24 juin 2025
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Les sœurs Goadec, femmes issues du monde paysan, représentent le symbole de la réappropriation par les Bretons de leur langue et de leur culture. Originaires de Treffrin, Maryvonne (1900-1983), Anastasie (1913-1998) et Eugénie Goadec (1909-2003) ont accompagné le renouveau des festoù-noz relancés par Loeiz Ropars, Albert Trévidic et quelques autres militants culturels bretons dans les années 50.
À l’instar des Frères Morvan, les Sœurs Goadec restent et resteront la référence du chant populaire breton et du kan ha diskan (« chant contre-chant »). C'est dans les années 1970, dans le sillage de l'artiste Alan Stivell, que le public découvre ces trois paysannes de Treffrin, à deux pas de Carhaix, chantant en langue bretonne et en coiffe, avec un timbre venu d'ailleurs. On trouvait en elles une authenticité incontestable et un talent évident. Pour tous, ce fut le choc de la réalité d'une culture populaire au sens le plus simple, c'est-à-dire créée par des gens du peuple pour eux-mêmes.
« À travers elles, la Ville de Carhaix a tenu à rendre hommage à toutes les femmes du centre-Bretagne, à la langue bretonne et au chant populaire breton », souligne Christian Troadec, Maire de Carhaix.
Animant de nombreux festoù-noz, elles ont permis à un large public de découvrir leur chant hérité d’une longue tradition familiale du Centre-Bretagne.
Le trio s’était tu en 1983 avec le décès de l’aînée, Maryvonne.
En 1994, Eugénie avait accepté de remonter sur scène à l’occasion de son 85e anniversaire, poussée par sa fille Louise Ebrel, elle aussi chanteuse réputée.
Inaugurée le 12 juillet 2014
Pour la réalisation de cette œuvre figurative en bronze d’environ 2m de hauteur, il a été choisi de faire appel à l’artiste Annick Leroy, sculptrice basée à Rennes. L’artiste a tenu à représenter les Sœurs sur scène : « La joie d’être sur scène, le plaisir de chanter et de faire danser le public… Anastasie échange un coup d’œil malicieux avec Eugénie qui sourit en chantant, toutes deux articulent la même syllabe du diskan. Maryvonne, comme toujours, laisse éclater son sourire tout en lançant le chant. Son regard est intense. On sent des femmes de caractère. C’est un bonheur de les regarder. »
Les statues des Soeurs Goadec sont arrivées le mercredi 11 juin 2014, dans la matinée, dans le haut de la place du Champ de Foire à Carhaix. Les statues ont été acheminées depuis la fonderie Barthélémy Art, située à Crest dans la Drôme. Chacune des statues en bronze pèse environ 350 kg. Leur installation, par un maniement précautionneux, a duré toute la journée. Des centaines de personnes ont pris part à l’inauguration de cette œuvre, dont de nombreux artistes bretons, les Frères Morvan en tête, animant un mini fest-noz improvisé aux pieds de la statue des Soeurs.
Grâce à un ingénieux système audio, cet hommage à Eugénie, Tanon (Maryvonne) et Tasie (Anastasie), de gauche à droite, permet également d'écouter, toutes les heures sonnantes, leur chant pendant 15 minutes. Tendez l'oreille et entrez dans la danse...
Il est, dans la généalogie de nos enfants un couple d'aïeux :
Pierre LE DELIVRE né vers 1637 à Maël Carhaix (22) et décédé à Poullaouen (29) le 23 avril 1677 marié à Marie Caro et, nous ne savons rien sur l'épouse mais, nous ne pourrons pas aller plus loin dans la généalogie de ces deux personnages.
Par contre, avec le hasard et de la chance, nous découvrons que dans la descendance de ce couple figurent :
Janick PECHEU, mon épouse et, surprise, également Vincent FRELAUT mon oncle qui était le marie de Andrée FLEURIDAS, une sœur de ma mère Germaine...
Voilà pour les premiers cousinages mais, ce n'est pas tout... Dans la descendance de ce couple, nous allons aussi faire la connaissance de la famille GOADEC !: Jean Louis GOADEC et Victorine CLAUDE et leurs enfants...
Moi et Janick en 1968. Mon oncle Vincent Frélaut lors du mariage de ma soeur Chantal en 1964.
