17 juin 2024
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C'est par ses aïeux Jean Hersart et Marie Pétronille du Dresnay puis Francois Hersart marié à Jeanne de Chateaubriand et la généalogie des Chateaubriand que nous arrivons à ce cousinage...
Théodore Hersart, vicomte de La Villemarqué ( à Quimperlé - à Quimperlé), est un philologue français spécialiste de la culture bretonne. Il est notamment connu comme auteur du Barzaz Breiz, recueil de chants populaires bretons.
Né dans une famille légitimiste, La Villemarqué voit le jour dans l'hôtel particulier de ses parents, à Quimperlé. Ceux-ci possèdent également le manoir du Plessis, situé dans la paroisse de Nizon, aux alentours de Pont-Aven, où il passe une grande partie de son enfance. Son père, le comte Pierre-Michel-François-Marie-Toussaint Hersart de La Villemarqué (1775-1843), est député du Finistère de 1815 à 1827 et maire de Nizon. Ultraroyaliste dans la Chambre introuvable, il se rallie ensuite à la politique ministérielle. Marié à Hennebont le à Marie-Ursule-Claude-Henriette Feydeau de Vaugien (1776-1847), dame du Plessis-Nizon, il a eu avec elle huit enfants : Pauline-Henriette-Marie-Thérèse, née en 1799 ; Sidonie-Aline-Constance, née en 1801 ; Camille-Marie-Charlotte, née en 1803 ; Ermine-Renée-Sainte, née en 1805 ; Hortense-Claire-Armande, née en 1808 ; Justine-Thérèse-Marie, née le ; Cyprien-Pierre-Hipolite, né le ; et enfin Théodore-Claude-Henry né le .

Avec d'autres, qu'il s'agisse d'Aymard de Blois de la Calande (1760-1852), de Barbe-Émilie de Saint-Prix (1789-1869) ou du comte de Kergariou (1779-1849), la mère de La Villemarqué collecte des textes de la littérature orale bretonne.
Étudiant au collège jésuite de Sainte-Anne d'Auray dès l'âge de dix ans puis aux petits séminaires de Guérande (à partir de 1827) et de Nantes (à partir de 1830), il se présente à l'examen du baccalauréat devant la faculté des lettres de Rennes et obtient son diplôme le . En 1834, il se rend à Paris, pour entrer à la faculté de droit. Toutefois, ayant lu The Myrvyrian Archaiology of Wales d'Edward Williams, il se tourne vers les études médiévales et bretonnes, thèmes qui font l'objet d'études à Paris et suscitent un grand intérêt parmi les chercheurs romantiques, comme Jean-François-Marie Le Gonidec. Abandonnant le droit, il suit les cours de l'École des chartes, d'abord en auditeur libre, avant de s'inscrire en 1836. Dès cette année, de même, il commence la préparation du Barzaz Breiz. Dans ce cadre, il prend des cours de breton, langue dont il n'a alors qu'une connaissance imparfaite, auprès de l'abbé Jean-Guillaume Henry (1803-1880), futur relecteur et « correcteur » du recueil, et à ce titre appelé « l'éminence grise de La Villemarqué ».
Pendant ses vacances au manoir, il collecte à son tour des chants en breton qu'il transcrit avec leur musique sur des carnets de collecte. Conservés par la famille, trois cahiers ont été remis en 1964 par son arrière-petit-fils, le général de La Villemarqué, au chercheur Donatien Laurent. Le premier de ces carnets contient des chants notés surtout à Nizon.
