriez. Le doute sur la République s'installe pour lui-même et son chef le général Dumouriez ; ils pensent à installer une monarchie constitutionnelle.
Durant les batailles de Valmy, il tente de persuader son père de ne pas participer au procès de Louis XVI. Philippe Égalité vote cependant la mort du roi. La responsabilité du régicide de son père lui reste pourtant imputée : il a, par la suite, été regardé avec hostilité par les émigrés royalistes.
En , il rejoint la Belgique à la suite de son chef, le général Dumouriez, après une tentative de putsch contre la Convention qui les mène à se ranger du côté des Autrichiens.
Portrait de Louis-Philippe d'Orléans, alors colonel-général des Hussards, pendant la Restauration.
Il est proscrit par le gouvernement révolutionnaire, accusé de collusion avec le « traître » Dumouriez. Pendant la Terreur, son père est jugé et exécuté le . Il passe en Suisse où il exerce le métier de professeur au collège de Reichenau dans les Grisons sous le nom de Chabaud-Latour mais sa fausse identité est démasquée, l'obligeant encore à émigrer. Les années suivantes, toujours sous un nom d'emprunt, il visite les pays scandinaves, part pour une expédition en Laponie qui le conduit jusqu'au cap Nord. « Premier Français à gagner le cap Nord, il en garde fierté et envoie en 1838, une frégate porter sur les lieux son buste en bronze ».
En 1796, le Directoire consent à la libération des deux jeunes frères de Louis-Philippe à la condition que celui-ci s'embarque aux États-Unis avec eux. Ils s'installent à Philadelphie, puis effectuent un périple « authentiquement aventureux » de quatre mois au nord-est du pays. Entre le printemps 1798 et l'automne 1799, ils séjournent à La Havane avant d'en être chassés par le gouvernement espagnol, désireux de se rapprocher du Directoire. L’arrivée au pouvoir de Bonaparte ne met pas fin à son exil durant l’Empire, et Louis-Philippe et ses frères s'installent en Angleterre en .
En 1809, Louis-Philippe met fin à de vagues projets de mariage avec la fille du roi George III, Élisabeth de Hanovre, qui rencontrent de nombreuses difficultés. Il se réfugie en Sicile et épouse Amélie de Bourbon (1782-1866), princesse des Deux-Siciles et fille du roi Ferdinand Ier des Deux-Siciles (elle est la nièce de Marie-Antoinette, sœur de sa mère et donc cousine de Louis XVII et de Madame Royale). Le couple s'installe alors à Palerme, au palais d'Orléans, et ils ont dix enfants.
Par deux fois en 1808 et 1810, Louis-Philippe tente de prendre les armes en Espagne contre les armées napoléoniennes mais voit ses projets contrariés par le refus du gouvernement britannique.
Après l’abdication de Napoléon Bonaparte en 1814, Louis-Philippe rentre vivre en France, où il reçoit le titre de duc d’Orléans que portait son père, et se voit restituer le Palais-Royal.
Sous la Restauration, les règnes de Louis XVIII et de Charles X, la popularité de Louis-Philippe grandit. Il incarne une opposition mesurée à la politique des ultras du royalisme et ne rejette pas l'intégralité de la Révolution française. Opposition qui s'illustre notamment par sa réprobation de la Terreur blanche et son exil volontaire en Angleterre entre 1815 et 1817. Il est nommé par le roi colonel général des hussards.
Louis-Philippe prend garde à se conduire modestement et bourgeoisement, envoyant ses fils au lycée Henri-IV. Néanmoins, cette « comédie des manières simples » ne correspond qu’imparfaitement au caractère de Louis-Philippe, qui possède l'« orgueil de sa race » et est entiché de sa naissance. Au lendemain de la mort de Louis XVIII, il obtient ainsi le rang d'altesse royale accordé par Charles X.