Les Sœurs Goadec (en breton : Ar C'hoarezed Goadeg) sont un trio de chanteuses bretonnes originaires de Treffrin (Côtes-d'Armor).
Trois sœurs constituent le trio : Maryvonne (1900-1983), Eugénie (1909-2003) et Anastasie Goadec (1913-1998). Elles commencent à animer des festoù-noz en 1956, parmi les couples de sonneurs et les chanteurs. Accompagnées jusqu'en 1964 de leurs deux autres sœurs, Louise (1903-1964) et Ernestine (1911-1964), leur répertoire est principalement constitué de gwerzioù, chants en breton à écouter. En trio, elles intègrent le chant à danser à leur répertoire musical et développent une nouvelle technique de kan ha diskan.
La vague « pop celtic » et l'engouement pour la musique folk les propulsent en 1972 et 1973 sur le devant de la scène, à la suite d’Alan Stivell, un de leurs grands admirateurs. Les trois sœurs ont beaucoup apporté à la culture bretonne et à sa pérennisation.
Nées au début du XXe siècle vers Carhaix (le Poher en Centre-Bretagne), les trois sœurs Goadec sont initiées dès leur plus jeune âge à l'art du chant traditionnel breton : gwerz, kan ha diskan… Né à Nantes puis sacristain à Treffrin, leur père Jean-Louis Goadec ne connaissait pas le répertoire des paysans mais devient un chanteur réputé et transmet naturellement sa passion à ses treize enfants. Leur mère Victorine Claude et leur tante sont couturières et chantent à la maison, dans l'église ou au travail. Elles ont deux autres sœurs et huit frères, dont un de leurs frères, très bon chanteur, est tué lors de la guerre de 14-18. Plus tard, le travail, les mariages et les contraintes familiales les séparent en tant que famille chantante.
Une carrière de chanteuses traditionnelles dans les festoù-noz
En 1956, les festoù-noz (fêtes de nuit) modernisés « réapparaissent » et reprennent de l'ampleur. Les futures « soeurs Goadec » (sous le nom de leurs conjoints : Maryvonne L'Hôpital, Eugénie Ebrel et Anastasie Le Bras) animent alors, avec leurs sœurs Ernestine (Ernestine Gouesnou dite Tine) et Louise (Louise Le Bournot) les festoù-noz de la région du Centre-Bretagne. La première de ces soirées a lieu en à Châteauneuf-du-Faou où vit Louise . Dès 1958, elles accompagnent également dans ses déplacements le cercle celtique Ahès de Carhaix, cela à la demande d’Albert Trévidic, premier président de ce cercle. Par ailleurs, elles participent à plusieurs concours de chant mis en place lors du renouveau du fest-noz ; au concours organisé à Gourin par Loeiz Ropars le , elles remportent un prix pour leur interprétation de Gousperoù ar raned.
Le chant à écouter est leur domaine, à la base, mais il est fréquemment sollicité par les organisateurs en Haute Cornouaille afin de ménager une pause pour le public dans la soirée de danse. Cela fait qu'elles partagent l’affiche des festoù-noz avec des chanteurs à danser et des sonneurs pendant toute la décennie 1960. Mais en 1964, Louise et Ernestine meurent. Les trois sœurs restantes forment un trio, les Soeurs Goadec, et animent de nouvelles nuits dansantes. Leur renommée, tout comme celle des Frères Morvan, est telle qu'elles se rendent presque chaque week-end à une fête de nuit. Chanteuses de mélodies et de gwerz à l'origine, elles s'essaient avec succès au chant à danser, créant dans une version personnelle du Kan ha diskan, à trois voix.
Un statut de “vedettes” sur scène parmi les groupes électrifiés
Chanteuses traditionnelles, elles sont remises à l'honneur au moment du revival breton (fin des années 1960 et début des années 1970), notamment par Alan Stivell, qui s'inspire de leur répertoire pour le bagad Bleimor. Une complicité naît entre eux. Il les accompagne plusieurs fois sur scène. Comme le souligne Jacques Vassal dans son ouvrage sur la chanson bretonne, « elles représentent un exemple-type, rarissime dans l'Hexagone, d'artistes de la tradition rurale, “redécouvertes” à l'occasion d'un mouvement de “revival” urbain ».