Invité par Lady Augusta Hall et la Cymdeithas Cymreigyddion y Fenny (société des galloisants d’Abergavenny), La Villemarqué prend la tête d'une délégation bretonne composée de Carné, Mauduit, Francheville, Boisrouvray et Marallac'h, ils partent en pour le Pays de Galles, pour y « étudier à leur source et comparer entre eux l'idiome et les monuments d'origine celtique ». Le , il est reçu à Abergavenny comme barde — sous le nom de « Barz Nizon » (le barde de Nizon) — au sein du collège néodruidique gallois, la « Gorsedd des Druides, Bardes et Ovates de Grande-Bretagne ». Avec les Gallois, il jette les bases du Congrès celtique international. À son retour en France, il fonde (en 1843 ou en 1857) une « Fraternité des Bardes de Bretagne » (Breuriez Breiz) approuvée par l’archidruide de Galles, mais n'aboutit pas à la création d'une Gorsedd, et l’association disparaît après la mort de La Villemarqué, en 1895.
En , La Villemarqué avait proposé à Salvandy, ministre de l'Instruction publique, de publier un recueil de Chants populaires de la Bretagne-Armorique, afin de contribuer à l'histoire de France. Transmise au Comité des travaux historiques, sa demande avait été rejetée en .
De retour à Paris, il publie à ses frais en août 1839 le Barzaz Breiz, chants populaires de la Bretagne qui lui donne à 24 ans un certain succès mondain et littéraire. Il parvient à retrouver des marins qui chantaient encore la chanson qui vantait les mérites de Jean-Baptiste Le Mancq, pilote de la frégate la Surveillante (1778) et de son capitaine le chevalier Charles Louis du Couëdic. À la même époque, en effet, Gérard de Nerval essaie de retrouver les chants populaires du Valois, George Sand ceux du Berry. Cette dernière exprime d'ailleurs son admiration pour « les diamants du Barzaz Breiz », lors de la parution de la seconde édition en 1845, et invente à ce propos le concept de littérature orale. Les mélodies, qu'il a également collectées, sont rassemblées en fin de recueil. Une deuxième édition augmentée paraît en 1845. Les textes édités sont rédigés dans un breton exempt de mots français et précédés d'une notice où perce, de l'avis de plusieurs chercheurs, une vision légitimiste, aristocratique et/ou nationaliste de la Bretagne. Yves Le Berre, de son côté, juge que l'appropriation du Barzaz Breiz par les nationalistes bretons au XXe siècle est un contresens et que La Villemarqué défend, en fait, le rôle social et politique de l'aristocratie terrienne et de la religion catholique dans la France bourgeoise du XIXe siècle. À l'opposé d'un Olier Mordrel, il considère qu'il n'a jamais été séparatiste. Quant à sa candidature aux élections de 1849 dans le Finistère sous l'étiquette républicaine, signalée par Louis Ogès, alors qu'il était lié aux légitimistes, Louis Le Guillou la considère comme « une incursion [...] chez les démocrates ». Dans sa profession de foi du , il affirme :
« J'ai accepté, avec les représentants de la nation, la République démocratique modérée, et je veux lui donner mon concours loyal et sincère.
Je veux le maintien de la Constitution solennellement proclamée par l'Assemblée nationale. »
Grandement nourri du romantisme européen, son travail correspond au modèle d'édition d'une littérature populaire vivante, rassemblée et stylisée, établi par les frères Grimm, qu'on retrouve également chez le serbe Karadžić ou le Finnois Lönnrot.
Même si ce n'est pas un succès de librairie avec seulement 500 exemplaires pour l'édition de 1839, 2 000 exemplaires pour celle de 1845, 2 500 exemplaires pour celle de 1867, le Barzaz Breiz connaît un succès immédiat, parmi les lettrés de la capitale, pour deux raisons : la beauté poétique de l'édition de La Villemarqué et l'attente idéologique, parmi les Bretons, de textes prouvant leur identité historique. Dans ce contexte, l'accueil eût été favorable dans certains milieux, même s'il s'était agi d'une supercherie similaire à celle d'Ossian. Destinés à un public de lettrés, et non à des « bretonnants » du peuple, ses écrits ont un écho tout à fait réduit parmi la population bretonnante, mais ils ont une influence considérable sur le monde des lettrés bretonnants et hors de Bretagne. Yves Le Berre signale qu'en 1850, les paysans bretons ne lisent pas le Barzaz-Breiz, parmi les textes en breton, mais la Vie des Saints, les chansons sur feuilles volantes, tandis que leurs femmes et leurs filles lisent les Heures et les Mois de Marie, leurs enfants le catéchisme.