Le 20 mai 1814, Louis XVIII rend à Louis-Philippe par ordonnance les biens qui n'ont pas été vendus ou confisqués durant la période révolutionnaire. Le père de Louis-Philippe a laissé à sa mort de nombreuses créances. Excellent dans la défense de ses droits, Louis-Philippe fait dresser des inventaires pour accepter les successions et ne paie que les dettes dont la validité a été reconnue. Des biens sans titres lui sont aussi attribués. Il réalise ceci par l'intermédiaire de la justice et à l'aide de son avocat Dupin. Le décès de sa mère en 1821 et de sa tante la duchesse de Bourbon en 1822 accroît aussi sa fortune. Plus tard, grâce au nouveau roi Charles X, il est le plus grand des indemnisés de la loi du milliard aux émigrés de 1825. Il agrandit, lors du règne du nouveau roi, sa résidence de Neuilly. Il s'impose, ainsi, comme un grand négociateur faisant fructifier son patrimoine.
Dans les années 1820, il commande au peintre Horace Vernet des tableaux représentant les batailles des guerres de la révolution ou des guerres napoléoniennes, auxquelles il a lui-même participé, comme à Valmy. Ces toiles sont aujourd'hui conservées à la National Gallery à Londres.
Louis Philippe d'Orléans en uniforme de colonel des hussards, portant le cordon et la plaque de l'ordre du Saint-Esprit.
La Bataille de Hanau (1824). Horace Vernet
La Bataille de Valmy (1826). Horace Vernet.
Le Duc d'Orléans quitte le Palais-Royal pour se rendre à l'Hôtel de Ville, 31 juillet 1830 Horace Vernet, 1832 Château de Versailles
Lecture à l'hôtel de ville de Paris de la déclaration des députés et de la proclamation du duc d'Orléans, lieutenant général du royaume (31 juillet 1830), François Gérard (1770–1837), 1836, Musée de l'Histoire de France (Versailles
Lecture à l'hôtel de ville de Paris de la déclaration des députés et de la proclamation du duc d'Orléans, lieutenant général du royaume (31 juillet 1830), François Gérard (1770–1837), 1836, Musée de l'Histoire de France (Versailles
Louis-Philippe caricaturé en Gargantua (1831) en forme de poire par Honoré Daumier qui accentue sa bedaine et ses rouflaquettes, et qui le profilera aussi en rat ou perroquet.
Voyageant dans une voiture banale sous le nom de « Mr. Smith », le roi déchu embarque le au Havre sur un paquebot en direction de l'Angleterre où il s'installe avec sa famille au château de Claremont (Surrey) mis à disposition par la reine Victoria.
Louis-Philippe s'éteint le à l'âge de 76 ans dans son lieu d'exil. Il est inhumé dans la chapelle Saint-Charles Borromée à Weybridge. En 1876, son corps ainsi que celui de sa femme la reine Marie-Amélie, morte le , sont ramenés à la chapelle royale Saint-Louis, nécropole familiale que sa mère a fait construire en 1816 à Dreux, et qu'il a lui-même fait agrandir pendant son règne.
Épouse
1809 : Marie-Amélie de Bourbon-Siciles, princesse des Deux-Siciles (1782-1866), fille du roi Ferdinand Ier des Deux-Siciles et de l'archiduchesse Marie-Caroline d'Autriche.
Enfants
Avec son épouse, il a dix enfants, dont deux n’atteindront pas l’âge adulte :
Nom |
Portrait | Naissance | Mort | Notes |
---|---|---|---|---|
Ferdinand-Philippe | ![]() |
Prince royal et duc d'Orléans, épouse Hélène de Mecklembourg-Schwerin, dont postérité. | ||
Louise | ![]() |
Première reine des Belges, épouse Léopold Ier de Belgique, dont postérité. | ||
Marie | ![]() |
Épouse Alexandre de Wurtemberg, dont postérité. | ||
Louis | ![]() |
Duc de Nemours, épouse Victoire de Saxe-Cobourg-Gotha, dont postérité. | ||
Françoise | ![]() |
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Clémentine | ![]() |
Épouse Auguste de Saxe-Cobourg, dont postérité. | ||
François | ![]() |
Prince de Joinville, épouse Françoise du Brésil, dont postérité. | ||
Charles | ![]() |
Duc de Penthièvre. | ||
Henri | ![]() |
Duc d’Aumale, épouse Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, dont deux fils morts avant lui. | ||
Antoine | ![]() |
Duc de Montpensier, épouse Louise-Ferdinande de Bourbon, dont postérité. |