Lorsque l'engouement pour la musique bretonne pointe, au tout début des années 1970, les sœurs Goadec ont déjà une bonne expérience de la scène. Elles se produisent en à La Mutualité à Paris, en compagnie de Glenmor, des Leprechauns et du Bagad Bleimor. En 1972 et 1973, elles sont invitées à se produire au Festival de Kertalg à Moëlan-sur-Mer, où sont présents plusieurs groupes des années 1960, comme Les Leprechauns, Happy Traum, Alan Stivell, entre autres ; les deux concerts donnent lieu à des enregistrements. Lors de la deuxième édition, elles interprètent Elysa – dérivée de la chanson de Jean-Pierre Le Scour Plac'hig Eusa (La Fille de Ouessant) –, accompagnées par Alan Stivell à la harpe.
Cette même année, elles chantent à Bobino, mythique « temple du music-hall » de Paris Montparnasse, pour un récital exceptionnel, bénéficiant d'un enregistrement reflétant l'ambiance apportée par les danseurs qui remplissent les allées. Elles se produisent trois soirs de suite dans une salle plus habituée à recevoir Georges Brassens mais le succès est au rendez-vous, malgré le scepticisme de certains. Pour René Abjean, dans un article paru dans la revue Autrement en 1979, cette mise en spectacle du fest-noz touche à l'absurde et en faisant venir à Paris « les trois vieilles paysannes de Carhaix [...] le folk est redevenu folklore ». Pour Yann Le Meur, « cette extravagance offrit à la Bretagne l'occasion de montrer combien elle était étrangère à la normalité esthétique, et de quelle façon elle pouvait se démarquer de l'uniformité culturelle qu'imposait ce vingtième siècle totalitaire ».
Un patrimoine culturel en héritage familial
Leur popularité n'a pas affecté leur vie quotidienne, refusant le statut de « vedettes ». Elles poursuivent leur carrière et animent une quantité de festoù-noz jusqu'à l'arrêt du trio en 1983, à la mort de Maryvonne, l'aînée des trois sœurs. Thasie décède à son tour en 1998. Les chanteuses laissent derrière elles une discographie très importante à l'époque pour des chanteurs traditionnels : trois 33 tours enregistrés dans la collection Mouez Breiz en 1967 et 1972, un 33 tours enregistré lors de leur passage à Bobino en 1973, un autre édité par Keltia III (label de Alan Stivell) en 1975 et un disque 45 tours édité chez Barclay en 1975, sans compter de nombreuses présences sur des albums collectifs ou des compilations ainsi que les nombreuses archives sonores rassemblées par les collecteurs.
Eugénie rechante sur scène au CLC du Guilvinec lors de son quatre-vingt-cinquième anniversaire en trio avec sa fille Louise EBREL à l'initiative de la cérémonie et Denez Prigent un grand admirateur des sœurs Goadec (c'est notamment Eugènie Goadec qui, lors d'une visite chez elle à Carhaix, lui transmet oralement la célèbre Gwerz E ti Eliz Iza qu'il chantera par la suite dans de nombreux concerts à travers le monde).
La chanteuse ré-enregistre un disque en compagnie de sa fille Louise EBREL en 1994 (Gwerzioù). En , Eugénie et Louise participent aux vingt-cinq ans de scène de Yann-Fañch Kemener. Le , Eugénie Goadec décède à son tour, à l'âge de 93 ans, laissant son trio familial entrer définitivement dans la légende. Denez Prigent composera la même année en leur hommage un kan-ha-diskan ayant pour titre Gavotenn an Aeled (La gavotte des anges) qu’interprétera par la suite Louise Ebrel sur son dernier album Tre Tavrin ha Sant Voran.
Répertoire et caractéristiques musicales
Les sœurs Goadec interprètent des gwerzioù, des complaintes qui évoquent des faits historiques le plus souvent tragiques ou tristes et parfois mythologiques. Parmi les plus célèbres de leur répertoire, il y a Gousperou ar raned (Les vêpres des grenouilles), E Ti Eliz Iza (La maison d'Eliz Iza), Ar sorserez, Ar gornadonez, Janedig ar Rouz... Certains de leurs chants seront repris et largement diffusés par divers artistes ou bagadoù, comme E ti Eliz Iza et Deus ganin-me plac’h yaouank.