La Villemarqué appartient à un mouvement littéraire et culturel regroupant, dans les années 1840, « de jeunes aristocrates et bourgeois d'origine bretonne » qui vivent la plupart du temps à Paris qui s'intéressent à la Bretagne et « une partie du clergé de Basse-Bretagne, sous la houlette de Mgr Graveran, évêque de Quimper et de Léon depuis 1840 ». Animés par des « intérêts plus culturels pour les uns (l'histoire, la poésie, la langue...), plus politiques ou idéologiques pour les autres (notamment par la vision de la langue bretonne comme un cordon sanitaire, un rempart empêchant les idées nouvelles d'entrer en Basse-Bretagne) », ils se vivent comme la « "renaissance" d'une sorte d'école littéraire et philologique dont le grammairien et lexicologue Le Gonidec est l'"âme" ». Ce groupe incarne, pour La Villemarqué, « l'esprit des temps nouveaux ».
Il soutient les travaux linguistiques de Jean-François Le Gonidec, Tad ar brezhoneg pour les uns, « père de la tradition normative en Bretagne » pour les autres, auteur d'une Grammaire celto-bretonne (1807) qui est la première à décrire le phénomène des mutations et à traiter du genre des noms, qui a également publié un Dictionnaire celto-breton en 1821.
La Villemarqué publie en 1850, une nouvelle édition du Dictionnaire français-breton de le Gonidec, augmenté et précédé d'un Essai sur l'avenir de la langue bretonne. Dans ce texte, il se fait, comme Le Gonidec avant sa mort en 1836, le promoteur d'une orthographe simplifiée et d'une grammaire normative destinées à fixer et unifier le breton, dispersé dans les variétés dialectales. Le breton abandonne les conventions françaises (désormais, le breton écrit « k » quand, en français, le même son s'écrit « c, q, cq, k, ck » par exemple), la langue est débarrassée, selon Hervé Abalain, de ses « emprunts inutiles au français ». Cette orthographe et les traductions en breton de Le Gonidec, notamment la Bible, provoquent des querelles parmi leurs contemporains, notamment dans le clergé, « entre autres raisons parce qu'elles ne tiennent pas compte de la diversité dialectale du breton parlé » d'après certains. C'est cette orthographe qui sera en partie adoptée par François-Marie Luzel dans le Mystère de Sainte-Tryphine (avec l'utilisation systématique de « k »), alors qu'il semble s'y opposer dans les Soniou.
Le , il épouse à Paris Sébastienne-Marie-Anne-Clémence Tarbé des Sablons (née en 1827 à Pau, morte le ), fille d'Adolphe-Pierre Tarbé des Sablons, conseiller à la cour de cassation né à Melun le , mort le , et de Marie-Fécilité Chauvet. Ensemble, ils ont quatre enfants : Marie-Thérèse-Perrine-Joséphine, née dans le 11e arrondissement de Paris le ; Ursule-Marie-Charlotte, né à Paris le ; Geoffroy, né à Paris le ; Pierre-Marie-Joseph, futur biographe de son père, né à Quimperlé le .
En 1855, il prend la présidence de la Nouvelle Association bretonne, fondée en 1843 dans des buts agricole, historique et archéologique, et la conserve jusqu'à sa dissolution, en 1859.
Cumulant les honneurs, il reçoit la Légion d'honneur le , avant d'être élu, le , membre libre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Considéré comme un des savants européens les plus éminents en matière de traditions populaires, il correspond avec ses pairs, parmi lesquels les frères Grimm.
La « querelle du Barzaz Breiz »