Le chercheur Donatien Laurent remarque qu'au fil des années, leur répertoire s'étoffe : « Chants enfantins, chants à danser, chants satiriques et lyriques, chants dialogués, gwerzioù de tous âges ». Il les a lui-même enregistré chantant des chants de circonstance comme Igenane et Boked eured. Elles pratiquent également le chant à danser, rythmé pour les danses, en animant à cappella des festoù-noz avec la technique du kan-ha-diskan, chant tuilé pour lequel la fin de phrase est reprise par un ou plusieurs autres chanteurs.
Le spécialiste René Abjean met en avant les particularités qui constituent leur façon de chanter : « Lorsqu'on entend des chanteuses comme les sœurs Goadec de Carhaix, on peut se demander en tout bonne foi si elles chantent juste. On aura en effet tendance à juger comme juste ce qui est conforme à une musique répandue chaque jour et chaque nuit à force de haut-parleurs, radios, transistors et autres. Mais quand le défaut de gamme tempérée tombe toujours au même endroit de la même façon, il est permis de douter... et de rêver par quel miracle certaines oreilles pourtant sensibles ont pu jusqu'à ce jour être préservées de la règle uniformisante ». Et le physicien acousticien Emile Leipp explique : « Ces musiques ne sont évidemment ni meilleurs ni moins bonnes que la musique occidentale. Elles sont autre chose et exploitent d'autres échelles, tout simplement »
Une nouvelle statue, celle des soeurs GOADEC a été inaugurée sur le site du Krommlec’h à Menez Boss, à Saint-Ségal (29), ce dimanche 22 juin 2025. Depuis 2023, la commune accueille le Krommlec’h, un projet artistique et culturel unique en Bretagne, visant à honorer les figures marquantes de la culture bretonne à travers des statues en granit. Chaque sculpture, d’environ 3 m de hauteur, représente un personnage ayant contribué de manière significative à la richesse culturelle de la Bretagne.
3 Statues sont déjà érigées sur le site :
- Angela DUVAL (1905-1981), fille unique d'une famille de cultivateurs, célibataire, qui a repris ,seule ,la ferme de ses parents. C'était une paysanne pauvre et simple qui écrit ses poèmes en breton après sa rude journée de travail aux champs sur un cahier d'écolière dans sa petite maison de la commune du Vieux-Marché dans les Côtes d’Armor. Nous avons aussi un cousinage avec Angéla DUVAL.
- Per Guillou, le célèbre sonneur carhaisien (1933-1978), cette statue est double : d’un côté Per Guillou tient une bombarde, de l’autre un biniou , aux pieds de ce célèbre sonneur sont entassés les souliers et sabots des danseurs.
- Jude le Paboul (1920 -2001) a été l’un des grands “passeurs de mémoire”. Il a transcrit de façon manuscrite plus de 300 airs et chansons bretonnes, transmis oralement depuis des générations. Doté d’une excellente mémoire, il contait en breton et en français en faisant participer les spectateurs par le chant, la danse ou la répétition de formules du conte. Pas très grand, un peu rond, il était d’une énergie et d’une mobilité surprenantes. C’était aussi un danseur remarquable. Après la seconde guerre mondiale, il a participé à relancer les cercles celtiques
L’association Krommlec’h est une association régie par la loi 1901, composée de musiciens, sonneurs de couples, artistes , chanteurs et sympathisants, elle compte à ce jour une centaine d’adhérents. Le principe est simple : chaque adhérent cotise à raison de 5€ par mois ; la moitié des recettes est dédiée au financement des statues ; ce processus rend le projet pérenne et intemporel. L’augmentation constante du nombre d’adhérents accélère et facilite le financement des statues actuelles et à venir. L’association organise tous les ans un grand Fest Noz .
Le projet du Krommlec’h est d’élever une spirale de pierres hautes sculptées d’environ 3 mètres de hauteur chacune, disposées dans une aire elliptique de 17 mètres sur 25 mètres. Chacune des statues représentera un personnage disparu qui a marqué l’histoire culturelle de la Bretagne. Les sculptures sont taillées dans différents granites bretons par des artistes de renom. L’idée de la mise en place d’un krommlec’h leur est venue en 2002 à l’occasion du Printemps de Chateauneuf, un petit festival de musique traditionnelle bretonne qui a lieu régulièrement le dimanche de Pâques, et qui regroupe chanteurs, sonneurs et danseurs. Il fallait imaginer un fond de scène pour les concerts du festival. Le centre de la spirale du Krommlec’h forme une enceinte, une plateforme centrale stabilisée qui pourra accueillir différentes manifestations.
Le krommlec’h est aujourd'hui en place sur une parcelle en bas du site de Ménez boss, le long du chemin de randonnée revenant sur le parking du bas.il a été inauguré le 18 juin 2023.
Louise EBREL, la fille d'Eugénie EBREL, l'une des soeurs GOADEC:
Louise Ebrel, née le à Treffrin dans les Côtes-du-Nord (actuellement Côtes d'Armor) et morte le à Quimper (Finistère), est une chanteuse bretonne, issue de parents eux-mêmes chanteurs, Eugénie Goadec (une des sœurs Goadec) et Job Ebrel. Son répertoire est composé de chants traditionnels, à danser (kan ha diskan) ou à écouter (gwerz).
De 1991 à 2006, elle a accompagné le chanteur poète Denez Prigent dans le cadre de concerts en duo mais également dans sa formation de musiciens. À partir de 1996, elle chante régulièrement avec Ifig Flatrès en kan ha diskan en fest-noz et avec le groupe Dremmwell. À partir de 2006, elle se produit également sur les scènes bretonnes avec le groupe punk Les Ramoneurs de menhirs et les rockeurs de Red Cardell.
Un héritage musical et culturel refoulé
Louise Ebrel est née à Treffrin, en pays Fisel, le . Fille d'Eugénie Goadec, dit Tanie (une des trois sœurs Goadec) et de Job Ebrel, lui-même grand chanteur, elle est initiée au chant breton dès l'enfance. Elle entend ces chansons bretonnes qui furent transmises sur feuilles volantes, en breton, comme la gwerz Ti Eliz Iza mais aussi en gallo, comme la complainte Maritza, et du chant à danser en kan-ha-diskan.
Dès son premier jour de classe, à l'école de Trebrivan, elle vit la discrimination française envers la langue bretonne, en ayant droit à « la vache », un bout de bois en symbole de punition, ou en étant enfermée dans un cagibi, âgée de 6 ou 7 ans, après avoir été surprise par l'institutrice à parler en breton avec une copine. À 11 ans, pour le certificat d'études, comme le maître ne savait pas chanter, elle dirige le chant . En dehors de l'école, elle chante à la messe et au catéchisme (son grand-père était sacristain).
Au début des années 1950, en plein milieu d'une vague d'émigration « qui tenait à la fois à de la saignée et du génocide culturel organisé », elle « monte » à Paris mais n'y reste que six mois. Elle connaît des petits métiers comme employée de maison à Paris et travaille pendant vingt ans dans la restauration, où elle chante pour le plaisir des clients, que ce soit en Haute Cornouaille ou en pays Bigouden. Mais Louise Ebrel, mariée à 21 ans, mère de deux filles et veuve à 24 ans, se consacre en priorité à sa famille. Après un deuxième mariage malheureux et une troisième fille, Louise Ebrel se retrouve à Quimper, sans ses filles. Elle intègre l'usine Bonneterie d’Armor et se remarie avec Albert Quelven de Loctudy.
Trop intimidée par la notoriété de sa mère et de ses tantes pour chanter en breton, c'est par Édith Piaf, Marcel Mouloudji ou Luis Mariano qu'elle débute, sollicitée pour animer des mariages et des repas. Jusqu'au jour où elle pousse la porte d'un stage de kan-ha-diskan animé par Yann-Fañch Kemener, qu'elle entend chanter à la radio le répertoire de sa famille. En 1994, à la demande de sa fille, Eugénie Goadec accepte de se produire à nouveau sur scène à l'occasion de son 85e anniversaire et d'enregistrer un album en sa compagnie (Gwriziou). Sa mère chante sur scène pour la dernière fois en 1997, aux 25 ans de chant de Yann-Fanch Kemener.
Kan ha diskan en fest-noz et collaborations

Louise Ebrel se produit sur scène pour la première fois en 1973, aux Fêtes de Cornouaille, à l'invitation de Jean Coroller, en pleine renaissance culturelle. À partir de là, elle enchaîne les prestations et les rencontres ; en couple avec Hervé Vilieu, puis avec Rolland Péron de Riec-sur-Belon, avant d'entamer une carrière à plus grande échelle avec le léonard Denez Prigent. « Une fois les enfants élevés et ma retraite prise, explique-t-elle, j'ai eu plus de temps et de facilités pour chanter».
